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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Merci, l'algorithme de fb !

    fb vient de nous "suspendre" pour 24 heures, à cause de notre publication d'hier :

    Dans notre Éphéméride de ce jour : Hitler à Paris !

     
     
    Voici le "message" (!) reçu de fb :

    Aperçu de la restriction

    24 juin 2023
    Votre activité dans les groupes est restreinte pendant 23 heures
    Pourquoi votre activité dans les groupes a-t-elle été restreinte ?
    Votre activité dans les groupes a précédemment enfreint nos Standards de la communauté. Vous ne pouvez donc pas effectuer certaines actions comme créer, inviter, publier et commenter dans les groupes.
    ----------
    Pas de partage, donc, de notre Revue de presse et d'actualité aujourd'hui, ni de l'Éphéméride du jour, ni de rien du tout... dans les 36 Groupes qui reçoivent, chaque jour, nos publications (total de personnes potentiellement "touchées" : 240.000, tout de même...).
    Tant pis...
    Et à demain !

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  • Au cinéma : Le Gang des Bois du Temple, par Guilhem de Tarlé

    Le Gang des bois du temple - film 2022 - AlloCiné

     

    Arts & Ciné : Le Gang des Bois du Temple, Un film français de Rabah Ameur-Zaïmeche, avec Régis Laroche (Pons, ancien tireur d’élite) et Philippe Petit (Bébé, le chef du gang).

    Le Gang des Bois du Temple … le titre et le générique ne m’inspiraient pas et la bande-annonce annonçait un film d’action… mais la critique était favorable qui évoquait un fait divers de 2014 en Seine St Denis.

    En fait le réalisateur a transposé l’événement à Marseille que l’on reconnaît assez rapidement, tandis que le quartier des Bois du Temple à Clichy-sous-Bois aurait été filmé à Bordeaux !

    Tout ça pour dire qu’il n’y a rien à dire, ni à écrire, sur ce long-métrage (1h54) voulant apparemment traiter de l’amitié entre un truand et un militaire à la retraite.
    Le cinéaste bâcle le scénario pour se complaire dans les gros plans en accumulant les raccourcis et les invraisemblances.
    A nouveau sans intérêt.

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  • Au cinéma : L'odeur du vent, par Guilhem de Tarlé

    L'Odeur du vent - film 2022 - AlloCiné

     

    Art et Essai :  L’Odeur du vent, un film iranien de Hadi Mohaghegh, avec lui-même dans le rôle de l’électricien.

    Si les films d’action se caractérisent par un rythme trépidant, je parlerais en l’occurrence d’un film d’inaction.

    L’Odeur du vent… un titre énigmatique pour une heure et demie de contemplation, mais je ne suis pas un contemplatif ; un long-métrage sur le dévouement mais je n’ai ni l’empathie ni la charité pour y éprouver une quelconque émotion. L’acteur principal est la lenteur, le second, les ennuis, les obstacles,  qui arrivent en rafale jusqu’à me faire rire – à tout le moins sourire, mais ce n’est pas une comédie. Sans doute faut-il citer un troisième personnage, à savoir le paysage iranien, qui ressemble parfois à un décor.

    Hadi pourrait fredonner avec Charles Aznavour :

    J’ai travaillé

    (…)

    Sans répit,

    Jour et nuit

    (…)

    En oubliant

    Mes amis, mes amours… mes emmerdes.

     

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  • Le gouvernement au complet, fier de son bilan, tous prêts a en découdre !

    Meeting de Colomiers, le 29 août 2016

     

    Mur-bleu gds.jpgPrès de Toulouse, se sont réunis quelques ministres « satisfaits de l'action du président Hollande » et prêts à  « défendre son bilan ». Les journalistes ne savaient évidemment pas - et les ministres non plus, d'ailleurs - qu'outre le ridicule de la chose le coup de pied de l'âne viendrait un jour après avec le départ « surprise » d'Emmanuel Macron du gouvernement.

    Voilà donc une bande de défenseurs de l'indéfendable encore plus affaiblis qu'avant, et le pédalo encore plus dans la pagaille, pourtant toujours sans pagayeur...

    On aurait presque eu pitié d'eux, et pas envie de tirer sur l'ambulance, s'ils n'avaient eu l'air si renfrognés et si agressifs.

    Finalement, c'est à Audiard qu'on pensait : « Les c... ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît »... 

  • Tout ce qui est Racines est bon : Le Mont Saint Michel fête ses 1.300 ans…

                On ne présente plus le Mont. Nous éviterons donc d'aligner des images ou des textes que l'on trouve partout, mais nous essaierons cependant de fêter nous aussi, à notre façon, ses 1.300 ans d'existence.

                Nous reviendrons donc un peu longuement sur l'affaire Gouguenheim, le Mont (et son scriptorium) se trouvant évidemment en bonne place dans l'ouvrage fort utile de Sylvain Gouguenheim Aristote au Mont Saint Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne.
               Le travail de transmission (par les copistes) de la culture antique à l'Occident s'étant pour une bonne part effectué ici, dans le scriptorium du Mont, nous présenterons de nouveau, en la résumant, l'idée centrale de l'auteur, en montrant le lieu où s'est passé une part importante de ce qu'il décrit....
     
     
     
     
     
    pqagir_g.jpg

    Disons un mot, malgré tout, sur ce lieux extra-ordinaire    http://vinz1966.free.fr/   

               Et sur la non moins extra-ordinaire Nature qui l'environne :  en cliquant sur le lien suivant, on aura une idée de ce qui se passera dans quelques années lorsque les gigantesques travaux en cours auront rendu son insularité traditionnelle au Mont http://www.planet.fr/diaporama/le-mont-saint-michel-de-demain.19590.fr.html

     

    Mt-St-Michel025.jpg

           

                Et n'oublions bien sûr pas l’essentiel. S’il est bon, évidemment, de connaître l’histoire prestigieuse du monastère, il s’agit de vraiment découvrir ses trésors, « contenant et contenu » si l’on peut dire. C'est-à-dire le bâtiment lui-même dans sa splendeur mais aussi et surtout la beauté de la liturgie. A quoi servirait en effet une abbaye, aussi belle soit-elle, où l’on ne célébrerait pas, ou plus, la liturgie ? Elle serait une coquille vide. Belle, certes, mais vide, surtout. Rien de tel au Mont, où la spiritualité est bien vivante, grâce aux fraternités monastiques de Jérusalem (présentes depuis 2001, l'une de cinq moines, l'autre de cinq moniales)     http://abbayedumontsaintmichel.cef.fr/

                Elle est là, la vraie beauté du Mont. Sa beauté principale, centrale et essentielle, ce ne sont pas ses pierres et ses sculptures ; ou plutôt, ce sont ses pierres et ses sculptures, ordonnées à leur objectif initial et final : nous conduire à Celui qui est au sommet, qui est « le » Sommet. Le Mont fonctionne bien s'il est, et quand il est, route et chemin menant au Vrai, au Beau et au Bien..... 

     

                Venons-en maintenant à l'ouvrage de Sylvain Gouguenheim.

     

                Le point de départ de la polémique est cette question: Quelle est la part de l'apport musulman dans la constitution de la Culture européenne au Haut Moyen-Âge ?

               En mars 2008, Sylvain Gouguenheim, professeur d'histoire médiévale à l'ENS de Lyon, publie Aristote au Mont Saint Michel. Les racines grecques de l'Europe. Sa thèse: "L'héllénisation de l'Europe chrétienne fut avant tout le fruit de la volonté des européens eux-mêmes, elle ne doit rien au monde arabo-islamique".

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    1)         Gouguenheim ouvre son livre sur les thèses qu'il entend contredire: celle des "Âges sombres", concept hérité de Pétrarque et repris au XIXème par l'historiographie anglo-saxonne pour désigner la période comprise entre la chute de l'Empire romain  et l'arrivée en Angleterre de Guillaume le Conquérant, faisant du Haut Moyen-Âge un temps d'obscurantisme et de déclin culturel; celle d'un "Islam des lumières" venant réveiller (culturellement et scientifiquement) les Européens grâce à la transmission d'un savoir grec depuis longtemps oublié, et contribuant à donner à l'Europe des "racines musulmanes". Des thèses qui, selon l'auteur, relèvent "plus du parti idéologique que de l'analyse scientifique", et sont essentiellement celles d'Alain de Libera, présentées dans un ouvrage de référence en 1991, Penser au Moyen-Âge.

                 "L'argument de la dette"des Européens à l'égard du monde arabo-musulman serait cimenté par l'énorme travail de traduction des oeuvres grecques opéré par les intellectuels arabes, qui auraient permis leur diffusion en Europe. C'est "l'intermédiaire arabe" qui expliquerait donc la redynamisation de l'Europe consécutive à la redécouverte du savoir grec. La matrice islamique aurait littéralement donné naissance à la civilisation européenne qui s'épanouit à partir du XIIème siècle. Bien plus, il y aurait "prééminence du monde musulman sur la chrétienté médiévale".....

                  Mais  Gouguenheim fait remarquer que l’on confond souvent arabité et islamisme, attribuant tout le mérite de l’hellénisation du monde européen à l’Islam, alors que "les arabes chrétiens et les chrétiens arabisés" constituaient près de la moitié des habitants des pays d’Islam vers l’an mille. Quant aux savants musulmans du monde abbasside, ils ne s’aventuraient jamais dans l’univers des sciences, se contentant de prospections dans celui de la religion. L’historien récuse le poncif d’une Europe inculte et barbare, tortionnaire d’un monde arabo-musulman exempt de tout reproche....


    2)        Vient ensuite l’exposé de sa thèse : celle des "racines grecques de l’Europe", ou comment "le monde occidental chrétien du Moyen Âge fit de son mieux pour retrouver le savoir grec", tout seul.

              L’ouvrage s’organise ensuite en cinq grandes parties, chacune constituant un pan particulier de la démonstration. Non seulement l’Occident ne perdit vraiment jamais de vue la culture grecque (chap. I), mais la diffusion du savoir grec, de toute façon, a surtout été le fait de Byzance et des chrétiens d’Orient (chap. II). Même en plein Occident, plus particulièrement au Mont-Saint-Michel (ci dessus et ci dessous, le scriptorium), des moines ont joué le rôle de pionniers dans les processus de traduction des textes d’Aristote (chap. III) et de récupération de l’héritage grec avec lequel, de toute façon, l’Islam a toujours entretenu des rapports difficiles, lui qui ne connut qu’une "hellénisation limitée"(chap. IV). Enfin, Gouguenheim évoque les "problèmes de civilisation"permettant de comprendre pourquoi les échanges culturels Islam/Chrétienté furent minimes (chap. V)…

     
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               Le premier chapitre évoque des pans méconnus de l’histoire culturelle occidentale des VIIe-XIIe siècles. Sylvain Gouguenheim décrit les élites intellectuelles carolingiennes avides de savoir grec et soucieuses d’étudier ses dépositaires. De Pépin le Bref, réclamant autour de 760 des livres en grec au pape, à Charles le Chauve, dont les Monumenta Germaniae Historica dirent, en 876, que "méprisant toute l’habitude des rois Francs, il estimait que la gloire des Grecs était la meilleure", on constate qu’effectivement, comme le dit l’auteur, "la brèche [était] ouverte".
     
                Et c’est dans cette brèche que vinrent s’engouffrer, à partir du IXe siècle, les multiples "renaissances" intellectuelles prouvant, s’il en était besoin, que la science antique ne déserta jamais totalement les terres occidentales.

                Le monde byzantin manifesta le même engouement dès le VIIIe siècle, et Gouguenheim nous rappelle, que déjà un siècle auparavant un mouvement de traduction du grec en syriaque – langue sémitique issue de l’araméen –, puis du syriaque en arabe, avait été lancé par les chrétiens d’Orient.
               Le chapitre III  est consacré aux travaux de traduction menés au Mont-Saint-Michel, dans lesquels s’illustra le "chaînon  manquant",Jacques de Venise, clerc vénitien qui y aurait, avant tout le monde, traduit les œuvres d’Aristote.

    3)        Une fois menée ce plaidoyer en faveur de l’Europe pas si sombredes VIIe-XIIe siècle, l’auteur conclut :
               "En tout état de cause, le processus de progrès culturel et scientifique qui anime l’Europe médiévale des VIIIe-XIIe siècles paraît de nature endogène. … L’Europe aurait suivi un chemin identique même en l’absence de tout lien avec le monde islamique. L’intermédiaire arabe, sans être inexistant, n’eut sans doute pas la portée décisive qu’on lui attribue….. »

  • Jean-Louis Caccomo parle de Mai 68...

    200584610.2.jpg          À l’occasion de la sortie du livre collectif "Liquider Mai 68 ?", dirigé par Chantal Delsol et Matthieu Grimpret (Presses de la renaissance), LIBERTE POLITIQUE.COM (le site de la Fondation de Service Politique) ouvre une série de réflexions des auteurs, où chacun, dans son domaine de compétence, livre son analyse des "événements", de leurs conséquences, et de leur célébration.

               Faut-il liquider Mai 68 ? Si non, pourquoi, et si oui, comment ? Le 6 Mai c'était  l’économiste Jean-Louis Caccomo, docteur en sciences économiques de l'université d'Aix-Marseille II, maître de conférences à l'université de Perpignan, qui donnait son sentiment.

               Etant donné l'intérêt de son article, nous le reproduisons intégralement ci-dessous, après ceux de Patrice de Plunkett et de Cyril de Pins, consultables dans la Catégorie "Mai 68".......

    891209176.jpg           Leçon économique : la congélation des droits acquis.

               JE SUIS FIER d’avoir participé à l’ouvrage collectif de Matthieu Grimpret et Chantal Delsol, Liquider mai 68 ?, pour proposer une analyse économique des accords de Grenelle dans une perspective différente de la rengaine convenue. À une époque où l’on se fait fort de défendre le droit des minorités et la diversité des opinions, il est plus que nécessaire de briser le consensus et de pouvoir discuter sans tabou sur des périodes troublées de notre histoire contemporaine avant que la mythification en cours neutralise toute discussion plus objective.

               Car les hommages nostalgiques ont déjà commencé et nous sommes déjà assommés de cantiques obligés de tous les soixante-huitards sur le retour dont la plupart sont devenus aujourd’hui des notables installés ou des hommes de pouvoir sur fond de manifestations lycéennes chroniques. Nous assistons à cette messe tous les dix ans, en 88 et en 98, comme si chaque génération voulait rallumer une flamme éteinte trop vite.

               Mais à défaut d'avoir un avenir, on ressasse le passé en le déformant au passage pour les besoins de la propagande en place. Car il faut bien regarder en face son passé : on ne sait pas où l'on va lorsque l'on ne sait plus d'où l'on vient.

               Les ornières de Grenelle

               Les fameux accords de Grenelle, récemment élevés au rang de mythe inattaquable à l'occasion du Grenelle de l'environnement, ont entériné une pratique politique qui constitue une grave déviance de nos institutions républicaines. Quelle que soit l'issue des urnes, le dernier mot revient à la rue, dans un troisième tour permanent orchestré par les partenaires sociaux qui sortent ainsi outrageusement de leur rôle. Ces derniers participent ainsi au filtrage des politiques économiques autorisées, en les soumettant à des critères qui sont de véritables critères de Maastricht avant l'heure à la différence près qu’ils n’ont jamais été ratifié devant aucun parlement.

               Depuis les (vrais) accords de Grenelle, nos politiques ont toujours suivi la même direction : baisse du temps de travail, accroissement des minimas sociaux, augmentations des salaires sans tenir compte des performances de notre économie réelle. Et toute politique n'appliquant pas ces principes, dans une logique de soutien à la consommation, fut de fait écartée, de sorte que les alternances politiques ne furent qu'un leurre. Il y a les politiques économiques autorisées et celles qui seront définitivement interdites.

               C'est ce format qui nous a interdit d'envisager dans les années quatre-vingt les seules politiques qui s'imposaient dans le monde entier après la fin d'une période fondée sur la progression régulière des gains de productivité (les trente Glorieuses), et qui ont permis à l'Angleterre et les USA de retrouver le chemin de la prospérité. C’est cet héritage qui nous a permis de railler Reagan et de diaboliser Thatcher, alors qu’ils étaient en train de littéralement sauver leur pays du désastre tandis que nous poursuivions sur la voie tracée par les accords de Grenelle avec le passage aux 39 heures, la baisse de l’âge de la retraite et les augmentations de salaires sans rapport avec les gains sectoriels de productivité. Ce sont de telles ornières qui nous empêchent de traiter objectivement et dans toutes ses dimensions le problème du financement des retraites ou la question lancinante d’un chômage massif qui plombe notre société depuis 1973.

               « Une révolte de petits bourgeois »

               Mai 88, mai 98, mai 2008, chaque décennie apporte son lot de célébrations sans se donner la peine d'exposer un regard critique sur les événements ainsi montés au rang de mythe national, devenu aussi intouchables que le front populaire de 1936.

               Pourtant, il faut avoir l’honnêteté de reconnaître qu’il y a une autre lecture des événements moins complaisante et moins glorieuse. Car les accords de Grenelle n’ont en aucune manière stoppés les émeutes de Mai 68. Malgré les concessions déjà irréalistes arrachées par les syndicats sous la pression de la rue, ce n’était pas suffisant et le gouvernement de l’époque s’est trouvé totalement dépassé, ce qui est le lot de tous gouvernements cédant à la passion de la rue.

               Un mois plus tard, c’est un million de Français qui descendent les Champs-Elysées pour en appeler au Général de Gaulle. Le gouvernement qui venait de signer les accords de Grenelle était ainsi désavoué.

               J'avais cinq ans en 1968... Mais j'ai le souvenir que mon père, qui avait délaissé sa Sicile natale dans un état de grande pauvreté, ne comprenait guère ce qu'il appelait une « révolte de petits bourgeois ». Je reconnais pleinement que ce mouvement a introduit des espaces de liberté individuelle dans une société corsetée et rigide. Mais force est d’admettre que cette société rigide a aussi rendu possible les trente Glorieuses, une période exceptionnelle de rattrapage économique qui a permis de rendre économiquement possible des aspirations d’un ordre supérieur. Les générations qui ont bâti cette prospérité ont connu des temps autrement plus durs, parsemés de guerres mondiales et de crises sociales.

               En comparaison, la génération 68 fut bénie des dieux. Il ne s'agit pas de mettre tout le monde dans le même sac, en collant une étiquette réductrice à toute une génération. Mais les leaders les plus charismatiques du mouvement de Mai 68 ont mangé la soupe capitaliste des trente Glorieuses dans laquelle ils n’ont eu de cesse de cracher au nom d’une critique hystérique du libéralisme révélatrice de leur ignorance fabuleuse des principes économiques. Ils ont connu la révolution sexuelle sans le Sida. Ils ont rejeté des parents qui avaient connu les privations, la guerre et la souffrance. Ils ont laissé pousser des enfants sans cadre sous prétexte de ne rien interdire et d’expérimenter des méthodes pédagogiques progressistes. Ils ont profité de tous les acquis sociaux, s'empressant de partir aujourd’hui à la retraite (avec anticipation) avec le pactole et une espérance de vie en augmentation de sorte que la durée de vie à la retraite sera bientôt aussi longue que la vie active.

               Qui paiera ?

               Qui paiera ? Les enfants et les petits-enfants pardi, lesquels vont hériter de dettes et d’impôts nouveaux !

               Les porte-paroles de cette génération gâtée, non contents d’avoir profité de cette miraculeuse conjonction d’avantages, non contents d’être nés au bon endroit au meilleur moment, terrorisent toujours les âmes, imposent leurs valeurs et leurs références intellectuelles, font régner une police de la pensée inflexible qui ne tolère aucune contradiction.

               Ils sont installés dans les murs de Radio-France où ils professent leur marxisme décalé, débattant doctement de la crise du libéralisme ou de la fin du capitalisme. Ils ont pris les rênes de l’université où ils formatent encore les esprits sans aucune préoccupation de la réalité qui vient pourtant chaque jour démentir ses postulats erronés. Les mouvements lycéens et étudiants font désormais partis des rituels imposés. Et ceux qui ont le malheur de ne pas se conformer à ce format sont immédiatement traités de fascistes ou de réactionnaires. Avec eux, il n’y a pas de demi-mesure ! C'était cela aussi l'esprit de Mai 68.

               Et pourtant, ils devraient faire preuve de plus de modestie. D’abord, ils se sont plantés sur toute la ligne dans leur lecture de l’histoire, cautionnant les pires régimes politiques. La plupart était maoïste au moment où Mao précipitait des millions de Chinois dans la famine au nom de la révolution culturelle.

               Ensuite, ils vivent mieux que leurs parents alors que leurs enfants vivront moins bien qu'eux. Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, une génération a été incapable de transmettre le flambeau de la prospérité, la croyant acquise.Et c’est sans doute parce qu’elle a été incapable de transmettre les facteurs de cette prospérité que sont le capital humain (c’est-à-dire principalement la confiance, la morale, la compétence et la connaissance du monde, de l’économie et de l’homme) et l’épargne. L’Éducation nationale, qu’elle a proprement phagocytée, n’assure plus son rôle de transmission des connaissances. Elle a toujours condamné cette école « bourgeoise ». Pour elle, l’école doit « fabriquer des citoyens solidaires », entendez par là des moutons incapables de penser par eux-mêmes et de se débrouiller sans l’État-berger.

               Quant à l’épargne, elle suffit à peine à supporter la charge de la dette publique. Dans ce contexte, que reste-t-il pour l’investissement productif, pour le financement plus risqué de la recherche et de l’innovation sans lesquels aucune croissance ne saurait être durable ?

              Quelle dignité peuvent avoir des parents qui laissent des factures à leurs enfants alors qu’ils ont eux-mêmes hérités d’un véritable trésor ? Car ils sont nés dans un pays riche et ils laisseront un pays en voie de sous-développement. Mais ils n’auront jamais le courage de l’admettre et ils sauront toujours trouver des boucs émissaires : c’est la faute au grand capital ! Diantre, quelle trouvaille pour ces esprits pétris de dialectique et ces experts en langue de bois.

              Par pudeur, au lieu de célébrer dans la rue cet anniversaire pittoresque, taisez-vous enfin, laissez la place à d’autres, prenez votre retraite, profitez encore de vos vieux jours, mais de grâce, cessez de donner des leçons.

  • FIN DE CYCLE

    Par Pierre Renucci  

    Une réflexion sur la nature des cycles qui constituent la vraie Histoire et sur les évolutions profondes que connaît le monde actuel. Où des motifs d'espérance se dessinent. 

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    Un cycle historique s’achève, entend-on souvent. Probablement. Attention pourtant à cette notion faussement simple.

    Ne nous imaginons pas les cycles historiques comme des assiettes empilées dans le buffet ou soigneusement posées sur une table. Ils ressemblent plutôt à des cercles concentriques, un peu comme des ronds dans l’eau provoqués par un caillou. Et les choses se compliquent quand ils s’entrecroisent avec d’autres ronds provoqués par d’autres cailloux lancés à des époques plus ou moins proches. Par exemple, le capitalisme industriel ne serait pas né sans la grappe d’inventions qui permit le machinisme ni sans les Lumières qui provoquèrent la révolution bourgeoise et l’esseulement de l’individu. Ce que l’on appelle fin de cycle, n’est donc bien souvent que la disparition de segments formés par l’intersection de plusieurs ronds dans l’eau… D’ailleurs, plutôt qu’à des cycles, l’Histoire ne ressemble-t-elle pas à une ligne qui s’incurve, se brise, se redresse au gré des événements ?

    587070524.jpgPartout, mais surtout en Europe, la ligne à peu près droite qui avait débuté en 1945 se tord. Cette année-là s’était achevée une guerre de trente ans entrecoupée d’une fausse paix. Une guerre perdue par l’Europe. Bien sûr, ce conflit mondial étant d’abord un conflit européen, il y eut des nations européennes vainqueurs et d’autres vaincues. Mais à l’exception de la Russie, l’Europe en tant qu’entité était la grande perdante. Vassalisée par les États-Unis et l’Union soviétique, elle entrait dans une longue dormition dont elle n’est encore pas sortie. Quoiqu’antagonistes, les deux suzerains partageaient la même détestation de la vieille Europe et la même croyance en leur propre vocation messianique. Leur objectif était en définitive identique : la création d’un homo oeconomicus standardisé, sans racine, sans culture, sans histoire. Seule la méthode différait. Les Soviétiques entendaient l’asservir à l’État communiste par la brutalité et de la planification. Les Américains, au Marché dominé par eux-mêmes, en diffusant l’american way of life avec sa culture de masse et sa production de masse.

    La ligne commence à se tordre, donc, avec la chute du mur de Berlin en 1989 et la disparition de l’URSS en 1991. Cette inflexion marque la fin du cycle communiste en Europe, mais pas de celui de l’Europe vassalisée désormais soumise aux seuls États-Unis : la ligne s’incurve, elle ne se brise pas. Évidemment, dans un premier temps, la disparition du communisme donna l’illusion de la supériorité de l’Occident, entendu comme le modèle capitaliste américain.

    De fait, jusqu’à l’orée du XXI° siècle, ce néo-libéralisme empreint de libertarisme semblait devoir s’imposer au monde et réaliser les prétentions messianiques des États-Unis. Pour sa part, si l’Europe pouvait se féliciter d’être débarrassée de la tyrannie communiste, le déséquilibre des forces qui en résulta la soumit davantage aux « valeurs »   libéral-libertaires sous lesquelles se cache l’impérialisme du système américain. Cette soumission eut deux conséquences immédiates. D’un côté le suivisme des Européens dans la politique étrangère de leur suzerain : provocation envers la Russie, aventures militaires au Kosovo, en Afghanistan, en Irak. De l’autre et surtout, le façonnage accéléré de l’homo oeconomicus par le Capitalisme au moyen de l’invasion migratoire, de la propagande et de la farce sociétale.

    policiers-autrichiens-migrants.jpgL’invasion migratoire présente le triple avantage d’importer de la main d’œuvre à bon marché mais plus encore des consommateurs subventionnés par l’impôt prélevé sur les indigènes, et de détruire les identités nationales. On sait que l’invasion migratoire - cela fut confirmé par les révélations de Wikileaks de 2010 - est souhaitée et favorisée par les États-Unis pour détruire l’Europe de l’intérieur.

    Bien sûr, l’indigène regimbe un peu. Alors on l’éduque. La propagande commence à l’École, où l’enseignement du dogme de l’Humanité a depuis longtemps remplacé les humanités. Puis la machine politico-médiatique prend le relais, sous l’influence notable d’anciens communistes de toute obédience (trotskystes, stalinistes, maoïstes) reconvertis dans le libéral-libertarisme. Les catéchistes de la nouvelle religion ordonnent leurs prêches autour de deux thèmes principaux. Un, la glorification du dieu Marché et de ses hypostases que sont l’Immigré, le Féminisme, les Minorités ou la Libération Sexuelle. Deux, la culpabilisation du Blanc - surtout européen - responsable sans partage de tous les maux. Quant aux déviants qui s’avisent de contester la bonne parole, ils sont dûment châtiés par la mise à l’index, l’exclusion sociale et si ce n’est assez, par les juges nationaux et internationaux.

    La farce sociétale relève d’un registre plus subtil. Le Système utilise ce dérivé du libertarisme soixante-huitard à plusieurs fins. Sur le plan commercial, il ne s’agit jamais que de technique de « segmentation du marché » pour créer de nouveaux besoins, de nouvelles clientèles et de nouveaux profits. Ainsi s’explique l’émergence de produits de spéculation tel le non-art du type plug annal et emballage du Pont-Neuf, ou de services de satisfaction de l’individu-roi telle la GPA pour tous. Ainsi s’explique aussi le « ciblage » de catégories de population, tels les homosexuels, les communautés ethniques etc. Mais pour que ces  « segments de marché » développent leur plein effet, il faut les intégrer dans la religion de l’Humanité, le mettre sous la protection des droits de l’Homme, ce qui nécessite l’intervention du politique.

    1f34c-1_7ndf97etytbfdmogswz5g.jpgC’est alors que la farce sociétale revêt le masque de l’« opposition progressiste » au Système. On y trouve pêle-mêle les « cultureux » subventionnés par le ministère de la Culture, les minorités activistes (LGBT, indigénistes, ultragauche…), les « féministes 2.0 », bref toutes les chapelles du « jouir sans entrave ». La confrontation est évidemment factice. En réalité, si le Système feint de se démarquer de ces pantalonnades, c’est pour mieux s’en servir : en révolution permanente, le Capitalisme trouve dans les délires sociétaux de l’« opposition progressiste » la caution nécessaire à sa fringale destructrice. C’est pourquoi, après une résistance de bon aloi, il promulgua bien volontiers le mariage pour tous, consacrant du même coup les homosexuels en communauté et en segment de marché, et qu’il érigera bientôt PMA et GPA pour tous en droit de l’Homme.

    Ainsi donc, la monade humaine décérébrée, déracinée, déracisée, voit le jour, zombie dont l’appartenance se résumera à ses segments de consommation et dont le bonheur consistera à satisfaire les désirs soufflés par le Marché.

    Mais le pire n’est jamais sûr. Les échecs américains au Proche-Orient et en Afghanistan, la question identitaire au sein même de la société américaine, la crise financière, l’émergence de la puissance chinoise et demain indienne, le refus de la Russie de se laisser dépecer et vassaliser, ont redonné espoir à ceux qui attendent le réveil de l’Europe. À tout le moins, la vision unipolaire de l’american way pour tous c’est-à-dire du Marché dominé par les seuls Américains a désormais peu de chance de se réaliser.

    La partie s’annonce rude. Les forces de dissolution sont à l’œuvre depuis longtemps. Toutefois le Système n’est plus aussi fort qu’à ses débuts. Le capitalisme financier connaît une crise si grave, qu’il ne survit qu’au moyen d’artifices financiers comme la facilitation monétaire (quantitative easing), la socialisation des pertes bancaires et le recours indéfini aux emprunts.

    ENF-Koblenz.jpgEn Europe, les immigrés se comportent comme le souhaite le Système : ils s’adonnent à la consommation de masse et constituent des communautés qui affaiblissent les nations. Mais leur refus de s’assimiler provoque chez les indigènes une renaissance du sentiment national. Aux États-Unis, le peuple fatigué de l’immigration massive et du capitalisme débridé, élit un président populiste, avouant par là-même l’échec de la domination américaine du Marché. L’Europe de l’Est instruite par des siècles de luttes contre l’empire ottoman et par cinquante ans d’occupation soviétique ne veut ni d’une invasion migratoire musulmane ni de la tyrannie de l’UE, ces deux derniers phénomènes étant d’ailleurs liés. L’Autriche et l’Italie sont maintenant gouvernées par des « populistes » et ouvrent peut-être la voie à l’Europe de l’Ouest. En France le mouvement des Gilets Jaunes, sonne la révolte contre l’oligarchie. Sans doute ne dénonce-t-il pas l’invasion migratoire. Mais ne faut-il pas voir dans ce silence une « pensée de derrière » à la Pascal, dont l’« habileté » serait de taire ce qu’on ne peut encore hurler ? Peut-être, tant la crainte de passer pour raciste obère la parole. Pourtant, quels que soient les défauts de ce mouvement et la récupération dont il peut faire l’objet, on peut espérer que sa spontanéité et son origine éminemment populaire marquent le retour de la nation.

    Ce que nous vivons annonce peut-être une de ces secousses historiques dont les effets se mesurent à l’échelle du millénaire. L’Europe occidentale - l’homme malade de l’hémisphère nord - doit s’y préparer sous peine de disparaître. Royaume-Uni, Belgique, Suède, France sont les plus touchés.

    comte-paris-wikipedia.pngDe ces quatre nations sœurs, on peut espérer que la France sera la première à relever l’étendard du sursaut. Mais son système politique souffre d’un grave manque de représentativité. Contrairement aux Italiens, les Français ne peuvent compter sur aucun parti ni aucune alliance propre à renverser l’oligarchie qui gouverne depuis quarante sous l’apparence d’une fausse alternance. C’est d’ailleurs pourquoi le référendum d’initiative populaire demeure la principale revendication des Gilets Jaunes.

    Dans ce combat qui ne sera gagné qu’en retrouvant nos racines, en nous souvenant de notre héritage spirituel, un authentique arbitre serait nécessaire. Or la France a la chance d’avoir la plus vieille famille dynastique d’Europe et pourrait demander à son rejeton d’exercer cette fonction de roi-conscience.

    Puisse ce prince se faire connaître et se déclarer prêt à accomplir sa tâche : lever l’étendard du sursaut, celui de Saint-Denis !   

    Pierre Renucci
    Historien du droit, des institutions et des faits sociaux 

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  • Reconstruire les Tuileries ? Carrément pour !.....

            "Pour" la reconstruction, on l'était déjà "avant"; alors, après l'excellent article du Figaro Magazine du 18 novembre, on ne peut que l'être davantage : la superbe image de synthèse montrant ce que donnerait la restitution du Palais est proprement stupéfiante.....

            Les Russes ont recosntruit leur cathédrale du Christ sauveur, dynamitée par Staline durant les années d'enfer; les Allemands, le Palais des Hohenzollern; les Français doivent, symboliquement, reconstruire le château de Paris : non que ce soit utile en soi, et l'auteur de l'article du Figaro (Léopold Sanchez) a raison de signaler les arguments "contre", avancés par les détracteurs du projet. Bien sûr, Paris ne manque pas de mètres carrés déjà consacrés à l'Histoire et à la culture. Bien sûr, il y a déjà beaucoup d'argent dépensé, et à dépenser pour entretenir d'autres oeuvres d'art, alors en ajouter une de plus....

            Bien sûr, bien sûr.....

            Mais celles et ceux qui avancent ces arguments "contre" n'oublient qu'une chose : le problème n'est pas là, le problème est un problème d'identité, d'Âme, d'Esprit. Le problème, c'est la Mémoire de la France, et de sa ville capitale. Et cette mémoire a été amputée, gravement, lors de la destruction insensée du Palais des Tuileries.

            Et le mouvement qui nous pousse à vouloir militer pour sa reconstruction est le même que celui qui pousse les Russes (qui n'ont pas besoin d'une église de plus) à reconstruire "leur" cathédrale; et les Allemands (qui n'ont pas besoin d'un palais de plus) à reconstruire "leur" palais des Hohenzollern. Nous voulons retrouver "notre" mémoire, notre Histoire, nous rebrancher - on nous passera l'expression... -sur l'une et sur l'autre.

            Quant à craindre qu'on n'arrive pas à faire quelque chose de bien, qu'on ne fasse que de l'à peu près,que ceux qui ont cette crainte aillent à Saint Malo....

            Comme le disait Catherine de Médicis, après avoir tranché, il faut recoudre.....

            Voici l'excellent article de Léopold Sanchez dans Le Figaro Magazine du 19 novembre 2010 :

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    Le palais des Tuileries restitué en images 3D. Voici à quoi le site ressemblerait s'il était toujours en place. Au premier plan, la longue façade ombragée n'existe plus. (Aristeas-Hubert Naudeix)

      Et si on reconstruisait les Tuileries ?

    Le projet de reconstruction des Tuileries est-il une vague rêverie d'historiens réactionnaires ou un projet moderne et séduisant? La polémique soulève les passions.

    Voici plus d'un siècle que le pavillon de Flore et le pavillon de Marsan se font face, de part et d'autre d'un espace vide. Le fait qu'il n'y ait rien à cet endroit rend à la fois inutile et sans cause l'arc de triomphe du Carrousel qui, de majestueux à l'origine, a tourné au dérisoire. Et en plus, cela a fait perdre tout son sens au jardin.»

    La déclaration de Stéphane Millet, président du Comité pour la reconstruction des Tuileries, vient jeter un pavé dans la mare.

    Si l'Etat s'est contenté jusqu'à présent de hausser les épaules, il semblerait que les arguments des opposants à la reconstruction soient en train de se retourner contre eux. La sortie d'un ouvrage savant et neutre sur les Tuileries * montrant, au moyen de restitutions en 3D (société Aristeas), à quoi pourrait ressembler le bâtiment s'il était toujours en place aux extrémités du Louvre, ainsi que la reprise en main du comité militant pour la reconstruction du palais viennent relancer le débat.

    Tout était réuni pour en faire un chef-d'oeuvre : les plus grands architectes, la beauté de la pierre, l'élégance des sculptures, la somptuosité des décors. Ce qui fait dire aujourd'hui aux opposants qu'on ne pourra jamais refaire que de l'à-peu-près ! (Aristeas-Hubert Naudeix)

    Rétablir la perspective sur les Champs-Elysées

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    Tout était réuni pour en faire un chef-d'oeuvre : les plus grands architectes, la beauté de la pierre, l'élégance des sculptures, la somptuosité des décors. Ce qui fait dire aujourd'hui aux opposants qu'on ne pourra jamais refaire que de l'à-peu-près ! (Aristeas-Hubert Naudeix)

    Selon l'ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres: «C'est Maurice Druon qui est à l'origine de ce dossier. En 2005, il est venu me trouver Rue de Valois pour m'exposer ses grandes lignes. Ma réponse, à l'époque, était claire: je m'engageais à le soutenir, à condition que cela ne repose pas sur le budget des Monuments historiques. Il m'a proposé alors un plan de financement, par des partenaires privés, que j'ai trouvé tout à fait viable.»

    L'estimation du coût du projet est alors de 350 millions d'euros. La somme paraît importante, mais selon le représentant du Comité, elle ne représente que «le quart du montant des travaux du Grand Louvre (1,2 milliard d'euros), et on n'aurait besoin que de dix-huit mois pour réunir le budget grâce à une souscription internationale et au mécénat d'entreprise». Toutes les difficultés ne sont pas levées pour autant. A commencer par l'impact de nouveaux aménagements sur la « respiration » de la ville. En effet, il ne serait pas anodin de voir s'élever un lieu nouveau à un endroit clé pour le trafic urbain.

    «Oui et non! réplique Stéphane Millet. On n'est pas encore dans le périmètre du jardin, puisque la grille d'entrée est à une cinquantaine de mètres à l'ouest; ce n'est plus une voie de communication depuis que la liaison berges-Rivoli est souterraine; ce n'est même pas une voie piétonne, vu l'état du sol en cet endroit, où l'on s'est contenté de planter quelques massifs de buis entre deux ou trois statues.» Selon lui, la reconstruction des Tuileries redonnerait au contraire à l'ensemble monumental du Louvre une cohérence sur le plan urbanistique.

    Les détracteurs du projet, en la personne d'Alexandre Gady, professeur des universités et historien de l'architecture, répliquent aussitôt que l'«on va ainsi fermer une perspective vantée dans les dépliants touristiques du monde entier». Il suffit, pour s'en convaincre, de voir le nombre impressionnant de touristes qui s'arrêtent là afin de se faire photographier. Un argument qui a fait long feu aujourd'hui, si l'on en croit les arguments de la défense: «La fameuse perspective sur les Champs-Elysées s'avère une complète illusion, souligne Stéphane Millet, notamment depuis l'érection de la pyramide de Pei à un bout et l'arche de la Défense à l'autre. On a accentué la brisure qui existait, dès le départ, à l'endroit des Tuileries.» Le baron Haussmann avait d'ailleurs prévu cet inconvénient, lorsqu'il déclarait aux partisans de la destruction: «Les ruines des Tuileries font encore obstacle à la vue d'irrégularités que vous allez mettre à découvert.»


    Le 24 mai 1871, il ne restait plus des Tuileries que leur structure de pierre. Incendié par la Commune, comme la plupart des bâtiments officiels de la capitale, le palais ne fut rasé que treize ans plus tard. Un très petit nombre de personnes se prononçait alors pour sa disparition. (Archives nationales)

    Un nouveau palais pour y mettre quoi ?

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    Le 24 mai 1871, il ne restait plus des Tuileries que leur structure de pierre. Incendié par la Commune, comme la plupart des bâtiments officiels de la capitale, le palais ne fut rasé que treize ans plus tard. Un très petit nombre de personnes se prononçait alors pour sa disparition. (Archives nationales)

    Remettre les Tuileries à leur place, aux extrémités du Louvre, redonnerait au contraire son axe à la grande perspective depuis l'arc de triomphe de l'Etoile, qui n'a été placé là par Napoléon Ier que pour faire face au pavillon central des Tuileries. «L'arc du Carrousel, renchérit Stéphane Millet, retrouverait sa fonction de porte d'honneur du palais et ses proportions exactes au milieu du cadre architectural pour lequel il a été créé.» Reste que l'Etat est propriétaire du terrain, et que lui seul peut donner le feu vert au projet. C'est là que le bât blesse !

    Cette ouverture sur le vide a quelque chose d'une amputation, qui n'a pas échappé aux précédents gouvernements. Déjà, en 1882, Jules Ferry, alors ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, soutenait la reconstruction du palais. Il alla même jusqu'à confier à Charles Garnier la mission de plancher sur le sujet. Plus récemment, le général de Gaulle, au lendemain de son élection, avait chargé l'architecte Henry Bernard de réfléchir à une reconstruction, pour servir éventuellement de résidence au chef de l'Etat. Sur le plan technique, s'il ne reste aucune trace visible de ce bâtiment, en revanche ses soubassements sont conservés (entre la voie souterraine et le parking du Carrousel) et ses caves, obstruées lors de la démolition, n'ont jamais été fouillées. D'autre part, ses pierres ont été dispersées un peu partout en France. Stéphane Millet appuie cet argument: «Les plans des Tuileries sont conservés aux Archives, ainsi que les projets de Lefuel pour leur remaniement au XIXe siècle. En ce qui concerne le mobilier, il est précieusement gardé au département des objets d'art du Louvre, ainsi que les tableaux qui étaient aux murs. Quant aux carrières qui ont fourni les pierres du bâtiment, elles sont toujours en activité en Ile-de-France, et la reprise d'un tel projet serait même un ballon d'oxygène pour l'emploi dans une foule de secteurs des métiers d'art.»

    Michel Carmona, directeur de l'Institut d'urbanisme et d'aménagement de la Sorbonne, abonde en ce sens: «La reconstruction d'un monument de cette ampleur pourrait faire l'objet d'un chantier-école pour les métiers d'art, que l'on pourrait même envisager en collaboration avec la chambre des métiers.»

    Vingt mille mètres carrés qui s'ouvriraient à l'exploitation en plein cœur de Paris, à un moment où le Louvre manque de place pour exposer de nouvelles collections entreposées dans ses réserves, et où il cherche de nouveaux lieux pour les mettre à l'abri du danger d'une crue de la Seine, ne serait-ce pas une aubaine? Même si le palais reconstruit devait conjuguer d'autres fonctions, comme celle de centre de congrès ou de lieu nouveau pour des événements internationaux... Les projets ne manquent pas.

    Reste que l'Etat a d'autres chats à fouetter actuellement. Comme le souligne Renaud Donnedieu de Vabres, «avec 40.000 édifices publics (soit 50% des monuments historiques européens), l'Etat est déjà responsable d'un patrimoine architectural considérable». Et au moment où les pouvoirs publics essayent de se débarrasser de cette énorme charge financière, leur ajouter 20.000 mètres carrés de salles et de salons, de couloirs et d'escaliers, ce n'est pas très raisonnable. «On a besoin de restaurer et d'entretenir notre magnifique patrimoine, non de faux monuments, plaide Alexandre Gady. Une reconstruction "à l'identique" (d'ailleurs impossible) impliquerait de détruire partiellement les pavillons de Flore et de Marsan. Cela n'a pas de sens! Pourquoi pas aussi reconstruire Lutèce sur l'île de la Cité? »

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    Vue du pavillon central, du côté de la place du Carrousel. (Aristeas-Hubert Naudeix)

    Un témoin absent de l'histoire nationale

    Cette position est bien caractéristique des archéologues et historiens, mais aussi d'un grand nombre d'opposants, comme Claude Mignot, professeur à la Sorbonne ou Philippe Belaval, directeur des patrimoines au ministère de la Culture : «Au moment où chacun a le sentiment qu'il y a des besoins énormes, tant en restauration qu'en conservation du patrimoine, se tourner vers un tel projet me semble un peu léger.» Même si c'est une belle idée !

    Or, toute belle idée en France soulève les passions, à plus forte raison lorsqu'elle est liée à l'histoire du pays. Pour le commun des mortels, le nom de Tuileries évoque aujourd'hui un simple jardin ! Combien de gens savent qu'au-delà des plus grands architectes, comme Philibert Delorme, Bullant, Androuet du Cerceau, Le Vau, Percier, Fontaine qui, depuis la Renaissance, ont contribué à faire de ce palais un lieu de prestige, c'est ici que se sont tournées certaines des pages les plus déterminantes de notre histoire.

    C'est aux Tuileries que Beaumarchais créa son Barbier de Séville en 1775 ; que Mozart joua pour la première fois sa symphonie n° 31, dite Parisienne, en 1778 ; que fut renversée la monarchie. Ici que furent mis en application les principes fondateurs de la République: les droits de l'homme, la souveraineté du peuple, la notion contemporaine de l'Etat. Que d'événements en moins d'un siècle, entre 1789 et 1870 ! Le séjour surveillé de la famille de Louis XVI, la fuite à Varennes, la conspiration des poignards, le sac du palais par le peuple, les séances de la Convention, les splendeurs du premier puis du second Empire... jusqu'à l'anéantissement par la Commune, le 24 mai 1871, et l'arasement total des Tuileries, en 1884. Comme si l'on avait voulu effacer la mémoire de ce monument au cœur de Paris.

    *Le Palais des Tuileries, de Guillaume Fonkenell, Editions Honoré Clair, 224p., 49€.

    Annexe : Où peut-on voir des restes des Tuileries?

    - Les jardins de la Villa Magali, à Saint-Raphaël, où sont conservés quarante fragments du palais.

    - La Fondation Foch, à Suresnes.

    - Dans la cour de l'Ecole des ponts et chaussées, Paris VII e .

    - Dans les jardins du musée Carnavalet et rue Payenne, Paris III e .

    - Dans le petit musée lapidaire de l'Ecole des beaux-arts, Paris VI e .

    - Le château de La Punta, à Alata, en Haute-Corse, construit avec les vestiges du pavillon central et qui menace ruine aujourd'hui.

    - Dans le jardin des Tuileries, bien sûr...

  • Mieux connaître, pour mieux comprendre et mieux évaluer... : Regards croisés sur l'Islam (V)

                 Un oriental -intellectuel saoudien- parle de l’occident….: "...La civilisation occidentale a libéré l'être humain...sans tout ce que l'Occident a accompli, nos vies seraient stériles...."

                 Dans un entretien paru le 23 avril 2009 dans le quotidien saoudien Okaz, le penseur réformiste Ibrahim Al-Buleihi fait part de son admiration pour la civilisation occidentale. L'interview a été mise en ligne le jour même sur le site progressiste arabe Elaph.

                 Al-Buleihi appelle les Arabes à reconnaître la grandeur de la civilisation occidentale et à admettre les insuffisances de leurs propres cultures. Il estime que l'autocritique est la condition de toute évolution positive.

                Ibrahim Al-Buleihi est membre du Conseil saoudien de la Shura. 

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    Title of video : Former Saudi Shura Council Member Ibrahim Al-Buleihi
    "The Arab is incapable of individual thinking..."

                 Extraits de l'entretien:

    Okaz : Je vais commencer par la question cruciale de ce qui distingue votre façon de penser - que vos adversaires évoquent systématiquement contre vous: votre éblouissement face à l'Occident, alors que vous dévaluez complètement la pensée arabe. C'est vraiment le caractère le plus distinctif de vos écrits. L'auto-flagellation y est présente à un point extrême. Comment l'expliquez-vous ?

    Buleihi : Mon attitude face à la société occidentale se base sur des faits indéniables et ses grandes réussites. Nous sommes en présence d'une réalité aux nombreuses composantes merveilleuses et étonnantes. Cela ne signifie pas que je sois aveuglé. Mais j'ai très exactement l'attitude contraire de ceux qui nient et ignorent les lumières vives de la civilisation occidentale. Regardez donc autour de vous… Vous vous apercevrez que tout ce qui est beau dans nos vies nous vient de la civilisation occidentale. Même le stylo que vous tenez dans votre main, l'enregistreur en face de vous, la lampe de cette pièce et le journal pour lequel vous travaillez, et d'innombrables agréments supplémentaires, qui sont comme des miracles pour les civilisations anciennes… Sans tout ce que l'Occident a accompli, nos vies seraient stériles. Je ne fais que poser un regard objectif [sur la réalité], estimant à sa juste valeur ce que je vois et l'exprimant honnêtement. Ceux qui n'ont pas d'admiration pour le beau sont démunis de sensibilité, de goût et de sens de l'observation.

                La civilisation occidentale a atteint le summum de la science et de la technologie. Elle a apporté la connaissance, le savoir-faire, de nouvelles découvertes, comme aucune autre civilisation avant elle. Les réalisations de la civilisation occidentale couvrent tous les domaines: la gestion, la politique, l'éthique, l'économie et les droits humains. C'est un devoir de reconnaître son étonnante excellence. C'est en effet une civilisation digne d'admiration. (…) Le retard horrible dans lequel vivent certaines nations est le résultat inévitable de leur refus de [l'apport occidental] et de leur attitude consistant à se réfugier dans le déni et l'arrogance.

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     "La civilisation occidentale a atteint le summum de la science et de la technologie..."
     

    Okaz : Monsieur, vous pouvez admirer cette civilisation tant que vous le voulez, mais pas aux dépens des autres, notamment de notre civilisation.

    Buleihi : Mon admiration pour l'Occident ne s'exprime pas aux dépens des autres. Elle invite ces autres à admettre qu'ils se sont leurrés, à surmonter leur infériorité et à se libérer de leur retard. Ils devraient admettre leurs défauts et faire l'effort de les surmonter. Ils devraient cesser de nier les faits et de tourner le dos à la multitude des merveilleux succès [occidentaux]. Ils devraient se montrer justes à l'égard de ces nations qui ont su se rendre prospères, sans pour autant monopoliser la prospérité, faisant profiter le monde entier des résultats de leurs progrès, de sorte qu'aujourd'hui d'autres nations dans le monde en bénéficient. La civilisation occidentale a apporté au monde la connaissance et le savoir-faire qui ont permis aux nations non occidentales, de rivaliser avec sa production et de partager des marchés avec elle. Critiquer ses propres insuffisances est nécessaire pour évoluer positivement. En revanche, glorifier la léthargie revient à encourager et asseoir le retard, à resserrer les chaînes de l'apathie et à empêcher [l'expression de] la capacité à exceller. Le retard est une réalité honteuse qui devrait nous déplaire et dont nous devons nous libérer.

    Okaz : C'est peut-être le cas, et je vous suis dans cette exigence, mais, Monsieur, pourriez-vous résumer pour nous les raisons de votre admiration de la culture occidentale, afin que nous ayons une base de discussion ?

    Buleihi : Il n'y a pas une, mais mille raisons qui me poussent à admirer l'Occident et à souligner son excellence absolue dans tous les domaines. La civilisation occidentale est la seule qui ait su libérer l'homme de ses illusions et de ses chaînes. Elle a reconnu son individualité et lui a fourni des capacités, la possibilité de se cultiver et de réaliser ses aspirations. Elle a humanisé l'autorité politique et établi des mécanismes garantissant une égalité et une justice relatives, prévenant l'injustice et modérant l'agression. Cela ne veut pas dire que c'est une civilisation sans défaut ; elle en a même beaucoup. C'est toutefois la plus grande civilisation humaine de l'histoire. Avant elle, l'humanité était en prise avec la tyrannie, l'impuissance, la pauvreté, l'injustice, la maladie et la misère.

                  C'est une civilisation extraordinaire, sans être l'extension d'aucune civilisation ancienne, à l'exception de la civilisation grecque, source de la civilisation contemporaine. J'ai donné le dernier coup de plume à un ouvrage sur ce grand et extraordinaire saut de civilisation, intitulé "Changements qualitatifs dans la civilisation humaine". La civilisation occidentale est son propre produit et ne doit rien à aucune autre civilisation, hormis la civilisation grecque (…) Elle a redonné vie aux réalisations des Grecs dans les domaines de la philosophie, la science, la littérature, la politique, la société, la dignité humaine, le culte de la raison, tout en reconnaissant ses défauts et ses leurres et en soulignant le besoin constant de critique, de réévaluation et de corrections.

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    Aristote, le Parthénon...:
    "...C'est une civilisation extraordinaire, sans être l'extension d'aucune civilisation ancienne, à l'exception de la civilisation grecque, source de la civilisation contemporaine..."
     
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    Okaz : En parlant ainsi, vous effacez complètement tous les efforts créatifs des civilisations qui ont précédé, telle la civilisation islamique, car vous affirmez que l'Occident ne lui doit rien.

    Buleihi : Et pour cause: elle ne lui doit rien, pas plus qu'à aucune autre civilisation avant elle. La civilisation occidentale trouve ses fondements dans la Grèce des VIème et Vème siècles avant J.C. Elle a connu un temps d'arrêt au Moyen-Âge, avant de reprendre son évolution aux Temps modernes, en profitant à toutes les nations. Elle est vraiment extraordinaire dans tous les sens du mot: en termes d'excellence, d'unicité, de nouveauté (…) Elle a des composantes et des qualités qui la distinguent de toutes les civilisations qui l'ont précédée ou suivie. Elle est le produit d'un enseignement philosophique inventé par les Grecs. Les Européens ont pris pour base ce mode de pensée, notamment le mode de la critique, qui leur a permis de développer la connaissance objective, toujours ouverte à la réévaluation, à la correction et au progrès (…).

    Okaz : Certains penseurs occidentaux ont écrit que la civilisation occidentale est une extension des civilisations précédentes. Comment vous, Arabe musulman, pouvez-vous le nier ?

    Buleihi : En passant en revue les noms des philosophes et savants musulmans dont la contribution à l'Occident est reconnue par les écrivains occidentaux, tels Ibn Rushd, Ibn Al-Haytham, Ibn Sina, Al-Farbi, Al-Razi, Al-Khwarizmi et leurs semblables, nous découvrons que c'étaient tous des disciples de la culture grecque et qu'ils se tenaient en marge du courant [islamique] dominant. Ils étaient et continuent d'être ignorés par notre culture. Nous avons même brûlé leurs livres, les avons harcelés, avons mis la population en garde contre eux, et nous continuons de les considérer avec suspicion et aversion. Comment pouvons-nous nous enorgueillir de personnes que nous avons écartées et dont nous avons rejeté la pensée ? (…)

                 Quant à la question du développement culturel, il existe deux approches: selon l'une d'entre elles, la civilisation est le produit d'un processus cumulatif. Cette approche est toutefois contredite par les faits historiques. Selon l'autre approche, un changement quantitatif ne peut jamais conduire à un changement qualitatif, sauf quand un bond extraordinaire est réalisé. C'est sans conteste la bonne approche, que j'ai adoptée. La quantité ne peut se transformer spontanément en qualité (…)

    La civilisation occidentale (…) est la seule qui continue de se développer, qui se réévalue constamment, se corrige et effectue en permanence de nouvelles découvertes

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                  La seule civilisation qui possède les ingrédients du progrès perpétuel est la civilisation occidentale, avec ses fondements grecs et son étonnante configuration contemporaine (…) La civilisation occidentale estime que nul ne détient la vérité absolue et que la perfection est impossible à atteindre, donc l'homme doit s'efforcer de l'atteindre tout en sachant qu'il n'y arrivera pas. C'est ainsi la seule civilisation qui continue de se développer, qui se réévalue constamment, se corrige et effectue en permanence de nouvelles découvertes (…)

    Okaz : Permettez-moi de vous interroger sur votre fascination totale pour la culture occidentale.

    Buleihi : La lumière de cette civilisation est très forte et il faut être aveugle pour ignorer sa luminosité. Toute personne douée de vue et de discernement ne peut qu'être fasciné (…) Il faut reconnaître le mérite de ceux qui en ont. Une autre civilisation a-t-elle rêvé avant elle à ces révélations époustouflantes, ces sciences exactes et ces technologies complexes ? Les générations précédentes ont-elles imaginé la possibilité d'ouvrir le torse ou la tête pour effectuer des opérations compliquées du coeur et du cerveau ? Pouvaient-elles imaginer une [aussi] profonde compréhension de la cellule vivante et de sa genèse… Ont-elles imaginé les avions, les voitures et les innombrables inventions de cette civilisation ? Voudriez-vous que nous nous remettions à écrire sur des parchemins et des papyrus, à user des bâtons de bois à la place de stylos et à monter à dos d'âne ?

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    Okaz : Désolé, mais personne ne vous demande de revenir à l'époque des ânes. Il est toutefois nécessaire de prononcer ses jugements historiques de façon juste et équilibrée. Vous dites qu'il faut "reconnaître le mérite de ceux qui en ont", mais, dans les faits, vous n'accordez aucun crédit à tout ce qui a existé avant la civilisation occidentale, et alors que tout le monde reconnaît le caractère cumulatif des accomplissements humains, vous niez cet axiome quand il s'agit des réalisations occidentales.

    Buleihi : L'humanité a passé des milliers d'années à ruminer les mêmes idées et à vivre dans les mêmes conditions, en se servant des mêmes outils et instruments. Elle aurait pu s'éterniser ainsi sans l'émergence de la pensée philosophique en Grèce, aux VIème et Vème siècles avant J.C. Le niveau actuel des progrès de la civilisation ne peut être le résultat d'une [simple] accumulation: c'est plutôt le résultat de grandes réalisations dans les domaines de la pensée, de la science, de la politique, de la société et du travail. (…)

                Ce qui sort l'homme de sa routine, c'est la lutte des idées, la liberté de choix et l'égalité des chances. La meilleure preuve en est qu'un grand nombre de gens aujourd'hui vivent dans une société profondément rétrograde, malgré la disponibilité de la science, de la technologie et des idées. Ils sont témoins de la prospérité et malgré cela, ces peuples rétrogrades sont incapables d'abandonner leurs tranchées et de se libérer de leurs chaînes. En d'autres termes, ils sont incapables d'imiter les peuples prospères, se trouvent dans l'incapacité totale d'inventer et d'initier.

    Okaz : Il y a une question cruciale à ce débat: par "civilisation", entendez-vous uniquement son aspect matériel ?

    La plus grande réussite de la société occidentale est d'avoir humanisé son autorité politique, d'avoir séparé les pouvoirs, établi et maintenu un équilibre des pouvoirs. La civilisation occidentale a accordé la priorité à l'individu

    Buleihi : La plus grande réussite de la société occidentale est d'avoir humanisé son autorité politique, d'avoir séparé les pouvoirs, établi et maintenu un équilibre des pouvoirs. La civilisation occidentale a accordé la priorité à l'individu et subordonné ses institutions, lois et procédures à ce principe, tandis que dans la civilisation ancienne, l'individu [n'] était [qu'] une dent dans l'engrenage.

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    Okaz : Une dent dans l'engrenage ? Vous pensez que cela est vrai aussi de la civilisation islamique ?

    Buleihi : Nous faisons clairement la distinction entre l'islam et ce que les gens font en son nom. Les grands principes de l'islam et ses doctrines sublimes qui insistent sur la valeur et la dignité humaines n'ont pas eu l'occasion de prendre forme. Depuis l'époque des califes bien guidés, l'histoire arabe a éradiqué l'individualité de l'homme et sa valeur s'est retrouvée liée à ses affiliations politiques, religieuses ou tribales (…) La seule civilisation qui reconnaît et respecte l'homme en tant qu'individu est la société occidentale (…) Le comportement [humain], dans tous les domaines, ne découle pas d'enseignements, mais de la pratique et de l'expérience sur le terrain (…)

    Okaz : L'histoire arabe de bout en bout, selon vous ?

    Buleihi : Oui, toute l'histoire arabe se distingue par cet aspect lugubre, mises à part la période des califes bien guidés et d'autres périodes discrètes comme celle du règne d'Omar ibn Abdel Aziz. On ne doit pas confondre les sublimes principes et doctrines de l'islam avec son histoire, remplie d'erreurs, de transgressions et de tragédies. Quand les Abbasides triomphèrent des Omeyyades, ils couvrirent les cadavres de tapis, faisant la fête sur les corps en signe de vengeance. Quand [le calife] Al-Ma'mum eut battu son frère Al-Amin, il lui ôta la peau des os comme

  • Les Mercredi de la Nar reprennent le 9 octobre : invité, François Gerlotto...

    nar.jpgLES MERCREDIS DE LA NAR :

    A Paris, chaque mercredi, débat avec un conférencier, personnalité politique ou écrivain.

    La conférence commence à 20 heures très précises (accueil à partir de 19 h 45 - Entrée libre, une participation aux frais de 2 € est demandée), elle s'achève vers 22 h. 
    Un dîner amical est alors servi pour ceux qui désirent poursuivre les discussions (participation aux frais du dîner : 7 €).

    Au siège, 38, rue Sibuet 75012 Paris, Métro: Picpus, Bel-Air (ligne 6). Tél : 01 42 97 42 57 - Courriel : info@nouvelle-action-royaliste.fr
     

    Mercredi 9 Octobre : Invité, François Gerlotto, pour son ouvrage CATACLYSME OU TRANSITION ? : L'ÉCOLOGIE AU PIED DU MUR

     

    Directeur de recherche en écologie marine, François Gerlotto a longtemps publié dans “Royaliste” des articles sur l’écologie et sur l’actualité scientifique sous le pseudonyme de François Villemonteix avant de signer depuis peu sous son nom. Notre collaborateur, membre du Conseil national de la NAR, a publié cet été un livre qui rassemble ses observations et réflexions : “Cataclysme ou transition ? : L'écologie au pied du mur”.

    Entre les annonces apocalyptiques et la négation radicale de l’urgence écologique, il est impossible de faire un choix raisonné car les discours antagonistes ont une base scientifique faible ou inexistante. C’est à partir d’une connaissance précise des phénomènes démographiques et climatiques qu’il est possible d’anticiper des bouleversements qui ne menacent pas la planète, comme on le dit trop souvent, mais notre civilisation. Il est encore possible de répondre à l’urgence écologique mais à des conditions politiques qui seront explicitées par notre invité.

    Il sera possible d’acquérir le livre sur place (16 €). Ou sur notre site internet : http://nouvelle-action-royaliste.fr/boutique/presentation/editions-nar/cataclysme-ou-transition (19,80 € frais de port compris).

  • Assassinat des humanitaires français : explications, par Bernard Lugan.

    Source : http://bernardlugan.blogspot.com/

    L’attaque qui s’est produite le dimanche 9 août au Niger, à l’est de Niamey, dans le cercle de Kouré, et qui a coûté la vie à huit personnes, dont six Français de l’organisation humanitaire ACTED, appelle les réflexions suivantes :

    bernard lugan.jpg- La zone de l’embuscade est située au Niger, hors périmètre opérationnel actuel de Barkhane, dans une zone  connue de repos et de transit des groupes terroristes. Il est donc pour le moins inconcevable que des irresponsables locaux aient autorisé des ONG à s’y aventurer…pour y observer des girafes…

     

    - Cette zone est située à l’est de la région dite des « Trois frontières », actuel épicentre du terrorisme où Barkhane vient de remporter de puissantes victoires. La vie leur y étant rendue de plus en plus difficile, les GAT (Groupes armés terroristes)  étendent donc leur champ opérationnel plus à l’est.

     

    - Nous sommes face à une réorganisation des groupes terroristes qui se traduit par une surenchère. Depuis plusieurs semaines, les groupes jihadistes se combattent en effet dans la BSS (Bande sahélo-saharienne) où un conflit ouvert a éclaté entre l’EIGS (Etat islamique dans le Grand Sahara), rattaché à Daech, et les groupes se réclamant de la mouvance Al-Qaïda, l’EIGS accusant ces derniers de trahison.

     

    En réalité, les deux principaux chefs ethno-régionaux de la nébuleuse Al-Qaïda, à savoir le Touareg ifora Iyad Ag Ghali et le Peul Ahmadou Koufa, chef de la Katiba Macina, négocient actuellement avec Bamako ce qui provoque la fureur de l’EIGS qui cherche par des actions spectaculaires, à attirer à lui les déçus d’Aqmi.

     

    Si elle était couronnée de succès, la stratégie du saucissonnage des groupes terroristes verrait le retour dans le jeu politique des Touareg ralliés au leadership d’Iyad ag Ghali, et des Peul suivant Ahmadou Koufa. Cela permettrait donc de concentrer tous les moyens sur l’EIGS dans la « Région des trois frontières ». Voilà pourquoi ce dernier cherche de nouveaux terrains d’action…et notamment dans la zone de Kouré. Tous ceux qui connaissent un minimum le terrain le savent. Pas les  ONG…


    Pour ne pas s’en tenir à l’écume journalistique des évènements qui ensanglantent la BSS, mais pour, tout au contraire, en connaître les causes profondes ainsi que leur évolution sur la longue durée, il est essentiel de se reporter à mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours.

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  • Sur la page FB de nos amis du GAR : Pourquoi être royalistes aujourd'hui ?

    La réponse du Groupe d’Action Royaliste (partie 1 : l’état des lieux, un peu désabusé...)
     
    Aujourd’hui, malgré les efforts des militants monarchistes de toutes tendances et les nombreuses publications écrites comme audiovisuelles de notre Groupe d’Action Royaliste, le royalisme lui-même semble presqu’invisible aux yeux de nos contemporains, baignés dans l’ambiance distractionnaire de la société de consommation, jadis rebaptisée (avec une certaine prescience) “consom-nation” par Louis Pauwels.

     
    Cela se traduit par une marginalisation évidente dans le paysage politique français, aujourd’hui monopolisé par les tenants du “tout démocratique” et du “politiquement correct”, de Mélenchon à Le Pen, en passant par Macron ou Hidalgo. Cette situation gêne, il faut bien le reconnaître, la perception des idées royalistes, trop souvent limitée, dans l’esprit de nos concitoyens, à quelques mondanités ou à des anecdotes, mélanges d’activisme et de folklore...
     
    Pourtant, au moment où la Ve République doit affronter les défis de la globalisation et de la logique globalitaire (néolibéralisme, idéologie consumériste, démocratisme élitaire...), mais aussi les effets d’une série de crises (sociale, sanitaire, géopolitique même) ; au moment où les intelligences les plus vives ressentent un “malaise de civilisation” (prémisses d’une crise de civilisation ?), l’idée d’une instauration monarchique, si elle apparaît certes lointaine (autant dans le passé que pour l’avenir), doit revenir dans le champ des possibles : la Monarchie royale, au regard des données politiques et institutionnelles actuelles, reste (et sans doute, de manière plus précise, redevient) nécessaire pour notre nation aujourd’hui moins sûre d’elle-même (malgré l’agitation macronienne) et fragilisée par des forces externes (diplomatie états-unienne de Biden, règlementarisme européen, activisme ottoman en Méditerranée...) et internes (ethno-nationalismes séparatistes, communautarisme religieux ou sociologiques, « politiquement correct »...)
  • D'accord avec ces Gilets jaunes...

     Nos 8 doléances

    "Nous rentrerons chez nous quand ces mesures seront appliquées

    1. Nous voulons de la démocratie directe à tous les niveaux. Nous voulons un gouvernement d’union nationale avec une régence d’exception pour éviter que les partis politiques, qui sont disqualifiés, n’instrumentalisent notre détresse et notre colère.

    2. Nous voulons une baisse de 20% de toutes les taxes et les charges touchant la classe moyenne, les travailleurs pauvres et les entrepreneurs. Baisser ces taxes, c’est monter nos salaires. Nous voulons une action immédiate pour taxer ce qui vaut la peine d’être taxé : les GAFA et les transactions financières.

    3. Nous voulons que la France arrête de vivre au-dessus de ses moyens et arrête d’accueillir la misère du monde parce qu’elle et déjà dans la misère avec ses millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Nous voulons une immigration choisie, qui ne nous détruise pas culturellement. Nous demandons ainsi un retrait du pacte de l’immigration de l’ONU.

    4. Nous voulons une relocalisation de toutes les décisions dans les régions, les villes et les communes. L’Etat et ses fonctionnaires à Paris ne sont pas qualifiés pour décider de l’avenir de nos communes.

    5. Nous voulons une sortie de la PAC qui corrompt nos agriculteurs en n’allouant ses aides qu’aux productivistes et aux empoisonneurs répandant le cancer en France. Nos impôts ne doivent en aucun cas servir à financer Bayer-Monsanto.

    6. Nous voulons la création de barrières commerciales pour empêcher l’Allemagne de nous vendre des produits fabriqués en Roumanie, sous le label "Deutsche Qualität" et d’ainsi détruire nos emplois.

    7. Nous voulons le retrait de toutes les aides à la presse pour une vraie séparation des pouvoirs médiatiques et politiques.

    8. Nous voulons une action immédiate pour arrêter l’intégration dans l’Europe car elle ne se construit que sur la ruine des petites gens.

     

    lafautearousseau approuve, et signe des deux mains...

  • De la lutte intestine à la Guerre civile

    Le nouveau préfet de police de Paris, Didier Lallement. La mission est claire : casser la rue.

    Par Hilaire de Crémiers 

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    Les décisions macroniennes sont de plus en plus risquées. Jusqu’où ?

    Macron joue au chef. Comme un adolescent à la tête d’une bande. Il fait tomber des têtes ; c’est sa méthode.

    Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, son directeur de cabinet, Pierre Gaudin, le directeur de la Sécurité de proximité de l’agglomération parisienne, Frédéric Dupuch, l’ont appris à leurs dépens. Motif invoqué de ces limogeages en série qui en annoncent d’autres plus discrets mais tout aussi violents : de graves dysfonctionnements dans la chaîne de commandement lors des manifestations du samedi 16 mars pour l’acte XVIII des Gilets jaunes. Ce discours aux « éléments de langage » convenus fut tenu dès le soir de ce même samedi, divulgué sur toutes les ondes et repris publiquement par le Premier ministre, Edouard Philippe, sur un ton sec et impérieux, officialisant les destitutions-sanctions, dès le lundi 18 mars. Sévérité foudroyante qui, devant les débris fumants des pillages qui avaient dévasté les Champs-Élysées, devait manifester clairement la droite et exigeante conscience des plus hautes autorités de l’État : l’ordre républicain n’était pas négociable.

    Hypocrite explication

    le-fouquet-s-samedi-16-mars-photo-zakaria-abdelkafi-afp-1553367166.jpgLe ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner ne se serait rendu compte de la gravité des faits que le soir du même samedi 16 mars vers 17 heures passées, après le saccage du Fouquet’s. Eh oui, ce n’est qu’alors, qu’il aurait compris que « ses instructions de la plus grande fermeté » n’avaient pas été exécutées, obligeant le chef de l’État, son ami, son patron, pour ne pas dire son parrain, à revenir de toute urgence de la station de ski des Pyrénées où il pensait s’offrir en toute tranquillité avec Brigitte, loin des Gilets jaunes, deux jours de détente bien méritée. Un sabotage, quoi, et qui expliquait tout ! « Un échec », avouait devant micros et caméras, avec la modeste ingénuité d’un truand repenti, notre Castaner national, lui qui se sent – il l’a fait savoir solennellement – toujours en service de haute vigilance, même au-delà de minuit, même au plus profond des boîtes de nuit, même après moult verres de vodka, même dans les bras câlins d’une jeune collaboratrice de ses précédentes fonctions.

    Se faire « avoir » comme ça, en pleine journée et dans l’exercice de ses fonctions ! Car il était bien à la manœuvre dès le matin place Beauvau avec son état-major, n’est-ce-pas ? Son propos mêlait l’indignation, l’amertume et le regret ; il sentait la plus scandalisée des sincérités ! Faut-il se souvenir que ce ministre hors norme, si avisé, a commencé sa carrière à 18 ans dans le poker-menteur, sa première spécialité et son premier gagne-pain, en même temps qu’au parti socialiste, ce qui s’accommode fort bien, y jouant comme dans un tripot avec ses petits camarades de la sociale ? Le PS du Midi de l’époque est un solide repaire…, tout comme celui du Nord, d’ailleurs : le truandage érigé en principe vital et en norme politique ! Faut-il aussi rappeler qu’il attrapa vite du galon dans le cours parallèle de ces deux genres d’activités avec leurs multiples ramifications qui se ressemblent tant, se recoupent et qui exigent le même talent, le même boniment et le même entrain ? Et, certes, notre Castaner n’en manquait pas.

    D’un côté il était lié au caïd du grand banditisme Christian Oraison, de la redoutable Dream Team, dit « le Grand Blond », abattu pour règlement de compte en 2008 à Manosque, – « mon grand frère, mon protecteur », avait-il déclaré publiquement non sans émotion, avec cette pudeur d’un ancien enfant de chœur qui cherche à exprimer sa reconnaissance ; et l’envie ne manque pas de s’interroger en quoi pouvait se cultiver une telle intimité. De l’autre côté, simultanément, il s’inséra vite dans l’appareil du parti, en commençant par l’UNEF à l’imitation de tant d’anciens grands pontes de ce socialisme justicier qui ont su y commencer leur petite fortune avant de parvenir aux sommets de la République ; et, toujours comme eux, il accéda donc dans la foulée aux cabinets ministériels qui lui ouvrirent la voie électorale et politicienne à laquelle il aspirait de tout son être. Et voilà, depuis deux ans, qu’au bout de ces itinéraires prometteurs il débouche enfin, et comme de droit, dans la macronie qu’il va diriger dès 2017 avec toute la confiance du patron qui est aussi – ne l’oublions pas – celui de Benalla ; et c’est de là qu’il s’élance sur la trace des Defferre et des Pasqua, à l’instar d’un Vidocq, jusqu’au poste de premier flic de France. Chapeau !

    7794918539_le-ministre-de-l-interieur-gerard-collomb-le-19-septembre-2018-a-paris.jpgDepuis le mois de novembre, Collomb s’étant judicieusement esbigné, c’est donc lui qui fait face à la révolte des Gilets jaunes. On sait suffisamment comment des groupes de casseurs s’en mêlèrent sans que jamais il ne fut apparemment possible de les cerner ni de les empêcher de nuire pour permettre aux Gilets jaunes de manifester selon le droit. Dès le mois de décembre, après les incidents de l’Arc de Triomphe, Castaner peut donc amalgamer dans son discours officiel casseurs et Gilets jaunes, prenant les dispositions en conséquence et justifiant la répression avec tous les moyens, dont les lanceurs de balles de défense (LBD 40) – il en a même expliqué l’usage aux enfants des écoles ! – et les grenades à effet de souffle, dites de désencerclement (GLI-F4). Le but politique était si évident que personne, ni à droite ni à gauche, ni surtout dans la police, n’en était dupe.

    Vers la guerre contre le peuple

    Que s’est-il passé le 16 mars ? Véritablement ? Laurent Nuñez, le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, ancien préfet des Bouches-du-Rhône, ancien directeur général de la Sécurité intérieure (DGSI) qui, lui, est un professionnel de l’ordre public et placé, d’ailleurs, à cet effet à ce poste pour pallier les carences de Castaner, a prétendu fournir des explications, mais, à bien les écouter, c’était sans vraies précisions. Il paraît que l’enquête est en cours pour évaluer le niveau des défaillances. En fait, en bon fonctionnaire qui se veut efficace, il couvre son ministre, l’autorité politique et, au-dessus, Emmanuel Macron.

    1040304969.png« Des instructions de retenue » auraient été données aux forces de l’ordre au rebours « des directives offensives » du ministre. Frédéric Dupuch a fait circuler une note – sans même en référer au préfet de police, précise-t-on – engageant à un usage plus modéré des LBD, ce qui, en soi, étant donné les risques graves encourus, les nombreuses blessures et plaintes ainsi que les condamnations sans appel des instances supranationales, se comprend parfaitement. Et d’autant plus que la direction de la Sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) avait créé après le 1er décembre les détachements d’action rapide (DAR) à qui revenaient les interpellations sur le tas et la sécurité des manifestations. Il y avait ainsi deux centres opérationnels. Soit. C’était une garantie de pondération ; et il y avait un commandement unique qui restait sous les ordres de Beauvau et de l’Élysée. Mais l’Élysée et Beauvau ne veulent plus qu’une seule machine unifiée de répression et il faut donc mettre au pas la grande maison de la Préfecture de Police qui a ses structures, ses habitudes et ses logiques qui lui viennent de son histoire et de sa connaissance des situations. La crise permet donc à Macron – et à Castaner sous ses ordres – de régler la question de la sécurité et de l’ordre public comme sont réglées toutes les autres questions de finances, de politique, de société : tout pouvoir entre les mains de l’exécutif en la personne du président de la République. C’est simple… et c’est fou.

    La nomination de Didier Lallement, l’ancien préfet d’Aquitaine, comme préfet de police de Paris correspond exactement à cette politique. L’homme est connu pour son tempérament et son ambition. Ce sera le tout répressif. Et la mobilisation des soldats de l’opération Sentinelle – malgré les dénégations macroniennes – relève de la même conception, dans la grande tradition républicaine de la Révolution, des Cavaignac, des Thiers, des Clemenceau, ce dernier étant invoqué par Castaner et Macron comme le modèle. Pourquoi pas le 6 février 34 ?

    La liquidation de Delpuech sans fioriture satisfait en outre l’assouvissement d’une vengeance froide de l’Élysée ; il était, en effet, l’un des rares témoins devant la commission d’enquête du Sénat sur l’affaire Benalla à n’avoir pas menti sous serment pour couvrir l’Élysée et à avoir dénoncé « des copinages malsains ». Une telle indépendance méritait sa sanction !

    Et le samedi 16 mars ? Ceux qui ont observé la manifestation ont parfaitement remarqué dès le matin 11 heures les groupes de black blocs avec leurs accoutrements cagoulés caractéristiques, leurs drapeaux rouges et noirs, leurs slogans propres se revendiquant de l’anticapitalisme. À Saint-Lazare, à Saint-Augustin, rue La Boétie, à Saint-Philippe du Roule, ils étaient distincts de la foule des Gilets jaunes, en tête ou en queue. Ils n’étaient pas 1 800 comme l’affirme Castaner. Quelques centaines, tout au plus. Il fallait les arrêter, eux et eux seuls, à ce moment-là. Ce n’était rien du tout.

    89950_black-bloc-marx.jpgL’opération n’a pas été faite. Beauvau commandait. Une fois les Champs-Élysées gagnés, les black blocs étaient les maîtres. La préfecture n’y pouvait plus rien ; elle ne pouvait que chercher à limiter la casse dans Paris.

    Il appartient au Sénat de poursuivre ses enquêtes. C’est pourquoi la Chambre haute est devenue l’ennemi N°1 de l’Élysée. Macron a réussi à instituer une violente lutte intestine, jusqu’au sein même des institutions. Gare à toutes les guerres civiles qui peuvent se déclencher dans le désordre généralisé qui s’installe. Ce n’est pas son grand débat ni sa lettre aux citoyens d’Europe, ni ses sermons indéfinis, y compris aux intellectuels, qui changeront quoi que ce soit à un mauvais rapport de force qu’il a érigé en système de gouvernement. Plus personne en Europe ne le prend au sérieux, pas même les Allemands qui l’ont clairement signifié ! Le peuple français dans ses profondeurs ne le supporte plus, dût-il gagner les élections européennes par subterfuge. Lui et son Castaner feraient bien d’y réfléchir à deux fois. Il serait temps de mettre fin à l’expérience avant le désastre.   

    Hilaire de Crémiers

  • EDITORIAL de la Lorraine royaliste, gou­ver­ner par la peur ?, par Philippe SCHNEIDER.

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    Macron parle, le gou­ver­ne­ment s’agite, les Fran­çais souffrent. Voi­là la situa­tion résu­mée en peu de mots mais qui décrit bien la réa­li­té. Et j’ajouterai que les Fran­çais vont encore plus souf­frir sous un pou­voir qui devient de plus en plus totalitaire.

    Il y a deux évè­ne­ments indé­niables qui touchent la France : une épi­dé­mie qui semble impor­tante et l’islamisme qui pro­voque des atten­tats san­glants et le der­nier est par­ti­cu­liè­re­ment horrible.

    Macron parle. Il donne la désa­gréable impres­sion de lire des textes aux­quels il ne croit pas, mal­gré des talents cer­tains de comé­dien. Le gou­ver­ne­ment s’agite beau­coup, ses membres dis­courent aus­si ali­gnant des chiffres, des sta­tis­tiques, des déci­sions… se contre­di­sant volon­tiers, sans pers­pec­tives. Et cela dure depuis le mois de mars der­nier. Nous note­rons en pas­sant qu’il fut annon­cé il y a 7 mois l’augmentation du nombre des lits de réani­ma­tion (ils devaient pas­ser de 5.000 à 12.000), or rien n’a été fait, d’où la « panique » actuelle. Tout semble fait pour trans­mettre à la popu­la­tion une peur impor­tante. Or, si l’épidémie semble impor­tante, on est loin des « grandes » épi­dé­mies du temps pas­sé comme la grippe « espa­gnole » il y a un siècle et, plus­proche, de celle dite de « Hong Kong » en 1969 (sans citer les pré­cé­dentes sou­vent énor­mé­ment plus meur­trières !). Or, il n’y avait pas eu de mesures extrêmes comme aujourd’hui. Il vau­drait peut être mieux – comme nombre de scien­ti­fiques le disent – lais­ser l’épidémie s’étendre pour qu’un maxi­mum de per­sonnes soient immu­ni­sées. Mais, pour cela, il fau­drait avoir les moyens de soi­gner ceux qui sont le plus tou­chés, ce que nous n’avons plus et rien ne semble fait pour amé­lio­rer la situa­tion. Bien enten­du, le chef de l’Etat actuel n’est pas le seul res­pon­sable de cet état de fait, il n’a fait que conti­nuer la poli­tique désas­treuse de ses pré­dé­ces­seurs en par­ti­cu­lier depuis Sar­ko­zy. Il y aurait aus­si beau­coup à dire sur notre san­té beau­coup trop cen­tra­li­sée et admi­nis­trée. D’importantes éco­no­mies pour­raient être faites dans ce domaine, les­quelles pour­raient ser­vie à amé­lio­rer les salaires et les moyens des soignants.

    Il faut dire aus­si que la peur per­met de faire pas­ser des mesures et des lois liber­ti­cides qu’il aurait été dif­fi­ciles de faire pas­ser autrement.

    Notre situa­tion éco­no­mique est grave et va s’aggraver avec des déci­sions comme le couvre feu et peut-être des nou­veaux « confi­ne­ments ». – A l’heure où j’écris, nous atten­dons les déci­sions du gou­ver­ne­ment. –  Non seule­ment, sur le plan inté­rieur mais aus­si exté­rieur : nos entre­prises perdent des mar­chés face à celles de pays n’ayant pas ou peu « confi­nés ». Nous allons le payer cher, y com­pris en nombre de morts ! Mais il faut consta­ter que cela est bien utile pour limi­ter les marques de mécon­ten­te­ments, les mani­fes­ta­tions hos­tiles au gou­ver­ne­ment et les actions politiques…

    Et puis, et c’est peut-être le plus impor­tant pour Macron et sa clique, cela va-t-il sans doute per­mettre le report des élec­tions can­to­nales et régio­nales pré­vues pour le prin­temps pro­chain. Elles auraient cer­tai­ne­ment été catas­tro­phiques pour les « macro­niens ». En les repor­tant d’un an, donc après les pré­si­den­tielles, ils peuvent espé­rer, si Macron est hélas réélu, qu’ils pro­fi­te­raient d’un moment favo­rable, comme on le voit chaque fois pour les légis­la­tives. Cal­cul de poli­ti­ciens qui valent bien que l’on sacri­fie la France et les Français !

    Enfin, cette période de peur dic­tée par le pou­voir per­met de « faire pas­ser » dis­crè­te­ment des lois scé­lé­rates et liber­ti­cides. : Sur­veillance de plus en plus pré­cise de tous nos faits et gestes. Lois bioé­thiques élar­gis­sant la PMA et ouvrant la porte à la GPA. Pas­sage de 12 à 14 semaines des délais pen­dant les­quels l’avortement et pos­sible et même 9 mois en cas de « détresse psy­cho-sociale » de la mère, ce qui est en fait un infan­ti­cide. Sup­pres­sion de la clause de conscience des méde­cins et du per­son­nel médi­cal. La culture de mort s’étend en France. L’Etat ne pro­tège plus les plus faibles, au contraire il veut leurs dis­pa­ri­tions. Un Etat qui agit ain­si n’est plus légi­time, ce n’est plus un véri­table « Etat de Droit » ! Espé­rons, sans trop y croire, que nos élus revien­dront sur ces votes qui ne sont pas encore définitif.

    L’Etat répu­bli­cain veut aus­si limi­ter nos liber­tés. Nous l’avons vu quand il impose aux col­lec­ti­vi­tés locales qui ne lui plaisent pas des déci­sions uni­la­té­rales sans même les consul­ter. Nous le voyons aus­si dans sa poli­tique fami­liale et plus par­ti­cu­liè­re­ment dans le domaine de l’instruction. Pre­nant pré­texte qu’une infime par­ti des parents fai­sant l’école à la mai­son refusent les contrôles, il veut inter­dire à tous cette pos­si­bi­li­té. Ces quelques familles seraient des extré­mistes isla­mistes qui pré­pa­re­raient de futurs ter­ro­ristes. Stu­pi­di­té abso­lue : les ter­ro­ristes viennent soit de l’immigration soit, quand ils sont fran­çais,  de l’école publique. Fau­drait-il inter­dire cette der­nière ? En fait, il y a la volon­té de sup­pri­mer une liber­té fon­da­men­tale des familles de choi­sir com­ment leurs enfants seront ins­truits et ce n’est qu’une étape en vue d’établir un ser­vice unique d’éducation natio­nale, véri­table centre d’endoctrinement. Comme  Gérard Leclerc nous le rap­pelle dans une chro­nique dif­fu­sée sur Radio Notre Dame et reprise dans son « bloc-notes » dans La France Catho­lique, Dan­ton décla­rait : « Mon fils ne m’appartient pas, il est à la Répu­blique. C’est à elle de lui dic­ter des devoirs pour qu’il la serve. ». Nous voyons que ce n’est pas une idée nou­velle. Elle fut d’ailleurs reprise par tous les régimes tota­li­taires, qu’ils soient com­mu­nistes ou nazis. Macron est dans la même ligne. 

    Or, un véri­table gou­ver­ne­ment res­pec­tant les liber­tés, celui que nous appe­lons de nos  vœux, ne devrait avoir qu’un minis­tère de l’instruction qui veille­rait à ce que tous les Fran­çais soient ins­truits (fran­çais, mathé­ma­tique, his­toire, géo­gra­phie…..), l’éducation étant l’affaire des parents. Mais pour cela, il faut un chef d’Etat indé­pen­dant ne cher­chant pas à « fabri­quer » des Fran­çais bien « endoc­tri­nés » : seul notre Roi peut répondre à ce souhait.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/