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L’Algérie en guerre contre ses binationaux ?

 

par Gabriel Robin

En lisant cette intéressante note de Gabriel Robin [Boulevard Voltaire, 4.02.2016], on ne peut s'empêcher de conclure que, sur la question de la bi-nationalité s'agissant de leurs ressortissants, ce sont les autorités algériennes qui ont raison. Raison contre nos intellectuels, juristes, politiciens et gens de médias. Certes, la mémoire des origines, l'attachement à une patrie de provenance en termes de culture, peuvent être légitimes pourvu qu'ils ne prévalent pas sur les devoirs que l'on a contractés envers le pays dont on a acquis la nationalité. Celle-ci n'est pas faite, en effet, que de mémoire et de culture, domaines où la multi-nationalité est possible. Elle est aussi faite d'intérêts, parfois de leur choc, choc dans certains cas, entre des intérêts vitaux. C'est pourquoi la bi-nationalité exigerait au moins un choix explicite de prévalence. En fait, au sens plein, incluant le culturel mais aussi le politique, l'on peut considérer la bi-nationalité comme impossible. L'individualisme postmoderne peut-il seulement comprendre et admettre que la citoyenneté ne se partage pas et qu'en définitive l'appartenance à un Etat ne peut être qu'à un seul ? Les autorités algériennes, plus frustes, le savent. Les Français l'ont oublié et, par la force des choses, devront le réapprendre. Il se pourrait que ce soit tout simplement la déchéance de la bi-nationalité qu'il convient de décider. Débat ouvert ! Lafautearousseau  

 

Gabriel Robin.jpegDimanche, l’Algérie votera sa nouvelle Constitution. Dernière œuvre politique majeure du président Abdelaziz Bouteflika, la révision de la Constitution a été approuvée le 11 janvier dernier en Conseil des ministres. Si certaines mesures ont été saluées par l’opinion publique, comme la reconnaissance officielle de la langue amazighe, d’autres agacent quelques opposants. C’est le cas de l’article 51 qui restreint fortement les droits des binationaux.

Les fonctions politiques seront désormais réservées aux seuls nationaux algériens qui ne possèdent pas une autre nationalité. Idem pour la plupart des hautes responsabilités de l’État (gouverneur de la banque centrale, directeur général de la sûreté nationale ou président de la Cour suprême). Par ailleurs, l’accès à la fonction de président de la République ne sera rendu possible qu’aux candidats strictement algériens capables de prouver dix ans de résidence en Algérie. Cet article 51 dérange.

Chafia Mentalecheta, députée binationale franco-algérienne, a ainsi poussé un coup de gueule sur les réseaux sociaux : « Au nom de la communauté nationale établie à l’étranger, composée de millions de binationaux attachés à l’Algérie comme peu savent le faire, jaloux de leur algérianité comme peu peuvent le comprendre, liés à la nation algérienne par le sang et par l’Histoire, je refuse que l’Algérie se mette au diapason constitutionnel de la France en instituant une variante de la déchéance de la nationalité. » Les deux réformes n’ont strictement rien à voir mais qu’importe l’exactitude quand critiquer la France est un véritable sport national.

Les protestations contre l’article 51 se multiplient dans les pays à forte diaspora algérienne. C’est évidemment en France que la réforme suscite les réactions les plus passionnées. Chafia Mentalecheta a même lancé une pétition expliquant l’amour qu’elle porte à sa nationalité d’origine. Dans un élan lyrique, la députée parle amoureusement des « bi, tri et quadrinationaux », à l’identique de Jack Lang sur Canal+ récemment.

La binationalité ne devrait être qu’une exception. Il est difficile d’avoir deux patries comme il est difficile d’avoir deux mères. L’Algérie dénonce cette hypocrisie et appelle les Algériens possédant une autre nationalité à choisir. Si ces derniers veulent être des acteurs politiques dans leur pays d’origine, ils doivent faire un choix clair pour la nationalité algérienne et non pas simplement en profiter des avantages.

Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de la présidence de la République, le dit clairement : « Ceux qui voudraient servir ou représenter l’Algérie à de très hauts niveaux de responsabilités ne doivent avoir de loyauté qu’envers elle et doivent être dégagés de tout lien avec une puissance étrangère. » Un discours de bon sens que je fais mien.

Sous couvert d’anonymat, un ancien haut fonctionnaire déclarait : « Mes enfants, nés en Europe, qui sont rentrés avec moi, n’ont donc pas le droit de servir leur pays ? De quel droit ? » Ils en ont le droit mais ils doivent faire un choix. Les binationaux franco-algériens ont plus souvent des comportements de patriotes algériens lorsqu’ils vivent en France. Les événements de la dernière Coupe du monde de football en témoignent. Abdelaziz Bouteflika les enjoint désormais à traduire leurs déclarations en actes. Si l’Algérie est dans leur cœur, ils doivent renoncer à la nationalité française.   

Juriste

Commentaires

  • Ce n'est quand même pas compliqué à comprendre : On ne peut pas servir deux maîtres à la fois !
    Cette simple évidence devrait suffire

  • Cette simple évidence devrait en effet suffire. Mais ce n'est pas si "simple". Le fait est qu'elle ne suffit pas. Motif d'expliciter.

  • La bi-nationalité devrait etre l'exception..Il est difficile d'avoir deux patries . C'est trés vrai. Mais Bob a raison,ce n'est pas simple.Né a Alger en 1941,parti en 1962 j'ai vécu,en dehors du problème particulier (encore moins simple......) de la cohabitation avec un peuple totalement different,avec des Français d'origine espagnole(pratiquement aussi nombreux que les Français "de France"),italienne,maltaise,et de façon plus minoritaire, de diverses origines. Cette population mixte était d'un patriotisme français exacerbé et l'a prouvé a maintes reprises. Pourtant tous avaient avec leur culture d'origine un lien trés fort. Nombre de mes copains d'origine espagnole passaient systématiquement des vacances en Espagne,facile d'accés,ce qui était moins vrai pour l'Italie. Mais la question-clé celle de l'APPARTENANCE,et non de la nationalité ne se posait pas. En 1962 une partie des Oranais se replia en Espagne.Pour trois raisons: la ou le gouvernement français essaya de freiner l'exode en limitant les moyens de transport l'Espagne envoya des bateaux et augmenta ses services aeriens! certains avaient des raisons disons " de prudence" d'eviter la France.......Enfin nous avions été trahis,massacrés et trainés dans la boue depuis deux ans surtout et la rancoeur contre la France était forte chez nous tous......
    Pourtant,globalement tous ces Français de fraiche date sont restés visceralement et profondément des patriotes français.
    La question qui se pose pour les millions d'immigrés ou descendants d'immigrés vivant sur le territoire de la France est: "sont-ils des patriotes français",et a cette question la notion de Nationalité ne répond pas!
    Mais nos hommes politiques,eux,y ont répondu:
    en 2007 Sarkozy crée un "Ministère de l'Identité Nationale" et y nomme un "Ministre d'ouverture (a gauche)", Eric Besson,qui lance un débat sur l'Identité Nationale et l'ouvre par cette déclaration : "La France n'est ni un peuple,ni une langue,ni un territoire,ni une religion,c'est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble.Il n'y a pas de Français de souche,il n'y a qu'une France de métissage".. L'affirmation est, sur le fond,une hallucinante négation de la réalité historique française,et ,dans la forme,porteuse d'une étonnante contradiction interne :comme le confirment les études sociologiques le taux de métissage entre les groupes de Nationalité française mais d'origines diverses est relativement faible. Rappelons que pour l'Islam une musulmane n'a pas le droit d'epouser un non-musulman et un musulman peut epouser une non-musulmane si elle est d'une des autres religions "du Livre". La "ré-islamisation" des populations d'origine maghrébine (dont témoigne la "prolifération" spectaculaire du port du voile au cours des 20 dernieres années,entre autres signes....) ira bien dans le sens du communautarisme et du "vivre-a-coté" ,vresion réaliste du "vivre ensemble".
    Une des questions essentielles que nous devons nous poser est celle-ci : si dans un avenir plus ou moins proche un conflit éclatait entre la France et l'Algérie,devenue,comme c'est plus que probable,un Etat Islamique,quelle serait l'attitude de nos millions de bi-nationaux "de papier",augmentés de nos bi-nationaux "de coeur"? Je crois,j'ai peur de connaitre la réponse!
    Et ce qui vaudrait pour un conflit vaut pour l'ensemble des comportements et sentiments des musulmans de France,majoritairement..
    Jean Nohain ,(ou Maurice Chevalier?) chantait "Et tout ça fait d'excellents Français......"
    NON!

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