Attentat de Nice Le défi de l’islamisme, par Gérard Leclerc.
L’accès à la basilique de l’Assomption bloquée après l’attentat.
© Martino C. / CC by-sa
Le monstrueux triple assassinat qui a été commis dans la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption à Nice nous appelle à un discernement d’ordre politique mais aussi d’ordre religieux. La menace terroriste dont il faut protéger le pays oblige la puissance publique à élaborer une véritable stratégie pour contrer l’ennemi, non seulement dans ses modes d’action, mais aussi dans ses réseaux à l’échelon national et international.
Non sans avoir à envisager la nature singulière d’un ennemi qui se réclame de l’islam, et donc d’une culture religieuse qui englobe de façon stricte le domaine politique. La séparation des domaines que suppose le caractère laïque de notre république se trouve ainsi prise en défaut par des gens qui en refusent le principe même. D’où la nécessité d’une expertise d’ordre religieux, voire théologique, afin de comprendre la nature de ce qu’on appelle l’islamisme, en quoi il peut se réclamer de l’islam, en quoi il en constitue l’excroissance particulièrement perverse.
Le compromis de 1905 obsolète
On méconnaît trop le caractère de compromis de ce qui s’est établi autour de la loi de séparation de 1905. Si l’Église catholique a fini par accepter les dispositions de cette loi, c’est à la suite de négociations qui garantissaient sa nature propre, mais aussi à cause du changement d’orientation du législateur. D’une position hostile, on était passé à une volonté de pacification des relations mutuelles.
On peut donc dire que notre modèle de laïcité publique n’a été rendu possible qu’en vertu de la réalisation d’un compromis. Compromis qui a été négocié en dehors du partenaire musulman, qui ne s’est imposé que longtemps après, en déséquilibrant le système établi. Les efforts entrepris, ces dernières années, notamment par Nicolas Sarkozy, pour tenter de trouver des solutions acceptables se sont souvent enlisés. Et l’extrémisme islamiste est venu tout anéantir, en imposant une situation de guerre.
Ignorance de Dieu
Que l’État soit déconcerté par le phénomène se comprend, parce qu’il échappe à son expertise, dès lors qu’il ignore un domaine sur lequel il reconnaît son incompétence. Pierre Manent lui avait recommandé de s’adresser à l’Église catholique pour mieux saisir le fond du problème, qui est d’ordre théologique. Le terrorisme le plus aveugle ne s’explique pas seulement par un dérèglement psychiatrique, il se rapporte à une pathologie, où ce Dieu que l’on prétend servir est ignoré dans son mystère.
Ce mystère, où il se révèle à la fois comme le Tout-Autre, mais aussi comme celui qui creuse au cœur de chacun une relation personnelle. Relation qui trouve dans les béatitudes sa charte, et interdit à la conscience de se livrer au fanatisme meurtrier.
Source : https://www.france-catholique.fr/