UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • L'église de Longefont sauvée...

    La renaissance d’une église, plus belle restauration de l’année

    REPORTAGE - Murée pendant 170 ans, l’église du prieuré de Longefont revit depuis 2015 grâce à l’obstination de ses propriétaires. Ils ont été récompensés par le Grand Trophée de la plus belle restauration, décerné par Propriétés Le Figaro, Le Figaro Magazine, la Fondation pour les Monuments Historiques, en partenariat avec La Demeure Historique.

    Publicité
     
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
      • Paris 4ème
      • Appartement
      Voir l'annonce
     
    1/5
    Source Le Figaro Magazine

    C’était le 5 août 2015. Agnès et François Chombart de Lauwe avaient fait signe à leur entourage, à l’occasion de la dédicace de Notre-Dame de Longefont, l’église du prieuré fontevriste dont ils sont propriétaires, dans l’Indre, entre Saint-Gaultier et Le Blanc, près d’Oulches. Après huit ans de travaux, le bâtiment, érigé au début du XIIe siècle, à une époque où la France, animée d’un puissant regain de foi, se couvrait d’un blanc manteau d’églises romanes, avait enfin retrouvé toute sa beauté. Jouant avec les vitraux de l’abside, le soleil estival faisait danser ses rayons de joie sur la pierre claire, tandis que les chantres de la cathédrale de Bourges louaient le Seigneur en grégorien et que l’abbé de Notre-Dame de Fontgombault, venu tout spécialement pour l’occasion, célébrait l’Eucharistie. Puis ce fut au tour d’Irène, l’une des filles d’Agnès et François Chombart de Lauwe, d’entamer, seule, l’Ave Maria de Caccini. Sa voix de soprano juste accompagnée au piano, en sourdine, montait comme une prière dans l’église. Ce jour-là, un vent d’allégresse souffla sur le prieuré de Longefont. Ne dit-on pas que celui qui construit une église sur la terre a droit à un appartement au paradis?

    Construire une église, ou plutôt la reconstruire, pierre par pierre…

    C’est le défi qu’Agnès et François Chombart de Lauwe ont entrepris de relever en 2007. A cette époque, Notre-Dame de Longefont était loin de présenter le même aspect qu’aujourd’hui. Il ne restait finalement pas grand-chose de l’église de l’Abbatia Longi Fontis(abbaye de la Grande-Fontaine), pr

  • Éric Zemmour : « Cette gauche qui déteste le pape quand il rappelle qu'il est catholique…»

     

    Par Eric Zemmour

    Éric Zemmour dit l'essentiel dans cette chronique du Figaro [7.10] où il analyse comment le pape François - dont il ne dissimule pas l'ambivalence, et les prises de position parfois dangereuses et négatives - prend toute sa part dans la lutte contre le totalitarisme du genre. Pourvu que ça dure ! conclut-il. Nous aussi. LFAR

     

    522209694.4.jpgLa gauche aime le pape François. Quand il vilipende le capitalisme, la mondialisation, les inégalités entre riches et pauvres. Quand il ramène dans ses bagages des familles de migrants musulmans. Quand il met sur le même plan une théorique violence catholique et une bien réelle violence islamique.

    La gauche aime le pape quand François se soumet de bonne grâce au diktat de la bien-pensance et semble avoir fait siennes les fameuses « vertus chrétiennes devenues folles » de Chesterton.

    Mais la gauche déteste le pape quand il fait savoir qu'il est resté catholique. Quand il défend le mariage et vitupère contre « la guerre mondiale » qui lui est menée. La gauche morigène même le pape quand il ose dénoncer ces ouvrages scolaires français qui expliquent à nos enfants qu'« on ne naît pas femme, on le devient », selon la célèbre phrase de Simone de Beauvoir.

    La gauche honnit le pape quand il distingue entre les individus - homosexuels, voire transsexuels, humbles pécheurs que l'Eglise doit accueillir comme les autres - et le dogme catholique qui sacralise le mariage, le seul authentique, entre un homme et une femme, et la famille traditionnelle. Bref, la gauche ne supporte plus ce pape quand il fait son métier de pape.

    Najat Vallaud-Belkacem a pris son air d'institutrice pour tancer la « légèreté » de François; on se souvient que la même avait déjà brocardé les « pseudo-intellectuels » qui contestaient sa réforme du collège. Notre ministre de l'Education nationale a la particularité de vouloir boxer au-dessus de sa catégorie. Elle a aussi le don de maquiller la vérité avec un fard épais.

    Notre ministre et la gauche estiment que la théorie du genre n'existe pas. Elle disait pourtant le contraire il y a quelques années. La théorie du genre n'existe plus puisqu'elle a été rebaptisée « concept de genre ». Plus c'est gros, plus ça passe. Les mots changent, les idées restent. Il s'agit toujours de nous convaincre que la différence entre homme et femme ne relève en rien - c'est le rien qui est essentiel - de la biologie, et en tout des habitudes sociales qui, au fil des siècles, ont édifié des préjugés innombrables sur les rôles respectifs des hommes et des femmes.

    Préjugés qu'il s'agit de déconstruire et de détruire pour être enfin « libre et égal ». C'est exactement ce qu'on explique dans les écoles de France, au gré d'exemples divers, de ces garçons qui voulaient danser des ballets classiques avec les filles ou de ces filles qui devenaient karatékas. De ces papas qui portent une jupe ou de ces enfants qui ont deux papas.

    Devant la bronca contre l'« ABCD de l'égalité » d'il y a deux ans, la propagande s'est affinée. Mais c'est toujours de la propagande. Cela devient une tradition au Vatican: le pape Jean-Paul II combattait le totalitarisme communiste; le pape François prend toute sa part dans la lutte contre le totalitarisme du genre. Pourvu que ça dure ! 

    Eric Zemmour           

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    François et la théorie du genre : surprise, le pape est... catholique !

    Il est contre la « colonisation idéologique » : François, Janus aux deux visages... 

  • Cinéma • Le Redoutable

     

    Par Guilhem de Tarlé

    Le Redoutable : un biopic de Michel Hazanavicius, avec Louis Garrel, Stacy Martin, Bérénice Béjo et Grégory Gadebois. 

     

    Le Redoutable. on se dit qu’on aurait pu « ne pas le voir », et je m’interroge sur l’objectif du réalisateur : a-t-il voulu « descendre » Jean-Luc Godard ?

    Quel personnage odieux !

    A vrai dire, si son nom évidemment m’était bien connu, j’ignorais tout ou j’avais oublié ce que je pouvais savoir de ce monsieur, et manifestement je ne perdais rien ; j’aurais pu ne pas le… connaître.

    Je n’ai vu en effet aucun de ses films (mon « goût » du cinéma, et surtout de le commenter, est un passe-temps - une addiction ? - de retraité), et j’imagine que j’aurais davantage compris ce biopic si j’avais vu La Chinoise et Le Mépris !

    Du mépris précisément c’est probablement le défaut qui caractérise le mieux J.L. Godard : il méprise tout le monde à commencer par sa « conne » (sic) de (seconde) femme pourtant si amoureuse et si mignonne ; il méprise aussi les étudiants avec lesquels il manifeste : « Ce qui m’intéresse dans le mouvement étudiant, c’est le mouvement et non pas les étudiants ».

    Il a néanmoins un regard assez juste sur Mai 68 en pressentant et en affirmant que tout commence, quand ledit mouvement semble s’essouffler. N’a-t-on pas vu, en effet, ces dernières années les soixante-huitards tenir le haut du pavé (celui-là même qu’ils avaient battu et lancé sur les forces de l’ordre et les institutions) dans tous les domaines politico-médiatiques, et même religieux, avec Cohn Bendit en icône ?

    1968, surtout n’a-t-il pas été essentiellement une révolution libertaire et ne vit-on pas aujourd’hui dans une société et une idéologie égalitariste, libérale-libertaire ?

    Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore (comme moi) aujourd’hui Mai 68 a gagné et, à l’inverse de Letizia Bonaparte, nous n’avons plus qu’à implorer le Ciel : « pourvu que ça ne dure pas » !

    Puis-je conclure en disant que je ne comprends pas l’évocation du Redoutable que je trouve factice, même si elle date l’événement.

    J’ai en revanche éprouvé du plaisir à entendre la musique de Pénélope (celle de Brassens et non de Fillon) et du Vieux Léon.  

  • Important : L'analyse d'Eric Zemmour sur le cas Wauquiez. Il a raison !

     

    AINSI VA LA VIE (ET LE MONDE) A DROITE...

    Analyse publiée dans le Figaro magazine du vendredi 8 septembre. Et qui risque, sur la future présidence Wauquiez des Républicains, un pronostic qui a toutes chances de s'avérer exact.  LFAR

     

    687294929.jpgCela n'a pas tardé. En prenant Virginie Calmels à ses côtés, Laurent Wauquiez a donné les gages que beaucoup attendaient : d'ouverture, de rassemblement, de tolérance. L'élue bordelaise, femme, centriste, libérale, juppéiste, ale profil idéal. Elle sera à Wauquiez ce que NKM ou Valérie Pécresse furent à Sarkozy, ce que Michèle Barzach fut à Chirac ou Simone Veil à Balladur : des cautions à la fois de « modernité » et de « tolérance ». Des pare-feu médiatiques et idéologiques pour se faire accepter par la bonne société politiquement correcte. D'ailleurs, Wauquiez a déjà livré les deux modèles qu'il a choisis s'il devient, comme c'est probable, le prochain président des Républicains : Chirac et Sarkozy.

    Tout est dit : Chirac prit le mouvement gaulliste en dénonçant le «parti de l'étranger» des européistes pour finir par appeler à voter oui au traité de Maastricht ; Chirac défendit « l'immigration zéro », la suppression du regroupement familial et du droit du sol dans les années 1980, avant d'achever sa carrière en porte-parole de la gauche contre le FN. De même, Sarkozy promit le « Karcher » et on eut Kouchner. Il nomma un ancien socialiste comme ministre de l'Identité nationale et de l'Immigration, et jamais le nombre d'immigrés ne fut aussi élevé.

    Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Le rassemblement tourne toujours au profit des mêmes. La droite amène les électeurs et les centristes amènent les élus. Les électeurs de droite sont les éternels cocus d'un système qui oblige le patron du parti à tenir des propos flatteurs pour les attirer, puis à renoncer à tout lorsqu'il faut rallier les centristes. Au nom de la République, des droits de l'homme, de l'Etat de droit, de la modernité, de l'humanitarisme, les « modérés » tirent toutes les ficelles, avec la bénédiction de la gauche et le soutien actif des médias.

    Comme Chirac et Sarkozy avant lui, Wauquiez a déjà mis le doigt dans un engrenage qui le broiera. Plus il parlera haut et fort, moins il agira. Certains observateurs sagaces ont déjà remarqué que, lors de son premier discours de campagne, il aparté de tout sauf des sujets sensibles qui tournent autour du « mariage pour tous ». C'est la leçon que la droite, suivant là encore la gauche et les médias, a tirée de l'échec de Fillon à la présidentielle : trop réac, trop catho, trop tradi.

    Wauquiez est sans doute persuadé d'être habile. Mais il sera lui aussi victime de la « maladresse des demi-habiles » qu'évoque Pascal. Il arrive trop tard dans un monde trop vieux. Il ne pourra pas, comme ses prédécesseurs, se rattraper par un discours économique libéral et antisociaIiste, Emmanuel Macron faisant en économie la politique de la droite. Il ne pourra attirer l'électorat populaire qui vote massivement FN qu'en reprenant le programme de ce parti sur l'immigration. C'est exactement ce que lui interdiront ses alliés modérés et centristes. Ils le sommeront de ne jamais faire de concessions aux idées du FN. Wauquiez devra se soumettre d'autant plus qu'il est soupçonné des pires arrière-pensées. C'est ce qui s'appelle perdre sur tous les tableaux.  

  • Algérie : film ou coup d'Etat ?

     

    Par Péroncel-Hugoz 

    Vétéran des grands-reporters du « Monde », Péroncel-Hugoz a travaillé dans plusieurs pays arabes avec une longue halte en Algérie où il eut sérieusement maille à partir plusieurs fois avec les autorités. Il entame une série de chroniques consacrées à ses « années algériennes ». Elles nous diront aussi quelque chose de l'Algérie d'aujourd'hui, En voici la première.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgJe n'ai rien contre l'armée, au contraire, mais, en temps de paix je préfère quand même l'excursion champêtre à l’entraînement militaire et la fréquentation d'une bonne bibliothèque à la formation de jeunes recrues… 

    En 1965, trois ans après l’indépendance algérienne, je fus donc l’un des premiers (ce qui me valut à la caserne de Toulon le sobriquet pas franchement amical de « Ben-Bella »…) à candidater pour accomplir mes « 18-mois », dus à l'époque au drapeau tricolore, en Algérie, à titre civil. Frais émoulu de Sciences-po Paris, je fus donc bombardé par le gouvernement du vrai Ben Bella, administrateur au ministère de l'Agriculture et de la Réforme agraire, alors dirigé par un certain Ali Mahsas, connu pour son côté « ours » … 

    Je n'eus guère le temps de vérifier cette réputation car, à peine étais-je au travail, que les rues algéroises, un beau matin se couvrirent de chars, camions et soldats. La fille de l'ambassadeur de Turquie, lequel passait pour bien informé, me rassura : « Papa dit que c'est le cinéaste Pontecorvo qui tourne un film en ville sur la Bataille d'Alger » – un long métrage relatant la reprise de la Casbah d'Alger, en 1956, par les parachutistes français, était effectivement prévu. 

    On sut très vite, avant midi, que les chars étaient ceux du redouté colonel Boumédienne, lancés contre le président Ben-Bella. Celui-ci fut mis au secret dans une villa pied-noir et son pouvoir brouillon mais populaire remplacé par un opaque « Conseil de la Révolution ». Alger entra en hibernation. Mon ministre disparut. Je fus muté au Bureau national des statistiques, moi qui n'ai jamais vraiment su la table de multiplication … Le climat n'était pas à la protestation, surtout de la part d'un « gaouri », fils de l'ex-puissance coloniale … 

    Allah merci, on me confia une dizaine de jeunes stagiaires administratifs pour dresser avec eux la carte de l'Algérie indépendante industrielle. Une Algérie immense s'ouvrait à nous, du Sahel au Hoggar, de l'Atlas au Sahara pétrolier. Je me lançai avec enthousiasme dans ce travail itinérant, à travers un territoire à la nature magnifique, qui plus est rempli de traces historiques, y compris celles de mon propre peuple, resté 132 ans en Algérie. Je nouai des relations fructueuses avec mes subordonnés, enchantés, eux de découvrir leur propre pays. Et en avant ! (A suivre la semaine prochaine).   

    Prochain épisode : une police politique omniprésente

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 29.01.2016

  • Japon, secousse sismique et séisme économique, par François Reloujac

            Quelques semaines après le séisme et le tsunami qui ont endommagé le site nucléaire de Fukushima, les médias ont commencé à se préoccuper des conséquences économiques de cette catastrophe.

             Dans leurs prédictions, les médias se réfèrent toujours aux chiffres bruts que les agences de notation scrutent en permanence. 

            Ils négligent cependant trois éléments importants : l’enchaînement dans le temps, les relations entre le monde financier et l’économie réelle et, enfin, ce qu’on appelle la « mondialisation ».  

    japon,nucleaire,fukushima

            Si l’inquiétude est réelle quant à la catastrophe qui a frappé le Japon, c’est parce que ce pays compte parmi les premiers pays producteurs du monde (le troisième après les États-Unis et la Chine) et que, consommant peu, il est aussi l’un des tout premiers créanciers des États-Unis et de l’Europe (avec la Chine). Pourtant, la zone sinistrée n’est à l’origine que d’à peine 8 % du produit intérieur brut japonais. Aussi, même définitivement stérilisée, elle ne priverait directement le monde que d’un peu moins de 0,5 % de la production mondiale. Certains économistes en ont donc déduit que l’incidence de cette catastrophe serait inférieure à celle du séisme qui frappa Kobé en 1995 et que la reconstruction contribuera à doper l’économie mondiale comme ce fut le cas il y a une quinzaine d’années.

     

    Un scénario moins optimiste ?

            Il est cependant permis de craindre un scénario moins optimiste. 

            Depuis cette époque, la mondialisation a poursuivi sa progression poussant à une intégration de plus en plus forte de toute production, à une circulation de plus en plus dense de pièces détachées de toutes sortes et à une diminution de plus en plus drastique des stocks intermédiaires. Il s’agit de produire toujours plus à moindre prix. Dans cette véritable guerre économique, le Japon a misé sur ce qui constitue son atout majeur : les composants électroniques et les plaquettes de silicium qui sont indispensables à leur fabrication. Mais, en voulant conserver leur avance technologique dans ce domaine, ils ont « exporté » là où la main-d’œuvre est moins onéreuse le montage de ces composants dans les produits finis vendus aux consommateurs. Poussant cette logique à l’extrême, ils ont aussi spécialisé leurs usines : au nord, la production des composants électroniques, au sud, leur intégration  dans les ordinateurs de bord des voiture Toyota ou Nissan, dans les batteries pour ordinateur portable.

    japon,nucleaire,fukushima

     "...Mais deux nouveaux facteurs entrent en jeu : le vieillissemnt de la population..."

     

     

            Ainsi, la côte pacifique de Tohoku était spécialisée dans la production de ces composants électroniques – même si tous les composants électroniques japonais ne venaient pas de cette région et même si on produisait aussi autre chose dans cette région. Ces composants sont aujourd’hui présents dans tous nos outils et ustensiles dont l’usage est quotidien : ordinateurs, téléphones, voitures automobiles, chaudières domestiques, matériel électroménager, etc. Ces produits, même s’ils sont réputés être fabriqués en Chine ou en Corée, en Pologne ou en Hongrie, en Argentine ou au Pérou, sont tributaires des composants électroniques dont près de 80 % proviennent du Japon, et notamment de la zone sinistrée. Pour obtenir le prix de revient le plus faible possible – alors que les coûts des composants doivent déjà être augmentés des frais de transport – les entreprises qui les assemblent travaillent à flux tendus, c’est-à-dire sans stock. 

            Aussitôt arrivés, les composants sont montés et le produit fini vendu. En valeur, les composants électroniques en provenance de la zone sinistrée ne représentent pas un montant extraordinaire, mais  ils sont incontournables et vont manquer un certain temps. En effet, si toutes les usines n’ont pas été détruites, les voies de communication et les sources d’approvisionnement en énergie ont été gravement endommagées. Si des entreprises comme Toyota ou Sony ont annoncé qu’elles fermaient aussi leurs usines de Tokyo et même du sud de l’archipel, c’est parce que, les axes de communication étant coupés, elles ne pouvaient plus acheminer les composants électroniques depuis le nord et qu’elles n’avaient pas sur place de stock d’avance. Cependant, la question des axes de communication n’est pas la seule difficulté qu’il va falloir surmonter pour rétablir un niveau normal de production.

            Car ce n’est pas parce que le monde entier a les yeux rivés sur la centrale nucléaire de Fukushima, que le Japon est dépendant de cette seule source d’énergie. L’électricité d’origine nucléaire ne représente qu’à peine un tiers de l’électricité consommée au Japon. Le reste est produit à partir des centrales thermiques, qu’elles soient alimentées par le gaz naturel dont le Japon était le premier importateur jusqu’au tsunami ou par le pétrole dont le Japon est le troisième consommateur mondial (après la Chine et les États-Unis). Or, toutes les centrales thermiques gérées par Tohoku Electric ont été détruites par le tsunami qui a aussi annihilé près de 20 % de la capacité de raffinage du Japon. On peut d’ailleurs se demander si cette baisse annoncée de la demande de pétrole n’a eu comme effet que de faire baisser le prix du baril de brut ou si certains chefs d’État n’ont pas pris en considération cette réalité dans leur attitude vis-à-vis du colonel Kadhafi.

    japon,nucleaire,fukushima

                                                              "...et la dette." (une dette colossale, qui a augmenté de 190% depuis le début des années 90...)

     

     

    La Fed en faillite et l’euro en sursis

            Face à l’ampleur de cette catastrophe, le Japon va devoir mobiliser toutes ses énergies pour sa reconstruction. Personne ne doute du courage du peuple japonais pour surmonter cette crise comme il l’a fait après le tremblement de terre de Kobé. Mais deux nouveaux facteurs entrent en jeu : le vieillissement de la population et l’explosion de la dette. En 2011, plus de 16 % de la population japonaise est âgée de plus de 70 ans. Au lieu de produire et d’épargner, celle-ci consomme, tire donc sur son épargne, et réclame aujourd’hui au Gouvernement le remboursement des titres d’État qu’elle a souscrits. Mais comment l’État dont la dette dépasse déjà plus de 200 % du PIB pourrait-il trouver les liquidités nécessaires ? Il ne peut même plus pousser aux prêts les banques commerciales, le taux d’intérêt demandé par la banque centrale étant déjà égal à zéro. Et si l’État japonais voulait emprunter à l’étranger, il est probable que les agences de notation trouveraient que ses possibilités de rembourser sa dette externe seraient faibles. Il ne lui reste donc qu’à chercher à récupérer les sommes colossales prêtées à l’étranger au cours de ces dernières années.

            Car, si le Japon est bien l’un des premiers producteurs du monde, il ne consomme pas à due concurrence (ce que l’on reproche à la Chine). Depuis de nombreuses années, il utilise ses excédents pour prêter aux États qui consomment plus qu’ils ne produisent et vivent donc au-dessus de leurs moyens : les États-Unis, bien sûr, mais aussi l’Europe. La logique voudrait donc que le pays du Soleil Levant vend des Bons du Trésor américain. C’est bien l’analyse qu’ont fait les professionnels de la spéculation qui ont rapidement vendu des dollars pour acheter des yens. Conséquence : le cours du yen s’est envolé, au risque de créer de nouvelles difficultés au Japon puisque cela renchérit les produits qu’ils ont désormais absolument besoin de vendre à l’étranger pour participer au financement de leur reconstruction. À qui le Japon peut-il vendre les actifs financiers étrangers qu’il détient ? Le 6 janvier 2011, dans la plus grande discrétion, la Réserve fédérale américaine s’est placée sous la protection du Trésor, c’est-à-dire qu’elle a officiellement reconnu qu’elle ne pouvait plus faire face à ses engagements, qu’elle n’était pas capable de rembourser ses dettes et qu’il faudrait que le contribuable américain se substitue à elle en cas de besoin ! L’on voit mal, dans les circonstances actuelles, le président Obama décider d’augmenter les impôts fédéraux pour rembourser une partie de la dette américaine, y compris au Japon !

            Une autre décision financière a été réalisée de façon tout 

  • Non quia timemus… par Louis-Joseph Delanglade

    PHOb33a380c-32ba-11e4-93c8-571a7513bfed-640x230.jpg

     

    La décapitation de M. Gourdel semble avoir libéré la parole des « musulmans de France ». Ainsi, un grand nombre d’entre eux, s’arc-boutant sur le fantasme d’un « véritable islam religion de paix », appellent à des manifestations de solidarité nationale. On ne peut que leur en donner acte, même s’il est permis par ailleurs de rester sceptique sur la lecture un peu idéaliste qu’ils font de leur texte sacré.

    Le fait est qu’il n’est pas facile d’être musulman et français. Il est d’abord certain que la politique immigrationniste forcenée des quarante dernières années a abouti à la constitution d’une sorte de second peuple, du moins ressenti comme tel par la majorité des « Gaulois ». Facteur aggravant : malgré (ou à cause de) l’absence de statistiques ethniques officielles, tout un chacun peut penser que cette « communauté » n’est pas totalement étrangère à l’accroissement exponentiel de l’insécurité et au surpeuplement des prisons.

     

    Dès lors, il n’y a pas lieu de s’étonner si, directement ou indirectement, elle constitue un terreau favorable à l’extrémisme islamiste (exemple : les provocations vestimentaires) et à l’islamo-terrorisme (exemple : M. Merah). Bien évidemment, tous les musulmans ne sont certes pas des terroristes mais, jusqu’à preuve du contraire, tous les terroristes (apprentis ou avérés) qui menacent la France, sont des musulmans. Bons ou mauvais, qu’importe ?

     

    Concernant les mosquées, aucun gouvernement n’a fait quoi que ce soit pour mettre fin aux ingérences étrangères (Algérie, Maroc, Arabie Saoudite, Qatar, etc.) et aux dérives induites. Ce laxisme est directement responsable de l’émergence de mosquées « sauvages », lieux de la propagande salafiste la plus violente, qui semblent échapper à tout contrôle et qui sont les principaux vecteurs de l’endoctrinement jihadiste.

     

    La situation est telle que M. Valls, brisant tous les tabous, ose enfin parler d’ « ennemis de l’intérieur » et reconnaît que nous sommes face à « un défi sans précédent ». M. Hollande prévient que « la France est en guerre contre le terrorisme ». Qu’il aille plus loin et ose prendre les mesures énergiques qui s’imposent (suggestions : expulsion, déchéance de la nationalité, bannissement dans un îlot de l’antarctique, sans omettre la peine légitime qui s’impose contre ceux ayant porté les armes contre leur présumé pays en temps de guerre).

     

    L’anaphore incantatoire de M. Cazeneuve (« La France n’a pas peur ») paraît aussi dérisoire que la formule emphatique de M. Pasqua (« Nous allons terroriser les terroristes »). Il serait plus efficace - et plus rassurant pour les Français -  d’oser montrer à l’ennemi que nous sommes prêts à aller au bout de sa logique de guerre.  u

     

  • Société • Tariq Ramadan visé par une plainte pour viol et agressions sexuelles

     

    Le sujet est à la mode. Repris en boucle, incessamment, par tous les médias, sur un mode unique et ad nauseam. Quant aux militantes féministes et laïques, elles ne sont pas notre tasse de thé. Ces saintes-là ne sont pas de notre paroisse. Il n'empêche ! Que l'une d'entre elles ait déposé une plainte contre Tarek Ramadan pour viol et agressions sexuelles (au pluriel) a quelque chose de savoureux. Au moins pour l'instant, en attendant mieux. Que vaudra cette plainte, tiendra-t-elle ? En tout cas, Match a diffusé l'information hier en fin de soirée dans les termes qu'on va lire. Ah ! les bienfaits de « la libération de la parole » ! A suivre.   LFAR

     

    BBaX1vM.pngVendredi, une femme a déposé plainte à l’encontre de Tariq Ramadan pour viol et agressions sexuelles.

    Une plainte a été déposée vendredi à l'encontre de l'islamologue et théologien suisse Tariq Ramadan, notamment pour viol et agressions sexuelles, a-t-on appris auprès d'un des avocats de son accusatrice Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque. Cette plainte a été déposée auprès du parquet de Rouen, dont relève le domicile de la plaignante, pour « des faits criminels de viol, agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation », selon le document consulté par l'AFP. 

    Une révélation cachée dans son livre 

    Henda Ayari, 40 ans, présidente de l'association Libératrices, a indiqué vendredi sur sa page Facebook avoir été « victime de quelque chose de très grave il y a plusieurs années » mais n'avoir pas alors voulu révéler le nom de son agresseur en raison de « menaces de sa part ». Dans son livre « J'ai choisi d'être libre », paru en novembre 2016 chez Flammarion, elle a décrit cet homme sous le nom de Zoubeyr, narrant un rendez-vous dans sa chambre d'hôtel à Paris où cet intellectuel musulman venait de donner une conférence. 

    Il l’a « insultée », « giflée » et  « violentée » 

    « Par pudeur, je ne donnerai pas ici de détails précis sur les actes qu'il m'a fait subir. Il suffit de savoir qu'il a très largement profité de ma faiblesse », avait écrit Henda Ayari, assurant que quand elle s'est « rebellée », qu'elle lui a « crié d'arrêter », il l'a « insultée », « giflée » et « violentée ». « Je le confirme aujourd'hui, le fameux Zoubeyr, c'est bien Tariq Ramadan », écrit Henda Ayari sur Facebook. Selon Maître Jonas Haddad, l'un de ses conseils, « Henda Ayari n'avait pas envie de communiquer sur ce sujet, par peur ». 

    Aucune réaction de sa part 

    « Avec la libération de la parole à laquelle on assiste depuis quelques jours, elle a décidé de dire ce qu'elle a subi et d'en tirer les conséquences judiciaires », a-t-il poursuivi, interrogé par l'AFP. Tariq Ramadan n'avait pu être joint par l'AFP et n'avait pas réagi sur les réseaux sociaux en fin d'après-midi. Relativement populaire auprès d'une partie des fidèles musulmans, il est aussi très contesté, notamment dans les milieux laïques, qui voient en lui le tenant d'un islam politique. 

  • George Steiner, maître à lire, par Gérard Leclerc.

    La mort du grand universitaire George Steiner nous invite à revisiter une œuvre critique d’une extrême importance. C’est la culture qui donne son âme à une civilisation qui est faite de richesses patrimoniales et d’échanges. Sans compter cette richesse commune qu’est la Bible.

    gerard leclerc.jpgEn apprenant lundi soir la mort de George Steiner, d’instinct j’ai recherché ses livres dans ma bibliothèque. N’était-ce pas avant tout l’homme des livres, lui le lecteur insatiable et le transmetteur ? Malheureusement, ma bibliothèque étant en dérangement et en instance de rangement, je n’ai pu retrouver le carton où ils sont provisoirement emballés. J’aurais aimé relire quelques pages d’Après Babel que j’ai lues à peu près à sa parution, sous le conseil pressant de Pierre Boutang au milieu des années soixante-dix. Steiner m’avait ouvert tout un monde, qui est celui de la parole et de l’écrit avec la polyphonie des langues, ce trésor merveilleux.

    Universitaire de réputation mondiale, Georges Steiner est d’abord connu comme critique, un métier qu’il considérait avec la plus grande humilité. À Stéphane Barsacq qui l’interrogeait là-dessus, il répondait : « J’aimerais, si on se souvient de moi, oui j’aimerais que ce soit en tant que maître à lire. Maître à penser, je n’ose pas y aspirer, maître à lire, oui. » Et pour se mieux faire comprendre il empruntait une métaphore à Pouchkine : « C’est moi qui écrit les lettres, vous vous contentez de les mettre à la boîte. » La richesse de sa vie, notre professeur estimait que ça avait été de mettre les lettres à la boîte. Et encore : « Quand on a passé sa journée à enseigner Le roi Lear ou Phèdre ou Partage de midi, l’on se dit : “À quoi bon ?” Parce que la richesse de ces textes, de ces hommes est d’un ordre tout à fait différent du nôtre… » Mais, cher maître, pour pouvoir transmettre, il faut savoir se pénétrer du génie d’autrui et savoir aussi traduire, qui est bien une des plus belles facultés de l’esprit humain !

    Steiner avait une hantise qu’il exprimait à Barsacq dans les termes les plus directs : « Les temps vont être très difficiles, il n’y a pas de doute… Et il y a une forme de populisme, plein de vengeance, qui dit : on en a assez de votre culture, vous nous emmerdez avec votre culture. » Les pop stars n’ont-ils pas remplacé les écrivains ? Et pas seulement pour la jeunesse. À l’Élysée, pourtant sous François Mitterrand, Régis Debray était en concurrence sévère avec Jack Lang pour donner la prééminence aux écrivains par rapport aux vedettes du showbiz. Mais Steiner demeurera comme un témoin, gardien des vraies richesses de l’esprit et du cœur. Je pense à son appartenance juive, souvent compliquée, mais qui tenait d’abord à son attachement au livre des livres, la Bible. Ce livre dont il savait mieux que quiconque qu’il avait irrigué toute la grande littérature occidentale !

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 5 février 2020.

  • À propos de Jean Vanier, par Gérard Leclerc.

    La révélation par la communauté de l’Arche d’agressions sexuelles commises par Jean Vanier sur des femmes aux profils fragiles, constitue un véritable coup de tonnerre pour le monde catholique où il était révéré presque comme un saint. Moi-même, qui l’ait salué, au moment de sa mort, pour exprimer mon admiration et ma gratitude à son égard, je m’en trouve blessé et il faudra longtemps pour que ma tristesse s’apaise. Cette révélation fait d’autant plus mal que Jean Vanier a fondé et dirigé un œuvre proprement admirable à tous égards.

    gerard leclerc.jpgFaut-il se redire avec les anciens : « Corruptio optimi, pessima » ? La corruption du meilleur est la pire des choses. Peut-être, parce qu’en un certain sens, Jean demeure le meilleur et que sa culpabilité n’en est que plus cruelle. Pourquoi ? Parce qu’en abusant de certaines femmes, il s’est prévalu justement de son prestige spirituel et de son autorité de héros de la charité.

    Et là, on est bien obligé de parler de dévoiement pervers. Jean Vanier était une sorte de laïc bien particulier dans l’Église. Il a prêché dans sa vie de multiples retraites et on ne pouvait qu’acquiescer à un sens évangélique incontestable. Bien qu’il ne fut pas prêtre, il a usurpé de son charisme pour commettre le mal. On s’interroge sur la responsabilité qu’a pu avoir dans ce dévoiement le Père Thomas Philippe, cofondateur de l’Arche et lui-même coupable d’agressions du même type. Dans les années cinquante, ce religieux avait été d’ailleurs gravement sanctionné par le Saint-Siège, déjà pour des actes délictueux. L’affaire était restée en grande partie secrète et peu savaient ce qui s’était passé à ce moment-là. J’avais moi-même interrogé Jean Vanier là-dessus il y a fort longtemps, et il m’avait répondu que cela demeurait aussi pour lui une énigme.

    Ne détenait-il pas un terrible secret qui aura marqué son existence entière, en l’inclinant à ces agressions justifiées par une insupportable mystification spirituelle ? C’est pourquoi Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, a jugé, au plus juste titre, qu’il convenait de revenir sur la pensée dévoyée du Père Thomas Philippe, que celui-ci partageait aussi malheureusement avec son frère, le fondateur des petits gris. La corruption du trésor de la mystique chrétienne est vraiment la pire des choses. Il nous revient, au fond de notre accablement, à prier pour celles qui en sont subi les conséquences, et pour Jean lui-même. Que la douce pitié de Dieu retombe sur lui.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 février 2020.

  • Comment nomme t'on ce système ?, par Frédéric Winkler.

    Notre société toute entière est « décomposée », opposée à elle-même, divisée, dissoute dans les luttes et les rivalités. Qu'on le veuille ou non, à travers les partis et les syndicats qui leur sont liés, la lutte des classes, aujourd'hui informelle mais pourtant bien réelle (comme le signalait le milliardaire W. Buffet il y a quelques années qui expliquait que c'était la sienne qui l'avait emportée...), a remplacé les solidarités professionnelles, locales, communales ou provinciales... Une lutte sans merci, où chacun tente de réduire indéfiniment la part de l'autre, compose toute notre vie sociale.

    frédéric winkler.jpg Il est normal de travailler vers un ordre « humaniste » au sens chrétien, réunissant les différents acteurs de la vie économique et de sortir d'un libéralisme sans frein engendrant la souffrance. Il est primordial aussi d'aller vers l'amélioration de la qualité de la vie, la culture, l'environnement, le logement. Il est temps de diriger l'économie sur la solidarité économique de tous et sur l'intérêt communautaire des salariés à l'expansion des entreprises. Encore faut-il toutefois qu'une autorité arbitre veille à l'équitable répartition des fruits de l'expansion. Encore faut-il que ses produits ne soient pas absorbés par avance par les parasites d'une économie anémiée ; encore faut-il que les profits réalisés grâce au travail de tous ne bénéficient pas à la seule finance, étrangère ou internationale. Encore faudrait-il, sur un plan plus général, que le capital ne se prenne pas lui-même, pour sa propre finalité et soit limité, utilisé aux fins supérieures du Bien Commun, à l'amélioration de la « qualité de la vie ». Mais est-ce jamais le cas dans une société où nul n'est en mesure d'imposer aux industries et à leur fonctionnement les réglementations, les limites que réclament la défense de notre environnement, les exigences de la santé, de la sécurité de tous, et de la salubrité de la nature ?
    La solidarité de notre société tout entière est rompue. Au-delà des rivalités naturelles de toujours, il n'y a plus d’ententes supérieures, ni professionnelle, ni complémentarité de classes, de générations, de régions. Mais au contraire, une lutte sans frein, sans règle, sans merci, pour la richesse, l'influence, les places, les privilèges, lutte qualifiée de « libre concurrence ». Et cela jusque dans l'Etat, jusqu'au sommet de celui-ci, jusqu'à la magistrature suprême, « obscur objet du désir » des partis et des politiciens, hommes et femmes... Il est bien vrai qu'il n'est pas de plus grand diviseur que l'uniformité. Oui, nous voici vraiment livrés, comme aux temps barbares, à la Loi de la Jungle.
    F. Winkler(Projet de Société, à suivre)

  • Les archives de Pie XII, par Gérard Leclerc.

    Le futur Pie XII, Eugenio Pacelli, alors nonce en Allemagne lors du 900ème anniversaire de la ville de Bamberg en Bavière

     

    L’ouverture des archives du pontificat de Pie XII constitue, sans aucune doute, un événement historiographique de premier ordre. Pour les historiens de métier, c’est un immense champ de découvertes en tout genre qui s’offre à eux.

    Cela ne signifie pas que la connaissance du rôle du pape de la Seconde Guerre mondiale va s’en trouver bouleversée. Philippe Chenaux, qui travaille le sujet depuis de longues années, a pu déclarer ainsi à Nicolas Sénèze de La Croix : « Chacun devrait rester sur ses positions en fonction de ses convictions. Mais on pourrait quand même arriver à un certain consensus à partir duquel on ne pourra pas dire n’importe quoi. »

    Espérons-le !

    gerard leclerc.jpgSi on revient en arrière, on s’aperçoit que la mise en accusation de Pie XII face à la persécution et à l’extermination du peuple juif n’a pas été d’abord l’œuvre d’un historien, mais à proprement parler d’un provocateur, le dramaturge allemand Rolf Hochhuth. La biographie de l’intéressé montre d’ailleurs qu’en fait de provocation, il n’en est pas resté à sa pièce Le vicaire (1963), puisqu’en 2005 il alla jusqu’à défendre des thèses négationnistes au sens propre du terme. C’est-à-dire niant l’existence des chambres à gaz. Il s’en excusera par la suite. On est en droit de se poser des questions sur pareil personnage qui laissera comme principal souvenir d’avoir été l’accusateur de Pie XII, lançant ainsi une controverse qui ne s’est jamais éteinte.

    Je ne suis pas historien, je n’ai cessé pourtant de m’informer sur la question, lisant jusqu’à un pamphlet aussi insensé que Le pape d’Hitler de l’anglais John Cornwell. Mon sentiment d’une cinglante injustice à l’égard du pape Pacelli n’a cessé de se renforcer, d’autant que je suis persuadé que Pie XII est le seul des grands dirigeants mondiaux à avoir éprouvé de la compassion pour les victimes de la persécution, et surtout à agir en leur faveur. On parle de son silence, mais ce silence fut absolument général de la part des hommes d’État. Et il avait, en ce qui le concerne, une raison des plus graves. N’est-ce pas l’épiscopat polonais, qui, dès le début de la guerre (avant la Shoah), l’avait supplié de se taire sur la persécution de la population catholique, par crainte qu’elle ne subisse les représailles des nazis. Il reste à espérer que l’ouverture des archives du pontificat de Pie XII débouchera sur une authentique recherche des spécialistes et non sur des polémiques idéologiques.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 3 mars 2020.

  • Féministes, prostates et CRS, par Aristide Renou.

    Réfuter une idiotie est un des grands plaisirs de l’existence. Et lorsque cette idiotie est par surcroit toxique, nuisible, malfaisante, le plaisir est encore plus grand.

    De toutes les formes de réfutation possible, ma préférée est la réfutation en actes – la réfutation silencieuse mais sans réplique, et qui souvent échappe à celui qui est réfuté, cerise sur le gâteau de mon contentement.

    Genre, Diogène marchant de long en large devant Zénon en train de lui démontrer par A+B que le mouvement n’existe pas ; ou bien Simone de Beauvoir, la grand-mère de toutes les féministes « radicales », se conduisant comme une serpillère avec son Jean-Paul ; ou encore un adepte de Michel Foucault se précipitant chez le médecin pour faire soigner son panaris après avoir expliqué pendant des années que la médecine n’était qu’un « pouvoir » et un « discours » comme les autres.

    2.jpgOr donc, ceci étant posé, comment ne pas sourire d’une oreille à l’autre en entendant des militantes féministes, tendance « on va tous leur couper les couilles au ras de poils », se plaindre d’avoir été victimes de violences policières ?

    On commence par défiler en scandant : « Un homme, une balle, justice sociale ! », on déploie des banderoles sur lesquelles sont marqués de sympathiques slogans du type : « Dis à ton père, ton pote, ton frère, que la fête est finie, les féministes sont de sortie ! », on tague sur les vitrines « On se lève et on broie vos prostates » ; on se sent bien, on se sent invincibles, on en est sûre le genre est une construction sociale et on se dit que ces salauds de mâles doivent trembler dans leur slip kangourou en voyant toutes ces femmes fortes rassemblées. Ce soir, on châtre le patriarcat avec un sécateur rouillé après lui avoir enfoncé une batte de base-ball entourée de fil de fer barbelé dans le fondement. Toutes ensemble ! Toutes ensemble ! Ouais !

    Mais soudain apparaissent des hommes – des hommes ! – casqués et bottés, dont manifestement « Le deuxième sexe » n’est pas le livre de chevet (savent-ils seulement lire ? Cela est douteux), et qui en quelques minutes dispersent sans ménagement les femmes fortes. La fête est finie, en effet, mais pas tout à fait comme on l’espérait.

    Adieu machos castrés, prostates broyées, patriarcat pulvérisé, il ne reste plus qu’à aller soigner son orgueil blessé en allant se plaindre amèrement dans les colonnes de Libé… Le genre comme construction sociale vient d’être réfuté par un coup de pied au cul virilement administré et nos militantes dépitées pourront désormais méditer à loisir cette parole d’un grand philosophe : « L’égalité des sexes ? On en reparlera lorsqu’il faudra porter quelque chose de lourd. »

    1.png

    https://www.politiquemagazine.fr/

  • Cette fois, la Turquie est en guerre contre la Syrie, par Antoine de Lacoste.

    Trente-trois militaires turcs ont été tués, jeudi 27 février, par un bombardement que la Turquie attribue à l’aviation syrienne, comme le rapporte Le Monde. C’est le gouverneur de la province turque d’Hatay qui en a fait l’annonce, ajoutant que plusieurs dizaines d’autres soldats avaient été blessés.

    antoine de lacoste.jpgLes combats ont, ces derniers jours, pris une ampleur inédite dans la province d’Idleb occupée par l’armée turque et plusieurs milices islamistes, certaines alliées à Ankara, d’autres non, comme le Front al-Nosra. L’armée syrienne a poursuivi sa progression dans le sud de la province, reprenant des dizaines de villages. Elle a, en revanche, subi un revers important en perdant la ville de Saraqueb. L’autoroute M5 reliant Damas à Alep est donc à nouveau coupée alors que sa reprise, après de durs combats, semblait solide.

    L’intervention turque a évidemment changé la donne et ce n’est plus seulement son artillerie qui est à la manœuvre contre l’armée syrienne, mais des fantassins qui appuient les assauts islamistes de reconquête des territoires perdus.

    Le problème, c’est qu’Ankara, tout en acheminant des renforts massifs vers Idleb, n’a jamais prévenu que ses soldats montaient à l’assaut parmi les milices islamistes. Le ministère de la Défense russe a indiqué, dans un communiqué, que si les Turcs avaient perdu 33 hommes, c’est parce qu’ils se trouvaient « parmi des unités combattantes de groupes terroristes ».
    La Turquie, dominée militairement car ne bénéficiant d’aucune couverture aérienne, a demandé à la communauté internationale que la province d’Idleb soit déclarée zone d’exclusion aérienne… Il faudra en convaincre Poutine !

    Plus sérieusement, Ankara menace l’Europe d’une nouvelle invasion migratoire. Certes, des centaines de milliers de civils fuient les combats et remontent vers la frontière turque, qui est d’ailleurs fermée. Mais faut-il rappeler que plusieurs milliards d’euros sont versés, chaque année, à la Turquie pour la gestion des immigrés syriens et éviter ainsi leur envoi vers l’Europe ? L’Europe avait cédé au chantage cynique du sultan qui prévient, maintenant, qu’il va peut-être de nouveau ouvrir les vannes.

    Les Américains se sont, bien sûr, empressés de soutenir leur allié de l’OTAN, ravis qu’il soit en train de se fâcher avec la Russie et l’invitant à voir « la Russie telle qu’elle est vraiment ». Un porte-parole du département d’État américain a déclaré, en outre : « Nous appelons à un arrêt immédiat de cette offensive odieuse du régime d’el-Assad, de la Russie et des forces soutenues par l’Iran. » Il est, en effet, odieux de vouloir reconquérir son territoire occupé par des terroristes islamistes et une puissance étrangère…

    Quoi qu’il en soit, ces 33 morts risquent de marquer un tournant périlleux. Erdoğan ne peut pas accepter des pertes aussi importantes sans réagir. Déjà, des journaux proches du pouvoir turc appellent à la vengeance.

    La tension est donc à son comble. La Turquie et la sont en guerre ouverte et l’escalade pourrait se poursuivre, surtout si l’OTAN s’en mêle.

  • Le national et le l’international (Coronavirus), par Gérard Leclerc.

    L’immense crise actuelle, nationale, européenne, mondiale, impose d’ores et déjà des révisions radicales qui sont notamment d’ordre politique. Celle qui concerne les frontières nationales s’impose au premier chef.

    Le président de la République remarquait, dans son allocution de lundi soir, que l’épreuve que nous subissions ne nous laisserait pas intacts et qu’il nous faudrait en tirer toutes les leçons. Qui ne pourrait adhérer à une telle invitation, que l’on soit partisan ou adversaire du pouvoir actuel et de son principal détenteur ?

    gerard leclerc.jpgRien que sur le terrain politique, des mises au point s’imposent d’ores et déjà. Emmanuel Macron, au nom de l’Europe, s’est opposé, alors que la crise était déjà ouverte, à la fermeture de nos frontières nationales. Il était sur la même ligne qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui s’opposait à toute initiative nationale en deçà des frontières de Schengen. Elle était désavouée par son propre pays, l’Allemagne, qui décidait unilatéralement de se protéger.

    Cette question des frontières et de l’espace national contredit une certaine idée de la mondialisation qui s’était imposée depuis les années 90. Ainsi que l’écrit, dans Le Figaro, ce pertinent spécialiste des affaires internationales qu’est Renaud Girard : c’est l’idéologie mondialiste qui se trouve en faillite, celle qui se fonde sur « les vertus d’une absolue division internationale du travail, n’obéissant qu’aux lois classiques du libéralisme économique. Il est inacceptable que nous dépendions aujourd’hui d’un pays aussi lointain et différent de nous que la Chine pour la fabrication de nos médicaments ».

    Mais cette revalorisation de la localisation implique-t-elle forcément un splendide isolement ? Sûrement pas, car si la politique suppose la reconnaissance des espaces nationaux et de leurs nécessaires autonomies, la coopération internationale est aussi de la plus urgente actualité. L’épidémie du coronavirus nous vient de Chine, et le régime chinois n’a que trop attendu pour livrer au monde les informations qui s’imposaient. Il est impossible de cacher à la communauté internationale qu’une menace épidémique plane sur le monde entier. En l’espèce, le mensonge d’État ne concerne pas la seule Chine communiste et celle-ci, qui doit son expansion au marché international, ne peut sans péril, pour sa seule économie, diffuser de fausses informations. Celles qui entacheront durablement sa crédibilité. Un équilibre est donc à trouver entre ce qui relève du territoire national et ce qui relève des échanges internationaux.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 18 mars 2020.