Le national et le l’international (Coronavirus), par Gérard Leclerc.
L’immense crise actuelle, nationale, européenne, mondiale, impose d’ores et déjà des révisions radicales qui sont notamment d’ordre politique. Celle qui concerne les frontières nationales s’impose au premier chef.
Le président de la République remarquait, dans son allocution de lundi soir, que l’épreuve que nous subissions ne nous laisserait pas intacts et qu’il nous faudrait en tirer toutes les leçons. Qui ne pourrait adhérer à une telle invitation, que l’on soit partisan ou adversaire du pouvoir actuel et de son principal détenteur ?
Rien que sur le terrain politique, des mises au point s’imposent d’ores et déjà. Emmanuel Macron, au nom de l’Europe, s’est opposé, alors que la crise était déjà ouverte, à la fermeture de nos frontières nationales. Il était sur la même ligne qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui s’opposait à toute initiative nationale en deçà des frontières de Schengen. Elle était désavouée par son propre pays, l’Allemagne, qui décidait unilatéralement de se protéger.
Cette question des frontières et de l’espace national contredit une certaine idée de la mondialisation qui s’était imposée depuis les années 90. Ainsi que l’écrit, dans Le Figaro, ce pertinent spécialiste des affaires internationales qu’est Renaud Girard : c’est l’idéologie mondialiste qui se trouve en faillite, celle qui se fonde sur « les vertus d’une absolue division internationale du travail, n’obéissant qu’aux lois classiques du libéralisme économique. Il est inacceptable que nous dépendions aujourd’hui d’un pays aussi lointain et différent de nous que la Chine pour la fabrication de nos médicaments ».
Mais cette revalorisation de la localisation implique-t-elle forcément un splendide isolement ? Sûrement pas, car si la politique suppose la reconnaissance des espaces nationaux et de leurs nécessaires autonomies, la coopération internationale est aussi de la plus urgente actualité. L’épidémie du coronavirus nous vient de Chine, et le régime chinois n’a que trop attendu pour livrer au monde les informations qui s’imposaient. Il est impossible de cacher à la communauté internationale qu’une menace épidémique plane sur le monde entier. En l’espèce, le mensonge d’État ne concerne pas la seule Chine communiste et celle-ci, qui doit son expansion au marché international, ne peut sans péril, pour sa seule économie, diffuser de fausses informations. Celles qui entacheront durablement sa crédibilité. Un équilibre est donc à trouver entre ce qui relève du territoire national et ce qui relève des échanges internationaux.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 18 mars 2020.