Face à l’ensauvagement Investir dans l’éducation, par Aymeric Pourbaix.
© Philippe Lissac / GODONG
Source : https://www.france-catholique.fr/
Le secteur de l’éducation serait devenu un nouvel eldorado pour les investisseurs. Ainsi, depuis une dizaine d’années, des fonds internationaux viennent renforcer la solidité financière sur le long terme de grands groupes d’écoles privées du supérieur. Secteur stratégique donc, où la France se distingue, et où l’investissement privé permet de modérer les coûts de scolarité.
Mais ce qui est vrai dans le domaine financier gagnerait à l’être également dans toute la société, et aussi dans l’Église ! Surtout après ce qui s’est passé ces dernières semaines, où l’on a vu la triste litanie des agressions violentes commises par des bandes de jeunes, regroupée sous le vocable de « l’ensauvagement ». Le dernier exemple en date étant la cohorte de dégradations commises notamment sur les Champs-Élysées, après une défaite en football !
« Déni »
Et la polémique autour de l’emploi de ce terme par le ministre de l’Intérieur est à bien des égards révélatrice de ce « déni » dont parle Matthieu Bock-Coté. « Qui les traitera comme des faits politiques, symptomatiques de la désagrégation d’une société victime des bandes et progressivement déstabilisée par une immigration incontrôlée ? », affirme ainsi le sociologue dans Le Figaro.
Mais le constat et la prise en compte du réel, si nécessaires soient-ils, ne suffisent pas. Encore faut-il se donner les moyens d’y répondre. C’est là que l’éducation intervient, aux côtés d’autres mesures comme le rétablissement de l’autorité. Entendons-nous bien : il ne s’agit pas uniquement de la transmission de connaissances, mais d’une éducation intégrale, qui inclut toutes les dimensions de la personne humaine : les valeurs morales – osons le mot –, l’éducation de la volonté, et la foi.
C’est sur ce dernier point que l’Église se doit d’être en pointe, comme elle l’a été par le passé, par le biais de grands éducateurs confrontés à des situations sociales difficiles, comme ce fut le cas pour saint Jean-Baptiste de La Salle au XVIIe, fondateur d’écoles professionnelles et de maisons d’éducation pour les enfants des rues, ou au XIXe, de saint Jean Bosco à Turin ou encore du Père Timon-David à Marseille. Sans compter les innombrables congrégations enseignantes féminines nées au cours de ce siècle de renouveau missionnaire. Tous ont su répondre aux besoins sociaux de leur époque, sans perdre de vue l’objectif ultime qui était de transmettre la foi à ces jeunes et enfants.
Hélas, ce grand élan éducatif s’est largement perdu ces dernières décennies, sous l’influence de théories pédagogiques hasardeuses. Mais comme le disait Frédéric Ozanam en son temps, les « braises sont encore fumantes » et ne demandent qu’à repartir. La renaissance de la dévotion à N.-D. des écoles (p. 6-7), par l’intermédiaire du Québec, en est un signe encourageant.
Car désormais, le bien de la société tout entière commande de renouer avec cet élan. C’est même l’honneur de la France, « éducatrice des peuples », qui est en jeu.