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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Adama Traoré : le syndicat de police Alliance 93 appelle à effacer la phrase ”contre le racisme et les violences policiè

    Assa Traoré, lle 13 juin 2020 lors d'une manifestation à Paris contre les violences policières à l'appel du comité Adama Traoré en mémoire de celui-ci et de George Floyd tué aux Etats-Unis. (NATHANAEL CHARBONNIER / RADIO FRANCE)

    Source : https://www.francetvinfo.fr/

    Une fresque en hommage à Adama Traoré et George Floyd a été inaugurée le 18 juin dernier à Stains (Seine-Saint-Denis). Le syndicat de police dénonce une mention "calomnieuse" et appelle à un rassemblement.

    Le syndicat Alliance 93, majoritaire au sein de la police en Seine-Saint-Denis, a appelé samedi sur ses réseaux sociaux à effacer une phrase associant les termes "racisme" et "violences policières", inscrite sur une fresque en hommage à Adama Traoré, située à Stains.

    Sur cette fresque, inaugurée le 18 juin par la municipalité aux côtés du comité "La Vérité pour Adama", ont été peints les portraits d'Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans décédé lors de son interpellation en 2016 dans le Val-d'Oise, et George Floyd, Afro-américain de 46 ans tué le 25 mai à Minneapolis (États-Unis) par un policier blanc. 

    Une mention "calomnieuse" selon le syndicat

    C'est la mention "contre le racisme et les violences policières", peinte sur la partie supérieure de la fresque, qui a déclenché l'ire d'Alliance 93, la qualifiant de "calomnieuse". Sur son compte Facebook, le syndicat "dénonce la fresque nouvellement inaugurée à Stains par le maire en personne, en présence du collectif 'Justice pour Adama'. Nous demandons que cette phrase soit repeinte ou supprimée car elle stigmatise la police républicaine."

    Alliance 93 a appelé les policiers "à se rassembler lundi 22 juin à 16h devant la fresque située place du colonel Fabien à Stains", ajoutant notamment les hashtags "Haine anti-flics" et "Ultime provocation".

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    "Un geste infamant et injurieux" pour Assa Traoré

    La sœur d'Adama Traoré, Assa Traoré, à la tête du collectif "La Vérité pour Adama", a répliqué dans la foulée samedi sur son compte Twitter : "L’action du syndicat policier Alliance 93, qui appelle à repeindre le mur où est représenté mon frère Adama est un geste infamant et injurieux" dit-elle.

    "Effacer mon frère, recouvrir son visage, c’est nier son existence, qui fut déjà bien trop courte, et salir celles de tous ceux qui sont morts comme lui, trop tôt, entre les mains des forces de l’ordre, a-t-elle réagi. Repeindre le visage et le sourire de mon frère, c’est piétiner sa mémoire, c’est offenser ma famille, c’est faire disparaître son nom qui est aussi le mien, celui de nos frères et sœurs, celui de nos enfants."

    Assa Traoré a elle aussi lancé un appel au rassemblement devant la fresque de Stains, même jour, même heure "pour contrer le syndicat Alliance 93", remerciant par ailleurs "l'action exemplaire" du maire PCF de Stains, Azzedine Taibi, "pour son engagement courageux pour la vérité et la justice".

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    L'élu s'est fendu d'un communiqué, dimanche 21 juin, pour confier sa crainte face à l'appel au rassemblement du syndicat policier, "une menace à l'ordre public que je ne peux tolérer", écrit-il. "En correspondance depuis hier avec le préfet de Seine-Saint-Denis, je lui ai fait part de mes plus vives inquiétudes quant aux risques de débordement et de troubles à l’ordre public."

    Cette fresque est une expression artistique et pacifiste, en soutien et hommage à toutes les victimes de l’injustice.Azzedine Taibi Communiqué

    "Nous avons toujours dénoncé les violences quelles qu’elles soient", poursuit le maire de Stains. "À Stains, nous avons toujours privilégié le dialogue et le lien entre la police et les habitants. Pour autant nous ne cesserons pas de dénoncer les comportements inadmissibles de certains policiers qui outrepassent leurs droits et se servent indignement de leur position pour exprimer leur racisme et leur mépris des habitants des quartiers populaires."

    Sur son compte Facebook, le syndicat Alliance 93 a répondu à Assa Traoré, en précisant le sens de son action : "À aucun moment, nous n’avons suggéré de repeindre ou effacer la fresque de Stains dans son ensemble mais uniquement, et comme nous l’avons écrit, la phrase calomnieuse qui stigmatise l’ensemble des policiers que nous représentons, notamment en Seine-Saint-Denis. Non, il n’y a ni racisme institutionnalisé, ni violences systémiques au sein des forces de l’ordre !"

  • Sursaut Après Conflans et Nice, en finir avec les arrangements et lâchetés, et se remettre debout, par Natacha Polony.

    "Après trente ans de petits arrangements et d’incommensurables lâchetés, la France n’a pas besoin de roulements de tambour mais d’actions de court, moyen et long terme parfaitement ciblées et efficaces."
    © Dessin de Pinel pour "Marianne".

    Ce qu'il faut maintenant, c'est agir. Renforcer les institutions républicaines, que la justice et l'administration n'œuvrent plus contre la sécurité des Français, assurer une meilleure formation des enseignants et en finir avec le clientélisme communautaire des élus locaux. Et vite.

    4.jpgIl y a d’un côté les va-t-en-guerre, ceux qui réclament qu’on solde carrément les lois, les libertés. De l’autre les collabos, pour qui le mieux serait surtout de ne rien faire parce qu’on ne sait jamais, on pourrait vexer ou stigmatiser, ou, pis, parce que l’islamisme serait une réponse à l’« islamophobie ». Pour tous les autres, la mort atroce de Samuel Paty est cet événement symbolique dont on espère qu’il va déclencher la reconquête.

    Les communicants politiques, déjà, ont théorisé l’idée d’assommer l’opinion sous un monceau d’annonces en tout genre. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est en cela le fidèle disciple de Nicolas Sarkozy. On va expulser 231 étrangers fichés S ! Pourquoi maintenant ? Ils étaient moins dangereux le mois dernier ? On va dissoudre des associations ! Mais pourquoi les avoir laissées prospérer si longtemps ? Rien n’est plus insupportable que cette agitation dont on sent qu’elle sert avant tout à rassurer, à laisser croire que le politique est tout-puissant.

    Arrangements et lâchetés

    Après trente ans de petits arrangements et d’incommensurables lâchetés, la France n’a pas besoin de roulements de tambour mais d’actions de court, moyen et long terme parfaitement ciblées et efficaces. Des actions qui renforcent les institutions républicaines plutôt que de les achever. On voit se dessiner le débat sur l’État de droit, les uns nous expliquant qu’il est, selon la formule désormais consacrée, « ce que les terroristes veulent abattre », manière de dire qu’il ne faudrait rien changer et persévérer dans l’impuissance, les autres nous assurant qu’il est justement l’instrument de cette impuissance, et qu’il faut donc le mettre à bas nous-mêmes. Les deux faces d’une même médaille. Main dans la main pour vider de sa substance l’idée même de démocratie. Qui a décrété que l’État de droit consistait à laisser des juges, et notamment des juges administratifs, des instances non élues, imposer aux citoyens l’abolition totale de leur souveraineté au nom de principes interprétés à l’envi ? L’équilibre complexe entre les pouvoirs, qui définit la démocratie, ne se résume pas à créer une norme supérieure, les droits de l’homme, dont la déclinaison concrète aboutirait à accepter sur le sol français des activistes dont le but est justement de nier l’idée même de libertés individuelles.

    Ce n’est pas le trop-plein de démocratie qui nous conduit à l’impuissance, mais, au contraire, la méfiance de la technostructure vis-à-vis des citoyens et cette volonté délirante de certaines élites de décréter le bien en dehors de toute délibération commune. C’est aussi la corruption de ceux qui sont prêts à pactiser avec le salafisme pour conserver leur petit pouvoir. Nous réarmer, c’est retrouver à chaque échelon la volonté de défendre le bien commun. À travers la formation des professeurs comme fonctionnaires de la République. À travers la lutte contre le clientélisme politique. À travers la mobilisation de l’ensemble de la chaîne judiciaire et administrative. Nous réarmer, c’est retrouver la maîtrise de notre destin et affirmer collectivement notre fierté de vivre dans un pays où les intégristes et les bigots ne font pas la loi.

    Source : https://www.marianne.net/

  • L'éditorial de Politique Magazine.

                 Histoire et mémoire, tel est le thème de cet édito du numéro 69 de Politique Magazine ( http://politiquemagazine.fr/  ).

                 L'intérêt du sujet n'échappera à personne : on touche là a en effet à quelque chose qui, bien loin d'être anodin, est au contraire absolument essentiel....  

              "Tout le monde politicien et partisan n'a cessé de jouer avec la France, avec ce qu'elle représente, avec son histoire, avec son avenir. Il ne s'agit jamais que de se l'approprier, de s'identifier à elle, de parler en son nom, de revendiquer son histoire - histoire nécessairement déformée à cette intention -, enfin d'inscrire son avenir dans un programme électoral qui est censé lui indiquer une route salutaire et radieuse.  

               Le caractère violemment idéologique du perpétuel conflit politique français, même et surtout quand les idées font défaut, n'ont fait qu'en ajouter et en réajouter dans cette lutte pour l'appropriation partisane de l'histoire, donc de la mémoire, donc pense-t-on de l'avenir.

               Nous payons aujourd'hui le prix d'une conception idéologique de la République avec cette grave ambiguïté qui tient à la dénomination même de République qui, tantôt, peut être prise dans son acception étymologique d'Etat, sens courant à tout époque, même aux XVI°, XVII° et XVIII° siècles français, tantôt se dresse dans sa stature idéologique qui varie, de plus, au gré des opinions de chacun.

               Dans ce dernier cas, il faut bien reconnaître que la République s'apparente à n'importe quel régime d'idéologie sommaire qui prétend imposer ses vues partisanes comme des normes universelles. Alors, de quoi s'agit-il ? Premièrement d'enlever de la mémoire collective tout ce qui n'entre pas dans le cadre voulu par les idéologues : l'histoire n'existe plus. Cet anéantissemnt fait même partie du programme pour permettre l'éducation des esprits. "Du passé faisons table rase", c'est la formule bien connue. Deuxièmement, il faut aller plus loin : il faut revoir l'histoire, la dicter. Toujours dans le même but : la rendre éducative, en façonner les esprits, en faire un lieu de culte idéologique.

                C'est ainsi en France. C'est une doctrine pour ainsi dire officielle. 

                L'histoire, donc la mémoire, est tout à la fois anéantie et reconstruite, dévalorisée et retaillée à façon. Comme la République, une et indivisible dans son principe, est devenue dans les faits plurielle, la façon est aujourd'hui multiple. Chacun a son histoire qui n'est pas celle de l'autre. Le parti, la communauté deviennent la règle, elle-même, identifiée à la République.

                Le résultat n'était pas difficile à prévoir : d'abord, un amoindrissement de tout ce qui dans l'histoire nationale a tendu à l'unité : Bouvines, Jeanne d'Arc pour prendre ces exemples. Jeanne d'Arc, héroïne nationale, fête nationale légale n'existe plus guère aujourd'hui qu'à Orléans où, Dieu merci, elle existe bien. La cause de ce désintérêt se devine aisément : sa leçon nationale est royale. Puis une multiplication des fêtes mémorielles pour satisfaire les vues des partis, des groupes à qui le politicien, parvenu au pouvoir, donne satisfaction. Inutile de le sénumerer !

                D'où le rapport Kaspi qui a été remis en novembre au chef de l'Etat et qui souligne cette pulvérisation de la mémoire collective selon les besoins du clientélisme politique. Il propose de ramener les commémorations nationales - il y en a bien d'autres !... - de 12 à 3. Le 14 juillet comme fête de la nation, le 11 novembre et le 8 mai, qui sont les anniversaires des victoires de la France lors des deux dernières guerres mondiales. Ces deux dernières dates se comprennent parfaitement comme fêtes d'unité de la nation, encore ne faut-il pas les déformer et leur retirer leur caractère national.

                Mais il suffit d'évoquer le 14 juillet pour saisir tout ce qu'a d'ambiguïté la fête nationale de notre patrie. Que fête la nation ? Une fédération autour de son roi qui a, d'ailleurs, échoué ? Une révolte avec meurtre et sans gloire que le mythe a transformé en modèle historique ? Toutes ces ambiguïtés ne sont pas sans conséquences. A force, l'unité de la France en souffre; la Marseillaise, l'hymne national, a été sifflé. Ce signe est tragique. Chacun conçoit sa révolte et en fait un héroïsme.

                L'unité de la France ne se décrète pas. Elle se vit. Et elle doit se vivre dans le vrai sens de son histoire."

  • Déboulonnage des statues : la folie woke, par Geoffroy Antoine.

    Napoléon, Winston Churchill, Christophe Colomb, le général Lee : plus une semaine ne passe sans qu’une statue historique occidentale ne soit déboulonnée dans le monde. Quand ils ne se livrent pas à des autodafés qui feraient trembler Ray Bradbury, l’auteur de l’incroyable Fahrenheit 451, les woke s’adonnent à la « cancelisation » des statues, leur nouveau passe-temps préféré.

    5.jpgIl y a quelques jours, à Mexico, le maire de la ville a annoncé remplacer l’iconique statue de Christophe Colomb, le grand découvreur du continent américain, au profit d’une autre statue représentant une femme indigène, « symbole de la indigène ». C’est oublier que la des Amériques, si elle a amené avec elle des épisodes de violences et de massacres, est à l’origine même de la nation mexicaine et des États sud-américains. Vouloir nier ce pan de l’Histoire revient à balayer d’un revers de la main 500 ans de coexistence, parfois houleuse, certes, mais réelle, entre cultures européenne et amérindiennes.

    Plus au nord, dans des États-Unis assaillis par le « wokisme », c’est la statue du général Lee, l’un des plus grands commandants de la guerre de Sécession, que l’on a ôtée de son socle. Robert Lee était l’un des héros de la guerre d’indépendance, un tacticien hors pair lorsqu’il guida les armées confédérées et, avant toute chose, une figure emblématique de l’Histoire américaine qui, comme toute Histoire nationale, ne fut jamais ni blanche ni noire, mais teintée de gris.

    Loin d’être épargnée de ce côté-ci de l’Atlantique, la France fait face à son lot d’excités, désireux de taire sinon de supprimer une grande partie de notre héritage. C’est ainsi qu’à Rouen, profitant de la rénovation de la massive statue de Napoléon, place de l’Hôtel-de-Ville, le maire socialiste Nicolas Mayer-Rossignol cherche à la remplacer par une autre, de Gisèle Halimi. Persuadé du bien-fondé de sa décision, il affirme, sur Twitter : « J’assume la dimension symbolique forte de cette proposition. Il serait formidable que Rouen soit la première ville de France à accueillir, place de la Mairie, une statue ou une œuvre d’art dédiée à Gisèle Halimi, figure de la lutte pour les droits des Femmes. Le débat est ouvert ! »

    Nous aimerions comprendre de quel débat parle le maire de Rouen, tant cette prise de position ressemble à un coup de force plus qu’à une discussion démocratique. Si celui-ci parle de débat historique, alors y a-t-il véritablement lieu de discourir ? Peu importent les causes défendues par Mme Halimi, parmi lesquelles les positions favorables au FLN, ces insurgés algériens qui pendirent, torturèrent et émasculèrent des Français par milliers, qui restent en travers de la gorge de nombre d’entre nous : il demeure que cette dernière ne peut rivaliser avec la figure de Bonaparte.

    Évidemment, ce n’est pas d’un débat historique qu’il s’agit, mais bel et bien d’une dérive tyrannique qui vise à annihiler tout élément – d’autant plus quand ces derniers sont d’ordre séculaire comme les statues – qui n’entrerait pas dans les codes de la doxa progressiste. Non, n’était pas antiraciste, oui, la conquête européenne du Nouveau Monde s’est faite dans la violence, mais il s’agit là de faits historiques à contextualiser. En somme, l’Histoire de l’Occident n’a pas été plus sanglante que celle de l’Orient ni même que celle des civilisations précolombiennes. L’Histoire est un fleuve dont le cours ne suit aucun paradigme idéologique, celle-ci n’est pas plus « injuste » envers les Noirs que les Blancs, les Asiatiques ou les Amérindiens. Dès lors, vouloir supprimer ses représentations revient à dire : « Nous sommes l’Histoire », ce qui est un contresens. L’Histoire est ce que nous sommes, et nous sommes aussi ce que nous avons été.

     

    Geoffroy Antoine

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

  • Eric Zemmour : « Je ne suis pas là pour jouer », par Charlotte d'Ornellas, Geoffroy Lejeune.

    Eric Zemmour. Photo © JOEL SAGET / AFP

    À la veille du lancement de la campagne présidentielle, Éric Zemmour analyse la situation de la France et se confie sur les rumeurs d'une possible candidature. Entretien. 

    Vous commentez chaque jour l’actualité sur CNews. Quels faits ont, selon vous, marqué les douze derniers mois ?
    Je retiens l’assassinat de Samuel Paty, la fabrication du vaccin, ainsi que le conflit au Sahel et l’annonce du départ de la France de ce théâtre d’opérations. Je pense tout d’abord, très sincèrement, qu’il y aura un avant et un après la décapitation de Samuel Paty. J’aurais évidemment pu dire cela après Charlie Hebdo ou le Bataclan, c’est la raison pour laquelle je reste prudent, mais cet événement me semble différent pour au moins deux raisons. D’abord, parce que la victime est un professeur : dans l’imaginaire collectif, et particulièrement dans celui des électeurs de gauche, le professeur est l’incarnation de la République.

    Ensuite, parce que cet assassinat n’était pas le fruit d’une expédition maîtrisée depuis l’étranger par des groupes professionnels. Le terroriste est, cette fois-ci, un Tchétchène qui a grandi en France et qui décide seul de faire appliquer la charia sur le sol français, sans besoin logistique particulier. Ces deux caractéristiques offrent une résonance particulière à cet acte de barbarie, qui succède par ailleurs à l’assassinat du père Hamel, sauvagement égorgé il y a cinq ans, et à celui de Stéphanie Monfermé, la policière de Rambouillet poignardée à la gorge, il y a quelques mois.

    Quant à l’assassinat du prêtre vendéen par ce criminel rwandais qui avait déjà incendié la cathédrale de Nantes, il nous montre à quel point notre humanisme et notre juridisme sont devenus les marques d’une faiblesse qui nous tue.

    Nous ne sommes plus en sécurité nulle part, les Français le ressentent et l’expriment. Un autre exemple terrible qui m’a beaucoup marqué : les médias et nos dirigeants sont restés pour la plupart silencieux à propos du meurtre ignoble du jeune Théo, assassiné par un Sénégalais multirécidiviste. On voit bien que cela ne les arrange pas, le deux poids deux mesures quand on compare au déplacement à l’hôpital de François Hollande pour dénoncer la prétendue violence policière envers cette fois un autre Théo.

    J’évoque ensuite le vaccin parce que, en tant que Français, nous regardons cela avec des sentiments mêlés. Nous pouvons d’abord être admiratifs de la capacité incroyable des scientifiques du monde entier à trouver un vaccin aussi rapidement : ils ont mis quelques mois à le trouver avant les phases de test, alors que nous étions habitués à attendre dix ans ! On peut d’ailleurs émettre certaines réserves, parce que nous l’avons produit sans recul ni expérimentation, mais cela ne retire rien à la prouesse médicale. Et nous sommes également humiliés, parce que la France reste, même si la formule est éculée, le pays de Pasteur et elle est le seul membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu à ne pas avoir produit son vaccin. Je l’ai vécu, je pèse le mot, comme une humiliation. C’est un fait qui marque notre déclassement, déjà signifié au début de l’épidémie par le manque de masques, de tests et de lits. J’avais alors parlé de tiers-mondisation de la France, je maintiens ce constat.

    Enfin, l’opération Barkhane. Emmanuel Macron a annoncé le retrait des troupes et je pense qu’il a bien fait, parce que nous y étions enlisés, à la manière des Américains en Afghanistan. Ce genre d’expédition doit durer quelques jours ou quelques semaines, comme nous l’avions très bien fait dans les années 1970 à Kolwezi. Là, nous nous enlisons, nous nous faisons insulter, nos soldats se font traiter de néocolonialistes… C’est évidemment un scandale, mais c’est la conséquence de ce genre d’interventions militaires et nous ne pouvons accepter cela plus longtemps. Évidemment, nous n’en avons pas fini avec cette zone ni avec les conséquences néfastes de notre intervention en Libye, en 2011. Nous l’avions déjà payée très cher avec l’invasion migratoire de 2015 et continuons à en souffrir parce que la région est durablement déstabilisée.

     

    Que vous inspirent les débats actuels sur la liberté à propos de la vaccination obligatoire et de la mise en place du passe sanitaire ?
    Ce sujet de la liberté arrive bien tardivement dans le débat public. À mes yeux, la plus grande privation de liberté a été le confinement, ce que tous semblent avoir oublié. Je crois qu’on a alors imité un régime communiste totalitaire, la Chine, et que, si elle ne l’avait pas mis en place, personne ne l’aurait osé. Ce mimétisme montre d’ailleurs à quel point la Chine sera le grand pays du XXIe siècle : son influence ressemble en réalité à l’impact qu’ont eu les États-Unis sur l’Europe après la Première Guerre mondiale. Quelques esprits ont compris à l’époque – Paul Morand ou Robert Aron, par exemple – que les Américains seraient la grande puissance du siècle, parce qu’ils avaient la capacité de pénétrer les esprits et d’imposer leur vision du monde. J’espère me tromper, mais je crois que nous vivons la même chose avec la Chine. Les méthodes totalitaires qui nous sont imposées vont désormais être parées des atours du progrès. Je ne crois pas qu’être pisté en permanence par son téléphone, ou par un QR code soit un progrès pour les libertés.

     

    Vivons-nous un recul inédit de nos libertés ?
    Cette question dépasse de loin celle de la vaccination. Je ne veux pas tomber ici dans des discussions folles ni m’opposer catégoriquement à la vaccination, mais je trouve délirant qu’il soit impossible, aujourd’hui en France, de questionner calmement la stratégie de vaccination pour tous. Si les personnes à risque sont vaccinées, je ne comprends toujours pas pourquoi il faudrait vacciner des jeunes Français qui pourraient certes transmettre le virus, mais sans mettre en danger les gens vaccinés ! La question à poser est donc bien celle de la liberté. Mais on doit la mettre en balance avec la recherche de l’intérêt général. On a le droit et même le devoir de questionner cet équilibre instable. Je sais trop les ravages qu’a fait une conception absolutiste de la liberté individuelle depuis les années 1970 pour ne pas être très prudent sur cette question. D’autres n’ont pas cette prudence. On réalise ainsi que le Conseil d’État – comme le Conseil constitutionnel, qui s’est lui aussi proclamé défenseur des libertés individuelles – accepte, dans cette crise, toutes les restrictions possibles. En revanche, et cela m’a frappé, il casse la décision du gouvernement de suspendre le regroupement familial durant cette crise sanitaire. Les libertés individuelles des migrants sont mieux protégées par le juge que celles des Français.

     

    Les gens finissent par penser ce qu’on leur matraque toute la journée : Eric Zemmour serait un raciste misogyne qui déteste les Arabes, les homos, les musulmans ou les femmes.

     

    Au-delà de l’hystérie des débats, c’est la question de la liberté au XXIe siècle qui est posée, et cela va bien au-delà de la crise sanitaire. Notre liberté de penser, d’écrire, de nous exprimer, de débattre est menacée, on l’a vu récemment avec la première tentative de la loi Avia. En l’occurrence, le Conseil constitutionnel avait fait son travail en la censurant, mais l’idée reviendra d’une manière ou d’une autre. Lorsque Twitter, Facebook ou YouTube se permettent de censurer les comptes de ceux dont les opinions ne leur plaisent pas, je pense que la liberté sera le sujet du siècle.

     

    Comment expliquez-vous la docilité des Français dans cette crise, malgré des décisions exceptionnelles ?
    Nous sous-estimons, je le dis souvent sur d’autres sujets, la capacité de la machine de propagande qui est en place aujourd’hui. Je sais que j’ai beaucoup choqué en le disant, mais je le maintiens parce que c’est exactement ce que je pense, Staline était un amateur en termes de propagande, parce qu’il avait besoin de la violence pour contraindre. Nous n’en avons plus besoin et c’est le signe de la supériorité de la machine de propagande actuelle, en termes d’efficacité. C’est vrai pour tous les sujets, et c’est absolument terrifiant.

     

    Votre vie est particulièrement contrainte par vos combats médiatiques : protection policière, paparazzis… Quel est le prix à payer pour être Éric Zemmour aujourd’hui ?
    Il est évident que le prix est de plus en plus cher à payer, mais je ne veux pas m’étendre dessus pour éviter que certains m’accusent de jouer les victimes ou de vouloir faire pleurer dans les chaumières. Ce n’est pas ma volonté du tout. J’observe simplement qu’il existe un point commun, un seul, entre Mila, Gilles Kepel et moi : nous vivons sous protection à cause de ce que nous avons dit sur l’islam. Je le répète sans cesse à mes enfants et à la jeune génération : nous n’aurions pas cru un seul instant une telle prédiction si elle avait été faite dans les années 1970. Ce que nous vivons est complètement fou et il faut remettre en perspective ce qui nous arrive. Le reste est dérisoire.

     

    Quand vous êtes poursuivi en justice , ce n’est pas par les musulmans, mais plutôt par des associations, des hommes politiques, des journalistes…
    Je me retrouve pris dans une alliance entre un islam qui profite de notre sacralisation de la liberté individuelle et un système qui ne veut pas entendre raison ni comprendre que tous nos principes sont remis en cause depuis trente ans. Les rares qui l’ont compris n’ont malheureusement pas le courage de leurs opinions. Les attaques sont d’autant plus agressives que je fais partie des très rares qui ont ciblé les deux “côtés”, c’est-à-dire ce système d’un côté et l’islam de l’autre.

     

    Avez-vous le sentiment de payer trop cher les convictions que vous défendez depuis des années ?
    Je n’y pense pas, c’est une question que je refuse de me poser. J’ai fait ce que je pensais devoir faire. Je n’aurais jamais pu me regarder dans une glace si je n’avais pas défendu ce que je pense être juste. Je pense vraiment ce que je dis, je ne suis pas là pour jouer, donc je ne vais pas me retourner sur ma vie pour me demander ce que j’aurais pu faire autrement.

     

    L’accusation de misogynie revient très régulièrement à votre sujet et les sondages montrent une moindre adhésion des femmes à votre candidature. Que répondez-vous à cette critique ?
    C’est toujours pareil, la puissance du système de propagande est inouïe. C’est la force de la répétition sur tous les réseaux, sur toutes les télévisions… Les gens finissent par penser ce qu’on leur matraque toute la journée : Zemmour serait un raciste misogyne qui déteste les Arabes, les homos, les musulmans ou les femmes. Cela fait quinze ans que les critiques sont répétées de la même manière à mon sujet et ça finit par rentrer.

    Nous en avons assez que des minorités militantes imposent leur loi à la majorité. Ces minorités fonctionnent exactement comme des lobbies et sont parfaitement identifiées : le lobby féministe, le lobby LGBT, le lobby antiraciste et le lobby islamogauchiste. Ils me détestent parce que je les ai attaqués et parce que je continuerai à démonter leurs idéologies totalitaires. Ils prétendent donc que j’attaque les femmes, les homosexuels, les étrangers ou les musulmans. Mais ce sont en réalité ces minorités organisées que j’attaque, pas les individus.

    Je note par ailleurs qu’ils entretiennent la confusion pour faire croire qu’ils défendent encore les gens qu’ils sont censés représenter, alors qu’ils en deviennent souvent les pires ennemis. Pour reprendre l’exemple des femmes, c’est de plus en plus net. Les féministes ne défendent pas les femmes, la féminité, la particularité ou même l’égalité, elles militent pour l’indifférenciation. Elles interdisent qu’une femme soit une femme et un homme un homme. Je continuerai à combattre cette vision de la société, comme je l’ai toujours fait. D’autant que l’on constate une alliance des féministes militantes avec les pires ennemis des femmes, qui remettent en cause leurs libertés, leurs droits élémentaires et parfois même leur vie. Les a-t-on entendues défendre Mila face à la haine de ceux qui voulaient la faire taire. Et ces féministes islamogauchistes voudraient venir me faire la leçon au nom des femmes ? Laissez-moi rire…

     

    Cela ne vous empêche pas de dire que la société se féminise, que certains métiers ne sont pas faits pour les femmes…
    Je suis pour la liberté individuelle. Je défends évidemment l’égalité et les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent. On peut discuter et même interroger certains points dans le débat public : je pensais que la France était encore un pays qui permettait le questionnement. Quand je disserte sur les qualités des hommes ou des femmes, je lutte aussi contre la tentative d’indifférenciation, très militante et qui fait souffrir beaucoup de femmes. Ce n’est absolument pas une analyse de cas particuliers, mais une tentative d’explication des différences existantes. Je pense et je défends l’idée qu’il existe deux sexes, il est certain que je ne crois pas à la théorie du genre. Tant pis si je me fais insulter par des militants.


    Je me méfie des optimistes par mesure d’hygiène intellectuelle. Dans l’histoire, les optimistes se trompent lamentablement, et cela peut très mal finir.

     

    Mais s’il faut répondre plus concrètement, je n’ai évidemment aucun problème à lire un écrivain féminin. Je viens de relire les Mémoires d’Hadrien écrits par Marguerite Yourcenar, que je trouve admirables, je relis souvent Hannah Arendt, qui m’a énormément fait évoluer sur la question du totalitarisme. J’apprécie même certains romans de Simone de Beauvoir ! J’aime Tous les hommes sont mortels, ainsi que son autobiographie… Il n’y a absolument aucun blocage ou sectarisme de ma part vis-à-vis des femmes et du métier qu’elles exercent et sans entrer dans des considérations personnelles, je le prouve au quotidien. Chacun peut très librement accomplir ses rêves ou son destin… Par ailleurs, aujourd’hui qui défend vraiment les femmes ? Je devrais me revendiquer “grand défenseur des femmes” ! L’insécurité qui pèse sur elles, dans la rue ou dans les transports, est un scandale. Et ce manque de sécurité nuit à leur liberté au quotidien. Nous sommes bien peu à en parler, les partisans de l’omerta préférant abandonner les victimes à leurs agresseurs pour ne pas froisser le politiquement correct.

     

    Les attaques s’intensifient aussi à mesure que grossit la rumeur de votre possible candidature à la présidentielle. Il y a eu une petite phrase dans votre émission sur Paris Première, des allusions sur la chaîne YouTube Livre noir, puis une chronique sur Jacques Bainville et ses regrets de ne pas être entré en politique… Quel message essayez-vous de faire passer ?
    Je ne calcule rien ! Je fais une chronique chaque semaine dans le Figaro et mon rédacteur en chef, Vincent Tremolet de Villers, me propose souvent des livres. C’est ce qu’il s’est passé avec ce livre de Christophe Dickès sur Bainville. Vincent, qui est un ami, sait que j’aime Bainville et m’a conseillé cette lecture. J’ai découvert dans cet ouvrage, parce que je l’ignorais totalement, que Bainville avait eu des regrets à la fin de sa vie et qu’il aurait voulu agir à la même table que Vergennes, le ministre des Affaires étrangères de Louis XVI ! Évidemment, cela me fait réfléchir. Quand je lis cela, je ne peux pas ne pas penser à mes propres états d’âme et à mes propres réflexions sur les limites du combat culturel gramscien. J’ai pensé exactement la même chose, et j’ai également réfléchi, quand j’ai lu le portrait de Boris Johnson dans le Figaro , publié au mois de juillet… Tout le monde se jette dessus en imaginant que je lance une piste ou que j’envoie un message, mais je réfléchis tout simplement à haute voix. Je ne vais pas le taire, c’est la stricte réalité de mes réflexions.

     

  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (65), Les invasions normandes (I/III)...

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    Le fait marquant du règne de Charles le Chauve et de ses successeurs, jusqu’aux premières années du Xème siècle, fut les invasions des Northmen (les hommes du Nord) : les Normands.
    En outre, comme on peut le constater en regardant la carte du chapitre suivant, les vikings n'attaquèrent pas uniquement les côtes de France, mais s'en prirent à l'Europe entière, progressant jusqu'à Constantinople.

    Ces invasions n’eurent pas que des conséquences économiques (pillages, etc...) : en dévoilant la faiblesse des dirigeants carolingiens, elles précipitèrent la chute de cette dynastie, préparant l’avènement d’une nouvelle famille : les Capétiens.
    Elles achevèrent aussi la formation, depuis longtemps commencée, de la féodalité.

    I : Origine et caractère des Normands :


    Les Northmen étaient originaire de la Scandinavie, nom vague sous lequel l’on désignait à l’époque la Norvège, le Danemark et la Suède.
    D’humeur guerrière et aventureuse, ils sillonnaient la mer du Nord sur leurs drakkars, des barques plates et longues, ne possédant pas de pont.
    Ils débarquaient ensuite sur les côtes, s’aventurant intrépidement dans l’intérieur des terres, pillant tout sur leur passage.
    Il leur arrivait aussi de remonter les fleuves sur des bateaux plats, allant jusqu’au cœur de la France rançonner les plus riches villes du royaume.
    Les Normands n’avaient pas été convertis au christianisme, vénérant encore les dieux scandinaves, comme les Saxons le firent avant d’abjurer leur foi. Ces derniers n’hésitaient donc pas à incendier et piller les églises, tuer les représentants du culte, en l’honneur de leur dieu, Odin.

    II : Premières incursions des Normands :

    Les Normands avaient pénétré une première fois en méditerranée sous le règne de Charlemagne, mais ce dernier avait établi des flottes sur la manche et sur la côte de l’Océan Atlantique pour se protéger contre leurs excursions.
    Leurs excursions se firent plus fréquentes à la mort de Louis le Pieux, alors que la guerre civile faisait rage, laissant l’Empire sans défense contre les ennemis extérieurs.

    III : Les incursions des Normands sous Charles le Chauve (843 – 877) :


    Le traité de Verdun, en mettant fin aux rivalités des fils de Louis le Pieux, permettait d’espérer la répression des brigandages.
    Mais Charles le Chauve n’était pas maître chez lui, et au lieu de livrer bataille aux Normands, il dut réprimer des soulèvements qui eurent lieu en Bretagne, en Aquitaine et en Septimanie.
    La Bretagne résista aux assauts menés par Charles et conserva son indépendance.
    Pépin II résista pendant cinq ans avant de fuir.
    En 848, il fut livré par un traître et enfermé dans un monastère.
    La Septimanie opposa aussi une vive résistance : Bernard, qui en était le marquis, fut saisi dans Toulouse et mis à mort. Mais son fils Guillaume prit les armes à son tour et souleva le pays. Il résista jusqu’en 849, date à laquelle il fut capturé et décapité.

    Les Normands profitaient de ces désordres pour renouveler leurs ravages.
    Ils s’étaient établis aux embouchures de tous les grands fleuves de France (Escaut, Seine, Loire, Charente, Garonne, etc.). De leurs camps retranchés où ils mettaient le fruit de leurs rapines en sécurité, ils s’élançaient au loin à l’intérieur.
    Les riches monastères, les villes se trouvant sur les fleuves étaient pillés, incendiés ou soumis à de fortes rançons.
    Quatre chefs Normands commirent des actes qui retiennent notre attention :
    - Asgeir, s’empara de Nantes, et remonta la Loire, pillant ferme et abbayes. Il couronna son raid en s’emparant du trésor de Saint Martin de Tours.
    - Weland, un autre chef, obligea Charles le Chauve à négocier. Il accepta de quitter les lieux en échange d’un tribu de 3.000 livres d’argent. Et comme Charles retardait son paiement, Weland ajouta 5.000 livres à son exigence première.
    - Ragnar, en l’an 845, remonta la Seine, à la tête d’une flotte de 120 navires. Les parisiens s’apprêtaient à fêter Pâques, quand ils virent arriver les drakkars. Ragnar et ses hommes se jetèrent sur l’Abbaye de Saint Germain des Près et la vidèrent de ses richesses. Charles le Chauve fut appelé en toute hâte. Paris était l’ancienne capitale des rois Francs, mais le roi n’y résidait pas. Ce dernier se contenta de négocier le départ des Normands contre un tribu de 7.000 livres d’argent. Les parisiens s’indignèrent de ce procédé.
    D’ailleurs, les Normands revinrent en 856, pillant Saint Denis et Saint Germain des Près.
    - Hastings quant à lui, ne se contenta pas de piller les bords de la Loire et ses opulentes villes (Nantes, Tours, etc.). Il pénétra en Charente, pillant Saintes; en Garonne, où il saccagea Bordeaux; puis il contourna l’Espagne jusqu’aux côtes d’Italie. Il pilla le monastère de Mont Cassin, puis repassa une nouvelle fois en Espagne.
    Rentrant dans la Loire, il allait se trouver confronté à un adversaire de taille : Robert le Fort.

    IV : Robert le Fort :

    La France était en mauvais état, livrée aux pillages des Normands et ensanglantée par les mouvements de rébellion contre le roi.
    La paix qui régnait sous Charlemagne ne semblait plus être qu’un lointain souvenir… Robert le Fort, qui avait prouvé sa vaillance lors de combats contre les Normands, fut récompensé par Charles le Chauve, qui le fit d’abord duc de France, en 861, puis comte d’Angers, de Tours et de Bois, en 864.
    Robert le Fort allait donner naissance à un nouvelle dynastie, au cours des décennies suivantes : les Capétiens.

    Robert veillait à la sécurité des rives de la Seine et de la Loire, menant une guerre impitoyable aux pirates. Il fit sur les rives de ses fleuves menacés de nombreux travaux de défense. C’est alors que Hastings revint de son expédition en Italie. Robert leva une armée et courut à l’ennemi. Ces derniers, encerclés, se réfugièrent en septembre 866 dans un église, près du village de Brissarthe. Les pillards, à la nuit tombante, décidèrent de faire une sortie désespérée. Robert se lança à l’assaut, oubliant son casque, son haubert délacé. Il fut percé d’une flèche et mourut là.

    En 869, Charles le Chauve dut céder le comté de Chartres aux Normands, afin de stopper les dévastations de Hastings, qui était remonté de la Loire jusqu’à Clermont Ferrand.

    V : Charles le Chauve, Empereur (875) :

    Lothaire était mort en 855, et son fils Louis II avait hérité du titre impérial et de la couronne d’Italie. Mais ce dernier mourut à son tour en 875, sans enfants. Le pape Jean VIII offrit alors la couronne impériale et l’Italie à Charles le Chauve, qui accepta aussitôt (sans réfléchir ni à la lourde charge qu’il assumerait en tant qu’Empereur, ni aux réclamations qui ne manqueraient pas de s’élever dans la famille carolingienne d’Allemagne.). Charles franchit les Alpes et se fit couronner Empereur. Puis il rentra en France afin de faire confirmer son élection par une assemblée de prélats et de seigneurs.
    Il parut devant eux à Pontyon, vêtu de la dalmatique impériale, un diadème posé sur le front. Il demanda aussi à ce qu’on l’appelât Auguste.

    L’année d’après, en 876, son frère, Louis le Germanique, mourut. Charles le Chauve réclama une partie de son héritage, et voulut s’emparer de la Lorraine, mais il fut battu par son neveu Louis de Saxe à Andernach, sur le Rhin.

    Empereur et roi d’Italie, Charles le Chauve devait à la fois protéger l’Italie, la papauté, mais aussi la France : lourde tâche pour un roi aussi peu puissant…
    Jean VIII, le pape, implora le secours de Charles, les Sarrasins étant parvenus à remonter jusqu’aux murs de Rome. Charles, après avoir tenu en 877 une réunion avec ses seigneurs à Kiersy sur Oise, partit au secours du pape.
    Son voyage en Italie fut un échec, et il prit le chemin du retour, constatant qu’il avait été aussi impuissant contre les Sarrasins qu’il l’avait été contre les Normands… il fut pris de fièvres à la descente du mont Cenis et mourut.

    VI : Nouvelles incursions des Normands (880) :

    Si les Northmen s’étaient tenus tranquilles pendant les dernières années du règne de Charles le Chauve, ces derniers s’agitèrent presque aussitôt après sa mort. Le nouveau roi, Louis II le Bègue (877 – 879.), ne fit que passer sur le trône et n’eut pas le temps de les combattre.

    Ses deux fils, Louis III et Carloman, montrèrent de l’activité et une certaine valeur au combat.

    Le premier marcha contre les Normands qui avaient pillé Tournai, Cambrai, Arras et Amiens. Il les surprit à Saucourt, près de la Somme, et les mit en déroute, tuant plusieurs milliers des leurs.
    Carloman, quant à lui, était en conflit avec Boson, un seigneur révolté, qui venait de se faire couronner roi de Bourgogne à Mantailles, près de Valence. Voyant Carloman engager la lutte contre lui, Boson courut se réfugier dans Vienne, que le Carolingien assiégea en 88.

    Cependant, les deux frères moururent sans postérité, Louis III en 882, Carloman en 884.

    Il restait de Louis II le Bègue un fils posthume, Charles le Simple. Le royaume étant en mauvais état, l’on ne pouvait se permettre de placer un enfant sur le trône, et l’on fit appel à Charles le Gros, dernier fils vivant des enfants de Louis le Germanique.

    VII : Siège de Paris par les Normands (885) :

    Charles le Gros était Empereur, roi d’Italie, de Lorraine, de Germanie et de France. Après tant d’années de guerres civiles et de troubles, l’Empire de Charlemagne se trouvait reconstitué une dernière fois. L’on attendait beaucoup de Charles le Gros, mais au final, il ne sut rien faire.

    Le chef des Normands de l’Escaut, Godefried, avait ravagé tout le bassin inférieur de la Meuse et du Rhin, où il avait pillé de nombreuses villes : Maëstricht, Lièges, Bonn, Cologne, Trèves, etc.
    Pour se débarrasser de lui, Charles le Gros traita d’abord à des conditions déshonorantes. Puis, ayant attiré le Normand à une conférence, il le fit assassiner.
    Le frère du défunt, Siegfried, résolut de le venger. En 885, à la tête de 700 barques, portant 40.000 hommes, il remonta la Seine et vint mettre le siège devant Paris. Siegfried avait sous ses ordres de nombreux chefs, dont un certain Hrolf, surnommé "Marche à Pieds", en raison de son poids et de sa taille : l’on racontait qu’il était si grand qu’il ne pouvait trouver de cheval à sa taille.
    Paris, à l’époque, n’occupait guère que l’île de la cité. En voyant les navires ennemis approcher, les habitants des rives vinrent se réfugier à l’abri des murs de la ville. La défense de la cité fut assurée par l’évêque Gozlin, Abbé de Saint Germain, et le comte Eudes, fils de Robert le Fort.
    Les Normands livrèrent de nombreux assauts contre la ville, à chaque fois repoussés par les Parisiens qui faisaient pleuvoir pierres, poutres, poix fondue, etc. La ville tenait les Northmen en échec. Siegfried comprit que le siège serait long, et décida d’établir un camp sur chaque rive, à Saint Germain des Près et Saint Germain l’Auxerrois, qu’il entoura de fossés. De là, il fit divers razzias sur les campagnes environnant, pour la vengeance, le massacre et le pillage.
    Le siège se transformait en blocus. Chaque jour, pour maintenir la combativité de leurs hommes, les chefs normands lançaient des assauts, mais en vain, contre les murs de la ville. Le 6 février 886, après plus de deux mois de siège, une crue emporta le pont reliant une tour aux murs de la ville. Douze défenseur se retrouvèrent isolés, entourés par les Normands. Pendant toute la journée, ils tentèrent de faire face aux assauts répétés de leurs assaillants. Au crépuscule, alors que la tour était la proie des flammes, les survivants tentèrent une sortie. Ils furent massacrés jusqu’au dernier par les Normands qui se jetèrent sur eux. L’Histoire a conservé le nom de ces douze parisiens : Aimard, Arnaud, Gui, Hardre, Herland, Hermanfroi, Hervé, Hervi, Jobert, Jossouin, Ouacre, Seuil.
    Le blocus durait depuis des mois, la peste et la famine sévissait dans les deux camps. Siegfried et ses hommes n’en démordaient pas, lançant toutes leurs forces dans la bataille. L’évêque Gozlin fut percé d’une flèche, et mourut peu après.
    L’on attendait avec anxiété l’arrivée de Charles le Gros. Le comte Eudes décida d’aller quérir son aide, l’Empereur résidant à cette époque à Metz. Il ne fut pas difficile de sortir de Paris, les Normands ayant dédaigné les travaux d’encerclement. Le siège durait depuis sept mois, et les chaleurs de l’été aggravèrent la pestilence. C’est alors qu’Eudes rentra dans la ville, sa mission accomplie. Mais il fallut attendre le mois d’octobre pour que Charles le Gros arrive enfin.
    Les Parisiens, pensant que l’armée de Charles de Gros allait tailler les Normands en pièces, laissèrent éclater leur joie. Hélas pour eux elle fut de courte durée : l’Empereur, plutôt que de se battre, préféra négocier la levée du siège contre une rançon de 700 livres d’argent, avec permission pour les pirates d’aller piller la Bourgogne. Les Parisiens furent indignés par cette décision honteuse.
    Deux ans plus tard, en 887, Charles le Gros, déconsidéré, fut déposé par la diète de Tribur (l’on dit qu’il était affaibli de corps et d’esprit…). Il fut enfermé dans un monastère, où il mourut deux ans après.

    VIII : Eudes roi de France (887 – 898) :

    Le nouveau roi de France était tout désigné : les suffrages se portèrent unanimement sur le vaillant défenseur de Paris. Eudes justifia cette confiance publique par de nouveaux succès : dans les premiers jours de son règne, il remporta une brillante victoire à Montfaucon, en Argonne, où avec une poignée d’hommes il mit en déroute une bande de pillards. Il combattit contre une autre bande en 892 dans les plaines de la Limagne, près de Montpensier.

    Pourtant, les brillants services rendus par Eudes ne faisaient pas oublier qu’il détenait la couronne de France au détriment du légitime héritier, Charles le Simple.
    En 893, un parti se forma en faveur de ce prince. Dans un premier temps, Eudes voulut résister, puis il se résigna et accepta un compromis. En 896, l’on accorda à Charles le Simple un apanage en Champagne, et il fut décidé qu’il serait seul héritier de tout le royaume à la mort d’Eudes.

    Cette mort arriva deux

  • Coupable faiblesse

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Le 4 avril, début de mise en oeuvre de l’accord passé entre l’Union Européenne et la Turquie : retour en Asie pour deux cents migrants illégaux tandis que quarante-trois Syriens débarquent « légalement » à Hanovre. Indignation des pancartes droit-de-l’hommistes (« no border, no nation, stop deportation »), indignation qui a le mérite de souligner les enjeux, en faisant de l’Europe un territoire commun où chacun serait, de plein droit, chez soi. 

    Trois jours après, M. Erdogan menace de ne plus appliquer l’accord si l’Union ne tient pas les engagements pris en mars : reprise des négociations d’adhésion, six milliards d’euros d’ici 2018 et, surtout suppression dès juin 2016 (dans deux mois !) du visa imposé aux ressortissants turcs pour entrer en Europe. Voilà le prix à payer pour obtenir tout simplement que le gouvernement d’Ankara se conforme à ses obligations internationales en contrôlant son propre territoire.  

    Contrat léonin, donc, et peu glorieux si l’on mesure bien qu’il s’agit d’une sorte d’agenouillement devant des exigences turques fondées sur la seule faiblesse de l’Union. Celle-ci, incapable de prendre la moindre décision politique - et pour cause - préfère sous-traiter au prix fort sa sécurité à une puissance étrangère. Il eût été plus cohérent et plus efficace de signifier, armada navale à l’appui, qu’aucune embarcation chargée de migrants en provenance de Turquie ne serait admise dans les eaux territoriales d’un pays européen, quitte à employer la force et/ou à créer un incident diplomatique  

    Maintenant, même contesté par certains en Europe et d’une certaine façon pris en otage par la Turquie, l’accord existe. Au moins pourrait-il s’agir d’une sorte de pis-aller, un mauvais accord qui garantit au moins quelque chose valant mieux qu’un statu quo synonyme d’invasion incontrôlée; ou d’un répit honteux qui permettrait de mettre en place des solutions pérennes empêchant effectivement toute forme d’invasion migratoire via la Turquie. Rien ne permet de le penser, l’instigatrice de tout cela étant Mme Merkel : c’est bien elle qui a négocié en secret avec M. Davutoglu, Premier ministre turc, les bases de l’accord final. Essentiellement motivée par les soucis démographiques de l’Allemagne et habitée par sa foi protestante, son objectif est bien de faire venir des centaines de milliers de « réfugiés » proche-orientaux. 

    De toute façon, fermer la porte turque ne suffirait pas à juguler le flux migratoire. Payer et se soumettre aux conditions d’Ankara reste une manoeuvre purement dilatoire : les Pakistanais, Erythréens ou… Maghrébins auront vite fait, telles des fourmis, de contourner l’obstacle. La Libye leur tend les bras, d’autres pays plus à l’Ouest finiront par suivre. Ce que ne veulent pas comprendre militants « humanitaires » et gouvernements « humanistes » - ou qu’ils comprennent trop bien -, c’est que la vague nomade générée par le tiers-monde afro-asiatique continuera de déferler jusqu’à nous submerger. 

    Que la solution passe, en partie, par des mesures concernant directement les pays misérables d’où provient le flux migratoire, c’est le bon sens. Encore faudrait-il que nous survivions, ce qui passe par la défense des frontières, les armes à la main puisqu’il le faut. Mais, à moins d’un cataclysme qui dessillerait les yeux de tous, la chose paraît peu probable dans l'immédiat : des imbéciles, soutenus par des « élites » pourries, pourront continuer à brandir leurs pancartes culpabilisant une Europe à laquelle il faut donner mauvaise conscience. Ne plus croire assez en nous-mêmes pour avoir envie de nous défendre : voilà notre culpabilité. 

  • Coupable faiblesse

     

    Par Louis-Joseph Delanglade

    Publié le 11.04.2016 - Réactualisé le 10.08.2016

    Alors qu'Erdogan menace les Européens de rompre les accords passés sur le traitement des migrants par la Turquie et que la pression migratoire redevient intense en Grèce, en Italie, et, tout particulièrement, à la frontière franco-italienne ... 

    Le 4 avril, début de mise en oeuvre de l’accord passé entre l’Union Européenne et la Turquie : retour en Asie pour deux cents migrants illégaux tandis que quarante-trois Syriens débarquent « légalement » à Hanovre. Indignation des pancartes droit-de-l’hommistes (« no border, no nation, stop deportation »), indignation qui a le mérite de souligner les enjeux, en faisant de l’Europe un territoire commun où chacun serait, de plein droit, chez soi. 

    Trois jours après, M. Erdogan menace de ne plus appliquer l’accord si l’Union ne tient pas les engagements pris en mars : reprise des négociations d’adhésion, six milliards d’euros d’ici 2018 et, surtout suppression dès juin 2016 (dans deux mois !) du visa imposé aux ressortissants turcs pour entrer en Europe. Voilà le prix à payer pour obtenir tout simplement que le gouvernement d’Ankara se conforme à ses obligations internationales en contrôlant son propre territoire.  

    Contrat léonin, donc, et peu glorieux si l’on mesure bien qu’il s’agit d’une sorte d’agenouillement devant des exigences turques fondées sur la seule faiblesse de l’Union. Celle-ci, incapable de prendre la moindre décision politique - et pour cause - préfère sous-traiter au prix fort sa sécurité à une puissance étrangère. Il eût été plus cohérent et plus efficace de signifier, armada navale à l’appui, qu’aucune embarcation chargée de migrants en provenance de Turquie ne serait admise dans les eaux territoriales d’un pays européen, quitte à employer la force et/ou à créer un incident diplomatique  

    Maintenant, même contesté par certains en Europe et d’une certaine façon pris en otage par la Turquie, l’accord existe. Au moins pourrait-il s’agir d’une sorte de pis-aller, un mauvais accord qui garantit au moins quelque chose valant mieux qu’un statu quo synonyme d’invasion incontrôlée; ou d’un répit honteux qui permettrait de mettre en place des solutions pérennes empêchant effectivement toute forme d’invasion migratoire via la Turquie. Rien ne permet de le penser, l’instigatrice de tout cela étant Mme Merkel : c’est bien elle qui a négocié en secret avec M. Davutoglu, Premier ministre turc, les bases de l’accord final. Essentiellement motivée par les soucis démographiques de l’Allemagne et habitée par sa foi protestante, son objectif est bien de faire venir des centaines de milliers de « réfugiés » proche-orientaux. 

    De toute façon, fermer la porte turque ne suffirait pas à juguler le flux migratoire. Payer et se soumettre aux conditions d’Ankara reste une manoeuvre purement dilatoire : les Pakistanais, Erythréens ou… Maghrébins auront vite fait, telles des fourmis, de contourner l’obstacle. La Libye leur tend les bras, d’autres pays plus à l’Ouest finiront par suivre. Ce que ne veulent pas comprendre militants « humanitaires » et gouvernements « humanistes » - ou qu’ils comprennent trop bien -, c’est que la vague nomade générée par le tiers-monde afro-asiatique continuera de déferler jusqu’à nous submerger. 

    Que la solution passe, en partie, par des mesures concernant directement les pays misérables d’où provient le flux migratoire, c’est le bon sens. Encore faudrait-il que nous survivions, ce qui passe par la défense des frontières, les armes à la main puisqu’il le faut. Mais, à moins d’un cataclysme qui dessillerait les yeux de tous, la chose paraît peu probable dans l'immédiat : des imbéciles, soutenus par des « élites » pourries, pourront continuer à brandir leurs pancartes culpabilisant une Europe à laquelle il faut donner mauvaise conscience. Ne plus croire assez en nous-mêmes pour avoir envie de nous défendre : voilà notre culpabilité. 

     

  • Actualiser la programmation militaire, par Mathieu Épinay

     

    Une remarquable note au contenu technique pour ceux qui suivent les questions de Défense. Elle a aussi le mérite - dans son premier paragraphe - de signaler et rappeler les régions où la dangerosité multiforme du monde - jamais disparue - s'est accrue. Elle nous impose de maintenir, moderniser, renforcer l'ensemble de nos forces armées, qu'il s'agisse d'assurer la sécurité intérieure du territoire, notre capacité d'intervention extérieure, comme notre force de frappe nucléaire. Aucun des risques auxquels nos armées sont destinées à faire face n'est aujourd'hui écarté - même si l'urgence de notre sécurité intérieure apparaît aujourd'hui avec le plus d'évidence. LFAR  

     

    Surchauffe sur terre, sur mer, dans le ciel, au Mali et en Irak, du détroit de Bab el Mandeb au canal du Mozambique ou au golfe de Guinée, au dessus des pays Baltes, aux portes de l’Ukraine ou de la Syrie, au large de la Libye et de Lampedusa et jusqu’au cœur de Paris : nos forces entrent dans une nouvelle période de forte activité.

    Les succès à l’export de notre industrie de défense ajoutent une pression supplémentaire: nos militaires sont évidemment sollicités, c’est la règle, pour la formation des clients sur les Rafale, frégates, systèmes terrestres vendus aux Egyptiens, Qataris, Saoudiens ou Libanais…

    Cette situation n’est probablement pas étrangère à la prise de conscience du gouvernement qui, pour financer notre défense, renonce aux chimères des « société de projet » (montage financier confinant à la cavalerie) et aux hypothèques des ventes d’immeubles ou de fréquence hertziennes pour des crédits budgétaires en bonne et due forme.

    Après 2 ans d’exécution de la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, il prépare donc un projet d’actualisation qui octroie pour les 4 ans restants 3,8 milliards supplémentaires, ce qui n’est pas mince pour un budget annuel de 31 milliards. Par ailleurs la moindre progression des indices économiques permet à l’inspection générale des finances et au contrôle général des armées, dans une étude conjointe, d’identifier 1 autre milliard sur la renégociation des coûts d’équipements. Total 4,8 milliards.

    Le projet de loi en affecte 2,8 à la masse salariale pour maintenir 18500 postes qu’il était naguère prévu de supprimer: 11000 seront rendus à l’armée de terre; elle peut ainsi poursuivre une mission de « gardiennage des lieux de cultes » qui fait débat : le premier ministre a demandé une étude sur l’opportunité de cet emploi en supplétif des forces de sécurité. 2500 autres postes seront rendus ailleurs. Quant aux 5000 restants, ça tombe bien, on n’avait pas encore réussi à les identifier.

    2 milliards seront affectés à l’équipement. L’armée de terre gagne ainsi 7 hélicoptères Tigre et 6 hélicoptères de transport NH 90 pour renforcer un parc très sollicité par les sables du désert et les élongations d’un théâtre africain plus vaste que l’Europe. L’armée de l’air devrait étoffer sa flotte de 14 transport tactiques américains Hercule: Il s’agit de palier les retards et déboires de l’Airbus militaire A400: ses performances exceptionnelles génèrent des turbulences de sillage exceptionnelles …qui interdisent le ravitaillement en vol des hélicoptères alors que cela faciliterait bien les opérations africaines. Des C130 Hercule, plus légers, achetés d’occasion avec des nacelles de ravitaillement en vol feront donc le travail.

    Les prochaines livraisons de Rafale iront à l’exportation, conformément aux espérances, l’armée de l’air n’en prendra que 26 sur les 66 prévus par l’industriel sur la LPM. En 2018 ils viendront armer le deuxième escadron des forces stratégiques à Istres, remplaçant ainsi les derniers Mirage 2000N. 

     - Politique magazine

  • Liban : Vers une catastrophe économique ?, par Guillaume Staub.

    Au Liban, le 28 janvier 2020, les patriarches grec-catholique, syriaque-catholique, arménien-catholique, syriaque-orthodoxe, le catholicos arménien et d’autres évêques se sont réunis afin d’évoquer la très grave crise financière qui secoue actuellement le pays et qui entraîne son appauvrissement. Les autorités religieuses se disent particulièrement préoccupées par l’explosion du nombre de personnes nécessiteuses qui viennent frapper à la porte des paroisses.

    3.jpgCette inquiétude révèle une triste réalité, le Liban est au bord d’un désastre économique et les solutions semblent pour l’instant inexistantes ; le pays pourrait rapidement se trouver en défaut de paiement sur sa dette, celle-ci pesant plus de 150 % du PIB en 2019 et, si les prévisions du FMI sont exactes, 161,8 % du PIB en 2020 et 167 % du PIB en 2021. Quant à la croissance du PIB, elle est estimée à 0,3 % en 2018, à 0,2 % en 2019 et ne devrait que faiblement augmenter en 2020 (0,9 %) et 2021 (2,3 %) selon les prévisions très incertaines du FMI – les prévisions ne pouvant être qu’incertaines dans un pays qui connaît de fortes mutations sociales, économiques et politiques.

    Mais au-delà des chiffres, il y a des personnes, le quotidien des Libanais devient difficilement vivable. Ils ne parviennent plus à retirer de l’argent de leurs banques – ils disposent généralement d’un compte en dollars en plus de leur compte en livres libanaises – ou, selon les témoignages, seulement quelques centaines de dollars et souvent en billets d’un ou de cinq dollars. Beaucoup craignent de perdre leurs économies. De même, les entreprises ont beaucoup de mal à verser les salaires et certains produits viennent à manquer dans les magasins. Le prix des différents produits ne cessant d’augmenter, + 15 % en novembre, la Banque mondiale estime que le taux de pauvreté pourrait passer de 35 % à 50 % de la population si rien n’est fait pour juguler cette inflation. De même, le réseau électrique n’est plus entretenu et les coupures électriques deviennent fréquentes dans le pays. Cette crise de l’électricité s’ajoute à celle du traitement des déchets qui dure depuis 2015. Pas un seul jour ne passe sans que la presse locale ne fasse état d’un suicide, la situation est devenue dramatique.Comme le rapporte le journal La Croix, cette crise apparait particulièrement sérieuse parce qu’elle touche les banques, les libanais ne s’y trompent pas en les prenant pour principale cible des manifestations. Jusqu’ici, les banques libanaises apparaissaient comme l’un des rares secteurs d’excellence du pays, assurant la stabilité́ de l’économie. Le Liban était même considéré́ comme la « Suisse du Moyen-Orient », le pays où bon nombre de ressortissants de la région choisissaient de loger leurs économies pour les mettre en sécurité. C’est pour cette raison que l’état des banques libanaises inquiète également les gouvernements de la région à l’instar du gouvernement syrien ; on estime qu’un tiers des dépôts dans les banques libanaises sont des dépôts syriens, certains parlent même d’une possible famine en Syrie à cause de la situation économique du Liban. Est-ce qu’un des seuls pays stables de cette région du monde ne serait pas sur le point de sombrer, entraînant avec lui d’autres pays déjà̀ bien meurtris ?

  • Loi Avia : la haïr !, par Philippe Bilger.

    (Vu sur le blog de Marc Rousset : http://marcrousset.over-blog.com/ )

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Haïr la loi Avia de la dictature ! La combattre !

    La loi contre la haine en ligne a été adoptée.

    Les plates-formes auront, sous 24 heures, à retirer les contenus « manifestement haineux ».

    Cette loi serait le triomphe de la députée LREM Laetitia Avia.

    Faut-il absolument, pour satisfaire une ambition et amplifier le cours d’une carrière, se battre pour une mauvaise cause et donner son nom à des dispositions législatives dangereuses ?

    3.pngJe ne peux pas éviter d’en parler : cette députée qui se pose en vigie et en gardienne de la décence en ligne est celle qui, en même temps, a été accusée par cinq de ses ex-assistants parlementaires de propos racistes, sexistes et homophobes (Mediapart). « Un tableau mensonger », selon elle. Elle a annoncé son intention de déposer plainte pour diffamation.

    Quoi qu’il en soit, cette péripétie, pour le moins, vient troubler la merveilleuse candeur humaniste d’un combat qui n’avait pas besoin de cela pour voir discutée sa légitimité.

    Le fait que Sibeth Ndiaye – pour la première fois, un porte-parole est classé dernier dans le baromètre des ministres (Le Point) – ait vanté une proposition de loi portée « avec brio » ne rassure pas, bien au contraire.

    Avoir confié à Facebook, à Twitter et à YouTube la mission de supprimer les « contenus haineux » que les utilisateurs leur signaleront est une erreur. Sont concernés l’injure, la provocation ou l’appel à la haine contre des personnes en raison de leur religion, orientation sexuelle ou origines, la négation et l’apologie des crimes contre l’humanité et le harcèlement sexuel en ligne.

    Outre l’extrême difficulté de définir avec précision les « contenus haineux » et en raison de l’amende qui pourra s’élever à 1,25 million d’euros, il est facile de prévoir que les GAFA ne feront jamais bénéficier la liberté d’expression du doute, mais que pour sauvegarder leurs intérêts, elles useront d’un redoutable zèle pour censurer.

    Ce qui aurait dû relever de l’autorité judiciaire lui a été soustrait par une loi liberticide.

    Quand on songe avec quelle précipitation, sur Twitter par exemple, n’importe quelle opposition politique, même correctement exprimée, est qualifiée de « haineuse », je n’ose imaginer les dégâts que les GAFA vont causer. Ces infractions sont trop floues et malaisées à appréhender, même par des juridictions spécialisées, parce qu’elles ne relèvent pas de la délinquance ordinaire.

    Derrière cet unanimisme d’une majorité parlementaire pour soutenir une proposition de loi, dont le caractère prioritaire était rien moins qu’évident en cette période, on reconnaît l’obsession d’un pouvoir qui est gêné par la liberté. Il y avait déjà eu la loi très controversée contre les « fake news », adoptée à la fin 2018 ; puis l’absurde « Désinfox coronavirus » sur le site du gouvernement, retiré tout de même après quelques jours.

    La loi Avia s’inscrit dans cette continuation perverse qui prétend régenter, caporaliser, interdire parce qu’il serait intolérable de laisser s’épanouir la liberté même avec ses excès ; on préfère une éradication avec des effets dévastateurs bien plus considérables.

    On peut décrire ce processus comme « l’algorithme contre la liberté » (Le Figaro) et l’apposition d’une dictature toute de bonne conscience sur un mouvement imprévisible et inventif, fluctuant et guère maîtrisable. Donc, il fallait en devenir maître !

    À force de vouloir, par la loi, purger l’humanité de ce qu’elle a de mauvais, on va détruire ce qu’elle peut avoir de bon dans sa nature.

    Cette majorité parlementaire m’inquiète.

    Je ne lui reprocherai plus d’être un bloc car, aujourd’hui, ce n’est pas exact.

    Mais je lui reprocherai de voter des dispositions mécaniquement, sans réfléchir, parce qu’elle ne voit pas plus loin, sur certains sujets, que le bout de son horizon immédiat ou se plaît à donner des gages à une députée longtemps bien en cour.

    Mais je lui reprocherai d’approuver le renouvellement d’une expérience sur les cours criminelles sans jury populaire. Les créer était déjà une catastrophe et je rejoins l’ensemble du barreau sur ce plan. Favoriser leur poursuite révèle un entêtement dans l’erreur qui fait douter de LREM : on ne change donc pas une loi qui a perdu.

    Je prends le risque malgré le vote, préjudiciable à la démocratie, de cette loi Avia : il faut la haïr.Magistrat honoraire

    Extrait de : Justice au Singulier

    Philippe Bilger

    Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole

  • Faut-il vraiment voter ?

    par Louis-Joseph Delanglade

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    « La meilleure raison d’aller voter dimanche, c’est de pouvoir voter pour toute liste franchement hostile à la nature même de l’Union européenne ».  

    À une semaine des élections européennes s’impose d’abord l’évidence d’un énième scrutin caricatural.

    D’abord, le résultat ne représentera en aucun cas « les Français » : si M. Macron a été élu en 2017 avec un peu plus de 40% des inscrits, loin donc de la majorité arithmétique tant vantée en démocratie, les projections les plus crédibles pour ce 26 mai sont de 40% de participation et de 20% à 25% pour les deux listes de tête réunies. Face au silence du peuple, quel crédit accorder décidément à un tel système ? Autre évidence, le caractère très politicien de l’événement : même s’il n’y a aucune « connivence » de fond entre RN et LaREM, l’accaparation de fait du débat par le duo suscite de la part de ses concurrents les mêmes critiques que suscitaient naguère les vrais-faux duels de l’UMPS. Et l’entrée en lice de M. Macron, Jupiter au petit pied pour le coup, soutenu par une coalition hétéroclite de chevaux de retour (entre autres, les Cohn-Bendit, Juppé, Raffarin, Guigou et sans doute Royal), est la preuve que le vieux monde est plutôt du côté du pouvoir et du système. 

    Par ailleurs, l’appel au « vote utile » lancé par certaines têtes de liste a eu pour conséquence d’interdire tout débat de fond - qu’on eût pourtant apprécié. Mais comment débattre, de toute façon, quand le beau nom d’Europe, galvaudé, n’est plus que le paravent de toutes les incongruités et inconséquences ? On imagine ce qu’aurait pu être une joute intellectuelle entre un Glucksmann dont l’amour pour la France n’a rien d’évident (« Quand je vais à New-York ou à Berlin, je me sens plus chez moi culturellement, que quand je me rends en Picardie » - Arte, 22 octobre 2018) et un Bellamy qui a eu « le coeur intelligent » de voir dans l’Iliade et l’Odyssée le symbole de la haute idée qu’il se fait de l’Europe (France 2, 4 avril). Le meilleur et le pire. Inutile d’épiloguer sur M. Glucksmann, tout le monde ne peut pas être Finkielkraut. Quant à M. Bellamy, certainement digne d’estime, son parti a été celui de toutes les trahisons et de tous les échecs, notamment avec MM. Chirac et Sarkozy. De plus, et cela devrait rassurer M. Legrand, l’éditorialiste bobo-gaucho de France Inter (16 mai), on peut penser que les vieux crabes qui grouillent et magouillent encore chez Les Républicains ne le laisseront pas longtemps défendre « les racines chrétiennes de l’Europe ». 

    ue.jpgEn se fondant sur les intentions de vote (30% pour « le bloc souverainiste » contre 14% pour « la droite traditionnelle »), notre ami en politique, Eric Zemmour, prédit pour la France un « renversement exceptionnel » (RTL, 17 mai). Battre LaREM et enfoncer les Républicains, voilà qui peut paraître, pour certains, une motivation suffisante. Cependant, puisqu’il est quand même question d’Europe, précisons que la meilleure raison d’aller voter dimanche, c’est de pouvoir voter pour toute liste franchement hostile à la nature même de l’Union européenne et susceptible d’avoir des élus. Mme Keller, sénatrice ex-LR, ralliée à M. Macron, candidate LaREM avance (France Inter, 19 mai) comme on brandit un chiffon rouge le chiffre de 30% de députés européens relevant de la « mouvance » identitaire, nationaliste, populiste, souverainiste, illibérale, etc. C’est sans doute exagéré mais ce qui est probable, c’est une forte présence. Sans qu’il y ait lieu d’accorder à ces élus un quelconque autre crédit, leur « pouvoir de nuisance » (lié à leur nombre)  à l’encontre de la technostructure européiste sera le bienvenu, tant il est vrai qu’une Europe pleinement assumée, dans son propre passé et sa propre diversité, passe par la fin de l’Union dans sa version actuelle. 

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  • I.E.I.

     

    par Louis-Joseph Delanglade
     

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    Voilà donc commémoré l’armistice de 1918.

    L’événement a quelque peu occulté la première réunion à Paris, mercredi 7, des pays signataires de l’« Initiative européenne d’intervention » (I.E.I.).  Ils sont désormais dix : neuf pays membres de l’Union européenne (France, Allemagne, Danemark, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Estonie, Portugal, Finlande) auquel il faut ajouter le Royaume-Uni (hors U.E. de jure, le 29 mars 2019), l’Italie ayant préféré rester dans une prudente expectative. 

    logo-long-dgris_a_la_une.jpgSi c’est à Luxembourg qu’a été signée une « lettre d’intention » par les ministres de la défense de neuf pays européens (25 juin 2018), c’est bien une fois de plus la France qui est à l’origine de cette initiative avec le discours de M. Macron à la Sorbonne (26 septembre 2017). L’ambition est grande, si l’on en croit la D.G.R.I.S. (Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie) du Ministère des Armées : créer « les conditions préalables pour de futurs engagements coordonnés et préparés conjointement » par des « États européens ayant démontré leur volonté politique et leur capacité militaire d’assumer un engagement en opérations ». 

    Alors que M. Trump conserve à l’évidence, suite aux résultats des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, le pouvoir de persévérer dans une politique étrangère de désengagement, l’affichage d’une telle volonté « politique » peut sembler de bon augure.  Pour l’Europe en général, cela va de soi, grâce au rapprochement franco-britannique. Mais aussi pour la France, laquelle dispose d’atouts de premier ordre dans le domaine de la défense (sa force de dissuasion et sa présence outre-mer, par exemple). Cependant, on peut avoir quelques inquiétudes, à tout le moins quelques doutes. Ainsi, mardi 6 (soit la veille de la réunion de Paris), M. Macron déclare sur Europe 1 : «  On ne protégera pas les Européens si on ne décide pas d’avoir une vraie armée européenne. » Cette dernière dénomination peut surprendre. 

    5b328a8809fac2f5058b4568.jpgQu’est-ce en effet qu’une « armée européenne », si ce n’est une armée unique qui remplacerait les armées nationales ? Or, on se rappelle l’échec de 1952 (Communauté européenne de défense) et même celui de 1999 (Force d’intervention rapide). C’est que les Etats existent et que la défense relève de leur souveraineté - ce que l’U.E. elle-même admet dans un texte de 2016, tandis que le document de la D.G.R.I.S. se contente de noter, à propos de l’I.E.I., sa « forte compatibilité avec l’Otan et/ou l’U.E. ». Il est donc plus réaliste d’envisager une solide alliance fondée sur un engagement sérieux (et financier) de la part d’une Allemagne toujours frileuse dans ce domaine depuis la fin de la seconde guerre et de quelques autres partenaires jusqu’à présent confortablement à l’abri sous le parapluie américain. 

    Croyant sans doute y trouver une bonne justification à ses propos, M. Macron affirme par ailleurs, le même jour sur la même radio, que la Russie représente un danger. On doit, certes, regretter que la situation géopolitique actuelle et l’hostilité manifeste de l’Otan à son égard tiennent la Russie éloignée de la communauté des nations d’Europe. Mais la nommer comme le premier de nos ennemis potentiels est chose grave. D’abord parce qu’elle ne nous menace pas vraiment, ensuite et surtout parce qu’elle a naturellement vocation à faire partie de la véritable Europe, pas celle de l’U.E. évidemment. 

    On soulignera enfin, car c’est une donnée politique très importante, que le Brexit ne devrait avoir aucune incidence sur le processus d’alliance militaire enclenchée par l’I.E.I. Les Britanniques quittent l’Union mais se rallient à l’I.E.I. : cela prouve que l’Union européenne, qui se reconnaît bien incapable de promouvoir quoi que ce soit en matière de défense, est tout simplement hors jeu. Redit de façon différente : ce sont bien des Etats, certes membres pour la quasi totalité de l’U.E., qui se rapprochent militairement, en dehors de la technostructure de Bruxelles. 

    Le possible grand retour des Etats et l’affichage des souverainetés nationales : M. Macron aura peut-être été, sans le vouloir, l’initiateur d’un processus fécond pour l’Europe. Affaire à suivre.   

  • Fuite en avant des banques centrales pour retarder l’explosion du Système

    Par Marc Rousset    

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    « La BCE en est réduite à prévoir des prêts géants à long terme »

    Lors d’une conférence à Paris, le jeudi 28 mars 2019, le vice-président de la Fed, Richard Clarida, a pu déclarer : « Si nous avons un choc défavorable, la première réponse serait d’employer les outils monétaires habituels. Si cela ne suffit pas, il y a d’autres instruments dans la boîte à outils qui ont déjà été employés et il est certain qu’on les emploierait à nouveau si nécessaire. »

    Autrement dit, baisse à venir des taux d’intérêt déjà pas très élevés et reprise probable, en 2019 ou en 2020, de la création monétaire non conventionnelle par achat d’obligations, le fameux « QE ». Mais c’est aussi reconnaître l’échec de la politique laxiste pratiquée jusqu’à présent par les banques centrales.

    En fait, la Fed a jeté l’éponge le 20 mars dernier avec une volte-face historique puisque, trois mois auparavant, elle affirmait que la taille de son bilan serait réduite, en 2019, de 50 milliards de dollars par mois et que les taux continueraient de grimper. En septembre 2019, la Fed aura toujours, dans son portefeuille, plus de 3.500 milliards d’obligations, soit 17 % du PIB, alors que ce chiffre s’élevait à seulement 6 % en 2006. L’économie est droguée avec des taux bas, une liquidité record, une dette record, trop d’entreprises zombies, une croissance insuffisante et une bulle des actifs. La Fed ne peut plus faire marche arrière, seulement aller de l’avant tout droit dans le mur, tout comme la BCE en Europe !

    La Fed a capitulé face aux pressions politiques de Trump et des « banksters » de Wall Street. Le conseiller économique de Donald Trump, Larry Kudlow, a appelé, vendredi dernier, la Fed à baisser ses taux immédiatement d’un demi-point pour les ramener entre 1,75 % et 2 %, au lieu de 2,25 % et 2,50 %. Trump vient de nommer Stephen Moore, un économiste soumis, au Conseil de la Fed en précisant qu’il n’avait pas l’intention de limoger le président de la Fed, Jerome Powell, soi-disant indépendant. L’outil « Fed Watch » du marché de Chicago CME montrait, vendredi dernier, une très forte probabilité que les taux soient rabaissés.

    Le comble, c’est que cette politique est présentée sous le nom de « théorie monétaire moderne » ! En fait, la TMM n’est ni moderne ni une théorie, mais de la démagogie pure et simple pour justifier les bas taux d’intérêt et le laxisme de la création monétaire. Le Système veut nous faire croire, par ce subterfuge, que les taux d’intérêt pourraient un jour remonter, alors qu’il en sera incapable. Selon le site Bloomberg mondialement connu, « la TMM est une blague qui n’est pas drôle ». Les empereurs romains et les rois de France pratiquaient déjà la création monétaire laxiste avec de moins en moins d’or et d’argent dans chaque pièce de monnaie. On peut illusionner en créant de la monnaie à volonté, mais on ne peut pas créer de la richesse économique à volonté sans capital, sans technologie et sans travail compétitif.

    Le taux des obligations américaines à long terme sur dix ans est passé en dessous du taux des bons du Trésor à trois mois pour la première fois depuis 2007. Au cours des sept dernières fois où la courbe de rendement s’est inversée, l’économie américaine est entrée, en moyenne, en récession après onze mois. Selon le modèle de récession de la Fed de New York, la probabilité de 29 % est aujourd’hui plus élevée que celle observée avant cinq des sept dernières récessions. Le fait qu’en Europe, le taux négatif du Bund allemand à 10 ans de -0,008 5 % soit inférieur à celui du taux japonais de -0,008 3 % – une première depuis 2016 – est aussi annonciateur de cataclysme.

    Le retour en grâce des métaux physiques précieux en or et en argent est aussi très préoccupant puisque, de 2009 à 2018, les achats d’or de 16.200 tonnes ont été multipliés par 4 par rapport à 1999-2008, tandis que les achats d’argent de 57.800 tonnes étaient multipliés par 3,8.

    Les banques centrales, en créant de la monnaie non conventionnelle et en baissant les taux d’intérêt, empêchent les banques, les États hyper-endettés et les Bourses de s’écrouler dans l’immédiat, mais elles ne pourront pas empêcher l’inéluctable récession à venir et c’est alors que le Système explosera d’une façon encore plus violente, avec un effondrement monétaire en lieu et place d’un simple krach économique, financier et boursier, style 1929 !    

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    Économiste
    Ancien haut dirigeant d'entreprise
  • PENSER PRINTEMPS !

    Par Philippe Mesnard 

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    Penser printemps ! disait Emmanuel Macron à ses fervents, en janvier 2017. 

    Penser printemps pour l’agriculture, répétait-il en janvier 2018. C’est-à-dire être attentif à ce qui lève, à ce qui fermente, à ce qui advient. Penser printemps, c’est semer pour voir germer.

    Mais quelles moissons Emmanuel Macron s’attend-il à voir lever de Notre-Dame ruinée au début du printemps ? Pour le despote éclairé, tout est signe du destin. Sa marche est voulue par les dieux, et c’est fort de cette conviction qu’il entend trancher de tout avec superbe (et gageons que les courageux qui ont appelé le président à plus de retenue et de modestie vont payer leur rigoureuse honnêteté). Alexandre détruisit le nœud gordien – et on se demande encore la vertu de son geste idiot –, Macron profite de l’incendie pour affirmer que tout est plus beau pourvu que cela advienne par ses soins. Il est le démiurge. Tout est meilleur pourvu que cela soit son œuvre. Notre-Dame sera une start-up cathédrale, au cœur d’une île de la Cité enfin conçue comme un touristland inclusif, citoyen et irrigué de luxueuses boutiques. On verra mieux les tableaux ! Les débris seront choyés ! Tout juste si on ne proposera pas à l’évêque d’adapter le format des cérémonies et le calendrier liturgique en fonction des pics de fréquentation. Et pour arriver à ce beau résultat, une loi d’exception, qui fait toutes choses plus belles, et singulièrement les règles qui s’appliquent à tous mais pas aux désirs du printanier Président.

    Notre-Dame-Park ?

    C’est qu’il en a, des désirs ! Des désirs européens, contrariés en permanence par l’Allemagne, qui a compris, elle, qu’elle était au centre de cette Europe démesurément élargie d’où la France a été repoussée à l’extrême-ouest ; contrariés par la Pologne, qu’il conspue ; par l’Italie, qu’il insulte. Quel pays n’a-t-il pas lassé par son verbe haut ? Tous le lui font sentir, à chaque proposition rejetée, à chaque chantier repoussé, à chaque décision prise contre son avis, la dernière en date étant l’ouverture de négociations commerciales avec les États-Unis. Il ne lui reste plus que la France pour parader et songer à son printemps à lui, à son éclosion, à la métamorphose de ce vieux pays décevant, au peuple rebelle, querelleur, vindicatif (et paresseux, selon lui, qui semble ignorer les statistiques sur la productivité du travail en France – sans tenir compte de la fiscalité qui y est associée) et trop ignare pour avoir peur des fantômes qu’il agite, nationalisme ! populisme ! pas le choix ! moi ! Laissez-moi épanouir la France ! Que mille Macrons fleurissent !

    Privatiser l’île de la Cité…

    Moderniser Notre-Dame, privatiser les routes après ADP – en faisant exprès de sous-investir pour leur rénovation –, désirer comme Cédric O que la France ait ses licornes numériques au lieu de considérer ses entreprises déjà milliardaires, réformer la constitution, tout ne concourt qu’à une rénovation forcée du pays, une régénération à la mode révolutionnaire, où le despote éclairé sait seul ce qu’il faut faire au point que sa volonté est l’ultime raison. Hoc volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas : je le veux, je l’ordonne, que ma volonté serve de raison. On ne frustrera pas Macron de son printemps, et si l’Europe reste enfermée dans son hiver, la France, elle, va se réchauffer, l’incendie de Notre-Dame n’étant que le dernier brasier en date, une manière de catastrophe spectaculaire dont Macron ne veut considérer que le symbole d’un vieil ordre qui s’effondre, comme ces Gilets jaunes qui ne sont que des hoquets du progrès. Son unique préoccupation ? Sa stature. « Je me fiche de la prochaine élection, je veux réussir ce mandat. Furieusement. Passionnément. » Nous voilà donc avec un furieux emporté par ses passions qui considère que ses opposants sont des agents de l’étranger ou, pire, des agents du chaos qui refusent le bien dont il est le printanier messager, Jupiter ayant viré Saturne au moment où, en plein âge d’or, il enseignait aux hommes l’usage de la faucille. Pour le moment, il fauche Notre-Dame, il fauche nos libertés, il fauche notre avenir, et ne sème rien. Curieux printemps.    

    Philippe Mesnard