Monsieur le Président : laissez-nous servir !
"Nous reparlerons de ce sujet demain Mardi. NDLR"
Source : https://www.padreblog.fr/
Padreblog relaie volontiers cette tribune publiée dans Le Figaro et signée par plus de 130 prêtres et curés de paroisses qui exercent leur sacerdoce dans différentes régions de France. Ils demandent au chef de l’État de rétablir la liberté de célébrer les messes dans les églises à partir du 11 mai 2020.
Il est encore possible de s’associer à cet appel qui vise à soutenir la demande déposée par nos évêques auprès du gouvernement afin d’obtenir une reprise du culte dès le 11 mai. Tous les prêtres qui le souhaitent peuvent adresser un mail à l’adresse suivante (en ajoutant nom, prénom, fonction, ville et département/diocèse d’apostolat).
« Monsieur le Président,
Prêtres de terrain, au contact de tous et disponibles pour tous, en milieu urbain, semi-urbain ou rural, aumôniers, vicaires, curés de paroisse, nous venons vous demander, Monsieur le Président, de nous laisser nous aussi reprendre pleinement notre service, dès le 11 mai.
Comme tous les Français et avec tous nos paroissiens, nous avons été impliqués depuis près de 10 semaines dans cette lutte contre le Covid-19. Nous avons été vigilants, loyaux, prudents, obéissants et respectueux des différentes consignes. Vivre confinés, sans célébration commune, la Semaine sainte et les fêtes de Pâques – le sommet de l’année pour les chrétiens – fut pour nos fidèles et nous une véritable épreuve que nous avons pleinement acceptée et offerte pour notre pays. Vous avez salué sur les réseaux sociaux, tout comme votre Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur, notre sens des responsabilités à cette occasion.
Depuis le début de la crise, avec l’ensemble de nos communautés et beaucoup d’associations chrétiennes, en lien avec nos mairies, nous sommes engagés au service des plus isolés ou des plus précaires. A travers de nombreux volontaires et bénévoles, nos paroisses ont fait de leur mieux pour maintenir le lien entre tous, soutenir les soignants, fabriquer des blouses et des masques, préparer des repas pour les plus démunis, accompagner les plus âgés en aidant dans les Ehpad. Comme chez beaucoup de nos compatriotes, cette crise aura suscité un élan de solidarité et une créativité admirable au service du bien commun. Prêtres, nous avons aussi fait tout notre possible – malgré les restrictions – pour accompagner les mourants, offrir aux défunts les obsèques qu’ils méritaient et rester présents auprès des familles endeuillées. A l’appel du pape François, nous avons essayé de rester proches de tous.
Mais cet élan de charité prend sa source et se nourrit, pour nous chrétiens, dans la célébration des sacrements. Le 11 mai, cela fera 9 semaines que les catholiques n’auront pu se retrouver pour célébrer ensemble, pour communier et se confesser. Des couples ont dû reporter le baptême de leur enfant, d’autres leur mariage. Les premières communions, professions de foi, confirmations sont elles aussi reportées. Cela ne s’est jamais vu dans l’histoire. Mais si la vie économique et sociale doit reprendre à partir du 11 mai, il n’y a pas de raison pour que la vie cultuelle et religieuse soit laissée de côté. Si les usines, les écoles, les commerces et les transports en commun reprennent, qu’est-ce qui pourrait justifier que nos églises restent vides et les messes publiques interdites ? Cette pratique de notre foi est non seulement une liberté fondamentale dans notre démocratie, mais aussi pour nous chrétiens un besoin vital.
Dans les périodes de crise, il faut mobiliser toutes les ressources du pays. Les ressources spirituelles en font partie, elles ne sont pas à négliger. Annoncer la reprise du culte, c’est ainsi participer à renforcer la capacité de résilience du pays. C’est lancer un signal fort d’encouragement et de mobilisation morale et spirituelle. La force d’une nation, c’est aussi sa force d’âme. Laissez-nous y travailler ! Ce que les chrétiens vivront à nouveau dans leurs églises profitera à tous, à travers les fruits d’engagement et de charité qui en découleront. Plus que jamais, les Français ont besoin de ces lieux de cultes non seulement ouverts mais à nouveau habités, lieux de célébrations porteuses d’espérance, de retrouvailles fraternelles, de soutien mutuel, de paix, de consolation et de ressourcement.
Nous ne demandons pas plus, mais pas moins que les autres. Nous avons compris qu’à partir du 11 mai, tout ne serait pas « comme avant ». Nous ne demandons pas la reprise totale du culte sans discernement ni prudence. Mais nous demandons qu’on nous fasse confiance pour mettre en place et vivre un dé-confinement progressif, par étapes, totalement respectueux des règles sanitaires. Nos évêques ont fait de nombreuses propositions dans ce sens. Nous avons prouvé depuis deux mois qu’on pouvait nous faire confiance. Nous sommes en lien permanent avec les élus de nos communes. Nous saurons une fois encore montrer notre sens des responsabilités.
Monsieur le Président, dans une crise, chacun doit être à sa place et faire ce qu’il a à faire. Les soignants soignent. Les forces de l’ordre contrôlent et protègent. Les commerçants font du commerce. Les enseignants enseignent. Les élèves étudient. Les agriculteurs cultivent et nourrissent… Laissez sans tarder les croyants célébrer, prier et se rassembler. Le dimanche, notre place est dans l’église. Nous, prêtres, ne sommes pas faits pour rester derrière des écrans, mais bien pour donner à tous ceux qui nous le réclament les sacrements qui font vivre et espérer. Monsieur le Président, le 11 mai, laissez-nous reprendre les célébrations avec des fidèles. Parce que c’est aussi pour nous la meilleure façon de servir ».
[Cet appel au président de la République a été signé par plus de 130 prêtres et curés de toute la France, et publié dans Le Figaro « Vox » du 25 avril 2020].