Besson est-il scandaleux ? Désolant ? Ou simplement logique, et dans le vrai ?... Du moins le vrai pour lui, son vrai à lui, qui n’est, bien sûr, pas le nôtre…
Besson est-il scandaleux ? Désolant ? Ou simplement logique, et dans le vrai ?.... Du moins le vrai pour lui, son "vrai" à lui, qui n’est, bien sûr, pas le nôtre….
(Rappel des propos du Ministre: "la France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de Français de souche, il n’y a qu’une France de métissage".)
Oui, au risque de choquer –du moins au début- disons que si les propos de Besson sont scandaleux, et qu’il mérite lui aussi la condamnation de Molière que nous adressions récemment à Alain Duhamel (« Ignorantus, ignoranta, ignorantum… »,en prononçant bien ignorant-t-homme); s'il mérite lui aussi ce titre que nous avions donné au commentaire consternant d'un ministre suédois à propos de la Turquie: "Ces ignorants qui nous gouvernent..."; Besson a malgré tout raison.
Et il a bien parlé, et il a dit le vrai –du moins le vrai dans le sens de la révolution de 89/93- car il est bien, lui Besson, dans la droite ligne des révolutionnaires de 93.
La Nouvelle religion républicainequi s’est révélée à ce –triste- moment-là se veut en effet le commencement de tout (1). Avant il n’y avait rien que superstitions, erreurs, ignorance(s), ténèbres. Pour les révolutionnaires de 93, les choses sont simples: c'est le contraire de la chanson de Brassens («...Tout est bon en elle, il n’y a rien à jeter…. ») : tout est mauvais en France avant nous ; « nous », les régénérateurs (à la Carrier, tout de même...), nous, la Raison ; nous, les Lumières… (Merci pour Pascal, pour les Humanistes de la Renaissance, pour les peintres, sculpteurs, architectes ; merci pour l’extra-ordinaire capital transmis par les mille ans précédents…). On ne garde rien, on jette tout, on fait du neuf partout... Sans imaginer un seul instant que ce "neuf" produira des horreurs mille fois plus terribles que celles que l'on dénonçait....
Et c'est là, c'est en celaque Besson, qui a évidemment tort, a tout à fait raison: du moins raison du point de vue des idéologues. La France d'avant, ils n'en veulent pas, ils la haïssent, ils la vomissent. D'ailleurs, quelle France ? La France -on l'a vu- commence avec eux, avec leur régénération, et si vous n'êtes pas d'accord, c'est tout simple, on vous tue. Le Génocide est le premier fruit pourri du Totalitarisme pourri installé en 93. Souvenons-nous toujours du mot fameux de Frédéric II à Voltaire: "Nous avons connu, mon cher Voltaire, le fanatisme de la Foi. Un jour peut-être connaîtrons-nous celui de la Raison, et ce sera bien pire..."
Il faut écouter et faire écouter sans cesse cette chronique de Philippe Val, que vous trouvez en permanence dans notre Catégorie "Vidéo / Audio / Conférences",et que nous remettons ci-dessous (et, tant qu'on y est, on vous remet aussi, en Pdf, le petit commentaire dont nous l'avons accompagné: Très intéressante chronique de Philippe Val sur France Inter.pdf): c'est très instructif, très éclairant; et c'est là que l'on comprend bien que Besson, aujourd'hui, est dans la droite ligne de Val, hier, lequel est dans la droite ligne des révolutionnaires de 93. Et que la Révolution est toujours à l'oeuvre en France, comme au premier jour, et qu'elle le sera tant qu'elle aura le pouvoir politique....
Nous avons parlé de fruit pourri: "Tu jugeras de l'arbre à ses fruits...". Si le fruit est pourri, c'est que l'arbre qui le porte est mauvais. Il faut l'abattre. En militant pour la fin du cycle ouvert en 89/93.....
Une aide inattendue, ou quand Philippe Val "travaille" pour nous.....
(1): Puisque Eric Besson semble ne pas connaître les termes de "fusion" ou de "mélange", et qu'il semble préférer la pratique de la libanisation/balkanisation, on lui conseillera la lecture de l'irremplaçable Histoire de France de Jacques Bainville, dont voici les premières lignes du premier chapitre (Pendant 500 ans, la Gaule partage la vie de Rome):
"...Ainsi, la fusion des races a commencé dès les âges préhistoriques. Le peuple français est un composé. C'est mieux qu'une race. C'est une nation. Unique en Europe, la conformation de la France se prêtait à tous les échanges de courants, ceux du sang, ceux des idées. La France est un isthme, une voie de grande communication entre le Nord et le Midi. Il y avait, avant la conquête romaine, de prodigieuses différences entre la colonie grecque de Marseille et les Cimbres d'entre Seine et Loire ou les Belges d'entre Meuse et Seine. D'autres éléments, au cours des siècles, se sont ajoutés en grand nombre à ceux-là. Le mélange s'est formé peu à peu, ne laissant qu'une heureuse diversité. De là viennent la richesse intellectuelle et morale de la France, son équilibre, son génie...."
(2) : Il est intéressant de remarquer une chose : la Révolution est un Totalitarisme, et il y a un autre Totalitarisme qui a fait, fort logiquement, exactement la même chose qu'elle : c’est l’Islam, en Egypte. Dans ce pays, c’est simple: tout ce qui est pré-islamique est gommé. On ne le critique même pas, on ne le dénigre même pas : c’est beaucoup plus subtil que cela, on pratique la « conspiration du silence », et le tour est joué ! On n'en parle jamais, cela n'existe pas, l’histoire commence avec l’Islam, point barre…. Les totalitaires de la Révolution, héritiers des Lumières, ont fait pareil… Entre Totalitaires, on est fait pour se comprendre.....
Commentaires
Ce "débat" que prétend avoir lancé Besson, est consternant car on y entend l'opposition de gauche et les représentants de la majorité s'époumonner à dire la même chose, tout en s'injuriant mutuellement, et surtout en interdisant sous peine des pires châtiments toute opinion contraire à leurs dogmes communs. C'est donc, en fait de débat, le bétonnage des définitions purement idéologiques de la nation française.
Tout à fait d'accord avec vous mon cher Antiquus, l'essentiel du débat est soigneusement esquivé et la forme politiquement correcte largement utilisée.
A la revendication d’égalité, caractéristique de la modernité, se substitue aujourd’hui de plus en plus une affirmation d’identité, et la revendication d’une reconnaissance de cette identité dans la sphère publique. Reconnaissance subjective d’abord, qui est liée à la perception que les gens ont d’eux-mêmes et des caractéristiques fondamentales des communautés auxquelles ils appartiennent. Reconnaissance objective ensuite, qui fait l’objet d’une demande de plus en plus pressante.
La société entend aujourd’hui être représentée dans toutes ses composantes, qu’elles soient hérités ou choisies, qu’il s’agisse des identités régionales, culturelles, ethniques, sexuelles, etc. Tout l’effort de la modernité avait consisté à substituer un lien politique unique à la diversité des liens sociaux et culturels.
La diversité sociale et culturelle fait aujourd’hui retour, pesant à nouveau sur le politique à travers des sentiments et des valeurs partagées. La modernité avait également opposé à l’ancien idéal de l’honneur la notion d’une "dignité" reconnue à chaque être humain, indépendamment de ses caractéristiques propres.
C’est de cette dignité abstraite, trop fréquemment mystificatrice, qu’on ne se satisfait plus.
Je trouve Sébasto un peu optimiste.
Les identités, diversités, communautés, libertés de tous ordres, même si elles s'opposent - ou semblent, ou croient s'opposer - à la tyrannie d'"un lien politique unique", substitué, en quelque sorte par la force, à "la diversité des liens sociaux et culturels" d'autrefois, ne valent pas en soi, ni automatiquement, simplement en tant que telles.
Elles valent, en effet, me semble-t-il, ce que vaut leur contenu, leur substance. Encore faut-il les vérifier …
Or, je crains fort que les identités, les diversités, les communautés, les libertés qui s'opposent aujourd'hui, parfois bruyamment, au modèle dit "unique", ne vaillent, en fait, guère plus que lui ; que, en réalité contaminées tout autant que le reste par les dégradations diverses du monde moderne, ou postmoderne, elles ne soient tout aussi artificielles et idéologiques que ce à quoi elles s’opposent ; et qu'en vérité, elles n'aient pas, ou que peu, de substance vraie, authentique. Rien de comparable, à mon sens, ni en nature ni en valeur, avec ce que furent les communautés, identités, libertés de la France historique, puissamment irriguées de riches traditions, de culture, de sagesse, de racines, poussées très loin dans le sol et dans le temps. C’est ce qui fait que, peu ou prou, même lorsqu’elles s’opposaient au Pouvoir – ou entre elles – elles jouaient tout de même, en définitive, dans le sens de l’ordre et, si l’on veut, du Bien Commun.
Je ne vois rien d’équivalent – sauf abusive comparaison – dans les communautés, identités, libertés, qui s’agitent, en fait sans construire, dans la France des temps actuels.
Quant à leur "dignité", pas plus que celle des personnes, elle ne leur est donnée, a priori. Il ne suffit pas de la revendiquer pour qu'elle existe ! Elle ne va pas de soi. Elle se conquiert et elle se mérite.
Il se pourrait même, pour dire, en fait, ce que je pense, qu'elles ne vaillent pas mieux - voire encore moins, ce qui est un comble - que le jacobinisme d'autrefois ...
Ma chère Lori, si j'ai bien suivi votre raisonnement, le principe de citoyenneté doit donc faire abstraction de la langue, de la culture, de la croyance, de la race, du sexe, etc., c’est-à-dire de tout ce qui fait que les gens sont comme ils sont et non autrement.
Considérées comme contingentes, mineures, voire illusoires, vous tenez les différences culturelles et les identités collectives pour politiquement insignifiantes.
Elles ne doivent être tolérées qu’à la condition d’être invisibles ou inopérantes dans la sphère publique.
Permettez-moi d'insister, mais respecter le droit à la différence ne signifie pas récuser toute possibilité de jugement moral sur cette différence — poser que toutes les valeurs sont égales revient à dire que rien ne vaut —, mais seulement statuer à son sujet du point de vue du droit.
Comme le disait Rousseau, l’ami du genre humain n’est l’ami de personne.