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  • Retour sur les déclarations du cardinal Sarah en France : « L’Occident est en grand péril » [Une vidéo de Bd Voltaire]

     

    Complément à notre publication hier mardi de l'entretien accordé par le cardinal Sarah à Jean-Sébastien Ferjou, pour le site Atlandico [Lien ci-dessous]

    À l’occasion de la sortie de son dernier livre, Le soir approche et déjà le jour baisse, S.E. le cardinal Robert Sarah a bien voulu accorder un entretien à Gabrielle Cluzel, rédactrice en chef de Boulevard Voltaire. Sans langue de buis, le prélat aborde les questions des racines chrétiennes de l’Occident, des migrations, du dialogue interreligieux, notamment avec l’islam, de la mondialisation…

     

     

    Vous venez de publier un nouveau livre, entretien avec Nicolas Diat, intitulé Le soir approche et déjà le jour baisse, aux Éditions Fayard. Le moins que l’on puisse dire c’est que vous n’y maniez pas la langue de buis. Si vous prenez à nouveau la parole, écrivez-vous, c’est que vous ne pouvez plus vous taire,  « les chrétiens étant désorientés », ce sont vos mots. Faites-vous là allusion au récent scandale qui a touché l’Église ?

    Je ne fais pas uniquement référence à ce scandale. Nous vivons une grande crise depuis plusieurs années. Je me rappelle qu’en 2016, juste avant son élection au siège Saint-Pierre, Benoit XVI disait que l’occident traversait une crise qui ne s’est jamais vérifiée dans l’Histoire du monde. Voyez-vous comment la famille est détruite ? Comment le mariage est conçu d’une manière différente de ce que nous avons toujours connu ? Comment l’anthropologie est en grande crise ?

    Il y a bien sûr la crise économique, la crise politique et la crise des responsables, mais, on constate au niveau de l’Église une baisse énorme de la pratique religieuse. Les églises sont vides. L’enseignement de l’Église semble également très flou et confus. Beaucoup de gens sont désorientés et ne savent plus où aller. C’est cette réalité que j’ai décrite. Je n’invente rien. Je fais un constat le plus précis et le plus près possible de la vérité.

    Nous voyons bien que ce que je décris existe. Il y a une grande confusion et une grande incertitude. Les gens veulent surtout qu’on leur indique la route et qu’on leur enseigne la foi que nous avons toujours vécue. La foi et la parole de Dieu ne changent pas. Dieu est le même.

    Ce que dit ce livre est vraiment la réalité. Il s’agit de donner l’espérance, malgré cette crise, pour retrouver vie et confiance. Sur le plan humain, quelqu’un peut avoir une maladie grave, se soigner et retrouver la santé. Une autre personne peut aussi traverser une difficulté passagère, mais après des efforts et l’aide qu’elle reçoit, elle retrouve une certaine assurance.
    Il y a des périodes de désemparement, mais on peut quand même trouver une espérance. C’est ce que j’essaie de dire dans ce livre.

    Vos propos semblent viser à réveiller un occident en perdition. Il est à rebours du discours habituel sur le sujet. Dans votre livre Dieu ou rien, vous rendez hommage, je cite « aux beaux fruits de la colonisation occidentale, aux missionnaires de France qui vous apportent le vrai Dieu ». Aujourd’hui, en somme, le missionnaire c’est vous et la terre de mission, c’est la France. Diriez-vous que l’occident a oublié ses racines et a dilapidé son héritage ?

    Je crois que nous devons être vrais. J’ai tout reçu de l’occident. J’ai reçu ma formation et ma foi. On a l’impression aujourd’hui que l’occident renie ses origines, son histoire et ses racines. Il me semble que nous vivons comme si nous n’avions rien à voir avec le christianisme. Ce n’est pas vrai. Lorsqu’on ouvre les yeux, on voit bien l’architecture, la musique, la littérature et que tout est chrétien. Je ne vois pas pourquoi on peut nier ce qui est. Nier ce qui est, c’est se mentir à soi-même.

    Je pense que l’occident est en péril s’il renie ses racines chrétiennes. C’est comme un grand fleuve, il a beau être immense et majestueux, s’il perd sa source, il n’est plus alimenté et se dessèche au bout d’un certain temps. C’est comme un arbre qui n’a plus de racines, il meurt.
    Un occident sans racines chrétiennes est un occident menacé de mort et de disparition. Il s’est fait envahir par d’autres cultures qui, elles, ne renoncent pas à leur histoire et combattent pour montrer qu’elles ont une culture à proposer. D’autres cultures envahissent l’Europe, comme les cultures musulmane et bouddhiste.

    Il est important qu’il reprenne conscience que ses valeurs, belles, majestueuses et nobles se perdent.

    Je ne prétends pas être le missionnaire. Nous sommes tous, par le baptême, envoyés pour que faire connaître le Christ et l’évangile, et la réalité nouvelle qu’il nous propose. Aujourd’hui, les écritures nous disent encore « je fais un monde nouveau ». Ce monde nouveau est créé par le Christ lui-même.

    Je souhaite que ce livre puisse réveiller la conscience occidentale. Je crois que l’occident a une mission spéciale. Ce n’est pas pour rien que Dieu nous a communiqué la foi par l’occident. Ce que Dieu donne est permanent, c’est pour toujours et non pour un instant.

    L’occident a une mission universelle, à cause de sa culture, de sa foi, de ses racines et son lien personnel avec Dieu.

    Si l’occident perdait ses racines, il y aurait un bouleversement énorme et terrible dans le monde.

    J’espère que la lecture du livre Le soir approche et déjà le jour baisse sera un moyen pour réveiller la conscience occidentale, mais aussi notre conscience de chrétien.

    Vous vous inquiétez de la migration et de ses conséquences. Vous écrivez que le déracinement culturel et religieux des Africains projetés dans des pays occidentaux qui traversent eux-mêmes une crise sans précédent est un terreau mortifère. Quel est selon vous le regard chrétien à porter sur la migration ?

    Je crois que lorsqu’ils arrivent en occident, ils se rendent tout de suite compte que c’est un occident qui a perdu Dieu, qui est plongé dans le matérialisme, dans la négation de Dieu et qui ne voit que la technique et le bien être. Cela les désempare.

    Je connais l’Afrique et l’Asie. Ce sont des continents profondément attachés à Dieu et au transcendant. Arrivés ici, ils trouvent uniquement le matériel. Cela peut être une désorientation pour eux. Or, je pense que si vous les accueillez, ce n’est pas seulement pour leur donner du travail, un logis et de quoi vivre. Proposez-leur aussi ce qui fait votre richesse, sans forcer personne. La foi est un acte d’amour. On ne force pas quelqu’un à aimer. Proposez-leur votre richesse, votre foi chrétienne en laissant chacun sa liberté d’accepter ou de refuser.

    Je pense que là aussi, l’occident a une mission. Quand vous recevez quelqu’un, vous lui donnez le meilleur de vous-même. Le meilleur de vous-même est votre coeur. Si quelqu’un arrive dans votre maison, vous lui donnez une chambre et de la nourriture. Si cette personne voit que vous n’êtes pas content, triste ou pas heureux de le recevoir, alors, il ne va pas manger ce que vous lui donnez. Le meilleur de nous-même n’est pas ce que nous donnons matériellement, mais c’est notre cœur.

    Il faut que l’occident donne son cœur. Or, ce cœur, c’est votre foi, votre lien à Dieu, votre richesse ancestrale qui vous a fait naître et qui vous a façonnés. C’est le christianisme qui vous a façonnés. Donnez aux étrangers qui arrivent, c’est vraiment cela qui fait votre richesse.

    Vous venez dénoncer une vision irénique des autres religions, y compris de la part des catholiques. « Qui se lèvera pour annoncer la vraie foi aux musulmans ? » écrivez-vous. Faut-il y voir une mauvaise interprétation du dialogue inter-religieux ?

    Quand deux personnes se parlent, chacun s’affirme dans ce qu’il est profondément. Il n’y a pas de dialogue si moi je m’efface. Le vrai dialogue est lorsque chacun dit ce qu’il est, ce qui fait sa vie profonde et ce qui fait sa foi. Dialoguer n’est pas offusquer ou de ne pas froisser l’autre de cacher sa foi. Un dialogue, c’est véritablement aller vers la vérité ensemble. Si nous sommes vraiment sincères, nous allons aboutir à une vérité. Le dialogue est pour moi très important, parce que c’est une recherche de vérité. Nous cheminons ensemble pour voir la lumière. Une fois que nous avons vu la lumière, soit il faut fermer les yeux pour ne pas suivre la lumière, soit on dit ‘’ c’est ça la lumière’’. Si réellement, Jésus est vraiment la lumière, nous ne pouvons pas ne pas l’accepter ensemble. Si vraiment Jésus est le chemin, nous ne pouvons pas ne pas l’accepter. Si vraiment, il est la vie, nous ne pouvons pas ne pas l’accepter.

    Le dialogue, c’est marcher ensemble dans la direction de la vérité, la trouver et l’accepter.

    Vous portez un jugement très sévère sur la mondialisation. Vous dites qu’elle est contraire au projet divin. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

    Vous et moi sommes différents. Cette différence est une grande richesse. C’est comme dans un jardin, vous voyez des fleurs jaunes et vertes. Cet ensemble fait une beauté extraordinaire. La globalisation voudrait supprimer toutes les différences linguistiques, raciales et frontalières. Je ne sais pas où nous allons aboutir.

    Je pense que s’il n’y a pas de discernement et de sagesse, la globalisation constitue un grand danger pour la valorisation de chaque culture et de chaque peuple. Chacun de nous a une histoire, une culture et une richesse qu’il apporte aux autres. Alors, niveler toutes les cultures et tous les peuples pour n’en faire qu’un est pour moi, un appauvrissement.

    La mondialisation va contre le désir de Dieu qui a voulu nous créer différents pour nous enrichir mutuellement. Aujourd’hui, on a presque l’impression qu’il y a une américanisation, une européisation. Tout le monde doit être européen. La vision du monde, de l’économie et de l’homme doit être européenne. C’est un appauvrissement. Les Asiatiques ont une vision belle et approfondie.

    Je ne suis pas contre la mondialisation. Plus on est ensemble, plus on est puissant, plus on peut faire de belles choses, sans pour autant supprimer les personnalités et les spécificités de chaque peuple. C’est cela que je dénonce. Que les Français soient français, que les Polonais soient polonais et que les Allemands soient allemands, quitte à coopérer ensemble.

    Parmi les maux qui touchent les catholiques, vous évoquez le relativisme ambiant, la défaillance de la catéchèse et l’absence de prière… est-ce aux clercs que vous vous adressez ?

    J’attribue la responsabilité de la baisse de la foi et de la pratique, et d’un certain manque de connaissance de la religion et de la doctrine aux prêtres. C’est leur métier. Ils sont envoyés pour enseigner. Le Christ a dit « allez enseigner toutes les nations ».

    Si nous n’enseignons plus la doctrine, nous appauvrissons les chrétiens qui ne savent plus lire. Si le prêtre est tout le temps en train de s’agiter, il n’a pas le temps de prier. On va imiter sa façon de faire. Notre responsabilité est énorme. Nous devons être les modèles du troupeau, des modèles de prière et de vie morale. Je ne dis pas que tout vient du clergé, mais vous voyez quand même qu’il y a aujourd’hui des accusations horribles sur le clergé, contre les cardinaux et les évêques. Tout n’est peut-être pas vrai, mais même si c’était un seul prêtre qui faisait des choses comme celles-là, il pourrait décourager beaucoup de laïcs.

    Beaucoup diront que la prière n’est peut-être pas essentielle. C’est pourtant l’activité essentielle. C’est ce qu’on voit qui est essentiel.

    J’ai tendance à parler longuement, mais si vous prêchez 5 ou 10 min une fois par semaine, vous affamez les gens. Chacun de nous mange régulièrement pour maintenir sa santé. Si on donne une homélie de 10 min chaque dimanche, il n’y a aucune nourriture dedans. Il y a donc une responsabilité que j’attribue aux prêtres. Ils doivent prendre au sérieux cette mission d’enseigner, de sanctifier le peuple de Dieu et de le gouverner. Gouverner ne veut pas dire d’imposer des choses, mais plutôt d’orienter et de faire avancer vers Dieu pour une meilleure connaissance de lui.

    J’attribue aussi cette responsabilité aux familles. Les familles ne connaissent pas Dieu, elles ne prient pas souvent et n’amènent pas les enfants à l’église. Ils ne savent pas quoi croire, ils ne savent pas ce qu’est la foi.

    Nous avons tous une responsabilité dans ce que nous vivons aujourd’hui, soit au niveau de la baisse et de la pratique de la foi, soit de l’engagement missionnaire. Nous sommes tous appelés à enseigner, à sanctifier et à orienter les personnes vers Dieu.

    Vous parlez de décadence et évoquez la chute de l’Empire romain dans ce livre, comme s’il y avait une analogie. Votre titre laisse supposer qu’il est presque trop tard.
    Que diriez-vous à ceux qui pourraient désespérer ?

    Le titre du livre est un passage de l’évangile de Saint-Luc. La situation que nous vivons est celle que les premiers chrétiens et les premiers disciples de Jésus ont vécu. Jésus est mort et enterré et ils sont tous découragés.

    Chacun rentrait chez soi et voilà que Jésus les rejoint en leur demandant pourquoi ils sont tristes. Ils lui répondent « vous ne savez pa

  • La fin de l’hégémonie américaine, par Antoine de Lacoste.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    De la conquête inspirée du monde au repli prudent, les États-Unis ont fini par douter de leur rôle historique. Mais aucune nation ne peut vivre isolée : d'autres impérialismes émergent et menacent le Nouveau Monde.

     

    Depuis la création de leur pays par des protestants européens rigoristes, les Américains sont convaincus d’être missionnés pour une « destinée manifeste ». Dieu leur a donné un rôle particulier, celui d’être le nouvel Israël. L’Angleterre, entre autres, avait décidé de se débarrasser de ces encombrants illuminés et leur avait demandé, dès le XVIIe siècle, d’exercer ailleurs leurs talents messianiques. C’est ce qu’ils firent dès leur arrivée sur la nouvelle terre promise.

    antoine de lacoste.jpgSi l’on veut comprendre l’histoire des États-Unis et leur volonté d’hégémonie, il ne faut jamais perdre de vue ce point de départ historique, toujours très présent dans la culture américaine. Sa conséquence a rapidement été théorisée, par George Washington et bien d’autres : un jour l’Amérique dominera le monde parce que c’est sa destinée. Et cette domination devra s’accompagner d’une conversion des dominés aux valeurs chrétiennes, démocratiques et économiques qui ont fondé la constitution américaine.

    Toutes les interventions extérieures des États-Unis, y compris celles qui s’appuyaient sur les mensonges les plus éhontés et les objectifs les plus mercantiles, devaient donc se parer des vertus de la morale et de la volonté divine. Bien sûr, d’autres peuples, d’autres armées s’appuieront sur l’aide divine : du Dieu le veut des croisés de 1099 au Gott mit uns de l’armée allemande, nombreux sont ceux qui ont voulu mettre Dieu avec eux, avec plus ou moins de sincérité. Mais pas au point d’en faire une sorte de fil rouge permanent pour dominer le monde.

    Après la guerre d’indépendance, le XIXe siècle américain sera une période de prudentes avancées. L’isolationnisme prétendu des États-Unis ne fut au contraire qu’une alternance de consolidation et de progression à pas mesurés et limitée au continent américain. La situation n’était pas mûre pour une conquête plus importante.

    La première guerre mondiale fut une avancée significative, mais freinée ensuite par la crise de 29 et par des moyens militaires encore limités. Auparavant, des interventions ponctuelles à Cuba ou aux Philippines auront été des ballons d’essai réussis par le truchement énergique de Théodore Roosevelt. L’Espagne catholique, et détestée à ce titre, devait être chassée de Cuba parce que trop près des États-Unis, et des Philippines, carrefour commercial essentiel sur la route de l’Asie. Les Américains s’appuieront d’ailleurs sur les Hollandais, autres protestants convaincus, dans la conquête commerciale de cette région.

    Le temps du triomphe

    À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, de Monroe à Theodore Roosevelt, l’ensemble du continent américain est à peu près passé sous contrôle, mais guère plus, hormis quelques avancées ponctuelles en Asie. C’est donc 1945 qui verra l’accomplissement de la vocation universelle du « modèle américain ». À cette date, les États-Unis dominent le monde de façon écrasante, militairement et économiquement.

    Le partage de l’Europe à Yalta permettra une mainmise idéologique et économique à peu près totale de l’Europe occidentale. Mainmise d’autant plus acceptée qu’elle signifie une protection décisive face au risque réel d’une invasion soviétique. La compétition avec le bloc communiste permet de réduire le débat à deux modèles : le libéralisme américain ou le communisme. C’est donc sans difficulté que le mode de vie américain va s’imposer en Europe, puis en Asie et, plus modestement, en Afrique. Les années 60 verront pêle-mêle l’exportation de la libération sexuelle, du jean et du coca-cola, trois symboles qui recouvrent bien sûr une réalité beaucoup plus large.

    Les pays latins, encouragés par Vatican II et son « ouverture au monde » adhéreront sans beaucoup de résistance religieuse à cette révolution culturelle, contrairement d’ailleurs aux États-Unis où le courant protestant évangélique résiste davantage. L’opposition à l’avortement est ainsi beaucoup plus forte en Amérique qu’en Europe, mais sans remise en cause du modèle américain.

    De façon générale, c’est le temps de « l’hégémonie bienveillante » pour le dominant et heureuse pour les dominés.

    Les premières fissures vont apparaître avec la guerre du Vietnam. L’échec militaire et surtout moral va entamer la confiance aveugle de l’Amérique en elle-même. Les jeunes ne veulent pas partir et ceux qui y sont se droguent, c’est un choc très violent pour tout le pays. Mais l’histoire est un temps long et il faudra plusieurs décennies pour en mesurer toutes les conséquences.

    Car des succès viendront compenser l’humiliante entrée des chars communistes à Saïgon. La reprise des relations avec la Chine est un coup de maître de Nixon, qui inquiète beaucoup Moscou. Dans le même temps l’Union soviétique perd ses pions en Amérique latine, voit ses alliés arabes vaincus par Israël et c’est le président Carter qui organise la réconciliation israélo-égyptienne.

    L’apothéose est à venir avec la « guerre des étoiles » lancée par Reagan et que l’Union Soviétique ne pourra pas suivre, car ne peut être surendetté qui veut ! C’est au tour du bloc communiste de ne plus croire en lui, et les errements stratégiques du pauvre Gorbatchev accéléreront le processus. Le Mur tombe, l’Union soviétique suit de près et l’empire éclate, discrètement aidé par les Américains qui encouragent toutes les nouvelles indépendances possibles. L’ours fait toujours peur en raison de sa position géostratégique privilégiée et il faut le dépecer au maximum.

    L’Amérique triomphe et bénéficie d’une domination sans partage. Un mot, lancé par le politologue américain Francis Fukuyama, fera date : il annonce « la fin de l’Histoire », c’est-à-dire le triomphe définitif de la démocratie libérale. Aveuglement euphorique déconcertant : tant que l’homme existe, il ne peut y avoir de fin de l’Histoire ni de triomphe définitif, des siècles de conflits sont là pour en témoigner.

    C’est au contraire le déclin qui commence, lentement mais sûrement. L’invasion de l’Irak en 2003 va accélérer le processus. L’Amérique a menti pour ce qui sera l’intervention de trop. Celle d’Afghanistan avait été acceptée dans la foulée du 11 septembre et al-Qaïda y avait le gros de ses troupes. Auparavant le Kosovo n’avait que peu intéressé l’opinion américaine.

    Le temps des échecs

    L’Irak c’est autre chose. Son invasion relève de la doctrine interventionniste des néo-conservateurs, très présents autour de George Bush. Pour convaincre, il fallait mentir et le geste pitoyable de Colin Powell brandissant à l’ONU une petite fiole sensée contenir de l’anthrax fera le tour du monde et l’Amérique sera humiliée. Cette invasion était d’autant plus absurde qu’elle a renversé un régime sunnite pour installer un régime chiite devenu allié de l’Iran, grand ennemi de l’Amérique.

    L’opinion américaine a très mal réagi : non seulement des milliers de soldats sont mort en Irak, alors que ce devait être une promenade de santé, mais le mensonge d’État, connu du monde entier, a été ressenti comme une honte. On ne plaisante pas avec le mensonge au pays de la bible, surtout lorsqu’il est public. De nombreux hommes politiques ont vu leur carrière s’arrêter net car ils avaient menti sur leur vie privée ou leurs revenus.

    Pourtant Bill Clinton ne changera rien. Très influencé par sa femme Hillary, belliciste convaincue, il poursuivra cette politique hégémonique et interventionniste. L’Amérique mettra ainsi un soin tout particulier, avec l’aide active des Européens, à dépecer la Yougoslavie. La domination serbe dans la région devait cesser, pour cause de proximité excessive avec la Russie. Et puis, la fragmentation sert l’hégémon (le chef militaire de l’hégémonie), vieille doctrine géopolitique toujours valable.

    Dans le même temps, Clinton poursuit sa politique antirusse, le fameux containment. La Géorgie fait l’objet d’une attention toute particulière. La CIA y est très présente et les dollars abondent. Les régions russophones du pays, l’Abkhazie et l’Ossétie du sud sont l’enjeu de conflits successifs où Géorgiens, soutenus par des conseillers américains, et séparatistes, aidés par les Russes, l’emportent tour à tour. En 2008, après de nouveaux conflits, l’armée russe envoie 15 000 hommes et règle le problème, montrant ainsi qu’elle n’acceptera pas le basculement dans l’OTAN (c’était l’objectif) d’un nouvel État limitrophe. Cela s’est passé à la fin du deuxième mandat de George Bush.

    Dans cette affaire géorgienne, Américains et Russes ont été quasiment face à face. Lors de l’offensive russe d’août 2008 qui dura huit jours, les Américains ont hésité. Dick Cheney, le vice-président néo-conservateur voulait bombarder le tunnel par lequel les chars russes passaient à la frontière. Les avis étaient partagés autour de Bush qui a tranché : c’est non. Les Russes ont donc gagné cette manche.

    Nul doute que l’échec cuisant en Irak a pesé et Bush ne voulait pas partir sur une nouvelle guerre. De toutes façons, bombarder directement des Russes lui semblait inconcevable.

    Le syndrome irakien pèsera aussi sur Obama. Pourtant, il donnera son feu vert à Sarkozy et Cameron pour la catastrophique intervention en Libye en 2011. Sa secrétaire d’État Hillary Clinton l’y a beaucoup poussé. Mais la mosaïque tribale libyenne avait totalement échappé à l’Amérique qui se retirera après l’assaut contre son ambassade à Benghazi et l’assassinat de son ambassadeur en 2012.

    Instruit par tous ces échecs (hormis les Balkans où la création du Kosovo sera le couronnement de l’agression de l’OTAN), Obama ne veut plus d’intervention. Il refusera de suivre François Hollande dans son désir fou de renverser Bachar el-Assad en Syrie et se contentera d’expédier les affaires courantes en Irak et en Afghanistan. La dernière tentative de la CIA pour déstabiliser un État se soldera par un nouvel échec en Ukraine. Poutine profitera du chaos créé pour récupérer la Crimée. La CIA recevra ensuite l’ordre de ne plus fournir d’armes aux nationalistes ukrainiens ni aux islamistes syriens.

    Donald Trump a parfaitement compris tout cela. Ce n’est pas un bobo de la côte est, et il sent l’opinion américaine. Il sait qu’elle est lasse de ces interventions coûteuses dans des pays dont elle ne connaît pas le nom. La désindustrialisation a fait des ravages, le fermier du Middle-West veut qu’on s’occupe de lui et la paupérisation croissante des « petits blancs » crée une attente. Ce sera « America first » et la victoire.

    La fin de l’hégémonie, bienveillante ou non, est même assumée : trop de boys au loin, trop d’États déstabilisés avec des conséquences imprévues, trop de dollars dépensés pour rien, enfin. C’est à point nommé qu’un sénateur révélera le coût de l’intervention en Afghanistan : 1000 milliards de dollars ! Et tout cela pour donner bientôt le pays aux talibans… Même l’Iran peut détruire la moitié des installations pétrolières saoudiennes sans recevoir une pluie de bombes.

    Parallèlement, Trump veut mettre fin au multilatéralisme : trop d’organisations internationales coûteuses et inutiles. Il se retire et inquiète ses alliés : l’hégémon ne veut plus être l’hégémon. Mais il y a une limite très précise : rester la plus grande puissance du monde, sans les contraintes d’être le gendarme du monde. Et là, un nouvel adversaire se dresse : la Chine. Elle non plus n’a pas vocation à envoyer ses troupes, pourtant repeintes à neuf, aux quatre coins du monde : uniquement près de chez elle, pour l’instant du moins. La concurrence va faire rage et l’avenir dira si elle devient affrontement.

     

    Illustration : De Bush senior à Trump, une longue série de guerres “justes”, les Démocrates n’étant pas les moins va-t-en-guerre. Puis Trump, moins Tartuffe qu’Obama, se résigne à employer les tweets plutôt que les drones.

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  • Controverse sur le rap : notre réponse à Marianne, par Rédaction L'Incorrect.

    © L'Incorrect
    Notre dossier de décembre sur le rap provoque de nombreuses réactions, épidermiques ou constructives. Même l'hebdo de gauche Marianne s'y met. En soi cela nous ravit : notre objectif était bien de lancer le débat. Encore faut-il en comprendre les termes.

    Par la rédaction culture

    Notre dossier avait bien pour vocation d’engager une réflexion polémique sur le nouveau genre dominant du village global : le rap. Certains nous applaudirent dès la couverture, d’autres nous conchièrent sans nous avoir lus. On nous traita de bourgeois pour ne pas s’extasier devant Booba. Il y a sans doute des bourgeois à L’Incorrect, ou qui seraient assimilés comme tels, comme sont représentées bien d’autres réalités sociologiques, mais il se trouve que les journalistes qui ont réalisé ce beau dossier ne coïncident pas franchement avec l’archétype. En outre, on voit bien la dialectique primaire à l’œuvre derrière l’épithète : le rap est la musique des « quartiers », des pauvres, la critiquer signifie forcément qu’on se trouve dans la classe adverse, du moins selon le schéma binaire des marxistes. Mais c’est encore ne nous avoir pas lus, puisque nous disons précisément que le rap est aujourd’hui la musique de tout le monde, des bourgeois blancs y compris, voire même de certains nationalistes ou identitaires européens (cf. le papier de Mathieu Bollon). Nous ne nous sommes donc jamais situés sur ce plan.

    Simplement, nous nous foutons des exceptions, l’angle de notre dossier était d’analyser un phénomène général, et qu’il y ait quelques individus réellement talentueux ou doués d’une intelligence normale ne change rien à notre constat sur la moyenne, et sur la moyenne émergeante

    Enfin, beaucoup y sont allés de leurs exemples de rappeurs témoignant une réelle maîtrise de notre langue et que si nous nous y connaissions, nous serions au courant. Outre que leur liste dépasse rarement trois ou quatre noms, toujours les mêmes, et que nous connaissions, notre dossier ne nie pas cette possibilité, et Ralph Müller, que nous avons interviewé, cite lui-même les quelques rappeurs pour lesquels il conserve une estime, simplement, nous nous foutons des exceptions, l’angle de notre dossier était d’analyser un phénomène général, et qu’il y ait quelques individus réellement talentueux ou doués d’une intelligence normale ne change rien à notre constat sur la moyenne, et sur la moyenne émergeante (pas les deux trucs indés pour mélomanes qui n’entraient pas dans le cadre de notre propos). Bref, tel fut notre angle d’attaque : une mise en perspective d’un genre saisi dans son histoire et sa globalité les plus manifestes pour en ébaucher une critique socio-esthétique.

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    LA PHILOSOPHE DU RAP

    En réponse, dans Marianne, Kévin Boucaud-Victoire interviewe Benjamine Weill afin de défendre l’honneur du rap. Bien : nous sommes tout ouïe. Formée en philosophie, cette jeuniste exaltée a rédigé un livre à la gloire du rap et s’était déjà longuement exprimée sur Alohanews pour évoquer le sexisme du milieu : un petit morceau d’anthologie où, à l’instar d’un sociologue de gauche, l’experte ès hip hop joue sur la permanente confusion des registres et un glissement insidieux tout au long de sa démonstration pour réussir à caler la réalité récalcitrante sur son mantra idéologique. Non, le rap n’est pas sexiste, et quand il l’est, ce n’est pas lui qui l’est, mais l’Occident monothéiste qui le vampirise à son insu, parce qu’on sait bien que l’Occident monothéiste est manichéen donc sexiste, CQFD. Il y aurait trop à dire sur cet invraisemblable tour de passe-passe (il n’y a pas que l’Occident qui soit monothéiste, et ce qui caractérise le catholicisme est son opposition au manichéisme, par ailleurs, les centaines de concubines des empereurs chinois auraient eu à redire sur l’égalité des sexes) – quoi qu’il en soit, c’est cette spécialiste qui vient désormais éclairer nos consciences rapophobes.

    PADAMALGAM

    Les précisions, les corrections, les nuances, que cette dame apporte à l’histoire du mouvement ne sont pas inintéressantes, mais demeurent anecdotiques, le propos de Marc Obregon dans son papier panoramique ayant été de saisir une dynamique générale et son évolution tandis que les remarques de Benjamine Weill ne se situent jamais sur ce plan et ne rendent cette dynamique ni plus intelligible, ni même différente, tout juste servent-elles à prouver qu’elle connaît bien son histoire du rap. Elle nous reproche ensuite de faire un « amalgame dangereux » entre rap, contestation sociale et immigration. Devons-nous en conclure qu’il n’existe aucun lien entre les origines du rap en France et l’immigration ? Une telle assertion, contrairement à ce qu’insinue Benjamine, n’était en outre pas un jugement de valeurs, mais un simple constat, comme de dire que la naissance du punk a partie liée avec le prolétariat britannique et la crise économique des années 70. Imagine-t-on, sur ce sujet, Benjamine Weill nous expliquer qu’un tel amalgame est « dangereux », et que si le punk est bien une musique urbaine, la contestation sociale n’y est pas systématique et que la lier, cette musique, au prolétariat, sous-entendrait forcément dans notre esprit que les prolos auraient mieux fait de rester siffler dans leurs usines ?

    INDIVIDUS IMPACTÉS

    Nous expliquions comment le rap était devenu un pur symptôme du néo-libéralisme où chaque rappeur se fabriquait une identité narcissique fantasmée qu’il vendait ensuite comme produit. « Néanmoins, précise Benjamine, ce n’est pas la culture hip-hop ou le rap qui est ou non capitaliste, mais la perte de vitesse des idéologies collectives qui impacte les individus. » Pourtant, on ne voit pas des jazzmen ou des chanteuses de variété, aussi « individus impactés » qu’ils soient, exhiber des liasses de billets à tout bout de clip et il s’agit tout de même d’un leitmotiv du rap largement repérable. Mais voilà qui est trop simple : ce rappeur prône la loi du plus fort et fait l’apologie du fric ? Il est seulement « impacté par la perte de vitesse des idéologies collectives ». En termes de stratégie de déni, voilà qui touche au génie.

    Évidemment, le procès d’intention était inévitable, si nous critiquons la pauvreté d’une musique se résumant presque exclusivement au sampling : « Ce qui se lit en filigrane, c’est une question de couleur musicale dirons-nous et ses origines (même s’il oublie totalement l’impact de Chuck Berry sur le rock, mais bon… passons). » Notre critique serait donc raciste. Le papier de Patrick Eudeline, qui connaît mieux l’histoire du rock et Chuck Berry que Benjamine, entre autres, déplorait pourtant précisément que le génie noir américain si profus et si divers se soit depuis vingt ans dissout dans l’exclusive marmite du rap. Quant à ne pas comprendre que sous le joug de cette généralisation du rap, on se retrouve avec des créateurs de musique qui n’ont plus aucune réelle connaissance musicale, et que si ce n’est pas indispensable pour avoir du talent, cela trahit une certaine involution générale de la musique grand public, il faut vraiment ne rien saisir aux exigences de l’art.

    LA FAUTE À LINDUSTRIE

    Quant on reproche au rap son récent conspirationnisme, nuançant cette critique en faisant un parallèle avec le rock, Benjamine répond : « Ce n’est pas le hip-hop et le rap qui met ça en avant, mais l’industrie qui considère que c’est ce qui vend ». Quand le rap est sexiste, c’est la faute à l’Occident ; quand il est capitaliste, c’est la faute à la perte de vitesse des idéologies collectives ; et quand il est conspirationniste, par contre, c’est la faute à l’industrie musicale. Parce que le rap, quant à lui, c’est pas du tout son genre. Mais comment pouvoir définir ce qui serait le genre de cet étrange Monsieur Rap abstrait, non incarné, n’ayant pas tendance au conspirationnisme, mais qui fait des confidences à Benjamine Weill pour lui avouer à elle seule ses vraies valeurs qui n’ont rien à voir avec celles qu’il exhibe au commun ?

    OBSESSION ET DÉNI

    Nous avons posé des constats sur l’évolution du rap en tant que tel, puis sur la rapisation générale de la musique mainstream. Chacun de ces constats, Benjamine Weill les élude par une stratégie de déni différente, sans jamais y répondre, sans jamais même sembler saisir quelle problématique a été soulevée. Et quand nous parlons du rap comme nouvelle « pop », ce qui signifie « popular music », quand nous regrettons que la diversité des musiques tende à se réduire à cet unique mode d’expression lui-même en phase de précarisation tant verbale que technique, ce qui nous paraît une inquiétude légitime, mais à laquelle on pourrait répondre que le rap est la synthèse supérieure de tout ce qui s’est fait auparavant et que c’est merveilleux, quand nous disons cela, donc, Benjamine Weill qui a sa propre traduction du mot pop  « musique pop = musique festive pour le pop du bouchon de champagne en boîte de nuit », nous explique donc que oui, bien sûr, il y a du rap festif, mais pas que… et de nous faire à nouveau feuilleter son album Panini de ses groupes préférés…

    Quant à ne pas comprendre que sous le joug de cette généralisation du rap, on se retrouve avec des créateurs de musique qui n’ont plus aucune réelle connaissance musicale, et que si ce n’est pas indispensable pour avoir du talent, cela trahit une certaine involution générale de la musique grand public, il faut vraiment ne rien saisir aux exigences de l’art.

    Difficile de débattre à ce compte-là. Ce serait bien d’être capable de situer le rap au-delà de lui-même comme genre et d’en discuter de manière critique sans y mêler ses affects ou ses réflexes de fan. En traitant son sujet comme un gamin turbulent trop débile pour assumer quoi que ce soit, Benjamine Weill ne le grandit pas, et ne répond à aucune de nos critiques (quid de l’argumentaire linguistique de La Cartouche démontant la rhétorique régressive qui sous-tend la plupart des discours du rap actuel ?) Visiblement, Weill n’a pas les moyens d’assumer la battle. Dommage.

     

    Source : https://lincorrect.org/

  • Mathieu Bock-Côté : « Macron oblige ses opposants conservateurs à élever le niveau »

     

    Par Mathieu Bock-Côté

    L'analyse qui suit - comme toujours pertinente et profonde - n'est pas d'esprit politicien. Mathieu Bock-Côté ne néglige pas de constater avec lucidité qu' « une bonne partie de la droite, au fond d'elle-même, est progressiste ». Son objectif peut se résumer à ceci : « Il ne s'agit pas de restaurer le monde d'hier, d'ailleurs, mais de renouer avec les permanences essentielles de toute civilisation ». Ainsi se définit ce qu'il nomme conservatisme. Mais qui pourrait tout aussi bien, dans son acception noble, s'appeler un traditionalisme.  LFAR   

     

    2760774407.2.jpgOn annonçait une victoire écrasante de la République en Marche, avec une opposition atomisée, condamnée à l'insignifiance politique. Le coup d'éclat d'Emmanuel Macron culminerait dans la conquête d'un pouvoir absolu. Le résultat du deuxième tour des élections législatives oblige à nuancer ce portrait. Tous ont noté un taux catastrophique d'abstention. Et si la gauche historique est presque fauchée, l'opposition de droite évite l'humiliation. De même, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon trouvent leur place à l'Assemblée : on y trouvera donc une concurrence forte entre deux figures désirant occuper la fonction tribunitienne. C'est un peu comme si une part significative du corps électoral s'était révoltée au dernier moment contre une complète macronisation de la vie politique. Le pluralisme démocratique sera assuré dans la nouvelle assemblée, même si la victoire de LREM est indéniable et ne saurait être décrétée illégitime, quoi qu'en disent ceux qui croient avoir un monopole sur le peuple qu'ils imaginent toujours en insurrection.

    Le cycle électoral engagé avec les primaires s'est donc terminé : c'est peut-être même une nouvelle époque politique qui commence en France. On peine toutefois à la caractériser. Le macronisme semble concrétiser le rêve du grand parti de la raison, rassemblant les gens qui s'autoproclament éclairés des deux bords du spectre politique, comme s'ils parvenaient à se libérer d'une polarisation désuète, ne correspondant plus au monde d'aujourd'hui. C'est le parti de ceux qui se veulent intelligents et se croient seuls à l'être. Idéologiquement, le macronisme cherche à traduire cette vision en distinguant d'un côté les progressistes et de l'autre les conservateurs. Les premiers adhéreraient à l'esprit de l'époque. Ils seraient réformistes, ouverts, mobiles, innovateurs. Les seconds, qu'ils soient de gauche ou de droite, seraient exagérément accrochés à leurs privilèges ou leurs souvenirs. Ils seraient corporatistes ou nostalgiques. On les présente comme des esprits chagrins. Cela sans compter les populistes, qu'il faudrait tenir à l'écart de la conversation civique.

    Que la distinction entre progressistes et conservateurs soit essentielle n'est pas faux. Elle ne saurait toutefois se définir de manière aussi caricaturale. Ces termes ne sauraient désigner simplement une attitude devant le changement. Ce qui distingue les premiers des seconds, c'est le rapport aux limites. Et Emmanuel Macron, on l'aura noté ces dernières semaines, n'est pas un progressiste caricatural. Le président est plus intéressant que le candidat. Dans son désir manifeste de restaurer, ne serait-ce que sur le plan des apparences, la verticalité du pouvoir, il s'éloigne de l'histrionisme sarkozyste et de la normalité hollandienne. Autrement dit, il cherche à s'approprier symboliquement les marques d'un certain conservatisme, ou du moins, à laisser croire qu'il n'est pas étranger à la dimension hiératique du pouvoir. Si la tendance se maintient, il parviendra, pour un temps du moins, à ne pas raviver la colère de ceux qui sont attachés à la prestance des institutions. Les Français seront beaucoup moins nombreux à avoir honte de leur président.

    Mais on passe là à côté de l'essentiel. Pour l'instant, on peine surtout à repérer les lignes de clivage idéologique fortes autour desquelles pourra prendre forme le débat politique dans les années à venir. On a beau vouloir passer du clivage gauche-droite au clivage progressistes-conservateurs, ou même au clivage plus improbable qu'on ne le dit entre mondialistes et souverainistes, cette grande transformation politique demeure pour l'instant hypothétique : à tout le moins, elle tarde à se fixer. Nous sommes dans une période de mutation où les grandes catégories politiques demeurent brouillées. C'est un changement d'époque. On ne saurait se contenter non plus d'une mise en scène d'un conflit entre un bloc élitaire et un bloc populaire, ou d'une lutte entre le centre et la périphérie, à moins de consentir à un retour explicite de la lutte des classes qui pourrait entraîner bien des débordements. Sur quelles bases se construira l'opposition au macronisme ?

    Assisterons-nous au retour d'une politique apaisée ? Rien n'est moins sûr. Le macronisme victorieux n'est déjà plus euphorique. Certes, l'opposition en bloc et systématique à tout ce que proposera Emmanuel Macron est stérile. Le discours antisystème en est venu à tourner à vide et la faillite du Front national au deuxième tour de la présidentielle le confirme. Les Français ne sont certainement pas enthousiastes devant la nouvelle présidence. Elle ne les révolte pas non plus. Ils souhaitent manifestement qu'Emmanuel Macron soit capable de débloquer un pays que plusieurs sentent enfoncé dans l'impuissance. Ils ne rêvent pas non plus d'une grande liquidation. Il n'est pas interdit de penser non plus qu'il soit capable d'en surprendre plusieurs, si les circonstances historiques l'exigeaient. Chose certaine, devant un bouleversement politique de grande ampleur qu'ils sont très peu nombreux à avoir prévu, il n'est pas interdit d'éviter les prophéties positives ou négatives pour les prochains temps.

    Il n'en demeure pas moins que le réel conserve ses droits et qu'on ne saurait soumettre durablement la politique à un mirage technocratique. La dissolution du politique dans un matérialisme avilissant prend aujourd'hui le visage de l'économisme le plus étroit. Le citoyen est réduit à la figure d'un individu qui n'est plus lié intimement à la communauté politique. Mais de l'immigration massive au multiculturalisme en passant par le terrorisme islamiste et les nouveaux enjeux sociétaux, la crise de civilisation que la France traverse avec les autres sociétés occidentales ne vient pas de se dissiper d'un coup. Elle a été étrangement absente de la dernière séquence politique. Elle s'imposera de nouveau. On ne peut durablement censurer la réalité, malgré ce que pensent ceux qui s'imaginent qu'il suffit de ne pas parler d'un problème pour le faire disparaître.

    Certains relativiseront cette crise de civilisation en disant que le monde a toujours changé et toujours changera. Dès lors, la première vertu de l'homme devient sa capacité d'adaptation à tout ce qui arrive. C'est ce que réclame la mondialisation. Comment ne pas y voir une technicisation à outrance de l'existence ? Mais l'homme ne saurait habiter le monde en étant toujours en marche, comme s'il était soumis à un flux incessant et immaîtrisable. Il a aussi besoin de permanences. Il a besoin d'habiter un monde durable qui marche moins qu'il ne demeure. Qui portera ce désir de continuité ? L'inépuisable question de l'identité de la droite revient alors dans l'actualité. Pour l'instant, une partie de la droite se contente d'une critique comptable du régime qui s'installe, comme si elle était heureuse de se tenir éloignée des enjeux civilisationnels qui ont marqué les dernières années. Elle rêve de moins en moins secrètement de se rallier au nouvel état des choses. Une bonne partie de la droite, au fond d'elle-même, est progressiste.

    La pensée conservatrice a connu une vraie renaissance ces dernières années. Elle s'était peut-être exagérément accrochée à l'échéance présidentielle de 2017, comme si elle représentait un possible point tournant de l'Histoire. Elle s'était fait croire qu'elle avait renversé l'hégémonie culturelle de la gauche. C'était une illusion. On ne reconstruit pas en une élection un monde déconstruit pendant un demi-siècle. Il ne s'agit pas de restaurer le monde d'hier, d'ailleurs, mais de renouer avec les permanences essentielles de toute civilisation. Ce travail de discernement ne va pas de soi. Pour reprendre les mots d'un philosophe, rien n'est aussi complexe que de distinguer l'essentiel de l'anachronique. Le travail de fond devra se poursuivre, au-delà des seuls rendez-vous électoraux qui, aussi importants soient-ils, ne sauraient définir exclusivement la vie de la cité. Il s'agit de faire renaître un imaginaire, une anthropologie, de désenfouir des sentiments oubliés. Ce n'est qu'ainsi que le conservatisme redeviendra une politique de civilisation. 

    « Une bonne partie de la droite, au fond d'elle-même, est progressiste. »  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Vivre et mourir à Marseille ? Bienvenue dans la nouvelle France

     

    Une recension de Jean-Paul Brighelli qui anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur. Et un saisissant tableau !

     

    985859-1169345.jpgPoncif : les Marseillais ont avec leur ville une relation passionnelle. Amour et haine. Ils se savent différents. Issus — et ce n’est pas une formule — de la « diversité » : Provençaux, Catalans (un quartier porte leur nom), Corses (près de 130 000), Italiens divers et d’été, Arméniens réfugiés ici dans les années 1920, Pieds-Noirs de toutes origines, en particulier des Juifs séfarades, Arabes de tout le Maghreb, et depuis quelques années Comoriens (plus de 100 000) et Asiatiques — les Chinois occupent lentement le quartier de Belsunce comme ils ont, à Paris, occupé Belleville, au détriment des Maghrébins qui y prospéraient.

    Bien. Vision idyllique d’une ville-mosaïque, où tous communient — si je puis dire — dans l’amour du foot et du soleil…
    Mais ça, dit José d’Arrigo dans son dernier livre, ça, c’était avant.

    Dans Faut-il quitter Marseille ? (L’Artilleur, 2015), l’ex-journaliste de l’ex-Méridional, où il s’occupait des faits divers en général et du banditisme en particulier, est volontiers alarmiste. Marseille n’est plus ce qu’elle fut : les quartiers nord (qui ont débordé depuis lulure sur le centre — « en ville », comme on dit ici) regardent les quartiers sud en chiens de faïence. Et les quartiers sud (où se sont installés les Maghrébins qui ont réussi, comme la sénatrice Samia Ghali) se débarrasseraient volontiers des quartiers nord, et du centre, et de la porte d’Aix, et des 300 000 clandestins qui s’ajoutent aux 350 000 musulmans officiels de la ville. Comme dit D’Arrigo, le grand remplacement, ici, c’est de l’histoire ancienne. Marseille est devenu le laboratoire de ce qui risque de se passer dans bon nombre de villes. Rappelez-vous Boumédiène, suggère D’Arrigo : « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère Sud pour aller dans l’hémisphère Nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. » « Les fanatiques, dit D’Arrigo, ont gagné la guerre des landaus ». Le fait est que partout, on rencontre des femmes voilées propulsant fièrement leurs poussettes avec leurs ventres à nouveau ronds. Si ce n’est pas une stratégie, ça y ressemble diablement. D’autant que c’est surtout l’Islam salafiste qui sévit ici. Et à l’expansion du fondamentalisme, observable à vue d’œil dans les gandouras, les barbes, les boucheries hallal, le « sabir arabo-français aux intonations éruptives issues du rap », les voiles, les burqas qui quadrillent la ville, répond un raidissement de la population autochtone — y compris des autochtones musulmans, ces Maghrébins de première ou seconde génération, qui, voyant la dérive des jeunes qui les rackettent et les menacent, en arrivent très consciemment à inscrire leurs enfants dans les écoles catholiques et à voter FN : « Ce sont les Arabes qui ont porté le FN au pouvoir dans les quartiers nord, pas les Européens ».

    Marseille est effectivement devenue terre d’Islam, Alger évoque sans rire la « wilaya de Marsylia », et, dit l’auteur en plaisantant (mais le rire est quelque peu crispé), ce sera bientôt « Notre-Dame-d’Allah-Garde » qui dominera la ville. Je l’ai raconté moi-même ici-même à maintes reprises. La burqa, ici, c’est tous les jours, partout. Au nez et à la barbe de policiers impuissants : il y a si peu d’agents de la force publique que c’en devient une plaisanterie.

    Et l’image que j’évoquais plus haut d’une ville cosmopolite est désormais clairement un mythe : Marseille est une ville où les diverses « communautés » s’ignorent (version rose) ou se haïssent — version réaliste. Marseille, ville pauvre où 50% des habitants sont en dessous du seuil d’imposition (contre 13% à Lyon, si l’on veut comparer), « n’en peut plus de ces arrivées incessantes de gens venus d’ailleurs, et venant ici rajouter de la misère à la misère ». Ici on ne se mélange plus. On s’observe, et parfois on tire. « Marseille est devenue une redoutable machine à désintégrer après avoir été durant un siècle une ville d’immigration et d’assimilation à nulle autre pareille. »
    Qu’il n’y ait pas de malentendu sur le propos de l’auteur. Il n’est pas dans la nostalgie d’une Canebière provençale et d’un Quai de Rive-Neuve où César et Escartefigue jouaient à la pétanque (un mythe, ça aussi). Il regrette la ville de son enfance (et de la mienne), où tous les gosses allaient en classe et à la cantine sans se soucier du hallal ou du casher, et draguaient les cagoles de toutes origines sans penser qu’elles étaient « impures ».

    Responsabilité écrasante des politiques, qui durant trois décennies ont systématiquement favorisé ceux qu’ils considéraient comme les plus faibles. Marseille a été le laboratoire de la discrimination positive, et aujourd’hui encore, les réflexes des politiciens qui financent des associations siphonneuses de subventions sont les mêmes. « On a substitué à la laïcité et à l’assimilation volontaire, qui naguère faisait autorité, le communautarisme et le droit à la différence ». « Cacophonie identitaire » et « défrancisation », « désassimilation ».

    Comment en est-on arrivé là ? L’auteur dénonce avec force la substitution, à des savoirs patiemment instillés, du « péril de cette époque insignifiante gavée de distractions massives : le vide, le vertige du vide ». Je faisais il y a peu la même analyse, à partir du livre de Lipovetsky.

    D’où la fuite de tous ceux qui, « dès qu’ils ont quatre sous, désertent la ville et s’installent à la campagne ». Vers Saint-Maximin, Cassis, ou autour d’Aix — ou plus loin : des milliers de Juifs par exemple ont fait leur Alya et sont partis en Israël, et les Corses se réinstallent dans les villages de leurs parents. Mais « dans ces conditions, des quartiers entiers de Marseille risquent de se ghettoïser. » Ma foi, c’est déjà fait.

    Et si la ville n’a pas explosé, c’est qu’il y règne un « ordre narcotique » auquel veillent les trafiquants, peu soucieux de voir s’instaurer un désordre peu propice au petit commerce du shit — une activité parallèle qui génère chaque année des dizaines de millions d’euros. L’Etat en tout cas n’existe plus déjà dans 7 arrondissements sur 16, où les gangs, narco-trafiquants infiltrés de djihadistes potentiels, font régner l’ordre — c’est-à-dire le désordre des institutions. Quant à l’école, « elle a sombré ». Effectivement, les truands ne voient pas d’un bon œil que certains leur échappent en tentant de s’instruire. D’ailleurs, ceux qui y parviennent sont les premiers à « quitter Marseille ».

    Les solutions existent — à commencer par un coup de balai sur cette classe politique phocéenne corrompue jusqu’aux os, qui entretient un système mafieux en attendant qu’il explose. La candidature d’Arnaud Montebourg en Mr Propre, évoquée par D’Arrigo, me paraît improbable : il n’y a ici que des coups à prendre. L’arrivée aux commandes de Musulmans modérés est plus probable : le Soumission de Houellebecq commencera ici.

    Et pour que les bonnes âmes qui croient que ce blog est islamophobe cessent de douter, je recopie, pour finir, une anecdote significative — mais le livre en est bourré, et Marseille en fournit tous les jours.

    « À la Castellane, la cité de Zinedine Zidane, les policiers sont appelés de nuit par une mère affolée. Sa fillette de 10 ans est tombée par mégarde du deuxième étage et elle a les deux jambes brisées. Il faut la soigner de toute urgence et la conduire à l’hôpital. L’ambulance des marins-pompiers et la voiture de police qui l’escorte sont arrêtées par le chouf [le guetteur, pour les caves qui ne connaissent pas l’argot des cités] douanier à l’entrée de la cité. Lui, il s’en moque que la gamine meure ou pas. Il va parlementer une demi-heure avec les policiers et les pompiers et les obliger à abandonner leurs véhicules pour se rendre à pied au chevet de la blessée. « Je rongeais mon frein, raconte un jeune flic qui participait au sauvetage, je me disais dans mon for intérieur, ce n’est pas possible, ces salauds, il faut les mater une fois pour toutes, j’enrageais de voir un petit caïd de banlieue jouir avec arrogance de son pouvoir en nous maintenant à la porte. Ce qu’il voulait signifier, ce petit con, c’était très clair : les patrons, ici, c’est nous. Et vous, les keufs, vous n’avez rien à faire ici… » »

    À bon entendeur…

    Faut-il quitter Marseille ? Prix : 18,00 €

     

    Jean-Paul Brighelli - Bonnet d'âne

     

  • Abbé Guillaume de Tanoüarn : « Traditionis Custodes vise l’extinction du rite traditionnel », par Aurore Leclerc.

    © DR

    Le motu proprio Traditionis Custodes édicté par le pape François a déclenché incompréhension, tristesse et colère chez beaucoup de fidèles attachés à la célébration de la messe en forme extraordinaire du rite romain. Pour l’abbé Guillaume de Tanoüarn, cofondateur de l’Institut du Bon-Pasteur et ancien directeur du centre Saint-Paul à Paris, il y a là une volonté manifeste de séparer ce qui tendait à la communion. Entretien.

    Avez-vous été surpris par la soudaineté et la sévérité des mesures édictées dans le motu proprio Traditionis Custodes ?

    Oui, je ne m’attendais pas à ce que le pape François tape aussi fort. Au fond, ce motu proprio, purement disciplinaire, n’est pas doctrinal. Disciplinaire, car il s’agit pour le pape François de détruire la fécondité des instituts Ecclesia Dei, et du mouvement traversant l’Église en ce moment, et qui mène à une communion des rites. On s’est aperçu que le rite ancien pouvait apporter le sacré, la transcendance et l’adoration, quand le rite nouveau amenait la participation et la proximité. Depuis 1988 et le motu proprio Ecclesia Dei de Jean Paul II, l’Église a progressivement pris conscience de la complémentarité des rites.

    Je pense que beaucoup de jeunes prêtres en paroisse pratiquaient un mélange des deux et apportaient à leurs fidèles une part de la verticalité du rite traditionnel. Je m’inscris parmi ceux qui insistent sur la participation au sein du rite traditionnel, et je crois qu’il est très important pour l’avenir du rite traditionnel de développer cette réalité.

    Nous étions dans une situation apaisée, rien à voir avec les conflits des années 70, 80 voire 90. Et brusquement, le pape François décide de déterrer la hache de guerre. Son motu proprio est clairement écrit pour réaliser l’extinction du rite traditionnel. L’exemple le plus frappant – outre le fait qu’il refuse toute nouvelle implantation – est que les prêtres ordonnés après ce motu proprio, ne pourront dire la messe traditionnelle qu’en demandant l’autorisation à leur évêque, qui lui-même demandera à Rome si c’est opportun. Autant dire que dans l’esprit du pape, cela ne sera jamais opportun. Il s’agit en fait d’une interdiction déguisée, et pas très bien déguisée d’ailleurs.

    Comprenez-vous les griefs du souverain pontife à l’égard des traditionnalistes, à savoir que la liturgie traditionnelle est utilisée pour rejeter le concile Vatican II ?

    Je m’oppose fortement à un quelconque fétichisme de Vatican II. Fétichisme qui n’a rien à voir avec l’infaillibilité théologique du concile lui-même. Il s’agit d’un concile pastoral qui est intervenu dans l’histoire de l’humanité à un moment d’extraordinaire optimisme. Or aujourd’hui nous sommes dans une période extrêmement sombre, extrêmement noire. L’optimisme qui a fait Vatican II est donc bien oublié. L’Église ferait bien de s’adapter à la nouvelle donne sociale à laquelle elle a affaire, notamment l’appauvrissement des populations dites « riches », au désespoir et à la perte généralisée des repères. Sans parler de la violence entre les religions, engendrée par les revendications de l’islam radical. Le recours à la vertu universelle de Religion pour un dialogue inter-religieux apaisé (prôné par Vatican II) ne suffit plus, surtout à l’heure où l’on découvre que la religion au son d’ « Allah Akbar » peut devenir un vice meurtrier.

     

    Visiblement, on préfère une Église définitivement pauvre en prêtres, mais au sein de laquelle on aura méthodiquement détruit toute forme de concurrence

     

    Nous sommes dans un temps complètement différent des années 70. Il est donc naturel que les catholiques cherchent autre chose que Vatican II pour y faire face. Cela ne constitue pas une condamnation de Vatican II en soit, mais ce concile est l’expression d’un autre temps, d’une autre époque. Et je crains que le vieux pape que nous avons, ne sache pas discerner cette vieillesse de Vatican II.

    Le pape écrit que le comportement des traditionnalistes « contredit la communion, nourrissant cette pulsion de division […] C’est pour défendre l’unité du Corps du Christ que je suis contraint de révoquer la faculté accordée par mes prédécesseurs ». Que pensez-vous de cette déclaration ?

    Je pense que c’est lui qui contredit la communion. Nous sommes dans un cas de figure rare, envisagé par les théologiens, où le pape détruit une communion qui est en train de se faire et à laquelle il faut évidemment du temps, mais aussi une vraie confiance des uns envers les autres. Et c’est cette confiance qu’il détruit. Qu’un pape puisse défaire ce que son prédécesseur a fait, avec une telle facilité, en deux pages, cela pose un problème sur l’institution qu’il dirige et sur sa fiabilité. D’ailleurs, le pape avait déclaré lors d’une de ses conférences dans un avion (qui lui sont familières), au journaliste de La Croix Nicolas Senèze, qu’il n’avait pas peur des schismes. Cela au mépris de sa tâche de pasteur, de rassembleur. Nous ne pouvons que constater aujourd’hui qu’il n’a effectivement pas peur des schismes, de trancher dans le vif, de couper, de séparer, plutôt que d’unir.

    Sur le plan pratique, qu’est-ce que cela va changer pour les diverses communautés ?

    D’abord, les nouvelles assemblées ne pourront être le fait que de l’évêque du lieu. Les instituts de droit pontifical qui ont été créés pour guérir les blessures du combat liturgique des années 70 n’ont plus le droit de s’installer quelque part, de créer de nouvelles structures, de grandir. En un sens hallucinant, elles n’ont plus le droit d’être le « levain dans la pâte », comme le prescrit pourtant l’évangile à chaque chrétien. À terme, il s’agit donc bien de supprimer ces communautés en obtenant d’abord l’extinction du recrutement des séminaires. En effet, sans implantation nouvelle, les jeunes séminaristes n’auront pas d’autre choix que de devenir les doublures de leurs aînés.

    Ce que la hiérarchie actuelle de l’Église ne comprend pas, c’est ce recrutement des prêtres au sein de la tradition, comparé aux séminaires « nouvelle manière » supposément adaptés au temps et au lieu. Alors, ne comprenant pas cette expansion, le pape joue le tout pour le tout dans ce motu proprio pour la détruire, au risque de pénaliser l’Église. Visiblement, on préfère une Église définitivement pauvre en prêtres, mais au sein de laquelle on aura méthodiquement détruit toute forme de concurrence.

    À terme, craignez-vous la non-reconnaissance de l’ordination des prêtres venant des communautés traditionnelles par le Saint Siège ?

    Non car théologiquement cela n’est pas possible. Autant il y a une tentation absolutiste chez François, autant il ne peut pas faire absolument n’importe quoi avec le dogme. Un évêque qui reçoit le sacrement de l’épiscopat – comme l’a fait comprendre Vatican II qui a théorisé la sacramentalité de l’épiscopat – ne peut voir invalidées les ordinations qu’il réalise. La question de la validité des ordinations n’est donc pas en cause. Mais le but est de les empêcher, et surtout d’envoyer ce signal aux jeunes aspirants prêtres que s’ils choisissent les instituts Ecclesia Dei, ils seront promis à un cursus ecclésiastique avorté d’avance. Ils n’auront pas de mission, pas de travail. C’est déjà ce que nous vivons un peu à l’Institut du Bon-Pasteur, puisque nous sommes réputés comme étant « les plus méchants ». Les évêques ne nous « trouvent » pas de travail, ou refusent littéralement celui que l’on apporte.

    Que deviendront les prêtres qui ne seront plus autorisés à célébrer la messe sous le missel de 1962 ?

    Ils n’auront pas d’autre choix que de célébrer la messe sous le nouveau missel, sauf à en faire la demande au pape lui-même. C’est une absurdité doctrinale, parce que la liturgie est essentiellement tradition. C’est la loi de la prière qui détermine la loi de la foi, et pas l’inverse. Encore faut-il que cette loi de la prière ne soit pas émise par des commissions rapidement réunies de pseudos experts ou d’experts autoproclamés, comme l’avait déploré le pape Benoît. La liturgie est vraiment le lieu de la tradition, et pas le terrain d’affrontement des dernières forces chrétiennes, hâtivement rangées en Église.

  • L’EUROPE : VERS LE GRAND COMPROMIS ?, par Georges-Henri Soutou.

    Entre pandémie opportune et États-Unis décevants, l’Europe fédérale acquiert chaque jour un peu plus de substance. La Cour de justice s’efforce d’abolir les législations nationales, on lance une initiative commune chaque semaine, on punit les récalcitrants… La France de Macron y voit son avantage.

    5.jpgNombreux sont ceux qui souhaitent que l’Union européenne, à la faveur de la situation actuelle, fasse un pas décisif dans le sens fédéral. Leur projet progresse. D’une part, à cause de la pandémie, Bruxelles a brisé un tabou : l’Union prête directement quelques 750 milliards d’euros aux États membres. Ce n’est pas encore une « union fiscale », mais on s’en rapproche, par un endettement commun, sinon encore par une « mutualisation des dettes ». D’autant plus que les États doivent faire approuver par la Commission les programmes pour lesquels ils comptent utiliser ces prêts. C’est ainsi que l’Allemagne pourra les utiliser pour de nouvelles centrales à gaz, mais pas la France pour son programme nucléaire, ce qui est le comble du comble… Mais enfin, si ça peut contribuer à sevrer un peu la RFA du charbon, qui est redevenu cette année sa première source d’énergie…

    D’autre part le désastre de Kaboul a reposé la question d’une « autonomie stratégique » européenne par rapport aux États-Unis, comme le répète le président de la République. Le mot « autonomie » est très difficile à définir de façon précise. Disons que Paris souhaite reprendre un thème des années 1990, celui d’une véritable personnalité européenne de défense, le mot « autonomie » étant destiné à rassurer les partenaires qui continuent à compter d’abord sur l’OTAN pour leur sécurité. Mais si ces deux tendances concomitantes aboutissaient, on aurait bien affaire à un État européen fédéral. On parle d’un « moment Hamilton » de l’Union, allusion à l’histoire des États-Unis, quand le président Hamilton décida de doter les États de l’Union d’un budget commun.

    Certes, c’est bien le sens du discours optimiste « sur l’état de l’Union européenne » que Madame von der Leyen a prononcé le 15 septembre devant le Parlement européen. Mais la Commission de Bruxelles n’est pas un gouvernement, elle peut proposer tout ce qu’elle veut, elle ne sera pas forcément suivie par des États qui restent souverains. Pour qu’il en soit autrement, il faudrait un saut qualitatif.

    Mais ce saut peut intervenir de deux façons : d’abord de façon progressive, par une réinterprétation des traités existant dans un sens encore plus favorable à une intégration toujours plus poussée, c’est très exactement le rôle que s’est attribué la Cour de justice européenne de Luxembourg dès 1964, en déclarant le droit des Communautés européennes supérieur au droit des États membres et même, à partir de 1970, à leur constitution. Et la proclamation en 2000 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne a permis à la Cour de se prononcer sur à peu près tous les sujets, bien au-delà de son domaine de compétence initiale (l’interprétation et le respect des règlements européens).

    La démocratie chrétienne était la gardienne du statu quo : elle a perdu le pouvoir, une nouvelle constitution est possible.

    Mais il y a des freins. D’abord les États peuvent se rebeller. Le refus des Britanniques de renoncer à leur indépendance juridictionnelle a été l’une des raisons du Brexit. Actuellement la Pologne refuse de s’incliner devant Luxembourg, qui estime sa récente réforme judiciaire contraire au droit de l’Union, et Varsovie réaffirme la supériorité de sa constitution sur le droit européen. La Commission envisage des amendes, qui peuvent prendre la forme d’une suspension du versement de la part polonaise dans le prêt de reconstruction post-covid. Les dirigeants polonais menacent de quitter l’Union le cas échéant. Il s’agit bien sûr d’un bras de fer en cours, et cela m’étonnerait que l’on en arrive là, mais enfin on ne peut absolument pas l’exclure.

    Et surtout, depuis longtemps (cf. son arrêt de 2008 à propos du Traité de Lisbonne), le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe a souligné que tout nouveau progrès de l’Union dans le sens du fédéralisme nécessiterait un accord spécifique du peuple allemand, par voie référendaire (sauf cas d’urgence, où un large consensus entre le gouvernement et le Bundestag pourrait suffire – ce qui est étonnant pour un esprit français mais correspond à une tradition juridique allemande bien ancrée).

    On se souvient que le dernier combat du Tribunal de Karlsruhe a été mené contre la Banque centrale européenne, accusée de dépasser son mandat avec son programme de quantitative easing. Celle-ci a dû fournir des explications et pour le moment la question est au repos. Et Karlsruhe est bien actuellement le rempart de la souveraineté de la RFA, mais aussi, par ricochet, des autres États membres.

    Mais les choses évoluent, et le Tribunal de Karlsruhe commence à susciter des oppositions en Allemagne elle-même. Le gardien sourcilleux de la « Loi fondamentale » (nom que porte la constitution allemande, adoptée en 1949 mais « provisoire ») paraît à beaucoup bloquer des évolutions nécessaires. En effet, nous ne sommes plus en 1949, la réunification, la construction européenne, les problèmes suscités par la mondialisation ou par la montée de l’écologie amènent de nombreux responsables à s’interroger sur l’adaptation de la Loi fondamentale à notre temps, malgré la stabilité politique qu’elle a contribué à assurer.

    D’autre part la pandémie et, plus ponctuellement, les toutes récentes inondations dévastatrices en Rhénanie ont reposé la question de la capacité de réaction de la RFA dans l’urgence face aux crises imprévues. Le livre passionnant du journaliste Robin Alexander, Machtverfall (l’écroulement du pouvoir), consacré à la fin de l’ère Merkel, montre que celle-ci, pour tenter d’organiser la lutte contre la pandémie du Covid, a dû recourir à des organismes informels non prévus par la constitution mais plus souples. Par ailleurs, démontre l’auteur, l’Internet remet complètement en cause les conditions d’exercice de la démocratie représentative.

    Or la RFA connaît une période d’élections capitales, à l’issue très ouverte. Elles pourraient conduire à des changements d’orientation inimaginables il y a peu. Ces changements pourraient toucher l’ordre constitutionnel : après tout le texte de 1949 était « provisoire », lors de la réunification en 1990 certains souhaitaient l’adoption d’une nouvelle constitution, ce qui était d’ailleurs prévu dans le dernier article de la Loi fondamentale. En outre celle-ci est un texte composite, reprenant parfois des articles de la constitution de Weimar de 1919, en particulier en ce qui concerne la place et le statut des Églises.

    La reconnaissance dans la Constitution de nouveaux droits sociaux, de l’écologie, la remise en cause des prérogatives de Karlsruhe et également du financement par l’État des Églises (les Allemands paient 8 ou 9 % de leur impôt sur le revenu à leur Église, pour quitter celle-ci il faut passer devant un tribunal, et plus question après de se marier devant Monsieur le Curé !), tout cela figure dans des revendications exprimées depuis des années dans différents segments du monde politique. La démocratie chrétienne était la gardienne du statu quo : elle a perdu le pouvoir, et si la nouvelle majorité dispose d’une majorité des deux tiers dans les deux chambres, Bundestag et Bundesrat, alors le champ sera libre pour des modifications à la Loi fondamentale (celles-ci ont d’ailleurs été fréquentes depuis 1949, plus de cinquante). Voire même pour une nouvelle constitution.

    On pourrait alors imaginer un grand compromis européen, avec un nouveau traité allant au-delà du grignotage constant de Luxembourg : les Allemands accepteraient l« union fiscale », la laïcité (de plus en plus d’Allemands rejettent désormais le statut des Églises comme « corporations de droit public », et ça réglerait le problème de plus en plus pressant du statut de l’Islam en Allemagne…) ainsi qu’une personnalité européenne de défense indépendante des États-Unis, que la CDU en fait refuse. En échange leurs partenaires, en particulier français, qui verraient ainsi bien de leurs souhaits satisfaits, accepteraient un saut fédéral européen.

    Bien entendu ce scénario, s’il n’est plus invraisemblable, reste hypothétique : il dépend des prochaines élections en Allemagne et en France, de l’évolution d’une pandémie loin d’être terminée, et d’une économie imprévisible, menacée par l’inflation et le désordre croissant du système monétaire international. Il dépend aussi des acteurs extérieurs, américains, russes, chinois… Et en Europe même des Européens de l’Est, soucieux de leur identité, et des Européens du Nord, très réticents à l’idée de payer pour les autres. Mais enfin la situation est désormais mouvante. 

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    Source : https://politiquemagazine.fr/

  • Le professeur Raoult concentre la haine de ceux qui entrevoient dans le coronavirus une formidable occasion de faire de

    Comment se passe votre confinement?

    Bien car le travail de philosophe est avant tout une activité de sédentaire qui suppose la solitude et l’isolement. Je lis, j’écris, je travaille. Je tiens un journal de cette pandémie car elle révèle, au sens photographique du terme, l’état de notre civilisation: un chef de l’Etat incompétent, une porte-parole du gouvernement qui avoue mentir pour protéger le chef de l’Etat et qui ne se fait pas faute de beaucoup le protéger, un gouvernement en capilotade, une ministre de la santé démissionnaire qui a menti sur la gravité de l’épidémie elle aussi avant d’assurer qu’elle avait dit la vérité au Président et au Premier ministre, des conflits d’intérêt entre madame Buzyn et son mari, inféodés aux laboratoires, donc à l’argent, et le professeur Didier Raoult, un français leader mondial en matière d’infectiologie,  des annonces contradictoires qui montrent qu’Emmanuel Macron n’est pas un chef, qu’il ne sait pas trancher, décider, prévoir, et qu’il n’est en fait que l’homme de paille de l’Etat maastrichtien. Chacun a vu l’Europe de Maastricht s’effondrer et avec elle le libéralisme toucher le fond: on redécouvre les vertus des frontières, de l’interventionnisme de l’Etat, de la nécessité du service public, des nationalisations. C’est la vengeance de Colbert!

    Le confinement oblige d’une certaine manière les individus à se retrouver avec eux-mêmes. Cela peut-il avoir des vertus?

    Pour des gens vertueux, oui, mais pas pour des gens vicieux. Le confinement c’est très exactement la cage dans laquelle sont des animaux qui tournent en rond alors qu’il leur faut de l’espace… Cette situation oblige à un face-à-face avec soi-même. Il contraint également à un face-à-face avec son conjoint et ses enfants, voire avec les enfants issus de familles recomposées. En temps normal, on peut prendre son mal en patience: il faut tenir le coup pendant un repas, un week-end, un temps d’après le travail effectué à l’extérieur, des respirations sont alors possibles –or, il s’avère que c’est rarement suffisant pour éviter la discorde. Mais le confinement interdit les pauses, les respirations: c’est vingt quatre heures sur vingt quatre, semaines après semaines, pour au moins un mois. Les riches ont de grands appartements lumineux dans les beaux quartiers, mais ils peuvent les quitter pour des maisons de campagne en Normandie, au Pays Basque, à l’île de Ré… Le confinement obéit à la loi de la lutte des classes: il est une épreuve bien plus cruelle pour les gens modestes que pour les riches.

    Comment analysez-vous la pandémie de coronavirus? Celle-ci va-t-elle précipiter l’effondrement de la civilisation occidentale?

    Je m’intéresse aux destins des civilisations car, la notre s’effondrant, c’est toujours intéressant de comparer avec la chute des grandes civilisations –Assur, Sumer, Babylone, Stonehenge, Louxor, Athènes, Rome… Si l’on fait l’histoire de l’histoire, autrement dit l’épistémologie de l’histoire, on voit bien que les interprétations des chutes de civilisation sont souvent des projections personnelles. Récemment, on a activé des lectures écologiques (on a invoqué des périodes de réchauffement ou de refroidissement, des déforestations, des erreurs agronomiques) mais aussi aux famines et aux épidémies. On a dit qu’à la fin du II° siècle de notre ère, la peste antonine a joué un rôle dans l’effondrement de Rome. Il ne saurait y avoir une seule cause à l’effondrement d’une civilisation, mais il est vrai que cette épidémie de coronavirus va générer un effondrement de l’économie dont je vois mal comment l’Occident pourra y répondre!

    Fin janvier 2020, vous évoquiez déjà la situation grave minimisé par la France. Comment expliquez-vous le retard français face à cette crise sanitaire? Pourquoi avoir sous-estimé ce risque? Alors que de nombreux scientifiques nous avaient mis en garde, dont le Professeur Raoult des années auparavant…

    J’ai en effet dit sur un plateau de télévision le 28 janvier que le simple bon sens permettait de s’inscrire en faux contre les discours patelins d’un certain nombre de médecins médiatiques (avec en navire amiral Michel Cymes…) qui minimisaient les choses et parlaient grippette. Pas besoin d’avoir des informations confidentielles, d’être dans les petits papiers des services secrets, d’accéder à des documents secret défense pour conclure une chose simple: la Chine, qui est un dictature, n’a que faire de la mort de dizaine ou de centaine de milliers de ses habitants, c’est quantité négligeable pour elle, d’autant plus que le reste du monde n’en saurait rien. Dès lors, si le gouvernement décide un confinement drastique d’une ville de plus de dix millions d’habitants, c’est qu’il y a non pas péril en sa demeure, mais péril sur son terrain de jeu économique: la planète entière! Il suffisait juste de faire fonctionner une intelligence normale sur ce simple fait pour conclure ce qui s’imposait: ce n’était pas une gripette…

    La crise du coronavirus a révélé les failles d’un système de santé que l’on croyait parmi les meilleurs du monde ainsi que notre extrême dépendance envers la Chine. Comment en est-on arrivé là?

    En France, les personnels de santé étaient en grève bien avant l’arrivée de ce coronavirus. Ils attiraient l’attention du pouvoir sur cette réalité que le système de santé français n’est plus le meilleur du monde –et ce depuis longtemps… Depuis que le marché fait la loi sur ce terrain-là, la santé est un business. C’est Mitterrand qui a ouvert le bal en 1983 et tous les chefs d’Etat depuis, sans aucune exception, ont détruit le système de santé. Ceux, dont je suis, qui combattent le libéralisme pour lequel le marché fait la loi, l’ont dit: le marché ne peut faire la loi à l’hôpital, à l’école, à l’armée, dans la police, la justice, la culture… Grandeur nature, nous voyons ces temps-ci ce que signifie le marché qui fait la loi en matière de soins. Il n’est plus question de santé publique, d’intérêt général et de bien de tous. Le sous-équipement fait qu’actuellement, on trie les malades et l’on envoie les vieux à la mort sous prétexte qu’on manque de matériel pour les sauver. De même, on n’est pas capable de donner aux soignants des masques et des gants alors que Macron a surjoué la carte martiale. Nous serions en guerre mais il n’y a pas d’argent pour fournir en masques les personnels soignants! C’est une honte. Quand il a fallu faire la guerre en Irak pour destituer Saddam Hussein, en Libye pour chasser Khdhafi, ou quand Macron a décidé d’un bombardement cosmétique de la Syrie pour montrer son allégeance aux Etats-Uni : de combien d’hôpitaux nous sommes nous privés en leur préférant des bombes Quand à la dépendance à la Chine, c’est simple: ce pays est un serpent à deux têtes, celle du capitalisme libéral pour la production, celle de la dictature marxiste-léniniste pour la société.  Le libéralisme maastricthien a invité à la délocalisation sous prétexte de  rentabilité. La Chine à des milliards de travailleurs sous-payés, exploités, terrorisés, mis en coupe réglée. Aucun ouvrier européen ne peut être compétitif avec son homologue chinois. Le gouvernement chinois a ainsi concentré des monopoles –une autre façon de conduire la révolution. Je vous rappelle qu’ils ont le monopole des métaux rares. Or, parce qu’ils sont des supraconducteurs avec lesquels on gagne des nanosecondes, l’armement américain est entre les mains des Chinois… Voilà pourquoi Trump fait le malin avec la Corée du Nord mais pas avec la Chine!

    Pourquoi l’Europe est-elle devenue l’épicentre de la crise sanitaire, tandis que des pays théoriquement moins développés, comme la Corée du Sud, la surmontent avec de très faibles pertes humaines et sans confinement généralisé?

    C’est l’idéologie libre-échangiste qui montre ainsi ses limites. Les européistes ont déclaré la haine des frontières et des Etats-Nations, sous prétexte qu’il n’y aurait de vérité que dans le grand marché planétaire. De sorte qu’en France, fin janvier, alors que, pour qui voulait savoir la dangerosité on pouvait la savoir, Macron affrète des avions pour rapatrier des Français exilés en Chine, il organise des quarantaines dans des villages de France sans en avertir les maires au préalable, il laisse atterrir sans contrôle jusqu’à une vingtaine d’avions chinois par jour à Paris en laissant ses passagers nullement contrôlés s’égayer dans tout le pays afin d’y ensemencer potentiellement le virus. Les communicants ont fabriqué cette phrase: "le virus n’a pas de passeports", comme si le virus était dissociable de celui qui le porte et qui, lui, possède bien un passeport… L’impéritie libérale fait que nous avons des bombes atomiques mais pas de masques ni de tests fiables qui étaient les deux piliers d’une autre politique: protéger, tester et confiner ceux qui se seraient avérés positifs. Avec Macron ce fut rien, puis tout, ce qui témoigne en faveur d’un désarroi qui pose problème quand il s’agit du chef d’un Etat si centralisé…

    Que révèlent les polémiques autour de la chloroquine?

    D’une part: la vieille opposition entre Paris et le reste de la France, la tension permanente entre la capitale, qui est étymologiquement la tête, et les provinces dont on peut faire l’économie. Je n’ai pas retenu le nom d’un médecin verbeux et décoré, juste le souvenir de sa tête globuleuse,  qui, sur un plateau de télévision, voulant critiquer le professeur Raoult, disait : "ce monsieur qui travaille loin de Paris". Tout était dit. D’autre part: un autre trait français qui est la haine du succès, le mépris des talents, la rancune contre le génie. Le professeur Raoult est une sommité mondiale, et la chose est dite depuis bien des années, pas seulement depuis un mois. Il propose une solution et ceux qui n’en ont pas et qui, avec leur impéritie politique ont exposé les Français à la catastrophe, pincent du bec comme une duchesse chez Proust pour estimer qu’il n’y pas d’essai en double aveugle, etc. C’est comme si des bégueules sur le Titanic avaient interdit l’usage des canots de sauvetage parce que leur peinture contenait du plomb… Le professeur Raoult a un look de Viking tout juste descendu de son drakkar. Il a conscience de sa valeur, et alors? Tant de gens qui en manquent prétendent tellement en avoir: ce sont eux qui bavent, crachent et salissent. Jusqu’à Daniel Cohn-Bendit passé du gauchisme au macronisme et de la pédophilie au statut de Savonarole de l’idéologie européiste qui, dans le style grossier et avachi qui est sa marque de fabrique, défend ses amis parisiens, les laboratoires, l’argent de l’industrie pharmaceutique. Le professeur Raoult propose de guérir avec un médicament a dix euros: il priverait les laboratoires d’une manne planétaire incroyable. On comprend qu’il puisse déplaire et concentrer la haine de ceux qui entrevoient une formidable occasion de faire de l’argent, l’horizon indépassable de Cohn-Bendit.

    Certains observateurs vont jusqu’à vanter le "modèle chinois". La Chine peut-elle sortir gagnante de la crise?

    On ne sait rien d’autre de la Chine que ce qu’elle veut bien nous dire d’elle. Et vous vous doutez bien qu’elle ne donnera aucune information susceptible de ternir son honneur et qu’en revanche, elle donnera toute autre information, fut-ce au prix d’un contre-vérité, qui contribuera à augmenter sa visibilité positive. On commence à découvrir qu’elle a menti sur les dates du commencement de cette pandémie et sur le nombre de morts. Ce que l’on peut déjà supposer c’est que, lorsqu’il faudra relancer les économies des pays ravagés, il faudra produire et, délocalisations obligent depuis des années, les Chinois produiront vite pour satisfaire la demande mondiale dans les meilleurs délais . Dès lors, oui, elle tirera son épingle économique du jeu.

    Face aux crises, nous ne sommes pas tous égaux. Quels sont les facteurs qui peuvent, ou pas, aider à les affronter?

    Le confinement, déjà, est un grand révélateur de lutte des classe : il y a ceux qui ont des appartements ou des maisons vastes dans les hyper centres des villes et ce sont souvent les mêmes qui disposent des résidences secondaires dans les plus beaux endroits de la province avec vues sublimes, espace, calme et silence, solitude. Et puis il y a les pauvres qui louent dans des quartiers modestes, des pièces aux petites surfaces, sans possibilité de se replier dans de belles propriétés de campagne. Le pouvoir d’achat se retrouve également en jeu quand il faut acheter de quoi faire trois repas par jour pour sa famille: certains peuvent accéder aux bons produits frais, mais coûteux, dans quelques épiceries fines, pendant que d’autres se gavent de nouilles, de riz et de conserves. Enfin, car tout cela se superpose, ceux qui disposent d’une vie intérieure sont privilégiés par rapport à ceux qui n’en ont pas. Quiconque aime lire, écouter de la musique, regarder des films sera plus apte au confinement que les autres. Une sociologie à la Bourdieu montrerait que les propriétaires de beaux appartements dans les hyper centres se nourrissent avec des produits frais et festifs, qu’ils peuvent se replier dans des maisons de campagne où ils relisent, bien sûr, La Recherche du temps perdu, la lecture préférée des bourgeois qui se prennent pour des aristocrates, où il regardent pour la dixième fois l’intégrale des films de Godard, etc.

    Pensez-vous voir après cette crise une montée des nationalismes, une poussée des régimes autoritaires, ou plutôt une mise en place d’une gouvernance mondiale plus efficace, comme cela avait été le cas après la Seconde Guerre mondiale?

    Depuis des années, les tenants de Maastricht ont en effet fabriqué cette Europe comme un rouage dans la machine plus vaste d’un gouvernement planétaire qui n’est rien d’autre que l’Etat total –l’Etat universel pour utiliser l’expression d’Ernst Jünger. Suppression des peuples, abolition des élections, disparition des frontières, gouvernement de prétendus technocrates supposés compétents dans la gestion et prétendument apolitiques: en fait les patrons des GAFA et leurs alliés. L’écologisme est le cheval de Troie de cette idéologie: quoi de mieux en effet que le paradigme de la planète, qui ignore les frontières, pour imposer le modèle de l’Etat total? La virologie entrera dans la course et, pour faire passer la pilule d’un gouvernement du capital par les élites on nous parlera salut de la planète et protection sanitaire des populations mondiales. Mais ce projet rencontrera en face de lui tous ceux qui, peut-être, auront enfin compris que l’Etat maastrichtien, qui vise à l’Empire, est une dictature d’un genre nouveau et qu’il ne faut pas lui laisser plus de pouvoir qu’il n’en a déjà. Le tragique que je suis (non pas pessimiste mais tragique) a tendance à plutôt croire au désordre à venir… En Italie déjà, on pille des magasins de nourriture.

    Quelles seront à votre avis les conséquences politiques, sociales et sociétales du coronavirus? Quelles traces dans nos vies d’après? Quel scénario pour le redémarrage?

    Ce que je viens de vous dire. Mais précisons: l’Europe a failli, et dans les grandes largeurs. Chacun des pays de feu l’Europe a géré son problème national dans son coin. La République tchèque intercepte des masques envoyés en Italie par la Chine. L’Italie est laissée seule à sa détresse. L’Espagne gère dans son coin. Idem pour la France… Ce qu’on nous présentait comme un monstre économique qui combattait dans la même catégorie que… la Chine ou les Etats-Unis apparaît en pleine lumière pour ce quelle est: un tigre de papier –en fait: une vache en carton… L’Europe de Maastricht est morte. Le souverainisme pourrait avoir de beaux jours devant lui.

    Quel sera selon vous le monde d’après le coronavirus? Pensez-vous voyager à nouveau aussi librement qu’avant?

    Nous n’avons pas les moyens de faire les malins devant ce que les virus imposent au vivant: c’est dans l’ordre des choses. On ne découvre ce qui advient qu’après coup, vérité de La Palice. Un virus plus létal pourrait ravager la planète et la vider d’une grande partie des humains. La nature y retrouverait sa pleine forme –il suffit de regarder combien la pollution a disparu depuis deux mois et comment la nature reprend du poil de la bête à toute allure…

    Un conseil de lecture pendant ce confinement pour vos fans au Liban et au Moyen-Orient?

    Un traité de la nature humaine qui est une encyclopédie en la matière: les Fables de La Fontaine.

  • “Tsunami de preuves” : synthèse des procédures pour fraude électorale en cours aux États-Unis, par Steve Mosher.

    Voi­ci la tra­duc­tion inté­grale de l’article de Steve Mosher publié ven­dre­di par Life­Si­te­News, où vous trou­ve­rez la syn­thèse des pro­cé­dures en cours pour fraude élec­to­rale. L’auteur, est le pré­sident du « Popu­la­tion Research Ins­ti­tute », pre­mier socio­logue amé­ri­cain à visi­ter la Chine com­mu­niste où il décou­vrit l’horreur des avor­te­ments for­cés.

    8.jpgL’avocate Sid­ney Powell, de son côté, estime que Joe Biden a béné­fi­cié de 10 mil­lions de votes illégaux. –

    Il est inté­res­sant de noter que l’ensemble des états ain­si que la presse inter­na­tio­nale qui ont accueilli avec enthou­siasme et sans la moindre réserve l’élection de Joe Biden se font aujourd’hui plus dis­crets sur le scru­tin états-unien.

    Après un lent démar­rage, l’équipe juri­dique de Trump est main­te­nant bel et bien lan­cée, et elle entend démon­trer que l’élection du 3 novembre a vrai­ment été rem­por­tée par son homme.

    En Penn­syl­va­nie, une juge cou­ra­geuse a stop­pé la cer­ti­fi­ca­tion des résul­tats tant qu’elle exa­mi­ne­ra les preuves de la fraude. Elle vou­dra peut-être poser cette ques­tion au secré­taire d’État démo­crate : si seule­ment 1,8 mil­lion de bul­le­tins de vote par voie pos­tale ont été deman­dés, com­ment est-il pos­sible que vous en ayez reçu 2,5 mil­lions par la poste ?

    Dans le Wis­con­sin, un juge exa­mine une requête visant à reje­ter 150 000 bul­le­tins de vote poten­tiel­le­ment frau­du­leux. Cet effort est mené par Phil Kline du pro­jet Amis­tad. Les pro-vie se sou­vien­dront des efforts déployés depuis des années par le pro­cu­reur géné­ral du Kan­sas, Phil Kline, pour dénon­cer les avor­te­ments tar­difs et pour­suivre le Plan­ning fami­lial dans cet État il y a quelques années.

    En Géor­gie et au Michi­gan, le pro­cu­reur pré­fé­ré des Amé­ri­cains, Sid­ney Powell, a lâché le Kra­ken. Ses deux pour­suites sont rem­plies d’exemples cho­quants de fraude élec­to­rale sur plus de cent pages cha­cune, et elles s’accompagnent d’une plé­thore de décla­ra­tions sous serment.

    Quelques-unes de mes escro­que­ries « préférées » :

    En Géor­gie, au moins 96.600 bul­le­tins de vote par cor­res­pon­dance ont été deman­dés et comp­tés, mais rien n’indique qu’ils aient été effec­ti­ve­ment ren­voyés aux com­mis­sions élec­to­rales des com­tés par l’électeur. Ont-ils été créés en interne par des agents démocrates ?

    Tou­jours en Géor­gie, « les 900 bul­le­tins de vote mili­taires du com­té de Ful­ton étaient à 100 % pour Joe Biden ». Essayez donc de tirer à pile ou face et d’avoir « pile » 900 fois de suite.

    À Detroit, il y a eu plus de votes que de per­sonnes en âge de voter, ce qui semble peu pro­bable à pre­mière vue. De plus, des témoins ocu­laires ont rap­por­té que les comp­teurs de votes avaient pour ins­truc­tion de « dater » les bul­le­tins de vote par cor­res­pon­dance et qu’ils « réécri­vaient » les votes Trump pour en faire des votes pour Joe Biden.

    Au Neva­da, un juge vient d’autoriser l’équipe Trump à pré­sen­ter des preuves de fraude élec­to­rale géné­ra­li­sée ; l’audience aura lieu le 3 décembre. Il s’agira notam­ment d’éléments ten­dant à prou­ver que 13.372 « élec­teurs fan­tômes » qui ne connais­saient pas leur date de nais­sance ni même leur sexe lorsqu’ils se sont ins­crits, et qui ont sou­vent indi­qué les casi­nos et les parcs de loi­sirs comme adresse de rési­dence. C’est pour le moins douteux.

    Enfin, pour ce qui est de la fraude élec­to­rale élec­tro­nique, voi­ci ce que dit l’un des plus grands experts amé­ri­cains en matière de cyber­sé­cu­ri­té, cité dans le pro­cès mené par Powell en Géorgie :

    L’expert Navid Kesha­va­rez-Nia explique que les ser­vices de ren­sei­gne­ments amé­ri­cains ont déve­lop­pé des outils pour infil­trer les sys­tèmes de vote étran­gers, dont Domi­nion. Il déclare que le logi­ciel de Domi­nion est vul­né­rable à la mani­pu­la­tion de don­nées par des moyens non auto­ri­sés et a per­mis de modi­fier les don­nées élec­to­rales dans tous les États clefs. Il en conclut que des cen­taines de mil­liers de votes qui ont été expri­més pour le pré­sident Trump lors de l’élection géné­rale de 2020 ont été trans­fé­rés à l’ancien vice-pré­sident Biden. (Pièce 26).

    Tout cela signi­fie que la mas­ca­rade post-élec­to­rale vou­lant que le can­di­dat démo­crate ait rem­por­té l’élection est sur le point d’être balayée par un tsu­na­mi mas­sif de preuves de fraude élec­to­rale. Je crains tou­te­fois que de larges pans de la popu­la­tion amé­ri­caine ne soient pris au dépour­vu lorsque les États com­men­ce­ront à bas­cu­ler dans l’autre camp.

    La rai­son en est qu’un rideau de fer de cen­sure s’est abat­tu sur les États-Unis. Les médias, Twit­ter et Face­book font de leur mieux pour main­te­nir les Amé­ri­cains dans l’ignorance de la cor­rup­tion et de la contro­verse. Comme Trump l’a lui-même noté, « la grande tech­no­lo­gie et les faux médias se sont asso­ciés en vue de la suppression ».

    Mal­gré cela, deux tiers des Amé­ri­cains disent main­te­nant qu’ils veulent aller au fond de cette affaire de fraude.

    Il semble que les actions du « pré­sident élu » Biden aient quelque chose d’étrangement irréel. Il conti­nue d’annoncer ses choix en vue de son futur cabi­net, et les grands médias rap­portent cha­cun de ses gestes, mais de moins en moins de gens semblent y prê­ter atten­tion. Son dis­cours de Thanks­gi­ving n’a été sui­vi que par 1.000 per­sonnes, ce qui semble bien déri­soire pour quelqu’un qui, selon les médias, a obte­nu 80 mil­lions de voix.

    Même sa propre « vice-pré­si­dente élue », Kama­la Har­ris, n’a pas encore démis­sion­né de son siège au Sénat : ce n’est pas le com­por­te­ment de quelqu’un qui croit que, le 20 jan­vier pro­chain, elle prê­te­ra effec­ti­ve­ment ser­ment en tant que vice-présidente.

    Mal­gré les preuves abon­dantes de fraude dans le domaine de la haute et de la basse tech­no­lo­gie, quelques répu­bli­cains conseillent encore la capi­tu­la­tion. Mitt Rom­ney, sans sur­prise, a été l’un des pre­miers. Ben Sasse et quelques autres ont sui­vi, en disant au pré­sident qu’il devrait sim­ple­ment s’en aller sans se battre. (Il sera inté­res­sant de voir s’ils ont un lien quel­conque avec les sys­tèmes de vote Dominion).

    Tout le monde doit com­prendre, même si quelques séna­teurs ne le font pas, qu’il n’y a pas moyen de se déro­ber à ce com­bat. Il ne s’agit pas seule­ment de l’élection de 2020. La fraude élec­to­rale élec­tro­nique a com­men­cé peu après l’entrée en fonc­tion d’Obama, et dure désor­mais depuis une décennie.

    Nous savons qu’en 2012 au plus tard, Trump en était conscient. En fait, peu après l’élection du 3 novembre de cette année-là, il twee­tait un aver­tis­se­ment à Mitt Rom­ney affir­mant que les machines de vote élec­tro­niques étaient uti­li­sées pour com­mettre des fraudes élec­to­rales. Rom­ney a cepen­dant choi­si de ne pas contes­ter les résul­tats et a rapi­de­ment recon­nu Oba­ma comme le vainqueur.

    Donald Trump, comme tout le monde le sait main­te­nant, est plus solide. Dans la qua­si tota­li­té de ses dis­cours élec­to­raux pro­non­cés avant l’élection de cette année, il a mis en garde contre les dan­gers des bul­le­tins de vote pos­taux et la pos­si­bi­li­té d’une fraude élec­to­rale mas­sive. Il a éga­le­ment lais­sé entendre que lui et son équipe sur­veille­raient la situa­tion, décla­rant à plu­sieurs reprises : « Nous les avons tous ! » et « Nous savons tout ! »

    Par­lait-il de la sur­veillance élec­tro­nique des résul­tats des élec­tions en temps réel, ou au moins d’avoir accès à des ser­veurs qui l’assurent ? Il faut l’espérer, car il ne s’agit plus de cette seule course à la pré­si­dence. Il s’agit de la sur­vie des États-Unis d’Amérique en tant que répu­blique constitutionnelle.

    Si la cabale de gauche der­rière l’actuel hold-up élec­to­ral devait réus­sir, elle ne ferait qu’encourager ses membres à tri­cher encore plus effron­té­ment la pro­chaine fois. Une minus­cule oli­gar­chie serait effec­ti­ve­ment à la tête des États-Unis, la Consti­tu­tion devien­drait lettre morte et le gou­ver­ne­ment par la loi plu­tôt que l’état de droit serait à l’ordre du jour.

    Dans son dis­cours inau­gu­ral, le pré­sident Ronald Rea­gan rap­pe­lait aux Amé­ri­cains que « la liber­té n’est jamais à plus d’une géné­ra­tion de l’extinction ». Son aver­tis­se­ment résonne aujourd’hui de manière frap­pante. Nous sommes confron­tés à une menace unique de haute tech­no­lo­gie sur nos élec­tions, à la fois de l’intérieur et de l’extérieur des États-Unis.

    Nous devons prier pour que Trump ne soit pas seule­ment réélu, mais qu’il « les ait tous ». Et ensuite, nous devons adop­ter des normes élec­to­rales natio­nales com­plètes pour garan­tir des élec­tions libres et équi­tables à l’avenir, même dans des villes gérées par des démo­crates cor­rom­pus comme Philadelphie.

    Si nous ne gué­ris­sons pas main­te­nant notre corps poli­tique du poi­son qui l’a infec­té, nous cou­rons le risque, selon la mise en garde du pré­sident Rea­gan, de « pas­ser nos der­nières années à racon­ter à nos enfants et aux enfants de nos enfants ce qu’était la vie aux États-Unis du temps où les hommes étaient libres ».

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Des intellos à réaction... Le point de vue de Philippe Bilger*

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    Avec Philippe Bilger qui appelle ici de ses vœux des intellos à réaction, retour sur l'évolution du monde intellectuel français (français et européen). Nous en avons traité maintes fois ces temps derniers, notamment hier, avec les réflexions de Pierre Nora. Et, mardi dernier, avec l'étude de Vincent Trémolet de Villers dans le Figaro magazine (Pourquoi la gauche a perdu les intellectuels). C'est que le fait que la gauche - ce qui est presqu'ingénument proclamé dans tous les médias par Raphaël Glucksmann, pour s'en apitoyer -  soit en train de perdre l'hégémonie idéologique et culturelle, est un phénomène d'importance. Plus encore que la conséquence que l'on peut en attendre qui est la perte du pouvoir politique. Important aussi le fait que, comme le constate Pierre Nora,  ce mouvement de nombre d'intellectuels reconnus tend aujourd'hui, moins vers la droite politique que vers une sorte de réaction conservatrice. Ce dernier adjectif est ambigu. Il pourrait signifier : conservation du Système actuel. Mais nous ne croyons pas qu'il soit pris ici dans ce sens péjoratif. Pour conclure, nous voudrions signaler que ce phénomène d'une sorte de réaction des intellectuels aux errements de la société moderne - ou post-moderne - ramène tout simplement à l'un des tout premiers livres de Charles Maurras qui est L'Avenir de l'Intelligence. Sans vouloir donner de leçons à quiconque, nous conseillons à tout ceux que le sujet intéresse de s'y plonger ou replonger. Il y a dans cet ouvrage visionnaire des perspectives du plus grand intérêt pour notre avenir collectif, celui de notre société. Celui, plus largement encore, de notre Civilisation. Nous aurons sans-doute à y revenir. LFAR   

     

    6830bcccdd66568bec1c72c800487f2b lfar.jpgLes projets de la ministre de l'Education nationale ont mobilisé, généralement contre eux, plusieurs intellectuels de haut niveau mais l'intense débat qui se déroule aujourd'hui sur les rapports de la gauche avec les intellectuels, sur la liberté d'expression, dépasse très largement ces péripéties politiques partisanes quoique fondamentales pour le pays et sa jeunesse.

    Il est d'autant plus stimulant de s'en mêler que de manière pluraliste la réflexion peut s'appuyer sur une série de contributions, d'articles et d'entretiens qui, peu ou prou, stimulent l'intelligence et excitent la contradiction. Il est essentiel, en effet, de rapprocher "Comment la gauche a perdu les intellectuels" de Vincent Trémolet de Villers, "Le politiquement correct à toutes les sauces" de Marion Rousset, la double page du Monde sur "Quand les militants perdent la foi" de l'entretien d'Aymeric Caron dans TéléObs.

    Avant même d'aborder le fond de la discussion, il convient de souligner que si la gauche en effet perd "ses" intellectuels, cela tient à sa responsabilité, moins à cause d'antagonismes de principe que par l'étrange perversion qui a conduit le pouvoir socialiste à se muer en critique littéraire et philosophique et à enjoindre à l'intellect de demeurer partisan et sectaire. De donner tort à l'adversaire même s'il a raison et raison au partisan même s'il a tort.

    L'attitude du Premier ministre, puisque c'est de lui principalement qu'il s'agit, a eu pour effet de coaliser contre elle, gauche et droite confondues, tous ceux qui se préoccupaient de la liberté de l'esprit et de leur indépendance à sauvegarder.

    Il me semble que, dans une même aspiration à décrire le réel tel qu'il est, à dévoiler les problèmes et à les nommer, à dénoncer les blocages et les dérives, sont réunies des personnalités que les concepts de nation, de patrie, d'identité, d'école et de culture mobilisent, certes parfois avec des options différentes mais toujours avec la conscience de l'urgence de ces questions.

    En vrac mais unis par un même souci de la France à préserver et de la France à louer contre tous les miasmes d'une repentance forcenée : Eric Zemmour, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner, Denis Tillinac, Michel Onfray, Natacha Polony, Régis Debray, Éric Naulleau, Chantal Delsol, Gilles-William Goldnadel notamment. Cet énoncé peut paraître surréaliste mais pourtant il se fonde sur des similitudes qui se rapportent d'abord, chez tous, au refus de l'inacceptable.

    Une preuve supplémentaire de cette complicité au-delà des clivages artificiels : on les fait de plus en plus se rencontrer pour des joutes qui sont ou seront en réalité des concordances parsemées de quelques désaccords minimes. Alain Finkielkraut face à Michel Onfray, bientôt à Nice ce dernier dialoguera avec Eric Zemmour. La réaction intelligente parle à la réaction lucide.

    Il y a des bretteurs et il y a les commentateurs.

    Seuls les premiers m'intéressent, ceux que j'appelle les "intellos" à réaction. On a parfois des surprises. J'ai évoqué l'entretien passionnant d'Aymeric Caron et si je déteste sa détestation, qu'il explique, d'Eric Naulleau, je suis d'une part sensible à son honnêteté intellectuelle à mon égard et d'autre part sa controverse avec Caroline Fourest, dont il est sorti honorablement vainqueur, l'a rendu à mes yeux moins répulsif. Surtout, il est clair que tout en n'ayant absolument pas la même conception de la liberté ni la même vision sociale que ceux que j'ai mentionnés, Aymeric Caron est un bretteur à sa manière. Il a exaspéré parce que précisément la tiédeur n'était pas son fort.

    Ce succès éclatant de la pensée aux antipodes du conformisme bête et de la gauche officielle, maintenant qu'il est acquis, devrait entraîner des conséquences qu'il convient de bien mesurer.

    Ces intellectuels qui ont gagné par leur talent et leur profondeur, grâce à la qualité de leur langage, de leurs livres et de leur implication vigoureuse dans le débat public ne doivent plus adopter la posture de martyrs. Globalement, ils sont passés du bon côté. Les pestiférés ne sont plus eux mais les entêtés de l'étouffement. Tous ces êtres que j'apprécie ont médiatiquement remporté la victoire et ce serait de l'hypocrisie de leur part que de continuer à déplorer une fausse disette.

    Il faut aussi se pencher sur ce qu'est le "politiquement correct" en étant attentif au fait que la provocation en elle-même n'était porteuse de rien de signifiant, ni pour ni contre, et que si la vérité a besoin de la liberté, celle-ci n'entraîne pas forcément celle-là.

    La nuance, l'écoute, le respect de l'autre, les règles mais aussi leurs exceptions, l'appréhension globale, la pensée contre soi ne sont pas des gadgets inutiles mais des obligations. Si ces dernières ne sont pas respectées, le réactionnaire ne sera qu'un râleur de plus.

    Enfin, face à tous ces militants "qui perdent la foi" dans l'ensemble des partis sauf au FN, devant ce désabusement et ces désillusions, alors que notre démocratie est d'autant plus menacée qu'elle est invoquée à tort et à travers, trop souvent pour justifier le contraire de ce qu'elle devrait imposer, les intellectuels ne peuvent plus se permettre de crier. Leur pessimisme, aussi lucide soit-il, ne nous apprend plus rien et il risque de lasser. Ils ne crient plus de surcroît dans le désert mais dans un univers saturé médiatiquement qui ne laisse aucune de leurs paroles dans le vide. On soutient qu'ils n'ont plus d'influence, qu'ils ne sont plus écoutés quand ils prescrivent mais je n'en suis pas sûr du tout.

    Ils sont au pied de la montagne. On n'attend plus seulement d'eux qu'ils nous affirment qu'elle est haute, escarpée et dangereuse, qu'ils nous avisent du péril et évoquent avec nostalgie les temps bénis d'avant. On a besoin qu'ils nous fournissent le mode d'emploi et que même ils accomplissent l'escalade avec nous. Il y a mille tours d'ivoire. Gémir, vitupérer, alerter, semoncer en est une.

    Le citoyen, la société exigent des intellos à réaction. Même si le pouvoir, lui, s'en passerait volontiers.

    Source : Justice au Singulier

     

  • Un référendum sur l’Immigration ?, par Philippe Germain.

    Nous ne regret­tons pas, il y a déjà plu­sieurs mois, d’avoir enta­mé l’actualisation de notre réflexion poli­tique sur la menace cultu­relle et démo­gra­phique, que l’Islam repré­sente pour la France, cette aire ter­ri­to­riale et ces hommes domi­nés par vingt siècles de vie par­ta­gée. 

    philippe germain.jpgSachant les nations gué­ris­sables mais pas immor­telles, nous avons, nous natio­na­listes, le sou­ci per­ma­nent de pré­ser­ver la France des forces de mort.

    D’où notre induc­tion qu’a l’extérieur, l’intérêt de la France réside dans la sécu­ri­té et la sou­ve­rai­ne­té, mais à l’intérieur, il se trouve dans l’ordre et l’unité. Cela nous amène à déduire, de l’actuelle immi­gra­tion géné­ra­trice d’islamisation mena­çant l’ordre et l’unité, l’incapacité de la reli­gion laïque – ce fon­da­men­ta­lisme athée – à appor­ter les solu­tions néces­saires à la pré­ser­va­tion de la France. De là nous concluons à la néces­si­té de chan­ger le Sys­tème, au pro­fit d’institutions poli­tiques plus aptes que lui.

    Pour le pôle idéo­lo­gique « catho­lique et fran­çais tou­jours », la marche pour admettre notre ligne poli­tique est donc haute. C’est pour­quoi nous appré­cions que dans le Figa­ro, le repré­sen­tant emblé­ma­tique du conser­va­tisme, Eric Zem­mour, retourne le pro­jet réfé­ren­daire d’Emmanuel Macron sur l’urgence éco­lo­gique au pro­fit de l’urgence d’un refe­ren­dum sur l’immigration : « L’é­co­lo­gie est-elle ce sujet fon­da­men­tal qui néces­site de convo­quer le peuple ? (…) Alors que rôde la menace dji­ha­diste qui peut tuer n’im­porte où en France ? Alors même que d’in­nom­brables quar­tiers isla­mi­sés se détachent du reste du pays pour vivre selon d’autres mœurs et d’autres lois ? (…) Alors que I ‘immi­gra­tion s’est depuis long­temps trans­for­mée en inva­sion, comme l’a­vait dit dès 1991 le pré­sident Valé­ry Gis­card d’Es­taing ? Sau­ver la pla­nète, c’est louable, mais sau­ver la France, c’est mieux. » Le pre­mier cli­quet de notre ligne poli­tique est ain­si pas­sé par Zem­mour sur l’importance de la menace d’Islamisation. Nous apprécions.

    En revanche, pour nous maur­ras­siens, Zem­mour se trompe sur son espoir mis dans le réfé­ren­dum comme solu­tion à la menace d’Islamisation. Espé­rance naïve, s’expliquant par son bona­par­to-gaul­lisme, dont le réfé­ren­dum est l’alpha et l’oméga. Si Zem­mour connait bien son Bain­ville et pra­tique sans peur Maur­ras, il reste un bar­ré­sien atta­ché à la méthode césa­ro-plé­bi­ci­taire. Pour notre part, nous savons qu’au mieux un réfé­ren­dum pour­rait ame­ner à des mesures d’arrêt du robi­net migra­toire. Il ne résou­drait nul­le­ment la néces­si­té d’écopage du pro­blème d’Islamisation impos­sible à résoudre avec la laï­ci­té athée. Nous réaf­fir­mons que seule en sera à même, une monar­chie popu­laire gui­dée par un Prince pen­sant chré­tien et agis­sant fran­çais. Une monar­chie popu­laire capable d’articuler assi­mi­la­tion, relo­ca­li­sa­tion, inté­gra­tion et re-migra­tion à par­tir des dif­fé­rentes expé­riences his­to­riques disponibles.

    Indis­cu­ta­ble­ment le suc­cès d’un réfé­ren­dum contre l’immigration serait un suc­cès dans la guerre cultu­relle menée par le pôle idéo­lo­gique « catho­lique et fran­çais tou­jours » ; un suc­cès cultu­rel comme celui des mili­tants de Géné­ra­tion Iden­ti­taire  blo­quant sym­bo­li­que­ment les migrants à la fron­tière ita­lienne. Suc­cès cultu­rel impor­tant mais tout aus­si inca­pable de se trans­for­mer poli­ti­que­ment que le fut le suc­cès du NON (54,68%) au réfé­ren­dum de 2005 sur l’Europe. Le pays légal, qui domine poli­ti­que­ment le pays réel sut retour­ner sa défaite réfé­ren­daire à son propre avan­tage. Bona­par­tistes, gaul­listes, vous avez la mémoire courte !

    Et c’est là ou Zem­mour nous inter­pelle mal­gré lui.

    En défen­seur du pays réel, cette France de la « péri­phé­rie » se pré­oc­cu­pant de social et d’im­mi­gra­tion, crai­gnant « le grand déclas­se­ment et le grand rem­pla­ce­ment », atten­dant un réfé­ren­dum sur cette ques­tionde « qui est entrain de bou­le­ver­ser son iden­ti­té. », Zem­mour nous ramène à la néces­si­té de la lutte contre le pays légal. Allons plus loin, Zem­mour nous fait prendre conscience de la prio­ri­té de la lutte contre le pays légal, pro­fi­teur et donc défen­seur du Sys­tème qui laisse se déve­lop­per la menace d’Islamisation. Sans le vou­loir Zem­mour nous pousse à dis­tin­guer menace prio­ri­taire et menace prin­ci­pale. Il nous aide à nom­mer l’ennemi : « Pays légal enne­mi n° 1, Isla­mi­sa­tion enne­mi n°1 bis ». Nous l’en remercions

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série «  L’Islam menace prin­ci­pale », cli­quer sur les liens.

    1. France,  mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !
    11. Prince chré­tien et immi­gra­tion islamisation
    12. Le Prince et la France chrétienne
    13. Le Prince chré­tien et la laïcité
    14. balayons le défai­tisme républicain
    15. Balayons le défai­tisme démocrate.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

     

    Hier matin, à 7h34, France info a défendu la vérité historique et... Marie-Antoinette !

    Une pauvre députée LFI, bien ignorante, Élisa Martin, a cru faire son importante et "se la jouer" historienne en reprenant à son compte le mensonge mille fois démonté selon lequel la Reine aurait dit, parlant de gens affamés, que s'ils n'avaient pas de pain, ils n'avaient qu'à manger de la brioche...

    LFI, on le sait, c'est "la section des piques de 1793" revenue aujourd'hui, siéger à l'Assemblée, où elle donne le lamentable spectacle d'une pitoyable vulgarité, d'une odieuse outrance et apparaît comme une sorte de reflet de ce qu'ont du être les "tricoteuses" et autres sans-culottes de cette horrible Révolution terroriste, sanguinaire, Génocidaire : Quattenens qui bat sa femme, Obono qui dit "allez manger vos morts", Portes qui pose le pied sur un ballon portant la décalcomanie d'un ministre (certes, pas d'un très grand niveau, le ministre, mais, tout de même...), Saintoul qui traite le même ministre d'assassin (avant d'être contraint de s'excuser platement)... pour ne parler que de quelques uns des derniers en date !

    Mais les revenants de cette "section des piques" ne sont pas seulement vulgaires, brutaaux, outrancièrs : ils sont aussi ignorantissimes et, surtout, ils veulent qu'on le sache ! En l'occurrence, avec l'intervention minable de cette pauvre Élisa Martin, qui a perdu là une bonne occasion de se taire...

    Toutes les personnes un tant soit peu instruites savent que, déjà, Jean-Jacques Rousseau reprenait cette "anecdote" (?) dans ses Confessions, dès 1765, Marie-Antoinette n'étant arrivée en France qu'en...1770 ! 

    Il faut donc être bête au-delà de ce qui peut se concevoir pour oser proférer, à l'Assemblée, l'insanité que cette pauvre députée LFI a proférée, et que France info a, donc, corrigé hier matin.

    Nous critiquons assez les chaînes de "Sévice public" (pour reprendre l'expression de Goldnadel) pour ne pas saluer aujourd'hui la chronique de France info : pour une fois qu'une radio d'État rétablit la vérité et fait son travail avec honnêteté et sérieux, c'est la moindre des choses, et c'est plus agréable que d'avoir toujours à reprendre et démentir...

    Écoutez ces deux minutes de la rubrique "Le vrai du faux", sur France info (avec le scripte) :

    Le vrai du faux

    Vérité, Justice pour elle : vive Marie-Antoinette !

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    Portrait de la Reine par le grand martégal Joseph Boze, concitoyen de Maurras, qui eut le courage, convoqué devant le Tribunal révolutionnaire des terroristes, de leur jeter à la figure son "Ma tête serait sur le billot que je ne témoignerai pas contre sa Majesté !". Ainsi fut sauvé - par beaucoup - l'honneur du nom Français, pendant cette période horrible où la France fut livrée à la démence révolutionnaire...

     

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    1. Encore une victoire contre les éoliennes ! PPEEBP / #StopEolien communique :

    "A noter: Très intéressante décision de la CAA de Bordeaux, sous l'angle des mesures compensatoires exigibles dans le cadre d'un projet éolien."

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    2. Nous les citions ici-même, hier : les animateurs du comptre tweeter Le Fascisme Islamiste Dévoilé continuent à proposer leurs vidéos (en feuilleton)... et ils font bien !

    "14 siècles de traite musulmane : 7 millions de noirs ont été forcés à traverser le désert. Tous les mâles (enfants/adultes) sont castrés, opération qui fait périr 75% des esclaves. Cette traite a duré jusqu'au début du XX° siècle et ne fut jamais remise en question"
     
    (extrait vidéo 2'19)
     

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    3. "Donner la mort peut il être considéré comme un soin ?" La réponse est non ! "Donner la mort n'est pas un soin", tel est le titre de l'avis éthique publié par des organisations représentant 800.000 soignants engagés auprès des personnes en fin de vie.

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    Le cri d’alarme des soignants qui refusent l’euthanasie

    Le texte explique en quoi le métier de soignant est «incompatible avec la pratique d’une mort médicalement administrée». ROOS KOOLE/ANP via AFP

    Le cri d’alarme des soignants qui refusent l'euthanasie" , est "réservé aux abonnés". En voici cependant l'entame, qui donne le ton, et qui surtout, nous permet de le signaler au lecteur...

    EXCLUSIF - Leur démarche, confiée au Figaro, est inédite: 13 organisations, représentant 800.000 professionnels, signent un texte pour rejeter cette pratique «incompatible» avec le métier du soin. Un appel qui sonne comme un avertissement au chef de l’État.

    C’est une démarche d’une ampleur inédite. Et un avertissement de taille. Alors qu’Emmanuel Macron a ouvert le débat sur l’euthanasie et le suicide assisté à la rentrée, treize organisations professionnelles et sociétés savantes, représentant 800.000 soignants de tous horizons, clament d’une seule voix leur refus de participer à une «aide active à mourir».

    Dans un appel que Le Figaro dévoile, elles expliquent en quoi leur métier est «incompatible avec la pratique d’une mort médicalement administrée». Injecter une substance létale à un patient serait «un glissement éthique majeur» qui viendrait «bouleverser la définition du soin» et «fragiliser des équipes», alertent ces soignants dans une réflexion éthique d’une vingtaine de pages. Dans ce document, plutôt que de proposer un énième débat d’idées, ils ont choisi de se confronter aux conséquences concrètes du suicide assisté et de l’euthanasie sur leur métier, pour comprendre ce qu’ils seraient susceptibles d’accepter ou non.

    «La crainte de transformer le sens de notre métier»...

     

    4. Le Système sous-arme la France et la met en danger. Hervé Juvin a raison de dénoncer ce fait : il a juste le tort d'employer des termes étrangers (ce qui n' apporte rien à la justesse de sa démonstration) et de croire naïvement qu'un Thierry Breton, qui a si souvent agi contre nos intérêts nationaux, va, d'un coup, se mettre à leur service...

    "Nous pouvons être menacés dans notre sécurité et de notre indépendance parce que nous n'aurons plus su constituer les stocks et garder sans considération de délai ce qui nous est nécessaire pour livrer une bataille de haute intensité..."

    (extrait vidéo 1'23)

    https://twitter.com/HerveJuvin/status/1626273200236646402?s=20

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    En 2020, seuls 9 pays de l'UE ont consacré plus de 2% de leur PIB à la Défense !

     

    4 BIS. Un peu dans la continuité de ce qui précède, vu sur tweeter (posté juste après la vidéo de Juvin...) :

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    SURTOUT PAS !

    PAR CONTRE, IL FAUT ARMER LA FRANCE,

    EN LA DOTANT D'UN BUDGET MILITAIRE DIGNE DE CE NOM,

    ÉGAL A 4% DU PIB :

    1% POUR CHACUNE DES TROIS ARMES (AIR, TERRE, MER)

    ET 1% POUR LE NUCLÉAIRE

    (LES TROIS ARMES CONFONDUES

     

    6. On continue d'écouter Cédric, paysan français : aujourd'hui, son "petit message du soir" aux "citadins déconnectés de la réalité"...

    (extrait vidéo 1'41)

    https://twitter.com/agric15/status/1626337204736872448?s=20

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    6 BIS. Et justement, pour nos paysans français, ce communiqué de Jacques Myard, lui aussi posté quelques secondes après le précédent : enfin une bonne nouvelle pour eux !... :

    "#MaisonsLaffitte est particulièrement fière d’avoir l’entreprise #Deleplanque fondée en 1848 qui vient de produire et développer des graines de #betterave auto immunes à la #jaunisse avec le même rendement, je salue l’aide de la Région à ce titre,félicitations aux chercheurs !"

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    À DEMAIN !

  • Entre tartufferie et piège mortel : la différence et la diversité, ou l'arnaque du siècle. III : A la France, faut-il de

                Ils vampirisent l’Afrique, et ils en sont tout fiers, les néo-colonialistes. Ils faisaient plaisir à voir, les journalistes et observateurs, ce mercredi 12 novembre 2008, en annonçant « la » nouvelle : ça y est ! enfin ! ouf ! c’est pas trop tôt ! (on en passe, et des meilleures…..)

                Vous pensiez peut-être qu’il s’agissait de la découverte du vaccin contre le Sida ? Ou de la fin du chômage de masse ? Ou du dernier sans-abri ? Alors, là, vous n’y êtes pas du tout. Mais alors, pas du tout, du tout…..

    prefet noir.jpg

                Non, la nouvelle du siècle, qui les faisait tant jubiler ce soir là c’était la nomination… du premier Préfet noir (1) !

                Ils vampirisent l’Afrique, disions-nous en première ligne. Mais si vous leur demandez s’ils sont pour le colonialisme, il vous jureront la main sur le cœur que non ; que c’était ignoble, le colonialisme, révoltant, honteux, répugnant ; qu’on a pillé l’Afrique (voyez les élucubrations de Jean Ziegler…) et tout le tremblement…..

                Mais qu’est-ce qu’ils font, aujourd’hui ?

                Voilà quelqu’un – le nouveau préfet – qui fait partie de l’élite du Cameroun, et qui de son propre aveu n’envisageait pas de s’installer en France. Il va donc manquer à son pays, à qui nous l’avons en quelque sorte volé. Or, et tout le monde le sait bien, la France se suffit en fonctionnaires : nous en avons le double de ce qu’il nous en faudrait, et notre sur-administration démentielle et insensée est l’une des causes majeures de nos problèmes économiques. Il est donc tout à fait inutile d’en importer d’autres pays, et surtout de pays d’Afrique noire, qui doivent se construire et à qui nous volons ainsi leurs cerveaux.

                Car l’exemple du préfet se répercute à tous les niveaux. Le pillage des pays africains est généralisé : initié par le nouveau préfet noir, un Club de la diversité a pris son essor. A Marseille, un exemple parmi tant d’autres, il est dirigé par Patrice Moundoubou, avocat de 40 ans, inscrit au barreau de Marseille. Que l’on prenne le problème par le bout que l’on voudra, que l’on tourne et vire autant que l’on voudra, il s’agit là aussi d’un membre de l’élite qui manque à son pays ; et d’un organisme dont l’action, nous le disons tout net, consiste à légaliser le pillage des ressources humaines de l’Afrique, en lui donnant une apparence de respectabilité, pour tenter de le justifier (2).

                 N’est-ce pas stupéfiant ? Ce néo-colonialisme, en plus pratiqué en toute bonne conscience, n’est-il pas à proprement parler scandaleux ? Les néo-colonialistes d’aujourd’hui continuent le colonialisme d’hier, en y ajoutant en plus l’hypocrisie de la bonne conscience ! En prétendant, en plus, faire le bien ! Leur stupéfiante bonne conscience n’est en réalité que de l’inconscience…..

                Au fait, demandez-leur s’ils sont pour des ministres blancs en Inde ou en Corée ; ou pour des préfets catholiques en Arabie saoudite. Là, pour le coup, vous les verrez, toujours avec la main sur le cœur, jurer que ce serait affreux, car il faut bien sûr respecter l’autre, le différent ; respecter les pays jaunes, les pays musulmans ; l’Indien en Inde, le Coréen en Corée, l’Arabe en Arabie…

                Et le français en France ? Lui, non ! Lui, il faudrait qu’il disparaisse ! Lui, il devrait être géré par des préfets noirs ou musulmans : et ils voudraient nous faire avaler cela, en l'appellant diversité, différence, anti racisme : n’est-ce pas grandiose !..... (fin).

    (1)     : Pierre N’Gahane, 45 ans, camerounais d’origine, se définissant lui-même comme noir africain.

    (2)     : Nous n’avons bien sûr rien, personnellement, contre les deux personnes que nous citons ici : Pierre N’Gahane et Patrice Moundoubou.

               Il s’agit de personnes aimant la France, rayonnant le français, probablement chrétiens si l’on en juge par leurs prénoms. On peinerait à trouver quelque chose qui nous déplairait, en soi, dans leurs actes ou leurs propos. C'est d'ailleurs la même chose avec Nacer Meddah, préfet de Seine-Saint-Denis, d'origine algérienne. Sa famille fut accueillie par la France dans les années 50 et, reconnaissant envers son pays d'accueil pour l'aide qu'il a reçue, il a choisi en retour de le remercier : "....Une fois mes études terminées, servir l'Etat est vite apparu pour moi comme une évidence".

               Chaque fois que nous voyons notre pays aimé et respecté, nous sommes les premiers à nous réjouir. Et lorsque nous voyons des immigrés reconnaissants envers la générosité dont notre pays a fait preuve à leur égard - et il a bien fait - nous sommes les premiers à les accueillir : une France généreuse, qui rayonne à l'extérieur et qui se fait aimer par des populations étrangères, cela nous convient parfaitement. Pour faire court, ce que nous vomissons c'est Youssef Fofana, mais cela ne nous empêche bien sûr pas, au contraire, d'accueillir Léopold Senghor !

               Ce qui est critiquable et condamnable dans la logique et le mécanisme qui se mettent en place aujourd'hui, ce ne sont bien sûr pas les personnes. C'est ce qu'il y a derrière, c'est ce mélange d'idéologie et de calcul politico-économique, cette alliance objective des trotskistes (pour casser la France) et de la fraction véreuse du patronat (pour augmenter ses profits). Les uns et les autres, avec un cynisme n'ayant d'égal que leur mauvaise foi, se fichant bien pas mal de l'intérêt national et du Bien Commun (pour ce qui est de la France); comme ils se fichent bien pas mal de l'intérêt personnel des immigrés et de l'intérêt général du continent noir (pour ce qui est de l'Afrique).

               C'est cette alliance objective là, monstrueuse et contre nature en soi, mais surtout objectivement mortelle pour la France historique que nous dénonçons sans cesse. Et pas, évidemment, des personnes au demeurant sympathiques, auxquelles rien ne nous oppose, et qui sont elles-mêmes les jouets d’une manipulation qui les dépasse.

               Nous disons juste que si nous sommes contre les délocalisations en économie, nous sommes contre toutes les délocalisations : y compris et surtout celles qui consistent à délocaliser les populations, à transplanter les Africains en Europe et en France. Ce n’est pas respecter les hommes et les femmes d’Afrique que de les considérer comme des pions interchangeables, pouvant vivre indifféremment dans leur milieu naturel ou parqués dans des habitations insalubres, et exploités par des patrons s’enrichissant sur leur dos, et les exploitant comme de la chair à profit.

               C’est parce que, nous, nous aimons vraiment l’Afrique et les Africains que nous ne faisons pas comme les néo colonialistes qui prétendent - mais en paroles seulement - aimer l'Afrique; et que nous refusons ces délocalisations de population, qui se traduisent au final par l’exploitation économique des immigrés, et la ruine par vampirisation de leurs pays d’origine.

  • Société • Fronde contre la loi El Khomri : l'individualisme 2.0 remplace la bonne vieille manif

     

    Après le lancement d'une pétition en ligne par la militante Caroline de Haas, la mobilisation des jeunes contre la loi El Khomri s'étend sur la toile avec le mot-clé #OnVautMieuxQueCa. Mathieu Slama décrypte ici pour Figarovox [26.02] le premier mouvement social exclusivement sur internet. Mathieu Slama est spécialiste de la communication de crise. Mais nous avons aussi noté qu'il est un excellent observateur des évolutions sociétales et que sa position critique à l'endroit de la modernité va souvent au fond des choses. De quoi débattre ...  LFAR

     

    Après le lancement d'une pétition en ligne par la militante Caroline de Haas sur Change.org, qui a recueilli 508 000 signatures, des Youtubeurs ont réagi à la loi El Khomri. Dans une vidéo mise en ligne, mercredi 24 février, une dizaine de vidéastes interpellent les internautes sur « les menaces que représente le projet pour les travailleurs ». Ils invitent ceux qui les regardent à partager leur témoignage. La contestation s'organise désormais à travers le web et les réseaux sociaux. Que cela révèle-t-il ? Est-ce totalement inédit ?

    Mathieu Slama : C'est à ma connaissance le premier cas de contestation sociale exclusivement (pour le moment) sur Internet. Avec plusieurs initiatives qui se combinent: à la fois sur Facebook, sur Twitter, sur YouTube et sur Change.org (site qui recueille des pétitions que chacun peut soumettre ou signer). Le mouvement prend une ampleur inédite sur Internet: la pétition sur Change.org en est à l'heure où je vous parle à plus de 600 000 signatures., la vidéo sur YouTube en est à plus de 100 000 vues et sur Twitter le mouvement est devenu viral.

    On constate sur Twitter que le mouvement prend souvent la forme de témoignages sur les déboires liés la recherche d'un emploi ou encore aux conditions de travail, quasi-systématiquement sur un ton mélangeant l'ironie et l'indignation. Or on sait bien que sur les réseaux sociaux, l'ironie et l'indignation sont les deux modes d'expression privilégiés par les internautes. Ajoutons à cela la dimension très politique et symbolique du sujet, l'impopularité sidérante du gouvernement et le fait que c'est la jeunesse qui s'implique: tout est réuni pour un mouvement viral.

    Notons également que des leaders syndicaux et des personnalités influentes, comme Jean-Luc Mélenchon (qui montre une nouvelle fois son talent pour la communication), ont relayé le mouvement sur les réseaux sociaux, lui donnant un coup de pouce supplémentaire.

    Ce qui est inédit est donc le caractère exclusif sur Internet. On se rappelle du mouvement de la Manif pour tous qui avait beaucoup utilisé les réseaux sociaux mais de manière complémentaire au mouvement dans la rue.

    Ce qui est intéressant, et on y reviendra, c'est que ce mouvement intervient alors que, hors Manif pour tous, les manifestations et grèves sur les questions sociales sont de moins en moins suivies. Les syndicats n'arrivent plus à mobiliser dans la rue alors que le climat social est désastreux. Cela dit quelque chose de l'époque. Les dernières grandes manifs dans les rues sur des questions sociales datent, sauf erreur de ma part, de la réforme des retraites de la fin du quinquennat Sarkozy.

    La mobilisation des jeunes rappelle le mouvement anti-CPE, mais sous une forme totalement différente …

    La similitude réside dans les thèmes de la revendication: l'emploi et la jeunesse. Le lien est donc évident, et d'ailleurs rappelé sur les réseaux sociaux. Lors des manifestations anti-CPE, le mode d'expression était classique: manifestations dans les rues, blocages d'universités… Les réseaux sociaux n'existaient pas à l'époque.

    Les contributions, texte et vidéo, publiées sous le mot-clé #OnVautMieuxQueCa, seront agrégées et partagées par ces vidéastes. Le rituel collectif de la manif est remplacé par des vidéos individuelles. Cela n'a-t-il pas un côté narcissique ?

    Plutôt que narcissique, ce mouvement est avant tout individualiste, là où la manifestation « classique », dans la rue, a toujours deux objets : la revendication bien-sûr, mais aussi le mouvement collectif lui-même et l'émulation qu'il suscite. Cette dérive individualiste est vieille comme la démocratie (déjà Tocqueville dans la première moitié du XIXe siècle s'en inquiétait) mais elle est préoccupante car elle participe d'une ambiance générale, aggravée par Internet. Rappelons que dès la fin des années 90, en réaction à l'émergence des premières pétitions en ligne, plusieurs chercheurs avaient alerté sur de nouvelles formes de mobilisation qui s'écartaient du militantisme collectif au profit de l'engagement individuel. Plus récemment, on se rappelle du débat autour du «  Je » du slogan viral « Je suis Charlie »… La Manif pour tous avait suscité un espoir justement parce qu'il s'agissait d'un mouvement collectif, d'autant plus qu'il s'agissait d'un mouvement engagé non pas au nom d'intérêts individuels mais au nom d'une certaine idée de la vie commune. Mais sur les questions sociales, la dimension collective et tous les symboles qu'elle charrient sont en train, comble de l'ironie, de s'effacer au profit de l'individu. En d'autres termes : les luttes sociales sont à leur tour récupérées par l'individualisme et le libéralisme contemporains. Je ne suis pas sûr que Marx ou Proudhon auraient apprécié cette mutation…

    Mais au final tout cela est-il si surprenant ? Internet et les réseaux sociaux ont envahi toutes les sphères de la vie en société, participant du grand mouvement individualiste des sociétés occidentales. Il n'y a pas de raison que les mouvement sociaux soient épargnés par ce phénomène.

    Une dernière question, et non des moindres, se pose à nous: comment évaluer la réelle mobilisation sur Internet et ce qu'elle représente? Publier un tweet sur les réseaux sociaux derrière un écran d'ordinateur est une action «indolore»: elle n'engage pas à grand-chose. Descendre dans la rue est déjà un engagement plus fort, qui témoigne d'une toute autre intensité de mobilisation. A cet égard il sera intéressant d'observer la manière dont ce mouvement se traduit ou non dans la rue.

    Toutes proportions gardées, le mouvement rappelle-t-il les printemps arabes ?

    Les printemps arabes se sont certes appuyés sur les réseaux sociaux, mais ils se sont traduits par des mouvements très concrets, dans la rue, avec parfois des conséquences terribles. Et du point de vue de l'importance historique, la comparaison n'est pas vraiment possible.

    En revanche l'enjeu de cette mobilisation contre la loi El-Khomri n'est pas petit, et on espère qu'il relancera de manière salutaire le débat qui est en train de renaître sur la condition humaine au travail. On a en effet observé ces derniers mois des débats très importants sur le «burnout» au travail ou encore sur l'horreur du management, cette religion moderne du capitalisme si bien analysée par un penseur comme Pierre Legendre. Pour comprendre les dérives de notre modernité et ses conséquences sur notre conception de l'homme, ces questions-là sont essentielles.

    Le gouvernement a lui-même tenté d'utilisé le web pour répondre ?

    Un compte Twitter de la loi El Khomri a été créé (l'idée étant de «personnaliser» cette loi), avec un premier message qui a été tourné en dérision par les internautes. Résultat, des comptes parodiques ont été créés, comme par exemple un compte «déchéance de la nationalité» ou encore «loi Renseignement». Précisons également que la ministre du Travail a répondu en ligne à la pétition sur le site de Change.org, signe qu'elle a conscience de l'importance que le mouvement prend sur Internet et de la nécessité d'y répondre sur le même terrain.

    Mais soyons réalistes: la bataille de la communication est perdue d'avance pour le gouvernement. C'est d'abord un problème d'émetteur: comment le gouvernement, dont la parole doit en principe traduire une forme d'autorité et de gravité (surtout sur un tel sujet), pourrait-il être audible là où règnent la dérision, la moquerie et la légèreté, Internet? Si l'on ajoute à cela l'impopularité du gouvernement, la défiance des Français et notamment des jeunes vis-à-vis des responsables politiques et le climat social très défavorable, il est évident que le gouvernement ne remportera pas ce combat, du moins pas sur le terrain de la communication

     

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

  • Dans Politique Magazine, Covid-19 : quels remèdes pour vaincre la crise économique ?, par François Schwerer.

    L’économie s’effondre car on ne produit plus. Les marchés financiers, perfusés de fausse monnaie, sont sous la menace d’une faillite des investisseurs. La mythique croissance s’éloigne toujours plus. Quand le politique va-t-il reprendre ses droits sur l’économique ?

    Le 16 mars au soir, le président Macron a martialement annoncé que l’Etat était prêt à faire un effort de 300 milliards d’euros pour aider les entreprises et les particuliers à passer le mauvais cap de la crise actuelle. Son annonce venait après celle de Madame Lagarde qui proposait que les prêts soient accordés aux entreprises « malades » du coronavirus à un taux négatif de moins 0,75 % et après celle de James Powell qui, au nom de la FED, avait proposé de baisser le taux des crédits. Malgré ces annonces, les Bourses ont continué à plonger. Et ce ne sont pas les demandes de Monsieur Le Maire de recourir à une politique budgétaire concertée entre Européens qui a changé quoi que ce soit. Cela est normal.

    françois Schwerer.jpgUne crise traitée par des analgésiques

    Si la crise économique et la crise sanitaire ont une même origine, elles ont aussi un autre point commun. Pour soigner l’une et l’autre, on n’a à disposition ni un remède efficace ni le moindre vaccin. Force est de se retourner vers les analgésiques et antipyrétiques dont on dispose : paracétamol ou anti-inflammatoire dans un cas, politique monétaire ou budgétaire dans l’autre. La première calme la fièvre (en injectant des liquidités), la seconde la douleur (en soutenant tel ou tel secteur économique). Mais aucune ne fait disparaître la cause du mal : un système économique fondé sur la production au moindre coût d’une quantité toujours plus importante de biens dont l’utilité finale n’est pas démontrée. De plus, on a déjà abusé par le passé de ces deux expédients au point que le système est drogué. La drogue financière a conduit le système économique à vivre sur une bulle monumentale de crédits (et de fausse monnaie) tandis que la bulle budgétaire a faussé tous les indicateurs économiques (échelle des prix) dans des pays administrés par un Etat-providence. Que ces mesures puissent, à très court terme, procurer un certain effet euphorisant – non encore perceptible – cela est possible mais en aucun cas elles ne permettront de remettre durablement sur pied l’ensemble de la vie économique au service de tous.

    Certains économistes rappellent que, lors des crises précédentes, ces politiques avaient eu un certain succès. Oui, après la crise dite des subprimes et celle des crédits, en inondant de liquidités l’ensemble des marchés financiers, on avait redonné un certain optimisme aux principaux agents économiques. Mais cet optimisme de façade ne reposait que sur un espoir de gain financier à court terme, qui occultait le creusement des écarts entre les riches et les pauvres et qui faisait oublier la croissance exponentielle de la pollution. Ces deux conséquences alimentaient simplement les discussions et le fonds de commerce des modernes sophistes.

    Une crise de nature différente

    La crise d’aujourd’hui est d’une nature totalement différente. Elle n’a pas commencé par éclater dans les milieux financiers. Ce ne sont pas d’abord des emprunteurs qui, n’ayant plus la capacité de rembourser leurs emprunts, ont communiqué leur virus aux banques. Ce n’est pas une chute généralisée de la consommation par défaut de confiance qui a fait chuter la production. C’est d’abord la production qui est tombée en panne et elle ne s’est pas arrêtée par défaut de demande solvable mais par impossibilité physique. Qu’elle soit monétaire ou budgétaire, la politique ne fera pas disparaître la pandémie. Qu’elle soit monétaire et budgétaire, la politique économique et financière stricto-sensu ne suspendra pas les mesures de confinement. Un surcroît de liquidités ou un étalement des charges fiscales et sociales ne rendra pas la santé ni le sourire aux malades, même guéris.

    Or, cette crise survient alors que le corps économique tout entier est malade. Malade d’un océan de dettes qui a rendu chacun dépendant du monde financier, malade d’un éclatement des chaînes de production qui a entraîné les phénomènes de délocalisation et de chômage de masse, malade d’une allergie aux risques qui mutualise les pertes et enrichit les fonds de pension, malade d’un égoïsme libéral qui laisse penser que la prospérité générale d’un pays n’est que la somme des richesses individuelles. Ce sont tous ces foyers d’infection qu’il faut éradiquer si l’on ne veut pas qu’au prochain incident la maladie ne reprenne et dégénère.

    Une crise économique complexe

    Habituellement, lorsque l’on parle de crise on s’intéresse soit à l’offre soit à la demande. En cas de « choc » de l’offre, on propose une relance sectorielle grâce à une politique budgétaire bien ciblée ; en cas de crise de la consommation on stimule la propension à dépenser par une politique monétaire accommodante. Le problème, cette fois-ci est que nous ne sommes ni en présence d’un pur choc de l’offre, ni dans une panne généralisée de consommation. On est face d’une double crise : un choc de l’offre qui concerne essentiellement les produits et services de première nécessité ainsi que les productions intermédiaires et un effondrement de la demande qui impacte en premier l’énergie, les services du transport, du tourisme et de l’hôtellerie ainsi que des biens et services moins indispensables.

    La cause de ces difficultés n’est pas la même non plus. Le choc de l’offre est essentiellement dû à un absentéisme forcé du personnel – le télétravail ne peut pas être envisagé pour toutes les activités – ainsi qu’à des difficultés dans les approvisionnements et les livraisons. L’effondrement de la demande résulte d’abord de la peur de contracter le virus et de la désertion des points de contact (les marchés). Si, lorsque le confinement prendra fin, on peut espérer un redémarrage rapide de la demande pour les biens et services essentiels, il n’en sera probablement pas de même en ce qui concerne le tourisme et l’hôtellerie. Si rebond de l’économie il y a celui-ci sera beaucoup moins prononcé qu’après les crises antérieures car celle-ci n’a pas seulement provisoirement cassé la confiance dans un phénomène monétaire mais a d’abord cassé la confiance dans la circulation des personnes. La santé économique et financière n’est pas à l’origine de la crise ; son mauvais état a simplement joué le rôle de facteur aggravant en favorisant la contamination de tous les membres. Ce qui rend la crise encore plus complexe c’est que tous les membres n’ont pas été touchés de la même manière ce qui fait qu’ils devront être soignés différemment les uns des autres. Le primat de l’économie sur la politique a atteint ses limites.

    Une crise révélatrice de maux plus profonds

    Selon les secteurs d’activité, cette crise révèle des maux de différentes natures. Dans le domaine industriel, l’éclatement des chaînes de production et la gestion en flux tendus, s’ils permettent de faire baisser certains coûts, rendent aussi la production tributaire de ce qui se passe à l’étranger. Ils conduisent à une perte d’indépendance et dans la mesure où les phénomènes touchent des secteurs stratégiques (Santé, Défense…) ils portent directement atteinte à la souveraineté nationale. On savait qu’ils étaient une cause du chômage de masse (dont on cherchait à masquer le drame derrière des allocations de plus en plus réduites), on découvre qu’ils mettent en danger le fondement même du bien commun.

    L’importance prise par l’industrie des loisirs est telle que son arrêt, même provisoire, met en précarité un très grand nombre de personnes. Mais il révèle aussi combien elle est source de pollution. Les images de la terre prises par satellite depuis l’arrêt de nombreux transports aériens montrent que les nuages de gaz toxiques se sont en partie dissipés. On savait qu’un afflux de touristes dégradait sensiblement les sites visités, on a la preuve que leurs déplacements abiment sensiblement la qualité de notre environnement…

    Globalement le système actuel est maintenu sous perfusion permanente par les banques centrales qui inondent la terre de fausse monnaie en prêtant aux banques commerciales des sommes qui ne sont pas véritablement utiles pour l’économie réelle mais viennent faire enfler artificiellement la valeur des actifs financiers. Les perspectives de perte de chiffres d’affaires des grandes entreprises a fait chuter le prix des actions entraînant, dans leur sillage tous les « véhicules » financiers inventés par les opérateurs de marché pour participer au grand casino de la Bourse. Or pour acquérir ces titres que l’on voyait toujours monter, les « investisseurs » se sont tous plus ou moins endettés. Mais si la valeur de ces titres a chuté, le montant des emprunts contractés, lui, n’a pas varié. Beaucoup ne pourront donc pas être remboursés, risquant d’entraîner dans leur chute les banques les plus actives dans ce secteur.

    Quant aux finances publiques, déjà mises à mal par une politique de fuite en avant pratiquée sans discontinuer depuis de nombreuses années, elles laissent apparaître un déficit abyssal qui sera difficile à combler. Jusqu’à présent, les hommes politiques promettaient tous, les uns après les autres, que l’Etat pourrait rembourser ses dettes lorsque la croissance repartirait. Demain ! Face à la crise, le gouvernement a, une nouvelle fois, choisi de privilégier l’instant présent en accroissant encore les dépenses. Comme l’horizon, le retour à la croissance s’éloigne au fur et à mesure que l’on avance. La crise met en évidence que l’homme n’est pas tout puissant et donc que la croissance ne se décrète pas. Les ressources du pays ne sont pas infinies. Pour sortir de la crise, il va falloir faire des choix et ces choix ne sont pas d’abord économiques, ils sont essentiellement politiques. Ils supposent un gouvernement fort, capable de faire des choix douloureux, ce qui suppose qu’il jouisse de la confiance totale de la population.