Douce France républicaine, ou chronique de l'insécurité ordinaire...(4)
Pour celles et ceux qui penseraient -peut être....- que nous parlons trop souvent des problèmes d'insécurité; ou que nous exagérons quand nous critiquons la politique que mène la république, quand nous disons qu'elle conduit à la banalisation et à l'institutionnalisation de la violence et de la délinquance ordinaire (la pire, donc...); voici -sans autres commentaires- l'article de Delphine de Mallevoüe publié dans "Le Figaro magazine" du jeudi 10 Janvier, sous le double titre: "Ces minicaïds qui sèment la terreur dans les maternelles. Âgés de 3 à 10 ans, ils frappent, volent ou brûlent des voitures. Le rajeunissement de la délinquance est un vrai problème dans les cités."
Les yeux révulsés, la respiration "rauque, caverneuse, animale", qui lui valent le surnom de l'"Exorciste", Aziz a la rage. Comportement hyperactif, insultes, coups… la dernière fois qu'il a frappé, c'était son enseignante. Qui a porté plainte contre lui. Aziz n'a rien d'un de ces ados durs qui sévissent en bande, il a cinq ans et vit dans une cité de Saint-Denis, dans le 93.
Aziz n'est pas un cas isolé. Le rajeunissement de la délinquance dans les quartiers difficiles est un vrai phénomène. Âgés de 3 à 10 ans, ces minicaïds que l'administration appelle "enfants hautement perturbateurs" ne se contentent pas de voler des bonbons mais cognent, fument, traînent dans les rues, brûlent les voitures, etc.
Comme Bemba, 7 ans, qui arrive à l'école en empestant l'essence, après avoir incendié avec ses frères des voitures du parking voisin. Ou encore ce gamin de 3 ans surnommé "Hannibal Lecter", en référence au héros cannibale du Silence des agneaux, pour avoir mordu le nez d'une fillette jusqu'à le lui arracher.
Sans parler de Kader, 6 ans, qui, sous l'influence de son beau-père, fume du cannabis chaque soir "pour mieux dormir". Hakim, 9 ans, a, quant à lui, donné des coups de couteau à sa propre mère... C'était il y a six ans. Après maints autres délits graves, et un passage à Fleury-Mérogis, il est aujourd'hui emprisonné à Fresnes. Tous ces "enfants bandits", comme y fait référence le titre d'un livre à paraître sur le sujet, viennent de Seine-Saint-Denis.
Si d'autres cités de France ne sont pas épargnées, ce phénomène "reste malgré tout marginal -nuance Sonia Imloul, présidente de Respect 93, une association qui milite pour la prévention de la délinquance des mineurs-. Mais il suffit de deux ou trois élèves intenables dans une classe pour la paralyser totalement."
Côté chiffres, sachant qu'un mineur au-dessous de 13 ans ne peut faire l'objet d'une condamnation pénale et que la plupart des statistiques concernent les 13-18 ans, il est difficile d'être précis. On sait simplement qu'en 2005, sur les 82 556 actes dont les juges des enfants ont été saisis, 3474 concernaient des moins de 13 ans. Et que la part des mineurs dans la délinquance est passée de 10% dans les années 1970 à 25% aujourd'hui. "Magistrats, policiers, enseignants, tous observent ce rajeunissement avec de plus en plus de passages à l'acte", confie Claude Beau, vice-présidente du TGI de Paris et présidente de Mission Possible, une association de prévention.
Pour Sonia Imloul, issue de l'immigration algérienne, le dépistage si contesté de la délinquance avant trois ans, qu'avait suggéré Nicolas Sarkozy, est la mesure d'urgence à adopter. "Les gens qui sont contre ne savent pas de quoi ils parlent", affirme-t-elle. Le signal d'alarme, selon elle, devrait être tiré dès la maternelle. "Oui, on sait dans la cour de récré lesquels vont devenir délinquants, dépressifs ou tenter de se suicider !", assure-t-elle.
PS: nous dédions cet article à Jacques Attali, qui a eu la curieuse idée de proposer la relance de l'immigration comme moyen pour..... doper la croissance!