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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Demain, ne manquez pas notre Éphéméride du jour...

    lfar flamme.jpg7 mars 1936 : L'Allemagne remilitarise la Rhénanie...

    Dès l'Armistice de 1918, l'Action française et, en dehors d'elle, tous les patriotes lucides, demandèrent que l'on entrât en Allemagne, jusqu'à Berlin; que l'on détruisît son armée; et, surtout, que l'on détruisît son unité, follement pensée et voulue par la prussophilie et les nuées des Encyclopédistes, puis follement et systématiquement voulue, organisée et accomplie par Révolution, Républiques et Empires, associées dans un aveuglement insensé, travaillant directement contre l'intérêt national, et prenant le contre-pieds exact de la sage politique des Rois de France : organiser l'émiettement, la division des Allemagnes, pour assurer la paix à la France, à l'Europe et... aux Allemands eux-mêmes !

    Mais Clemenceau et le Système firent passer leur idéologie sectaire, haineusement anticléricale, et leurs "nuées" avant l'intérêt national.

    Ils démembrèrent bien l'un des deux Empires, celui qu'il fallait maintenir, l'Austro-Hongrois, car il était catholique. Pourtant, il maintenait une stabilité certaine dans cette poudrière qu'était l'Europe du centre et de l'Est...

    Mais ils maintinrent intacte l'unité allemande - qui n'avait pas cinquante ans ! - et donc la puissance allemande, économique et démographique : il était facile de prévoir que les Allemands ne tarderaient pas à vouloir se venger des clauses théoriques et humiliantes du Traité de Versailles.

    Bainville fit la prédiction d'une guerre pour dans vingt ans et d'un parti socialiste national : le Système resta sourd, aveugle, insensé, et nous eûmes les deux, conformément à la juste analyse de la situation...

    Oui, ce sont bien Clemenceau et le Système qui nous ont "donné" la Seconde Guerre mondiale, le nazisme et toutes les catastrophes qu'il a entraînées avec lui...

    lafautearousseau

  • La France entre guerre et fête

    Grand magasin parisien illuminé pour les fêtes de Noël © Copyright : DR

     

    par Péroncel-Hugoz

    Toujours fidèle à l'adage « Qui aime bien châtie bien ! », Peroncel-Hugoz, de retour en France, n'hésite pas à donner un coup de dent à ce qui lui paraît clocher en son pays …

     

    peroncel-hugoz 2.jpg« Joyeuses fêtes ! », « Les marrons glacés sont arrivés », « Grand choix de fruits confits », « Venez réveillonner ! ». Le gouvernement socialiste français a fait exception à sa propre loi sur l'état d'urgence, malgré les risques d'agression, pour permettre les très mercantiles « marchés de Noël ! ».

    En néon dans le ciel hivernal ou en écriteau dans les vitrines illuminées, la France urbaine, rurbaine ou rurale, affiche partout, comme d'habitude, les slogans festifs et commerciaux préludant à Noël, le 25 décembre, et à la Saint-Sylvestre, le 31 décembre. Deux grande dates chrétiennes plus que millénaires mais qui, ces dernières décennies, ont peu à peu perdu presque tout caractère religieux pour devenir, sauf exception, une fête de la bouffe, des cadeaux (on en fait même maintenant aux animaux domestiques!) et des nuits blanches avec musiques afro-américaines.

    Cependant la même France se dit et se veut « en guerre » ; les dirigeants socialistes et autres, du chef de l’État au dernier sous-préfet, qui au grand dam de l'écrivain algérien francophone anti-islamiste Boualem Sansal, n'osaient même pas, malgré les attentats parisiens de janvier 2015, parler de « djihadisme » ou d' « islamisme », usent à présent d'un langage carrément belliqueux, et cela depuis les plus gros attentats parisiens de novembre 2015. En avant les bombardements sur les installations de Daech en Syrie et Irak ! Sans aucun résultat tangible pour le moment, ce que constatent nombre de Français inquiets de voir leur pays, endetté et en partie désarmé (les crédits militaires n'ont cessé de diminuer qu'en 2015), guerroyer dans ce Levant où, comme aurait dit le général de Gaulle « la France n'a plus d'intérêts nationaux directs à défendre ». Les actions militaires françaises au Mali et en Centrafrique paraissent plus légitimes à l'opinion publique car, en Afrique noire, Paris a des ressortissants et des intérêts à protéger. Dix jeunes soldats français sont d'ailleurs tombés déjà, à ce jour, au Mali et cela n'a fait que de très modestes entrefilets ou annonces dans les médias français, comme si on voulait ne pas trop voir ces drames.

    Un peu de retenue et de pudeur

    Malgré les deuils, il ne s'agit évidemment pas d’empêcher les familles françaises de dresser chez elles un sapin de Noël et de festoyer ensemble mais, quitte à faire un peu grincer les dents de traiteurs et confiseurs toujours avides de plus de recettes, un peu de discrétion, un peu de pudeur, de retenue dans les illuminations et les publicités ne seraient pas déplacées dans un pays, situé entre fête et guerre, et où, qu'on le veuille ou non, vient de commencer un long et incertain combat contre le terrorisme djihadiste. Un fléau qui n'a pas encore conduit toutes les librairies de l’Hexagone, y compris les rayons Livres de certains supermarchés, à retirer de leurs étals toute une littérature idéologique en français, imprimée à Lyon, Beyrouth, le Caire ou Alger et faisant l'éloge de l'élimination par le fer des « croisés » et autres « mécréants » (koufar). Cette même littérature a été trouvée, au milieu d'armes de guerre, dans plusieurs planques djihadistes en France, en Belgique et en Italie.

    Dans « Décomposition française » (Fayard, 2015), Malika Sorel, une Française de souche algérienne, dénonce sans fard le laxisme des autorités françaises actuelles face aux appels au meurtre des « mécréants » par livres interposés. Quant à l'imam marocain de Bordeaux Tarik Oubrou (choyé par le maire chiraquiste Alain Juppé qui l'a fait décorer de la Légion d'honneur), il craint, lui, que la situation actuelle en France ne conduise Daech et compagnie à y cibler des « musulmans modérés » : « Demain ou après-demain, il y aura un truc ici, la prochaine cible [pour Daech] ce sont des mosquées en France », a pronostiqué cet imam essayiste dont les écrits, en général, évitent le catastrophisme. Avertissement sans frais ?...   

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 18.12.2015

     

  • Surdélinquance des étrangers et des Français issus de l’immigration : la fin d’un tabou ?, par Marie d'Armagnac.

    Laurent Lemasson, docteur en droit public et sciences politiques vient de publier dans le cadre de l’Institut pour la Justice un rapport où il analyse, à partir des données officielles disponibles, les rapports entre l’immigration et la délinquance.
    C’est peu dire qu’il contribue à briser un tabou. 

    9.jpgOn le voit, dans les médias où la est en passe de perdre son hégémonie pluri-décennale, dans l’opinion publique où s’opposent élite hors-sol et Français confrontés à l’ quotidienne : les digues sont en train de céder. Même Emmanuel Macron par la voix de s’essaie aux effets de manche en demandant aux préfets un tour de vis dans les expulsions des clandestins délinquants. La ficelle électoraliste est grossière, il n’empêche qu’il est en train de prendre conscience que la des Français sera un thème majeur de l’élection présidentielle.

    -Marie Sève, directeur de l’Institut pour la Justice, est interrogé ce week-end dans le Figaro Magazine : il pointe toutes les contradictions de ce grand déni français : « Dans notre pays, parler négativement de l’immigration est moralement répréhensible et expose à une accusation de racisme ou, au mieux, de “fermeture d’esprit”. La question du lien entre immigration et délinquance est donc un tabou dans le tabou. »

    Les chiffres alignés dans ce rapport sont tous plus affolants les uns que les autres et font ressortir une vérité nue, froide, objective : en 2020, 24 % de la population carcérale est étrangère, quand les étrangers ne constituent que 7,4 % de la population française. Sur ces étrangers, plus de la moitié, (54 %) viennent d’ et du Maghreb. Ces étrangers sont donc surreprésentés dans les prisons, mais aussi dans les chiffres de la délinquance fournis par la police et la justice, particulièrement pour les faits violents (homicides, vols avec violences, agressions sexuelles).

    Pierre-Marie Sève rappelle d’ailleurs qu’il n’existe pas de statistiques sur la présence carcérale des clandestins, pas plus que sur la délinquance des Français d’origine étrangère. Il leur a donc fallu en quelque sorte « débusquer » les chiffres. Ces « esquives » dans la méthodologie employée par les autorités pour connaître l’ampleur et les origines de cette augmentation de la délinquance et de la violence sont significatives : pendant des décennies, par idéologie, on a pu ainsi faire semblant de ne pas voir le lien patent entre immigration et délinquance. Les yeux grand-fermés. Une méthodologie amputée de ressources essentielles : en son temps, Michèle Tribalat pointait le même problème pour l’étude de l’évolution démographique de la population française.
    Ce rapport aborde également le problème des mineurs étrangers présents sur le sol français, les MNA (Mineurs non accompagnés) : ils étaient 2.500 en 2004, 31.000 en 2019. « D’après le parquet de Paris, 75 % des mineurs jugés sont des mineurs étrangers » dit Pierre Marie Sève.

    Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII) a expliqué dans un essai que nous avons évoqué dans ces colonnes l’ampleur du problème posé : « si un clandestin peut sembler mineur pour se confondre avec les vrais mineurs en besoin de protection, c’est encore mieux. Un mineur ne peut être expulsé ; c’est du reste pour cela qu’il en arrive et s’en déclare de plus en plus, vrai ou faux. Aucune contrainte ne peut s’exercer sur eux. Les réseaux en profitent pour en exploiter beaucoup qui dérivent dans les rues de nos villes ».

    Un problème chaque jour plus aigu dans des villes comme Paris, Rennes ou . Recrutés par des réseaux au fonctionnement mafieux, ces MNA agissent en toute impunité, puisqu’on ne peut ni les punir, ni les expulser. La faiblesse de la loi française alimente donc, en creux, la délinquance sur le sol français.

    Le prochain président de la République ne devra pas seulement jeter de la poudre aux yeux des Français en donnant l’illusion de l’action. Pour résoudre les fractures territoriales, sociales, culturelles et identitaires françaises, il faudra entièrement refonder la législation française en matière d’immigration.
    Quitte à s’affranchir de la CEDH.

     

    Marie d'Armagnac

    Journaliste
    Journaliste et auteur
  • CRISE ÉCONOMIQUE : Trois propositions pour en sortir, par François Reloujac *

    libreechangebccc-635e1.jpgDans un monde globalisé où règne le libre-échange et où les textes qui régissent le fonctionnement de l'économie s'écrivent essentiellement au niveau européen, c'est une vraie gageure que d'imaginer trois mesures nationales qui pourraient améliorer la situation. Il est cependant possible d'amorcer un redressement avec des décisions dont la portée symbolique dépasse la simple conséquence immédiate.

     

    1. Donner une nouvelle mission à l'Académie française 

    La plupart des textes européens sont d’abord écrits et discutés en anglais, puis plus ou moins bien transposés dans les diverses langues des pays de l'Union européenne. C'est sur ces traductions approximatives que l’on demande aux Parlements nationaux de se prononcer. C'est, ensuite, sous l'unique contrôle de la Cour de justice de l'Union européenne que ces textes sont interprétés et ils le sont dans une optique téléologique. Autant dire que les parlementaires nationaux se prononcent sur des textes dont ils ne mesurent pas les conséquences. Ainsi, à partir du dernier trimestre 2014 le nouveau calcul du PIB intègrera obligatoirement chiffres de « l’économie non observée », même si, en France, pour ne pas effrayer la population, l'lnsee continuera à « communiquer » uniquement sur un PIB n’incluant pas ces chiffres. Cette « économie non observée » recouvre en fait les « transactions » occultes, c'est à dire, entre autres, la prostitution, le trafic de drogue, le travail au noir, la vente clandestine des produits volés… C’est le résultat d'un texte européen écrit il y a plus dix ans, traduit par l’administration bruxelloise en 2010 et imposé par le Parlement européen en 20l2 pour mise en application fin 2014. 

    L'exemple est frappant : lorsque le Parlement national a été amené à se prononcer sur le texte d’origine, il n’a pas eu conscience de ce qu'impliquait cette notion de « transaction » pour le calcul du PIB. Or, en vertu de la liberté du commerce, et puisque le marché est le lieu où s'effectuent des transactions, il ne sera pas possible demain de s’opposer à la vente directe de marijuana en France par les dealers néerlandais, puisque, dans ce pays, cette drogue est en vente libre. Comment ne pas se trouver ainsi lié par des conséquences que l'on n'a pas voulues ? En demandant à l’Académie française de présenter au Parlement, avant que celui-ci ne se prononce sur un texte européen, un rapport dans lequel le sens des mots est explicité et en faisant obligatoirement annexer les conclusions de ce rapport au texte européen de façon à encadrer ultérieurement les décisions de la Cour de justice de l'Union européenne.

    2. Généraliser la double indexation des crédits 

    Aujourd'hui, les Français qui contractent un emprunt n'ont le choix qu'entre un crédit à taux fixe ou un crédit à taux variable. Dans le premier cas, si les taux baissent, les personnes endettées sont désavantagées par rapport à celles qui empruntent par la suite. Pour lutter contre cette « inégalité », les pouvoirs publics ont imposé aux banques d’accepter de renégocier les taux à la baisse, quitte à ce que cela déstabilise leur bilan. Si les taux remontent, les plus anciens emprunteurs bénéficient d'un effet d’aubaine. De façon à se prémunir contre ces deux sources de déstabilisation de leur bilan, les banques majorent toujours les taux fixes par rapport à ce qu’elles pourraient faire si on raisonnait en termes d’intérêts réels – c’est-à-dire, une fois déduit le taux d’inflation - plutôt qu'en termes d'intérêts nominaux (ou apparents). On s’apercevrait, par exemple, qu’aujourd’hui les taux réels supportés par les emprunteurs sont très élevés, compte tenu de la faiblesse de l’inflation et du gel des salaires, alors que les taux apparents semblent n’avoir jamais été aussi bas. Dans le second cas, l’emprunteur prend le risque de voir le taux de son crédit s’envoler sous la pression de la spéculation sur les marchés financiers. Dès lors comment faire pour sécuriser à la fois les prêteurs et les emprunteurs ?

    La solution la plus simple, défendue par un ancien dirigeant du Crédit Foncier Jean-Pierre Dufoix, est de recourir à une double indexation. Le montant total des intérêts à payer serait calculé en fonction du coût réel de la ressource pour le prêteur ; le montant de chacune des échéances serait, quant à lui, indexé sur le taux d'inflation - ou sur le taux d’évolution des salaires. Dans une telle hypothèse, l’ajustement se ferait sur la durée du crédit. Etant assuré de retrouver sa mise, avec une rémunération normale, le prêteur n'aurait pas intérêt à gonfler artificiellement sa marge ; étant assuré de pouvoir - toutes choses égales par ailleurs - supporter la charge mensuelle de son crédit, l’emprunteur n'aurait pas de raison, ni d’appréhender le futur, ni de faire pression pour rembourser par anticipation. Les particuliers y gagneraient en sécurité et les entreprises auraient plus de facilités pour se projeter dans l’avenir. 

     

    3. Redonner le pouvoir aux investisseurs 

    On a pris l'habitude de qualifier d’"investisseurs" ceux qui ne sont au mieux que des épargnants, sinon de vulgaires spéculateurs. Les épargnants ne placent plus leur argent dans des entreprises, mais les confient à des organismes de placement collectif dont la mission n’est pas de soutenir une activité économique quelconque mais de rendre les sommes placées avec une plus-value. La conséquence, lorsque ces sommes sont placées sous forme d’actions dans des sociétés, c’est que le droit de vote attaché à ces actions n’est pas exercé par les « investisseurs » unis par une véritable « affectio societatis », mais par des intermédiaires qui n’ont qu’un objectif financier à très court terme. Ces mercenaires n’ont donc aucun scrupule à voter en assemblée générale pour des mesures qui condamnent l'entreprise à moyen terme. Pourvu qu'elles permettent de dégager une plus-value mobilisable immédiatement ! Puis, ils se défont des actions auxquelles sont attachés ces droits de vote pour aller recommencer ailleurs l’opération. Il ne faut donc pas s’étonner de voir les entreprises nationales délocaliser leur production dans des paradis fiscaux ou administratifs ou se faire absorber par des groupes multinationaux près à surpayer l'acquisition pour faire disparaître un concurrent. 

    Comment faire en sorte que les décisions d’assemblée générale soient prises dans l’intérêt général de l’entreprise ? En limitant le droit de vote attaché aux actions aux seuls actionnaires détenant lesdites actions depuis au moins un an et s'étant engagés à les détenir au moins cinq ans – sauf, naturellement, cas de nécessité tel que décès, chômage, accident de la vie, etc. 

    Pour conclure, il faut être conscient du fait que si les deux premières mesures sont relativement faciles à mettre en œuvre au plan national, la troisième pourrait avoir dans un premier temps un effet déstabilisateur sur le fonctionnement des Bourses et sur les cours des grandes entreprises françaises. N’est-ce pas le prix à payer pour simplement commencer à remettre de l’ordre dans le fonctionnement de l’économie ?  

     

    Source Politique magazine, n°131 - Juillet-août 2014 

     

  • L’écologie n’est pas l’apanage de la gauche, par Max-Erwann Gastineau.

    Dans cet entretien, l’essayiste Max-Erwann Gastineau explique que l’écologie peut être de droite. 

    3.jpgDémontrant les contradictions de l’écologie punitive et prenant l’exemple de l’éolienne, il dénonce la déconnection du réel des écologistes jusqu’au-boutistes ne se souciant pas des conséquences de leurs actes…

     

    Vous êtes essayiste, chroniqueur et vous contribuez notamment pour Marianne et pour Le Figaro. On vous a vu aussi dans la revue Front populaire. La campagne présidentielle se précisant, on a vu les écologistes en train de désigner le ou la candidate qui les représentera à l’élection présidentielle. On a notamment vu émerger le phénomène, Sandrine Rousseau. C’est un pur concentré de wokisme, d’écologie punitive, l’écologie dans tout ce qu’elle a de plus gauchiste.

    Quel regard portez-vous sur la candidate Sandrine Rousseau ?

     

    Je crois que vous avez déjà donné des éléments de réponse. Ce que je trouve intéressant chez Sandrine Rousseau et plus globalement chez les écologistes d’Europe Écologie Les Verts c’est qu’ils ont un point de vue cohérent, une vision philosophique du monde que nous aimons par moment railler, mais qui est un construit assez intéressant à décortiquer.

    Si les écologistes d’Europe Écologie Les Verts sont aujourd’hui dominants à gauche, c’est parce qu’ils arrivent à cocher toutes les cases qui façonnent la gauche contemporaine. Je vais essayer de définir ces trois cases assez rapidement.

    La première case définit la gauche contemporaine, c’est au fond le constructivisme. L’idée selon laquelle la société ne serait que rapport de force entre groupes sociaux et ne serait qu’un construit, l’histoire et les pesanteurs culturelles ne jouant pas. Il s’agirait simplement de déconstruire les rapports de forces présents et de faire en sorte que les minorités remplacent les dominants, pour qu’une nouvelle société soit construite. Ce constructivisme détermine depuis longtemps la gauche. Il est même le successeur de ce que Leszek Kolakowski, un grand penseur polonais appelait l’esprit révolutionnaire qui ne s’affirme en politique que sous le paradigme de la rupture entre le passé et le présent et un avenir forcément radieux qu’il s’agit simplement de construire.

    Le constructivisme est donc cette première famille de pensée que l’on retrouve chez les écologistes et qui détermine cette seconde tendance qui est le wokisme. Le wokisme vient du mot woke et désigne les personnes éveillées aux injustices envers les minorités qui seraient donc opprimées par une majorité, un homme blanc que Sandrine Rousseau désigne  en creux dans ses discours. Elle dit qu’au fond, l’humanité a été la victime de trois prédations majeures. Prédation à l’encontre du corps des noirs à travers l’esclavage qui a préfiguré le capitalisme. Prédation à l’encontre des corps de femmes qui désignerait ce machisme hétéro normé, qui depuis des siècles opprimerait les femmes.

    Et une troisième prédation à l’encontre de la nature. Ainsi coche-t-elle les cases de l’Écologie, la case féministe et la case néo anti raciste.

    Il y a une troisième famille de pensée que je perçois dans les discours de Sandrine Rousseau et des écologistes et notamment de ceux qui ont emporté les dernières municipalités dans les grandes villes qui est une sorte de libéralisme culturel. Les bases doctrinales du libéralisme sont nées suite aux guerres de religion qui ont ensanglanté l’Europe au 16e siècle. Les bases théoriques de ce libéralisme consistent à construire une société au sein de laquelle, le politique ne chercherait pas à défendre un point culturel, moral ou religieux supérieur. L’État doit se dégager du terrain culturel et s’assurer simplement de la coexistence pacifique des différences entre les individus.

    Le problème de cette théorie, c’est que dans les faits si l’État peut être neutre d’un point de vue philosophique, moral ou culturel, la société ne l’est pas. Une société, un peuple c’est une histoire et des traditions. Il s’agit dans un certain discours libéral de neutraliser culturellement la société et de faire en sorte que la société ne se détermine plus d’un point de vue culturel, mais soit simplement une entité juridique sur laquelle des individus sont titulaires de droits.

    Dans le discours sur l’immigration, on voit bien que l’Écologie politique s’inscrit dans ce paradigme culturel. Elle ne veut pas voir les individus comme étant les héritiers d’une histoire et d’une culture. Elle ne veut voir que des individus et des droits consacrés par un état droit.

     

     

    L’été dernier, vous aviez publié dans Le Figaro une tribune « Et si l’Écologie était de droite ».

    Y aurait-il une autre écologie qui ne soit pas justement teintée de constructivisme, de wokisme ou autre ?

     

    J’avais en effet publié une tribune pour essayer de réfléchir à quoi pourrait ressembler une Écologie de droite ou qui ne soit pas en tout cas préemptée par la gauche.

    Intéressons-nous factuellement à l’Écologie. Politiquement, elle nait en France que dans les années 70. Georges Pompidou crée le premier ministère de l’Environnement. Certes, dans la société la thématique écologiste environnementale commence à émerger, mais on ne peut pas dire que pour des raisons électorales, Pompidou avait intérêt à se saisir de l’enjeu environnemental. Il y a eu une prise de conscience qui est le produit d’un ancrage culturel. Pompidou est un fin lettré, un connaisseur de l’Histoire de France. Il a étudié le grec et le latin. Cet homme avait un regard sur l’homme et sur l’évolution du monde. Il voyait bien que la modernisation de l’économie et de la France dans les années 60 avait opéré un certain nombre de transformations qui risquaient de bouleverser nos modes de vie et un certain nombre d’équilibres, notamment dans une France encore très rurale. Il crée donc dans les années 70 ce ministère de l’environnement, une sorte de contre poids à travers une lettre adressée aux arbres sur le bord de la route. Je recommande d’ailleurs de lire cette très belle lettre. Il dit qu’il nous faut développer le pays, construire des routes, mais il faut faire attention que ces routes ne défigurent pas notre beau pays et que nous devons  continuer d’observer les paysages comme les marcheurs jadis observaient nos paysages.

    Ce premier acte nait à droite avec un regard sur les paysages et la nature et sur cet équilibre qu’il convient de trouver entre cette beauté du monde dont nous avons hérité et l’impératif de développement économique.

    Valéry Giscard d’Estaing poursuit l’œuvre de son prédécesseur et va avoir un bilan écologique tout à fait important. Plusieurs lois vont être votées. Pompidou avait fait une loi qui permettait de défendre nos forêts en 1973. Valéry Giscard d’Estaing va adopter plusieurs lois sur le statut notamment des animaux. Nous ne sommes pas encore sur la cause animale d’aujourd’hui, mais il y a déjà un souci pour le bien être animal qui émerge. Et plus fondamentalement, une loi qui m’a beaucoup intéressée, la loi qui sur le littoral vise à fixer des limites au développement économique. Un journaliste lui demande «  vous mettez en place une politique écologique, or l’écologie est à gauche ». Valéry Giscard d’Estaing a une phrase absolument fondamentale, à partir de laquelle nous pourrions décider toute une doctrine conservatrice sur l’Écologie. Il dit «  l’Écologie c’est d’avoir peur pour ce qui existe et c’est cela être de droite ». Ce n’est pas avoir peur du monde et donc se replier dans sa grotte parce qu’il faudrait se protéger des évolutions. Cela veut dire que des choses existent. Des choses nous ont été transmises et ces choses sont vulnérables. Elles peuvent disparaître. Elles peuvent être des paysages, une culture, un art de vivre ou une langue. Au fond ce qui est précieux est périssable. Par conséquent, nous devons en prendre soin.

    Dans les années 70 vous avez ce grand livre de Anxionnaz, Le principe responsabilité, qui appelle à sortir du paradigme du progrès, de l’idée, que pour avancer il faudrait transformer l’existant et qui invite les hommes à fixer un certain nombre de limites. Il faut des entraves librement consenties pour protéger la beauté du monde et ce que nous avons reçu en héritage.

    Je crois que le conservatisme se définit en écho à cette sensibilité que nous avons reçu de nos aïeux, que nous n’avons pas construit et que nous faisons que recevoir. Nous en avons une certaine responsabilité pour ensuite le transmettre à nos descendants.

     

     

    Que la transmission soit de la nature ou intellectuelle, elle est de droite.

     

    Je crois qu’à partir de cette idée de la transmission, de l’attachement que nous avons reçu en héritage, nous pouvons fonder une doctrine conservatrice qui englobe l’Écologie. L’Écologie est quelque part de droite, puisqu’elle est avant tout un regard critique d’un certain modernisme qui voit la nature comme une sorte de stock inépuisable de ressources que nous pourrions reprogrammer à l’infini y compris l’homme, à travers notamment tous ces procédés techniques qui demain vont amener l’utérus artificiel et qui feront que nous n’aurons plus besoin de nous associer pour perpétuer l’humanité. Nous pourrons simplement déléguer cette tâche à des machines. Nous devons veiller à notre humanité. Cette humanité ne saurait faire fi de certains équilibres naturels qui nous donnent un certain nombre de ressources pour nous alimenter ou nous vêtir et également un certain art de vivre. C’est à travers cet art de vivre et à travers un certain nombre de référents culturels que nous construisons une société, que nous vivons dans une société politique et que nous pouvons débattre de ce qu’il conviendrait de faire pour améliorer l’existant et préparer notre société à construire son avenir.

     

     

    Au nom de ces limites-là, nous avons fermé des centrales nucléaires, nous avons réouvert des centrales à charbon pour un coût écologique désastreux. Nous sommes en train de polluer tout le littoral et la campagne française d’éoliennes et l’efficacité est au bilan écologique plus que douteux. Les écologistes demandent à remplacer les voitures diesel par des voitures électriques.

    Ce qui nous arrive aujourd’hui, est-ce des limites mal comprises, de l’idéologie pure ou un déni de la réalité ?

     

    Au  nom du fait qu’il faudrait en effet changer de modèle, puisque notre modèle économique est assis sur des énergies fossiles qui ont un coût pour la planète, nous parions sur l’éolien et le solaire, technologies qui seraient parées de toutes les vertus. En diminuant la part du nucléaire pour faire monter en substitue les énergies éoliennes et solaires, nous utilisons une énergie pilotable par des énergies intermittentes qui dépendent de la météo. Si vous n’avez pas de vent, les éoliennes ne fonctionnent pas et par conséquent ne fournissent pas l’énergie nécessaire. En hiver, de fait, le solaire et l’éolien en fonction du vent ne produisent pas suffisamment d’énergie et génèrent des risques de coupures et même au-delà. Pour éviter ces coupures, la France a dû importer de l’électricité produite en Allemagne à partir de charbon. Vous avez un coût financier important pour développer des éoliennes et des panneaux solaires. Vous avez un coût industriel puisqu’il faut importer des matériaux qui ne sont pas construits en France et en plus génèrent des pollutions à l’étranger, puisqu’il faut extraire des terres rares pour produire notamment les panneaux solaires . Et vous avez un coût en termes d’indépendance énergétique.

    L’éolien est l’expression de ce que l’on disait en début d’intervention. Une certaine déconnexion volontaire des écologistes à l’endroit du réel. Ils défendent des convictions avec une cohérence idéologique. Le souci des conséquences de leur idéologie les intéresse assez peu. Si on est vraiment écologiste, la sagesse nous impose aujourd’hui de défendre le nucléaire d’autant plus que l’avenir du nucléaire pourrait se passer de déchets si on en croit les dernières évolutions technologiques qui viennent de Chine, mais sur lesquelles la France avait un certain degré d’avance avant qu’elles ne fassent demi-tour, notamment sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. Nous allons en revenir et retrouver la voix de la sagesse.

    Cependant, il est absolument essentiel aujourd’hui de tourner le dos à ces dernières années qui ont fait croire aux Français qu’on allait pouvoir sans arrêt diminuer le nucléaire pour le remplacer par l’éolien. Nous pouvons continuer dans cette voie, mais il faudra expliquer à nos industriels et aux ménages que l’hiver risque d’être un peu plus froid que d’habitude.

     

    Max-Erwann Gastineau

    Essayiste et chroniqueur politique
  • Montréjeau : une commémoration pour les victimes de la révolution.

    Curieux, royalistes, catholiques ou élus de la République se sont rassemblés à Montréjeau (Haute-Garonne), samedi 17 août 2019, pour se souvenir du massacre perpétré par les Républicains, en 1799.

    Source : https://www.infos-toulouse.fr/

    Après une première édition en 2019, le Comité du Souvenir des victimes de la Révolution en Midi toulousain se retrouvera à nouveau à Montréjeau (Haute-Garonne), le 22 août 2020 pour commémorer le massacre des insurgés catholiques et royalistes, perpétrés par les troupes révolutionnaires le 20 août 1799. 

    Si la révolte des Vendéens et des Chouans est davantage connu parmi les amateurs d’histoire, l’insurrection du Midi, survenue à la fin des années 1790 a aussi eu son lot de martyrs. A Montréjeau, des milliers d’insurgés royalistes ont été massacrés, lors de l’été 1799. 

    Une centaine de personnes attendue

    Samedi 20 août, le Comité du Souvenir des victimes de la Révolution en Midi toulousain donne rendez-vous à 10 heures, sur le boulevard de Lassus pour une messe, selon le rite tridentin, suivie d’une allocution et d’un pique-nique convivial. Lors de l’édition inaugurale, en 2019, une centaine de personnes s’était rassemblée, avec notamment la présence de deux élus du conseil régional d’Occitanie. 

    Le Comité est placé sous le Haut patronage de Mgr le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou et compte comme patrons Jean de Viguerie (+), Jean Raspail (+), Reynald Secher, Philippe Pichot-Bravard, le professeur Cyrille Dounot, le colonel Jacques Hogard, et bénéficie du soutien de l’association du Souvenir Vendéen, qui a souhaité accompagner une démarche analogue à celle menée en Vendée militaire depuis des décennies.

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    Une initiative menée par Pierre-Emmanuel Dupont, juriste, chargé d’enseignement universitaire et secrétaire du Comité. En 2019, il répondait aux questions d’Infos-Toulouse.

    Infos-Toulouse : Pourquoi avoir souhaité organiser une cérémonie pour cet événement en particulier ?


    Pierre-Emmanuel Dupont : Nous considérons qu’il est de notre devoir de préserver de l’oubli, ou de faire ressortir de l’oubli, la mémoire de ceux, jusqu’aux plus humbles, qui ont péri en haine de la foi. Il n’y a pas eu dans le Midi toulousain jusqu’à présent d’initiatives coordonnées visant à préserver et à défendre la mémoire des victimes de la Révolution française. Dans d’autres provinces de France, la mémoire des victimes est préservée, des monuments sont érigés ou rénovés, des publications sont réalisées, et surtout des messes sont dites à leur intention. C’est le cas en particulier en Vendée, cette province qui a eu tant à souffrir de la Révolution, et a subi ce qu’il est permis d’appeler un génocide, au sens propre, au sens véritable, au sens que revêt ce terme dans la terminologie juridique moderne. Notre vœu est que les victimes de la Révolution soient enfin honorées dans le Midi toulousain, comme elles l’ont été et le sont en Vendée.

    On oublie régulièrement que le Midi de la France a connu sa « chouannerie » dans la fin des années 1790. Que s’est-il passé ?

    Dans la vallée de la Garonne, et de Toulouse à Bordeaux, les mesures prises par le pouvoir révolutionnaire à partir de 1789, et en particulier la persécution religieuse qui commence en 1791,[1] suscitent dès les débuts de la Révolution un rejet très net de la grande majorité de la population. Comme on l’a noté, « les royalistes dominent dans les villages et la plupart des petites villes du Sud-Ouest ».[2] Toulouse, aux mains des Révolutionnaires, fait exception,[3] ainsi que quelques villes moyennes comme Tarbes. C’est depuis ces villes qui font figure de places-fortes jacobines, où il a concentré ses troupes, que le pouvoir révolutionnaire mène des opérations ponctuelles de répression, de « ratissage » dans les campagnes et les villages.

    Partout, les populations rurales du Midi toulousain résistent systématiquement aux mesures de déchristianisation, protègent les prêtres réfractaires. Des offices sont célébrés dans la clandestinité, ou même publiquement malgré l’opposition des représentants locaux des autorités révolutionnaires.[4] En de nombreux endroits, les paysans incendient les symboles révolutionnaires, détruisent les arbres de la Liberté.[5]

    Au cours de l’été 1799, alors que la rigueur des réquisitions s’aggrave, que la perspective d’un regain de la politique de Terreur se précise avec la loi des otages, et compte tenu du rejet massif par les populations de la conscription pour les guerres incessantes menées par Napoléon et le Directoire,[6] ce sont des milliers d’hommes qui rejoignent l’armée royaliste insurrectionnelle. Malheureusement, la préparation de l’opération, menée en secret, a été insuffisante, et a fini par être éventée. Aussitôt alertées, « les autorités se saisissent de tout ce qui est suspect, provoquent sur le champ l’arrestation des otages, arment les patriotes et, par une proclamation, annoncent les dangers en déclarant que tous ceux qui ne se seraient point rendus à la générale sur la place d’armes seraient censés parmi les rebelles ».[7] Les insurgés parviennent cependant à prendre le contrôle d’un nombre important de localités.
     
    « Cette insurrection avait été si bien ourdie qu’elle éclata, comme nous venons de le voir, le même jour et presque à la même heure dans les départements de la Haute-Garonne, du Gers, de l’Ariège, de l’Aude, du Tarn et de Lot-et-Garonne. Deux jours après, elle était maîtresse absolue de presque toutes les communes des cantons de Lanta, Caraman, Revel, Villefranche, Saint-Félix, Montgiscard, Montesquieu-sur-le-Canal, Baziège, Nailloux, Cintegabelle, Auterive, Mazères, Saverdun, Muret, Beaumont-sur-Lèze, Saint-Lys, Léguevin, Lévignac, Cadours, l’Isle-en-Jourdain, Lombez et Samatan ».[8]
     

    [1] Pour une analyse d’ensemble de la politique antichrétienne de la Révolution, V. J. de Viguerie, « La persécution antireligieuse », in R. Escande (éd.), Le livre noir de la Révolution française, Paris, éd. du Cerf, 2008, pp. 213-225.
    [2] Cf. Jolivet, récension de l’ouvrage de l’abbé Joseph Lacouture, Le mouvement royaliste dans le Sud-Ouest {1797-1800) (Hossegor, Chabas, 1932), in Revue d’histoire de l’Église de France, t. 23, n°98, 1937, p. 79.
    [3] V. J. Godechot, La Révolution française dans le Midi toulousain, Toulouse, éd. Privat, 1986, p. 225.
    [4] Jean-Claude Meyer, La vie religieuse en Haute-Garonne sous la Révolution (1789-1801), Presses de l’Université Toulouse-Le Mirail, 1982, spéc. p. 429.
    [5] Jean-Claude Meyer, La vie religieuse en Haute-Garonne sous la Révolution (1789-1801), Presses de l’Université Toulouse-Le Mirail, 1982.
    [6] Rappelons que le décret de la Convention du 23 août 1793 ordonnait la levée en masse de tous les Français de 18 à 25 ans. Son article 1er dispose : « Dès ce moment, jusqu’à celui où les ennemis auront été chassés du territoire de la République, tous les Français sont en réquisition permanente pour le service des armées. Les jeunes gens iront au combat; les hommes mariés forgeront des armes et transporteront des subsistances ; les femmes feront des tentes, des habits et serviront dans les hôpitaux ; les enfants mettront les vieux linges en charpie, les vieillards se feront porter sur les places publiques pour exciter le courage des guerriers, la haine des rois et l’unité de la République ».
    [7] Joseph Lacouture, Le mouvement royaliste dans le Sud-Ouest {1797-1800), Hossegor, Chabas, 1932, p. 207.
    [8] B. Lavigne, Histoire de l’Insurrection royaliste de l’an VII, Paris, E. Dentu, 1887, p. 149.

    L’un des événements les plus marquants est ce massacre à Montréjeau, le 20 août 1799. Pouvez-vous nous raconter ces événements ?

    « Instruit par une ordonnance, dit le général Vicose dans son rapport sur la bataille de Montréjeau, que le général Barbot était à Lannemezan avec une force imposante et qu’il se proposait d’agir de concert avec moi pour la réduction des rebelles, je m’engageai dans ma réponse à faire une fausse attaque sur l’avenue de Montréjeau, pour faire diversion à l’attaque principale. L’affaire a eu lieu ce matin, 3 fructidor, comme nous nous l’étions proposé, et le succès a couronné l’entreprise. Le général Barbot, à la tête d’une colonne de quinze cents hommes, a attaqué l’ennemi, fort de quatre mille hommes, à huit heures du matin. Après avoir rangé mon armée en bataille, j’ai fait avancer les chasseurs à cheval pour opérer le mouvement convenu. Bientôt mes cavaliers arrivent en présence de l’ennemi et leur aspect hâte la défaite. Le carnage a été affreux. Deux mille hommes tués ou noyés et mille prisonniers sont le résultat de cette sanglante journée. Le fameux comte de Paulo n’est plus.. Il a été tué par les républicains, auxquels il offrait cent louis pour conserver sa vie. Cette bande royale, forte ce matin de quatre mille hommes, se trouve donc réduite à mille environ. Ces faibles débris se sont portés sur Saint-Bertrand, mais une colonne républicaine y était entrée sans coup férir ce matin, ce qui nous fait espérer que les brigands échappés à nos coups n’ont plus aucun espoir de salut ».[1] Ce témoignage concorde avec celui d’un autre acteur des événements, le général Chaussey, qui écrit dans son rapport adressé à l’administration centrale de l’Ariège :

    « L’ennemi, ayant pris la débandade, fut vigoureusement chargé par la cavalerie. La route et la plaine furent jonchées de cadavres. La cavalerie ennemie fut poursuivie à deux lieues de là. De ces brigands, victimes de leur témérité et de leur scélératesse, il fut tué ou noyé au moins dix-huit cents et sept cents faits prisonniers ».[2]

    La répression se poursuit avec férocité dans les jours et les semaines qui suivent. Bernadotte, qui a été nommé ministre de la Guerre en juillet, avait écrit aux autorités centrales de la Haute-Garonne, quelques jours avant l’écrasement de l’insurrection :

    « La loi a prononcé que des rebelles pris les armes, à la main soient jugés de suite : les périls de votre situation ont justifié cette mesure terrible. Sans doute la victoire même est une calamité dans les discordes civiles ; mais il faut que la république et ses lois triomphent , et les larmes qu’elle peut coûter sont le crime des incorrigibles royalistes. N’ont-ils pas sans cesse réduit les républicains à la nécessité de repousser la force par la force ? Mais la puissance de la nation est assez grande pour être calme au milieu même du combat. Ainsi vous saurez faire la distinction du crime et de l’égarement. Traitez la faiblesse soumise , avec les égards qui peuvent la convaincre et la ramener. Placez les conspirateurs sous le joug inflexible de la loi ».[3]

    [1] Rapport du général G. Vicose, A l’administration centrale de la Haute-Garonne, Arch. de la Hte-Gne, Insurr. de l’an VII, liasse 5, cité dans B. Lavigne, Histoire de l’Insurrection royaliste de l’an VII, Paris, E. Dentu, 1887, pp. 337-338.
    [2] V. H. Duclos, Histoire des Ariégeois, tome II, p. 347, cité par Lavigne, op. cit., p. 342.
    [3] Cité dans le Journal de Toulouse, L’Observateur Républicain, ou l’Anti-Royaliste, 7 fructidor an VII (24 août 1799), n°121.

    Qui sont ceux ayant été massacrés ? 

    Il s’agissait très majoritairement de paysans, de cultivateurs de la région, donc sans expérience militaire, très faiblement armés et entraînés. Ces hommes étaient emmenés par un jeune aristocrate de la région, le Comte Jules de Paulo et le général Antoine Rougé, passé de l’armée républicaine au camp royaliste. Ces deux hommes survivront à la répression de l’insurrection.
     
    On ne connait que peu d’éléments sur cette période, quels sont les travaux phares sur ces événements dans le Midi ?

    Les insurgés catholiques et royalistes du Toulousain d’août 1799 n’ont eu pour écrire leur histoire que leurs adversaires. Il ne s’est trouvé que des historiens partisans de la Révolution pour s’intéresser aux événements de 1799 dans le Midi, tels le professeur Jacques Godechot, auteur d’une étude intitulée La contre-Révolution dans le Midi toulousain [1]. Le drame de l’insurrection, et singulièrement le massacre de Montréjeau, n’a été conté en quelque détail que par les journaux révolutionnaires parus au lendemain de l’événement, en particulier le Journal de Toulouse, sous-titré L’Observateur Républicain, ou l’Anti-Royaliste. Les récits les plus détaillés, publiés au XIXe siècle, sont certainement ceux de B. Lavigne [2], ancien sous-préfet de Saint-Gaudens, et du baron de Lassus, de Montréjeau.[3] Tous ces récits sont empreints d’une hostilité systématique, véritablement caricaturale, vis-à-vis des insurgés.
     

    [1] J. Godechot, « La contre-Révolution dans le Midi toulousain », in F. Lebrun et R. Dupuy (éd.), Les résistances à la révolution Paris, éd. Imago, 1987, pp. 119-125. Cet ouvrage constitue les Actes d’un colloque international « Les résistances à la Révolution » tenu à Rennes du 17 au 21 septembre 1985.
    [2] B. Lavigne, Histoire de l’Insurrection royaliste de l’an VII, Paris, E. Dentu, 1887.
    [3] Baron de Lassus, « Statuts et coutumes de Montréjeau (Montréal-de-Rivière) : I. Notice historique (1ère partie) », in Revue de Comminges, t. XI, 2e trimestre 1896, pp. 89-282.

    Y a t-il une volonté de la part de la République d’effacer la mémoire de ses premiers « Gaulois réfractaires » ? 

    Il est clair que la mémoire du soulèvement de 1799 a été très largement occultée par la suite, car le caractère nettement « populaire » et paysan de l’insurrection a de quoi déranger la vulgate républicaine. Le soulèvement est massif et traduit un mécontentement général des populations (en particulier rurales) à l’encontre de la Révolution. Cette réalité gêne : on s’efforce donc de la minimiser, et d’insister au contraire sur des facteurs tels que l’aide étrangère et l’influence de la noblesse. Ainsi, un article récent de La Dépêche évoque comme moteurs de l’insurrection de 1799 « l’union des nostalgiques et des émigrés »… c’est un peu court en termes d’explication.

    Quelles leçons devons-nous tirer de cette époque ?


    L’insurrection royaliste d’août 1799 dans la région de Toulouse est symptomatique à un double titre : d’abord elle témoigne de l’opposition résolue et très large des populations des villes et des campagnes du Languedoc à la Révolution, et de leur attachement à la royauté, et peut-être surtout à leur religion catholique que le nouveau pouvoir tente d’éradiquer par sa politique de persécution. Comme dans tant d’autres provinces de France, la Révolution impose son ordre nouveau, par l’intimidation, la violence et la Terreur, à un peuple qui très majoritairement n’en veut pas. Ensuite, la répression de l’insurrection catholique et royale du Toulousain, à l’instar des massacres commis à grande échelle par les troupes républicaines en Vendée, est une illustration de la cruauté du régime révolutionnaire, de son instrumentalisation de la Terreur,

  • Alexandre Latsa : « le renouveau russe s’opère alors que l’Europe et l’Occident traversent une grave crise »

     

    83942132.jpgAlexandre Latsa réside et travaille en Russie comme chef d’entreprise depuis 2008. 

    A l’occasion de la sortie de son essai Un printemps russe, aux éditions des Syrtes, il a bien voulu répondre aux questions du Rouge & le Noir.

    Votre livre décortique l’image négative que donnent les médias français de la Russie. Quelle est à contrario l’image que se fait le grand public russe de la France et de l’Union Européenne ?

    Tout d’abord il me semble que l’image de la Russie est surtout rendue négative chez les gens qui ne connaissent pas le pays, ou ne le connaissent que par les informations qui leurs sont fournie par leurs médias. Mais je pense encore une fois que c’est un phénomène euro-occidental car cette désinformation journalistique sur la Russie concerne surtout les médias occidentaux, surtout anglo-saxons et ouest-européens.

    La Russie a cependant une plutôt bonne image populaire en Asie, en Afrique ou par exemple en Amérique du sud. Dans de nombreux pays musulmans la Russie a une bonne image, comme par exemple en Iran ou au Maroc. Enfin la Russie a une excellente image dans de nombreux pays orthodoxes d’Europe tels que la Grèce, la Serbie ou encore Chypre.

    Concernant l’image de la France et de l’Union Européenne en Russie elle est complexe et il y a un gros dilemme. La France a une excellente image de fond en tant que pays ami, en tant que réel pays civilisation (comme la Russie) et pays de grande culture. Mais de l’autre la télévision russe montre une réalité bien difficile à nier qui est une France connaissant des difficultés sociales, religieuses et des évolutions sociétales auxquelles une majorité de la société russe, les élites en tête, n’adhère pas.

    Concernant l’UE, il ne faut pas oublier que l’UE est le principal partenaire économique de la Russie et que la Russie s’est voulue depuis la chute de l’URSS tendre vers l’Europe sur le plan civilisationnel mais aussi politique. L’UE est cependant de plus en plus montrée et donc perçue comme ce qu’elle est vraiment, c’est à dire une structure froide, sous tutelle américaine et parasitant les relations entre la Russie et les États Européens.

    Enfin un sujet mis en permanence sur la table par les médias est le problème migratoire que connaissent et l’UE et les pays européens. Les médias russes ont bien fait leur travail à ce sujet puisqu’ils n’obèrent pas ces facettes de la Nouvelle France et de l’Europe de Bruxelles.

    On ne peut pas parler d’UE-Bashing bien sûr mais l’Europe ne fait plus autant rêver qu’avant tandis qu’une nouvelle tendance asiatisante est en train de prendre de l’ampleur en Russie.

    Si l’Occident cherche à influencer la Russie, de quelles façons la Russie tente-elle de son coté d’influencer l’Occident, ou une partie de l’Occident ?

    L’Occident tel que nous le connaissons aujourd’hui semble fonctionner selon une équation propre qui est d’étendre son modèle en l’imposant au reste du monde. Sans surprises l’extension de la superstructure occidentale à l’ancien monde soviétique a été un objectif prioritaire dès la chute de l’URSS. Mais cette extension s’est heurtée à Moscou et aux velléités de Moscou de garder une sorte de cordon sanitaires a ses frontières hors de toute influence américaine et de l’OTAN.

    Par conséquent je ne crois pas que la Russie cherche à influencer l’Occident d’une quelconque façon. Je crois que la Russie a du reste encore beaucoup trop de problèmes propres à régler pour se poser en puissance qui souhaiterait remodeler en quelque sorte le reste du monde, comme par exemple l’Amérique souhaite remodeler le moyen orient.

    Je crois surtout que la Russie devient naturellement un modèle attractif car le renouveau russe s’opère et arrive historiquement au moment où l’Europe et l’Occident traversent à contrario une grave crise (morale, politique, économique…) et font face à une pénurie de modèle avec un grand M. Cela se traduit par exemple par l’émergence de partis plutôt souverainistes qui sans surprises voient dans ce renouveau russe une forme de gouvernance avec beaucoup de points plutôt positifs. Ces partis sont autant de droite que de gauche, que l’on pense à Mélenchon ou Chevènement en France ou encore par exemple Sanders aux États-Unis. On comprend bien que la relation avec la Russie pourrait changer avec un changement de gouvernance au sein des pays Occidentaux.

    En fait la grande force du pro-russisme est qu’il est transcourant. Tout comme du reste l’est l’atlantisme aujourd’hui en France qui concerne tant la gauche que la droite de gouvernance.

    L’un des vecteurs majeurs pour promouvoir des valeurs, des idées ou un modèle est le vecteur culturel, parfaitement maîtrisé par les américains. N’est-ce pas l’une des faiblesses majeure de la Russie ?

    Vous avez raison en ce sens que Hollywood nous a convaincu que la Sibérie était froide et hostile tandis que la Californie est lumineuse et ouverte. L’occident américano-centré a sans aucun doute connu sa forte extension planétaire via la dimension culturelle mais je pense que cela va s’arrêter.

    Tout d’abord le Californien des années 60 qui faisait envie avec raison (beau, sportif, riche et en bonne santé ...) a été remplacé par un Texan agressif au cours des années 90, 2000 tandis qu’aujourd’hui on a Obama aux manettes d’une Amérique qui depuis la crise de 2008 ne fait plus autant rêver il faut bien se l’avouer.

    Dans le même temps, dans d’autres zones du monde émergent et se transforment en modèle, je pense par exemple à la Chine ou récemment un homme d’affaires du nom de Wang Jianlin, patron du groupe Wanda, a déclaré la guerre à Disney en affirmant que « Disneyland n’aurait jamais dû s’implanter en Chine et Mickey et Donald, c’est du passé ! ». Un parc Wanda « Made in China » devrait du reste très prochainement ouvrir en France.

    Concernant la Russie d’aujourd’hui oui c’est une faiblesse cruciale de ce pays, la Russie de Poutine ne sait pas se vendre contrairement à l’Union Soviétique. Je pense même que les autorités russes n’ont pas eu les moyens de se permettre une stratégie quelconque de communication ou Soft power avant le milieu des années 2000 car avant il fallait reconstruire l’État. C’est du reste à cette période que n’ont émergé des structures de communications destinées à l’étranger comme RT par exemple. Si RT a fait un énorme boulot, il faut bien se rendre compte que le talent dans le Soft-Power n’est clairement pas un point fort de la Russie actuelle.

    Mais en même temps quel Soft-power est fondamentalement nécessaire quand vous n’avez pas de velléité de domination culturelle (comme l’a l’Amérique sur l’Europe) et que vous visez à être un réservoir énergétique, demain un leader agricole et donc un grenier de nourritures et après-demain un fournisseur d’eau soit d’un élément essentiel pour la Survie.

    Quel rapport les russes ont-ils avec cette période de leur histoire qu’est l’URSS et avec la figure de Staline ? Et avec la période Eltsine ?

    Ambiguë et complexe et surtout variable selon les générations. Les russes se souviennent ou savent que l’Union Soviétique était une grande puissance respectée au sein de laquelle la vie était organisée. La période qui a suivi a été celle du déclin et du chaos. Par conséquent il n’y pas une nostalgie du communisme au sens purement idéologique du terme mais une nostalgie de l’ordre et de la sécurité qui découlait de cette période historique. En même temps beaucoup de russes regrettent au fond ce gigantesque pays au sein duquel les peuples frères vivaient en paix, tout comme ce fut le cas dans un sens au sein de l’ex-Yougoslavie. C’est moins le cas chez les jeunes générations qui n’ont pas connu l’URSS, que ce soit en Russie ou du reste dans les autres pays de l’ensemble post-soviétique.

    Et avec la période Eltsine ?

    Pour ce qui est de la période Eltsinienne elle a fait beaucoup de mal à la Russie sur le plan moral et sanitaire. Ça a été une période d’humiliation et de pauvreté que personnes ne regrette a part bien sur une minorité qui a su a cette époque bénéficier du chaos ambiant.

    Bien plus qu’un état, la Russie est un empire. Le modèle poly-ethnique russe, que vous décrivez comme modèle alternatif au multiculturalisme promu en Occident n’est-il pas valable uniquement pour un empire mais inapplicable à des états européens comme la France, l’Allemagne ou encore la Hongrie ?

    Les nations européennes étaient plutôt homogènes et soumis à une immigration principalement européenne jusqu’aux années 70,80 date à partir de laquelle l’Europe continentale a vu s’accélérer des processus migratoires extra-européens qui ont de fait transformé les nations européennes en « ensembles » multiethniques. Mais il s’agit de processus récents et le moins qu’on puisse constater est qu’ils ont bouleversé dans un sens le vivre ensemble mais surtout que les nations européennes ont du mal à trouver des solutions fonctionnelles pour faciliter cette nouvelle cohabitation. On peut se demander si regarder du côté de la Russie ne pourrait pas permettre de trouver des solutions à certains de ces problèmes.

    Bien sûr en Russie l’Islam y est de souche. L’Islam est une partie intégrante de la société russe et du monde russe, de la Volga au Caucase mais aussi de l’ancien monde soviétique avec l’Asie centrale. Le vivre ensemble et l’expérience de cohabitation s’y est développé selon des règles bien particulières.

    Quels seront les plus grand défis ou les plus grandes menaces pour la Russie dans les prochaines décennies ?

    Un des grands risques, c’est la politique américaine en Europe qui est source de conflits et de tensions et même de guerre comme on a pu le voir en Géorgie et en Ukraine. Il ne faut pas exclure un conflit de plus haute intensité si les États-Unis continuent leur politique de pression et d’ingérence en Europe de l’Est et au cœur de l’Eurasie.

    L’autre grand risque est le terrorisme sous quelque forme que ce soit et notamment le terrorisme religieux, islamique. Ce risque pourrait venir de l’extérieur mais aussi pourquoi pas dans le futur d’une résurgence identitaire régionale et religieuse qui pourrait entraîner une potentielle vague séparatiste et donc un conflit entre Moscou et une de ces provinces.

    Enfin et sans aucun doute il y a aussi la question de l’après-Poutine. Vladimir Poutine semble se diriger vers un quatrième mandat de 2014 à 2018 mais la question de l’après est évidemment déjà dans les esprits.   

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    Un printemps russe 

    Le Rouge & le Noir

  • Mathieu Bock-Côté : « Après l’illusion du nouveau monde, le réel reprend ses droits »

     

    C'est à lire ! À discuter !

    Interview. Alors que l'opinion jauge la rentrée politique compliquée d'Emmanuel Macron, le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté analyse ici pour Valeurs actuelles* le désenchantement d'une présidence qui avait, depuis le début, envoûté une bonne partie de la population et de l'opposition. 

    regis-debray_catherine-helie.jpgDans Le nouveau pouvoir, Régis Debray parle de « dépolitisation de la politique ». Emmanuel Macron a-t-il « dépolitisé » son action depuis son élection ?

    À certains égards, oui. Emmanuel Macron, très consciemment, a cherché à monopoliser l’aspiration au renouveau qui traverse la vie politique française depuis quelques années. Il s’est voulu le grand débloqueur d’une société bloquée. C’était de bonne guerre: qui n’aurait pas réclamé ce rôle ? Il s’est même cru prêt à enfiler les habits de l’homme providentiel : il se croyait assez grand pour eux. C’était peut-être un peu présomptueux.  

    Rappelons-nous les suites immédiates des législatives, après la victoire d’En Marche: Macron voulait manifestement rassembler dans son parti l’ensemble des volontés réformatrices. Plus encore, c’est à l’intérieur d’En Marche que devaient s’exprimer les contradictions raisonnables de la société et ses débats légitimes, Emmanuel Macron accomplissant finalement le vieux fantasme giscardien d’un parti rassemblant deux Français sur trois, dans une société purgée de ses passions tristes et renouant avec l’optimisme et le progrès. Le parti moderniste, résolument européen et partisan de la mondialisation heureuse, venait de rassembler ses troupes et de faire éclater les vieux clivages, qui le divisaient contre lui-même. Une France nouvelle, réconciliée avec son époque, allait émerger. Dans cet esprit, tout désaccord de fond avec la nouvelle présidence était assimilé à une forme d’extrémisme ou de populisme et devait être refoulé dans les marges – au mieux, c’était un reste pétrifié du monde d’hier qu’il s’agissait simplement de laisser mourir. Autrement dit, Emmanuel Macron a rêvé de recréer l’espace public en occupant tout son espace central, pour refouler ses adversaires dans la périphérie. 

    Il faut dire qu’il avait une situation stratégique exceptionnelle. Le paysage politique semblait en décomposition grave. Le FN s’est disqualifié lors de la présidentielle, la droite était cognée, hébétée, sonnée, groggy, la gauche classique semblait ramenée à un créneau très étroit, d’autant que Macron s’était en partie fait élire en occupant son espace politique. Macron pouvait redéfinir le jeu politique à son avantage en choisissant ses adversaires. Il y est parvenu pendant un temps en privilégiant son affrontement avec Jean-Luc Mélenchon, avec la complicité du système médiatique qui était très heureux de se débarrasser de la question identitaire, comme si sa présence dans le débat public relevait désormais d’un mauvais cauchemar dont la France serait sortie. Macron lui-même n’est pas très à l’aise sur ces questions: dans la mesure du possible, il s’en tenait éloigné.

    Mais la dynamique politique était inévitablement appelée à se recomposer. Macron ne pouvait rester éternellement maître du jeu. En politique, même le plus chanceux des hommes ne dispose pas éternellement d’une conjoncture idéale.

    « Il ne suffit pas d’avoir un jeune président charmant, cultivé et audacieux pour faire oublier que nos temps sont tragiques et que des questions comme l’immigration massive, par exemple, continuent de se poser brutalement à notre civilisation, comme on l’a vu cet été avec l’Aquarius. En d’autres mots, les questions politiques les plus fondamentales remontent à la surface et il faut y répondre politiquement. »

    Quand il est interrogé sur l’action qu’il met en oeuvre, Emmanuel Macron situe souvent sa réponse sur le terrain des résultats et de l’efficacité, et refuse de débattre de ses idées. Quelles sont les conséquences de ce positionnement sur la vie politique française ? 

    MV5BNzgwNTYzODY4OV5BMl5BanBnXkFtZTcwNTE2NzgzOA@@._V1_UY317_CR10,0,214,317_AL_.jpgC’est la posture classique de ce qu’on appelait encore hier la troisième voie, qui prétend faire une politique post-idéologique. Autrement dit, Macron reprend en ce moment la stratégie de Tony Blair (photo) , qui disait mener non pas une politique de gauche ou de droite, mais une politique efficace. La politique ne serait qu’une forme achevée de pragmatisme. C’est une manière de dissoudre la politique dans la seule gestion, et d’invisibiliser rhétoriquement le fondement philosophique de toute décision politique. Ce n’est qu’une illusion, évidemment: quoi qu’on pense, toute décision politique engage une certaine idée du monde, une certaine idée de l’homme. Et pour cela, les idées de Macron doivent être débattues. Il est nécessaire d’expliciter la philosophie macronienne, comme ont cherché à le faire chacun à leur manière Brice Couturier et Philippe Raynaud, qui en proposent une lecture à la fois favorable et convaincante dans deux ouvrages de grande qualité. 

    La grande question de notre temps est la question identitaire. C’est à travers elle qu’aujourd’hui, on renoue avec les fondements de la cité. Le préjugé matérialiste commun aux libéraux et aux marxistes ne doit plus nous faire écran : l’homme ne saurait se réduire à la simple gestion de ses besoins primaires, même si les questions économiques sont évidemment fondamentales. On pourrait en dire de même des questions sociétales. Encore la droite doit-elle s’emparer sérieusement de ces questions, ce que fait notamment un Bruno Retailleau, il faut le mentionner. Une question s’impose, finalement: dans quelle civilisation voulons-nous vivre ? Il importe alors de mettre en scène les désaccords fondamentaux qui aujourd’hui, émergent dans la vie publique, sans chercher à se cacher derrière un faux consensualisme. 

    Dans ce contexte, la droite a tout intérêt à assumer nettement son désaccord avec le président, et à ne pas se laisser intimider par ceux qui l’accusent de se « radicaliser » ou de se « droitiser »: ces accusations servent surtout à la neutraliser idéologiquement, à l’inhiber politiquement et culturellement. Elles sont normalement relayées par cette frange de la droite idéologiquement satellisée par la gauche et qui n’en finit plus de donner des gages de respectabilité au camp d’en face, pour enfin recevoir son brevet d’humanisme.

    « Ceux qui voudront défier véritablement Emmanuel Macron ne devront pas simplement se présenter comme de meilleurs gestionnaires des mêmes idéaux que lui, mais marquer une différence philosophique de fond sur leur conception du monde et de la France. »

    Peut-on établir un lien entre la disparition du politique et l’européanisation de notre vie politique ?

    Absolument. Ce lien est même fondamental : si on ne le fait pas, on ne comprend plus rien. Dans la modernité, le cadre national permet une démocratisation du politique: c’est dans ce cadre qu’un peuple peut délibérer des finalités qu’il entend poursuivre politiquement, dans la mesure où les hommes, pour débattre, ont besoin d’un monde commun, d’un univers de sens partagé et de repères dépassant leurs désaccords. Le politique quitte alors le registre de la gestion pour s’inscrire dans celui du projet collectif, qu’on ne confondra pas avec celui de l’utopie. Philippe Seguin, en son temps, l’avait deviné : qui largue la nation largue le politique. Le préjugé habermassien qui veut que le politique, pour renaître à l’heure de la mondialisation, doive être reconstitué au niveau supranational est désavoué par la LAbecedaire-des-Institutions_PierreManent.jpgréalité : il suffit de regarder l’Europe d’aujourd’hui pour constater que le niveau national demeure celui où le politique est substantiel. C’est là où se révèle le mieux sa part sacrée. J’ajoute que les nations ne sont pas des constructions artificielles sans profondeur, que l’on pourrait déconstruire pour composer ensuite aussi artificiellement de nouvelles formes politiques. On relira sur la question les travaux essentiels de Pierre Manent (photo)

    Je rappellerai un principe tout simple : la démocratie a besoin d’un peuple pour s’incarner, sans quoi, elle se dénature dans une forme de juridisme minimaliste qui laisse complètement l’aspiration des hommes à maîtriser leur destin. Et il n’y a pas de peuple européen au singulier. Dès lors, l’Europe telle qu’elle s’est construite depuis trente ans était une machine à neutraliser les peuples : pire encore, elle avait la tentation de dissoudre son être historique, comme si elle devait donner l’exemple d’un monde devant se vider de toute substance pour s’universaliser. Faut-il pour autant congédier l’Europe à la manière des Britanniques ? Si j’étais britannique, j’aurais voté en faveur du Brexit, mais la France n’est pas la Grande-Bretagne. Sa situation géopolitique n’est pas la même. Le choix n’est pas entre l’Europe des européistes et le saut vers le Frexit.

    « Il faut reconstituer politiquement l’Europe, mais non pas à la manière d’une superstructure technocratique désincarnée et autoritaire neutralisant et déconstruisant ses nations. La civilisation européenne n’est pas cette masse floue, aux frontières indiscernables qui en vient à dégoûter les peuples mais une réalité historique qu’on ne parviendra à constituer politiquement qu’en respectant la diversité des peuples qui la composent, et en ne cherchant pas non plus à les homogénéiser et les standardiser bêtement. »

    Il y a dans tout cela une dimension très pratique. Les souverainetés nationales sont en ce moment entravées et condamnées à l’impuissance : elles doivent se délivrer de ce qui les étouffe. Cela impliquera notamment de rompre avec le gouvernement des juges à l’européenne qui incarne une forme de despotisme droit-de-l’hommiste à la légitimité plus qu’incertaine. De ce point de vue, qui prend au sérieux la réforme de l’Europe est obligé de constater qu’à travers elle, on renoue avec la question du régime.

    Un peu moins d’un an et demi après son élection, la politique de Macron est critiquée pour la première fois pour son inefficacité (chômage, croissance, immigration, couacs du prélèvement à la source, démission de Hulot…). Vit-il un tournant de son quinquennat de ce point de vue-là ? 

    Ce qui me frappe, en ce moment, c’est le désenchantement assez brutal d’une présidence qui avait d’abord envouté une bonne partie de la population, et même, de l’opposition. Pendant quelques mois, on ne savait pas trop comment s’opposer à Macron. Élu par la gauche, il était même parvenu, avec un certain talent, à occuper une partie l’espace symbolique du conservatisme, en restaurant la verticalité de la fonction présidentielle, et en restaurant la dimension littéraire de la parole présidentielle. Macron ne faisait pas honte. Il redonnait même une certaine fierté aux Français.

    « Macron avait compris qu’il pouvait occuper une partie de l’espace de la droite à très peu de frais. De même, à coup de petites phrases bien calculées, il savait aussi occuper l’espace de la transgression. Sa popularité des derniers mois vient d’abord de là. Et c’est aussi par là qu’il déçoit, car il y a des limites à se maintenir au sommet grâce au pouvoir de l’illusion : la politique n’est pas qu’un théâtre. Un jour, la rhétorique doit se concrétiser, ou alors, elle devient exaspérante. »

    Mais vous avez raison, Macron se présentait comme celui qui réussirait là où les autres ont échoué. Il débloquerait la France. Il redonnerait de la vigueur à l’action publique. C’était l’anti-décliniste en chef. Qu’en est-il ? Ne soyons pas trop sévère. On ne change pas en un an de part en part, et cela, même si on opte pour la thérapie de choc, ce que Macron n’a pas fait. Il faudra encore du temps pour évaluer les effets de ses politiques sociales et économiques, sur lesquelles il voulait être évalué, même s’il commence à s’embourber. Mais ses adversaires seront en droit de lui demander : vous pensiez restaurer l’action publique et lui redonner sa noblesse. L’avez-vous fait ? Tout dépend des attentes du commun des mortels par rapport au pouvoir. Il sait qu’il n’est pas capable de miracles : mais il espère au moins quelques décisions résolues de la part de leaders ne reculant pas à la première tempête. 

    Alors que les résultats sont moins au rendez-vous, Macron a-t-il touché les limites de la dépolitisation, perçue jusqu’alors comme une réponse possible à l’instabilité politique et aux blocages issus des prétendues crispations idéologiques des représentants de « l’ancien monde »

    Nouveau monde, ancien monde, ces distinctions, pour moi, ne veulent pas dire grand-chose. Nous sommes ici victimes d’une sloganisation de la pensée politique. La vie politique, qu’on le veuille ou non, met d’abord en scène les contradictions qui traversent une cité et il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps ! Des hommes s’affrontent, des valeurs s’affrontent, des philosophies s’affrontent. On peut bien refouler dans les marges toutes les contradictions fondamentales: on crée alors les conditions d’une révolte « populiste » ou du moins, on favorise le retour de la fonction tribunicienne, qui donne l’illusion d’une insurrection démocratique des classes populaires, alors qu’elle consacre leur sécession civique. Emmanuel Macron ne se sauve pas de la politique et découvre même que les familles politiques issues du « monde d’hier » sont bien plus résistantes qu’on ne le croyait. Dans le monde qui est le nôtre, Emmanuel Macron découvre l’opposition et constate que ses idées sont contestées et que sa majorité est contradictoire. Si vous voulez, après l’illusion du nouveau monde, le réel reprend ses droits.

    La volonté de gouverner « en même temps » pourrait-elle faire office d’idéologie si Emmanuel Macron se décidait à abandonner son discours technocrate pour « redonner du sens politique » à son action, comme le réclament certains de ses proches aujourd’hui ?

    Tout gouvernement, quel qu’il soit, gouverne selon le principe du « en même temps », dans la mesure où dans la cité s’expriment des aspirations humaines contradictoires mais également légitimes. Il y a au cœur de l’homme une aspiration à l’enracinement, mais il y en a aussi une au cosmopolitisme. Il

  • Hyperinflation et effondrement : point Oméga des crises du Système depuis 2008, par Marc Rousset

     

    Les Bourses européennes ont fini dans le rouge ce vendredi par crainte d’un effet domino sur les banques. L’ensemble du secteur bancaire est touché. Le CAC 40 a perdu 1,74 % à 7015,10. Après la quasi-faillite du Crédit Suisse, l’attention s’est portée sur Deutsche Bank, première banque allemande, dont les actions ont été massivement vendues (-8,53 %) tandis que le rendement des obligations subordonnées (Additional Tier 1 ) et le coût d’assurance contre le risque de défaut de paiement (« Credit Default Swap ») de Deutsche Bank ont fortement augmenté.

    Le CDS à 5 ans de Deutsche Bank a grimpé à plus de 2,2 %. Les instruments financiers de couverture indiquent une probabilité de défaut de Deutsche Bank de 27,4 % dans les cinq prochaines années et de 19,3 % pour Commerzbank. Pour Barclays et Société Générale, la probabilité moins élevée se situe autour de 13 %. Signe de nervosité, l’indice de volatilité aux États-Unis s’affichait à 22,76, tandis que l’indice européen a fait un bond à 24,88. Les banques centrales doivent résoudre le problème contradictoire de la stabilité monétaire et de la stabilité financière des banques, de l’inflation ou du krach bancaire et boursier.

    MARC ROUSSET.jpgAfin de combattre l’inflation, Jerome Powell, le président de la Fed, a annoncé ce mercredi une hausse de 0,25 % du principal taux directeur pour le porter à 4,75 % -5%, en soulignant que d’autres hausses de taux pourraient suivre, si nécessaire, mais qu’aucune baisse des taux n’était anticipée. Sans la faillite de Silvergate Bank, Silicon Valley Bank et Signature Bank, la Fed aurait relevé le taux de 0,50 % au lieu du taux modéré de 0,25 %. Il est évident que le relèvement du coût de l’argent pèse sur les particuliers, les entreprises, les banques, les États et les marchés financiers : depuis l’été 2022, les taux qui étaient de l’ordre de zéro aux États-Unis et négatifs en Europe, ont grimpé à la verticale aux États-Unis pour atteindre 4,75 – 5 % et 3,50 % en zone euro. Il en est de même pour les taux obligataires qui, pendant la même période, ont violemment augmenté de pratiquement zéro à 2,9 % en France et 3,51 % aux États-Unis. Le but recherché par le Système est la hausse des taux pour combattre l’inflation, tout en inondant les banques de liquidités pour éviter leurs faillites.

    Powell a aussi insisté sur le fait que, malgré la faillite de banques régionales californiennes, le secteur bancaire était sûr tandis qu’au même moment Janet Yellen, la secrétaire américaine au Trésor, déclarait , lors d’une audition devant le Sénat, ne pas envisager « une garantie globale » pour tous les dépôts bancaires aux États-Unis, ce qui a fortement ébranlé les investisseurs. Il faut savoir en effet que c’est le seul gouvernement américain qui devrait mettre la main à la poche en empruntant pour couvrir les dépôts des banques en faillite aux États-Unis. Tout comme en France le FGDR, la FDIC ne dispose que de montants ridicules pour couvrir les dépôts en cas de faillites : le FDIC a seulement 200 milliards de dollars en caisse, alors que les dépôts des deux petites banques californiennes en faillite SVB et Signature représentent déjà, à eux seuls, 250 milliards de dollars ! Ces atermoiements des autorités américaines naviguant à vue pour la garantie des dépôts ainsi que la perte de valeur au prix du marché des obligations détenues par les banques, en raison de la hausse des taux d’intérêt, sont à l’origine de l’actuelle crise bancaire.

    Il semble que la Fed, plutôt que de continuer à augmenter les taux, espère que les mesures actuelles vont inciter les banques à réduire leurs prêts, afin de préserver leur liquidité, ce qui ralentira l’économie et l’inflation actuelle de 6 %. Selon une enquête de la Fed en janvier, la demande de crédit bancaire des entreprises et des ménages est déjà moindre, les conditions de prêt étant durcies. La croissance des crédits bancaires aux États-Unis a été nulle ces 3 derniers mois. Lors d’une conférence de presse, Jerome Powell a clairement expliqué que le durcissement des conditions de crédit bancaire était équivalent à une augmentation des taux directeurs de la Fed. C’est pourquoi il ne parle plus de « futures hausses de taux ». Autrement dit, la Fed souhaite transférer une partie de la tâche de ralentissement de l’économie au secteur bancaire. Il est clair que la Fed ne souhaite pas aggraver les difficultés des banques en augmentant les taux (dépréciation de leur portefeuille d’obligations à la valeur du marché).
    Mais en accordant des prêts aux banques qui font face aux retraits des dépôts de leurs clients, afin d’augmenter leur liquidité, la Fed a cependant de nouveau augmenté son bilan de 297 milliards de dollars, au lieu de continuer à le réduire, ce qui correspond à l’effet « quantitative easing » d’essence inflationniste car il y a création supplémentaire de monnaie.

    En Europe, la BCE tente de rester ferme dans la tempête bancaire. Christine Lagarde ne juge pas nécessaire « d’arbitrer entre la stabilité des prix et la stabilité financière ». À cet effet la BCE ne donne plus de prévision de hausse ou de baisse de taux. La BCE, comme toutes les grandes banques mondiales, a également effectué des accords swap avec la Fed pour obtenir des liquidités en dollars, ce qui avait été déjà le cas en 2008, lors de la faillite de Lehman Brothers ; à l’époque la Fed avait inondé la planète à hauteur de 20 000 milliards de dollars. De cette façon, la BCE pourra alimenter en dollars les banques européennes si elles font face à des retraits de dépôts ou à des problèmes de liquidités en dollars. Le Crédit Suisse a par exemple dû faire face tout récemment à 110 milliards de retraits de dépôts.

    Un autre malaise en Europe vient du fait que les détenteurs d’obligations subordonnées du Crédit Suisse, soit environ 17 milliards de dollars, ont tout perdu, la Banque nationale suisse d’une façon scandaleuse ayant décidé de ne pas les indemniser et de faire passer avant les actionnaires, ce qui est contraire à la morale la plus élémentaire. Les obligations subordonnées jouent le rôle de quasi fonds propres, mais elles n’ont pas, comme les actions le droit de vote et, en contrepartie, elles sont mieux rémunérées que des obligations normales. D’où un très long procès à venir par les détenteurs internationaux prestigieux de ces obligations (Lazard Frères, Blackrock, etc.) et un sentiment justifié de malaise sur les marchés, car il y a eu spoliation pure et simple par la Banque nationale suisse qui se retranche derrière des lois suisses unilatérales et non éthiques.

    Il est vrai que la plupart des banques européennes ne sont pas dans la situation de nombreuses banques américaines car elles respectent la réglementation Bâle III mise en place après la crise financière de 2008. Selon le Président de la Banque de France, Villeroy de Gallau, 400 groupes bancaires européens sont soumis à cette réglementation contre 13 seulement aux États-Unis, les plus grands établissements. Trump, en 2019, a pris la décision stupide de dispenser les banques moyennes et petites des règles de Bâle III.

    La BCE vient d’augmenter de 0,50 % ses taux, afin de confirmer sa volonté de combattre l’inflation tout en affirmant que toute nouvelle augmentation des taux dépendra du contexte à venir. Enrayer la panique financière et bancaire tout en domptant l’inflation, tel est le dilemme de la BCE ! L’inflation annuelle en France est estimée actuellement à 6,3 %, mais au Royaume-Uni elle s’élève déjà à 10,4 %. La lutte contre l’inflation est la priorité, mais il sera difficile pour les banques centrales d’aller beaucoup plus loin dans le resserrement monétaire.

    L’Italie vient aussi de connaître la faillite de la 20e plus grosse compagnie d’assurance-vie, la compagnie Eurovita qui a été placée sous administration provisoire. Eurovita n’a pas pu supporter la perte de valeur importante de ses obligations françaises et allemandes, suite à la hausse des taux. Tous les fonds sous gestion d’Eurovita, soit 15 milliards d’euros, sont gelés ; les épargnants ne peuvent plus accéder à leur argent. On sent bien que l’économie mondiale a atteint la limite supérieure possible, pour supporter les taux d’intérêt actuels.

    Il est probable que le Système va provisoirement venir à bout de cette crise bancaire, avec à la clé une baisse des cours des actions qui sera « vicieuse » selon la banque américaine Morgan Stanley, suite à une double contraction de l’activité et des bénéfices. Les liquidités des banques centrales resteront en effet dans les banques pour éviter la faillite et ne parviendront pas à l’économie réelle, sous forme de crédits bancaires aux entreprises ou aux particuliers. La vitesse de circulation de la monnaie dans le système bancaire diminuera donc d’autant. Les actions baisseront donc, suite à la diminution des bénéfices et à la diminution du coefficient cours de l’action/bénéfice (P/E), ce qui correspond à une augmentation de la prime de risque.
    Mais mortellement blessé depuis 2008, et sauvé par « l ‘assouplissement quantitatif » des banques centrales, les jours du Système sont maintenant comptés car, à partir de maintenant, seule une conjoncture dépressive, qui ne soit pas sous le signe d’une stagflation par les coûts de l’énergie et des matières premières, peut prolonger son agonie pendant encore quelques mois ou deux ans au grand maximum.

    La seule raison de la mort à venir du Système dans un avenir très rapproché : l’hyper-endettement qui, au lieu de régresser, vient d’augmenter d’une façon inconsidérée, en raison de l’erreur phénoménale, du scandale que fut la traitement de la crise du Covid en Occident par le confinement pendant une durée aussi longue. L’endettement de la France, suite à la crise du Covid, a augmenté de 600 milliards d’euros pour le porter aujourd’hui au chiffre démentiel de 3 000 milliards d’euros. La dette du Covid a été reprise essentiellement par la BCE avec l’assouplissement quantitatif jusqu’à l’été 2022. Ce fut alors la fin de l’argent magique et gratuit, avec arrêt d’injections de liquidités et début de la remontée des taux d’intérêts qui étaient négatifs, pour en arriver aujourd’hui au taux de 3,50 % (4,75 %-5 % aux États-Unis)
    Or 1 % d’augmentation des taux d’intérêts représente une charge supplémentaire annuelle de 40 milliards d’euros, au bout de 10 ans, selon Villeroy de Gallau. Avec un taux à long terme de 6 %, cela signifierait que la France , à terme, devrait payer 240 milliards d’euros d’intérêt pour un budget régalien légèrement supérieur à 300 milliards d’euros, soit 80 % des recettes de l’État pour ne payer que les intérêts de la dette. Le budget de l’État français ne peut donc pas supporter une telle charge, avec un taux d’intérêt à 6 % pour mettre fin à l’inflation.

    Aux États-Unis, le changement de politique monétaire a commencé au printemps 2022. L’endettement des États-Unis est tout aussi démentiel, mais phénomène nouveau, le roi-dollar est remis en question et les banques centrales de la Russie, de la Chine et des BRICS ne vont plus – ou de moins en moins – acheter de billets du Trésor américain, afin de rémunérer leurs dépôts.

    Le Système et la zone euro exploseront suite à la crise de la dette. Le Système, limité par les taux d’intérêt, au-delà des aléas de la conjoncture et de la restriction des crédits par les banques, ne pourra donc qu’assister, plus tôt que nous le pensons, à une inflation rampante structurelle supérieure à 2 %. Cette dernière ne pourra que progressivement monter en puissance, au fil du temps, d’une façon auto-accélérée jusqu’à l’hyper-inflation et à l’explosion, d’une façon tout à fait analogue à ce qui s’est passé en Allemagne, en 1923, pour des raisons différentes (problème du paiement impossible des dettes de guerre du Traité de Versailles). On passera progressivement de l’inflation à un chiffre, puis à deux chiffres et trois chiffres (inflation galopante), jusqu’à l’hyperinflation, sans jamais pouvoir revenir en arrière, en raison de la dette trop élevée, de la perte de confiance des investisseurs dans la dette française !
    Les Français, comme le remarque le philosophe allemand Jürgen Habermas, seront obligés de travailler un jour jusqu’à 67 ans et Jean Monnet avait pour une fois raison : « Les hommes n’acceptent les changements que dans la nécessité, et ils ne voient la nécessité que dans la crise ». Le Système en France explosera, suite à l’hyperinflation incontrôlable, mais les raisons profondes de l’hyperinflation auront été l’irresponsabilité et la nullité des élites depuis 40 ans, qui ont accepté une immigration ruineuse (80 milliards d’euros par an), 2 millions de fonctionnaires en trop (84 milliards d’euros), un laxisme généralisé de la dépense publique et sociale (retraite à 60 ans de Mitterrand, 35 heures, gaspillages tous azimuts de l’argent public). Alors qu’il faut changer le Système et les valeurs sociétales, les Français ont seulement réagi jusqu’à ce jour en demandant à l’État des subventions, des aides exclusivement financées par l’emprunt et toujours plus d’impôts pour les autres, jusqu’à ce qu’un jour cela finisse par retomber sur le nez de tous les Français !

    Selon le physicien Albert Bartlett, « une des grandes faiblesses de la race humaine, c’est une incompréhension de la fonction exponentielle ». La France connaîtra un jour, comme le Liban, le dollar à 100 000 livres libanaises ! Quant à l’or qui vient d’atteindre les 2000 $ l’once, son cours s’envolera jusqu’à atteindre un jour les 10 000$ l’once, le dollar s’étant entre-temps effondré et la zone euro ayant explosé !

    Il est à craindre que la France hyper-endettée connaisse dans un avenir rapproché l’hyperinflation, la banqueroute, le retour au franc, la faillite de l’Europe du Sud, l’explosion de l’UE et de la zone euro, l’effondrement du Système, la misère, la violence, l’explosion politique, sociale, sociétale, économique, monétaire, la guerre civile, la révolution libérale conservatrice ! La raison principale : l’irresponsabilité des dirigeants politiques qui pendant plus de 40 ans, Macron venant couronner le tout, n’ont fait que « bouffer » l’héritage gaullien, tout en pratiquant l’art de plaire face à des Français décérébrés par les médias, et suite aussi aux rêves irréalistes, fumeux, décadents et ruineux des écologistes, des gauchistes et des socialistes.

  • SOLIDARITÉ KOSOVO !... : RÉNOVATION DES ÉCOLES – CAMPAGNE 2021

    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

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    Cette année encore, pour la neuvième année de suite, Solidarité Kosovo va investir plus de 100 000 euros dans la rénovation de 3 écoles du Kosovo-Métochie.

    2021 école Izvor - 1
     
    Comme chaque année, nous avons sélectionné 3 des écoles les plus vétustes que nous avons trouvées. Ces bâtiments, situées dans des enclaves isolées dans des régions difficiles, n’ont bénéficié d’aucun chantier de rénovation depuis la fin de la guerre en 1999.

    Ces écoles se trouvent dans les enclaves de Izvor, Pasjane et Kuzmin.

    Les travaux démarreront dans le courant du mois de février :

    • Rénovation des sanitaires
    • Réfection de l’électricité
    • Installation de nouveaux vitrages
    • Rénovation de l’isolation
    • Installation de systèmes de chauffage
    • etc.

    En rénovant ces écoles, nous offrons à leurs élèves la possibilité de travailler dans des conditions décentes et d’acquérir ainsi la formation intellectuelle et humaine dont ils auront particulièrement besoin une fois adultes. Les écoles des enclaves sont également des lieux de vie, où enfants et parents peuvent se retrouver pour des événements culturels, pour faire du sport, pour se soutenir dans les moments particulièrement difficiles.

    C’est pour toutes ces raisons que ces campagnes de rénovation d’écoles sont devenues un des piliers de notre action dans les enclaves.

    Vous pouvez encore nous aider à financer cette opération :

    Rénovation des écoles, campagne 2021

  • Hommages à Pierre-Guillaume de Roux.

    © Benjamin de Diesbach pour L'Incorrect - droits réservés

    Alors que sont aujourd’hui célébrées les funérailles de l’éditeur Pierre-Guillaume de Roux, nous avons souhaité lui rendre hommage en rassemblant ici ces quelques témoignages d’amis, de compagnons, d’écrivains. Nous présentons également nos sincères condoléances à sa famille.

    À TOUT DE SUITE PIERRE-GUILLAUME

    Quand on raccrochait d’une conversation avec Pierre-Guillaume, il concluait par un curieux : « À tout de suite ». La première fois, j’ai cru qu’il allait me rejoindre quelque part, que j’avais mal compris… En y repensant, cet « À tout de suite » fait écho à l’ « Immédiatement » de ce père qu’il aimait tant, Dominique de Roux. Ce père dont il avait la photo dans son fameux bureau rue de Richelieu, où il ne pouvait même plus s’installer tant il y avait de livres et de manuscrits… Pierre-Guillaume, comme son père, un preux de l’édition, sans peur et sans reproche, mettait la littérature au-dessus des idéologies. Ce pourquoi le portrait que lui avait consacré Le Monde l’avait tant peiné : il était prêt à débattre avec n’importe qui, mais pas avec les valets de pieds de la propagande. Pierre-Guillaume vivait sans interruption, parmi les écrivains qu’il admirait, morts ou vifs, dans ce temps jamais perdu des livres. Il était toujours avec nous ; il est toujours avec nous. Son regard malicieux perché tout en haut de son corps de paladin ne nous quitte pas. À tout de suite Pierre-Guillaume ! Bertrand Lacarelle

    EN SOUVENIR DE PIERRE-GUILLAUME DE ROUX

    J’ai connu Pierre-Guillaume comme camarade d’édition au Rocher du temps du regretté Jean-Paul Bertrand, au début des années 2000, quand nous venions de publier dans la collection Anatolia le scandaleux Nicolas Gomez Davila, qu’il défendit aussitôt avec passion. Notre ami commun, l’éditeur Vladimir Dimitrijevic, sur son lit d’hôpital après un accident de la route, m’avait mis en garde : « Attention, ça ne va par leur plaire. » À qui donc se rapporte ce « leur » ? lui avais-je demandé. « À personne, me répondit-il. C’est bien ça le pire ». Aussi publiai-je le catholique colombien avec un plaisir redoublé. Le seul article enthousiaste sur le livre – dont je regrette aujourd’hui le titre un peu facile – Les Horreurs de la démocratie (Misère de la démocratie eût été plus juste), parut dans l’imprévisible Libération. Je revis Pierre-Guillaume à l’enterrement du cher Dimitri, qui était son parrain dans la foi orthodoxe, il y a dix ans, et il avait avec lui quelques exemplaires du livre que nous avions publié en hommage aux 40 ans des éditions de L’Âge d’homme, Les Caves du Métropole, qu’il distribuait aux amis venus aux funérailles de Gazda – « le patron » –, qu’un deuxième accident de la route n’épargna pas, cette fois. On a pu dire que Pierre-Guillaume s’était fourvoyé dans les dernières années de sa vie. Se raccrocher à la politique n’avait aucun sens quand on aimait profondément la littérature comme il le faisait. Les paroles du père Simon, prêtre-aumonier à l’Université de Vienne, ont valeur d’homélie : « Nous devons accepter humblement d’être athées en politique et garder toute notre foi pour le Très-Haut ». Pierre-Guillaume était un être discret et doux, un lecteur raffiné, amoureux des belles choses et trop pur pour s’embringuer dans la foire politique. Ses bravades, ses compromis, qui n’obéissaient qu’au souci de la survie éditoriale, appartiennent au monde terrestre. Sa foi au monde céleste. Requiescat in pace. Samuel Brussell

    PARFOIS LES DIEUX SOURIENT

    J’avais croisé Pierre-Guillaume de Roux au début du siècle, il m’impressionnait par sa stature, son élégance, son raffinement et sa réputation professionnelle. Je n’aurais jamais imaginé que vingt ans plus tard il deviendrait l’éditeur de mon premier roman, Moi, Philip Roth. Il y avait tout pour nous séparer : moi, juif new-yorkais, de taille moyenne, habillé sport, fidèle (aux US) du parti démocrate, spécialiste de Philip Roth et d’auteurs américains responsables en partie de l’éclipse de la littérature française ; et lui, le personnage qu’on connaît. Pourtant, parfois les dieux sourient : aucun autre éditeur n’aurait pu si bien accueillir un texte iconoclaste, irrévérencieux, expérimental et subversif, voire un livre fait à son image. De fait, j’ai découvert, à mon étonnement et à ma joie, que j’étais chez moi. Steven Sampson

    LE GRAND LECTEUR

    « Le Grand Lecteur était un homme de haute taille, doté de traits si remarquables qu’il était extrêmement difficile de faire la différence, au premier regard, entre son visage à la fois bienveillant et mystérieux, nimbé d’une roseur ineffable, et l’un de ces portraits princiers que l’on peut admirer en nombre au château de Bel-Œil, ce lieu caché au cœur du Brabant wallon qui résonne encore trois siècles plus tard de l’honneur, du bonheur insigne d’être né… et plus encore. Une couronne de cheveux grisonnants, qui, jadis, avaient longtemps doré au soleil d’un Âge secret et resplendissant, retombait sur son grand front bombé, pétri de mémoire. Quelle amie qui a eu le privilège d’accéder à son cœur un jour de cette brève existence, quelle femme devenue sa proche confidente ne se souvient pas de ses silences résignés ou de cette promenade rituelle qu’elle faisait à son bras, chaque crépuscule ? Était-ce vraiment dans cette vie, était-ce déjà dans le rêve qui vous transporte avec d’infinies précautions jusqu’à cet endroit où l’on se croit arrivé au Ciel, là où s’étend sous les pieds un puissant bruit de vagues allant et venant comme à l’abandon au chevet d’une mer, d’un océan insaisissable ? Quand son profil altier se dessine soudain dans le poignant contre-jour qui annonce à cette minute l’inexorable partage de l’ombre et de la lumière, son visage se fait plus indéchiffrable que jamais. Est-il sur le point de parler, d’ouvrir enfin son cœur ? Nous n’avons pas encore croisé son regard mais une fois que cela sera chose faite, pourrons-nous jamais en oublier l’expression de tendresse déchirante et de bonté magnanime, stoïquement bordée de souffrances dont il ne dira jamais rien ? »

    Extrait d’En Rêve et contre tout (Pierre-Guillaume de Roux, 2018), premier roman d’Anastasie Liou, pseudonyme d’Anne-Sophie Yoo.

    UN FLAMBOYANT INTERCESSEUR

    La littérature a été la forgerie de notre amitié. Il y avait chez Pierre-Guillaume de Roux, en harmonie avec son port altier, une noblesse stylistique qui balayait tous les conforts idéologiques. Comment parler de lui sans parler de soi dès lors qu’il s’agit de la sphère de l’art ? J’avais en souffrance un récit sur ma judéité, intitulé Trou de mémoire. Qui aurait cru qu’il reviendrait à Pierre-Guillaume de Roux de le publier (en 1991), tandis qu’il me fallait subir maints refus dont la motivation se lisait dans la dénonciation de l’ayatollah que j’étais supposé incarner en tant que défenseur d’Israël ? Pour lui n’entraient en considération que le style et la valeur de l’expérience humaine. Sensible à la forme, il savait déchiffrer les intentions et les significations constitutives de l’existence esthétique. C’est ainsi qu’au fil des années, en toute indépendance, s’est affinée et fortifiée notre relation, faite de l’autorité et du respect de chacun des deux protagonistes. Je pleure aujourd’hui le flamboyant intercesseur des lettres qui a publié en 2019 Tournier parti, à coup sûr mon dernier ouvrage. On gravit l’étroit escalier de la rue de Richelieu, on s’enfonce dans la forêt des volumes d’où émerge peu à peu la silhouette magnifique de Pierre-Guillaume de Roux, et on apprend à le connaître. Et on l’aime. Serge Koster

    QUELQUE CHOSE D’UN PIERROT

    Quelque chose d’un Pierrot, la grande taille mince, le costume de flanelle, un personnage de la Commedia dell’arte, qui vous fait passer devant et vous tient la porte de l’ascenseur. Pierre-Guillaume de Roux, c’était le charme, le sourire qui sort d’un rêve, le rire facile d’adolescent, l’enthousiasme. Puis l’intuition agile, le goût sûr, le talent, le sens du meilleur moment. Derrière cette féconde fantaisie, plus ajustée que provocatrice, il tenait à ses valeurs, fidèle à sa famille et à ses traditions, le gaullisme, la hauteur noble.

    Il nous a donné les bijoux de la collection Motif, rééditions de Roland Cailleux, de William Gerhardie, de Massimo Bontempelli, puis les proses magnifiques de Louis Jeanne et de Frédéric Ayangma, Trois contes allemands de Luba Jurgenson, L’Homme qui marche de Jean Yvane, et bien d’autres beaux livres.  Ne cherchez pas à le remplacer, il est irremplaçable et il a emporté la littérature avec lui. Quentin Debray

    GRATITUDE

    Je me souviendrai toujours avec gratitude de Pierre-Guillaume. Il a sauvé L’Atelier du roman dans un moment crucial pour sa survie. Lakis Proguidis

    UN GRAND FRÈRE INCONNU

    Longtemps, Pierre-Guillaume fut pour moi quelque chose comme un grand frère inconnu. C’est Pierre Boutang qui m’en avait parlé le premier, un jour que j’étais venu le voir dans sa thurne philosophique de Saint-Germain-en-Laye, toute pleine de poussière et de génie. Après m’avoir demandé des nouvelles de la revue Réaction dont nous préparions le deuxième numéro, il me dit son affection pour ce jeune éditeur talentueux, le fils de son grand ami Dominique, et me donna son exemplaire de L’Étrangleur de perroquets, l’essai qu’un autre de ses disciples, Philippe Barthelet, venait de publier chez Criterion, autrement dit chez Pierre-Guillaume. Malgré cette entrée en matière, pendant des années, des décennies, celui-ci demeura pourtant une sorte de mystère : quelqu’un dont vous parlent sans cesse vos amis les plus proches, à l’époque Laurent Dandrieu ou Stéphane Giocanti, dont vous admirez l’œuvre éditoriale, la finesse, le goût et le courage, quelqu’un qu’à force vous pensez connaître par cœur, alors que vous ne l’avez jamais vu. Existait-il même vraiment, cet homme qui semblait sautiller d’une maison d’édition à l’autre, et qui publiait tant de mes auteurs favoris ? Ayant tout de même fini par le rencontrer – et m’étant alors réjoui qu’il fût tel que je l’avais imaginé –, la question de son existence véritable n’en subsista pas moins, tant sa discrétion presque maladive, sa capacité à marcher sur la pointe des pieds, son aptitude à apparaître et à disparaître sans bruit l’apparentaient aux fantômes les plus distingués de la littérature britannique.

    Sans doute est-ce ainsi qu’il poursuivra ses pérégrinations sur les chemins de l’Au-delà, et qu’il continuera de visiter nos mémoires, en éclaireur élégant, amoureux du beau tombé par mégarde dans un monde de brutes. Frédéric Rouvillois

    LE VRAI COMBATTANT

    À une époque où les déclarations de résistance et de rébellion s’achètent par paquets de six, dire de Pierre-Guillaume de Roux qu’il était un résistant des lettres serait une image pauvre. Il était sans doute le Combattant, le Vrai, le Courageux.

    Des images me reviennent, comme des photographies sorties d’un album – les bureaux encombrés de ses éditions, l’escalier étroit, la première fois où il m’a reçue, tellement habitué à recevoir des tombereaux de haine qu’il n’imaginait pas que l’on voulût prendre la défense de l’Éloge littéraire d’Anders Breivik, de son auteur et de son éditeur. S’il faut des combats pour identifier qui sont les grands soldats, Pierre-Guillaume y trouva son ordalie.

    Je me disais souvent qu’il avait un catalogue idéal — Richard Millet d’abord, la correspondance Jünger-Schmitt, Ezra Pound, des bios de Paul Gégauff et Maurice Ronet, des essais où l’on tresse des couronnes à Simone Weil et Bernanos, où l’on tape sur Foucault et Sartre : il était mon éditeur imaginaire comme il y aurait un musée imaginaire.

    Il en fallait du courage pour continuer contre vents, marées et capitulations générales – « la littérature ne se vend plus, ma brave dame » – à faire vivre une maison d’édition exigeante et fière. Son œuvre est grande. Grâce à lui, « il demeure des pages comme des tours dans les nids haut perchés qu’une volée de cloches défend », disait C. Campo. Il a incarné l’exigence dans un monde applaudissant à la médiocrité, la passion de la littérature à une époque où elle est réduite à un contenu divertissant, la recherche de la Vérité et du Sens dans une société repue de sa bêtise petite-bourgeoise, où la dénonciation du politiquement correct n’est qu’une posture intellectuellement misérable. Il nous laisse une injonction à poursuivre son combat contre le Vide, le Spectacle, l’Imposture, les Ténèbres — au nom de la littérature, lumineuse, vraie — au nom de la grâce, de la force, du style. Tout lui. Muriel de Rengervé

    UN AUTHENTIQUE ARISTOCRATE

    « Le petit nombre doit l’emporter subversivement sur la subversion elle-même et sur tous ses dispositifs de misère, de honte et d’inutilité. », cette phrase de Dominique de Roux qui se trouve glissée dans ma principale cartouchière, symbolise, je crois, l’attitude et l’aventure de son fils Pierre-Guillaume. Je l’avais lue chez le père avant de connaître le fils qui m’en donna l’illustration. Contre le poids d’un milieu, d’un système, de la doxa et de ses gardiens, contre toutes les pressions du nombre et des nécessités communes, Pierre-Guillaume incarna ce petit nombre, agrégea, soutint, défendit quel qu’en fût le prix ce petit nombre, qui opposait l’esprit à la matière, l’honneur à la meute et la Littérature au Marché. Simple et altier, désinvolte et brave, profond et malicieux, il fut un authentique aristocrate, par le sang, par l’âme et par la forme. Son départ si hâtif nous désole, l’homme manquera cruellement, et nous fait craindre un dangereux refroidissement climatique dans l’ordre des lettres françaises. Romaric Sangars

    « REPOSE-TOI MON AMI, TU AS BIEN TRAVAILLÉ »

    Chez les de Roux, on meurt tôt, et c’est une fâcheuse habitude qui nous cause bien du chagrin, des peines inutiles, ainsi qu’un profond sentiment de gâchis. Malheureusement fidèle à cette tradition, Pierre-Guillaume de Roux nous a quittés prématurément vendredi 12 février, nous laissant orphelins et désemparés. Il allait avoir 58 ans. Avec son départ, nous perdons tous un ami chez qui l’élégance le disputait à la finesse ; mais aussi un très grand éditeur, au jugement aussi sûr que pérenne.

    En littérature comme dans beaucoup d’autres domaines, Pierre-Guillaume n’était pas du genre à transiger, à se contenter de la médiocrité, à succomber à la facilité. Chez lui, tout n’était qu’exigence. Exigence dans le travail, bien sûr, mais aussi dans l’amitié, qu’il ne concevait que

  • Éphéméride du 17 décembre

    1777 : La France reconnaît l'indépendance des États-Unis d'Amérique (Présentation du texte final de la déclaration d'indépendance au Congrès américain, tableau de John Trumbull) 

     

     

     

    1198 : Création de l'Ordre des Trinitaires 

     

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    C'est le provençal Jean de Matha, né le 24 juin 1160 à Faucon, près de Barcelonette, qui est à l'origine de la création de cet Ordre : ayant entamé ses études à Marseille, puis à Aix, il les poursuivit à Paris, où il fut encouragé par l'évêque Maurice de Sully lui-même (le "constructeur" de Notre-Dame...).  

    Lors de la célébration de sa première Messe, le 28 janvier 1193, il eut la vision du Christ libérant deux esclaves, un noir et un blanc. D'abord retiré dans la forêt de Cerfroid (dans l'Aisne) avec Félix de Valois et quelques ermites et universitaires, il constitua la première Fraternité Trinitaire; puis il se rendit à Rome pour exposer son projet au Pape Innocent III (avec qui il avait étudié à l'Université de Paris).

    Le 17 décembre 1198, le pape approuva la règle de l'Ordre de la Très Sainte Trinité pour la rédemption des captifs.

    Jean de Matha se mit à parcourir l'Europe pour récolter de grandes sommes d'argent afin de racheter les prisonniers esclaves des musulmans : on a calculé qu'en 1789, plus de 600.000 esclaves avaient été rachetés par les Trinitaires, le plus célèbre d'entre eux étant évidemment Miguel de Cervantès, qui avait passé cinq années dans les geôles d'Alger.

    Il faut se souvenir que, jusqu'aux débuts du XIXème siècle, la Méditerranée, surtout dans sa partie sud, était une mer dangereuse, infestée de pirates barbaresques, et que le commerce international en était très affecté.

    Plusieurs puissances firent des efforts importants et répétés, mais toujours en vain, pour faire cesser cette dangerosité. L'échec le plus cuisant fut celui de Charles Quint, qui, s'il occupa quelques temps quelques villes de la côte n'arriva à aucun résultat durable ni significatif.

    Ce fut finalement la France de Charles X qui libéra l'Europe et le monde de ce fléau : après le débarquement des troupes françaises à Sidi Ferruch, et le bombardement du Fort l'Empereur par l'artillerie française, le Dey capitula et l'armée française occupa Alger.

    Dans un ordre du jour le 5 juillet 1830, le général de Bourmont déclara : 

    "Vingt-trois jours ont suffi pour la destruction d'un État dont l'existence fatiguait l'Europe depuis trois siècles."

    (Voir notre Éphéméride du 14 juin) 

    Quant à Jean de Matha, "son" Ordre ayant été approuvé un 17 décembre, c'est également un 17 décembre qu'il mourut, à Rome, à l'âge de 53 ans, en 1213. 

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     La croix des Trinitaires, en latin Ordo Sanctissimae Trinitatis et captivorum : le blanc représente le Père et le rouge l'Esprit saint; le bleu représente à la fois le Christ et la couleur de sa Passion.

    http://trinitairesdefrance.free.fr/  
    http://trinitairesdefrance.free.fr/faucon/index.htm   

     

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    1773 : Naissance de Sylvain-Charles Valée

     

    valée portrait.jpg

     

    Dans le domaine de l'artillerie, il reste comme celui qui a succédé à Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval (voir l'Éphéméride du 9 mai) : celui-ci avait créé le remarquable outil militaire - appelé du reste "le Gribeauval"... - qui assura leur supériorité aux armées françaises, de Louis XVI jusqu'à la fin de l'Empire; Valée mit au point le non moins remarquable outil qui devait prendre sa suite. 

    valée blason.pngValée fut nommé Pair de France par Charles X le 27 janvier 1830 et, après qu'il se fût emparé de Constantine, durant la Campagne d'Algérie, Louis-Philippe le nomma Gouverneur Général de l'Algérie et le fit Maréchal de France...

    (ci contre, les armes de Sylvain-Charles Valée :

    D’azur au pal d’argent accosté de 2 aigles affrontées d’or)

     

    http://www.fortsteynard.com/artillerie.htm

     

     

     

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    1777 : La France reconnaît l'indépendance des États-Unis d'Amérique

     

    Le 4 juillet 1776, les députés des treize provinces des colonies anglaises de l'Amérique du nord se réunirent en congrès à Philadelphie et proclamèrent l'indépendance des provinces anglaises, qui se constituèrent aussitôt en république fédérative et prirent le nom d'États-Unis d'Amérique.

    Très vite, les Insurgents envoyèrent trois commissaires à Paris - dont "le bonhomme Franklin" - pour obtenir la conclusion d'un traité avec la France.

    Mais Louis XVI hésitait à s'engager dans une grande guerre, qui ne pourrait qu'accroître les difficultés du royaume.

    Par ailleurs, ses ministres et conseillers étaient divisés sur le sujet : entre Turgot et Vergennes, par exemple, le désaccord sur "l'Amérique" était total; Turgot ne voulait pas d'une guerre - parce qu'elle aggraverait la situation financière déjà critique du Royaume - et avait déclaré qu'il s'en irait au premier coup de canon...

    Vergennes, lui, était d'avis de saisir cette occasion historique d'abaisser l'Angleterre, en la privant de ses riches colonies américaines...

    Après avoir longtemps hésité, et des négociations restées secrètes ayant lieu depuis des mois, Louis XVI se rangea finalement, et publiquement, le 17 décembre 1777, à l'avis de Vergennes; le secrétaire du Conseil d'État se rendit à l'hôtel des commissaires américain, leur déclarant, par ordre du roi, "qu'après de longues et mûres délibérations sur leurs propositions, Sa Majesté avait résolu de reconnaître l'indépendance des États-Unis, de faire avec eux un traité de commerce et d'alliance". 

    En 1781, la défaite et la reddition des Anglais à Yorktown marquera la fin de la Guerre d'indépendance (voir l'Éphémeride du 19 octobre)

     

    louis XVI INDEPENDANCE EU.JPG 

    Parmi les Treize Colonies, on distinguait quatre colonies du Nord, quatre au Centre et cinq au Sud.

    Les colonies du Nord étaient le New Hampshire (1663), le Massachusetts (1620), le Rhode Island (1663) et le Connecticut (1662). Elles étaient majoritairement peuplées de puritains et de dissidents, dont la morale religieuse était rigoureuse et souvent intolérante. L'agriculture y était peu développée au profit du commerce portuaire (mélasse, rhum, esclaves), de l'artisanat (poterie, orfèvrerie) et des activités urbaines (Boston). Ces colonies donnèrent des gouvernements locaux relativement théocratiques.

    Les colonies du Centre furent New York (1663), le New Jersey (1663), la Pennsylvanie (1681) et le Delaware (1663). C'est dans ces régions que se développèrent l'agriculture, l'élevage, la pêche et le commerce. C'est dans ces colonies qu'on retrouvait la plus grande diversité ethnique et religieuse et, de ce fait, la plus grande tolérance. La vie politique et économique y était organisée principalement autour de deux pôles urbains: New York et Philadelphie.

    Les colonies du Sud étaient le Maryland (1663), la Virginie (1620), les deux Carolines (1663) et la Géorgie (1662). La vie politique et économique était dominée par une aristocratie exploitant des plantations (tabac, maïs et coton) grâce à l'importation d'esclaves à partir de 1618.

     

     http://www.vallee-du-ciron.com/Documents/Ouvrages/Michelant/1778.France.htm 

     

     

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    1813 : Mort de Parmentier

     

    C'est d'abord, bien sûr, à son rôle dans l'introduction de la pomme de terre en France que l'on pense lorsqu'on évoque Parmentier. En son temps, ce tubercule, venu des Amériques, avait mauvaise réputation, et les gens du peuple refusaient même de le consommer.

    Parmentier réussit à faire admettre, à une population plus que réticente, que ce tubercule était, non seulement sans danger, mais qu'il permettrait au contraire de lutter sérieusement contre les famines, qui sévissaient encore.

    Il est cependant indispensable et juste de dire qu'il fut puissamment aidé, dans son action de promotion (comme on dirait aujourd'hui !...) par Louis XVI et Marie-Antoinette. Ayant bien compris l'intérêt de l'introduction massive de La pomme de terre, Louis XVI alla jusqu'à porter une fleur de ce tubercule à sa boutonnière, et Marie-Antoinette à en parsemer sa chevelure !... 

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    http://medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/parmentieraa.html

     

     

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    1830 : Naissance de Frédéric Boucheron

     

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    http://fr.boucheron.com/fr_fr/

    Après avoir son premier magasin au Palais Royal en 1858, à l'âge de 28 ans, il s'installe définitivement Place Vendôme, en 1893...

     

     

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    1912 : Consécration à Nice de la paroisse Russe orthodoxe Saint Nicolas et Sainte Alexandra

     

    À partir du XIXème siècle, un mouvement de voyages et de séjours des membres fortunés de l'aristocratie russe se développa, à Nice en particulier, et sur toute la Côte d'Azur, en général.

    Ce mouvement ne fit que s'amplifier, et fut encore accentué avec les horreurs de la révolution bolchévique de 1917...

    L'église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra de la rue Longchamp fut consacrée le 12 janvier 1860.

    Cinq ans plus tard, le Tsarévitch Nicolas, Grand Duc Héritier mourut à Nice (1865) : on lui construisit une chapelle commémorative - dite "Mausolée impérial" - qui fut inaugurée le 24 mars 1868, sur le territoire du cimetière attenant.

    Enfin, en décembre 1912 eut lieu la consécration solennelle de la cathédrale, érigée sur le terrain dit "du Mausolée Impérial", en l’honneur de Saint-Nicolas et de Sainte-Alexandra.

    nice cathédrame orthodoxe.jpg 

  • C'est aussi tout cela (tous ceux-là...), ”la France” : dans les Ephémérides, cette semaine...

    "Du passé faisons table rase !" : au programme des révolutionnaires, qui constitue la base de notre République idéologique, il faut opposer, non des opinions, mais des idées, et, si possible, une doctrine, pour reprendre la formule de Bainville. Mais on peut aussi lui résister en exaltant, justement, cette Culture, cette Civilisation, sans laquelle, en dehors de laquelle et contre laquelle la Révolution s'est levée, et la République idéologique s'est construite. Résistance par la culture : voilà pourquoi l'on donne tant de place, sur Lafautearousseau, au "culturel", à nos Racines...

    Pour "quoi", et dans quel esprit, nous "faisons mémoire" :

    * Charles Maurras : "...je mets quelque chose au-dessus d'elle (l'espérance) c'est la mémoire, la sainte et grande mémoire d'un beau passé, quand il est plein de gloire et fort de vertu, car c'est avec lui que l'on fabrique un avenir solide, et des races vivaces"

    * Jean de la Varende : "...le souvenir porte en soi une vitalité supérieure, et nous ramène à cette notion suprême : la chaîne, dont nous ne sommes qu’un maillon".

     Dimanche : 1297 : Boniface VIII proclame la sainteté de Louis IX. 1443 : Fondation des Hospices de Beaune. 1789 : Nuit du 4 Août. 1859 : Mort du Curé d'Ars. 1984 : Premier lancement réussi pour la fusée Ariane III.

     Lundi : 1873 : Entrevue de Froshdorf, et réconciliation officielle des deux branches orléaniste et légitimiste.

    • Mardi 1223 : Couronnement de Louis VIII et de Blanche de Castille. 1747 : Mort de Vauvenargues.  1870 : Charge des cuirassiers de Reischoffen. 1970 : Première édition de La Solitaire du Figaro. 1977 : Mort de Michel Mourre.

     Mercredi : 1169 : Louis VII lance les travaux de Fontainebleau, qui deviendra le Palais des siècles. 1974 : Création de l'INA.

    Jeudi : 1534 : Jacques Cartier découvre l'embouchure du Saint Laurent. 1786 : Jacques Balmat réussit la première ascension du Mont Blanc. 1793 : Début du siège de deux mois de la ville de Lyon, insurgée contre la Convention. 1918 : Foch lance la dernière offensive alliée, qui amènera, trois mois plus tard, la capitulation allemande. 1988 : Mort de Félix Leclerc.

  • C'est aussi tout cela (tous ceux-là...), ”la France” : dans les Ephémérides, cette semaine...

    "Du passé faisons table rase !" : au programme des révolutionnaires, qui constitue la base de notre République idéologique, il faut opposer, non des opinions, mais des idées, et, si possible, une doctrine, pour reprendre la formule de Bainville. Mais on peut aussi lui résister en exaltant, justement, cette Culture, cette Civilisation, sans laquelle, en dehors de laquelle et contre laquelle la Révolution s'est levée, et la République idéologique s'est construite. Résistance par la culture : voilà pourquoi l'on donne tant de place, sur Lafautearousseau, au "culturel", à nos Racines...

    Pour "quoi", et dans quel esprit, nous "faisons mémoire" :

    * Charles Maurras : "...je mets quelque chose au-dessus d'elle (l'espérance) c'est la mémoire, la sainte et grande mémoire d'un beau passé, quand il est plein de gloire et fort de vertu, car c'est avec lui que l'on fabrique un avenir solide, et des races vivaces"

    * Jean de la Varende : "...le souvenir porte en soi une vitalité supérieure, et nous ramène à cette notion suprême : la chaîne, dont nous ne sommes qu’un maillon".

     Dimanche : Évocation : Le Mont Saint Michel.

     Lundi : 1271 : Couronnement de Philippe III, le Hardi. 1527 : Supplice de Semblançay à Montfaucon. 1674 : Mort de Philippe de Champaigne.

    • Mardi 1532 : Les États de Bretagne votent le Traité d'union avec la France. 1624 : Richelieu nommé à la tête du Conseil du Roi. 1792 : Louis XVI et sa famille enfermés à la prison du Temple. 1826 : Mort de Laënnec. 1863 : Mort de Delacroix. 1912 : Mort de Jules Massenet.

     Mercredi : 1714 : Naissance de Claude-Joseph Vernet. 1823 : Inauguration de la statue de Louis XVI, à Nantes. 1893 : Le permis de conduire et l'immatriculation des véhicules deviennent obligatoires. 1941 : Mort de Paul Sabatier. 1945 : Philippe Pétain condamné à mort. 1952 : Alfred Sauvy emploie pour la première fois l'expression Tiers-monde. 1958 : Mort de Frédéric Joliot-Curie. 1962 : Fin du percement du Tunnel sous le Mont Blanc.

    Jeudi : 357 : Julien l'Apostat écrase les Alamans à Strasbourg. 778 : Bataille de Roncevaux. 1461 : Sacre de Louis XI. 1534 : Fondation des Jésuites. 1761 : S

  • C'est aussi tout cela (tous ceux-là...), ”la France” : dans les Ephémérides, cette semaine...

    "Du passé faisons table rase !" : au programme des révolutionnaires, qui constitue la base de notre République idéologique, il faut opposer, non des opinions, mais des idées, et, si possible, une doctrine, pour reprendre la formule de Bainville. Mais on peut aussi lui résister en exaltant, justement, cette Culture, cette Civilisation, sans laquelle, en dehors de laquelle et contre laquelle la Révolution s'est levée, et la République idéologique s'est construite. Résistance par la culture : voilà pourquoi l'on donne tant de place, sur Lafautearousseau, au "culturel", à nos Racines...

    Pour "quoi", et dans quel esprit, nous "faisons mémoire" :

    * Charles Maurras : "...je mets quelque chose au-dessus d'elle (l'espérance) c'est la mémoire, la sainte et grande mémoire d'un beau passé, quand il est plein de gloire et fort de vertu, car c'est avec lui que l'on fabrique un avenir solide, et des races vivaces"

    * Jean de la Varende : "...le souvenir porte en soi une vitalité supérieure, et nous ramène à cette notion suprême : la chaîne, dont nous ne sommes qu’un maillon".

     Dimanche : 303 : Martyre de Saint Victor à Marseille. 1242 : Bataille de Taillebourg. 1798 : Bataille des Pyramides. 1858 : Entrevue de Plombières. 1958 : Première production de plutonium à Marcoule.

     Lundi : 1209 : Massacre de Béziers. 1461 : Mort de Charles VII. 1802 : Mort de Bichat. 1808 : Reddition de Bailén. 1927 : L'ensemble de la Collection des Plans-reliefs est classée Monument historique.

    • Mardi 1317 : Robert d'Anjou, roi de Naples, confère le titre de "miles" à Simone Martini. 1723 : Première revente de l'Hôtel Matignon. 1793 : Décret de la Convention ordonnant la fonte des cloches de toutes les églises. 1945 : Ouverture du Procès Pétain. 1951 : Mort de Philippe Pétain. 1979 : Mort de Joseph Kessel.

     Mercredi : 1339 : Achèvement de la flèche de la cathédrale de Strasbourg. 1534 : Jacques Cartier pr