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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Aymeric Patricot : « Le communautarisme est inéluctable » par Grégoire Arnould

     

    1943113734.jpgAymeric Patricot a été professeur dans une banlieue dite « difficile ». Dans Les petits Blancs (éd. Plein jour, 2013), il mène l’enquête dans cette « France d’en-bas » où le fait d’être désigné ou de se ressentir comme blanc est une réalité plus ou moins bien vécue. Un sujet tabou à la mesure de la fracture identitaire qui ne cesse de s’élargir dans notre pays.

    Qu’est-ce qu’un « petit Blanc » ?

    à l’instar du « white trash », son épigone américain, le « petit Blanc » se caractérise socialement par sa pauvreté et ethniquement par la blancheur de sa peau. Il habite généralement un quartier défavorisé où il est minoritaire en tant que Blanc. Ce sont les autres qui le renvoient à sa condition. Une condition – il faudrait dire une différence –, qu’il vit plus ou moins bien car il a conscience de faire partie d’une minorité au sein d’une majorité multiethnique. Racisme ou haine de soi et du monde sont des tentations auxquelles il peut s’abandonner. Sans horizon, il lui faut en plus apprendre à vivre avec l’image méprisable que lui renvoie la société médiatique pour qui le « petit Blanc », c’est Dupont-Lajoie : un « beauf » inculte et xénophobe.

    N’est-ce pas alors une condition lourde à porter ?

    J’ai rencontré beaucoup de « petits Blancs », homme ou femme, pour écrire mon livre. S’il y a une chose dont je me suis aperçu c’est que l’éventail des sentiments, quant à la façon dont on se perçoit soi-même en tant que « petit Blanc », est très large. Je pense, par exemple, à cette ancienne femme battue qui a conscience d’être une « petite Blanche ». Mais cela ne lui pose aucun problème, car sa vie de « cabossée », dit-elle, l’a rendue plus proche de « l’autre ».
    à l’inverse, j’ai rencontré un professeur vacataire d’anglais qui m’a raconté les difficultés de sa vie en HLM où, je cite, « les Arabes nous insultent, nous crachent au visage [...] nous traitent de porcs… ». Cette jeune femme a nourri une véritable rancœur contre ceux qui la renvoyait ainsi violemment à sa condition de « petite Blanche » minoritaire. Elle a fini par rejoindre des groupuscules d’extrême-droite, avant de s’en éloigner. Aujourd’hui, elle ne rêve que d’une chose : quitter le pays.

    Du coup, peut-on parler de fracture identitaire ?

    Une « question blanche » se pose indéniablement dans notre pays mais, au prétexte de ne pas faire le jeu du racisme, elle est mise sous le boisseau par nos élites politiques et médiatiques. Pour elles, l’expression « Français de souche » serait ainsi une injure faite à nos compatriotes d’origine étrangère. Les mêmes qui nient l’altérité, expliquent pourtant à quel point il est formidable de vivre dans une société multiethnique ! Nier la réalité n’a jamais été la meilleure façon de résoudre les problèmes. Ces gens devraient aller faire un tour dans ces « territoires perdus de la République » où ils ne vont jamais : ils verraient combien la question ethnique y est prégnante et problématique.

    En fait, personne ne semble se soucier du sort du « petit Blanc »…

    C’est bien le problème ! Le « petit Blanc » n’intéresse en effet personne. Il est trop blanc pour la gauche et trop pauvre pour la droite. On sait que le PS a délibérément abandonné son ancien électorat ouvrier pour celui des minorités ethniques. Quant à l’UMP, elle n’a rien à lui proposer. La nature ayant horreur du vide, c’est désormais le FN qui s’adresse le mieux à cette catégorie de la population. Le programme protectionniste du parti de Marine Le Pen la vise directement.

    La stratégie du PS semble risquée, non ?

    Un des grands paradoxes auquel doit faire face le Parti socialiste, est le comportement électoral des musulmans. à 90 %, ces derniers votent pour le PS en raison de son discours traditionnellement favorable à l’immigration. Mais la communauté musulmane est fondamentalement conservatrice, par exemple sur les sujets du mariage homosexuel ou du voile. à terme, et c’est le coup de génie de Houellebecq dans son dernier roman (Soumission), le PS peut tout perdre ! Si on se laisse aller à la politique-fiction, il pourrait y avoir, d’ici quelques années, un vote ethnique, en tout cas chez les minorités, pour des candidats qui en seront issus. Les Blancs, eux, seront partagés. Ceux qui veulent garder « bonne conscience » voteront à gauche, les autres à droite.

    La société française est-elle destinée à la communautarisation ?

    C’est déjà le cas dans de nombreux quartiers de villes françaises ! Pour une raison qui relève de la simple logique : plus des personnes d’appartenances ethniques différentes cohabitent sur un même territoire, plus les individus se regroupent en fonction de cette appartenance. Il faut se garder des préjugés : qu’on le veuille ou non, les couleurs de peau existent et les ressentiments qui y sont liés également.

    Est-ce le grand sujet de société de demain en France ?

    Tout dépend des territoires. En Normandie, par exemple, où la population est homogène, les gens ne sont pas encore sensibles à cette question. En revanche, la fracture identitaire et/ou ethnique est béante à Marseille ou dans certains quartiers d’une ville comme Grenoble. En somme, là où le communautarisme existe déjà. L’histoire nous enseigne que chaque génération doit affronter une question sociétale d’envergure. Nos grands-parents ont affronté la guerre et ses conséquences. Nos parents ont vécu la décolonisation. La fracture identitaire est celle de notre génération : il faudra bien arriver, d’une façon ou d’une autre, à la surmonter… 

    A lire : Les petits blancs, éditions Plein jour, 168 p., 17 euros.

    Politique magazine

  • Zemmour à propos de « Qui est Charlie ? » d'Emmanuel Todd : Le terminus du prétentieux ...

     

    Le brûlot anti-Charlie d'Emmanuel Todd fait hurler ses pairs de la gauche antiraciste. Et si Todd lui aussi posait de bonnes questions mais donnait de mauvaises réponses ? C'est ce que pense Eric Zemmour dans l'analyse qui suit. Analyse qui nous aide à forger notre propre point de vue sur la pensée complexe de Todd. (Le Figaro, 14.05.2015).

     

    XVM402b58a2-f955-11e4-8e65-09fb11469bfa-300x440.jpgCharlie est un salaud. Un xénophobe, un islamophobe, un raciste. Charlie est un minable. Marche mais ne sait pas vers où et dit le contraire de ce qu'il pense ; défend la liberté pour mieux combattre l'égalité ; clame « pas d'amalgame » pour mieux écraser l'Arabe. Comme naguère David Vincent dans la série Les Envahisseurs, Emmanuel Todd sait. Devine tout, comprend tout, révèle tout. Emmanuel Todd est un universitaire, un anthropologue, un historien. Il est la Science. L'homme se croit libre, mais il est dans la main de Todd.

    Notre savant a reconnu dans les foules du 11 janvier les groupes sociaux qui avaient voté oui au référendum sur Maastricht. Il sait lire une carte, Todd ; mais n'est pas le seul à avoir remarqué que les pays de l'ouest et de l'est de la France, autrefois catholiques et antirévolutionnaires, avaient été les plus fervents européistes. Et que les classes populaires qui votent pour le Front national sont issues des terres historiquement révolutionnaires. Philippe Séguin ne l'avait pas attendu pour deviner que « 1992 serait l'anti-1789 ». Partant de cette intuition juste, Todd règle ses comptes avec la gauche européiste sans mesure ni rigueur scientifique. Bien sûr, la caste se cabre. On compte les coups en attendant que les deux boxeurs s'épuisent.

    Todd estime depuis longtemps que les modèles familiaux déterminent le positionnement politique. Et que les vagues d'immigration ne changent rien à l'affaire. On est de son pays avant que d'être de ses origines. « La terre, elle ne ment pas ». Mais Todd est aussi un homme de gauche, un progressiste, qui croit que chaque individu peut s'émanciper de ses déterminismes. Il jongle depuis toujours avec cette contradiction originelle au gré de ses besoins et de ses engagements politiques, avec une mauvaise foi teintée d'arrogance. Pour Charlie, sa religion (!) est faite: « Le droit au blasphème sur sa religion ne doit pas être confondu avec le droit au blasphème sur la religion d'autrui. Blasphémer de manière répétitive, systématique, sur Mahomet, personnage central de la religion d'un groupe faible et discriminé, devrait être, quoi qu'en disent les tribunaux, qualifié d'incitation à la haine religieuse, ethnique ou raciale. »

    Todd s'en prend à Charlie pour mieux défendre l'islam. Il réclame que la République accepte des « accommodements » avec l'Islam. Qu'elle évite l'affrontement à tout prix. Car elle n'en a pas les moyens. Au diable la laïcité et la liberté, pourvu qu'on ait la paix ! Todd renoue ainsi avec la traditionnelle litanie pacifiste qui traverse l'histoire de France et en particulier de la gauche. « Plutôt Allemand vivant que Français mort », disait Giono dans les années 1930, obsession pacifiste qui conduira nombre d'hommes de gauche dans la collaboration.

    La double imposture

    Mais Todd n'en démord pas: « Nous devons accorder à l'islam ce qui a été accordé au catholicisme. » C'est le cœur du livre ; et de sa double imposture. D'abord, la IIIe République (et on ne parle même pas de la Terreur et de la Vendée!) n'a pas été tendre avec l'Église. Toujours méfiante, féroce même sous le petit père Combes, entre « mise à jour des inventaires » par l'armée et officiers catholiques fichés. Mais surtout, l'égalité mise entre le catholicisme et l'islam est inique historiquement. Le catholicisme a forgé la nation française. Todd oublie que les confessions minoritaires, judaïsme et protestantisme, ont, elles, accepté de reconnaître la prééminence culturelle du catholicisme (édifices religieux discrets, prénoms choisis dans le calendrier composé de saints catholiques, etc.). C'est cette sujétion culturelle que refuse l'islam ; et cette résistance islamique que Todd et d'autres utilisent comme un bélier pour détruire les derniers reliquats de la christianisation de la France. Ils sonnent ainsi la revanche historique de l'extrême gauche, devenue islamo-gauchiste, sur Briand et Jaurès qui, lors de l'élaboration de la loi de 1905, avaient contenu leurs assauts antichrétiens, en limitant leur combat au seul cléricalisme.

    Nostalgique impénitent de « la bonne vieille lutte des classes », il veut la ressusciter en sonnant l'alliance « contre Charlie » des deux « universalismes égalitaires » des classes populaires françaises et immigrées. Todd n'invente rien de neuf, et ne fait que reprendre les chimères qui vont de l'extrême gauche à l'extrême droite. Seul le nom de l'ennemi diffère: quand Besancenot cible les « sionistes », Mélenchon « l'Allemand », Soral parle du « juif », Todd évoque pudiquement « Charlie ». Todd est un Soral gourmet.

    Un personnage de Houellebecq

    Mais le catholicisme est lui aussi le produit d'une inspiration universaliste et égalitaire. Comme la Révolution. Et comme l'islam. Ces trois universalismes sont des rivaux inextinguibles ; ils ne peuvent être que des alliés de circonstance. Le Code civil ne tolère pas une religion qui ait des prétentions législatives et politiques (Napoléon l'avait fait savoir au judaïsme autant qu'au catholicisme) et l'islam - sous toutes ses variantes - refuse de se concevoir comme une religion confinée au privé. C'est bien pour cela que catholicisme et islam se sont affrontés depuis plus de mille ans. Et que Daech cible la France en souvenir et des croisades et de la Révolution.

    Pour fonder son alliance, Todd fait le malin avec des chiffres de mariages mixtes mirifiques. Que la démographe Michèle Tribalat conteste. Todd reconnaît lui-même que depuis 1992 cette tendance se retourne ; mais c'est la faute à Maastricht, bien sûr ! Mais quelle est la réalité d'un mariage « mixte » lorsque l'époux français - se mariant avec une étrangère issue d'un pays du Maghreb - est lui-même un Français issu de parents venus du même bled ? Quand le footballeur Ribéry épouse une jeune femme algérienne, qu'il se convertit à l'islam, et chante partout son adoration pour son « pays d'adoption », l'Algérie?

    « Hésitant entre une belle exotique et un boudin national, l'universaliste fera en général le bon choix…» À la fin de son livre, Todd ressemble à l'universitaire inventé par Houellebecq dans Soumission : il finit par se convertir à l'islam pour goûter aux délices de la polygamie.

    « La France redeviendra elle-même quand Paris sera devenue la ville où auront fusionné des représentants de tous les peuples du monde, une nouvelle Jérusalem »… Longtemps, Todd nous a asséné son optimisme méprisant. L'homme avoue désormais son doute. « Il est déjà certain que ma génération ne verra pas la terre promise.» Todd se prenait pour le nouveau Moïse d'une « humanité libérée de tout sentiment racial ». Todd le prophète s'avère un Docteur Folamour. Dans ses éprouvettes, c'est avec notre peau qu'il joue. 

     

    Qui est Charlie ? Emmanuel Todd, Seuil, 243 p., 18 €

     

  • Une hirondelle républicaine ne suffira pas à faire un printemps français

     

    Le Printemps républicain a été lancé le 20 mars à Paris. Pour Vincent Coussedière, la souveraineté ne suffit pas à définir une République, laquelle réside dans la légitimité populaire |Figarovox - 8.04]. Une autre façon, en fait, de contester cette république idéologique qu'est spécifiquement la république française et ses non moins idéologiques valeurs. Une autre façon, aussi, de réaffirmer la prééminence de la nation sur tel ou tel régime particulier et celle de son peuple défini par son histoire, par ses mœurs et par l'attachement qu'il leur porte. Ainsi se fonde en effet une souveraineté légitime, aujourd'hui perdue. Faut-il l'incarner par l'élection ? Son arithmétique barbare, les divisions qu'elle creuse entre Français, les ambitions qu'elle remue, l'espace qu'elle ouvre tout grand à l'interventionnisme des puissances d'argent, la démagogie avilissante à laquelle elle conduit les candidats, la négation qu'elle perpétue de toute pérennité et de toute transcendance du Pouvoir, qu'elle rend ainsi éphémère et terriblement faible, la disqualifient, selon nous, comme mode de désignation du Chef de l'Etat. Il n'est pas sûr que - sans envisager encore le recours monarchique auquel nous pensons - nombre d'esprits qui réfléchissent sur le malaise de notre démocratie n'en soient pas déjà arrivés à ce type d'analyse et de conclusion. Lafautearousseau     

     

    Un refrain bien connu commence d'être entonné à l'approche des élections présidentielles, une chanson douce qui vient bercer les rêves de nos intellectuels. Une fois encore, on nous fait le coup du retour à la République et à ses fondamentaux. Jean-Pierre Chevènement est invité sur tous les plateaux de télévision, on le consulte pour savoir qui sera son « successeur ». L'hebdomadaire Marianne propose sa énième pétition pour refonder la république et la laïcité. On nous annonce un « printemps républicain », réunissant intellectuels et acteurs de la société civile, bien décidés à peser à gauche sur l'élection de 2017.

    Soit, mais comment nos républicains entendent-ils reconstruire cette fameuse laïcité qu'ils présentent comme un « ciment » seul capable de faire de nouveau « vivre ensemble » les Français ? Possèdent-ils la formule chimique de cette laïcité qui apparaît de plus en plus comme une potion magique apte à faire renaître le village d'Astérix ? En réalité les ingrédients de cette formule restent toujours les mêmes depuis que le druide du républicanisme français, Jean-Pierre Chevènement, les a formulés dans les années 80 : l'État, la Loi, l'Ecole. Ces trois ingrédients, à condition d'être habilement dosés, constituent la potion magique républicaine. Chacun peut alors se presser autour du chaudron pour s'en abreuver : l'enfant comme la femme, l'étranger comme l'autochtone, le gouvernant comme le gouverné, il subira alors la transmutation magique et deviendra un invincible citoyen.

    Si par malheur un esprit chagrin s'aventurait à faire remarquer à nos sympathiques républicains que l'État, la Loi, l'Ecole, se sont justement montrés singulièrement impuissants, depuis 30 ans, à produire un sursaut républicain et citoyen, et qu'il serait peut-être bon, du coup, de s'interroger sérieusement sur le logiciel « républicain », il ne pourrait espérer les faire douter aussi facilement. La réponse serait toute prête et elle claquerait comme un coup de fouet : Souveraineté. Ici se marque la véritable supériorité des druides républicains, qui savent non seulement reconnaître les ingrédients nécessaires pour confectionner leur potion magique, mais qui disposent aussi du critère permettant de s'assurer de leur fraîcheur indispensable. Seul un Etat souverain, une Loi souveraine, une Ecole souveraine pourraient nous faire retrouver, diraient-ils, notre être de citoyens unis dans une même nation.

    Mais comment, insisterions-nous encore naïvement, faire retrouver à l'État, à la Loi et à l'Ecole, leur souveraineté perdue ? Là encore nos interlocuteurs n'hésiteraient pas longtemps, et nous expliqueraient que c'est une affaire de volonté. Ecoutons par exemple la parole de cet autre grand druide républicain, Régis Debray: « Il faudrait un volontarisme de fer, à contre-courant des valeurs les plus chères à notre soi-disant société civile et aux tendances majoritaires de notre environnement géographique pour oser faire renaître un Etat, une Ecole, une République. »*

    Vouloir la souveraineté de l'État, de la Loi, de l'Ecole, tel est au fond le programme de nos républicains, celui qu'ils répètent depuis 30 ans sous la forme d'une sorte de catéchisme. Ils sautent sur leur chaise comme des cabris en répétant « souveraineté », «souveraineté », pensant ainsi s'opposer suffisamment à ceux dont de Gaulle se moquait déjà et qui eux répètent, « Europe, Europe ».

    Mais la souveraineté ne suffit pas à définir une République, laquelle réside dans la légitimité populaire de cette souveraineté. De quel peuple la souveraineté qu'on prétend réinstaurer tire-t-elle sa légitimité ? Du peuple français s'il s'agit de la république française, du peuple américain s'il s'agit de la république américaine, etc. Et cette souveraineté qui est effectivement nécessaire pour parler de république n'exprime que l'indépendance et l'autorité d'une décision non le contenu de celle-ci. Dans le cadre d'une république le contenu de la décision souveraine doit être légitimé par le peuple (ce qui ne veut pas dire obligatoirement voté) car c'est le peuple qui est souverain. On ne voit pas alors en quoi la souveraineté protégerait à elle seule la laïcité par exemple, puisque celle-ci renvoie à la décision commune de donner une certaine forme aux mœurs. Un peuple peut très bien décider souverainement de renoncer à la laïcité si celle-ci est pensée sur le seul plan de la Loi et de l'État.

    Non, décidément, la République ne pourra se refonder elle-même en se tirant de son marasme par les cheveux comme le baron de Münchhausen des sables mouvants. Elle a besoin d'une mystique qui ne sera pas produite ex nihilo par une poignée d'intellectuels, car cette mystique n'est rien d'autre que l'attachement de tout un peuple à ses mœurs, dont les lois ne sont que l'expression consciente et volontaire. Elle a besoin de ce peuple et de son populisme actuel, qu'elle doit comprendre comme un attachement profond à une forme de mœurs appelée nation. Elle a besoin de se dégager de son recouvrement libéral pour affirmer son sous-bassement national, lequel ne réside pas dans le « citoyennisme », mais dans des mœurs qui donnent une certaine forme à la vie la plus quotidienne. Ce qui sous-tend la laïcité c'est cette forme de vie et non un kantisme abstrait du respect de la volonté libre.

    Revenons aux sources, revenons à Rousseau, qui, dans sa Lettre à d'Alembert, nous mettait ainsi en garde: « Mais ne nous flattons pas de conserver la liberté en renonçant aux mœurs qui nous l'ont acquise. ». 

    Une hirondelle républicaine ne suffira malheureusement pas à faire un printemps français.

    * Régis Debray: Revue Le Débat n°185.

    Vincent Coussedière           

    Agrégé de philosophie, Vincent Coussedière a été révélé au grand public avec son premier livre Eloge du populisme. Son second opus, Le retour du peuple, An I, vient de paraître aux éditions du Cerf.

  • La République introuvable

    La République Charlie, place du même nom

     

    Par Jacques Burnel

    Sous ses deux formes, adjectivale et nominale, le mot « République » a littéralement envahi le discours des médias, des pouvoirs publics et du personnel politique. Or, explique Frédéric Rouvillois dans un livre jubilatoire (Être ou ne pas être républicain, Le Cerf, 237 p., 14 euros), si les républicains sont partout, la République est nulle part... 

    Etre ou ne pas être - cadre.jpg« Le terrorisme ne détruira pas la République ; c'est la République qui le détruira » ; « La riposte de la République sera totale » ; « Les associations qui s'en prennent aux valeurs de la République seront dissoutes »... Du président François Hollande au Premier ministre, Manuel Valls, en passant par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, les propos martiaux de nos dirigeants politiques, réagissant à la tuerie de masse du 13 novembre, ont été salués unanimement. Tout juste quelques rares observateurs ont-ils pu faire remarquer qu'ainsi placés sous les auspices de la République, ils avaient l'immense avantage d'exonérer ceux qui les prononcent de toute forme de responsabilité dans ces tragiques évènements. Événements dont la nation en deuil pourrait légitimement tenir rigueur à ses représentants...

    Au début de l'année 2015, en d'autres circonstances dramatiques, les Français l'avaient appris à leurs dépens : certains clichés mobilisant mécaniquement la pensée (le « pas d'amalgame » avait alors fait florès) peuvent être utilisés comme des armes dialectiques qui paralysent la pensée. Il suffit d'entendre les mots magiques pour que chacun s'incline et passe son chemin. Circulez, il n'y a rien à voir ! Et dans cet arsenal d'expressions toutes faites et de mots qui enivrent, le terme « républicain » n'a pas d'équivalent. Exemple : pourquoi s'est-on cru obligé de parler de mobilisation « républicaine » au lendemain de l'attaque contre Charlie Hebdo et pas de manifestation « royale » ou « monarchique » en 2004 après les attentats de la gare de Madrid ? C'est cet « usage invraisemblable et littéralement diluvien du terme « républicain » » qui a poussé le professeur de droit public et historien des mentalités, Frédéric Rouvillois, à s'interroger sur la signification de ce mot pour le moins redondant dans la parole publique. Suffrage universel, pluralisme, éducation, universalisme, laïcité : dans un livre au titre réjouissant - Être (ou ne pas être) républicain -, il passe en revue les critères habituellement admis du « républicanisme ». Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le piédestal sur lequel on a placé la République vole en éclats. Reste un concept creux, usé jusqu'à la corde, mais qui ôte immanquablement toute substance au débat politique contemporain. La pantalonnade de cour d'école autour de la nouvelle dénomination de l'ex-UMP l'atteste : chacun accuse l'autre de s'approprier un terme censé appartenir à tous.

    UN MOT QUI RENVOIE À TOUT ET SON CONTRAIRE

    Pourquoi alors, répété comme un mantra, demeure-t-il aussi envahissant ? La « forme républicaine du gouvernement », comme il est dit dans la Constitution de 1958 sans que l'on sache de quoi il retourne exactement, est-elle menacée ? Mais même s'il continue à vivre intellectuellement, notamment dans les pages de ce magazine, le royalisme est politiquement mort depuis longtemps. Du Parti communiste au Front national, des souverainistes de droite aux fédéralistes de gauche, des plus libéraux aux plus étatistes, les républicains revendiqués sont partout. D'ailleurs, fait justement remarquer Rouvillois, le mot « République », res publica, la chose publique, synonyme le plus souvent d'État ou de communauté de citoyens, se retrouve dans les écrits officiels de la monarchie, mais aussi dans le langage courant de l'Ancien Régime. Monarchie et République ne s'oppose donc pas nécessairement, pas plus d'ailleurs que République et dictature, la première s'accommodant volontiers de la seconde. En témoignent de nombreux épisodes de notre histoire, du Comité de salut public au « Gouvernement de défense républicaine » de Waldek Rousseau en 1899. Songeant à la République romaine et à ses dictateurs, Mussolini ne disait-il pas que le fascisme est essentiellement républicain ? « Faute de définition claire, note notre auteur, on est obligé de reconnaître que tout le monde a le droit de se qualifier de républicain, dès lors que le mot de « République », auquel renvoie ce qualificatif, a lui-même recouvert à peu près toutes les hypothèses imaginables. »

    UNE RELIGION DE SUBSTITUTION

    Contrairement à ce que la répétition compulsive du mot voudrait laisser croire, il n'existe donc aucune définition de la République. Ni comme régime politique, ni comme doctrine ou comme philosophie hormis quelques vagues références à la devise abstraite de la Révolution française et à « l'esprit » des Lumières. Bref, « la République », comme essence, est une vue de l'esprit. Rouvillois dit : une légende. De fait, dans sa version française, qui est spécifique, cette légende s'est construite sous la Ille République et au moment de l'affaire Dreyfus quand elle s'est en quelque sorte figée en une « construction mythologique » et même en une « religion de substitution ». Une tentation que le régime républicain a eue dès son origine : en 1793, les Hébertistes ont institué le culte républicain de la Raison et Robespierre celui de l'Être suprême ; Michelet parlait d'ailleurs des Jacobins, le parti républicain par excellence, comme du « parti-prêtre ».... Mais c'est sous la Ille République que l'éducation fut conçue comme un conditionnement des esprits, un dogmatisme destiné à républicaniser le pays... et à lui faire oublier qu'il y avait eu une France avant 1789. La République, conclut Rouvillois, est un mot vide et sacré. Vide, parce qu'il renvoie à tout et son contraire. Sacré, car il exclut tout ce qui n'est pas lui : cela risquerait de « brouiller le récit légendaire, de le rendre incohérent, d'affaiblir son rôle mobilisateur »...

    Ainsi « la République », cette ancienne notion désignant le bien commun qui fut utilisé dans les ordonnances d'Henri IV et de François Ier, est-elle devenue, par glissements successifs, la religion républicaine d'un petit clergé qui sermonne, catéchise et excommunie au nom de « valeurs » à la fois absolues et contradictoires. En ce sens, elle est anti-démocratique puisqu'elle s'apparente à une prébende et justifie toutes les prévarications. Est-ce un hasard si ce qu'il est convenu d'appeler les « élites » - médias, pouvoirs publics, personnel politique -, ne disent presque jamais « la France » mais presque toujours « la République » ? « République » : ce mot-posture qu'en période de crise elles psalmodient en attendant le miracle... 

     - Politique magazine

     

  • Afrique centrale : la tragédie oubliée…, par Christian Vanneste.

    Le 9 Mars s’est déroulé au Sénat un passionnant débat consacré à « l’Afrique des Grands Lacs, 60 ans de tragique instabilité ». Pour beaucoup de Français, l’intérêt pour cette région du monde se limite au souvenir de l’intervention française de 1994, de l’opération « Turquoise ». Le gouvernement actuel du Rwanda, celui du Tutsi anglophone Paul Kagame qui, venu de l’Ouganda avec des troupes bien formées et équipées, s’est emparé du pays cette année-là, s’appuie, comme tous les régimes autoritaires, sur une vision monolithique de l’histoire : le Front Patriotique Rwandais, et son armée l’APR, formés par les Tutsis réfugiés en Ouganda a libéré le pays d’une clique extrémiste Hutu responsable du génocide des Tutsis entre avril et juin 1994.

    christian vanneste.jpgLa France aurait équipé et entraîné les militaires des Forces Armées Rwandaises coupables de ces atrocités, et l’intervention française aurait avant tout eu pour but de sauver ses alliés battus sur le terrain. Une polémique a été déclenchée contre la tenue de ce colloque par les partisans de cette thèse dans la mesure où les intervenants défendaient pour la plupart une autre version ou apportaient des informations qui élargissaient et approfondissaient la question. C’est toute l’Afrique centrale, et non le seul Rwanda, qui est le véritable enjeu des guerres et des violences, toujours en cours, dont ce pays a été le détonateur. Les intérêts économiques y jouent sans doute un rôle primordial. Ce sont les fins pour lesquelles les conflits ethniques et étatiques ne sont ici que des moyens. Derrière le Rwanda et l’Ouganda, il y a les Anglo-Saxons. La France n’a évidemment pas été complice du génocide, mais elle a été pour le moins maladroite. Si l’honneur de son armée est sauf, on ne peut pas en dire autant de l’habileté de ses politiques.

    Plusieurs enseignements de portée générale découlent de ce dossier. D’abord, les rapports de forces sont essentiels. Ceux qui parlent de solutions politiques finissent toujours par se soumettre à ceux qui imposent des solutions militaires. Les machiavéliques l’emportent toujours sur les belles âmes qui ont les mains blanches parce qu’elles n’ont pas de mains, comme disait Péguy. Ensuite, au-delà de la guerre et de la politique en général, il y a la communication. Le réel n’est que ce qu’on en dit. Certains événements sont grossis ou falsifiés, d’autres sont tus ou oubliés. Il est frappant de constater le silence médiatique sur la situation toujours tragique de cette région du monde quand on focalise au contraire l’intérêt sur d’autres. Enfin, on se trouve à nouveau confronté au masochisme national de la repentance qui permet à certains de nourrir le désenchantement à l’égard de notre propre pays.

    Au début était la convoitise, comme l’a souligné l’ancien Ambassadeur de France, Pierre Jacquemot. Lorsqu’un pays déborde de richesses naturelles, les risques de corruption, de sécession, de violences internes et de conflits avec des voisins hostiles s’accroissent. L’immense Congo est hélas une démonstration du théorème. Ce pays a été curieusement découpé au centre de l’Afrique par l’ambition coloniale et l’habileté diplomatique du roi Léopold II de Belgique, faisant l’acquisition à titre personnel d’un gigantesque territoire, à travers associations et sociétés privées, avant que son royaume n’en fasse une colonie, convertie au catholicisme par les Pères Blancs. Diversité des populations, difficultés des liaisons en raison des distances et des obstacles naturels, mais richesses prodigieuses du sous-sol : tous les éléments sont réunis pour doter ce géant africain de pieds bien fragiles avec un minuscule débouché océanique d’à peine 40 kilomètres sur une rive du Congo, et au contraire des provinces éloignées et exposées par leurs frontières à des migrations, voire des invasions de peuples ethniquement plus proches de leurs habitants que l’ethnie dominante dans la capitale. La décolonisation fut douloureuse, la partition évitée, et une longue dictature installée en 1965 avec le soutien de l’Occident, celle de Mobutu. La France a soutenu ce dictateur jouisseur et corrompu. Elle a même stoppé l’invasion venue de l’Angola, au sud, à Kolwezi en 1978.

    Les Anglo-Saxons ont par la suite, en 1986, facilité l’arrivée et le maintien au pouvoir d’un dirigeant autoritaire d’un autre type chez le voisin du Nord-Est, l’Ouganda, ancienne colonie britannique : Yoweri Museveni, un Tutsi, « Prussien de l’Afrique ». Depuis son pays, guidé dans une voie libérale et conservatrice permettant des progrès sociaux, a connu une croissance exemplaire consacrée par les instances internationales. Il s’est aussi doté d’une armée efficace qui a permis à l’Ouganda d’intervenir au-delà de ses frontières. A ses côtés, il y avait un Tutsi, protestant et anglophone comme lui, mais d’origine rwandaise, Paul Kagamé, qui a imité voire dépassé ce modèle en conquérant le Rwanda et en dirigeant ce pays en pleine expansion depuis 1994. Sa légende : après l’assassinat du président Hutu Juvénal Habyarimana, les extrémistes hutus ont déclenché le génocide des Tutsis, que son armée a arrêté grâce à sa victoire tandis que les Français après 3 mois d’expectative lançaient l’opération Turquoise pour permettre aux forces « génocidaires » de se replier au « Zaïre », le Congo de Mobutu.

    Le colloque du 9 Mars a écorné cette légende. Il n’est pas exclu que l’attentat contre l’avion présidentiel ait été commandité par Kagamé, que le génocide moins unilatéral qu’on le dit n’ait été accueilli comme une opportunité pour refuser tout accord avec les génocidaires. La poursuite des Hutus sur le territoire zaïrois et le soutien à Laurent-Désiré Kabila, en compagnie des Ougandais, pour renverser Mobutu, ont jeté le géant voisin dans une série de guerres et de désordres qui ne sont pas finis et qui ont sans doute coûté au Congo un déficit de 5 millions d’habitants. L’exploitation des richesses de l’Est du Congo n’est sans doute pas étrangère à la réussite économique des deux pays moins riches mais dirigés par des « despotes éclairés » soutenus par les Anglo-Saxons. La France a moins bien joué : si, sans le moindre doute, Turquoise a été humanitaire et a sauvé des milliers de personnes, le recul de l’influence politique et culturelle de notre pays dans cette région du monde est manifeste.

  • Soutien à Mathilde, oui, mais attention au « forçage idéologique » !

     

    Par Pierre Renucci 

    Cet article, paru dans Boulevard Voltaire le 27 février dernier, calme et dépasse largement par l'équilibre et la sagesse de sa réflexion les ardeurs et la tristesse de la polémique née autour de la jeune Mathilde. Les lecteurs de Lafautearousseau y réagiront sans-doute de diverses manières et y trouveront par ailleurs l'occasion de lire ou relire le remarquable article que Pierre Renucci avait donné ici il y a un peu plus d'un mois [Cf. Lien ci-dessous].   LFAR 

     

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    Quelle tristesse que cette polémique autour de la jeune Mathilde ! Sur le fond, il ne faut jamais attendre grand-chose d’une polémique. Elle n’est qu’un combat verbal où le mot l’emporte sur l’idée et où le slogan tient lieu de raisonnement. Ce n’est pas un hasard si le sens premier de polémique est « chanson guerrière » et si « slogan » vient d’un mot gaélique qui signifie « cri de guerre ». Certes, la polémique a son utilité : elle réveille les esprits et amène les plus curieux à réfléchir, c’est-à-dire à découvrir ce qui se cache derrière les mots chocs pour s’intéresser au fond des choses. En revanche, elle se révèle suicidaire lorsqu’elle amène les gens d’un même camp à s’invectiver.

    C’est la faute que commet Nicolas Kirkitadze, selon moi, dans son dernier article intitulé Jeanne d’Arc, soutien total à Mathilde. Je me permets de lui répondre « en camarade », et avec l’espoir que ce billet contribuera un tant soit peu à calmer les esprits. Cela m’est d’autant plus aisé que je soutiens, moi aussi, Mathilde.

    La différence tient à ce que je me refuse, en revanche, à taxer de racisme tous ceux qui contestent le choix porté sur cette jeune fille. Car c’est bien ce que fait cet article. Sous prétexte de l’inévitable utilisation des réseaux sociaux par des individus bas de plafond, pas une fois l’auteur n’envisage que les critiques puissent être fondées sur autre chose que le racisme. Se disant « patriote », il ne cherche pas à comprendre la perception que d’autres « patriotes » ont de l’affaire Mathilde. Au contraire, utilisant la vieille technique de la gauche contre ceux qu’il appelle ironiquement « ses camarades », il les marque d’infamie parce qu’ils ne pensent pas comme lui. 

    Bref. Laissons la polémique, surtout entre « camarades », et tentons d’y voir clair. Hormis les racistes véritables, personne ne conteste les qualités de Mathilde, ni qu’elle puisse, en droit, incarner Jeanne puisqu’elle répond à tous les critères requis par les règles des Fêtes johanniques. Le problème se situe donc ailleurs. Les réactions – parfois maladroites – à la nomination de Mathilde se comprennent si on les place dans le contexte délétère de la mondialisation et de ses effets pervers que l’on connaît bien : effacement des frontières ; submersion migratoire ; négation des nations et des cultures (surtout si elles sont blanches), des « genres », de la famille ; dénaturation de l’Histoire. Et, bien sûr, idéologie, typiquement raciste, du métissage. Je dis bien « typiquement raciste du métissage », car il n’y a aucune raison, autre que raciste, de vouloir une humanité ou même seulement une Europe ou une France métissée. 

    Il est compréhensible, dans ces conditions, que des « patriotes » voient sincèrement dans le choix de Mathilde une nouvelle provocation des « multiculturalistes ». Peut-on être sûr qu’ils se trompent ? Quoi qu’il en soit, les crispations sont telles que la commémoration symbolique d’une sainte française patriote devient, dans l’esprit de certains, une reconstitution historique. Eux-mêmes en sont plus ou moins conscients, d’ailleurs. Je me souviens d’un tweet qui disait à peu près : « Il y a quelques années, je n’aurais rien trouvé à redire. Enfant, j’ai vibré pour Marius Trésor et Tigana. Mais aujourd’hui, c’est du forçage idéologique. » L’expression de « forçage idéologique » me paraît définir judicieusement la propagande remplaciste que nous subissons.

    Je considère encore les Fêtes johanniques comme une communion symbolique autour d’une grande âme française. Je sais aussi que les « Français de cœur » sont plus français que bien des « Français de souche ». C’est pourquoi je soutiens Mathilde. J’espère, simplement, que les instances qui l’ont choisie sont pures de toute arrière-pensée.  

    Historien du droit, des institutions et des faits sociaux

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    Du même auteur, lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Le peuple français acceptera volontiers un Roi-conscience de la Nation ...

  • Du FN au RN : retour vers le futur

     

    Par François Marcilhac

     

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    Sauf surprise du vote des adhérents, le FNUF, fondé en 1972 par l’organisation Ordre Nouveau pour être sa vitrine électorale, aura bientôt vécu.
     
    Il est vrai que, depuis 1995, le Front national pour l’unité française était déjà simplement devenu, statutairement, le Front National. Il conviendra donc de passer du FN au RN, au Rassemblement national, des initiales que les royalistes connaissent bien (ce sont celles de la Restauration nationale)…Seuls 52 % des adhérents étaient favorables à un changement de nom : est-ce la raison pour laquelle celui-ci apparaît quelque peu cosmétique et… paradoxal, puisque, dans le même temps, Marine Le Pen se dit désormais favorable à une stratégie d’alliances ? Or, « Rassemblement national » est plus le nom d’un regroupement électoral de patriotes, comme pour les législatives de 1986, que celui d’un parti politique, à moins qu’avec lucidité, la présidente (100 % de voix pour sa réélection : elle était la seule candidate) ne sache bien que d’alliances, pour l’instant, il ne saurait être question et qu’on n’est jamais aussi bien rassemblé qu’avec soi-même, ce qui peut déjà apparaître comme un gageure pour un parti politique qui traverse une crise profonde de crédibilité.

    National, social et populaire

    C’est dans la grande tradition du FN canal historique, celui qui, au début des années 1970, se démarquait à peine du Mouvement social italien (MSI), non seulement dans la flamme tricolore qu’il avait reprise aux néo-fascistes, et que le Rassemblement national conservera, mais également dans le vocabulaire lui-même, que Steeve Briois a rappelé au Congrès que le FN est avant tout un mouvement national, populaire et social. Une trilogie, en effet, que Jean-Marie Le Pen n’a cessé de marteler tout au long de l’histoire du mouvement pour bien montrer la spécificité de la droite nationale, par rapport à la droite libérale ou conservatrice. Et ce ne sont certainement pas les résultats encourageants de l’alliance électorale italienne entre la Lega, Fratelli d’Italia (héritiers du MSI, dont ils ont repris la fiamma tricolore) et Forza d’Italia (sur la pente descendante) qui inciteront le FN à changer de ligne. D’où aussi, nous l’avons dit, une stratégie d’alliances voulue par Marine Le Pen, qui serait à coup sûr gagnante, car, de même que l’électorat de gauche dès 1934 ou 1972, assurément, l’électorat patriote, toutes droite confondues, avaliserait une telle stratégie si celle-ci se dessinait… Mais, c’est bien connu, nous avons la droite la plus bête du monde… Ou, surtout, la plus aliénée. Ce n’est pas le cadavre du fascisme qui bouge encore, et qui obnubile la droite, mais bien plutôt celui de Mitterrand, dont le totem interdit comme un tabou toute alliance de la droite libérale ou conservatrice avec la droite nationale, sociale et populaire. Ce qui est possible, par exemple, en Autriche ou en Italie, est impossible en France. On peut, on doit, d’un point de vue électoral, le regretter. Mais c’est un fait. Et c’est sur des faits qu’il faut construire l’analyse politique.

    Une base militante encore saine

    On ne peut en revanche qu’être rassuré qu’après plusieurs années de philippotisme, la base militante du FN futur RN soit restée aussi saine, en dépit peut-être de cadres dirigeants qui, par aveuglement, auraient certainement préféré une plus grande transformation idéologique de l’adhérent-type. Si, sur la question de l’euthanasie, un flottement s’observe, si la peine de mort (nous ne nous en plaindrons pas) est largement devancée par le souhait de voir établir une vraie perpétuité incompressible, pour le reste, l’adhérent du FN continue, à de larges majorités, à promouvoir une vision de la nation et de la société qui soit conforme à la doctrine sociale de l’Eglise, qu’il s’agisse de l’immigration, du mariage homo, de la GPA ou de la PMA. Comme quoi Marine Le Pen a commis une faute lourde qu’elle a payée à l’élection présidentielle en ne s’étant pas davantage engagée dans les manifestations contre la dénaturation du mariage et qu’elle doit absolument le faire dans les luttes à venir contre la marchandisation du corps de la femme et de l’enfant à naître. Comme quoi aussi, c’est bien Marion Maréchal-Le Pen qui incarnait le mieux, les années précédentes, l’ADN idéologique du mouvement. Et pourrait de nouveau l’incarner. Car ces résultats prouvent qu’on peut être à la fois un grand mouvement national, social et populaire et refuser les fausses évolutions sociétales. L’effet de cliquet n’existe que dans les têtes de politiques sans conviction.  •  
  • La France, homme malade de l’Europe ?, par Christian Vanneste.

    Ce n’est pas très agréable mais c’est une évidence ! La France est « l’homme malade de l’Europe » ! Depuis que le Tsar Nicolas 1er avait employé cette expression à l’encontre de l’Empire Ottoman, elle a fait florès. Elle désigne l’Etat qui s’enfonce, qui se noie, qui est à la veille de disparaître : les empires turc ou autrichien se sont ainsi disloqués après que ce diagnostic les eut visés . On n’imagine pas qu’un tel destin puisse advenir à notre pays…

    christian vanneste.jpgEt pourtant, des décennies de mauvaise gouvernance, une économie en capilotade, des finances vérolées, des services publics de moins en moins performants, une nation qui « s’archipélise », un peuple qui s’éloigne avec dégoût des isoloirs et des urnes… Les symptômes du mal sont nombreux et envahissants, mais l’oligarchie politique, administrative, financière et médiatique qui publie les bulletins de santé se veut rassurante. Un cancer ne peut pas être un bon médecin.

    45 ans de déficits budgétaires, un endettement qui croît d’année en année, des prélèvements obligatoires qui atteignent des sommets, une dépense publique de moins en moins maîtrisée, un commerce extérieur déséquilibré à notre détriment, une industrie qui joue les peaux de chagrin, un chômage qui gangrène la population active, une atmosphère politique qui désespère les citoyens. Plus personne n’ose parler du « modèle français » qui ressemble de plus à un épouvantail : la caricature de ce qu’il ne faut pas faire ! Les Français, en bons catholiques croyants ou non attendaient tout du Dieu-Etat, plutôt que d’eux-mêmes. Une élite reconnue pour sa compétence dirigeait tout depuis Paris, se procurait en impôts les moyens d’une providence inégalitaire auprès des Français assistés. La redistribution compensait royalement les inégalités. Les Français, par coutume, râlaient, mais oscillant entre une gauche « généreuse » avec l’argent factice et une droite élue avec des promesses de matamore et rejetée après un bilan timoré, ils accumulaient les avantages, la diminution du temps de travail, dans la vie, dans l’année, dans la semaine, les emplois publics hyper-sécurisés, comme si l’heure des comptes ne viendrait jamais. Le peuple souverain avait, puisqu’il était le roi, fait sienne la maxime prêtée sans doute à tort à Louis XV : « Après moi, le déluge » ! L’explosion des familles considérée comme un « progrès », et la déconstruction systématique de l’enseignement de notre histoire ont brisé la chaîne générationnelle. « Carpe Diem », « Cueille le jour présent », ce précepte hédoniste d’Horace est sympathique chez les poètes, disparus ou non, mais devrait conduire les politiciens qui s’en réclament devant le tribunal du peuple. Gouverner, c’est prévoir… prévoir, non sa réélection, mais les mesures qui peuvent assurer le salut public, le bien commun au moins à moyen terme….

    Lorsque la dépense publique atteint 57% du PIB d’un pays (Allemagne : 44%), que les prélèvements obligatoires vampirisent sa production de richesses à hauteur de 46% ( Allemagne 37%), on peut espérer que le socialisme au pouvoir garantisse au moins des services publics irréprochables, une formation performante des enfants, une protection de tous les habitants, ou au moins des nationaux, face au aléas de l’existence, comme les maladies, les catastrophes naturelles, les accidents, et la délinquance, présente dans tous les pays, mais à des degrés divers. La Scandinavie est souvent donnée en exemple de ce choix politique. Ce n’est déjà plus tout-à-fait vrai pour la Suède qui a entrepris des réformes il y a des décennies quand elle était au bord du gouffre. Le Danemark fait encore bonne figure, mais il est désormais derrière la France pour la dépense publique et les prélèvements… et il a gardé sa monnaie et bénéficie d’une fiscalité qualitativement très différente de celle que nous subissons, notamment en ayant mis en oeuvre la TVA sociale depuis très longtemps.

    La maladie française se traduit par le fait que justement, dans notre pays écrasé de taxes, de réglementations, et pourvu d’une armée de fonctionnaires (qui confirme la boutade de Clémenceau : La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts.), les administrations fonctionnent mal, les services ne sont plus assurés au public, et cela d’autant plus qu’ils sont plus nécessaires. L’Etat régalien ne remplit plus, ou très mal, ses missions : c’est avec effroi que les Français ont appris que Dijon avait été abandonnée pendant plus de deux jours à un règlement de comptes entre Tchetchènes et Maghrébins, armés ! Mais depuis, une gendarme ( Mélanie Lémée), un chauffeur de bus (Philippe Monguillot), et bien d’autres victimes soulignent « l’ensauvagement » d’un pays qu’on a transformé en un vaste terrain vague en forme d’hexagone destiné à accueillir tout la misère du monde. Partout, aux yeux de tous, une économie de trafics se répand, les zones de non-droit prolifèrent, et ce sont désormais les gendarmes, les policiers, mais aussi les pompiers, les personnels des urgences qui ont peur ! Pasqua disait qu’il fallait terroriser les terroristes ? Maintenant, la peur du gendarme, c’est la peur de celui qui dit à ses enfants : « surtout, à l’école, ne dîtes pas que papa ou maman sont gendarmes ou policiers ! La Justice est toujours à la portion congrue, mais contaminée par l’idéologie et la politique, elle étale au grand jour son impuissance et parfois sa nocivité. Qu’en pensent les parents de Thomas qu’un délinquant libéré trop tôt a assassiné ? L’école dont nous étions si fiers descend une à une les marches du classement PISA. C’est l’extrême-Orient qui brille désormais, comme c’est le cas aussi en matière de santé. Sans doute ce domaine est-il le mieux placé pour que les Français prennent conscience de la maladie. Nous pensions avoir le meilleur système de santé du monde : il a été terrassé par le Covid-19 !

  • La semaine progressiste de Jeremy Stubbs.

    Qui mérite notre Palme d'or du progressisme cette semaine?

    Le palmarès de la semaine. Chronique

    Source : https://www.causeur.fr/

    Quel est le plus grand délire progressiste de cette semaine ? Avec une hâte coupable, certains s’empresseront de citer le cas du célèbre roman d’Agatha Christie, Dix Petits Nègres, dont la traduction française vient d’être rebaptisée. Le nouveau titre, Ils étaient dix, permet d’éviter toute connotation raciste. Non que ce bestseller – un des plus grands de tous les temps avec plus de 100 millions d’exemplaires vendus – traite explicitement de questions de race.

    Non que ce bestseller – un des plus grands de tous les temps avec plus de 100 millions d’exemplaires vendus – traite explicitement de questions de race. Il s’agit plutôt d’une chanson enfantine servant à compter à rebours et qui, dans le récit, rythme l’élimination progressive des dix victimes. Publié d’abord au Royaume-Uni en 1939, Ten Little Niggers n’a jamais porté ce titre aux États-Unis où l’usage du « N-word » était déjà proscrit et où le dernier vers de la comptine, And Then There Were None, y a été substitué. L’édition britannique a suivi l’exemple américain en 1985. Aujourd’hui, une telle réécriture ne choque plus, étant donné le caractère offensant du mot. En France, on ne fait que se conformer à l’approche anglo-saxonne, déjà ancienne. Ce cas est donc très loin de mériter le Palme d’or du progressisme. Il révèle surtout combien la France est en retard. Ne nous inquiétons pas : son heure sonnera. Mais pour le moment, cherchons ailleurs.

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    Agatha Christie

    Plusieurs vidéos sont devenues virales à la suite des nouvelles manifestations Black Lives Matter provoquées par l’incident du 23 août au cours duquel un homme noir, Jacob Blake, a été grièvement blessé par des policiers dans l’état de Wisconsin. Ces vidéos, tournées à Washington, montrent des manifestants qui harcèlent des clients blancs attablés dans des restaurants afin de les forcer à lever le poing en guise de solidarité. Le refus obstiné des victimes à s’exécuter ne fait que redoubler l’hostilité des hordes vociférantes qui scandent « le silence des Blancs, c’est de la violence ! » (« White silence is violence ») et dont certains membres vont jusqu’à hurler face au visage des convives. Une femme particulièrement prise pour cible par les agresseurs a révélé par la suite qu’elle s’était manifestée auparavant avec le mouvement Black Lives Matter mais qu’elle rechignait à céder à une telle forme de coercition. Il s’agit d’un très bel exemple de cette combinaison spéciale de brutalité et de pharisaïsme qui caractérise les bien-pensants, mais qu’importe l’inconfort passager de quelques Blancs ? Cherchons plutôt une nation entière à bafouer.

    À Londres, depuis 125 ans, la période estivale est marquée par huit semaines de concerts quotidiens de musique classique qu’on appelle les « Promenade Concerts » ou tout simplement les « Proms ». Organisée par la très étatique BBC et tenue dans la grande salle de concert, The Royal Albert Hall, la série culmine le deuxième samedi de septembre avec un grand spectacle final, intitulé « The Last Night » (« la dernière nuit »), couronné par un pot-pourri de chansons de marins et d’hymnes patriotiques. La foule en délire, brandissant le drapeau national par milliers, accompagne les chanteurs professionnels qui s’époumonent à faire entendre des classiques comme « Rule Britannia » et « Land of Hope and Glory » (« Terre d’espoir et de gloire »). Or, cette année, la BBC, un véritable nid de progressistes, a annoncé que, dans le contexte de Black Lives Matter, elle réfléchissait à une « modernisation » du programme, encouragée par le chef d’orchestre, la Finlandaise, Dalia Stasevska, très engagée pour la cause #BLM (mais qui depuis a nié toute implication dans l’affaire). Cette « modernisation » allait consister surtout à déprogrammer ces chansons patriotiques dont les paroles exprimeraient un nationalisme excessif et donc non-« inclusif », selon le jargon en vogue. Un professeur de l’Université de Birmingham, Kehinde Andrews, spécialiste des « études noires » (« Black Studies »), a jeté de l’huile sur le feu en déclarant que ces œuvres représentaient une forme de propagande raciste et colonialiste. Devant le tollé public provoqué par cette nouvelle, la BBC a finalement annoncé que les chansons seront maintenues mais sans les paroles, prétextant le fait que cette année il n’y aura pas de public présent dans la salle et que les forces orchestrales seront réduites. Cette offensive contre l’orgueil national mérite largement la médaille d’or de la folie progressiste, d’autant qu’elle est empreinte d’une ignorance historique et philologique tout au déshonneur des bien-pensants. Dans « Rule Britannia », qui date du XVIIIe siècle, les paroles nous apprennent que, tant que la marine sera forte, les Britanniques pourront repousser tous les tyrans étrangers et ne seront donc jamais des esclaves. Il s’agit d’un vocabulaire hérité de l’antiquité classique qui n’a rien à voir avec la traite atlantique. Dans « Land of hope and glory » on entend le mot Empire : il ne désigne pas littéralement l’empire colonial mais la puissance de la patrie. Cependant, ce triste épisode a une fin heureuse, grâce à deux personnalités. D’abord, le premier ministre, BoJo, contre l’avis de ses conseillers, a dénoncé publiquement ce rejet honteux de l’histoire britannique. Ensuite, il y a l’initiative de l’acteur, Laurence Fox, que les Français peuvent voir dans la série Inspecteur Lewis diffusée sur France 3, et qui est devenu un véritable héros populaire après une intervention à la BBC, l’année dernière, où il a nié énergiquement que le Royaume-Uni soit un pays foncièrement raciste. Fox a demandé à ses nombreux suiveurs sur Twitter d’acheter « Land of hope and glory » dans une version précise, interprétée par Vera Lynn, la chanteuse de la « We’ll meet again » (« Nous nous reverrons »), citée par la Reine Élisabeth à la fin de son célèbre discours télévisé du 5 avril au plus fort de la crise sanitaire. Le résultat en est que, aujourd’hui, « Land of hope and glory » est numéro un sur i-Tunes, devant toutes les niaiseries branchées de la musique populaire contemporaine. Les progressistes en tireront-ils une leçon ? Probablement pas, tant il est vrai que, selon Frédéric Bastiat : « Trop de gens se placent au-dessus de l’humanité pour la régenter. »

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    Le Royal Albert Hall

  • Attentat de Nice Les politiques au pied du mur, par Véronique Jacquier.

    Face à la menace terroriste, hommes et femmes politiques sont conduits à répondre au défi civilisationnel qui se pose désormais en France.

    « Aujourd’hui les mots ne suffisent plus. Il n’y a pas d’avenir ni de relèvement de la France si elle n’assume pas ses racines chrétiennes. » Ainsi parle le député européen François-Xavier Bellamy. Mais quelle forme pourrait prendre cette affirmation de notre identité ?

    6.jpgNadine Morano, elle aussi députée européenne, demande depuis longtemps l’inscription de nos racine chrétiennes dans la Constitution. « Au départ je le souhaitais pour en finir avec les querelles émanant de laïcards extrémistes. Pour garder nos croix autour du cou, pour conserver nos sapins de Noël dans les écoles et nos crèches dans les mairies. Depuis des années on assiste à des dérives. Mais il y a maintenant le sujet de l’islamisme qui s’infiltre dans toutes les couches de la société à commencer par l’école. Nous avons commencé à légiférer avec les premières provocations sur le port du voile en 1989. Mais nous n’en sommes plus là ! La situation est grave ! Nous sommes face à une immigration massive de jeunes hommes majoritairement musulmans, qui arrivent d’Afrique sub-saharienne. Il faut leur envoyer un signal en leur montrant qu’ils arrivent sur une terre chrétienne qui l’assume avec ses églises et ses valeurs. Écrire nos racines chrétiennes dans la Constitution permettrait d’affirmer : voilà ce que nous sommes sur la terre de France. Vous êtes chez des chrétiens. Ce qui oblige à un devoir d’assimilation et de respect. Ne pas le faire, ne pas le dire, c’est renoncer à se présenter et à afficher notre carte d’identité. C’est d’autant plus important que la majorité des personnes qui viennent sur notre sol méprisent notre laïcité et notre spiritualité chrétienne. »

    Seul le constat est partagé

    Nadine Morano se sent bien seule pour porter une telle demande d’affirmation de valeurs au sein de sa famille politique. Même si le constat est partagé par Pierre-Henri Dumont, le député LR du Pas-de-Calais. « Oui nous sommes attaqués parce que nous sommes un peuple chrétien. Mais l’attentat contre Charlie Hebdo c’était au nom de la liberté d’expression. C’est la France dans son ensemble qui est maintenant attaquée. Agir pour affirmer une identité chrétienne ne règlerait qu’une partie du problème. »

    L’élu ne cache pas d’ailleurs combien il est difficile d’aborder ces questions dans la sphère publique : « Quand je donne une interview à la télévision, j’ai au maximum dix minutes pour faire entendre mon point de vue. Comment voulez-vous aborder la question du catholicisme sans apporter à la fois de la complexité et de la nuance ? »

    Et l’élu d’ajouter : « Il faut effectivement être vigilant, pour ne pas voir dans quelques années les lois françaises devenir compatibles avec les lois musulmanes ! » Mais malgré cela, il n’est pas possible pour lui aujourd’hui d’aller au fond du problème : « Plutôt qu’une inscription dans la Constitution, je préférerais voir l’autorité réaffirmée pour diriger notre pays. En premier lieu à la tête de notre pays ! Mais aussi dans les familles des terroristes et d’une bonne partie de notre jeunesse issue de l’immigration et en mal d’intégration. Où sont les pères ? »

    L’autorité d’abord

    « Il faut faire de la politique avec l’autorité nécessaire pour gouverner », poursuit Pierre-Henri Dumont. « Et si un président est capable de nous affirmer d’une façon "paternelle" qu’il faut assumer nos racines chrétiennes, eh bien nous le ferons. Car personne ne peut douter d’une histoire de quinze siècles de christianisme depuis le baptême de Clovis ! » Les derniers attentats qui ont touché la France mettent donc les politiques au pied du mur, face à des défis essentiels de civilisation.

    Mais il n’y a pas, pour l’instant, parmi les élus, de potentiel Clovis, même païen, capable de réaffirmer l’identité chrétienne du pays. Patrick Karam, vice-président de la région Île-de-France, proche de Valérie Pécresse, appelle au pragmatisme : « L’urgence n’est pas à l’inscription des racines chrétiennes dans notre Constitution. Nous ne sommes pas capables pour l’instant d’avoir un débat sur cette question. Et surtout une telle inscription pour quoi faire ? Avec des déclarations de principe, on ne gagnera pas la guerre. Où serait la valeur opérationnelle d’une telle déclaration ? »

    Demande de protection

    « Je préfère d’abord, souligne-t-il, protéger mes concitoyens en revoyant la législation pour mieux les protéger contre le terrorisme. » En revanche, nuance Patrick Karam, « il y a deux sujets qui portent les valeurs du christianisme à défendre. Premièrement : que faisons-nous contre les juges européens qui prônent en permanence des valeurs qui ne permettent pas de défendre notre identité ? Deuxièmement : quand allons-nous de nouveau affirmer nos valeurs de civilisation au Moyen-Orient ? Partout la liberté recule ! Il y a quarante ans, les femmes se promenaient tête nue en Égypte, au Maroc, en Afghanistan. La France n’est pas que la République. Elle a perdu sa valeur de persuasion dans le monde car elle n’est plus la France. Il aurait fallu intégrer les racines chrétiennes dans la Constitution de 1958. Maintenant c’est impossible. Emmanuel Macron devrait réunir le Sénat et l’Assemblée nationale à Versailles et obtenir une majorité. Il ne l’aura jamais. »

    Pour sa part, Nadine Morano reconnaît que, pour l’instant, il est compliqué de modifier nos lois fondamentales pour y inscrire notre ADN spirituel. Mais « on ne peut pas laisser la France en l’état sans mener ce débat. Il faut expliquer ce que nous sommes. Nicolas Sarkozy avait commencé à le faire lors de son quinquennat mais il n’est pas allé jusqu’au bout ».

    Pour elle, comme pour Patrick Karam et Pierre-Henri Dumont, il y a en tout cas une urgence : faire aimer les racines chrétiennes de la France à l’école. Reparler des martyrs de la Gaule, comme sainte Blandine, qui ont disparu des programmes. « On n’a plus de roman national ! Et ceux qui sont le plus en demande sont nos compatriotes non croyants de culture catholique », souligne Nadine Morano.

    Faire connaître ce que nous sommes se révèle être, bien plus que le vivre ensemble, le programme politique des années à venir. Nous en voyons poindre la genèse.

    Source: https://www.france-catholique.fr/

  • Éphéméride du 31 décembre

    1578 : Henri III fonde l'Ordre du Saint Esprit (ici, Collier, époque Restauration)

     

     

     

    406 : Les tribus barbares franchissent le Rhin 

     

    La tradition rapporte que cela s'est passé dans la région de Mayence, durant la nuit du 31 décembre : cette année-là, en effet, un hiver exceptionnellement rigoureux a gelé le fleuve durablement et en profondeur.

    Mais il a certainement fallu, en fait, beaucoup plus d'une nuit...

    Et, en réalité, cette grande poussée des peuples barbares n'est qu'une conséquence : au fin fond de l'Asie, les Huns ont entamé leur migration vers l'ouest, et chassent les Vandales et les Sarmates, qui à leur tour chassent les Goths (Wisigoths et Ostrogoths) et ainsi de suite, par effet de domino...

    Le limes rhénan (ci dessous, reconstitution dans la région de Mayence) ne peut plus suffire à contenir la poussée : ce sont les Grandes Invasions... 

    https://whc.unesco.org/fr/list/430/

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    Une partie du Limes, tel qu'il devait se présenter, reconstituée dans la région de Mayence...

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    1491 : Naissance de Jacques Cartier

     

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    Manoir-musée Jacques Cartier, Limoëlou :
      
     
     
     

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    1578 : Création de l'Ordre du Saint-Esprit par Henri III

     

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    Collier époque Restauration - Modèle en usage entre 1783 et 1830
     
     
     
     Tous les ordres royaux furent supprimés à la Révolution;
     une salle leur est consacrée dans le Musée de la Légion d'honneur :
     
     
     

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    1671 : François d'Orbay est admis à l'Académie royale d'architecture

     

    Il est l'auteur du splendide Escalier des Ambassadeurs, à Versailles, qui sera malheureusement détruit, sous le règne de Louis XV (ci dessous, reconstitué en 3D).

    Sauval, dans son Histoire et recherche des antiquités de la ville de Paris (1704), donne une bonne idée de l'estime dans laquelle était tenu d'Orbay lorsqu'il écrit (quand il aborde les apports de Le Vau à l’agrandissement du Louvre) :

    "Ces grands travaux ont été commencés en 1667 et conduits en l’état où on les voit à présent en 1670 par les soins et sur les dessins de Louis Le Vau, premier Architecte du Roi, lequel eu la direction des bâtiments royaux depuis l’année 1653 jusqu’en 1670 qu’il est mort. François d’Orbay son élève ne contribua pas peu à la perfection de ce bel ouvrage et c’est à ces deux excellents architectes à qui l’on doit attribuer la gloire du dessein et de l’exécution de ce superbe édifice..."

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    On peut avoir aussi une petite idée de la splendeur de cet Escalier des Ambassadeurs en visitant le château d'Herrenchiemsee, que le roi Louis II de Bavière fit édifier à quelques kilomètres de Munich, en Bavière : construit - les architectes prenant  cependant beaucoup de libertés et de "fantaisie"... - sur le modèle et à l'imitation de Versailles, ce château possède une "réplique" approchante de l'Escalier des Ambassadeurs : voir notre Éphéméride du 31 mai

     

    http://www.versailles3d.com/fr/au-cours-des-siecles/xviiie/1752.html

     

     

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    1760 : Mort de Jean Moreau de Séchelles

     

    Image dans Infobox.

    Tout le monde, ou presque, connaît les îles Seychelles. Mais fort peu savent de qui elles tirent leur nom...

    Ce nom, légèrement transformé, leur vient de Jean Moreau de Séchelles, qui servit le roi Louis XV - et la France - en devenant Maître des requêtes (le , puis Intendant du Hainaut à Valenciennes (de 1727 à 1743), puis Intendant de Lille (de 1743 à 1754) et des Flandres (de  à ).

    Nommé Contrôleur général des finances le l conserva son poste jusqu'au isposait de la confiance du roi. Devenu Ministre d'État en 1755, il participa activement au Renvoi des Parlements et il fut également membre honoraire de l'Académie des sciences en , et vice-président (1756) puis président (1757) de cette Académie.

    En 1710, il acheta la terre de Cuvilly, dans l'Oise, qui appartenait aux seigneurs de Séchelles, et prit alors le nom de Moreau de Séchelles : son petit-fils étant ami avec le navigateur Bougainville, les îles Seychelles, cédées à la Compagnie française des Indes orientales en 1756, ont reçu leur nom en son honneur.

    Hélas, la cession ne fut que temporaire... 

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    https://www.seychelles.fr/archipel.php

     

     

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    1776 : Benjamin Franklin arrive à Versailles

     

    Il a débarqué à Auray le 3 décembre, et vient à Paris pour demander au roi Louis XVI l'aide de la France...

    Le 17 décembre 1777, Louis XVI, se rangeant à l'avis du Comte de Vergennes, acceptera de reconnaître l'indépendance des États-Unis d'Amérique, et d'aider les Insurgents (voir l'Éphéméride du 17 décembre)

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    1805 : Fin du Calendrier révolutionnaire

     

    Pièce majeure dans l'essai de destruction et de remplacement de l'ancienne religion (le catholicisme) par la nouvelle, ce calendrier avait été institué le 24 novembre 1793, et faisait partie des mesures tendant à la déchristianisation totale de la France entreprise par la Révolution :

    Pendant 11 ans et onze mois, l'année ne commença plus le 1er janvier mais le 22 septembre, date de l'équinoxe d'automne et anniversaire de la République. Elle était divisée en douze mois égaux de trente jours. Les cinq journées restantes, en septembre, étaient dévolues aux fêtes laïques: il s'agissait des "sans-culottides".         

    • Les noms des mois étaient évoqués de façon poétique :

    - l'automne annonçait les vendanges (vendémiaire), les brumes (brumaire), les frimas (frimaire);

    - en hiver, nivôse signalait l'arrivée du temps des neiges, pluviôse la saison des pluies, ventôse celle des vents;

    - le printemps s'ouvrait avec germinal (la germination), suivi de floréal avec ses fleurs et de prairial et ses prairies;

    - l'été, enfin, s'épanouissait avec les moissons de messidor, la chaleur des bains de thermidor, avant de s'achever parmi les fruits de fructidor.

  • Sur Sud Radio avec André Bercoff, Jérôme Rivière : « L’Union Européenne ne défend pas ses frontières ».

    André Bercoff a reçu Jérôme Rivière, député européen du Rassemblement national, président de la délégation française du Groupe Identité et démocratie.


  • Sur Sud Radio, Maitre Bonaggiunta ”Les femmes victimes de violences conjugales viennent de tous milieux”.

    Janine Bonaggiunta, avocate pénaliste française, reconnue comme pionnière de la lutte contre les violences conjugales.


  • Sur le Cercle Aristote, Pierre-Yves Rougeyron : Camélia Jordana, bécasse contre poulet.

    Pierre-Yves Rougeyron revient sur les récentes déclarations de Camélia Jordana sur la police française.

  • Discours prémonitoire avant les attentats du 13 novembre ...

    « Le grand Bainville »

     

    Une intervention plus qu'actuelle d'Eric Zemmour devant la 17e chambre correctionnelle
     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgC’était il y a près de cent ans. La Première Guerre mondiale venait de s’achever. Le traité de Versailles avait été signé. Un grand économiste, le plus grand de son temps, l’Anglais John Maynard Keynes, publiait un ouvrage, Les Conséquences économiques de la paix, pour expliquer que la France et les vainqueurs avaient été trop durs envers l’Allemagne vaincue, et qu’en particulier celle-ci ne pourrait jamais payer les énormes réparations pécuniaires réclamées. Un grand historien français, journaliste de profession, Jacques Bainville, lui répondit dans un livre intitulé Les Conséquences politiques de la paix. Il expliqua au contraire que le traité de Versailles avait été, selon sa célèbre formule qu’on apprenait naguère dans les cours d’histoire, « trop mou pour ce qu’il avait de dur et trop dur pour ce qu’il avait de mou ». Mais cet affrontement de points de vue sur le traité de Versailles n’intéresserait plus aujourd’hui que les historiens si, dans son livre, Jacques Bainville n’avait, avec une prescience extraordinaire, annoncé tous les événements qui conduiraient à la guerre, la remilitarisation de la Rhénanie, l’Anschluss avec l’Autriche, le dépeçage de la Tchécoslovaquie, le pacte germano-soviétique et l’attaque de la Pologne, avant celle de la France et de l’Angleterre.

    Jacques Bainville prophétisait ces événements en 1920 alors même qu’Hitler n’était encore qu’un peintre raté. À l’époque, Bainville fut violemment attaqué par les Anglais et Keynes bien sûr, mais aussi et surtout par la gauche. Sa proximité avec l’Action française en faisait une cible facile. Il fut moqué, insulté, accusé d’être germanophobe, xénophobe, belliciste. Toute la gauche l’accusait de monter les Français contre les Allemands, de pousser à une nouvelle guerre, d’être un criminel, alors qu’il voulait seulement mettre en garde ses compatriotes contre les illusions et la naïveté. Il en tira une leçon que je vous livre : « Les démocraties ont coutume de reprocher à ceux qui ont prévu les événements de les avoir causés. »

    Et encore, le grand Bainville ne savait pas qu’on pouvait être attaqué pour des mots qu’on n’avait pas prononcés, qu’on n’avait même pas entendus. Il ne savait pas qu’on pouvait être renvoyé par un de ses employeurs, en l’occurrence i>Télé, parce que des propos prononcés dans un journal italien n’avaient pas l’heur de plaire ni à la directrice de l’antenne ni à la rédaction. Il ne savait pas que l’expression liberté d’opinion ne valait que pour les dessinateurs de Charlie Hebdo. Il ne connaissait pas les beautés cachées de la loi Pleven, des délices et poisons de l’incitation à la discrimination et à la haine raciale. Il ne savait pas, l’heureux homme qui vivait dans une République qui respectait encore les libertés fondamentales, qu’on pouvait être traité comme un délinquant parce que ses idées ne plaisaient pas au pouvoir.

    Il ne savait pas que la gauche, la gauche bien-pensante, la gauche humaniste, si bienveillante et pacifique, si laïcarde et anticléricale, avait rétabli subrepticement le délit de blasphème, qui avait été aboli à la Révolution. Oui, le délit de blasphème ! Bien sûr, il ne s’agit plus de condamner le chevalier de La Barre parce qu’il n’a pas ôté son chapeau devant une procession catholique. Mais il s’agit de condamner quiconque n’ôterait pas respectueusement son chapeau devant la nouvelle religion, la nouvelle doxa antiraciste, celle de l’identité heureuse, comme dit un ancien Premier ministre, celle du pas d’amalgame, celle de l’islam modéré, religion d’amour et de paix, celle de l’intégration harmonieuse dans le respect des différences.

    Oui, tous ceux qui ne croient pas en cette nouvelle religion, tous ceux qui n’ont pas la foi doivent se taire ou être condamnés.

    Ou plutôt, pour que la masse continue à se taire, il faut que certains soient condamnés. J’ai l’honneur, je dis bien l’honneur, d’être devenu une cible privilégiée. La cible privilégiée parce que mes livres ont beaucoup de succès, parce que mes interventions sont regardées, écoutées. Mes adversaires croient que je suis un danger parce que je convaincrais les Français alors que ce sont les Français qui reconnaissent en moi ce qu’ils pensent tout bas. Illusions du nominalisme !

    Quand l’historien Georges Bensoussan dit dans Le Figaro : « Nous sommes en train d’assister en France à l’émergence de deux peuples, au point que certains évoquent des germes de guerre civile », que dit-il de différent de moi ? Quand il évoque le témoignage de policiers, d’élus, de mé decins aux urgences, « le sentiment que deux peuples sont en train de se former, côte à côte, et qui se regardent souvent avec hostilité, ce sentiment-là est aujourd’hui partagé par beaucoup », pourquoi lui et tous ces témoins ne sont pas traînés comme moi devant ce tribunal ?

    Il y a quelques mois, lors d’un autre procès – puisque je passe, désormais, une partie de ma vie au palais de justice -, la représentante du parquet me demandait si ma première condamnation, il y a quatre ans, m’avait conduit à changer mes méthodes de travail. Je lui renverrai aujourd’hui sa question : est-ce que la relaxe dont j’ai bénéficié dans une récente affaire a conduit le parquet à changer ses méthodes de travail ? Est-ce que le parquet s’est remis en cause ? Est-ce qu’il a décidé de ne plus se mêler de la vie des idées en France ? Est-ce qu’il a enfin décidé de ne plus instrumentaliser une loi pleine de belles intentions pour en faire une arme politique ? Est-ce qu’il a enfin compris que son rôle était non pas de criminaliser les opinions dissidentes mais de protéger les citoyens contre les voyous, et accessoirement de respecter la liberté de pensée et d’opinion en France, un de nos acquis les plus précieux hérités des générations précédentes ? Est-ce que ces messieurs-dames du parquet ont admis, enfin, qu’ils n’étaient pas là pour imposer l’idéologie politique de leur ministre, aussi charismatique soit-elle, de leur syndicat, aussi impérieux soit-il, ou plus prosaïquement leurs propres convictions politiques, aussi légitimes soient-elles ?

    Quand le ministre de la Justice – madame Taubira, pour ne pas la nommer -, avertit dans une interview qu’il faudra compter de plus en plus avec les « gens comme nous, car ils seront de plus en plus nombreux », que fait-elle d’autre sinon opposer une partie des Français à une autre, séparés par l’origine, la race, la religion ? Est-ce que le parquet a dit quelque chose ? Quand le Premier ministre parle d’apartheid, ne fait-il pas référence à la séparation géographique de deux peuples, selon le modèle des Blancs et des Noirs en Afrique du Sud ? Séparation géographique, raciale, culturelle, avec chacun ses règles, ses lois. Je n’ai pourtant pas entendu une plainte du parquet.

    Quand le parquet cessera-t-il de servir de relais à des lobbys antiracistes qui vivent du racisme, ou du prétendu racisme (et encore : de manière hémiplégique), comme d’autres vivent de la défense des baleines ou des ours ? Jusqu’à quand le parquet alimentera-t-il une logique liberticide qui rappelle les régimes totalitaires communistes, qui permet à n’importe quelle association de signaler à la police des opinions dissidentes, afin que le parquet, au nom de la défense de l’État et de la société, ne poursuive les affreux dissidents ?

    À toutes ces questions, je connais déjà la réponse. Le parquet s’est empressé de faire appel de la décision de relaxe dont j’ai bénéficié il y a quelques semaines. Et m’a poursuivi pour mes propos dans le Corriere della Sera. Je préfère prévenir respectueusement le parquet et la cour : rien ne m’empêchera de continuer à dire ce que je crois, même si j’ai bien compris que rien n’arrêtera le ministère public dans sa volonté de me faire taire. J’ai bien conscience aussi d’être le pot de terre contre le pot de fer. Mais un jour, j’en suis convaincu, l’Histoire donnera raison au pot de terre, comme elle l’a donné au grand Bainville, et le pot de fer aura honte. Mais il sera trop tard. 

    Source : Boulevard Voltaire / Marc Rousset