Alexandre Langlois, sur le procès de Viry-Châtillon : « La sanction est insuffisante. Quand on attaque les policiers, on attaque l’État ».
La cour d’assises des mineurs de Paris a rendu son verdict, la semaine dernière, dans l’affaire des policiers brûlés de Viry-Châtillon. Huit condamnations à des peines de 10 à 20 ans d’emprisonnement et cinq acquittements en première instance. Un verdict insuffisant pour les avocats des policiers. Réaction d’Alexandre Langlois.
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Le procès de Viry-Châtillon a déçu la défense. Cinq condamnations, huit acquittements. Ce verdict est insuffisant pour les avocats qui défendaient les policiers victimes. Quelle est votre opinion ?
La sanction est insuffisante. Lorsqu’on attaque les policiers, on attaque l’État. C’était un acte criminel très grave. La Justice a fait son travail et on peut le commenter. Je vois des syndicats qui critiquent la décision de justice en appelant à des manifestations. La vraie question à se poser serait : que peut-on faire pour améliorer les conditions de travail des policiers ?
Ce sont des choses que les syndicats pourraient faire et que les policiers et qu’un ministre de l’Intérieur pourraient porter, mais malheureusement, c’est exclu du débat.
L’affaire Viry-Châtillon est plus que des conditions de travail. C’est une société qui tend à l’hyper-violence…
Il y a plusieurs choses, à Viry-Châtillon. Il y a d’abord les conditions de travail. Je vous rappelle l’absurdité de la situation. Des policiers étaient présents pour surveiller une caméra de surveillance qui, elle, surveillait le trafic de drogue. Les policiers devraient plutôt surveiller le trafic de drogue que la caméra de surveillance.
Il y a des règles très strictes. Un équipage de police doit être composé de deux gardiens de la paix titulaires. C’est dans les textes et cela s’applique lorsque le contexte est calme. L’équipage de Viry-Châtillon était composé d’un titulaire et un adjoint de sécurité. Le minimum légal n’était donc pas requis. Je ne pense pas que de travailler à proximité de La Grande Borne soit le cadre idéal pour travailler en équipage minimum. Les policiers étaient en sous-effectifs.
S’il y avait les bons équipages, le bon nombre de personnes et que l’on était sur la vraie mission, c’est-à-dire de lutter contre le trafic de stupéfiants, nous n’en serions pas là. Il faudrait replacer le policer en tant qu’acteur et la technologie au service du policier pour faire son travail et non l’inverse. Nous sommes dans le paraître et non dans le réel.
La décision d’Emmanuel Macron de vouloir embaucher 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires est-elle une mesure symbolique, une mesure de communication ou est-ce du bon sens ?
C’est une mesure de communication. On était sur du rendement plutôt que sur la qualité.
Je rappelle qu’au dernier concours, on a pris des gens qui avaient 5 de moyenne. Des gens s’engagent dans la police pour de mauvaises raisons et pour influencer et aider les délinquants. Pour engager des personnes de qualité, il faut que le concours soit sélectif avec les moyens sur la table pour attirer les gens qui peuvent le passer. Pour tenir sa promesse, il faut qu’il engage encore 2.500 policiers, d’ici fin 2022. Ce n’est même pas sûr qu’il tienne sa promesse malgré le rabais qu’il a fait.
Oui, engager des policiers, mais des policiers en qui on peut avoir confiance pour travailler.
Le tribunal a décidé que votre licenciement n’était pas légal. Par conséquent, vous êtes encore policier..
Je suis de nouveau policier depuis ce matin. Le 3 mai, le tribunal administratif de Versailles va également juger la sanction que Castaner m’avait inffligée il y a deux ans.
Comptez-vous toujours faire une rupture conventionnelle ?
J’ai toujours fait mon travail correctement. Si je pars, ce n’est pas parce que je n’aime plus mon métier, mais parce qu’il a été dénaturé. Pour le moment, le ministre et la politique de la police n’ont pas changé, donc je vais redemander la rupture conventionnelle. C’est avec regret. Si le personnel politique ou les consignes politiques de l’utilisation de la police étaient le respect du Code pénal plutôt qu’un contrôle social de la population, je serais resté avec grande joie. Pour le moment, ce n’est pas le cas, donc, je préfère partir pour être en accord avec ma conscience.