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  • Documents pour servir à une Histoire de l'URP (60) : (2/2) Marseille, Dimanche 12 Juin 1938, le tri-centenaire de Louis

     

    (retrouvez notre sélection de "Documents..." dans notre Catégorie "Documents pour servir à une histoire de l'URP"...)

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    Hôtel de ville  de Marseille, façade sur le Vieux Port : Louis XIV domine la ville...

    Et voici donc, maintenant, comme annoncé la veille, le compte-rendu du tri-centenaire de Louis XIV, dans le numéro du Mardi 14 Juin 38 (signé "Grimardias") :

    • D'abord, en "Une", moitié inférieure des deux premières colonnes, avec un "lire la suite en 3ème page"... :

    (Cliquez sur les images pour les agrandir)

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    Voici un "agrandissement" de la prise de parole de notre Président, l'infatigable Commandant Dromard :

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    • ...et, en page trois le compte-rendu se trouve d'abord dans les deux colonnes centrales (partie inférieure)... :

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    •... puis s'achève avec les vingt-six premières lignes de la cinquième colonne :

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    • Enfin, pour être tout à fait complet sur ce compte-rendu, donnons la manchette de la "Une", même si c'est en fin de note :

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  • Patrimoine • Paris, Arche du Temps : un film qui parlera aux lecteurs de LFAR, c'est certain !

    Notre-Dame qui brûle c'est Paris qui est frappée au cœur.

    Il y a mille chemins pour approcher une ville aussi riche que Paris. Ce documentaire extraordinaire de Paul Barba Negra et Jean Phaure consacré à la ville-lumière choisit l’angle traditionnel, à travers une étude de sa géographie sacrée.

     

    53 minutes - Merci à Rémi Hugues.

    Paris, ville fluviale par excellence, dont l’emblème est un navire « secoué par les flots mais qui ne coule pas ». Sa devise, Fluctuat nec mergitur, montre l’importance que représente la Seine pour Paris. Ce fleuve, qui coule entre l’Orient et l’Occident, contient dans son sein deux genres de poissons. Ceux qui, éveillés, luttent contre le courant, et porteurs de la mémoire de l’âge d’or, remontent vers la source, c’est-à-dire vers l’Orient, et ceux qui, endormis, se laissent pousser vers l’Occident, jusqu’à à l’océan de la dissolution et de l’oubli. D’où peut-être le tumulte permanent de la capitale de la France…   

    Réalisé par Paul Barba Negra. Texte : Jean Phaure. Lu par Michel Bouquet. 1981.
  • EUROPÉENNES 2019 : LE NOUVEAU CLIVAGE PERSISTE ET SIGNE

    Par Rémi Hugues

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    Alors que se termine la campagne des élections européennes cru 2019, le premier scrutin intermédiaire de dimension nationale de l’ère Macron (les élections dites partielles ayant d’ailleurs été très rares), un enseignement peut déjà être tiré. Il concerne la structuration du système politique français issue du « collapse » de 2017.           

    Les résultants des études d’opinion suggèrent que l’opposition nationale fait jeu égal avec la majorité présidentielle, chacune réunissant un cinquième des sondés ayant l’intention de se déplacer au bureau de vote le 26 mai prochain. La République en marche (L.R.E.M.) et le Rassemblement national (R.N.) en tête, au même niveau : il y a du suspense dans l’air, comme en 2014. Lors des dernières européennes, la droite et le Front national se tiraient la bourre avec un étiage similaire dans les sondages (la première devançant la seconde d’une très courte tête), avant que celle-ci creuse l’écart de façon nette le jour du vote, rassemblant le quart du corps électoral. Pour la première fois de son histoire le mouvement lepéniste pouvait se targuer d’être le premier parti de France. « Bis repetita ! » souhaitent de tout cœur les caciques du RN.

    Quelle que soit la formation qui arrivera en tête, le rapport de force qui se dessine confirme qu’un nouveau clivage s’est substitué au clivage gauche / droite, qui depuis les débuts de la Vème République opposait le socialo-communiste aux gaullistes et leurs alliés chrétiens-démocrates. La singularité commune au président Macron et à Marine Le Pen est d’avoir posé, dans notre époque caractérisée par la mondialisation et la crise économique, la fin de la pertinence de ce clivage gauche / droite, d’avoir diagnostiqué son obsolescence.

    6884814_mafg_1000x625.jpgAinsi a surgi le « et-en-même-temps-de-gauche-et-de-droite » du premier, face « au ni droite ni gauche, Français » de la seconde. Dès les lendemains de l’élection présidentielle de 2012, dans les colonnes de « Trop libre »[1], je mettais en évidence que ledit clivage était en train de devenir obsolète, dépassé, archaïque, et qu’à sa place émergeait le clivage libéral / souverainiste.

    Le 26 avril 2012, d’abord : « Ce double clivage territorial – est/ouest et centre/périphérie – peut être vu comme la matérialisation en termes géographique du nouveau clivage qui caractérise la France électorale du XXIème siècle, structuré autour des thèmes de la mondialisation, de la question européenne et du libéralisme culturel : celui qui oppose ʽʽlibérauxʼʼ et ʽʽsouverainistesʼʼ, par-delà la coupure traditionnelle droite/gauche. »[2] 

    Puis le 9 mai 2012 : « clivage, qui depuis le referendum de 2005 pourrait bien être le plus opérant dans la vie politique française : celui qui oppose ʽʽlibérauxʼʼ (...) et ʽʽsouverainistesʼʼ (...) sur les questions de la mondialisation, du libre-échange et de la construction européenne. »[3]           

    Il est à noter que dautres nomment différemment ce clivage né de la mondialisation et de la crise : « ouverts » contre « fermés », « progressistes » contre « populistes », « mondialistes » contre « patriotes »... en la matière il existe une grande variété de vocables !

    Mais au-delà de la question – décisive s’il en est – de la terminologie, ce qu’il importe c’est de constater que ce nouveau clivage ne cesse de s’affermir, laissant, d’une part, une gauche éparpillée façon puzzle entre plusieurs mouvements, qui, au mieux, frôlent les 10 %, et d’autre part, une droite réduite à incarner le « parti catholique » afin d’attirer les voix de la bourgeoisie traditionnelle de province vieillissante ; lesquelles forces de l’ « ancien monde » jouent en dernière instance le rôle de supplétifs de la majorité présidentielle au second tour, dont l’avènement est résulté de la synthèse des deux.

    XVM52b7d548-65b4-11e9-8e63-23165fe113f9.jpgDépouillés de leurs oripeaux antilibéraux, de leur mystique propre, une foi messianiste dans le peuple pour lune et un amour fou de la nation pour l’autre, il ne leur restait que l’idéal libéral de l’ordre en mouvement, du tout-marché, du tout-Europe, du tout-à-l’égo, du tout-pour-la-disparition-de-la-France, idéal incarné de manière chimiquement pure par le pouvoir macronien.

    En négatif de cette synthèse s’inscrit celle de la France d’avant, qui s’accorde sur un certain nombre de points, que l’on pourrait agréger autour de la notion orwellienne de Common decency, de « décence commune », notion à laquelle pourrait adhérer autant un Étienne Chouard qu’un Patrick Buisson. Le pays réel en somme, qui estime que l’effort, le mérite, le travail, ne sont pas assez valorisés tout en défendant le dimanche chômé, le repos dominical. Qui s’émeut des onze vaccins obligatoires à trois ans et des cours d’éducation sexuelle prodigués dès l’école primaire. C’est cette France qui soutient le « mouvement des gilets jaunes », qui ne répugne pas par principe à payer l’impôt, mais qui a bien compris que ce qui nous est prélevé ne sert pas à assurer un fonctionnement optimal des services publics mais à alimenter le train de vie dispendieux d’une caste xénophile, soucieuse de servir les gnomes de la City et de Wall Street, ces « spéculateurs » dans le sens que donnait à ce terme Vilfredo Pareto dans son Traité de sociologie générale[4], qui parient à la baisse sur l’actif France, sponsorisant toute action publique ayant pour seuls bénéficiaires les sans-papiers (ou migrants), érigés en nouvelle classe messianique au détriment des catégories populaires et de la fraction paupérisée de la classe moyenne, qui usent du vote contestataire comme d’un défouloir, un moyen de faire la nique à l’élite établie.   

    macron_et_le_pen_jeudi_27.04-3025235.jpgS’il faut se risquer à un pronostic quant au vainqueur du 26 mai prochain – exercice ô combien périlleux ! –, je dirais que la liste conduite par Jordan Bardella est celle qui arrivera en tête. En mars 2018, L’humanité Dimanche mentionnait un sondage IFOP réalisé en décembre 2017 plaçant LREM en pole position avec 26 % des suffrages, suivi par le FN avec 17 %[5]. La dynamique, on le voit, par rapport à maintenant, est clairement du côté du parti rebaptisé depuis RN.

    Séparés alors par un écart de dix points, les deux partis sont aujourd’hui au coude-à-coude : pour l’observateur attentif, une telle évolution du rapport de force signifie que la liste de la ministre Loiseau sera battue. Si cela s’avère exact, le journaliste Benjamin Köning de l’hebdomadaire communiste avait vu juste en signant un article intitulé « Front national. Pourquoi il est loin d’être mort. » Réponse le 26 mai au soir...   

     

    [1]Un blog rattaché à une fondation financée indûment par nos impôts que pilotent deux fidéicommis de la maison Rothschild, Nicolas Bazire et Grégoire Chertok, administrateurs donc, outre leur activité professionnelle principale, de la chiraco-sarkozyste Fondapol.
    [2]http://www.trop-libre.fr/la-vague-rose-s%E2%80%99arrete-a-l%E2%80%99est/
    [3]http://www.trop-libre.fr/le-front-national-avant-garde-de-la-%C2%AB-nouvelle-classe-ouvriere-%C2%BB-2/
    [4]Les spéculateurs sont les « possesseurs d’actions de sociétés industrielles et commerciales […]. Il y aura aussi les propriétaires de bâtiments, dans les villes où l’on fait des spéculations immobilières; de même les propriétaires de terres, avec la condition semblable de l’existence de spéculations sur ces terres; les spéculateurs à la Bourse; les banquiers qui gagnent sur les emprunts d’Etat, sur les prêts aux industries et aux commerces. Ajoutons toutes les personnes qui dépendent de celles-là : les notaires, les avocats, les ingénieurs, les politiciens, les ouvriers et les employés qui retirent un avantage des opérations indiquées plus haut. En somme, nous mettons en- semble toutes les personnes qui, directement ou indirectement, tirent un profit de la spéculation, et qui par différents moyens contribuent à accroître leurs revenus, en tirant ingénieusement parti des circonstances. », Vilfredo Pareto, Traité de sociologie générale, vol. II, Lausanne / Paris, Payot & Cie, 1919, p. 1431. Dans cet ouvrage, le sociologue exprime avec un brin d’ironie son scepticisme vis-à-vis de la démocratie représentative, analyse que je partage entièrement : « Qui est ce dieu nouveau qu’on appelle ʽʽSuffrage universelʼʼ ? Il n’est pas mieux défini, pas moins mystérieux, pas moins en dehors de la réalité que tant d’autres divinités, et sa théologie ne manque pas plus qu’une autre de contradictions patentes. Les fidèles du ʽʽSuffrage universelʼʼ ne se laissent pas guider par leur dieu ; ce sont eux qui le guident, qui lui imposent les formes sous lesquelles il doit se manifester. Souvent, tandis qu’ils proclament la sainteté de la majorité, ils s’opposent par  ʽʽobstructionʼʼ à la majorité, même s’ils ne sont qu’une petite minorité ; et tout en encensant la déesse Raison, ils ne dédaignent nullement, en certains cas, le secours de la ruse, de la fraude, de la corruption. », ibid., p. 1396. Gustave Mirbeau était bien inspiré quand il en appelait à la « grève des électeurs ».
    [5]N° 599, 1-7 mars 2018.

    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...

    (Cliquer sur l'image)

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  • Formation et militantisme : Bordeaux, Bourg en Bresse, La Rochelle, Limoges, Nantes, Perpignan, Saint-Etienne, Strasbour

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    crédits photos : Julien Rémy

     

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  • Éphéméride du 30 décembre

    1671 : aux origines de l'Institut...

     

     

     

    987 : Hugues Capet fait sacrer son fils Robert  

     

    Les six premiers Capétiens directs procéderont ainsi : après Hugues, Robert II le Pieux, Henri 1er, Philippe 1er, Louis VI et Louis VII feront sacrer leur fils de leur vivant.

    Philippe Auguste, septième roi de la dynastie sera le dernier sacré du vivant de son père, Louis VII : à sa mort, le trône était suffisamment solide pour qu'il se dispensât de cette précaution.

    Et, en effet, son fils Louis VIII lui succédera sans qu'aucune contestation ne s'élève. 

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    Il faut bien dire que c'était là, pour Hugues, l'une des seules façons d'affirmer son pouvoir et de préparer l'avenir. Que pouvait-il faire d'autre, lui qui ne régna que dix ans et dont la puissance réelle était dérisoire, que d'assurer le trône dans sa famille, en attendant que des jours meilleurs n'arrivent ?

    Jacques Bainville l'a d'ailleurs bien écrit : "Les premiers règnes furent sans éclat".

    Pourtant, malgré sa faiblesse, c'est une dynastie qui va régner huit siècles que Hugues vient de fonder. Et Bainville parle, par ailleurs, de la date de 987 comme de la plus importante, la plus heureuse de notre Histoire...

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    "Il s'appuiera essentiellement sur des évêques et quelques grands abbés, les seuls intellectuels qui puissent élaborer une théorie du pouvoir. Pour eux, malgré son insigne faiblesse, Hugues est l'héritier légitime d'une autorité supérieure, seule capable de maintenir l'ordre et la paix dans la société chrétienne. Abbon, l'abbé de Fleury (aujourd'hui Saint Benoît sur Loire) reprend des textes carolingiens pour définir les domaines où doit s'appliquer l'autorité royale : il offre ainsi une référence prestigieuse à ce roitelet, et exprime l'espoir que placent en lui les grands ecclésiastiques.

    La rédaction d'un ordo, c'est-à-dire un manuel de la cérémonie du sacre royal, est un autre trait inattendu de confiance dans la royauté, qui souligne aussi son caractère religieux... Hugues est inhumé à Saint-Denis, parmi les tombeaux des Carolingiens, mais aussi ceux de ses ancêtres, patrons du monastère. La nécropole des rois de France est ainsi désignée dès les débuts de la dynastie." (in Larousse des Rois de France, page 29).

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    Monogramme d'Hugues Capet, sur un diplôme du 20 juin 989.
     
    C'est à Senlis, le 1er juin 987, qu'avait eu lieu l'élection, mouvementée, d'Hugues Capet (voir l'Éphéméride du 1er juin)...
     
     
     

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    1370 : Élection de Grégoire XI
     

    Pierre Roger de Beaufort, 201ème pape jusqu'à sa mort, en 1378, fut à la fois :

    • le dernier pape français,..

    •  celui qui ramena la papauté à Rome, après presque soixante-dix ans ans passés en Avignon...

    • et celui après la mort de qui s'ouvrit le Grand schisme d’Occident, qui devait durer de 1378 à 1417...

    Il y eut sept papes en Avignon, chefs incontestés de l'ensemble de l'Église catholique, le premier étant Clément V, celui de "l'affaire des Templiers", maudit sur son bûcher par Jacques de Molay ("...Pape Clément, Roi Philippe, avant un an, je vous cite à comparaître au Tribunal de Dieu..."). Maurice Druon a amplement développé cette histoire dans ses Rois Maudits...

    Deux papes reviendront en Avignon, pendant le Grand schisme, qui dura presque quarante ans, mais  ils ne furent pas - bien au contraire... - les papes incontestés d'une Église unie...

    La fin du Grand schisme, en 1417, marqua aussi la fin définitive de toute présence papale - légitime ou non - en Avignon...

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    Départ de Grégoire XI pour Rome, Fresque de Benvenuto de Giovanni - 15ème siècle,
    Ospedale Santa-Maria della Scala - Sienne

     

    http://compilhistoire.pagesperso-orange.fr/GREGOIREXI.htm

     

    http://www.horizon-provence.com/papes-avignon/index.htm

     

     Et, dans notre Album L'Aventure France racontée par les cartes, voir la photo "La Papauté en Avignon..."

     

     

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    1671 : Création de l'Académie Royale d'Architecture
     

    Supprimée, comme toutes les Académies, à la Révolution, elle est réunie avec d'autres à la Restauration, en 1816, dans une Académie des beaux-Arts, et fait aujourd'hui partie de l'Institut de France, ce Parlement des Savants.

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    1812 : Mort d'Antoine-Louis Albitte
     
     
    Surnommé "le tigre de l'Ain", il fut l'un des plus féroces représentants en mission de la Convention. Sévissant particulièrement dans le quart sud-est de la France (à Lyon, Marseille, Toulon, à l'armée des Alpes...), c'est lui qui est évoqué dans le célèbre Ligue noire :
     
    "...J'en veux foutre cent par terre
    Et de sang tout inonder ! 
    Oui, je veux, dans la poussière, 
    Rouler Albitte et Crancé..."
    (Crancé était l'autre "représentant en mission", complice d'Albitte en terrorisme de masse et crimes contre l'humanité...)
     
    Lors de la séance de la Convention du 17 juillet 1793 - rapportée par le Moniteur, dans lequel était notée l'intégralité de débats de l'Assemblée - il brossa le tableau d'un Midi contre-révolutionnaire, le comparant à la Vendée, et se trouve ainsi directement à l'origine de l'expression Vendée du Midi, ou Vendée provençale...
     
    Après avoir tant terrorisé et massacré, il mourut lamentablement, de froid et d'épuisement, lors de la retraite de Russie, quelque part dans l'actuelle Lituanie...

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    Pour écouter La Ligue noire, en lire les paroles et en savoir plus sur les atrocités commises par ce sinistre individu, notamment à Lyon, voir notre Éphéméride du 8 août

     
     
     

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    2 fevrier,capetiens,mourre,merovingiens,carolingiens,hugues capet,philippe auguste,plantagenets,croisades,bouvines,charlemagne,saint louis,senlisCette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :

    la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),

    l'album L'Aventure France racontée par les cartes (211 photos),

    écouter 59 morceaux de musique,

    et découvrir pourquoi et dans quels buts lafautearousseau vous propose ses Éphémérides  :

    Éphémérides de lafautearousseau.pdf

     

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  • Livres • Des hommes d'ordres

     

    Par Rémi Soulié

     

    R. Soulié.jpgPlusieurs siècles après leur fondation et malgré la sécularisation en cours, ces grands ordres religieux chrétiens que sont les Franciscains, les Dominicains et les Jésuites sont toujours présents.

    Jérôme Cordelier retrace la vie de leurs fondateurs, « mystiques, bâtisseurs et visionnaires » - saint François d'Assise, saint Dominique de Guzmàn, saint Ignace de Loyola (photo) - et relate l'histoire de ces « rocs de la chrétienté », y compris leurs conflits et rivalités politiques ou théologiques.

    Mais il le fait d'une manière inédite, escorté notamment par les écrivains qui, de Bernanos à Sureau en passant par Chesterton et Delteil, ont nourri leur imaginaire et leur pensée de leurs enseignements spirituels.

    Tout autant, le rédacteur en chef du Point mène une « enquête » auprès des hommes qui, aujourd'hui, suivent le Christ dans ces « mouvements », tel le frère franciscain Battite qui, dans sa paroisse marseillaise de La Palud, retrouve Isaïe chaque matin et, avec lui, les « paroles fortes qui incarnent l'espérance chrétienne pour laquelle se battent les fils de François, Dominique et Ignace ». Un ouvrage précieux.  

    AU NOM DE DIEU ET DES HOMMES, de Jérôme Cordelier, Fayard, 380 p., 19 €.

    Rémi Soulié est essayiste et critique littéraire.

    Lire aussi ...

    Pour saluer Pierre Boutang, Rémi Soulié, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 140 pages, 21€ 

    Figaro magazine du 8.12.2017

  • ESSAI • LEÇONS D'OUTRE-TOMBE

     

    thUKZO41O8.jpgCette recension du livre d'Axel Tisserand, Actualité de Charles Maurras a été publiée dans le Figaro magazine du 24.05.  En quelques remarques concises, elle nous semble dire l'essentiel sur l'ouvrage d'Axel Tisserand et, par là-même, sur la pensée anthropologique et politique de Charles Maurras.  Raison de plus, d'ailleurs, pour lire les publications de Rémi Soulié lui-même. [Voir ci-dessous]LFAR 

    Par Rémi Soulié

    R. Soulié.jpg Si l'inscription de Charles Maurras (1868-1952) aux Commémorations nationales de 2018 a provoqué la polémique, son inscription dans l'histoire de la pensée, elle, est acquise.

    Axel Tisserand le démontre remarquablement dans un essai très argumenté mais, plus encore, il analyse l'actualité de l'anthropologie du Martégal car « Maurras, écrit le philosophe, c'est une anthropologie avant d'être une politique » - dont il affronte d'ailleurs les aspects les plus contestables, en particulier l'antisémitisme.

    A l'heure du transhumanisme, de la PMA et de la GPA - soit de la marchandisation des corps et de la déshumanisation en cours -, n'avons-nous pas besoin d'une pensée de la « loi naturelle » qui borne les insatiables désirs individuels et garantit le bien commun de la cité ? C'est elle, contre les nuées rousseauistes, que défend Maurras.

    Pas de contrat à l'origine de la société, mais un petit d'homme qui reçoit tout de sa famille, notamment, la « grâce » de « l'amour », le langage et la protection.

    C'est à partir de ce donné de la naissance et de l'amitié politique des familles rassemblées que Maurras pense le « nationalisme intégral ».

    C'est-à-dire la monarchie.  

    I-Grande-9447-actualite-de-charles-maurras.net.jpg

    ACTUALITÉ DE CHARLES MAURRAS, d'Axel Tisserand, Téqui éditeur, 456 p., 24 C.

    Rémi Soulié, écrivain, essayiste, critique littéraire, collaborateur du Figaro Magazine, est, entre autres, l'auteur de Nietzsche ou la sagesse dionysiaque, Pour saluer Pierre Boutang, De la promenade : traité, Le Vieux Rouergue. Et Racination, Paris, Pierre-Guillaume de Roux, 2018.

    À lire ...

    Pour saluer Pierre Boutang, Rémi Soulié, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 140 pages, 21€ 
  • C'est aussi tout cela (tous ceux-là...) la France : dans les Ephémérides cette semaine...

    Voici ce que vous trouverez cette semaine dans les Ephémérides (et, en permanence : Du passé faisons table rase.pdf )  :

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     Dimanche : 1628 : Naissance de Charles Perrault. 1852 : Naissance de Joseph Joffre. 1970 : Ionesco est élu à l'Académie française.

    • Lundi : 367 ou 368 : Mort d'Hilaire de Poitiers. 1129 : Hugues de Payns fonde l'Ordre du Temple. 1151 : Mort de Suger. 1654 : Mort de Jacques Lemercier. 1790 : Mort de l'Amiral de Guichen. 2012 : Le Louvre acquiert "Le Christ de pitié soutenu par Saint Jean" de Jean Malouel.

    • Mardi : 1684 : Naissance de Jean-Baptiste Van Loo. 1788 : Mort de l'amiral de Grasse. 1867 : Mort de Jean-Dominique Ingres. 1875 : Naissance d'Albert Schweitzer.

    • Mercredi : 533 : Célébration de Saint Rémy. 1200 : Création de l'Université de Paris. 1208 : Début de la Croisade des Albigeois. 1482 : La Provence devient française. 1742 : Naissance de Précy. 1790 : L'Assemblée constituante ordonne la création de 80 départements carrés. 1826 : Fondation du Figaro.

    • Jeudi : 430 : Mort d'Honorat d'Arles. 1409 : Naissance du futur "Bon roi René". 1675 : Naissance de Saint Simon.

    • Vendredi : 86 Avant J.C. : Mort du Consul Caius Marius. Évocation : En 102 Avant Jésus-Christ, en Provence, il avait écrasé les Cimbres et les Teutons, sauvant Rome et la Civilisation....

    • Samedi : 1462 : Mort du Chancelier Nicolas Rolin. 1641 : Naissance de Louvois. 1650 : Début de la Fronde des Princes. 1701 : Le Grand électeur de Brandebourg se proclame Roi de Prusse. 1800 : Création de la Banque de France. 1871 : Proclamation de l'Empire allemand dans la Galerie des Glaces de Versailles. 1871 : Apparition de Pontmain. 1878 : Mort d'Antoine Becquerel. 

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  • Sport • Coupe du monde : pourquoi nous sommes les meilleurs

     

    Par Rémi Hugues  

     

    Photo.pngDe la finale qui l’opposera à la Croatie dimanche 15 juillet à Moscou, la France part avec le statut d’archi-favori. Il suffit de jeter un œil sur les sites des bookmakers : la cote de la France est faible, inférieure à 2.

    L’édition 2018 de la Coupe du monde marque le couronnement du système français de repérage, de sélection et de formation des talents. Il y a incontestablement un modèle à la française.

    La terre de France ne produit plus seulement que les meilleures vignes du monde : les pelouses hexagonales sont celles où les jeunes footballeurs s’épanouissent le plus. Les clubs du très haut niveau se les arrachent, comme très récemment les richissimes FC Barcelone et Arsenal FC, qui viennent d’acquérir respectivement Clément Lenglet (35 M€) et Mattéo Guendouzi (8 M€). Deux joueurs qui n’ont jamais mis les pieds en équipe de France, tant la concurrence est sévère. La France est bel et bien devenue la premier puissance footballistique mondiale.

    Chauvinisme cocardier ? Ça n’est pas seulement un jugement de valeurs. En atteste un chiffre qui souligne la domination française. Elle bat le record du nombre de joueurs nés sur son sol, cinquante, dépassant largement le Brésil. De surcroît, de Coupe du monde en Coupe de monde son avance ne fait que s’accentuer. En plus des joueurs évoluant pour l’équipe de France, on retrouve des joueurs nés en France (binationaux) dans d’autres sélections, celles du Maroc, du Sénégal et du Portugal notamment.

    Avant de regarder passionnément l’ultime duel de Russie 2018, « la coupe à Poutine », comme l’appellent ceux que le personnage fascine – en bien ou en mal –, il y a de quoi pavoiser. Même si en la matière ce n’est pas la vérité des statistiques qui s’impose, mais la vérité du terrain. Et quand les républicains vocifèrent « Allez les bleus ! », nous entonnons un « Allez les blancs ! »  

    Finale FRANCE CROATIE Russie2018.jpg

    Source : https://www.youtube.com/watch?v=P55XYp2KD2Y

  • Saint Augustin actuel [2]

    Par Rémi Hugues 

    saint_augustin visuel.jpgA l'approche des Fêtes, Rémi Hugues propose une série de sept articles consacrés à l'actualité de la pensée de Saint Augustin, père de l'Eglise. Ils seront publiés chaque jour. Bonne lecture !  LFAR

     

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    Augustin dʼHippone, premier grand philosophe de lʼÉglise  

    Comte, Spencer y Durkheim.jpgLes pionniers de la sociologie, Comte puis Durkheim (photo), nʼétaient, cʼest le moins que lʼon puisse dire, aucunement des fidèles du dogme catholique quʼAugustin contribua à forger. Néanmoins il devrait avoir sa place, avec Montaigne et Tocqueville, au sein de la catégorie des sociologues dʼavant la sociologie désignés par Raymond Aron dans Les étapes de le pensée sociologique[1]

    Il faut connaître, dans un premier temps, les ambitions politiques dʼun autre sociologue, lʼAllemand Werner Sombart, pour saisir lʼinfluence majeure quʼa eue la pensée augustinienne sur la naissance de la sociologie.

    Max_Weber_1917.jpgSombart, lʼautre grand fondateur de lʼécole allemande de la sociologie avec Max Weber (photo), était un socialiste de conviction, quand ce dernier était de tendance libérale. Sombart entendait restaurer la communauté (Gemeinschaft), que la modernité capitaliste avait dissoute et remplacé par la société (Gesellschaft). Pour lui lʼorganisation syndicale était lʼinstrument de cette restauration. 

    Or cette notion de « société », raccourci de « société civile », a précisément une origine augustinienne. Dominique Colas, qui enseigne lʼhistoire des idées politiques à Sciences Po, met en évidence dans son ouvrage intitulé Le glaive et le fléau que le concept de société est une sécularisation de celui, forgé par l’évêque dʼHippone, de Cité des hommes ou Cité terrestre. Augustin a déduit des propos tenus par Jésus-Christ selon lesquels il sʼagit de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu quʼil existe deux ordres coexistants, la Cité céleste et la Cité terrestre, et à partir de cela deux types de pouvoir, le pouvoir spirituel étant relatif à la première et le pouvoir temporel à la seconde. 

    William_Blake_whore_babylon.jpgComme « le royaume du Christ nʼest pas de ce monde, son nom ne peut être invoqué pour appeler à la destruction par le glaive des royaumes terrestres afin dʼédifier la Jérusalem céleste sur les ruines de Babylone, la putain. (Ci-contre, allégorie de William Blake) »[2] Ce dualisme politique théorisé par Augustin a pour conséquence de condamner toute révolte violente contre le souverain en vue dʼétablir un Éden, une utopie. Le seul sacrifice légitimé sʼapplique à une configuration bien précise : le fidèle doit être prêt à mourir si le souverain le persécute en tant que pratiquant de sa foi. Tel est le vrai sens du mot « martyre ». Accepter la violence faite contre soi, refuser dʼexercer la violence à lʼencontre des autres ; on appelle généralement cela lʼaugustinisme politique, tant décrié par les marxistes pour qui il est lʼun des piliers de lʼ « opium du peuple »[3], autrement de dit la manière dont ils conçoivent la religion chrétienne. 

    Opium au sens non de poison mais dʼanesthésiant, de produit soporifique, qui inhibe lʼinclination de chacun à mener des actions visant à renverser un ordre établi qui sème injustices, misère et chaos. Lutter, « au nom de la Cité céleste, pour lʼabolition de la société civile »[4] est, dans cette  perspective, abusif. 

    Chez Dominique Colas les termes « cité terrestre » et « société civile » sont utilisés comme sʼils étaient interchangeables. Pour lui, la société civile est « le lieu licite de la recherche par chacun de lʼutile qui est le sien »[5]. Cʼest effectivement lʼordre dont le processus de régulation sʼeffectue par le truchement de deux instances, le Marché et le Droit. « Car la promotion de la société civile comme valeur est aussi bien celle de la tolérance que celle du « bourgeois », la promotion de la liberté de pensée que celle du libre marché. »[6] 

    Augustin nʼest donc pas seulement lʼinventeur de lʼexpression « lien social », il est aussi indirectement à lʼorigine de la notion de « société civile », mutation moderne de celle de « Cité terrestre ». 

    Être sociologue, ce qui signifie examiner la société, lʼétudier, cʼest reprendre – sans souvent dʼailleurs même le savoir – des catégories qui ont été établies par Augustin avant dʼêtre laïcisées. Tout sociologue est de ce fait un peu augustinien. Car en vérité la sociologie se borne à analyser la cité des hommes, à observer les dynamiques qui la traversent.     

    800px-Portrait_of_Ruhollah_Khomeini_By_Mohammad_Sayyad.jpgPar ailleurs, dans le même texte, Colas place sur le même plan fanatiques musulmans, comme ceux qui agréent « lʼincitation de lʼayatollah Khomeini (photo) à exécuter Salman Rushdie »[7], et révolutionnaires laïcs, marxistes en tête, désignés comme les représentants des « opprimés qui font entendre la prophétie dʼune Cité juste »[8], « des exclus de ce monde animés dʼune espérance impatiente »[9], qui agissent au nom dʼune « loi inflexible »[10]. Lʼentreprise fanatique consiste ainsi à sʼengager en faveur de la destruction de la société civile, pour y substituer un paradis terrestre, une Cité de Dieu sur la terre. (A suivre)  ■

    [1]  Raymond Aron, Les étapes de la pensée sociologique, Paris, Gallimard, 1967.
    [2]  Dominique Colas, Le glaive et le fléau. Généalogie du fanatisme et de la société civile, Paris, Grasset & Fasquelle, 1992, p. 11.
    [3]  Dans Critique de la Philosophie hégélienne du Droit, Marx affirme : « La misère religieuse est à la fois lʼexpression de la misère réelle et la protestation contre celui-ci [lʼordre social, N.D.A.]. La religion est le soupir de la créature accablée, le cœur dʼun monde sans cœur, comme elle est lʼesprit dʼune existence sans esprit », cité par Lucien Goldmann, Recherches dialectiques, Paris, Gallimard, 1959, p. 299.
    [4]  Dominique Colas, ibid.
    [5]  Ibid., p. 12.
    [6]  Idem.
    [7]  Ibid., p. 13.
    [8]  Ibid., p. 12.
    [9]  Idem.
    [10]  Idem.

    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
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  • Saint Augustin actuel [3]

    Karl Marx et Friedrich Engels 

    Par Rémi Hugues 

    saint_augustin visuel.jpgA l'approche des Fêtes, Rémi Hugues propose une série de sept articles consacrés à l'actualité de la pensée de Saint Augustin, père de l'Eglise. Ils sont publiés chaque jour. Bonne lecture !  LFAR

     

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    Augustin dʼHippone, premier grand philosophe de lʼÉglise  

    La distinction augustinienne entre les deux Cités veut être abolie par le fanatique, qui entend faire réapparaître le Jardin édénique, revenir à lʼâge dʼor originel. Le fanatisme, écrit Colas, « taraude la modernité tout entière »[1] 

    Le projet moderne, qui a accouché du triptyque Renaissance – Lumières – Révolution française, est en réalité le fanatisme même, le fanatisme chimiquement pur : « La nouvelle cité idéale est purement humaine et lʼeschatologie est comme absorbée dans une idée du progrès. Lʼâge dʼor est à portée de main grâce à la science. »[2] La science remplace la religion comme clef permettant dʼouvrir les portes du paradis, un paradis qui nʼest plus céleste mais terrestre. 

    LES SOURCES AUGUSTINIENNES DU MATÉRIALISME DE MARX 

    Vilna_Gaon,_Winograd_picture (1).jpgLa science est la religion des modernes. Karl Marx disait de son socialisme quʼil était « scientifique », pour mieux se distinguer des socialistes français quʼil voyait comme des doux rêveurs. Marx, en composant sa doctrine du « socialisme scientifique » a accompli la synthèse de lʼéconomie politique britannique (Adam Smith), du socialisme français (Pierre-Joseph Proudhon), de la philosophie idéaliste allemande (Hegel) et du messianisme juif (Isaac de Louria[3] photo). 

    Une telle représentation de marxisme nʼa rien dʼoriginal. Jacques Attali la développe dans la biographie quʼil a consacré à Marx[4]. Cependant il semble que personne nʼa identifié les sources augustiniennes de la loi de lʼHistoire fondée par Marx, qui reprend la prophétie kantienne qui vise à trouver une solution à lʼépineux problème du millénarisme, de la paix cosmopolitique perpétuelle future, mais sʼen détache par son matérialisme, tandis que Kant voit dans le progrès de la raison le moteur du changement politique et social aboutissant à lʼavènement de lʼhomme moral de la fin des temps. 

    Voilà pourquoi le matérialisme de Marx est qualifié dʼhistorique. Son matérialisme sert à déterminer les ressorts de sa loi scientifique de lʼHistoire : lʼévolution des sociétés humaines, selon lui, est fonction des mutations des modes et des rapports de production. Elle est fonction, faut-il ajouter, des contradictions de la sphère économique. Car la pensée de Marx, outre quʼelle est scientifique et matérialiste, sʼavère dialectique. 

    Dʼaprès la méthodologie marxienne, le dynanisme du moteur de lʼHistoire résulte dʼune opposition entre les deux forces constitutives du processus de production, exploiteurs et exploités. Dans la Préface à la critique de lʼéconomie politique (1859), il montre que « dans la production sociale de leur existence les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. Lʼensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle sʼélève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociale déterminées.[5] » Les champs autres que lʼéconomique – la superstructure : la politique, le droit, lʼart, la morale, la religion, les idées, etc. – se modéliseraient ainsi à partir de lʼinfrastructure économique, cʼest-à-dire quʼils auraient un rapport de dépendance vis-à-vis dʼelle. 

    « Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie sociale, politique et intellectuelle en général. Ce nʼest pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; cʼest inversement leur être social qui détermine leur conscience.[6] » Une vision du monde donnée voit sa substance, dans la logique de Marx, être définie par le contexte socio-économique au sein duquel est plongé lʼindividu ou le groupe qui fait exister cette vision du monde. Toutefois les marxistes ont rapidement fait en sorte de ne pas réduire cette explication de la dynamique sociale à une approche purement mécaniste. Cʼest pourquoi ils ont tenu à accoler lʼadjectif « dialectique » au matérialisme. Par conséquent lʼéconomique est devenu en dernière instance surdéterminant, pour reprendre lʼexpression consacrée, ce qui laisse aux autres sphères de la vie sociale une certaine autonomie, certes assez limitée. 

    51au0AyQlyL._SX331_BO1204203200_.jpgDans le marxisme le terme « dialectique » a deux aspects : confrontation des forces productives (dominants / dominés) dʼune part, et interaction entre deux éléments, lʼinfrastructure et la superstructure dʼautre part ; interaction asymétrique, comme au fond le choc perpétuel dʼun marteau et dʼune enclume où le marteau symbolise la superstructure, affectant lʼenclume de façon résiduelle, et où lʼinfrastructure est représentée par lʼenclume, qui use substantiellement le marteau. 

    Cʼest lʼacolyte et mécène de Marx, Friedrich Engels qui est à lʼorigine de cette précision théorique. Dʼabord dans une lettre de septembre 1890 adressée à Joseph Bloch, où il est écrit : « Dʼaprès la conception matérialiste de lʼhistoire, le facteur déterminant est en dernière instance la production et la reproduction de la vie réelle. Ni Marx ni moi nʼavons jamais affirmé davantage. Si quelquʼun dénature cette position en ce sens que le facteur économique est seul déterminant, il le transforme en une phrase vide, abstraite, absurde. »[7] Ensuite dans un courrier destiné à Conrad Schmidt, daté dʼun mois plus tard, dʼoctobre 1890 : « Il y a interaction entre deux forces inégales : action du mouvement économique, dʼune part ; de lʼautre, action du pouvoir politique, créé par lui, doué dʼune autonomie relative, qui se manifeste dʼune part dans la puissance de lʼÉtat, et de lʼautre dans lʼopposition, née de cette dernière. »[8] On peut noter quʼen sʼefforçant de ne pas réduire le politique à un simple reflet de lʼéconomique, Engels tend à réduire la superstructure au politique. Il déforme – les marxistes diraient révise – la pensée de son ami qui entend la superstructure comme lʼensemble de la sphère sociale auquel on retranche lʼéconomique. 

    Quelque part ailleurs Marx essaye de trancher cet impondérable de la philosophie quʼest le débat idéalisme / matérialisme en avançant que les idées sont in fine des choses, de la matière : les idées ne sont rien dʼautre que les choses matérielles transposées et traduites dans la tête des hommes.  (A suivre)  

    [1]  Ibid., p. 13.
    [2]  Patrick de Laubier, Lʼeschatologie, Paris, P.U.F., 1998, p. 79.
    [3]  Il « est né en 1534 à Jérusalem, dʼun père originaire dʼAllemagne et dʼune mère séfarade dʼÉgypte […]. Selon une source traditionnelle, il aurait étudié avec un maître de la kabbale polonais à Jérusalem. », Youssef Hindi, Occident & Islam, I, Alfortville, Sigest, 2015, p. 59-60. Marx reprend à Louria lʼidée dʼun Messie-collectif, qui nʼest plus le peuple juif mais le prolétariat. Tant Emmanuel Lévinas que Jacques Attali sont revenus à la conception lourianique du Messie-collectif.
    [4]  Jacques Attali, Karl Marx ou lʼesprit du monde, Paris, Fayard, 2005.
    [5]  Karl Marx, Friedrich Engels, Œuvres choisies, I, Moscou, Éditions du Progrès, 1978, p. 525. 
    [6]  Ibid., p. 525.
    [7]  Cité par Maurice Moissonnier, « Matérialisme historique », in Georges Labica, Gérard Bensussan, Dictionnaire critique du marxisme, Paris, P.U.F., 1985, p. 729.
    [8]  Karl Marx, Friedrich Engels, Œuvres choisies, III, Moscou, Éditions du Progrès, 1978, p. 514. 

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  • Saint Augustin actuel [5]

    Les deux Cités 

    Par Rémi Hugues 

    saint_augustin visuel.jpgA l'approche des Fêtes, Rémi Hugues propose une série de sept articles consacrés à l'actualité de la pensée de Saint Augustin, père de l'Eglise. Ils sont publiés chaque jour. Bonne lecture !  LFAR

     

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    Augustin dʼHippone, premier grand philosophe de lʼÉglise  

    Le politique, sʼil est pensé comme subordonné à lʼéconomique, perd de sa substance, voire de sa puissance, de son pouvoir, ce qui est pour le moins paradoxal. Il nʼest quʼun reflet, une superficialité. Karl Marx, en élaborant cette théorie du matérialisme historique (dialectique), a été inconsciemment guidé par la doctrine politique de saint Augustin. 

    Cʼest lʼaugustinisme politique qui a façonné de manière décisive lʼarchitecture du théologico-politique médiéval. Or, peut-on constater, la distinction fondamentale entre les deux Cités, qui est au cœur de la pensée augustinienne, provient de la réponse donnée par Jésus-Christ aux pharisiens, qui voulant le piéger, désignant une pièce de monnaie lui posèrent la question suivante : « à qui doit-on verser lʼimpôt ? » 

    Philippe_de_Champaigne,_le_Denier_de_César.jpgLa philosophie politique du Moyen Âge avait pour base, pour infrastructure devrait-on dire, une pièce de monnaie à lʼeffigie de César. (Tableau ci-contre de Philippe de Champaigne).Cʼest cet objet – économique par excellence – qui en a déterminé la nature. Si dénier son autonomie au politique relève de lʼaporie, il nʼy a pas lieu de voir dans lʼidée que cʼest la société civile qui détermine lʼÉtat (autrement dit lʼéconomique qui détermine le politique, un renversement de la thèse hégélienne sur la « bête sauvage » opéré par Marx) une ineptie totale. 

    Il y a une force des idées : elles nʼagissent pas seulement dans la conscience des hommes, mais aussi dans leur inconscient. À certains égards Karl Marx est un chrétien, un augustinien, qui sʼignore. Mais à la différence de l’évêque dʼHippone, il exalte le fanatisme, quand ce dernier, qui fut un modèle de piété, place la foi en Dieu au-dessus de tout. Le fanatisme pouvant être compris comme lʼusage dévoyé de la foi, une fétichisation, une idolâtrie, de la foi, qui devient alors presque divinisée, au détriment de lʼamour raisonnable de Dieu, et donc de son prochain. 

    COMPRENDRE DAECH AVEC SAINT AUGUSTIN 

    Si le fanatisme signifie le projet de destruction de la société civile, il sʼapplique autant au marxisme et à sa promesse du règne de la justice universelle à la suite du dépérissement de lʼÉtat et de la disparition des classes sociales quʼau takfirisme, lʼextrémisme islamiste sunnite dʼessence wahhabite, qui invoque le Coran et les hadiths (les paroles rapportées du prophète Mahomet, les évangiles musulmanes en quelque sorte) pour annoncer lʼimminence de ce même règne de la justice universelle, mais en présence de Dieu dans ce cas. 

    U.S._Army_soldier_with_captured_ISIS_flag_in_Iraq,_December_2010.jpgLʼÉtat islamique (Daech), qui apparut en 2014, prétendait être un royaume de pureté et de sainteté. La théocratie dʼAbu Bakr al-Baghdadi, calife autoproclamé de Daech, soutenait quʼelle mettrait un terme à lʼoppression, garantirait le bonheur authentique aux musulmans pieux. Daech se voulait Cité céleste, royaume de Dieu, sur terre, un nouvel Éden des temps de la fin, ceux qui sont précédés par les signes de lʼheure. 

    La première occurrence du takfirisme, al-Qaïda, insiste surtout pour lʼabolition dʼune société civile quʼelle associe à lʼAmérique, cʼest-à-dire aux États-Unis. En 1996 Oussama Ben Laden, depuis lʼHindou Kouch, le Khorasan, la région montagneuse de lʼAfghanistan oriental, annonce publiquement quʼil veut libérer la terre sacrée dʼArabie et lance un appel à la guerre sainte contre le « Grand Sheitan » américain. 

    Appel concrétisé par les attentats du 11 septembre 2001 visant New York, la putain babylonienne moderne, capitale symbolique dʼune nation qui se conçoit comme un nouvel Empire romain. Dans La Cité de Dieu, Augustin avance justement que Rome est une seconde Babylone. « Rome fut fondée comme une seconde Babylone, et comme une fille de Babylone, dont il plut à Dieu de se servir pour soumettre par les armes la terre entière[1]. 

    Ben Laden, manipulé par la coterie mondialiste, voyait dans le World Trade Center une nouvelle tour de Babel à abattre, non cette fois par la volition de Dieu mais par la main de lʼhomme lui-même. Il nʼétait quʼun pion à la disposition des intérêts sionistes, au sens de mondialistes, puisque Sion désigne Jérusalem, qui pour certains a vocation à devenir la capitale dʼun monde rassemblé autour dʼun gouvernement unique[2]. 

    3oEC0a2v_400x400.jpgPour accomplir ce but messianique les sionistes ont décidé de sʼappuyer sur le takfirisme, dont la fonction est comparable à celle de Goldstein dans 1984 de George Orwell (photo). 

    Voici lʼapport décisif de saint Augustin pour comprendre notre époque troublée : on retrouve dans sa Cité de Dieu la définition du concept qui permet dʼexpliquer lʼémergence du takfirisme. Dans un passage qui commente lʼApocalypse, chapitre 20, versets 7 et 8 : « À la fin de mille ans le Satan sera délié de sa prison. Il sortira égarer les nations aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, les rassemblera pour la guerre eux dont le nombre est comme le sable de la mer. »  (A suivre)   

    [1]  Saint Augustin, op. cit., p. 789.
    [2]  Le sionisme peut ainsi être défini comme lʼentreprise visant à faire de Jérusalem (Sion) le siège du gouvernement de lʼÉtat-monde.
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  • Saint Augustin actuel [4]

    Augustin dans son bureau par Vittore Carpaccio, 1502 

    Par Rémi Hugues 

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    Augustin dʼHippone, premier grand philosophe de lʼÉglise  

    Comme tout bon moderne qui se respecte, Marx sʼattache à rompre avec la Tradition, ce qui le pousse à adopter le matérialisme, inspiré quʼil est tant par Héraclite que par lʼéconomisme des philosophes anglais. La pensée traditionnelle est en réalité plus spiritualiste quʼidéaliste. Elle est fondée sur le postulat suivant : un Esprit suprême, Dieu, a, à la suite d’un acte impératif, créé la matière ex nihilo. Le Verbe divin créateur façonne le monde physique, et non comme le croyaient gnostiques et cathares, le dieu mauvais, le démiurge. 

    Grégoire de Nysse, qui vécut comme Augustin au IVème siècle, en Cappadoce, une région de la Turquie actuelle, explique que la matière naquit de lʼinteraction, de lʼinterférence, entre des puissances spirituelles. Il dit en effet que « la nature spirituelle donne lʼexistence à des forces spirituelles et la rencontre de celles-ci donne naissance à la matière. »[1] Chez Marx le cœur du problème réside non pas dans la création de la matière, sa mise en effectivité, mais dans sa transformation. Qui contrôle le processus de transformation de la matière, la gestion de lʼutile et du nuisible, quels types de machines sont utilisées, quel est le statut juridique du lieu de cette transformation, ainsi que le statut juridique de ceux qui sont les exécutants, ceux qui plus prosaïquement reçoivent les ordres... 

    ainsi-parlait-zarathoustra-9782253006756_0.jpgMais le matérialisme de Marx est inséparable de son athéisme, forme radicale du rationalisme. Il participe pleinement à ce processus que Friedrich Nietzsche appellera dans Ainsi parlait Zarathoustra la « mort de Dieu », la sécularisation. Une autre expression de Nietzsche sʼapplique parfaitement à Marx : celle dʼinversion ou de renversement des valeurs. Lʼun des traits caractéristiques du système philosophique composé par ce dernier est lʼantinomisme, lʼhostilité à la Loi du Père. 

    Prince_of_darkness.jpgÀ la loi du Père suprême, que lʼon retrouve explicitement exposée chez son propre gendre Edward Aveling, dans la stance The Prince of Darkness :

    « Telle la tombe qui étend ses ailes

    Il passe, ô peuple, Satan le grand !

    Salut grand défenseur de la Raison !

    Vers toi monteront lʼencens sacré et les vœux

    Tu as détrôné le dieu du prêtre. »[2] 

    Un antinomisme visiblement typique des socialistes, comme en attestent ces lignes écrites de la main de Pierre-Joseph Proudhon dans De la justice dans la Révolution et dans lʼÉglise : « Viens, Satan, viens le calomnié des prêtres et des rois, que je tʼembrasse, que je te serre sur ma poitrine ! »[3] 

    Mais aussi cette hostilité vise le père symbolique de Marx, son maître à penser, à savoir Hegel. Le jeune Marx appartenait même à un groupe qui se faisait appeler les « hégéliens de gauche ». En 1844 Hegel est lʼobjet dʼune diatribe de la part de son ancien disciple, publiée dans les Annales franco-allemandes. Marx y écrit : « Hegel va presque jusquʼà la servilité. On le voit totalement contaminé par la misérable arrogance du fonctionnarisme prussien, qui, dans son étroit esprit bureaucratique, regarde la confiance en soi-même de lʼopinion (subjective) du peuple. »[4]      

    Conséquence de cette rébellion contre le père, Marx oppose, à lʼidéalisme de Hegel, le matérialisme. Il renverse également le rapport de détermination établi par Hegel entre lʼÉtat et la société civile. 

    711x400_gettyimages-159828268.jpgHegel défend lʼidée selon laquelle lʼÉtat, en tant que garant de lʼordre, assure aux individus la sécurité, qui est la première des libertés. Cʼest le sens de sa définition de lʼÉtat comme réalité effective de la liberté concrète. Lʼexistence de lʼÉtat est la condition de possibilité de la vie menée collectivement par les hommes au sein dʼassociations en tout genre (familles, tribus, églises, guildes, entreprises, clubs, etc.), hormis la vie de lʼÉtat lui-même, qui correspond à lʼadministration de la coercition (police, justice, et armée ; les fameuses fonctions régaliennes de lʼÉtat). 

    Cette vie hors de lʼÉtat, Hegel lʼappelle dans Principes de la philosophie du droit État « extérieur », État « de la nécessité et de lʼentendement », ou plus simplement société civile bourgeoise. Jean-François Kervégan met en évidence que Hegel est à lʼorigine de « la conceptualisation dʼune société civile bourgeoise qui, enracinée dans le mécanisme du monde moderne (capitaliste) dʼéchanger et de produire, est à la fois distincte de la sphère proprement politique et nécessairement coordonnée et subordonnée à celle-ci. »[5] 

    Il y a en somme pour Hegel un lien de dépendance de la société civile vis-à-vis de lʼÉtat. Lʼune est subordonnée à lʼautre. Selon lui le politique est principe : à la fois premier, originaire, et prescripteur, organisateur de la vie sociale en général. Rapport qui chez Marx est inversé : la société civile (bourgeoise) installe, fonde, lʼÉtat.  (A suivre)  

    [1]  Grégoire de Nysse, La création de lʼhomme, Paris, Cerf, 1943, p. 195. Ce traité date de 379 environ.
    [2]  Cité par Rolland Villeneux, Dictionnaire du diable, Paris, Omnibus, 1998, p. 72.
    [3]  Cité par ibid., p. 876.
    [4]  Karl Marx, Œuvres philosophiques, IV, Paris, Ivréa, 1981, p. 254.
    [5]  Jean-François Kervégan, Hegel Carl Schmitt. Le politique entre spéculation et positivité, Paris, P.U.F., 1992, p. 186-187.
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  • Saint Augustin actuel [7]

    Augustin vu par Philippe de Champaigne, musée d'art du comté de Los Angeles

    Par Rémi Hugues 

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    Augustin dʼHippone, premier grand philosophe de lʼÉglise  

    Au sujet du déchaînement du princeps hujus mundi, du diable, qui se manifeste par lʼirruption de Gog et Magog et leur affrontement, saint Augustin précise que « plus le choc de la guerre sera terrible, plus il y aura de gloire à ne pas céder, et plus riche sera la couronne du martyre. »[1] 

    Il y a une universalité du concept de Gog et Magog, que lʼon retrouve également dans le judaïsme et lʼislam. 

    Dans le corpus vétérotestamentaire, on retrouve ces figures pleines de mystères notamment dans le livre dʼÉzéchiel. Jean Vacquié signale la chose suivante : « Deux chapitres d’Ézéchiel sont entièrement consacrés à Gog et Magog, les chapitres XXXVIII et XXXIX. Dieu parle à Gog et lui dit : ʽʽEn ce jour-là, des pensées s’élèveront dans ton cœur, et tu concevras un mauvais dessein. Tu diras : Je monterai contre un pays ouvert ; je viendrai vers ces gens tranquilles qui habitent en sécurité, qui ont des demeures sans murailles, qui n’ont ni verrous ni portesʼʼ (Ézech. XXXVIII, 10-11). Telle est l’activité de Gog, couverte et dissimulée, qui s’empare sournoisement des demeures sans serrures. Magog est, à l’origine, le nom de l’un des sept fils de Japhet. Le prophète Ézéchiel l’emploie dans un autre sens. Il en fait le pays qui sert de refuge à Gog et d’où il s’élance à la tête de ses peuples. Dans sa marche conquérante, Gog le rusé, prend comme point de départ Magog, le pays de la violence. Les chapitres XXXVIII et XXXIX d’Ézéchiel sont à lire attentivement ; ils fournissent une vue prophétique sur les grandes guerres mondiales modernes. »[2] 

    Enfin, deux sourates du Coran mentionnent Gog et Magog, Yâjuj wa Mâjuj en arabe. La sourate XVIII appelée « La Caverne » et la sourate XXI qui a pour titre « Les Prophètes ». Les figures de Gog et Magog sont décrites comme des forces destructrices qui sont alliées avec le diable contre lʼhumanité et son Créateur. 

    ob_afa2ab_califat-w.jpgDans cette troisième guerre mondiale qui oppose des structures réticulaires transnationales désirant la domination planétaire – soit une ploutocratie protestante protégée par sa citadelle insulaire se prenant pour le gendarme du monde, qui soutient une théocratie juive qui entend déployer ses frontières du Nil jusquʼà lʼEuphrate, et qui combat après lʼavoir suscitée une théocratie musulmane qui projette de reconstituer un califat sʼétendant cette fois du Maroc à lʼIndonésie – les nationalistes français nʼont pas à prendre parti. En optant pour la neutralité ils échappent au piège tendu par le princeps hujus mundi. 

    Nous nʼavons pas à choisir entre Gog et Magog, entre le terrorisme dʼÉtat et lʼÉtat terroriste. Nous nʼavons pas à nous engager dans ce que lʼon nous présente comme une guerre entre le Bien et le Mal.      

    Ce nʼest pas la science qui nous enseigne cela, mais la culture. Voilà pourquoi la seconde est supérieure à la première. La science est sans conscience, elle nʼa que la détermination du vrai, par le truchement dʼabstraites formules mathématiques, comme objet. Elle est recherche de la vérité pour la vérité, sans lien avec un but supérieur. Elle sépare lʼhomme de toute transcendance, qui à cause dʼelle voit son univers être désenchanté. 

    Alors que la culture contient une visée morale. Elle est connaissance au service de principes moraux. Dans Essais sur la théorie de la science Max Weber a souligné quʼil y a dans le notion de culture une dimension éthique, un rapport avec les valeurs : « La signification de la structure dʼun phénomène et le fondement de cette signification ne se laissent tirer dʼaucun système de lois, si parfait soit-il, pas plus quʼils nʼy trouvent leur justification ou leur intelligibilité, car ils présupposent le rapport des phénomènes culturels à des idées de valeur. La réalité empirique est culture à nos yeux parce que et tant que nous la rapportons à des idées de valeur ; elle embrasse les éléments de la réalité et exclusivement cette sorte dʼéléments qui acquièrent une signification pour nous par ce rapport aux valeurs.[3] » 

    St._Gregory_of_Nyssa.jpgCommentant le verset 23 du chapitre VII de lʼÉvangile de Matthieu, Grégoire de Nysse (ci-contre) fait remarquer que la science est le « pur savoir » tandis que la connaissance est une « disposition intérieure vis-à-vis de ce qui nous est agréable. »[4] Elle est la condition du progrès moral de lʼhomme, de son bien-être, de son bonheur.  

    Mais une culture qui nʼest pas transmise est une culture en voie de disparition. Il faut conserver et diffuser ce que nous a amené saint Augustin. Car cʼest le moyen le plus précieux pouvant nous aider à emprunter la voie qui mène au salut. La lecture des textes écrits il y a des siècles par l’évêque dʼHippone reste indispensable. Elle est un viatique : elle nous permet de faire les bons choix. 

    Ne méprisons pas la pensée de ce père de lʼÉglise : elle est pleine de sagesse, et en aucun cas dépassée ou datée. Il y a bien une actualité de saint Augustin, mais la revue LʼHistoire a échoué à en restituer tout son sens. Ses rédacteurs nʼont pas intériorisé lʼaxiome central de lʼaugustinisme, qui est au fondement de la distinction entre les deux Cités : deux amours ont fait deux cités : lʼamour de soi jusquʼau mépris de Dieu, la cité terrestre, lʼamour de Dieu jusquʼau mépris de soi, la cité céleste. Les historiens stipendiés du magazine LʼHistoire préfèrent ainsi relayer la mémoire des vainqueurs, guidés par leur amour-propre. 

    À la recherche de lʼexactitude des faits, qui peut amener à nier ce qui paraît le plus évident – et même à nier ce que depuis 1990 la Loi ordonne de croire – ils préfèrent leur confort personnel (entendu plus comme intellectuel que matériel au demeurant) et les égards du monde. (FIN) 

    [1]  Saint Augustin, op. cit., p. 920.
    [2]  https://bibliothequedecombat.wordpress.com/2013/03/08/gog-et-magog-les-deux-visages-de-la-bete/
    [3]  Cité par Freddy Raphaël, Judaïsme et capitalisme, Paris, P.U.F., 1982, p. 8.
    [4]  Grégoire de Nysse, op. cit., p. 176.
    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
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