2 points de vue sur le : (1/2) 18 juin 1940, par Gérard Leclerc.
Le général Charles de Gaulle au micro de la
BBC à Londres, 30 octobre 1941.
© BBC
Quatre-vingtième anniversaire de l’appel du 18 juin du général de Gaulle ! Comment son auteur a-t-il vécu cet évènement et quelle leçon en a-t-il tirée pour lui-même et le pays ? Au-delà du suffrage populaire, comment entendre cette légitimité historique ?
18 juin 1940 - 18 juin 2020 ! C’est donc presque un siècle qui nous sépare de cet acte fondateur qui propulsa Charles de Gaulle dans notre histoire. Le mieux est de se référer à lui-même afin de comprendre ce qui s’est passé ce jour où la France est tombée au fond de l’abîme et où un homme s’est retrouvé en charge de son destin : « Le 18 juin 1940, répondant à l’appel de la patrie éternelle privée de tout autre recours pour sauver son honneur et son âme, de Gaulle, seul, presque inconnu, avait dû assumer la France. »
Cette déclaration tirée des Mémoires d’Espoir où le fondateur de la Ve République rappelle le fondement de sa légitimité, nous renvoie à un ordre singulier qui est celui de la légitimité historique. « Cette légitimité que j’incarne depuis vingt ans », avait-il proclamé à un moment difficile de l’exercice de son pouvoir. Une légitimité qui ne vient pas du suffrage populaire mais d’un appel mystérieux de l’histoire.
Quelle aventure ! Il l’a dit aussi lui-même : « À quarante-neuf ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries. » Mais rien n’est encore joué, alors qu’il a obtenu de Winston Churchill son accord pour lancer son fameux appel sur la BBC. « Je m’apparaissais à moi-même, seul et démuni de tout, comme un homme au bord d’un océan qu’il prétendrait franchir à la nage. » Ce fameux destin, il s’agit aussi de le forcer, tout d’abord parce qu’il en va de l’avenir du pays. Le souci de de Gaulle, c’est de remettre la France en guerre, pour qu’elle ne soit pas absente de la reconquête de son propre territoire, bien au-delà de l’éventuelle force d’appoint que quelques unités pourraient apporter aux alliés.
Sans doute l’histoire réelle est elle plus complexe que les résumés lapidaires des propos de commémoration. Le général de Gaulle était le premier à en avoir conscience, lui qui savait que l’unité nationale s’était forgée au fil de l’épée et avait été maintes fois déchirée : « Vieille France accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau ! » Quand nous examinons notre propre situation, Quatre-vingts ans après l’appel du 18 juin 1940, nous savons bien que notre histoire n’est pas forcément celle des lendemains qui chantent. Au moins la leçon de l’Appel demeure-t-elle comme un recours au courage et à l’éternel génie du renouveau.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 18 juin 2020.
Nos citations sont tirées des Mémoires de guerre du général de Gaulle.