Éphéméride du 7 Janvier
1499 : Signature du contrat de mariage entre Louis XII et Anne de Bretagne
807 : Mort de Widukind...
Pour parler de Widukind, héros germanique, dans des Éphémérides consacrées à l'Histoire de France, il faut commencer par parler de... Charlemagne !
Jacques Bainville a bien expliqué l'idée maîtresse qui guida la politique et toutes les actions de Carolus Magnus, et pourquoi les Allemands qui le revendiquent comme l'un de "leurs" empereurs, voire le premier, commettent "un énorme contre-sens" (Histoire de France, chapitre III, Grandeur et décadence des Carolingiens) :
"...Dès qu'il fut le seul maître, en 771, Charlemagne se mit à l'œuvre. Son but ? Continuer Rome, refaire l'Empire.
En Italie, il bat le roi des Lombards et lui prendra la couronne de fer.
Il passe à l'Espagne : c'est son seul échec...
Surtout, sa grande idée était d'en finir avec la Germanie, de dompter et de civiliser ces barbares, de leur imposer la paix romaine. Sur les cinquante-trois campagnes de son règne, dix-huit eurent pour objet de soumettre les Saxons.
Charlemagne alla plus loin que les légions, les consuls et les empereurs de Rome n'étaient jamais allés. Il atteignit jusqu'à l'Elbe. "Nous avons, disait-il fièrement, réduit le pays en province selon l'antique coutume romaine."
Il fut ainsi pour l'Allemagne ce que César avait été pour la Gaule.
Mais la matière était ingrate et rebelle.
Witikind fut peut-être le héros de l'indépendance germanique, comme Vercingétorix avait été le héros de l'indépendance gauloise. Le résultat fut bien différent. On ne vit pas chez les Germains cet empressement à adopter les mœurs du vainqueur qui avait fait la Gaule romaine. Leurs idoles furent brisées, mais ils gardèrent leur langue et, avec leur langue, leur esprit. Il fallut imposer aux Saxons la civilisation et le baptême sous peine de mort tandis que les Gaulois s'étaient latinisés par goût et convertis au christianisme par amour. La Germanie a été civilisée et christianisée malgré elle et le succès de Charlemagne fut plus apparent que profond.
Pour la "Francie", les peuples d'outre-Rhin, réfractaires à la latinité, restaient des voisins dangereux, toujours poussés aux invasions. L'Allemagne revendique Charlemagne comme le premier de ses grands souverains nationaux. C'est un énorme contre-sens. Ses faux Césars n'ont jamais suivi l'idée maîtresse, l'idée romaine de Charlemagne : une chrétienté unie.
Les contemporains s'abandonnèrent à l'illusion que la Germanie était entrée dans la communauté chrétienne, acquise à la civilisation et qu'elle cessait d'être dangereuse pour ses voisins de l'Ouest...
Cependant Charlemagne avait recommencé Marc-Aurèle et Trajan. Il avait protégé l'Europe contre d'autres barbares, slaves et mongols. Sa puissance s'étendait jusqu'au Danube. L'Empire d'Occident était restauré comme il l'avait voulu..."
Campagnes contre Widukind, le Dux Saxonum...
Et c'est maintenant que l'on peut évoquer le rôle historique de ce grand guerrier, héros germanique, qui fut pour les Germains - toutes proportions gardées - ce qu'avait été Vercingétorix pour les Gaulois.
Et qui est l'une des plus parfaites illustrations de cet antagonisme bi-millénaire et fondamental entre le monde germanique et le monde français, que Bainville a si bien analysé dans son admirable Histoire de deux peuples (voir l'Éphéméride du 10 août) : il n'y a pas de "Widukind" sans Charlemagne, et l'oeuvre principale de Charlemagne, celle dont il était le plus fier, se fit essentiellement contre tout ce qu'incarnait ce chef germanique.
C'est contre lui que se battit l'empereur, dans le cadre de ses rudes campagnes contre les Saxons, de 772 à 799, soit plus d'un quart de siècle ! C'est durant la première de ses campagnes, en 772, que Charlemagne fit détruire l'Irminsul, divinité et symbole des peuples germaniques (1)...
Widukind est d'abord païen, comme l'ensemble de son peuple, durant le deuxième tiers du VIIIème siècle. En 777, Charlemagne convoqua une assemblée des Saxons à Paderborn : les Saxons, réunis en tant que vassaux du roi, acceptèrent de se convertir au christianisme. Fuyant la Saxe après la victoire du roi des Francs, Widukind s'était réfugié au Danemark dont le peuple était païen. En 778, de retour en Saxe - alors que l'armée franque était mobilisée en Espagne... - Widukind organisa la résistance saxonne. Sous son influence, les Saxons restés païens menacèrent l'abbaye de Fulda, contraignant les moines à la fuite...
Une fois Charlemagne revenu d'Espagne - et de ses "illusions espagnoles" - il organisa, en guise de répression, le massacre par décapitation de 4.500 personnes, et fit déporter 12.000 femmes et enfants parce qu'ils refusaient le baptême (782). Widukind se réfugia de nouveau chez ses voisins et se mit sous la protection de Sigfred, le roi des Danois.
Mais Charlemagne, pendant ce temps, réorganisa la Saxe, qui devint une province de son empire, et ordonna la conversion forcée des Saxons païens.
La plupart des rebelles furent livrés à Charlemagne par les chefs saxons, car un parti pro-Franc s'était développé en Saxe, mais Widukind était introuvable. Au Danemark, ayant obtenu le soutien des Frisons et des Danois établis au nord de l'Elbe, il battit les Francs au mont Süntel (en 782).
En 785, Charlemagne fait proclamer que les païens doivent se convertir, sous peine de condamnation à mort. Les Wendes, voisins slaves des Saxons, à l'est, se joignent alors à la rébellion, désormais clairement orientée contre l'Église catholique romaine. Widukind convainc ses partisans de piller les églises et de massacrer les Francs, au nom des dieux germaniques...
Voyant qu'il devait gagner son soutien, Charlemagne persuada Widukind de se convertir, en échange de la vie sauve, pour lui et les siens qui se convertiraient. Et, de fait, Widukind se fit baptiser avec plusieurs de ses hommes, en 785, à Attigny (dans les Ardennes). Charlemagne lui-même fut son parrain. Mais, même après leur conversion, les Saxons continuèrent à adorer des idoles païennes...
La Saxe sembla cependant pacifiée, et la paix régna dans le pays pendant huit ans, jusqu'en 792.
Dans les années 792 à 795, des Saxons se soulevèrent à nouveau, refusant la christianisation forcée. Et Widukind partit une nouvelle fois au Danemark, où il se plaça sous la protection du roi viking Godfred, le successeur de Sigfred. Les rebelles saxons demandèrent l'aide des Frisons, leurs voisins du Nord, eux aussi païens, et des Avars, déjà en lutte contre Charlemagne. Ils abjurèrent le christianisme, pillèrent les églises, traquèrent les catholiques et réhabilitèrent le culte des idoles. Devant la tournure que prenaient les évènements, Charlemagne dut, en 794, revenir en Saxe : la pacification du pays dura encore plusieurs années, et ne s'acheva officiellement qu'en 799. À partir de cette date, Widukind ne prit plus part aux combats - qui durèrent jusqu'en 804 - et mourut le
1. Irminsul était soit un arbre immense - souvent désigné comme un frêne - soit un tronc totémique sculpté, dédié à une divinité saxonne (teutonique) de la guerre, nommée simplement Irmin.
Le moine Rodolphe de Fulda († 865), à qui l'on doit la description la plus complète d'Irminsul, rapporte au chapitre 3 de son hagiographie "De miraculis sancti Alexandri" :
"Il y avait aussi un tronc d'arbre d'une taille peu commune, dressé verticalement, qu'ils (les Saxons, ndlr) vénéraient en plein air, et qu'ils appelaient dans leur langue "Irminsul", qu'on peut rendre en latin par "pilier du monde", comme s'il soutenait toutes choses."
L'emplacement exact de l'arbre n'est pas sûr car aucun témoignage archéologique n'a été retrouvé, mais il aurait été situé dans l’actuel Land de Niedersachsen, dans un rayon de 30 km autour de Paderborn, peut-être sur la colline de Marsberg. Cet "arbre Monde", ou "pilier du monde", était un élément de la cosmogonie germanique, qui symbolisait l'union de l'Homme et du Cosmos, le lien qui unit la Terre et le Ciel.
Arbre sacré ou idole, la nature exacte de l'Irminsul n'est pas tranchée. Un dictionnaire français de 1860 dit ceci :
"Irminsul, ou colonne d'Irmin (Hermann, Arminius), idole des anciens Saxons, était placé sur la montagne fortifiée d'Ehresburg (aujourd'hui Marsberg). Elle représentait un homme armé à la façon des Germains, tenant un étendard d'une main et une lance de l'autre. C'était le dieu de la guerre, ou selon quelques uns, Arminius déifié. Charlemagne détruisit cette idole en 772, ainsi que la forteresse qui la défendait".
1499 : Signature du contrat de mariage entre Louis XII et Anne de Bretagne
Le mariage sera célébré le lendemain, 8 janvier.
D'abord mariée à Charles VIII, une clause du contrat de mariage et du traité conclu avec les États de Bretagne, en 1491, stipulait expressément que, si le roi décédait sans héritier mâle, Anne devait épouser son successeur (et que, sinon, le Duché échappait à la France).
Cela tombait bien pour Anne de Bretagne et Louis XII, qui éprouvaient une ancienne inclination l'un pour l'autre.
Il s'agit donc bien, là, d'une vision géopolitique à long terme, que l'on peut qualifier de véritable politique d'union matrimoniale, qui s'étendit sur une quarantaine d'années, aboutissant à la réunion définitive de la Bretagne à la France le 13 Août 1532 : la duchesse Anne de Bretagne épousant d'abord le roi de France Charles VIII puis, veuve, se remariant avec son successeur Louis XII, dont elle eut une fille, Claude de France; laquelle épousa François 1er, successeur de Louis XII : cette politique matrimoniale aboutira au rattachement définitif de la Bretagne à la France en 1532 (voir l'Éphéméride du 13 août).
Proche de la belette, l'hermine est un petit mammifère brun l'été, et blanc, avec le bout de la queue noir, l'hiver. Elle était essentiellement importée d'Arménie et portait le nom latin de mus armenia : le rat (ou la souris) d'Arménie. En ancien français, ermin désignait aussi bien l'arménien que l'hermine.
Ce qu'on appelle communément hermine se nomme en fait une moucheture d'hermine en héraldique. C'est la représentation de la queue de l'hermine accrochée par trois barrettes mises en croix sur des peaux cousues bout à bout. On se servait autrefois des peaux fraîches pour orner les écus, amortir les chocs et protéger contre les flèches enflammées.
Les mouchetures d'hermine font leur apparition à la cour ducale de Bretagne en 1213 à l'occasion du mariage de Pierre de Dreux avec Alix de Bretagne. L'hermine-plain (des mouchetures d'hermine qui tapissent un fond blanc) sera l'emblème des ducs bretons de Jean III jusqu'à la réunion à la France.
L'hermine est au duc de Bretagne ce que la fleur de lys est au roi de France. En breton, on écrit: an erminig (la petite hermine : "ig" est un diminutif). Au Moyen Âge, le lys et l'hermine sont des symboles de pureté : le lys parce qu'il est associé à la Vierge, et l'hermine pour la blancheur de sa fourrure.
La légende veut que la duchesse Anne se promenait en forêt et qu'elle aperçut une hermine pourchassée qui préféra attendre ses poursuivants plutôt que de salir sa blanche fourrure dans la boue. La duchesse demanda grâce pour l'animal, et décida d'en faire son emblème.
De là viendrait la devise des Ducs de Bretagne, qui remonterait à Jean IV, l'arrière grand-père d'Anne :
"Melius mori quam feodari", " Kentoc'h mervel eget bezañ saotret ", " Plutôt la mort que la souillure "
1709 : Début de "l'hiver de 1709"
C'est ce jour-là que commença l'un des plus terribles froids dont on a gardé le souvenir, un hiver, comme le dit Saint-Simon, qui "fut de deux mois au-delà de tout souvenir".
On pouvait aller à pied du Danemark en Suède. Le Zuyderzee fut totalement gelé et même, ce qui ne s'était produit qu'en 1234, tous les canaux et la lagune de Venise furent pris par les glaces. Dans toutes les forêts d'Europe, les cerfs et les sangliers mouraient par milliers. Les courriers répétaient comme un leitmotiv : "On ne se souvient pas d'avoir ressenti un froid pareil."
Le mardi 8 janvier 1709, le marquis de Dangeau notait dans son Journal : "Le roi n'a point voulu aujourd'hui aller à Trianon, parce qu'il vit hier, en allant à Marly, que ses gardes et les officiers qui le suivaient souffraient trop du froid excessif qu'il fait, car pour lui, ni le froid ni le chaud, quelque temps qu'il fasse, ne l'incommode jamais."
Le 26 janvier, on put voir sur le Grand-Canal des boeufs tirer des traîneaux contenant des approvisionnements.
Cependant, le froid prit une telle ampleur que Louis XIV, qui avait alors plus de soixante-dix ans, demeura confiné chez Mme de Maintenon. La température était atroce :
"L'eau de la reine de Hongrie, les élixirs les plus forts et les liqueurs les plus spiritueuses cassèrent les bouteilles dans les armoires de chambres à feu et environnées de tuyaux de cheminées, dans plusieurs appartements de Versailles."
Un magistrat parisien rapporte que "le pain gelait sur la table à mesure qu'on le mangeait. Le vin même gelait dans la cave. La bouteille de vin de Champagne se trouva toute gelée à l'exception d'un demi-verre qui était resté dans le centre de la bouteille, qui était tout l'esprit du vin et qui se trouva plus fort que de l'eau-de-vie."
"Dans l'année 1709, Le fort de l'hyvert se prit La veille des roys par une vigoureuse brise et par une forte gelée qui dura le reste du mois et davantage. Le froid fut si terrible et si cruel que les noyers, les châtaigners, les cerisiers, et quantité d'autres arbres moururent... Mais le plus grand mal fut que les froments et les seigles gelèrent en terre et se perdirent entièrement (mot abrégé, ndlr) Ce qui causa une chère année qui n'a guères eue de semblable car la famine fut Sj (si, ndlr) grande que l'on fut contraint de manger pendant longtemps du pain de fougère et de gland, et que la cinquième partie du peuple mourut de faim, Surtout les petits enfants. Enfin l'on ne peut Se ressouvenir d'un si triste temps que les cheveux n'en hérissent, Sur tout quand l'on Se remet devant les yeux, comme la faim avait défiguré le visage des pauvres qui étaient hideux et épouvantables a voir, qui jettaient sans cesse des cris dignes de compassion, et qui tombaient Souvent mort par les chemins. Dans la paroisse (mot abrégé, ndlr) de collombier qui est de 200 communiants tout au plus, on y fit depuis pâques Jusqu'a la S. martin 72 enterrements, Les deux tiers de petits enfans.
1722 : Mort d'Antoine Coypel
Antoine Coypel vers 1705, Alexis Grimou, Musée des Beaux-Arts de Rouen
C'est lui qui a décoré la voûte de la Chapelle du Château de Versailles :
Chapelle.chateauversailles.fr (visite virtuelle HD en 720° qui permet notamment d’admirer la voûte dans ses moindres détails)
À vingt-cinq mètres de hauteur, la voûte illustre la Trinité.
Au centre, Dieu le Père dans sa gloire, de Coypel.
À gauche, La Résurrection du Christ, par La Fosse.
Et à droite, au-dessus de la tribune royale, Le Saint-Esprit au moment de la Pentecôte, par Jouvenet
1785 : Traversée de la Manche en ballon
Le Français Jean-Pierre Blanchard et le physicien américain John Jeffries accomplissent pour la première fois la traversée de la Manche dans un ballon gonflé à l'hydrogène, en ralliant Douvres (Angleterre) à la côte française en 2 heures et 25 minutes.
Blanchard mourra en Hollande, lors de sa 66ème ascension, des suites d'une apoplexie qui le frappa en plein vol, occasionnant sa chute de plus de soixante pieds (en 1808).
1844 : Naissance de Bernadette Soubirous
1873 : Naissance de Charles Péguy
La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc est souvent appelée "le Paris-Dakar des courses de chiens de traîneaux".
Le tour des deux Savoie des mushers, les pilotes d’attelage de ces marathoniens des neiges, a été qualifié "d'Everest des courses de chiens de traîneaux" par le musher allemand Michael Tetzner, habitué aux courses de vitesse en Alaska, qui vint, un jour, tester ses chiens sur les pistes alpines...
http://www.grandeodyssee.com/fr/36/historique/
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Commentaires
Merci de relater l'histoire de nos racines cela réchauffe le coeur et l'esprit
Merci pour cet encouragement; et, bien sûr, rendez-vous chaque jour, sur les Ephémérides de lafautearousseau, pour suivre "l'aventure France..."