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Rechercher : qu'est-ce que le Système

  • Cette Révolution française, si peu sociale...

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgLa toile est un lieu d’informations et de débats, et il m’arrive d’intervenir dans quelques uns de ces derniers pour dénoncer ou défendre certaines positions politiques ou historiques : je le fais en tant que royaliste engagé, et sans cacher ni mon identité ni mes idées royalistes, même si, parfois, celles-ci me valent d’être censuré ou « bloqué » par des « modérateurs » qui ont une conception fort étrange de la discussion et de la liberté d’expression… Ce n’est pas le cas sur le site du quotidien royaliste « La faute à Rousseau » qui me laisse toute latitude pour réagir et exprimer mes opinions monarchistes, ce dont je le remercie. 

    Il y a quelques semaines, un contradicteur républicain a engagé et poursuivi le débat sur la Révolution de 1789 et ses conséquences, et j’ai pris la liberté de répondre à quelques uns de ses arguments, en toute courtoisie et cordialité, ce qui a permis d’échanger, au sens fort du terme, et non de polémiquer. Voici ci-dessous quelques éléments que j’ai voulu apporter à la discussion qui, je le souhaite, n’est pas terminée, et qui pourront intéresser quelques lecteurs de mon bloc-notes politique… 

    Sur la Révolution française 

    Sans doute faut-il en finir avec quelques mythes autour de la Révolution et de la République, transmis par une Education nationale qui n'a eu de cesse de légitimer ce régime dont elle n'était que la modeste servante depuis Jules Ferry... 

    Quelques éléments sur la Révolution, trop souvent négligés par l'historiographie : 1791, et le décret d'Allarde et la loi Le Chapelier, véritables destructions par la nouvelle classe dirigeante bourgeoise de toute protection sociale et ouvrière, au bénéfice des féodalités de l'Argent. En somme, la victoire d'un libéralisme extrême que la République ne fera que fortifier, allant même jusqu'à transformer les semaines de 7 jours en décades (10 jours) pour limiter encore les congés ouvriers... Je suis toujours surpris que ceux qui se prétendent de Gauche défendent une révolution qui va, en définitive, totalement à l'encontre de ce qu'ils disent souhaiter pour la classe ouvrière ! 

    A part cela, reprenons rapidement quelques éléments évoqués par M. Renaudo (le contradicteur républicain) : non, ce n'est pas le roi qui a déclaré formellement la guerre (il n'en avait pas le droit au regard de la nouvelle constitution de 1791), mais bien l'assemblée législative qui y voyait un moyen de sortir de l'impasse politique interne et de faire oublier ses erreurs. Certains y voyaient même le moyen d'en finir avec la monarchie... 

    La guerre de la Révolution sera suivie de la guerre impériale, et ne s'achèvera qu'en juin 1815 à Waterloo. Bilan : environ 2 millions de morts violentes en France, ce qui va affaiblir la démographie française qui ne cessera de décliner désormais jusqu'en 1945... 

    Quant au roi Louis XVI, il est renversé justement parce qu'il refuse de faire tirer sur le peuple, dont il se veut le père, et parce qu'il veut, jusqu'au bout, respecter la lettre et l'esprit d'une constitution à laquelle il a prêté serment, le 14 juillet 1790, lors de la Fête de la Fédération, date qui est célébrée depuis 1880 chaque 14 juillet, étrangement d'ailleurs car elle est bien peu républicaine... 

    En revanche, la République, elle, n'a jamais hésité à faire tirer sur le peuple, « au nom de sa défense », que cela soit dans le Berry, en Corse ou en Vendée, mais aussi à Paris en 1795, ou en juin 1848, sans oublier mai 1871 ou les diverses fusillades de Fourmies et Courrières durant la IIIe République, entre autres... Faîtes le bilan et osez la comparaison, les chiffres et les faits, têtus, parlent d'eux-mêmes... 

    Quant à la "Liberté égalité fraternité", je constate que, aujourd'hui, cette formule est répétée à l'envi par des hommes et des gouvernements qui ne respectent guère les libertés fondamentales (qu'est-ce donc que cet état d'urgence qui permet d'assigner à résidence des écologistes et des contestataires de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dernière lubie républicaine, au lieu de frapper ceux qui soutiennent le terrorisme ?), se moquent de la justice sociale (formule qui, d'ailleurs, a été d'abord formulée, non par les républicains, mais par... Louis XVI !), et répriment la classe ouvrière, faisant condamner, en janvier 2016, des ouvriers de Goodyear en voie de licenciement et en juste colère à huit mois de prison ferme : drôle de fraternité ! 

    1610951927.pngDernier point : les libertés sous l'Ancien régime étaient bien plus développées qu'aujourd'hui, en particulier localement, les pouvoirs des provinces, des corporations, des villes ou des universités, étant bien plus importants et décisionnaires qu'ils ne le sont actuellement : d'ailleurs, la dernière réforme territoriale nous a bien montré le peu de cas que faisait la République des doléances des régions, celle-ci décidant de Paris d'un découpage territorial qui n'a aucun sens et ne satisfait personne, de l'Alsace à la Bretagne... 

    Tout compte fait, mieux vaut la Monarchie sociale, fédérale et "libertale" que cette République jacobine, liberticide et féodale-bourgeoise ! Alors, oui, vive le roi de France, des travailleurs et des provinces libres ! 

    (à suivre, bien sûr…)

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • VOUS AVEZ DIT : LA GUERRE ?

     

    ANALYSE. La guerre est là... Oui, mais la guerre suppose des décisions, des moyens, des buts, une continuité dans l'action et une unité de point de vue. Avec l'état d'urgence, Hollande essaye de répondre à l'impossible problème du régime.

    par Hilaire de Crémiers

     

    157e493dd19d0d2ee135205f081739f9_Hilaire.jpgQui pourrait se flatter de connaître l'avenir ? La vie politique française se concentrait, il y a quelques semaines encore, sur les élections. Les élections régionales prenaient une allure nationale ; les partis étaient en effervescence ; ils s'excitaient à vivre déjà une sorte de premier tour des élections présidentielles, en avant goût de 2017, l'objet de tous leurs désirs. Le cirque électoral se remplissait de clameurs. Diagnostics et pronostics allaient bon train. À qui mieux mieux, chacun se réclamait de la démocratie, invoquait la république et c'était pour mieux déclarer sa haine du concurrent, appeler à la mort politique, sociale et morale, sinon physique de l'adversaire.

    LA GUERRE INTÉRIEURE

    Et voilà que, soudain, tout ne fut plus qu'incertitude, attente, angoisse, étrange silence. Pour combien de temps ? La France est en deuil. Elle a été frappée sauvagement. Elle peut l'être à nouveau d'un jour à l'autre ; elle n'est plus maîtresse de ses lendemains.

    Les attentats, maintenant répétitifs, qui sont perpétrés sur son sol la mettent en état de guerre. Ellecroyait cette guerre simplement extérieure et s'en souciait peu - une affaire de militaires -, et voici que cette guerre éclate chez elle, à l'intérieur de ses frontières, au centre même de sa capitale. Tirs et explosions-suicides ont été effectués, semble-t-il, au hasard des circonstances du moment ; en revanche les objectifs et les quartiers ciblés ont été délibérément choisis. Comme les fois précédentes ! Même esprit et, vraisemblablement, même organisation relevant de mêmes donneurs d'ordre : le recoupement des enquêtes le prouve. Les terroristes qui menacent la France savent ce qu'ils veulent. Nous ne sommes sur ce plan et pour le moment que dans la riposte. C'est l'ennemi qui frappe où il veut, quand il veut, comme il veut, avec les moyens et la violence qu'il veut. D'individuelles, les actions deviennent collectives et coordonnées. Il est certain que le but logique des commanditaires est de multiplier et d'intensifier les attentats. Demain encore ? Paris ? Bruxelles ? Mais aussi bien Bamako au Mali, Beyrouth, Tunis ? ... Partout dans le monde ? Chez nous sera-ce à Noël ? Dans une salle de spectacle ? Un magasin ? Un métro ? Un train ? Un avion ? Allez savoir !

    OÙ EST L'ENNEMI ?

    Car l'ennemi est sur notre sol, sinon dans l'espace Schengen où il se déplace comme il l'entend et d'où il sort et où il rentre à son gré, en profitant, de plus, de l'immense désordre des migrations. Comme il est aussi au Sahel qu'il ravage, au Proche et au Moyen-Orient qu'il détruit. Bref, il est maître de son action, de son temps, de son espace de déploiement. Chez nous, tout comme ailleurs, mais peut-être plus encore, car des cités, des quartiers, des territoires hors contrôle en temps ordinaire lui servent de refuges. Là, la graine djihadiste pousse drue dans un milieu propice qui vit en circuit fermé et en quasi autonomie, coupé du reste de la nation, dans un climat de brigandages et de trafics illicites permanents où banditisme et terrorisme font bon ménage. Les responsables de la sécurité et du renseignement le savent parfaitement et depuis longtemps. Mais qu'ont fait, que font les politiques ? Des discours... Les causes de cet état de fait sont connues, pour ainsi dire répertoriées : la faiblesse générale de l'État qui n'est fort que contre ses citoyens qui ne sont pas de son obédience socialisante et maçonnique ; les politiques incohérentes, absurdes et criminelles, menées depuis des décennies, qui, avec l'accord d'un certain patronat et de toute une élite politico-économique, ont alimenté en populations immigrées et privées de tout lien avec la France des territoires entiers, livrés de ce fait à eux-mêmes ; la complicité passive quasi permanente et parfois active - soit lâcheté, soit complaisance des autorités constituées, des magistrats, des services administratifs et sociaux ; la promotion militante par tout un ensemble de médias dont la plupart relèvent de l'État, d'une gauche bavarde qui se croit maîtresse et juge de tout et qui se pavane en étalant sa fausse morale qui n'a rien de moral dans son ignorance absolue et son mépris souverain du vrai et du faux, du bien et du mal.

    BONNE OU MAUVAISE RÉPONSE ?

    C'est dire si la France est malade. Elle l'est moralement, socialement, politiquement, maintenant économiquement. Tout le monde le sait ; il suffit d'écouter les conversations sur les marchés et dans les bistrots. Et cette France malade a concédé de fait au djihadisme intérieur une liberté d'agir dont il a usé et dont il compte bien, évidemment, user encore. Le cursus des acteurs des attentats est une fois de plus effarant et révélateur de nos impérities !

    La radicalisation islamique ne s'étend pas seulement sur des territoires ; elle touche des entreprises : les transports, la SNCF, la RATP, plus gravement encore les industries de haute sécurité, comme le nucléaire. Tout se découvre d'un seul coup. Il est temps. Les Français musulmans sont les premiers à attendre des signes forts d'une reprise en main. Rien ne serait plus criminel qu'une lâcheté de plus à leur égard : ce serait les livrer, comme jadis en Algérie, au couteau des égorgeurs.

    Mais nos dirigeants ne sont perpétuellement que dans le factuel : jamais d'analyse des causes ; jamais de prévision des conséquences. Ils réagissent dans l'immédiateté avec leurs habitudes électoralistes et quelques idées simplistes qui leur tiennent lieu de pensée. Hollande se croit un chef de guerre en courant de Washington à Moscou, en conférant avec Cameron et Merkel, en redoublant les frappes sur Daech, mais l'ennemi est chez nous et surtout chez certains de nos prétendus alliés sur qui nous nous sommes appuyés et avec qui nous faisons affaire. La diplomatie française a été au rebours des intérêts bien compris de la France ! Mais qu'est-ce qu'un politicien, socialiste ou non, peut bien comprendre de la situation ? La radicalité islamique lui est totalement étrangère ; toute radicalité, d'ailleurs. La vie n'est pour lui qu'une suite d'élections à gagner. Sa stratégie n'est qu'électorale. Le propos d'un responsable socialiste dit tout à ce sujet : « Jusqu'à présent, on essayait de se détacher du contexte national. Là, si François Hollande gère bien l'affaire, ça peut être positif pour nous... » Propos normal dans notre république normale !

    Face à une stratégie de guerre totale dont le terrorisme est une des armes de prédilection, le politicien de service pense aux gains électoraux possibles. Les militaires ne sont-ils donc déployés que dans ce but ? Et le porte-avions Charles-de-Gaulle ? Et les forces de sécurité mises en alerte maximum ? Et l'état d'urgence de trois mois n'a-t-il été voté que dans cette intention ? Et cette idée de constitutionnaliser une nouvelle forme de pleins pouvoirs entre les mains de l'autorité politique n'est-elle conçue que pour dominer la scène électorale en 2017 ?

    Les Français dans leur ensemble comprennent parfaitement les nécessités impérieuses de la guerre. Encore faut-il la mener comme il faut. n

     

  • Robert Redeker : « Le terrorisme islamiste s'épanouit grâce à la mauvaise conscience de la France »

     

    Par Robert Redeker

    Depuis les années 1980, la peur panique de paraître « méchants » a conduit les Français à tout accepter, y compris l'inacceptable : C'est ce que Robert Redeker expose dans cet entretien donné au Figaro [27.07] et dont nous partageons les analyses. A une exception près : pour nous, « les vrais valeurs républicaines » ne sont pas celles qui peuvent nous faire renouer avec notre passé, notre culture, notre identité, nos racines. La République s'est fondée sur leur négation. Elle les a toujours combattues, jusqu'à aujourd'hui, inclus. Ce qui, d'ailleurs, nous paraît rendre ce régime incapable de lutter en profondeur contre tout ce qui nous détruit. Le terrorisme, bien-sûr, mais pas seulement ...  LFAR   

     

    XVM89cc2068-5354-11e6-b7bb-2c1e9cbaa47d.jpgQue vous inspire l'assassinat du prêtre de Saint-Étienne-du-Rouvray ?

    Cet attentat contre une église est un message adressé aux chrétiens par les islamistes. Ils aimeraient voir la France ressembler à la Syrie et à l'Irak, où les chrétiens sont victimes d'un quasi-génocide. Le plus odieux est que l'idéologie islamiste cherche à faire croire que ce sont les musulmans qui sont persécutés partout dans le monde, que ce sont eux les victimes par définition. Mais la réalité géopolitique est bien différente. Cette vérité planétaire atteint maintenant la France aussi. Et pourtant, le déni continue : à chaque fois que c'est possible, le gouvernement et de nombreux médias disculpent l'islamisme de ces attentats en réduisant les terroristes à des catégories psychiatriques (les «déséquilibrés»). Un habitant de la planète Sirius qui écouterait les radios et regarderait les télévisions françaises finirait par se persuader que la France est victime d'un terrorisme tout à fait particulier, qu'elle est en proie à une vague de terrorisme psychiatrique, un terrorisme de psychopathes. Souvent, cet habitant de Sirius pourrait même ignorer que le terrorisme qui ensanglante la France se réfère à l'islam.

    Que pensez de l'action du gouvernement contre le djihadisme depuis les attentats de janvier 2015 ?

    Un ministre de l'Intérieur confronté à un tel bilan devrait démissionner. Le gouvernement de Manuel Valls use du vocabulaire de la guerre sans mener la guerre. Prenons un exemple. Si nous sommes en guerre, les milliers de jeunes Français qui s'enrôlent dans les rangs de l'État islamique en Syrie et en Irak, qui prennent les armes contre leur propre patrie, qui tuent des civils sont des traîtres. Or, il est question de les mettre dans des « centres de déradicalisation ». Par conséquent, pour le gouvernement comme pour l'idéologie dominante dans les médias, les Français partis en Syrie et en Irak ne sont pas des traîtres, ce sont des «radicalisés»! Chacun se souvient du fatalisme de François Mitterrand le 14 juillet 1993 sur la question du chômage: « Contre le chômage, on a tout essayé », déclara-t-il ce jour-là. Habituez-vous au chômage, nous n'y pouvons plus grand-chose, telle semblait sa pensée! François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve étendent le fatalisme économique de Mitterrand à la sécurité: habituez-vous aux attentats comme vous vous êtes habitués jadis au chômage, paraissent-ils nous dire.

    Ne faut-il pas faire au moins crédit à l'exécutif de l'extrême difficulté de sa tâche ?

    François Hollande est l'homme politique le plus méprisé de toute l'histoire de la Ve République. Plus aucun Français ne l'écoute sérieusement. Il a annoncé la fin de l'état d'urgence le 14 juillet à 12 heures et a annoncé sa prolongation à 23 heures après l'attentat de Nice ! Cependant, la droite parlementaire aurait tort de se réjouir de cette situation. Elle a les mêmes habitudes, et souffre du même discrédit - quelques mois après son retour aux affaires, elle serait vraisemblablement dans le même état que la gauche aujourd'hui.

    Qu'est-ce qui, selon vous, fait défaut aux plus hautes autorités de l'État : la lucidité ? Le caractère ? L'esprit de suite ?

    La nécessité de combattre le terrorisme islamiste se heurte à une barrière idéologique: le refus de considérer que l'islamisme est une des versions de l'islam. Un écrivain comme Boualem Sansal, qui est mon ami, pense ce lien. Il faut aider les musulmans à guérir « la maladie»  - je reprends le vocabulaire d'Abdelwahab Meddeb - qui gangrène l'islam, et dont le nom est islamisme. Sophistes et tentateurs, les prédicateurs islamistes parlent une langue et utilisent des images qui sont familières à tout musulman - afin de tromper ces musulmans. De surcroît, le projet des islamistes est favorisé par le climat intellectuel qui a triomphé en France depuis les années 1980. Les vraies valeurs républicaines - expression dont on se gargarise pour faire oublier leur disparition - ont été abandonnées au nom d'un culte fétichiste de l'Étranger, de l'Autre, du Différent, qui a toujours raison. Derrière ce culte se cachent la haine de soi et la repentance. La destruction de l'école est une des causes de notre drame car elle sépare le peuple français de son passé, de sa langue et de sa culture. On enseigne aux enfants de l'immigration que nous, Français, sommes des croisés, des esclavagistes, des colonisateurs, coupables et méprisables. Sous couvert du respect de la différence, l'aversion de ce qui est français, européen et occidental domine. En justifiant le rejet de la France et de sa culture, l'école a créé et fertilise le terreau psychologique sur lequel l'islamisme peut se développer et prospérer sans obstacle. 

    * Le prochain ouvrage de Robert Redeker, L'École fantôme, paraîtra aux éditions du Rocher en septembre.

    Robert Redeker           

  • Lettre de Louis XIV à Jean-Michel Aphatie

     

    Par David Brunat

     
    PASTICHE - Il y a deux jours, le cas « Jean-Michel Aphatie » a été pointé du doigt dans ces colonnes*. Depuis, les réactions à ses honteuses déclarations se sont multipliées. Il y a maintenant une affaire Apathie. Ainsi, dans Figarovox [15.11], David Brunat a publié ce judicieux et savoureux pastiche. Qui a du sens, sous le jeu de ce genre littéraire. Le Roi-Soleil répond à Jean-Michel Aphatie après que celui-ci a déclaré qu'il souhaitait démolir le château de Versailles, tout en précisant ensuite qu'il s'agissait de second degré ... LFAR 
     

    David%20Brunat.jpgQuel genre d'insolent êtes-vous ? Avez-vous perdu la raison ? Ignorez-vous ce qu'il en a coûté à d'autres de parler en si mauvaise part de moi et de mes biens ? Ah, si Dieu m'avait donné plus longue vie, comme j'eusse eu plaisir à vous faire donner le bâton, à vous faire ravaler votre impudence dans le fond d'un cachot, à vous soumettre à la roue !

    Ainsi donc, l'on me mande que vous avez à cœur de raser mon château, qui a exigé de mes Sujets tant d'efforts et tant de génie ! D'anéantir le fleuron de mon Royaume, l'orgueil de mon règne ! De faire disparaître sans autre forme de procès ce chef-d'œuvre de l'art et de l'intelligence, qui fait depuis trois siècles l'admiration de l'univers et la joie des touristes du monde entier! (soit dit en passant, cette babiole que vous voulez dynamiter rapporte à la France des millions et des millions chaque année alors qu'on n'a cessé de vilipender les dépenses que j'ai dû engager pour le bâtir et l'embellir … Preuve que la rentabilité de long terme de certains projets se joue des politiques budgétaires restrictives chères aux ronds-de-cuir et autres petits marquis.)

    Donc, à bas Versailles ! S'il s'agit d'humour, sachez que je goûte infiniment plus celui de M. de Molière. On m'explique qu'il s'agit de « second degré. » Diable ! Qu'est-ce là que ce second degré bien apathique ? Je vous en conjure: restez-en au premier degré, au rez-de-chaussée, à l'entresol, au sous-sol, que sais-je. Je conçois que l'idée de grandeur vous soit étrangère, mais est-ce une raison pour manifester une si extraordinaire animosité à mon endroit ?

    Bref, que vous ai-je donc fait, Monsieur, pour que ma maison vous inspire un tel déplaisir ? Aurais-je de mon côté la fantaisie de m'en prendre à la vôtre ? Oui, je parle de cette Maison dite de la Radio, où vous officiez maintenant après avoir dragué l'or du Grand Canal - avant qu'il ne soit conquis par un Fouquet moderne qui est en train de l'assécher - et occupé le micro d'argent de diverses stations radiophoniques. Il y aurait à redire sur le fonctionnement de votre Maison, sur son ascendant dans la formation de l'opinion publique française. Je m'en garderai.

    L'on me mande aussi que vous émettez des doutes sur le suffrage universel - qui est pour moi une chose bien peu compréhensible -, auquel vous semblez attaché quand les électeurs votent selon vos vœux, mais auquel vous voudriez réserver le même sort qu'à ma maison lorsqu'il en va différemment. Je suis bien d'accord avec vous sur le fait que ce M. Trump est un soudard, un pendard, un bourgeois gentilhomme qui abuse son monde. Mais le triomphe que lui ont fait les Américains justifie-t-il vos sorties intempestives et vos sentiments démocratiques à géométrie variable ?

    Ah! l'on m'a souvent fait grief de gouverner sans frein. Ce motherfucker de Saint-Simon, qui me haïssait, n'a cessé de médire de moi et d'écrire à mon propos les choses les plus désagréables du monde, tout en me suppliant de lui octroyer une mansarde dans ma maison versaillaise. Si vous aviez du talent, vous me feriez penser à lui. Il me prenait pour un despote, pour un buveur de sang, mais il ignorait qu'il y a en tout homme, à partir du moment où il dispose d'un peu de pouvoir ou d'un peu d'influence sur les autres, un despote en germe qui, parfois, ne demande qu'à éclore ; et je crois que vos considérations sur les limites du suffrage universel prouvent quelque chose de cet ordre-là.

    Quoi qu'il en soit, je pense que le suffrage des siècles - auquel je tiens, pour le coup - et l'admiration des hommes pour mon sweet home versaillais m'offriront de solides garanties contre les velléités destructrices des Croquants dans votre genre.

    Sur ce, Monsieur, je retourne au paradis des héros français et vous laisse avec votre pelle et votre truelle démolir tous les châteaux de sable que vous voulez.

    Louis, propriétaire perpétuel 

    « ... Le suffrage des siècles - auquel je tiens, pour le coup ... »  

     
    Normalien et philosophe de formation, David Brunat est écrivain et conseiller en communication.
     
    Lire aussi dans Lafautearousseau ...
     
  • La République, l'Europe, le monde

    Sommet européen de Bruxelles. Attitude ridicule, langage amphigourique, Hollande tel qu'en lui-même.

     

    ANALYSE. Le monde politicien, président en tête, a les yeux fixés sur 2017, alors que le ciel de 2016 s'alourdit déjà de mille menaces plus inquiétantes les unes que les autres.

    Par Hilaire de Crémiers

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgLa Ve République n'est plus qu'une IVe finissante. À moins qu'elle ne connaisse un effondrement tragique et soudain comme la IIIe sous quelques coups de boutoir, financier, économique, social, politique, terroriste, tout à la fois peut-être, avec des risques trop certains d'affrontements multiples et d'éclatement national.

    Le dernier remaniement gouvernemental ne manifeste aucunement un souci d'intelligence nationale. Les noms des entrants en sont à eux seuls une preuve. Qu'est-ce donc qu'Ayrault ? Et Cosse ? Et Placé ? Même les socialistes les plus guindés se sont esclaffés devant ces choix d'un ridicule achevé. Tout le monde a compris qu'il ne s'agit pour Hollande que de préparer 2017 : 38 ministres et secrétaires d'État ! Uniquement pour tenter de se recomposer une base électorale ! Quand on sait ce que coûte réellement un ministre avec tous les frais afférents... et quelle escroquerie recouvrent les organigrammes de tous ces ministères plus ou moins « bidon » où se niche la clientèle et où prospère le copinage !

    LA TARTUFFERIE POLITICIENNE

    Ajoutez-y les régions nouvellement recomposées et qui ne l'ont nullement été en vue de répondre à des réalités historiques, économiques et sociales, mais parce qu'elles sont devenues - et plus encore qu'avant comme l'ont montré les dernières élections - des échelons de pouvoir dans des configurations uniquement partisanes avec tous les tripatouillages et toutes les manigances qui s'imposent en pareil cas. Le clientélisme y règne évidemment comme à tous les innombrables étages de l'organisation territoriale. Nombre de maires, en ce moment, sont vent debout, eux qui cherchent à sauver leurs terroirs et qui luttent contre les stipendiés de la politicaillerie et de la finance crapuleuses, liguées pour faire main basse sur tout ce qui vit encore. Personne ne les écoute.

    Quelle administration équitable et efficace peut résister aux miasmes d'un si mauvais esprit ? Les résultats sont là ; la France se meurt; la France réelle : le monde paysan dont les politiciens - le ministre de l'Agriculture en premier - « se foutent » littéralement, sauf en périodes électorales, le monde du commerce et de l'artisanat qui n'intéresse en rien les prébendés de la République, le monde industriel sacrifié sur l'autel de la pseudo-concurrence et bradé toujours aux moindres coûts, sauf les pôles d'excellence qui, par nature, échappent heureusement à l'incompétence des carriéristes de la médiocrité républicaine.

    Autant François Hollande a tenu bon face aux familles françaises quand il s'est agi de détruire la famille avec son mariage pour tous et tout ce qui s'ensuit dans l'ordre de la filiation, autant, après avoir fait semblant, comme son maître Mitterrand, de déclarer.la guerre à l'argent, il s'essaye depuis 2014 à se rabibocher avec tout ce qui peut compter financièrement et économiquement en vue des élections présidentielles. En politicien avisé, il a toujours été en symbiose avec un certain monde du « fric », celui qui n'a ni foi ni loi, celui qui tient les médias, celui qui anime une certaine finance qui se moque de tout. Le « Hollande socialiste » est une sorte d'oxymore aussi comique que naguère le « Mitterrand socialiste » et ami des communistes. Ces bourgeois, très bourgeois, qui jouent les « partageux » n'ont jamais rien partagé de leurs propres biens, ni coupé leurs manteaux, au grand jamais ! En revanche, ils ont fort bien disposé du bien d'autrui, mis en coupe réglée le pays, pillé les poches des contribuables pour payer leurs largesses ! Qui ne se souvient de ces étranges financiers qui ont soutenu Hollande en 2012 et qui avaient acheté une bonne partie de la presse d'opinion à cet effet ? Ils sont toujours là et ils veillent.

    OPPORTUNISME RÉPUBLICAIN

    Le prétendu retournement de 2014 s'explique fort bien, quand on connaît le personnage et son entourage. C'est une politique voulue : le montage, d'ailleurs stupide, du CICE, l'arrivée de Valls, la venue de Macron, la loi Macron dite de libéralisation économique, les engagements contre le terrorisme, la loi sur le renseignement pour se donner l'allure martiale, l'état d'urgence et sa possible constitutionnalisation, enfin, comme un bouquet final, la loi El Khomri de réforme du Code du travail qui sera présentée au Conseil des ministres début mars et qui, déjà, fâche les socialistes... vraiment socialistes ! En fait, Hollande se « recentre », tout en continuant à assurer qu'il est de gauche. Ô sublime habileté ! Il prendrait exemple sur Schröder en Allemagne. En réalité, plus simplement, comme ses prédécesseurs des IIIe et IVe Républiques, après avoir usé jusqu'à la corde les antiques oripeaux du socialisme et la tunique archaïque du radicalisme, selon la bonne vieille loi d'évolution de tout politicien de service en France, il revêt maintenant l'habit plus seyant du libéralo-conservatisme et de l'opportunisme républicain, à la manière, jadis, des Ferry, des Millerand, des Briand, des Clemenceau, des Sarraut, des Doumergue, des Blum même, des Auriol, des Mendès, des Mollet. Valls est sur la même partition, en plus vigoureux, au cas où Hollande ferait soudain défaut. Alors, primaire à gauche ? Cambadélis en est réduit à l'offrir à Hollande à son choix, alors que la France atterrée se rend compte à l'évidence que le bonhomme, toujours grotesque dans son attitude et embarrassé dans sa rhétorique, n'a jamais eu l'étoffe ni le langage d'un chef d'État !

    Dans ces circonstances, alors que la situation empire, les candidats de droite se durciraient-ils ? Ils envisagent des réformes au pas de course comme en rêvaient déjà dans les années 3o, avec le succès que l'on sait, les Tardieu, les Doumer, les Daladier et les Reynaud, juste avant guerre, juste avant le désastre mille fois prévisible ?

    Nos caciques d'aujourd'hui sont tels que leurs prédécesseurs ; ils veulent réformer l'irréformable à coups d'ordonnances, de 49-3, comme, autrefois, on le faisait à coup de décrets-lois. Quelle illusion aujourd'hui comme hier ! Rien ne résistera aux évènements. Leur catéchisme républicain est déjà pulvérisé. En habitudinaires, ils n'appréhendent pas ce qui se passe autour d'eux. Les jeunes générations les quittent, physiquement, politiquement, moralement. Les Français les méprisent. L'Europe les lâche, l'Angleterre d'abord, les pays de l'Est ensuite, bientôt, parions-le, l'Allemagne et les pays du Nord pendant que le Sud fera faillite. L'islamisme leur sautera de nouveau au visage alors qu'ils en nient encore l'existence ; les flux migratoires, les villes survoltées, les banlieues incontrôlées les submergeront ; l'Union européenne, sur qui ils ont tout misé, va leur exploser à la figure et, peut-être, en même temps, la finance mondiale, la leur, d'ailleurs, en premier lieu, tandis que le monde instable et fou qu'ils ont contribué à créer, les laissera tout simplement tomber et, sans doute, les accablera dans leur désastre. Le sage Montaigne disait déjà de ceux qui de son temps prétendaient tout sauver par la hardiesse de leurs discours, qu'il convenait d'abord de réfléchir aux conditions nécessaires du redressement : « La décharge du mal présent n'est pas guérison, s'il n'y a en général amendement de condition ».

     

  • Riposte laïque : « En disant le réel, Hollande a appuyé sur le bouton, tout va sauter…»

     

    Par Marcus Graven

    Une recension - fût-elle partielle - qui en dit long à la fois sur le réalisme privé de François Hollande et sa duplicité publique. Il faut lire ces citations qui font douter de l'équilibre mental du président de la République. Ou font conclure à un suicide politique. Cet article publié par Riposte laïque [13.10] offre ici une sélection époustouflante de citations extraordinaires et livre en conclusion de fort justes réflexions. Lafautearousseau ne peut que s'y associer. « Et si le roi est fou ? » est une très ancienne question-objection faite aux royalistes. Ils en ont l'habitude. On voit ici qu'elle ne devrait plus leur être réservée ...  LFAR 

     

    images.pngUn Président ne devrait pas dire ça…, le livre d’entretiens de Hollande avec deux journalistes du Monde, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, fait quelques remous que la caste va tenter de faire disparaître le plus rapidement possible.

    Hollande n’est pas encore qualifié de déséquilibré, mais cela ne devrait pas tarder. Pour l’instant, ses « amis » parlent de suicide politique.

    Pourtant, les propos de Hollande devraient être loués, puisque pour la première fois, un homme politique dit la réalité.

    Que dit le petit François ?

    Sur la justice : « Cette institution est une institution de lâcheté… Parce que c’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux… On n’aime pas le politique. La justice n’aime pas le politique… ».

    Sur la crise identitaire : « Quand on lit Finkielkraut, Zemmour, Houellebecq, qu’est-ce que ça charrie ? Toujours la même chose, la chrétienté, l’histoire, l’identité face à un monde arabo-musulman qui vient… C’est ça qui fait que les gens basculent, ce n’est pas parce qu’ils ont perdu 3 % de pouvoir d’achat - qu’ils n’ont pas perdu d’ailleurs ! - ou parce qu’ils sont chômeurs. Il y a des choses qui les taraudent, ils arrivent dans un train, ils voient des barbus, des gens qui lisent le Coran, des femmes voilées…»

    « L’insécurité culturelle » n’est pas un sentiment.

    Sur l’intégration: « Il y a à la fois des choses qui marchent très bien et l’accumulation de bombes potentielles liées à une immigration qui continue. Parce que ça continue. »

    Sur l’équipe de France de football : elle est en proie à une « communautarisation, une segmentation, une ethnicisation ». « Il n’y a pas d’attachement à cette équipe de France. Il y a les gars des cités, sans références, sans valeurs, partis trop tôt de la France. »

    Sur les footballeurs : « Ils sont passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes, sans préparation. Ils ne sont pas préparés psychologiquement à savoir ce qu’est le bien, le mal. » « La Fédération, c’est pas tellement des entraînements qu’elle devrait organiser, ce sont des formations. C’est de la musculation de cerveau. »

    Sur Benzema : « Moralement, ce n’est pas un exemple »

    Sur l’immigration : « Je suis convaincu que, quand on interroge les Français, ils sont majoritairement sur sa position (celle de Nadine Morano). (…) Ils pensent : “ On est plutôt des Blancs, il y a plus de Blancs que d’autres. ” »

    « Je pense qu’il y a trop d’arrivées, d’immigration qui ne devrait pas être là. »

    « On ne peut pas continuer à avoir des migrants qui arrivent sans contrôle, dans le contexte en plus des attentats. »

    Sur les classes remplies de gamins issus de l’Afrique noire et du Maghreb : « C’est Sisyphe ! On les fait parler français, et puis arrive un autre groupe, et il faut tout recommencer. Ça ne s’arrête jamais (…). Donc, il faut à un moment que ça s’arrête. »

    Sur l’islam: « Qu’il y ait un problème avec l’islam, c’est vrai. Nul n’en doute. »

    Sur les zones de non-droit : « Comment peut-on éviter la partition ? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition. »

    Sur les écolos : « Des cyniques et des emmerdeurs »

    Sur les frondeurs : « Une agrégations de gens intelligents peut faire une foule idiote »

    Pour toutes les bonnes âmes de gauche, du centre, de droite, pour tous les politicards, pour tous les journaleux, la parole « libérée » de Hollande est un vent mauvais.

    Elle met en lumière leurs mensonges permanents, leur volonté de tromper le peuple français.

    Elle est l’aveu qu’une fois à l’abri des regards, derrière les murs du pouvoir, la caste connaît très bien la situation dramatique du pays.

    Elle prouve que la prétendue fachosphère a des analyses pertinentes de la situation, que sa dénonciation du discours hypocrite des gouvernants et de leurs domestiques médiatiques est juste, que sa critique de la magistrature est fondée.

    Elle dit que la vertu proclamée des élites est un masque, que de refuser sciemment le réel est la seule possibilité de se maintenir au pouvoir pour ces « petits hommes », tous bâtis sur le même modèle, tous clamant les mêmes bobards : pas de « zone de non-droit », « l’islam n’est pas le problème », « les migrants sont une chance pour la France ».

    Et quand l’un d’eux, comme Hollande, dit le réel (sans peut-être le vouloir), ils resserrent les rangs, regardent ailleurs, apportent un démenti.

    Mais le barrage commence à céder, le bourrage de crâne perd en puissance, la désinformation s’écaille.

    Espérons que les Français iront jusqu’au réveil complet. 

    Merci à Yves BOULON de nous avoir signalé ce texte.

  • Jean Sévillia : « L'intérêt des hommes politiques pour l'histoire dure le temps d'une campagne »

    Succès des émissions d'Histoire à la télévision - Photo : Franck Ferrand, L'Ombre d'un doute  

    Par Alexis Feertchak        

    A droite notamment, les candidats à la primaire font assaut de références historiques, parfois jusqu'à la polémique. Jean Sévillia, considère que ce besoin d'histoire répond au déracinement d'une société qui perd ses repères. On lira vec intérêt l'entretien qu'il vient de donner au Figarovox [7.10] sur ce sujet qu'il relie à l'actualité politique - ou politicienne - et au Politique tout court rappelant à cet égard quelques définitions et distinctions essentielles. Mathieu Bock-Côté, le brillant jeune sociologue québecquois, a désigné Jean Sévillia comme « un dissident de la première heure contre le terrorisme intellectuel ». Il a raison. Et les patriotes royalistes que nous sommes en savent gré à Jean Sévillia.  LFAR 

     

    XVM512bf016-8cad-11e6-b076-4c98042c7b75.jpgNicolas Sarkozy a suscité une vive polémique en reprenant à son compte le mythe de « nos ancêtres les Gaulois ». François Fillon souhaite quant à lui demander à trois académiciens de réécrire les manuels d'histoire en les inscrivant de nouveau dans le récit national. Comment expliquez-vous que l'histoire soit au cœur de ce début de campagne présidentielle, notamment à droite ?

    Permettez-moi de rappeler que la formule « Nos ancêtres les Gaulois » ne relève pas que du mythe. Les travaux de l'historien-démographe Jacques Dupâquier ont montré que les vagues migratoires qui se sont étalées entre le IIIe et le Xe siècle sur le territoire français n'ont représenté qu'un apport de 50 000 à 100 000 personnes pour 7 à 8 millions d'autochtones gallo-romains. La population, ensuite, n'a quasiment pas bougé, jusqu'à l'apparition d'un courant migratoire européen à partir du XIXe siècle et extra-européen à partir du XXe siècle. Ce qui signifie que tout un fond de la population française, encore aujourd'hui, compte des Gaulois parmi ses lointains ancêtres, même s'il a d'autres ascendances, et même si des Français tout aussi français que les autres n'ont pas une goutte de sang gaulois. La part du mythe relève évidemment du récit national élaboré entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle qui a fait des Gaulois les ancêtres de tous les Français. Alors que l'identité nationale est source de questionnements et de débats, alors que la France connaît une immigration sans précédent, les Gaulois sont donc sollicités dans cette polémique.

    Ultimement, deux visions s'opposent. Celle de la nation-contrat, héritée de Rousseau, conception préférée à gauche, qui ne prend en compte que la volonté d'être français comme signe d'appartenance à la nation. Et une conception qui mêle la nation-héritage, intégrant les données de l'histoire, et la nation choisie, à laquelle on peut s'agréger en adoptant les règles et les codes majoritaires, tout en conservant des traditions et une mémoire particulière. Cette conception équilibrée, qui est celle de Renan, a plutôt cours à droite. Ainsi un débat historique a-t-il des résonances très contemporaines dont s'emparent les politiques de droite qui savent quelles sont les préoccupations de leurs électeurs. Mais cet aspect politique et même politicien donne les limites du genre, car on peut prévoir qu'après l'élection présidentielle, ce sujet quittera l'esprit des hommes au pouvoir. Si la droite avait fait mieux que la gauche pour l'enseignement de l'histoire, cela se saurait…

    Quant à la proposition de François Fillon, elle postule que tous les académiciens soient indemnes d'une influence par l'idéologie du politiquement correct, ce que je trouve optimiste. Trouvons de bons historiens indépendants du ministère de l'Education nationale pour écrire les manuels scolaires, ce sera déjà bien.

    Les hommes politiques ne sont pas les seuls à se passionner pour l'histoire. Les Français de manière générale apprécient de plus en plus les émissions de radio, de télévision et les ouvrages consacrés à l'histoire. D'où vient ce besoin ?

    Dans une société en perte de repères, les gens cherchent des explications et des modèles, et ils les trouvent aussi dans le passé. La réduction de la place accordée à l'histoire à l'école et les torsions idéologiques auxquelles on assiste dans l'enseignement n'échappent pas non plus aux parents qui n'ont pas envie que leurs enfants apprennent n'importe quoi ou n'apprennent rien. Et d'une manière générale, dans un monde qui se globalise et s'uniformise, la quête de racines est très forte. Ce besoin d'enracinement se manifeste aussi par ce succès de tout ce qui touche à l'histoire.

    Vous avez écrit l'essai Historiquement correct. Cette réaction d'une partie de la classe politique et des Français en général est-elle une réaction à une histoire passée sous les fourches caudines du politiquement correct ?

    Pour partie, oui. Les Français sentent bien que l'école, et l'histoire à l'école, peuvent être le champ d'une manipulation des esprits. Pour reprendre l'exemple des Gaulois, il est assez sidérant de constater que la mention d'une hérédité qui est un fait pour une grande part de la population française est stigmatisée comme si elle trahissait une conception ethnique de la nation et un regard raciste sur la société. L'ascendance gauloise - terme d'ailleurs historiquement imprécis - est une donnée pour certaines familles. Pourquoi cette donnée historique devrait-elle être occultée ? Qu'est-ce qu'elle enlève aux Français qui n'ont pas le moindre ancêtre gaulois ? Le problème, c'est que le politiquement correct voudrait se débarrasser du passé. Mais faire de l'histoire en se débarrassant du passé, cela s'appelle du mensonge. Or beaucoup de Français sont las qu'on leur mente. 

    XVM7b0e3bea-83cb-11e6-821a-2e2ad3dc5a89.jpg

    Essayiste et historien, Jean Sévillia est chroniqueur au Figaro Magazine et membre du comité scientifique du Figaro Histoire. Il vient de publier Ecrits historiques de combat (Perrin).  

    Alexis Feertchak           

  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : Palmarès 2019

    En formulant à chacun mes meilleurs vœux pour cet an de grâce 2019, j’ai plaisir à revenir sur les 148 long-métrages, près de 3 par semaine, que j’ai vus, cette année finissante, dans les salles obscures.

    Mes bons et mauvais choix de film se répartissent presque par moitié, avec un petit quart de « très bonne pioche » et au contraire 10 à  15 % que j’aurais dû éviter.

    DE TARLE.jpgDans la Nouvelle République du 26 décembre, un long article porte sur Les Misérables, de Ladj Ly, réalisateur français né au Mali, qui, si j’ai bien compris, raconte l’œuvre de Victor Hugo à la sauce banlieue et France black-blanc-beur…

    Très peu pour moi… surtout quand je lis que ce film a bouleversé Macron au même moment (« en même temps ») où, après avoir accusé en Algérie la colonisation de « crime contre l’humanité », il réitère à Abidjan en parlant de « faute de la République » et évoque des « excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels elle a commis ces geste de barbarie » ! 
    On lui rendra grâce, néanmoins, d’avoir mentionné « la République » - qui n’est qu’un régime  - et non pas la France (dont on conviendra qu’elle ne se réduit pas à la république). On s’amusera aussi de voir que c’est Benalla qui renvoie le Président dans ses cordes : « Non, la colonisation n’a pas été une mauvaise chose (…) elle a été une chance pour les pays colonisés » !

     

    Mais revenons aux Misérables dont la NR écrit que ses deux millions d’entrées (dont je ne serai pas) « le placerait dans les quatre plus grands succès de 2019 » avec

    ·         Mais qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ?  -à je regrette d’être allé le voir

    ·         Nous finirons ensemble à à la poubelle

    ·         et Hors normes à un docufiction sur l’autisme, d’Éric Toledano, et Olivier Nacache, qu’il aurait été effectivement très dommage de ne pas avoir vu.

     

    Sur mon podium personnel des films vus en 2019, j’inscris dans l’ordre :

    1.       Le chant du loup, un film de guerre français d’Antonin Baudy, sur l’exécution de l’ordre d’actionner le bouton nucléaire ;

    2.       Funan, un dessin animé de 2018, de Denis Dô,  sur la chute de Pnom Pehn le 17 avril 1975 ;

    3.       L’incroyable histoire du Facteur Cheval, un biopic français de Nils Tavernier avec Jacques Gamblin, sur le véritable inventeur du Béton armé à Hauterives dans la Drôme.

    Dans le « Top Ten », j’ajoute

    4.       Midway, un film de guerre américain qui raconte la bataille aéro-navale des 3 au 6 juin 1942 sur une atoll des îles Hawaï, à la suite de Pearl Harbor ;

    5.       Donne-moi des ailes, un film d’aventure de Nicolas Vannier, avec Jean-Paul Rouve, sur l’histoire vraie de l’ornithologue Christian Moullec qui voulut rétablir un chemin de migration pour les «  oies naines » de Suède ;

    6.       Au nom de la Terre, d’Édouard Bergeon qui raconte l’histoire de ses parents et le drame de l’industrialisation de l’agriculture et de l’élevage, avec Guillaume Canet ;

    7.       Chambord, un documentaire, dessin animé et film animalier, de Laurent Charbonnier qui célèbre le 500ème anniversaire du château dont la construction fut décidée pat François Ier ;

    8.       Downton Abbey, de Michael Engler, relate un petit épisode de la série éponyme qui se déroule au château  de Highclere ;

    9.       Stubby, un film d’animation de Richard Lanni, avec Gérard Depardieu, sur un héros de la guerre de 14, le sergent Stubby,  le chien le plus décoré de la « Grande Guerre » qui y participa au sein de la « Yankee Division » ;

    10.   Au bout des doigts, une comédie dramatique de 2018 de Ludovic Bernard, avec Lambert Wilson, qui orchestre la diversité des notes blanches et noires.

     

    Enfin, pour retenir un film par mois :

    11.   Le Vent de la Liberté, un thriller historique allemand de 2018, de Michael Herbig, sur les familles Strelzyk et Wetzel qui ont construit une montgolfière pour fuir la RDA, 10 ans avant la chute du Mur de Berlin.

    12.   Exfiltrés, un drame franco-turc d’Emmanuel Hamon sur un aller-retour dans le djihadisme.

     

    D’autres auraient mérité d’être cités mais, contre l’égalitarisme, je crois en la Préférence et la Hiérarchie.

     

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plus de 400 autres sur mon blog Je ciné mate.
    Pour mémoire  

     

    Titre

    Violent/scabreux

    Date

    Il aurait été très dommage de ne pas le voir

    Hors normes

    non

    10/11/2019

    Une bonne soirée

    It Must Be Heaven

    Non

    06/12/2019

    Un très bon film

    Midway

    non

  • Vie privée et morale publique, un nouveau contrôle social ?, par Olivier Perceval.

    Il est intéressant de voir à quel point l’« affaire Griveaux » provoque un séisme, non seulement dans le monde politique, mais aussi dans le monde médiatique :

    ​ « Mais puisqu’on vous dit que, dans le domaine privé, n’importe qui peut faire n’importe quoi, n’importe comment ! » Telle pourrait être la teneur générale des propos sur les plateaux télé, fusse-t-on président du sénat, ministre ou candidat aux municipales…

    Olivier Perceval.jpgIl est vrai que les pantalonnades élyséennes ou ministérielles ne datent pas d’hier, et que les vieux et moins vieux caciques ont émaillé de leurs prouesses extraconjugales,les républiques qui se sont succédées. Élisabeth Lévy y voit une dimension romanesque de la vie publique avec ses alcôves. L’honnêteté oblige à dire que les rois ne se sont pas privés de quelques maitresses. Nous pouvons toutefois noter qu’ils les assumaient sans complexes.

    En l’espèce, tout de même, envoyer une vidéo de ses parties intimes par téléphone, alors qu’on est porte-parole du gouvernement, comme attitude romanesque, il y a mieux. Cela fait plutôt songer à un comportement adolescent…

    Quoi qu’il en soit, il fut un temps ou les comportements privés étaient soumis, plus particulièrement en province, à ce que les sociologues appellent « le contrôle social, ». Pour y échapper, les notables d’alors effectuaient des séjours à Paris pour s’encanailler dans l’anonymat de la capitale. « Pas vu, pas pris », résumé de la morale « bourgeoise » mais chacun savait les risques encourus…

    Plus le village (ou le quartier) était petit et plus les habitants cohabitant dans une grande proximité connaissaient les faits et gestes de chacun, ce qui donnait lieu parfois à des affaires de cloche merle qui ont fait le pain (béni ?) de nombreux auteursde Balzac à Chabrol. Si le contrôle social pouvait être difficileà supporter pour quelqu’un souhaitant un peu plus d’anonymat, il avait l’avantage aussi de faciliter une plus grande solidarité, car connaissant les malheurs des autres, on se sentait concerné et obligé de les prendre en compte.

    Aujourd’hui, nous assistons à la renaissance d’une forme de contrôle social à travers les réseaux sociaux, à la différence notable quand même que les informations personnelles que l’on livre en pâture à nos amis « FB » sont le plus souvent de notre seule responsabilité.

    « Vu et pris ! » : Benjamin Griveaux s’inscrit dans la lignée glorieuse des Felix Faure ou Joseph Caillaux ! Rien de nouveau sous le soleil… L’affaire sort fort opportunément mettant fin à une campagne municipale aux débuts déjà chaotiques. Bien sûr, comme l’auteur du forfait de publication est un réfugié (anti-régime) russe, déjà se profile l’ombre maléfique de Poutine qui ne fait rien que nous embêter (et c’est nous que l’on traite de complotistes !)

    Ce qui laisse perplexe, c’est le cœur des vierges mediatico-politiques scandalisées à l’idée qu’il puisse y avoir un jugement moral après la publication de cette imprudente correspondance. La démocratie serait en danger sous prétexte que quelqu’un aurait soulevé le coin du tapis ? Autrement dit,le tabou absolu c’est la morale.

    Pour résumer, on peut absolument tout faire dans le privé du moment que c’est légal.

    Puisque tout est permis, en quoi est-il gênant de le rendre public ?

    Sans doute parce qu’il existe un sens commun, et que les débordements les plus sordides dans lesquelles quelques élitesse complaisent, ne donnent pas nécessairement une image « romanesque » de cette petite société arrogante. L’électeur (car il faut bien en passer par lui) est encore capable d’être choqué, quoique sécularisé. Il faut donc lui expliquer qu’il a tord et que la morale est hors de propos. Mais qu’est-ce que la morale ? Le Larousse nous dit que c’est « l’ensemble des règles de conduite, considérées comme bonnes de façon absolue ou découlant d’une certaine conception de la vie » A qui veut-on faire croire que l’électeur dans le secret de l’isoloir va voter en faisant abstraction de ce qu’il est, de son histoire, de sa culture ? Certes, la morale peut changer selon le temps ou le lieu ! Hippocrate peut écrire au IVe siècle avant JC dans son fameux serment « Je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif » ; Matzneff peut écrire à la fin du XXe siècle ce qu’il ne peut plus écrire au XXIe et aujourd’hui Desproges ou Coluche n’écriraient plus les mêmes sketches … Pour autant, toute société s’interroge sur la morale et trouve un consensus qui lu permet de vivre ensemble… Et si ce consensus n’est pas trouvé, c’est bien la nation (et pas forcément la démocratie) qui est en difficulté.

    ​Tous les éditorialistes, à la presque unanimité, disent que Griveaux n’aurait pas dû démissionner de son rôle de candidat mal engagé, mais assumer cette information devant la face du monde. A l’heure des « coming out » de toutes sortes, il s’agit pour tous ces gens-là de plaider leur propre cause privée qui pourrait un jour devenir publique. N’y aurait-il pas un vent de panique sous couvert d’indignation ?

    Peut-être, qu’au-delà de la seule légalité, il y a encore en vigueur dans notre société, simplement des codes, hérités de notre culture judéo-chrétienne : Ceux-ci ont la vie dure et relèvent tout simplement de la « morale », mot devenu imprononçable, tant il évoque autre chose que la seule contrainte de l’état de droit. Il fait appel à un vieux concept ancré au fond de chacun de nous et qui s’appelle la conscience.

  • Monsieur le Président : laissez-nous servir !

    "Nous reparlerons de ce sujet demain Mardi. NDLR"

    Source : https://www.padreblog.fr/

    Padreblog relaie volontiers cette tribune publiée dans Le Figaro et signée par plus de 130 prêtres et curés de paroisses qui exercent leur sacerdoce dans différentes régions de France. Ils demandent au chef de l’État de rétablir la liberté de célébrer les messes dans les églises à partir du 11 mai 2020.

     

    Il est encore possible de s’associer à cet appel qui vise à soutenir la demande déposée par nos évêques auprès du gouvernement afin d’obtenir une reprise du culte dès le 11 mai. Tous les prêtres qui le souhaitent peuvent adresser un mail à l’adresse suivante (en ajoutant nom, prénom, fonction, ville et département/diocèse d’apostolat).

    « Monsieur le Président,

    Prêtres de terrain, au contact de tous et disponibles pour tous, en milieu urbain, semi-urbain ou rural, aumôniers, vicaires, curés de paroisse, nous venons vous demander, Monsieur le Président, de nous laisser nous aussi reprendre pleinement notre service, dès le 11 mai.

    Comme tous les Français et avec tous nos paroissiens, nous avons été impliqués depuis près de 10 semaines dans cette lutte contre le Covid-19. Nous avons été vigilants, loyaux, prudents, obéissants et respectueux des différentes consignes. Vivre confinés, sans célébration commune, la Semaine sainte et les fêtes de Pâques – le sommet de l’année pour les chrétiens – fut pour nos fidèles et nous une véritable épreuve que nous avons pleinement acceptée et offerte pour notre pays. Vous avez salué sur les réseaux sociaux, tout comme votre Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur, notre sens des responsabilités à cette occasion.

    Depuis le début de la crise, avec l’ensemble de nos communautés et beaucoup d’associations chrétiennes, en lien avec nos mairies, nous sommes engagés au service des plus isolés ou des plus précaires. A travers de nombreux volontaires et bénévoles, nos paroisses ont fait de leur mieux pour maintenir le lien entre tous, soutenir les soignants, fabriquer des blouses et des masques, préparer des repas pour les plus démunis, accompagner les plus âgés en aidant dans les Ehpad. Comme chez beaucoup de nos compatriotes, cette crise aura suscité un élan de solidarité et une créativité admirable au service du bien commun. Prêtres, nous avons aussi fait tout notre possible – malgré les restrictions – pour accompagner les mourants, offrir aux défunts les obsèques qu’ils méritaient et rester présents auprès des familles endeuillées. A l’appel du pape François, nous avons essayé de rester proches de tous.

    Mais cet élan de charité prend sa source et se nourrit, pour nous chrétiens, dans la célébration des sacrements. Le 11 mai, cela fera 9 semaines que les catholiques n’auront pu se retrouver pour célébrer ensemble, pour communier et se confesser. Des couples ont dû reporter le baptême de leur enfant, d’autres leur mariage. Les premières communions, professions de foi, confirmations sont elles aussi reportées. Cela ne s’est jamais vu dans l’histoire. Mais si la vie économique et sociale doit reprendre à partir du 11 mai, il n’y a pas de raison pour que la vie cultuelle et religieuse soit laissée de côté. Si les usines, les écoles, les commerces et les transports en commun reprennent, qu’est-ce qui pourrait justifier que nos églises restent vides et les messes publiques interdites ? Cette pratique de notre foi est non seulement une liberté fondamentale dans notre démocratie, mais aussi pour nous chrétiens un besoin vital.

    Dans les périodes de crise, il faut mobiliser toutes les ressources du pays. Les ressources spirituelles en font partie, elles ne sont pas à négliger. Annoncer la reprise du culte, c’est ainsi participer à renforcer la capacité de résilience du pays. C’est lancer un signal fort d’encouragement et de mobilisation morale et spirituelle. La force d’une nation, c’est aussi sa force d’âme. Laissez-nous y travailler ! Ce que les chrétiens vivront à nouveau dans leurs églises profitera à tous, à travers les fruits d’engagement et de charité qui en découleront. Plus que jamais, les Français ont besoin de ces lieux de cultes non seulement ouverts mais à nouveau habités, lieux de célébrations porteuses d’espérance, de retrouvailles fraternelles, de soutien mutuel, de paix, de consolation et de ressourcement.

    Nous ne demandons pas plus, mais pas moins que les autres. Nous avons compris qu’à partir du 11 mai, tout ne serait pas « comme avant ». Nous ne demandons pas la reprise totale du culte sans discernement ni prudence. Mais nous demandons qu’on nous fasse confiance pour mettre en place et vivre un dé-confinement progressif, par étapes, totalement respectueux des règles sanitaires. Nos évêques ont fait de nombreuses propositions dans ce sens. Nous avons prouvé depuis deux mois qu’on pouvait nous faire confiance. Nous sommes en lien permanent avec les élus de nos communes. Nous saurons une fois encore montrer notre sens des responsabilités.

    Monsieur le Président, dans une crise, chacun doit être à sa place et faire ce qu’il a à faire. Les soignants soignent. Les forces de l’ordre contrôlent et protègent. Les commerçants font du commerce. Les enseignants enseignent. Les élèves étudient. Les agriculteurs cultivent et nourrissent… Laissez sans tarder les croyants célébrer, prier et se rassembler. Le dimanche, notre place est dans l’église. Nous, prêtres, ne sommes pas faits pour rester derrière des écrans, mais bien pour donner à tous ceux qui nous le réclament les sacrements qui font vivre et espérer. Monsieur le Président, le 11 mai, laissez-nous reprendre les célébrations avec des fidèles. Parce que c’est aussi pour nous la meilleure façon de servir ».

    [Cet appel au président de la République a été signé par plus de 130 prêtres et curés de toute la France, et publié dans Le Figaro « Vox » du 25 avril 2020].

  • Sécession des “jeunes” des “quartiers”, par Aristide Renou.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    La partition du territoire français, où ont émergé et se sont consolidées des zones de non-droit, est confirmée par un article du Bondyblog, qui soutient la cause des « insurgés » [sic] de Villeneuve-la-Garenne.

    aristide renou.jpgLe Bondyblog a fait paraître un article sur la colère raisonnée des habitants de Villeneuve-la-Garenne. Article très intéressant par ce qu’il révèle malgré lui. Le propos est celui que l’on peut attendre du Bondyblog et de Médiapart : tout cela n’est qu’une légitime révolte dans un « quartier populaire », provoquée par la brutalité policière. Et en même temps une révolte finalement très limitée et très responsable : presque rien n’a été détruit (quelques véhicules, des poubelles, ça ne compte pas). Bref, les « jeunes » sont admirables et ont simplement soif de justice.

    Mais l’article mentionne aussi que « une vingtaine de militants antifascistes sont venus prêter main-forte aux jeunes du coin. » On les repère très facilement, nous dit l’auteur de l’article : « ils sont blancs pour la plupart, globalement plus âgés que les jeunes à la manœuvre, et tout dans leur attitude et leur équipement trahit une certaine habitude de la révolte de rue. » Bizarrement, la sauce ne prend pas avec les « jeunes » du quartier.

    Pourtant, « jeunes » et « antifascistes » ont un but commun : affronter la police et les « jeunes » devraient être bien contents de profiter de cette « habitude de la révolte de rue ». Mais quelque chose coince. Qu’est-ce que cela peut-il bien être ?

    Pour comprendre cette « colère raisonnée » qui a secoué le quartier, l’auteur de l’article interroge des personnalités locales. Il donne ainsi la parole à : Sami Sellami, « enfant de la Caravelle devenu président du plus grand club de futsal en France ». Samir Baaloudj, « militant historique des quartiers populaires » (apparemment, c’est une profession…). Hassan Najjari qui dirige « l’union locale des parents d’élèves (UPEV) ». Salimou Diagouraga, « 27 ans et président de l’association Agir pour s’accomplir (APSA) ». Zakaria Sekkafi, « responsable des médiateurs de la commune ». Abdel Aït Omar, « premier adjoint au maire et candidat aux élections municipales ».

    Et puis aussi à Alain Bortolameolli, le maire (LR) de Villeneuve-la-Garenne. Alain Bortolameolli est la seule des personnes interrogées à faire remarquer, du bout des lèvres, que peut-être on a parlé de bavure policière de manière prématurée et que le motard accidenté, Mouldi C., était « apparemment très connu des services de police. »

    « Une très belle jeunesse »

    Oui, en effet, assez bien connu : âgé de 30 ans, il a déjà été, selon le tribunal de Nanterre, « condamné à 14 reprises, notamment pour infractions à la législation sur les stupéfiants, refus d’obtempérer, violences aggravées, extorsions, et plusieurs fois incarcéré ». Il a, par ailleurs, déjà été verbalisé trois fois pour non-respect des règles de confinement.

    Toutes les personnes interrogées, à l’exception du maire, font l’éloge de la belle jeunesse de Villeneuve-la-Garenne et accusent les policiers. « À Villeneuve, on estime qu’on a une très bonne jeunesse, bien éduquée, respectueuse des anciens et des mamans, bienveillante et très engagée associativement… » affirme Zakaria Sekkafi.

    L’article nous apprend aussi que, pendant les affrontements avec la police « aux fenêtres, certains habitants jouent aussi le rôle de vigie depuis leur mirador. “Ils [les policiers – ndlr] arrivent par le parking !”, “Ils sont vers le D !” ». Et, un peu plus loin l’auteur affirme : « même au plus chaud des soirées de révolte, ce lien entre la ville et sa jeunesse n’a jamais semblé se distendre. Aussi pouvait-on voir un papa, depuis son balcon, sortir son appareil pour filmer une charge policière et demander aux forces de l’ordre d’épargner les jeunes. Ou une maman crier à sa fenêtre son soutien aux insurgés. »

    Si nous relions maintenant tous les points, que voyons-nous ? Nous constatons que toutes les personnes qui comptent dans le quartier sont des immigrés ou des descendants d’immigrés venus du sud de la Méditerranée, et très vraisemblablement du continent africain. Nous constatons que la population est solidaire des « jeunes », des « jeunes » qui ont spontanément pris fait et cause pour un délinquant notoire, vraisemblablement un des caïds du quartier (souvenez-vous toujours que le nombre de crimes et délits réellement commis par les délinquants chroniques est très supérieur au nombre de faits pour lesquels ils sont condamnés. Vous pouvez multiplier au moins par dix pour avoir un ordre de grandeur réaliste).

    La guérilla ethnique

    Nous constatons donc que l’idée selon laquelle, dans ces quartiers, il y aurait d’un côté une poignée de délinquants et de l’autre le reste de la population qui ne demanderait qu’à en être débarrassée, est fausse. Nous constatons que les « jeunes » n’acceptent pas l’aide de « Blancs » qui ne sont pas du quartier, même pour casser du flic. Bref, l’image qui se dessine avec toute la netteté souhaitable à partir des éléments obligeamment fournis par le Bondyblog est celle d’une guérilla sur une base ethnique et territoriale, dont le but est de sanctuariser le territoire du « quartier », de contrôler ses accès et empêcher quiconque n’est pas « autorisé » à le faire d’y pénétrer.

    Incidemment, nous apprenons aussi que les policiers « lourdement armés » qui font face à des « gamins » n’ont réussi à procéder qu’à une seule interpellation au cours de toute une nuit d’affrontement. Et qu’il n’y a pas eu un seul blessé chez les émeutiers. Mais des policiers « lourdement armés », ça fait très peur pour ces pauvres « gamins »…

    La sécession en cours, conséquence d’un demi-siècle d’immigration extra-européenne, l’impuissance pathétique de la police, la culture de l’excuse qui mouline à plein régime, tout y est. Il manque juste l’élément religieux pour donner raison à la « fachosphère » sur toute la ligne. Un oubli peut-être ?

    Ah oui, on peut aussi ajouter que l’auteur de cet article, qui manifestement est lui aussi entièrement solidaire de cette « colère raisonnée » des « jeunes » de Villeneuve-la-Garenne, s’appelle Ilyes Ramdani.

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  • Culture et ESS, quoi de neuf Docteur ?, par Philippe Kaminski.

    Le Labo de l’ESS vient de publier un rapport portant sur les « voies d’action pour développer l’économie culturelle sociale et solidaire ». Conçue en temps de paix, cette étude semble quelque peu tomber à plat aujourd’hui, alors que les arts ne semblent plus considérés comme essentiels en cette période de pandémie. Explications.

    Actualité de l’économie sociale

    Le Labo de l’ESS vient de publier un nouveau cahier sur la culture. Fruit de discussions menées au cours de ces derniers mois, il paraît, manque de chance, en plein confinement. Il s’intitule Voies d’action pour développer l’économie culturelle sociale et solidaire et je vous invite à le consulter.

    Manque de chance, en effet, malgré une préface remodelée en dernière minute pour coller à l’actualité ; il est certain que nous ne l’aurions pas lu et commenté de la même façon s’il nous était parvenu en janvier. Les professions de la culture comptent en effet parmi les secteurs les plus sinistrés qui soient par la pandémie, avec les lieux de spectacle fermés, les festivals annulés, les répétitions impossibles ; mais en plus, à ce choc matériel et financier s’ajoute une sorte de rétrogradation morale. Cette culture qui n’avait cessé de revendiquer sa place parmi les activités essentielles pour la société, au point qu’on avait fini par l’admettre, s’est vue dans l’urgence reléguée au purgatoire du superflu, en compagnie des restaurants, des jeux du stade et des voyages.

    Le saltimbanque avait pourtant bien expliqué qu’il était là pour donner son sens au monde. Et ce monde lui a signifié que face à une situation grave, il avait déclaré la guerre, et donc n’avait plus besoin de sens. Exit donc le saltimbanque. Les héros sont désormais l’infirmière, le livreur de fruits et légumes et l’éboueur. Je pense qu’au « jour d’après », la pente sera difficile à remonter.

    Les économistes, ou tout au moins certains, savent combien il est dangereux et artificiel de chercher à distinguer, entre les biens offerts à la consommation, ceux qui sont essentiels et ceux qui ne le sont pas. Que les curés le fassent, c’est leur rôle. Il n’y a plus guère de curés, et nous en payons le prix, car ce sont les politiques qui font ce boulot à leur place, et ils ne sont pas doués par ça. Nous aurons certainement droit, le moment venu, à de belles déclarations sur l’utilité irremplaçable de la culture. Mais qu’est-ce que cela pèsera face au mur des réalités ? La rue de Valois, combien de divisions, face à Bercy ?

    Le rapport du Labo a été conçu en temps de paix, pour des lecteurs ayant un préjugé favorable. Ce sont d’autres arguments, sur un autre ton, qu’il faudra asséner lors des batailles de sortie de crise.

     

    Voyons-en tout de même le détail. On y trouve quatre thématiques : trouver, aménager et partager de nouveaux lieux, accompagner et former les entrepreneurs, développer l’intercoopération, enfin adapter les outils de financement existants. Tout cela est sympathique et de bon aloi, en effet. Un document presque semblable aurait pu être pondu par une Chambre des Métiers, et pas seulement pour l’artisanat d’Art ; aux intitulés près, on aurait pu écrire la même chose pour la boulangerie ou la plomberie. Soutenir, développer, pérenniser, sont des verbes bienfaisants, et applicables à tous les métiers.

    Deux formulations m’ont quelque peu irrité. Une prémisse d’abord : l’insistance à situer l’Économie Sociale comme étant « entre » l’économie publique et l’économie de marché, cumulant les qualités de ces deux dernières après en avoir éliminé les défauts. Un aboutissement ensuite : dans la grande majorité des propositions énoncées, la conclusion est qu’il faut du financement, et pour cela, on va demander une rallonge au ministère de la Culture.

    Je pense m’être souvent exprimé, dans ces mêmes colonnes, sur ma conception tripolaire de l’économie. D’abord, l’Économie Sociale n’a pas à être opposée à l’économie de marché, puisqu’elle est marchande à 80 %. Elle doit être en revanche distinguée de l’économie capitaliste, ou plus précisément de l’économie actionnariale (car toute économie utilise du capital). Et elle ne se situe pas entre les deux autres, ce qui ne veut rien dire, mais au troisième sommet d’un triangle, car elle possède des caractères propres qui rendent son fonctionnement, non pas intermédiaire entre le public et l’actionnarial, mais radicalement différent tant de l’un que de l’autre. D’autre part, chacune de ces économies a ses qualités comme ses carences, et il ne s’agit pas de les opposer, mais de les composer ; et la Culture est sans doute, avec la Santé, le secteur où l’optimum tant économique que social requiert le plus une hybridation harmonieuse des trois modèles.

    Il y a des activités, quasi-régaliennes, où l’économie culturelle ne peut être que publique. Il y en a d’autres où le privé lucratif, soit directement soit par le biais du mécénat, répond parfaitement aux besoins de la population. Et il en est quantité d’autres où c’est le privé non lucratif qui se montre le plus efficace, le plus innovant, le plus authentiquement culturel.

    Que ce privé non lucratif soit soutenu par les pouvoirs publics est légitime. Mais si ce soutien prend la forme d’un financement prépondérant, la situation devient perverse. L’Économie Sociale y perd son autonomie, sur le court terme par le contrôle de l’utilisation des subventions (ce qui est la moindre des choses), et sur le long terme par l’impossibilité de se constituer, par l’incorporation continue de ses réserves impartageables, ces « biens de main morte » qui lui assurent puissance et stabilité. Moins l’État mettra son nez dans les affaires de l’Économie Sociale, moins il cherchera à l’instrumenter, et mieux l’intérêt général s’en portera.

     

    Pour la petite structure qu’est le Labo, cette réflexion sur la culture, qui en est dans sa quatrième année, est une opération importante qui mobilise une part significative de ses moyens. Ceci pour quels résultats ? Il est difficile, à chaque publication, de marquer une réelle progression sur les acquis antérieurs. Le début fut brillant, les ambitions ont été placées très haut, le moment de l’essoufflement est sans doute arrivé.

    Dans le dernier cahier, qui cherche-t-on à sensibiliser, un administratif (local, régional, ministériel) ou un artiste, un technicien du spectacle, un passionné d’art ou de patrimoine ? Tout, dans le vocabulaire, dans la construction intellectuelle, penche pour le premier de la liste et lui seul. N’eût été le coronavirus, on pourrait penser que le sujet est épuisé pour un certain temps.

    Ce ne sera bien sûr pas le cas. Toutes les hypothèses sont ouvertes. Le bilan au sortir de la tempête risque d’être catastrophique. Craignons le pire, mais ne fermons pas la porte au meilleur…

    Philippe KAMINSKI

  • André Bercoff : « Nos gouvernants font face au retour des peuples »

    André Bercoff et Jean Gugliotta : conférence débat pour lafautearousseau et l'Union Royaliste Provençale, le 21 janvier 2019 

    thUKZO41O8.jpgEn introduction à cet intéressant entretien, Le Figaro écrit : André Bercoff vient de publier « Le retour des peuples » (Hugo Doc, 2019) dans lequel il dresse le bilan des décennies de politiques ayant conduit aux Gilets jaunes. Il y décrit nos gouvernants comme aveugles à la crise politique qui est advenue. (Figaro Vox 10.05). On y retrouve la pensée libre et lucide de Bercoff qui fut notre invité à Marseille le 21 janvier dernier.   LFAR 

     

    bercoff_site.jpg« Depuis deux ans, tout se passe comme si Macron venait d’atterrir en France, comme un nouveau PDG qui découvre son bureau. »

    Dans votre livre «  Le retour des peuples», vous revenez sur les origines du mouvement des Gilets jaunes. Quelles sont-elles, en résumé?

    Elles sont évidemment multiples. Paupérisation d’une partie de la classe moyenne ; abandon en rase campagne de ce que le géographe Christophe Guilluy a appelé La France périphérique ; précarisation de millions de Français (petits commerçants, ouvriers, agriculteurs, chômeurs, employés à durée de plus en plus en déterminée)… Depuis 1975, les Quarante Pâteuses ont succédé aux Trente Glorieuses. Tout à la joie d’entrer dans le Disneyland de la mondialisation, des élites pourtant brillantes ont cessé de regarder ceux que l’économie-monde avait laissés au bord de la route. Ceux-là en effet restent pris en tenaille entre les rutilants nomades des fuseaux horaires et les miséreux nomades de l’immigration massive. S’en suivirent, dans ce dernier cas, des passions grégaires, des communautarismes exacerbés et des transferts de population à l’intérieur même du pays. La juxtaposition, consciente ou cachée, de la diminution du gâteau économique et des troubles de l’être identitaire, devait produire, à un moment donné, le retour d’un refoulé adoptant, cette fois-ci, la couleur jaune. Ne restait plus que le moment où une goutte de fuel allait déborder le vase: ce fut un certain mois de novembre..

    Avons-nous dépassé le clivage droite-gauche ?

    Depuis longtemps. La gauche est morte fin 1982, quand elle embrassa avec zèle et ferveur l’économie de marché tout en conservant pieusement ses oripeaux étatistes et bureaucratiques. Résultat : la main invisible d’Adam Smith dans le slip de la fonctionnarisation généralisée. Quant à la droite, elle se fit sociétale avec Giscard, belle au bois dormant avec Chirac, agitée avec Sarkozy: au-delà des postures et des remaniements, aucun travail, aucune réflexion de fond. Presidential baby pouvait jaillir, fils naturel des noces rêvées de la Finance et de Hollande.

    Qu’est-ce que les réseaux sociaux ont changé ?

    Ils ont détruit, pour le meilleur et le moins bon, le monopole de la vérité révélée d’en haut et répercutée, avec plus ou moins de conviction, vers le bas peuple. Attribuer d’ailleurs la naissance des fake news à l’apparition des réseaux sociaux est d’une incongruité monumentale. L’intox, la désinformation et la propagande existaient au moins depuis l’Antiquité. Et la venue de Gutenberg n’a rien arrangé. Aujourd’hui, Facebook, Twitter et autres Instagram permettent certes les appels à la haine, que l’on peut et doit combattre et juguler, mais aussi, des faits, des images, des mots, que l’on ne voit pas toujours apparaître dans les médias mainstream. Et l’on a bien vu, ces temps-ci, que les principaux scandales d’État ou d’affaires, avaient été repérés d’abord sur la toile. Que chacun puisse s’exprimer malgré les excès, est en tous les cas, une preuve évidente de démocratie. Même si les propos de comptoir le disputent souvent aux analyses de fond. Sans les réseaux sociaux, la liberté d’expression, hélas, de plus en plus policée, n’aurait plus du tout le même sens.

    Que dit pour vous l’actuel succès de Donald Trump ?

    Le cardinal de Retz affirmait que l’on ne peut sortir de l’ambiguïté qu’à son propre détriment. Donald Trump, aujourd’hui, prouve d’éclatante façon, le contraire. On ricanait sur les politiciens qui ne tenaient jamais leurs promesses de campagne ; en voici un qui a dit ce qu’il allait faire, et qui fait ce qu’il a dit. En matière de croissance, de baisse du chômage, d’augmentation des bas salaires, les résultats sont là, incontestables. La comparaison serait assez cruelle pour certains. Quand on prétend diriger, une bonne colonne vertébrale et une clarté dans la formulation du cap, ne messied pas.

    Quel lien faites-vous entre le mouvement des Gilets jaunes et la colère identitaire de l’époque ?

    Elle est manifeste partout. Des États-Unis à l’Ukraine, de l’Italie à la Pologne, du Brésil à l’Autriche, des millions de personnes n’ont plus vraiment envie que leur nation soit vendue à la découpe, et que leurs frontières se transforment en passoire. Les laissés-pour-compte du village global ne savent plus où ils habitent, ce qui les fait vivre ensemble, ce qui fonde désormais la décence commune et les valeurs collectives. D’où le retour identitaire.

    Qu’appelez-vous l’« effet Sieyès » ?

    Dans mon livre «Le retour des peuples», je consacre un chapitre à l’étonnant ouvrage de l’Abbé Sieyes rédigé en janvier 1789, pour la tenue des États Généraux. Mutatis mutandis, j’ai été stupéfait par les rapprochements entre les mots de l’Abbé et la situation d’aujourd’hui, la manière dont le clergé et la noblesse de l’époque traitaient le Tiers État, la question centrale de l’impôt, la revendication d’une dignité et d’une reconnaissance considérées comme essentielles. Le clergé politico-médiatique et la noblesse financiaro-administrative feraient bien de lire Sieyes et accessoirement « Le retour des peuples »...

    Vous rappelez la dimension visionnaire du discours de Philipe Séguin…

    Philippe Séguin, l’un des politiques les plus intéressants et les plus lucides de la Ve République, qui n’a pas eu le rôle qu’il méritait, n’a eu de cesse de rappeler qu’une Europe sans âme, sans culture, où l’on a mis d’emblée la charrue économico-bureaucratique avant les bœufs du savoir et de la connaissance, allait certes exister, voire prospérer, mais se heurterait un jour, faute d’union véritable - celle des cerveaux et des cœurs - à la toute-puissance d’une Amérique encore impériale et à l’émergence spectaculaire des nouvelles puissances asiatiques.

    Vous comparez Macron à un stagiaire…

    François Hollande fut, pendant cinq ans, le commentateur de sa propre inaction. Emmanuel Macron fut un excellent candidat, vorace vainqueur des coriaces effilochés de la politique as usual. Mais depuis deux ans, tout se passe comme s’il venait d’atterrir en France, comme un nouveau PDG qui découvre son bureau. La manière dont il a géré jusqu’ici le mouvement social en cours, montre à l’envi qu’il y a encore une dose excessive d’amateurisme chez les princes qui nous gouvernent. Macron devrait se rappeler, et au plus tôt, les mots de Chirac: un chef, c’est fait pour cheffer.   ■   

    Entretien par 

  • Macron ? C'est ”le coup de com' ” permanent !

    L'Amazonie brûle ? C'est évidemment un désastre, une tragédie catastrophique pour tout être humain qui a deux sous de jugeotte, pour tout Homme qui aime, admire et respecte la Création, dont Chateaubriand disait "La Création est la visibilté de Dieu"...

    Que fait Macron ?

    Il commence par donner très maladroitement le bâton pour se faire battre, et méprise le président Brésilien, très certainement plus que critiquable (voir le "point" ci-après) comme il a traité de lépreux les dirigeants européens hostiles à l'invasion des "migrants", s'attirant en guise de réponse l'accusation - fondée, sur la forme - de "colonialisme"...

    Mais, surtout, il proclame cyniquement qu'il va, du coup, s'opposer au Traité d'échange avec le Mercosur - un mauvais Traité, que nous refusons - alors même qu'il vient... de laisser passer le CETA !

    Plus contradictoire, plus cynique, plus manipulateur que ça, tu meurs !

    "Populo gobe tout !", disait Maurras. Or, il se trouve que, là, c'est quand même tellement gros qu'il n'est pas sûr que "populo" le gobe, ce "coup de com' "... 

    Le point sur le désastre qui nous touche tous, qui touche toute l'humanité, avec Paulo Moutinho, chercheur, interrogé par Jordi Miro... (source : AFP)

    Amazonie en feu : un chercheur pointe du doigt la déforestation

    La forêt amazonienne brûle depuis 3 semaines. Les départs de feu ont augmenté de 83%. Selon un chercheur brésilien, ces incendies ont une origine humaine. Entre janvier et août, 72.843 départs de feu ont été enregistrés dans le pays, contre 39.759 sur la totalité de l'année 2018.

    La hausse dramatique du nombre d'incendies en Amazonie brésilienne est avant tout causée par la progression de la déforestation, explique à l'AFP Paulo Moutinho, chercheur à l'Institut de recherche environnementale sur l'Amazonie (IPAM). 

    Le chercheur remet en cause l'argument du gouvernement du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui soutient que cette augmentation du nombre d'incendies est due à la sécheresse, habituelle en cette période de l'année. 

     

     

    •Le ministre brésilien de l'Environnement, Ricardo Salles, a affirmé que la hausse du nombre d'incendies en Amazonie était due au "temps sec, au vent et à la chaleur". Qu'en est-il ?

    "La déforestation explique la majorité des incendies. Historiquement, ils sont liés à l'avancée de la déforestation, conjuguée à des périodes de saison sèche intense. Mais en 2019 nous n'avons pas une sécheresse aussi sévère que lors des années précédentes, or il y une hausse substantielle des incendies. Tout indique donc que la saison sèche n'est pas du tout le facteur prédominant. S'il y avait eu plus de sécheresse, cela aurait été bien pire."

    •Qu'est-ce qui provoque ces incendies ?

     "Les incendies ont toujours eu une origine humaine, le feu est utilisé pour nettoyer des zones déjà déforestées, pour ouvrir des pistes ou pour préparer des terres à la culture. Le manque de prévention fait que ces incendies se propagent à des zones plus sèches qui n'étaient pas destinées à être brûlées. Très souvent, la pluie les éteint ou ils finissent pas rencontrer des barrières de végétation plus denses et plus humides et s'éteignent d'eux-mêmes."

    •Combien de temps faut-il pour récupérer ces zones ?

    "En Amazonie, les flammes agissent au niveau du sol, mais cela suffit pour provoquer la mort d'arbres très grands, jusqu'à deux ans après l'incendie. Les arbres morts perdent leurs feuilles, cela entraîne une pénétration plus grande du soleil dans la forêt, la végétation devient alors plus inflammable. S'il n'y a pas de nouveaux incendies, plusieurs décennies seront nécessaires pour retrouver la même densité (de végétation). Dans certaines régions, les zones dévastées sont envahies par d'autres espèces typiques de zones plus sèches, comme celles du Cerrado (la savane brésilienne)."

    •Quelles sont les conséquences de ces incendies ?

     "Il y a d'abord une perte de la biodiversité et de la fonction de la forêt, celle de fournir des nuages à l'atmosphère pour produire la pluie. En outre, les fumées au-dessus des villes amazoniennes ont de graves conséquences sur la santé, provoque de sérieux problèmes respiratoires. Et cela se traduit en dommages économiques".

    •La politique du président Jair Bolsonaro encourage-t-elle les incendies ?

     "Je n'ai pas de données pour répondre à cela (...) Je peux dire que le problème est très sérieux et que le gouvernement devrait lancer immédiatement une campagne de contrôle et de prévention de la déforestation. Cette progression doit cesser. L'occupation illégale de terres publiques signifie un vol pour tous les Brésiliens. Dans la majorité des cas, la déforestation permet de spéculer en revendant les terres plus tard".

    •A combien est estimée la déforestation de l'Amazonie aujourd'hui ?

    "La zone du bassin amazonien (au Brésil et dans d'autres pays) qui a été déforestée est équivalente à la surface du territoire français. Cela représente environ 20%. Il en reste encore 80%. Nous avons encore le temps d'éviter un effondrement fonctionnel de la forêt, mais la solution doit être rapide. Il faut prendre en compte également le fait que la dégradation de la forêt ne vient pas seulement de la déforestation. Il y aussi les effets du changement climatique, des phénomènes toujours plus fréquents tels que "El Niño", qui apportent beaucoup de sécheresse en Amazonie". 

  • NOTRE FEUILLETON ESTIVAL : UN ETE AVEC JACQUES BAINVILLE...

    Illustration : La tombe de Rousseau, transportée au Panthéon le 11 octobre 1794, malgré les protestations du marquis de Girardin, chez qui Rousseau fut d'abord enterré. 

    Il est significatif et révélateur, ce fait que les Révolutionnaires, pères fondateurs de l'idéologie de la Nouvelle religion républicaine, aient souhaité ce transfert : il veut bien dire quelque chose, "quelque part", comme on dit aujourd'hui dans le jargon.... 

    En 1812, pour le centenaire de la naissance de Rousseau, aucune commémoration officielle n'eut lieu : Napoléon avait bien d'autres chats à fouetter, il partait attaquer la Russie, c'était pour lui le commencement de la fin...

    Par contre, son bicentenaire fut célébré très officiellement en 1912, par une République encore mal assurée : cette célébration souleva d'ailleurs une tempête de protestations, comme le discours "anti-Rousseau" de Barrès à la Chambre : "profondément imbécile" (pour le Contrat social) et "demi-fou" (pour Jean-Jacques), Barrès n'y était pas allé de main morte !... Comme Jules Lemaître qui, peu auparavant, en 1907, écrivait : "(Rousseau) qui, semble-t-il, ne savait pas bien ce qu'il écrivait..". Sans parler bien sûr de "Charles" (Maurras) et son "misérable Rousseau"...

    Et puis, en 2012, pour le tricentenaire : rien....

    A partir du vendredi 19 juillet, et jusqu'à la fin du mois d'août, nous vous proposerons de découvrir, ou de mieux connaître, mais aussi de faire découvrir à d'autres (par le jeu des partages) l'immense Jacques Bainville, par le biais d'une photo quotidienne tirée de notre "Album Jacques Bainville" (lafautearousseau vous propose également un "Album Léon Daudet" et un "Album Charles Maurras").

     

     

    Aujourd'hui : 8. Jean-Jacques Rousseau

     

    "Qu'est-ce que la célébrité ? Voici le malheureux ouvrage à qui je dois la mienne." Je ne vous donnerai pas en plus de trois ou quatre le nom de l'auteur de ces lignes et vous avez déjà reconnu cet accent de désenchantement et d'orgueil. C'est l'homme que le gouvernement de la République fêtera bientôt au Panthéon qui inscrivait ces mots en tête d'une réédition de son premier ouvrage, ce célèbre et absurde "discours" où il niait la civilisation et l'art dans le pays et le temps même où l'art et la civilisation étaient parvenus au degré d'achèvement le plus haut. On imagine assez bien une sorte de dialogue, pareil à ceux où Rousseau se faisait le juge de Jean-Jacques et dans lequel l'auteur du Contrat social examinerait la séance de la Chambre où il a été question de lui, et où il répéterait, l'appliquant à toute son oeuvre, ses paroles d'une amertume et d'un amour-propre incurables : "Voici le malheureux ouvrage à qui je dois ma célébrité."

    Nous connaissons assez Rousseau pour savoir qu'il serait déjà fâché avec M. Viviani et avec M. Guist'hau, qu'il leur reprocherait toute espèce d'horreurs et de diffamation et qu'il les haïrait pour l'avoir défendu.

    D'un certain point de vue, celui de l'auteur, il n'aurait peut-être pas tout à fait tort, car enfin il est bien certain que ce ne sont pas ses partisans qui le lisent le plus. Et, par exemple, le grand écrivain, le grand artiste qui a apporté à la tribune, dans un magnifique langage, les raisons qu'il avait de ne pas s'associer à une fête en l'honneur de Rousseau (Maurice Barrès, ndlr) est, m'a-t-on dit, le lecteur enthousiaste et jamais las des Rêveries du promeneur solitaire. 

    Connaissez-vous cette suite douloureuse des Confessions ? C'est le lamento du maudit et cela commence sur cette plainte d'autant plus déchirante qu'elle est plus mal fondée : "Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami, de société que moi-même. Le plus sociable et le plus aimant des humains en a été proscrit par un accord unanime. Ils ont cherché dans les raffinements de leur haine quel tourment pouvait être le plus cruel à mon âme sensible, et ils ont brisé violemment tous les liens qui m'attachaient à eux." Est-ce Job ou Rousseau qui gémit ? Mais toutes les Rêveries du promeneur solitaire ont ce goût de cendre.

    Oui, sans l'ombre d'un doute, Maurice Barrès est sinon le seul, à la Chambre, du moins à peu près le dernier qui lit encore Jean-Jacques et personne, en tout cas, n'y sait comme lui en quoi consiste la mélodie de "l'extravagant musicien". Les professionnels du parlementarisme sont trop occupés par leurs électeurs pour garder le temps de la méditation et de la lecture. Cela se sent d'ailleurs très bien à leurs discours, et à leurs articles pour ceux qui se mêlent d'écrire. 

    C'est même pourquoi ils aiment si passionnément les petites représentations du Palais-Bourbon où des académiciens prennent la parole et où il est question de philosophie, de littérature ou plus souvent de théologie. Le fait de participer, rien que par leur présence sur les bancs, à ces jeux désintéressés et supérieurs, les flatte au bon endroit, celui où tout de même ils sentent quelque chose comme une lacune. Le président Brisson, qui connaissait bien le faible et le fort de ses amis, facilitait toujours le tour de parole aux lettrés de la droite. Il devait, à part lui, appeler çà : relever le niveau. 

    Je me garderai bien d'ailleurs de faire tout particulièrement un crime aux quelques quatre cents et quelques députés qui ont voté les crédits de la fête, de ne jamais lire et, peut-être, de n'avoir jamais lu une ligne de Jean-Jacques. La plupart de nos contemporains sont dans le même cas.

    J'avais une grand'mère - et cela remonte à des temps déjà lointains - qui avait toujours la Nouvelle Héloïse à portée de la main et qui ne passait pas de journée sans relire quelque lettre de Julie, de Saint-Preux ou de milord Edouard. C'était une "femme sensible" et elle serait bien étonnée si elle entendait et si elle voyait ce qui se passe de notre temps. Célébrer Jean-Jacques au moment où personne ne le lit plus lui paraîtrait certainement une gageure assez forte.

    Car c'est un fait qu'on ne le lit plus. Rousseau, vivant dans la polémique, imposé par la religion d'état de la République, est aussi absent que possible des conversations et de la littérature. Ainsi, les danseurs russes ne l'ont pas mis en ballet : faut-il qu'il soit oublié ! Cependant, pour Nijinski, le début si passionné, si fiévreux et si charmant de Julie serait bien un prétexte à pantomime aussi fécond que l'Après-midi d'un faune. Cette omission permet de mesurer le peu qu'il reste de Jean-Jacques Rousseau.

    L'Action française, 16 juin 1912.

     

     

    Tiré de notre Album "Maîtres et témoins"... (II) : Jacques Bainville" (186 photos)