«Territoires perdus et faiblesse d’État». L’éditorial du Figaro, par Vincent Trémolet de Villers.
L’éditorial du Figaro, par Vincent Trémolet de Villers.
Source : https://www.lefigaro.fr/vox/
Nous en étions à la statue de Colbert, à la contextualisation d’Autant en emporte le vent, aux propos coupables de Jules Ferry sur la colonisation ; aux «hommes et femmes qui, selon la chanteuse Camélia Jordana, vont travailler tous les matins en banlieue et qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau», aux «violences systémiques» de la police qu’il faudrait «désarmer» selon les mots, une fois encore prophétiques, de Jean-Luc Mélenchon.
Nous vivions dans cette surréalité au point de mettre trois jours à réaliser qu’à Dijon, deux communautés s’affrontaient sauvagement à balles réelles, au milieu d’une anarchie de flammes, de fumées et de destructions. François Molins, qui s’y connaît, confie n’avoir «jamais vu une telle intensité de violence». Nous aurions pu nous en douter. Depuis des décennies, des centaines de quartiers en France connaissent la triple peine: immigration incontrôlée, désintégration de l’école, insécurité galopante. La loi commune, l’ordre public, la civilité élémentaire ont disparu. Au code civil ont succédé les règles du trafic, les normes communautaires, les pratiques des bandes: une loi sommaire, bête et méchante. Une «véritable contre-société en rupture culturelle profonde» (Gilles Kepel). Depuis des années, discrètement mais sûrement, l’autorité de l’État s’arrête à l’entrée de ces territoires perdus. Là-bas, ce n’est pas la guerre, non, mais ce n’est plus la paix. La consigne, pour les forces de l’ordre, est d’y agir avec «discernement». En d’autres termes, c’est à la police, que les pouvoirs publics demandent de se tenir tranquille.
Les esprits cyniques ont longtemps cru que ces violences resteraient cantonnées aux banlieues lointaines. Erreur tragique! La technique du chaos a fait jurisprudence. Elle enflamme régulièrement les centres-villes. Zadistes, antifas, islamistes, racailles, black blocs veulent déboulonner ce qu’il reste d’autorité. M. Castaner leur répond par des tweets dans lesquels il «condamne» et promet des «réponses fermes». Les dealers cagoulés du quartier des Grésilles qui paradent, kalachnikov à la main, en tremblent encore.