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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Jean Sévillia, un dissident de la première heure contre le terrorisme intellectuel

     

    Par Mathieu Bock-Côté
     
    Mathieu Bock-Côté - que nous avons souvent cité ici pour la grande clarté de ses justes analyses - a lu Les écrits historiques de combat de Jean Sévillia. Ce dernier a été, selon lui, l'un des premiers à analyser avec lucidité et courage les contours du politiquement correct quand celui-ci était encore triomphant. Ainsi souligne-t-il fort opportunément combien Jean Sévillia a fait oeuvre utile tant au sein du grand groupe de presse auquel il collabore depuis de longues années que par son œuvre personnelle [Figarovox 27.09]. Nul n'ignore la proximité de Jean Sévillia avec notre école de pensée active et l'on se souviendra qu'il a été, avec Marcel Jullian, Gérard Leclerc, Jacques Tréomlet de Villers et Jean-Marc Varaut, l'un de ceux qui ont accueilli et salué le prince Jean de France lorsqu'il vint aux Baux de Provence en juin 2002, rencontrer les royalistes qui s'y rassemblaient chaque année depuis trente ans.    Lafautearousseau
     
     

    3222752275.jpgNombreux sont ceux qui dénoncent le politiquement correct, mais rares sont ceux qui prennent vraiment la peine d'étudier sa logique et son fonctionnement. Dans de nombreux livres parus au fil des quinze dernières années, Jean Sévillia s'est imposé cet exercice, pour voir de quelle manière le politiquement correct manipule les esprits et étouffe la liberté de pensée, de réfléchir et de débattre, dans des sociétés qui prétendent pourtant avoir renversé tous les tabous. Aujourd'hui, sous le titre Écrits historiques de combat (éd. Perrin, 2016), il rassemble trois d'entre eux, Historiquement correct, Moralement correct et Le terrorisme intellectuel. Il fait précéder le tout d'une vigoureuse préface inédite où il revient sur l'état de la vie intellectuelle en France, aujourd'hui, et sur les manifestations de dissidence contre le conformisme progressiste, à un moment, où le pays est victime d'une offensive islamiste qui ramène le tragique au cœur de la cité.

    Cette réédition est heureuse: ces trois ouvrages, parus respectivement en 2003, en 2007 et en 2000, n'ont pas vieilli. Ou plutôt, l'analyse qu'ils nous proposent est confirmée. J'ajouterai qu'ils ont été écrits avant la percée médiatique du nouveau conservatisme français, qui a traumatisé une gauche habituée à définir seule les paramètres de la respectabilité idéologique. Même s'ils demeurent aujourd'hui très minoritaires dans un paysage médiatique où l'hégémonie progressiste est indéniable, les dissidents conservateurs sont néanmoins plusieurs et ont le bonheur, comme on dit, de chasser en meute. Il n'en a pas toujours été ainsi. Quand Jean Sévillia a écrit ses livres, il était un des rares à affronter aussi ouvertement le progressisme, tout en le faisant avec une grande courtoisie démocratique, sans jamais verser dans la polémique gratuite. Il a fait preuve d'un immense courage civique. C'était un précurseur, comme plusieurs l'ont justement noté.

    Sévillia est non seulement journaliste de profession mais historien de vocation. On comprend pourquoi Historiquement correct ouvre ces Écrits historiques de combat. L'espace public, on le sait, est accroché à une certaine vision de l'histoire, qui conditionne le présent et contribue à sa définition. En d'autres mots, le récit historique joue un grand rôle dans la définition des termes de la respectabilité médiatique et de la légitimité politique. Et comme le montre Sévillia, la conscience historique occidentale est obstruée par des légendes et autres mythes qui déforment le passé. Il faut savoir se délivrer de cette mythologie culpabilisante. Qu'il s'agisse des croisades, de l'inquisition, des guerres de religion, des Lumières, de l'esclavage ou de bien d'autres thèmes, Sévillia déconstruit avec une érudition remarquable les clichés qui habitent l'esprit public contemporain. Avec une culture encyclopédique, fruit de très nombreuses lectures, il invalide la vulgate médiatique.

    L'entreprise est indispensable : Sévillia montre comment une forme d'obstination dans l'anachronisme domine notre rapport au passé. On ne pose pas aux acteurs des temps anciens les questions qu'ils se posaient mais on les écrase sous nos préoccupations contemporaines. On instrumentalise le passé pour justifier le dynamitage de la continuité historique. Si le passé est empoissonné, c'est la tradition qu'il faut rejeter, pour mieux repartir à zéro. C'est l'obsession de la table rase. Paradoxe: on pourrait croire que plus le passé s'éloigne et plus son étude se dépassionne. C'est le contraire. Le passage des années le simplifie à outrance. On ne veut y voir que des gentils et des méchants. Plus les témoins disparaissent et plus l'histoire se laisse enfermer dans un récit idéologique qui gomme la complexité des situations. Elle devient dès lors inintelligible. Sévillia réhabilite les vertus de la nuance historique. C'est à cette condition que l'histoire peut redevenir un laboratoire pour réfléchir aux divers visages de la nature humaine.

    Moralement correct examine un autre grand pan du système d'inhibitions qui étouffe le débat public, en illustrant comment les ravages associés aux grandes mutations culturelles liées à la révolution libertaire des années 1970 sont sacralisés. Sévillia montre de quelle manière s'impose la figure de l'individu-roi, au nom de qui on détricote les institutions et on pousse à la dissolution des mœurs communes dans la cité. À terme, cet individu délié, qui s'autocongratule en se présentant comme un citoyen du monde, perd les médiations protectrices pourtant constitutives de son humanité, qu'il s'agisse de la famille ou de la patrie : le bien commun devient impensable. L'individualisme fanatisé fait des ravages et pousse l'être humain vers le fantasme le plus destructeur qui soit, celui de l'autoengendrement. Ici encore, la contribution de Sévillia est majeure : elle démontre la dynamique idéologique commune aux revendications « sociétales ». Toute querelle politique véritable repose en fait sur une divergence anthropologique.

    Troisième ouvrage de ces Écrits historiques de combat, Le terrorisme intellectuel propose une remarquable analyse du politiquement correct à travers une petite histoire de l'intelligentsia française depuis la Deuxième guerre mondiale. De Lénine à Staline, de Mao à Pol Pot, elle s'est très souvent trompée et croit encore aujourd'hui indiquer le sens de l'histoire. Elle se trompe à nouveau en décrétant la fin des nations, en célébrant l'immigration massive ou la théorie du genre. Derrière son hostilité à la civilisation occidentale, on retrouvera une forme de fureur nihiliste, qui la pousse à tout déconstruire. Elle aime aussi présenter ses contradicteurs dans les habits d'un fascisme éternellement renaissant, ce qui est n'est pas sans efficacité lorsque vient le temps d'exécuter médiatiquement un adversaire, de le frapper d'ostracisme. Encore aujourd'hui, on préfère psychiatriser un adversaire plutôt que de débattre avec lui. La parole dissidente fait encore scandale.

    J'y reviens: c'est un travail de longue haleine qui permet aujourd'hui à Jean Sévillia de rassembler ces trois livres. On les lira ou les relira avec grand bonheur. À la différence de ceux qui ont adhéré aux mythes progressistes avant de rejoindre eux aussi le camp des critiques du politiquement correct, on peut dire que Jean Sévillia était dès le début une figure dissidente. Dans nos sociétés, il faut d'abord avoir été de gauche pour avoir un jour le droit de ne plus l'être. On tolère les esprits désenchantés, mais beaucoup moins ceux qui n'ont pas été bluffés. Il ne s'agit pas de se moquer de ceux qui ont d'abord cru au progressisme, avant de s'en éloigner, mais seulement de constater qu'il était possible, dès le début, de ne pas se laisser bluffer par ses légendes, de ne pas se plier à ses commandements. Ces Écrits historiques de combat nous rappellent que Jean Sévillia fut de ceux-là. Il s'est imposé comme un écrivain politique indispensable de nos temps où la liberté se paie plus cher qu'on ne le croit. 

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

    Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Livres • Jean Sévillia : « Écrits historiques de combat »

    Jean Sévillia : « Malgré l'effondrement de notre société, une France tient encore debout »

  • Feuilleton ”Vendée, Guerre de Géants...” (49)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui :  "Crois ou meurs !" de Claude Quétel

    Crois ou meurs ! Histoire incorrecte de la Révolution - broché - Claude  Quétel - Achat Livre | fnac

    Paru le 28 mars 2019 : "Crois ou meurs ! Histoire incorretce de la Révolution française", par Claude Quétel.



    Présentation de l'éditeur :

    "Crois ou meurs ! Voilà l’anathème que prononcent les esprits ardents au nom de la liberté !" Ainsi s’indigne le journaliste Jacques Mallet du Pan dans le Mercure de France du 16 octobre 1789, au tout début de la Révolution. Voilà qui s’inscrit en faux contre la thèse, solidement ancrée aujourd’hui, de deux révolutions : une bonne, celle des droits de l’homme, qui aurait dérapé pour aboutir à une mauvaise, celle de la Terreur.

    Et si la Révolution tout entière avait été un immense, un désolant gâchis, et ce dès les premiers jours ?

    Et si ce qui a été longtemps présenté comme le soulèvement de tout un peuple n’avait été qu’une folie meurtrière et inutile, une guerre civile dont l’enjeu mémoriel divise toujours les Français ?

    Il fallait reprendre l’enquête en revisitant les événements, en les décryptant et en se libérant de l’historiquement correct.

    Ce récit circonstancié s’adresse à tous ceux qui souhaitent qu’on leur raconte enfin une autre histoire de la Révolution française, la vraie."


    Dès la parution de l'ouvrage, Jean Sévillia écrit dans Le Figaro magazine du 29 mars qu'il s'agit d'un "livre iconoclaste, à lire d'urgence" et lui consacre son billet hebdomadaire "La page d'Histoire de Jean Sévillia, sous le titre éloquent : Un pavé dans la mare révolutionnaire : Signé Claude Quétel, un récit de la Révolution qui déconstruit les mythes

    Voici le texte intégral de ce court billet :

    "Entre 1986 et 1989, environ 8OO livres ont paru à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française. Trente ans plus tard, l'enthousiasme n'est plus au rendez-vous : les parutions nouvelles sur la période 1789 -1799 sont en proportion peu nombreuses, et rares sont les livres qui sortent du lot. En voici un, au moins qu'on n'oubliera pas : ne craignant pas de détoner, l'ouvrage, tranquillement, ouvertement, est une charge contre la Révolution française.
    Directeur de recherche honoraire au CNRS, ancien directeur scientifique du Mémorial de Caen, Claude Quétel est un spécialiste du XVIIIème siècle qui s'est intéressé à l'histoire de la folie et de la psychiatrie. Puis ses activités l'ont conduit à écrire sur la Seconde Guerre mondiale. Mais de n'être pas un spécialiste de la Révolution française lui confère, précisément, une précieuse liberté vis-à-vis des gardiens du Temple. Elle lui permet, en l'occurrence, d'aboutir à une conclusion qu'il énonce sans ambages dès l'introduction : "La Révolution française fut un épisode exécrable, de bout en bout, de l'histoire de France. Elle ne fut pas le magnifique soulèvement de tout un peuple mais une folie meurtrière et inutile, une guerre civile dont la mémoire continue aujourd'hui encore à diviser fondamentalement les Français."
    Claude Quétel connaît trop bien le métier pour s'aventurer sans biscuits. Outre l'abondante bibliographie qui signale ses sources, l' "essai historiographique critique" situé à la fin du volume prouve que ce prétendu non-spécialiste maîtrise fort bien son sujet. De la prise de la Bastille à la conquête du pouvoir par Bonaparte, son récit montre donc la part essentielle de la violence dans le phénomène révolutionnaire ("Crois ou meurs"), une violence qui, commencée en 1789, n'a pas attendu la Terreur de 1793 pour se déployer. La Révolution, certes, a eu le mérite de faire aboutir des réformes que la monarchie n'avait pas su mener à bien. Elle a cependant inventé les droits de l'homme pour les violer tous, et inauguré la dictature des minorités radicales sur la majorité silencieuse, gouvernant au nom du peuple mais sans lui, et souvent contre lui.
    Un livre iconoclaste, à lire d'urgence."

     

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  • Dans notre Éphéméride de ce jour (2/2) : ”...un récit de la Révolution qui déconstruit les mythes” (Jean Sévillia)

    2009 : Parution de  "Crois ou meurs ! Histoire incorrecte de la Révolution française"
     
     

    28 mars,guerre de crimée,alma,sébastopol,malakoff,mac mahon,hydravion,ionesco,charles x,napoléon iii,henri favre

    Présentation de l'éditeur :

    "Crois ou meurs ! Voilà l’anathème que prononcent les esprits ardents au nom de la liberté !" Ainsi s’indigne le journaliste Jacques Mallet du Pan dans le Mercure de France du 16 octobre 1789, au tout début de la Révolution. Voilà qui s’inscrit en faux contre la thèse, solidement ancrée aujourd’hui, de deux révolutions : une bonne, celle des droits de l’homme, qui aurait dérapé pour aboutir à une mauvaise, celle de la Terreur.

    Et si la Révolution tout entière avait été un immense, un désolant gâchis, et ce dès les premiers jours ?

    Et si ce qui a été longtemps présenté comme le soulèvement de tout un peuple n’avait été qu’une folie meurtrière et inutile, une guerre civile dont l’enjeu mémoriel divise toujours les Français ?

    Il fallait reprendre l’enquête en revisitant les événements, en les décryptant et en se libérant de l’historiquement correct.

    Ce récit circonstancié s’adresse à tous ceux qui souhaitent qu’on leur raconte enfin une autre histoire de la Révolution française, la vraie."

     

    Dès la parution de l'ouvrage, Jean Sévillia écrit dans Le Figaro magazine du 29 mars qu'il s'agit d'un "livre iconoclaste, à lire d'urgence" et lui consacre son billet hebdomadaire "La page d'Histoire de Jean Sévillia", sous le titre éloquent :
     
    Un pavé dans la mare révolutionnaire : Signé Claude Quétel, un récit de la Révolution qui déconstruit les mythes
     
    Voici le texte intégral de ce court billet :
     
    "Entre 1986 et 1989, environ 8OO livres ont paru à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française. Trente ans plus tard, l'enthousiasme n'est plus au rendez-vous : les parutions nouvelles sur la période 1789 -1799 sont en proportion peu nombreuses, et rares sont les livres qui sortent du lot. En voici un, au moins qu'on n'oubliera pas : ne craignant pas de détoner, l'ouvrage, tranquillement, ouvertement, est une charge contre la Révolution française.
    Directeur de recherche honoraire au CNRS, ancien directeur scientifique du Mémorial de Caen, Claude Quétel est un spécialiste du XVIIIème siècle qui s'est intéressé à l'histoire de la folie et de la psychiatrie. Puis ses activités l'ont conduit à écrire sur la Seconde Guerre mondiale. Mais de n'être pas un spécialiste de la Révolution française lui confère, précisément, une précieuse liberté vis-à-vis des gardiens du Temple. Elle lui permet, en l'occurrence, d'aboutir à une conclusion qu'il énonce sans ambages dès l'introduction : "La Révolution française fut un épisode exécrable, de bout en bout, de l'histoire de France. Elle ne fut pas le magnifique soulèvement de tout un peuple mais une folie meurtrière et inutile, une guerre civile dont la mémoire continue aujourd'hui encore à diviser fondamentalement les Français."
    Claude Quétel connaît trop bien le métier pour s'aventurer sans biscuits. Outre l'abondante bibliographie qui signale ses sources, l' "essai historiographique critique" situé à la fin du volume prouve que ce prétendu non-spécialiste maîtrise fort bien son sujet. De la prise de la Bastille à la conquête du pouvoir par Bonaparte, son récit montre donc la part essentielle de la violence dans le phénomène révolutionnaire ("Crois ou meurs"), une violence qui, commencée en 1789, n'a pas attendu la Terreur de 1793 pour se déployer. La Révolution, certes, a eu le mérite de faire aboutir des réformes que la monarchie n'avait pas su mener à bien. Elle a cependant inventé les droits de l'homme pour les violer tous, et inauguré la dictature des minorités radicales sur la majorité silencieuse, gouvernant au nom du peuple mais sans lui, et souvent contre lui.
    Un livre iconoclaste, à lire d'urgence." 
  • Pour faire aimer la France…, par Phi­lippe SCHNEIDER.

    Face à l’islamisme, le « sépa­ra­tisme » comme dit le gou­ver­ne­ment, que faire ? A cette ques­tion, Xavier Lemoine, le maire de Mont­fer­meil, ville de la ban­lieue pari­sienne dont la popu­la­tion est en grande par­tie com­po­sée d’immigrés ou des­cen­dants d’immigrés, répond dans l’hebdomadaire « France Catho­lique » du 8 jan­vier 2021 :

    « On ne peut en vou­loir aux per­sonnes de ne pas nous res­pec­ter si on ne leur dit pas ce que la France a de plus beau. Il faut faire connaître, res­pec­ter et aimer la France. C’est ce que j’essaye de faire dans ma ville, en emme­nant par exemple des jeunes, dont cer­tains ont un casier judi­ciaire char­gé, au Puy-du-Fou. Au début, c’était un car, main­te­nant il y en a deux ! Mal­gré leur pro­fil, il n’y a eu aucun pro­blème, car ils étaient en face de la gran­deur de la France. » C’est le bon sens même mais le pou­voir ne veut pas que les Fran­çais aiment la France.

    Dans le même sens, Mgr le comte de Paris a effec­tué des visites com­men­tées de la basi­lique cathé­drale de Saint Denis et du châ­teau de Dreux avec des enfants défa­vo­ri­sés en par­ti­cu­lier venant des ban­lieues pari­siennes en particulier. 

    Nous avons aujourd’hui en France, qu’on le veuille ou non, une part impor­tante de jeunes issus de l’immigration ou immi­grés deve­nues Fran­çais. Que soit arrê­tée aujourd’hui l’immigration – ce qui est sou­hai­table – ne résou­dra pas le pro­blème. Or, soit ils sont lais­sés dans leurs « ghet­tos », à la mer­ci de groupes eth­niques orga­ni­sés vou­lant en faire des agents de leurs pays d’origine ou d’organisations isla­mistes, soit nous fai­sons en sorte de les inté­grer dans notre Patrie. Dans le pre­mier cas, ils devien­dront, pour ceux qui ne le sont pas déjà, nos enne­mis avec tous les risques de conflits, de guerres futures à l’intérieur de nos fron­tières. C’est le scé­na­rio hélas le plus pré­vi­sible aujourd’hui si la poli­tique actuelle est pour­sui­vie. Et ce ne sont pas les poli­tiques de l’urbanisme – gouffres finan­ciers – qui y chan­ge­ront quelque chose ! Ces poli­tiques ne peuvent être utiles qu’à la condi­tion d’être accom­pa­gnées par une véri­table poli­tique d’assimilation de ces populations.

    Encore faut-il savoir à quoi les « assi­mi­ler » ? Le Prince Jean, comme Xavier Lemoine et, heu­reu­se­ment, beau­coup d’autres en France, le disent bien : si nous leur mon­trons la gran­deur de la France, de son his­toire, nous pou­vons en faire de vrais Fran­çais et, alors, tout espoir est per­mis. Mais com­ment le pou­voir actuel pour­rait-il faire aimer la France et son his­toire alors qu’il dénigre tous les jours le pas­sé de notre pays et qu’il veut qu’elle dis­pa­raisse dans un ensemble supra natio­nal diri­gé par des finan­ciers apa­trides ? Je n’en prends pour preuve que les décla­ra­tions du pré­sident Macron sur notre his­toire en Afrique, Asie ou même en Europe, où il montre d’ailleurs, qu’il ne la connaît pas. Et il y a sa poli­tique – la même que celle de ses pré­dé­ces­seurs – de sou­mis­sion à l’Union Euro­péenne, donc à l’Allemagne et aux Etats-Unis d’Amérique qui nous enlève toute pos­si­bi­li­té d’action. Il faut bien se rendre compte que nous avons aban­don­né pra­ti­que­ment tous les pou­voirs réga­liens : jus­tice inféo­dée aux lois « euro­péennes », affaires étran­gères gui­dées par Washing­ton ou Ber­lin (notre auto­no­mie est de plus en plus limi­tée), mon­naie à Franc­fort et même main­te­nant défense que l’on vou­drait « euro­péenne ». Heu­reu­se­ment, ce n’est pas encore fait mais, déjà, une bonne par­tie de notre indus­trie d’armement n’est plus natio­nale. Est-ce vou­lu ? L’exemple de Laté­coère – entre autres – semble le démontrer.

    Eh oui, pour faire aimer la France, il faut d’abord un pou­voir qui montre qu’il l’aime, qui donne l’exemple, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Sans cela, il n’y aura pas d’intégration pos­sible des jeunes issus de l’immigration. C’est aus­si le pro­blème des jeunes fran­çais dit « de souche » plus ou moins loin­taine, qui n’y sont plus atta­chés « grâce », sou­vent, à la pro­pa­gande anti fran­çaise que nos enfants subissent dans la plu­part des écoles. Ces éta­blis­se­ments sco­laires dépen­dant du gouvernement !

    Nous le voyons, si toutes les ini­tia­tives indi­vi­duelles sont utiles et néces­saires, il est indis­pen­sable d’avoir une volon­té gou­ver­ne­men­tale de faire aimer la France. Et la pre­mière chose est d’avoir des per­sonnes à la tête de l’Etat qui aiment la France, la défendent, veulent lui rendre son indé­pen­dance et sa gran­deur. Or, nous le consta­tons, hélas, tous les jours, ce n’est pas le cas des indi­vi­dus qui nous gou­vernent actuel­le­ment, bien au contraire.

    Nous consta­tons que c’est dans la nature de notre régime répu­bli­cain d’avoir des gou­ver­nants de plus en plus apa­trides et anti fran­çais, à de rares excep­tions près. Et cela s’aggrave au fur et à mesure que le temps passe et qu’ils ont de moins en moins de culture fran­çaise et his­to­rique. Au moins, les « hus­sards noirs » du siècle der­nier, s’ils étaient anti­clé­ri­caux, fai­saient aimer notre nation ! Nous sommes tom­bés bien bas depuis !

    Il en serait tout autre­ment si nous avions à la tête de l’Etat un homme, une famille, qui ne soit pas tri­bu­taire des lob­bies élec­to­raux et finan­ciers. Un homme repré­sen­tant his­to­ri­que­ment la Nation Fran­çaise. Cet homme, c’est notre Roi. Il sau­rait, lui, faire aimer la France non seule­ment aux Fran­çais dit « de souche », mais aus­si à tous les autres et en faire de bons Fran­çais, atta­chés à leur pays. Et l’action du Prince Jean montre bien qu’il ne s’agit pas de « paroles en l’air ». Bien sûr, il y aurait des récal­ci­trants qui conti­nue­raient à pré­fé­rer un autre pays. Eh bien, il fau­drait les satis­faire et les prier d’y aller… C’est ce que Léon Blum a su bien faire avant la deuxième guerre mon­diale avec ceux qui ne vou­laient pas s’assimiler à la France.

    Avec notre Roi et tous les Fran­çais, nous recons­trui­rons alors notre pays. Il faut tra­vailler à son instauration.

    LA LORRAINE ROYALISTE

    284 ave­nue de la Libération

    54000 – NANCY

    Direc­teur de la Publi­ca­tion : Phi­lippe SCHNEIDER

    Rédac­teur en Chef : Jean NEDISCHER

    Source : https://www.actionfrancaise.net/blog/

  • JEUNESSE : LA FAILLITE MORALE DE LA GAUCHE

    par François Marcilhac 

    500021990.jpgJusqu’où la gauche descendra-t-elle ? Je ne parle ni des sondages ni des élections partielles, mais de sa faillite morale. Il ne s’agit pas des nombreuses affaires dans lesquelles elle est engluée. Le candidat Hollande, en 2012, avait fait de la jeunesse sa priorité.  

    Quatre ans plus tard, le gouvernement socialiste, incapable d’offrir un emploi aux jeunes Français, cherche à les appâter en libéralisant l’usage de la drogue. Fumez, vous ne penserez plus que votre avenir est bouché ! Qui dira après cela que Hollande, à douze mois de la prochaine présidentielle, ne fait pas à nouveau de la jeunesse sa priorité ? D’autant qu’un drogué est rarement inscrit au chômage et cherche plus rarement encore du travail. Il n’apparaît dans aucune statistique de Pôle Emploi : c’est gagnant-gagnant ! Alors que le Premier ministre annonçait en parallèle, le 11 avril dernier, une série de mesures en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes pour un coût de 400 à 500 millions d’euros par an, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, a souhaité sur BFM TV que « le Parti socialiste ouvre un débat sur la fin de la prohibition » du cannabis. Certes, ce médecin de profession reconnaît que le cannabis « est une très mauvaise chose pour la santé publique, en particulier chez les jeunes », mais, compte tenu de sa large consommation, « il faut peut-être aller vers des mécanismes de légalisation contrôlée ».

    Qu’en termes délicats ces choses-là sont dites ! Comme si la solution était de baisser les bras en encadrant le mal ! Comme si l’augmentation de la consommation de drogue n’était pas l’effet d’une situation anxiogène dû avant tout à la crise et au délitement social ? Est-ce d’ailleurs un effet du hasard si, dans le même temps et alors que l’ouverture, voulue elle aussi par le pouvoir socialiste, d’une salle de shoot dans le Xe arrondissement de Paris, adossée à l’hôpital Lariboisière, fait toujours débat, la Fédération française d’addictologie recommande dans un rapport rendu public lundi 18 avril 2016 que la consommation de drogue soit également permise dans les centres d’accueil pour toxicomanes ? Ce qui aboutirait à une dépénalisation de fait non plus seulement de la consommation des drogues prétendument douces, telles que le cannabis, mais aussi des stupéfiants les plus dévastateurs.

    Que la gauche en soit arrivée là en dit long sur sa déliquescence morale. Quelle déchéance que de ne proposer comme horizon à la jeunesse de son pays que la libéralisation du cannabis, l’ouverture de salles de shoot et l’assistance avec la création, dès 18 ans, d’un revenu minimum d’existence, en remplacement, au nom d’un égalitarisme simpliste, du maquis actuel des minima sociaux. Oui, la gauche paniquée par la perspective en 2017 d’un nouveau 21-Avril, ne gouverne plus : elle fait campagne, tous azimuts, cherchant à raccrocher, par tous les moyens, même nauséabonds, des électorats qu’elle croyait captifs et qu’elle voit lui échapper. La dégradation préméditée de l’instruction, à laquelle préside Najat Vallaud-Belkacem, certes entamée par ses prédécesseurs de droite et de gauche, mais accélérée de manière méthodique par l’actuel gouvernement, est une composante de cette politique en direction à la fois de la jeunesse et de certaines « communautés ». Un peuple mal instruit est plus malléable, notamment à ces discours de haine qui, sous couvert de vivre-ensemble, sont ceux du communautarisme militant.

    Même si cela n’a pas profité au candidat socialiste aux régionales en Île-de-France, il est toutefois patent que la gauche cherche à communautariser, voire à racialiser de plus en plus sa propagande, opposant la France « périphérique », constituée des Français de souche et des immigrés assimilés, à la « diversité », soutenue par ces dhimmis masochistes qui ont les moyens de s’enfermer dans leurs beaux quartiers et espèrent que leur argent leur assurera durablement la tranquillité au sein du grand remplacement civilisationnel qu’ils ont d’ores-et-déjà acté. Il en est des spots « Tous unis contre la haine » prétendant dénoncer le racisme comme des 2 000 affiches visant à condamner les discriminations à l’embauche : en insultant, tout en l’inventant comme catégorie économique et sociale, le « Français blanc » comme profiteur et raciste, ces deux campagnes gouvernementales en cours cherchent, par un racialisme grossier, à créer cet apartheid mental que Valls a infusé dans le discours politique en janvier 2015, dans le seul but d’opposer de manière irrémédiable deux électorats : d’un côté les Français périphériques jugés irrécupérables car désormais tournés vers le FN, de l’autre, la « diversité », électorat de remplacement en cours de constitution.

    Cette politique racialiste et communautariste de la gauche est d’autant plus violente qu’il lui faut réparer deux bévues qui lui ont aliéné un électorat qui lui avait été acquis en 2012 : sa politique étrangère de lutte contre le terrorisme islamiste entamée dès janvier 2013 au Mali, comme la politique sociétale — mariage pour tous, théorie du genre enseignée à l’école. Comme quoi, contrairement à ce que pensent des esprits courts au FN, qui risque de s’en mordre les doigts en 2017, la gauche sait, elle, qu’il n’y a pas de sujets « bonsaïs » en politique. Comment ne pas voir également que les propos de mars 2015 de Vallaud-Belkacem sur le porc comme « aliment confessionnel » étaient un message communautariste envoyé à certains jeunes ?

    Rien ne dit évidemment que cette tactique abjecte réussira. Les « quartiers » sont d’autant moins revenus dans le giron de la gauche qu’elle en a perdu de nombreux et que la droite molle et le centre tiennent désormais le même discours et pratiquent la même politique. Hollande, qui dévisse dans les sondages, a peur : plus généralement la jeunesse, quelles que soient ses origines, lui échappe. Celle qui vote destine ses voix en majorité à la droite parlementaire ou au Front national. La gestion des manifestations, notamment de lycéens, contre la loi El-Khomri, comme celle de Nuit Debout sur la place de la République à Paris, pâle reflet des Indignados espagnols du début des années 2010, est délicate. Il s’agit d’éviter avant tout la constitution d’un Podemos français.

    Les violences policières, encouragées par le pouvoir et occultées par les médias aux ordres lorsqu’elles étaient dirigées contre les pacifiques Manif pour tous ou autres Veilleurs, pourraient, cette fois largement médiatisées, faire à gauche le jeu des dissidents. C’est pourquoi le pays légal ferme les yeux, partout en France, sur les nombreux actes de vandalisme des antifâ et autres gauchistes qui, largement infiltrés, lui ont toujours servi de police supplétive. Laisser libre cours au vandalisme — les commerçants de Nantes, Rennes ou Paris en font régulièrement les frais —, dans l’espoir d’en rendre responsable et de réprimer l’adversaire qu’on jugera utile de désigner, les patriotes, évidemment, qu’on prétend en toute bonne conscience « citoyenne » interdire d’expression : cette politique d’une gauche aux abois est vieille comme la République. A Marseille, les locaux de l’Action française ont été ces jours derniers plusieurs fois vandalisés et nos militants menacés de mort par les idiots utiles du système, sans que cela inquiète autrement la police, voire avec une certaine complaisance des médias de l’oligarchie. L’évocation récurrente par le gouvernement d’un risque de guerre civile n’a rien d’innocent. Pour la gauche, sera « républicain » tout ce qui permettra son maintien au pouvoir. 

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    L’ACTION FRANÇAISE 2000

  • Un voeu ? La réalisation du deuxième des vingt de Jean-Christophe Buisson (I/III)...

    Dans Le Figaro magazine du 27 décembre 2019, Jean-Christophe Buisson formule "Vingt voeux pour 2020" : nous aimerions bien en voir se réaliser certains... mais le deuxième a particulièrement retenu notre attention :

    2. Une réédition du chef d'oeuvre de géopolitique publié il y a tout juste cent ans par Jacques Bainville : Les conséquences politiques de la paix.

    Oui, ce serait, certes, une excellente chose.

    Qui permettrait, d'abord, de remettre en évidence l'excellence de notre école de pensée, dont nous pouvons être fier, et qui est certainement la plus brillante opposition/contestation de la Révolution que celle-ci ait rencontré, de par le vaste monde...

    Et qui permettrait aussi de bien remettre en évidence la nocivité et la malfaisance des gouvernants et penseurs anglo-saxons qui, en voulant à tout prix sauver l'Allemagne, pour que la France ne redevienne pas trop suivante, et donc ne recommence pas à les concurrencer, ont tout simplement fait tout ce qu'il fallait pour préparer le chemin à... Hitler !

    Voici trois extraits de notre Album Maîtres et témoins... (II) : Jacques Bainville (les deux suivants paraîtront demain mardi et mercredi) :

    1920 : Les conséquences politiques de la paix" (1)

     

    En 1919, John Maynard Keynes écrit un livre retentissant, dans lequel il compare le Traité de Versailles à une "paix carthaginoise", c'est-à-dire à un diktat - par définition, excessif et trop dur, infligé par les Alliés vainqueurs à l'Allemagne vaincue.


    Bainville réagit immédiatement à cet ouvrage "scandaleux" au sens premier du terme. Et il le fait en recopiant volontairement, à un mot près, le titre même de Keynes : au lieu de parler des conséquences "économiques", Bainville va étudier "Les conséquences politiques de la paix".


    Il ne s'agit donc pas, pour Bainville, de critiquer Keynes en tant que tel, tout Keynes, et toutes ses théories économiques, bien connues par ailleurs. Bainville n'écrit pas un livre d'économiste, proposant une alternative aux thèses d'un autre économiste : Bainville écrit un livre de géo-politique et de géo-stratégie, de diplomatie, traitant de la grande affaire que constitue l'antagonisme récurrent franco-allemand, là où Keynes, représentant la grande finance internationale - et surtout les intérêts économiques des anglo-saxons... - ne voyait que l'aspect purement économique des choses; l'aspect mercantile, matérialiste, en somme...


    Pour Keynes, il importait que, sitôt la guerre achevée, "les affaires" reprennent; et comme, selon lui, l'Allemagne était un partenaire majeur de l'économie européenne, il importait de la punir pour la guerre qu'elle avait déclarée, mais pas trop; et il ne fallait pas la charger d'un fardeau tel ("L'Allemagne paiera", disaient certains Français, qui voulaient se rassurer à bon compte...) que cela l'empêche de réintégrer au plus vite le cercle des nations qui faisaient "tourner" l'économie mondiale. Lui imposer "la démocratie" suffisait pour que, d'un coup de baguette magique, ses vieux démons disparaissent, et qu'elle redevienne fréquentable. Cette sorte de pensée "magique", cette idée folle qu'il suffisait de prononcer le mot ("démocratie") pour avoir la chose (une Allemagne pacifique), c'est ce qui guidait les hommes tels que Keynes ou, plus grave, le président Wilson.


    Bainville est aux antipodes de ces "nuées" : c'est un réaliste, qui ne se paye pas de mots, et qui sait que les mêmes causes produisent les mêmes effets.


    Il demande que l'on démembre l'Allemagne, afin que plus jamais elle ne puisse recommencer ce qu'elle vient de faire : mettre l'Europe à feu et à sang.


    Et, contre le Keynes des "Conséquences économiques de la paix", il écrit (page 179 des "Conséquence politiques de la paix" :
    "...La propagande allemande est très habile à lancer dans le monde des formules qui servent ses intérêts. Pendant la guerre, c'était "une paix sans annexion ni indemnités", maintenant c'est "une Allemagne organisatrice de l'Est" et "la collaboration économique des vainqueurs et des vaincus". Nous savons qu'un groupe important en Angleterre, dont M. Keynes est le porte-parole, a déjà été complètement acquis par le programme allemand; si ces idées devaient être acceptées par la diplomatie alliée, l'Allemagne serait rétablie dans sa situation d'avant-guerre..."


    Alors que, comme l'écrit au même moment Léon Daudet dans le même journal que Bainville - L'Action française - le démembrement de l'Allemagne aurait "assuré la paix pour les 150 ans qui viennent..."


    Et, bien sûr, Bainville demande des garanties pour la France, qui a si chèrement payé sa victoire, en perdant ce qu'elle avait de plus précieux : la plus grande part de sa jeunesse. Bainville demande que, dans ce démembrement de l'Allemagne, les régions Rhénanes - où les habitants sont rhénans, et non Prussiens... - deviennent indépendantes, séparées du joug prussien, et qu'ainsi la France trouve, sinon sa frontière directe, du moins la protection assurée qu'offrait la "rive gauche du Rhin".

    Bainville et l'Action française voulaient, en somme, reprendre la grande tradition de la diplomatie française, dont le chef d'oeuvre absolu furent les Traités de Westphalie...
    Mais nos excellent alliés anglo-saxons n'ont pas voulu cela. Anglais et Etats-Uniens se sont payés tout de suite :
    1. Les Anglais, en saisissant la totalité de la flotte allemande, ce qui, par la disparition immédiate d'un adversaire militaire et d'un concurrent économique, renforçait leur prééminence maritime mondiale.
    2. Les Etas-Uniens en voyant leur situation considérablement renforcée à la suite de l'effroyable guerre civile européenne, laissant l'Europe exsangue.


    La France, elle, fut le dindon tragique de la farce : elle avait subi le plus gros des destructions, par une présence ennemie de quatre années sur une quinzaine de ses départements, mais elle se voyait interdire par ses alliés anglo-saxons de se payer - comme eux l'avaient fait - en s'assurant la garantie de la rive gauche du Rhin, et des Républiques Rhénanes indépendantes, ouvertes à son influence. D'ailleurs Clemenceau l'a reconnu : "Nous n'avons pas obtenu tout ce que nous aurions pu et du obtenir..."


    Voilà donc, brossée à grands traits, la vision magistrale que l'on trouve dans cet ouvrage de Bainville : elle n'est pas vulgairement mercantile et matérialiste, elle est de haute diplomatie, elle est visionnaire en termes de géo stratégie et de géo politique, car elle pointe l'erreur initiale de ce mauvais Traité de Versailles - qui est de laisser l'Allemagne unifiée, au lieu de la démembrer - et elle annonce les conséquences inéluctables de cette paix perdue : un désir éperdu de revanche chez les Allemands, malgré tout humiliés, mais non dépossédés de leur force. C'est une nouvelle guerre pour dans vingt ans, dit Bainville : il ne se trompait que d'un an...


    La République, qui n'avait pas su éviter la guerre, allait perdre la paix, gagnée par une France héroïque au prix d'une "pluie de sang", comme le disait Léon Daudet, qui a choisi cette formule comme titre pour l'un des tomes de ses "Mémoires".
    Mais laissons parler Jacques Bainville...

     

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    Illustration : John Maynard Keynes avait acquis une notoriété internationale par la publication de son livre "The economic consequences of the peace", en 1919, à propos du Traité de Versailles.
    Ce livre fut très mal reçu en France par les politiques, intellectuels et économistes, car Keynes fut perçu comme prenant le parti de l'Allemagne contre la France.
    Il prétendait prendre une position d'économiste, considérant que le retour au passé d'avant 1870 - le démantèlement de la puissance allemande construite depuis 1850, ce que voulait Clemenceau au nom des intérêts de la France - ne pouvait conduire qu'à la "souffrance" (!) des peuples d'Europe centrale et à la poursuite des conflits, c'est-à-dire de la "guerre civile" en Europe.
    Bainville défend la thèse exactement contraire : en réalité, c'est le non-démembrement de l'Allemagne qui apportera une nouvelle guerre, "pour dans vingt ans", dit-il.
    "On" a suivi Keynes, pas Bainville. "On" n'a pas démembré l'Allemagne... et on a eu Hitler, et les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, encore bien pire que la première.
    Qui a eu raison ?...

    lafautearousseau

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (19)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. 

    Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener.

    Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    L'admirable série que nous réaliserions en mettant en images le Gil Blas de Lesage ... 

     

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LE RÈGNE DE LA QUANTITÉ S'ACHÈVE

    Il convient de revenir au précepte de Saint-Paul : « qui ne travaille pas ne mange pas ». L'allocation chômage fut conçue comme un expédient économique : il fallait, pour écouler les stocks permettre aux chômeurs de continuer de consommer. On a justifié ce qui n'était qu'une habileté tactique par des considérations morales. Des hommes qui perdent leur emploi recevraient ce droit d'être nourris, logés, blanchis aux frais de la nation. Ils n'ont aucun droit de ce genre. Par contre, en stricte justice, tout citoyen a droit au travail, le droit de faire vivre sa famille de son travail. L'imposture c'est de s'accommoder de la violation par la société de ces deux droits là, qui sont fondamentaux puisque liés à la nature de l'homo faber, sous prétexte qu'elle prend momentanément leur entretien à sa charge. Puisque ce n'est pas le travail qui manque mais l'argent pour le payer elle a le devoir de trouver cet argent. Ce qui suppose une réforme fiscale et une réorganisation du système bancaire, par le recours aux traites de travail. L'argent existe. Il ne s'agit que de mieux l'utiliser.

    Mais les évidences deviennent des utopies quand elles se heurtent à la résistance de corps sociaux assez puissants et si bien organisés qu'ils leur font écran. L'Etablissement a laissé proliférer une plèbe moderne, plusieurs millions de manœuvres aux écritures dans la fonction publique, les banques, les caisses d'épargne, les assurances. Ces gens ont un emploi. Officiellement, ils travaillent mais ce qu'ils font est soit inutile, soit nuisible, soit se ferait mieux à moindre frais par la machine. Assez mal payés, donc revendicateurs, ils ont obtenu, par un système de primes, d'avantages sociaux, de privilèges financiers, un sursalaire, d'ordinaire dissimulé.

    De jeunes français refusaient de devenir ouvriers d'usine. On ne le leur reprochera pas. Le système Taylor a disqualifié le travail manuel. Si l'on avait automatisé, on aurait pu, comme au Japon, attirer des bacheliers dans les ateliers. Le rendement financier, envisagé à court terme, poussait à con­server, aussi longtemps que possible des O.S., astreints à des tâches ennuyeuses, au milieu d'un bruit assourdissant que seuls les immigrés acceptaient. On a donc utilisé une partie des bénéfices obtenus grâce aux gains de productivité, non à moderniser l'industrie et à financer la recherche mais à créer ex nihilo, des emplois de bureau. De 1950 à 1982, on a systématiquement camouflé le chômage des jeunes en les utilisant d'une façon séduisante. En France, l'employé de bureau a toujours été mieux considéré que l'ouvrier. Faire de son fils un fonctionnaire est le rêve du travailleur manuel.

    Il se trouve qu'absurdement gonflée, la plèbe moderne est condamnée à disparaître. Les entreprises privées commencent à « dégraisser » leurs sièges sociaux. Les banques, les assurances, les caisses d'épargne qui sont nationalisées, la Sécurité Sociale aux mains des syndicats se débrouillent pour que l'introduction de l'informatique n'ait aucune incidence sur le niveau de l'emploi. La durée effective de travail ne dépasse pas trente heures par semaine. Elle est plus près de vingt-quatre dans certains établissements, l'absentéisme étant admis, parfois encouragé. Une partie du personnel « libéré » est affecté à l'accueil du public ou au renforcement des contrôles. Ce gaspillage de main-d'œuvre coûte cher. Obtenir que la semaine de 39 heures soit respectée, supprimer les postes inutiles provoquerait du chômage. Sans doute, du moins dans un premier temps. Mais les économies réalisées favoriseraient la relance des investissements en réduisant les charges sociales, les frais de banque ou d'assurances et, par l'effet de déversement, engendreraient des emplois. L'existence de centaines de milliers de parasites, dans le meilleur des cas improductifs, dans le pire anti-productifs constitue l'une des causes de la crise.

    Certains ministères devraient être purement et simplement supprimés, à commencer par celui de la culture. L'Etat exerce son mécénat de façon déplorable. Les divers régimes qui se sont succédé depuis 1789 ont fait la démonstration de la médiocrité de leur goût. Systématiquement, ils ont encouragé les pompiers d'arrière puis d'avant-garde au détriment des créateurs. Il s'est trouvé des amateurs, des marchands pour s'intéresser aux impressionnistes. Pas beaucoup mais qu'achetait donc l'Etat ? La meilleure façon, pour l'administration d'encourager les lettres et les arts reste encore de ne pas s'en occuper. Qu'un film, qu'une pièce connaissent le succès, les voici frappés de lourdes taxes, tandis que des troupes ringardes et des films minables sont arrosés de la manne ministérielle. Le principe égalitaire, qui pénalise la réussite pour secourir l'échec n'est jamais plus néfaste que dans le domaine culturel. L'on nous explique que l'Etat a le devoir de soutenir des œuvres ambitieuses, qui ne sauraient, d'elles-mêmes atteindre un public suffisant pour assurer leur rentabilité. Ce raisonnement se fonde sur l'idée qu'lin fonctionnaire, du moment qu'il appartient au ministère de la culture, possède un jugement esthétique supérieur à celui des contribuables. L'Etat qui s'est arrogé bien des monopoles s'approprie aussi, celui du goût. L'expérience, malheureusement, prouve qu'il est, comme la majorité des citoyens d'ailleurs, conformiste. Rien là que de normal. Au début, un créateur véritable n'est reconnu que par un petit nombre.

    Que l'Etat favorise donc le mécénat privé. Sur cent amateurs quatre-vingt-quinze se trompent. Ils préfèrent Rosa Bonheur à Manet. Il en reste cinq qui savent reconnaître le génie à l'état naissant. Ce qui laisse cinq pour cent de chances au créateur. L'Etat ne lui en accorde aucune.

    Devons-nous pour autant souhaiter, comme le font certains, que la culture soit livrée à la seule initiative privée ? Dans tous les domaines peut-être, sauf un, celui de l'audio­visuel. Les enjeux sont trop importants pour qu'il s'en désintéresse. En effet, nous entrons dans ce que l'on nomme, bien improprement, une société de communication. L'on entend par là non que les gens communiqueront de plus en plus entre eux mais qu'ils auront davantage de moyens, de « médias », à leur disposition.

    La libéralisation de la télévision risque de se révéler désastreuse, culturellement. Nous serons submergés de « séries » américaines ou, pis, brésiliennes, à bon marché. Il convient que l'Etat conserve au moins une chaîne, la confie à un professionnel sérieux — Il y en a encore quelques-uns —et lui accorde des fonds considérables. Cette chaîne devrait défendre la chanson française et produire, à _partir des grandes œuvres de la littérature française et européenne, des films de valeur que nous vendrions, à des prix relativement bas, aux télévisions francophones. Sur cette chaîne seuls les produits fabriqués dans notre pays, seraient autorisés à faire de la publicité. Gérée comme une entreprise privée, indépendante du pouvoir politique, cette chaîne se donnerait pour objectif non le taux d'écoute mais la qualité des programmes. On n'empêchera pas les gens de préférer un chanteur américain à l'adaptation d'un roman de Balzac. Par contre on peut acquérir, dans le monde, une réputation indiscutée. La B.B.C. y est bien parvenue. Il faudra, dans un proche avenir considérer les « biens culturels » sous l'angle économique. On exportera de plus en plus de disques, d'émissions de télévision et même de livres. Notre seule chance, compte tenu de l'étroitesse du marché national, reste d'utiliser notre réputation. Il faut jouer la carte de la qualité. Jamais nous ne réaliserons l'équivalent de « Dallas », une tentative récente le prouve. Par contre, imagine-t-on l'admirable « série » que nous réaliserions en mettant en images le « Gil Blas » de Lesage ?   •  

    A suivre  (A venir : Une machine à fabriquer des chômeurs).

     

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

    (1)     (2)     (3)     (4)     (5)     (6)     (7)     (8)    (9)     (10)    (11)     (12)     (13)     (14)     (15)     (16)     (17)    (18)

    lafautearousseau

  • (Communiqué) Courrier reçu du Carrefour des Acteurs Sociaux (CAS)...

    2014 COMMEMORATION 1914.jpgMadame, Monsieur, 

    Sans doute êtes-vous au courant de l’affaire évoquée dans le document que vous trouverez ci-dessous. Il m’est l’occasion d’une réflexion en lien avec les commémorations prévues en 2014. Je signale au passage que nous venons de prêter la main aux actions ayant visé à reclasser en France (logement, emploi, formation)  les Afghans qui ont été au service de l’Armée français pendant les opérations en Afghanistan. 

    Chez les militaires c’est la première fois depuis les années 60 que la grogne prend un tour politique et je m’en suis aperçu en prenant contact avec les organisateurs des commémorations qui auront lieu en 2014 (commémoration de la guerre 14/18).

    J’ai notamment pris contact au nom de certaines associations franco-africaines qui gravitent dans l’orbite du Partenariat Eurafricain et qui commémorent annuellement les Tirailleurs Sénégalais.

    Les manifestations commémoratives de 2014 verront le budget dégagé par l’Etat au quasi seul service du 14 juillet 2014. Mais le plus important est ailleurs ; ces commémorations n’échapperont pas au maelstrom « sociétal » qui va s’y engouffrer. Déjà, les informations qui nous viennent des « allées du pouvoir médiatique » permettent de discerner  quelques points forts qui seront montés en épingle :

    - Evidemment l’apologie du pacifisme;

    - La réhabilitations des condamnés par les tribunaux militaires;

    - Une campagne baptisant les combattants d’Afrique « les engagés involontaires »;

    - Le reformulation du débat sur l’identité nationale;

    Les points d’applications seront multiples et notamment dans les écoles et les collectivités locales.

    Il n’est pas dans la vocation du CAS d’aller sur ces terrains où du moins de s’y déployer. En revanche il ne lui est pas interdit de sensibiliser son réseau aux enjeux historique et culturel qui se joueront en 2014. J’ai déjà des demandes émanant d’associations africaines gravitant dans l’orbite du Partenariat Eurafricain, de sociétés savantes et d’associations civiques agissant dans les zones difficiles. 

    Je recherche donc quelqu’un disposé à piloter les initiatives que prendront nos membres et d’autres  (choix de conférenciers dans les écoles et les associations ; recension des colloques vers lesquels orienter nos amis ; mise en relation localement avec des autorités militaires ou des associations d’Anciens Combattants, par exemple le Service Historique de l’Armée.

    Bien cordialement, 

    Joël Broquet

    -------  

    COMITE VALMY.jpgQuestion au Premier Ministre sur la Syrie :

    Le gouvernement a-t-il présenté un faux à la représentation nationale ?  

    samedi 28 septembre 2013, par Comité Valmy 

    Le comité Valmy recherche un député susceptible de briser l’omerta en posant cette question au 1er Ministre. Quand le gouvernement viole la loi en tentant d’obtenir un consensus du Parlement au moyen d’un faux document dans le seul but d’entraîner la France dans un conflit au bénéfice des auteurs du crime qu’on prétend combattre, les députés sont face à une responsabilité historique : doivent-ils se coucher et accepter honteusement cette manipulation, ou, au contraire, demander des comptes, laver l’honneur de la République, et mettre sous la tutelle des élus de la Nation ce gouvernement qui a fait la démonstration de son irresponsabilité ?

     

    Question au Premier Ministre sur la Syrie :
     Le gouvernement a-t-il présenté un faux à la représentation nationale ?

     

    Monsieur le Premier Ministre,

    Le 2 septembre dernier, avant le débat à l’Assemblée nationale visant à obtenir un consensus sur une intervention militaire en Syrie, vous rendiez public un document déclassifié des services DRM et DGSE, document censé établir la preuve que l’armée régulière syrienne serait l’utilisatrice des armes chimiques contre le peuple syrien, le 21 août 2013.

    Les lecteurs de ce document ne pouvaient qu’être frappés par l’absence de fait précis et la médiocrité de son contenu : après une présentation scolaire laborieuse de l’histoire de l’armement syrien, l’auteur pense pouvoir deviner l’identité des criminels de la seule nature des armes... Comme si toutes les utilisateurs de six coups étaient américains et russes les utilisateurs de Kalachnikov !

    De l’affirmation non étayée que seule l’armée régulière serait en capacité technique de manipuler de telles armes, la représentation nationale devait conclure comme un seul homme à la responsabilité du gouvernement syrien. Pourtant, seuls les "rebelles" avaient intérêt à fournir le prétexte requis par le président Obama pour intervenir militairement. Par ailleurs, ce document occultait la présence d’éléments non syriens parmi les "rebelles", dont certains étaient armés, formés et épaulés par de nombreux services étrangers capables de leur fournir la capacité d’utiliser des armes chimiques, ce qui ruinait le raisonnement précité.

    Depuis le renoncement des États-Unis à l’attaque contre la Syrie, aucun service occidental et anti-syrien n’a été capable d’apporter la moindre preuve tangible de la responsabilité du gouvernement syrien dans les drames du 21 août. A l’inverse, nombre de documents, de témoignages et de faits incontestables tendent à établir la culpabilité d’éléments de la rébellion.

    Sans un salvateur vote à la Chambre des Communes britannique, suivi d’un accord russo-américain, la France aurait été entraînée dans une agression militaire aux risques incalculables, très certainement pour soutenir les utilisateurs des armes chimiques, sur la seule foi de ce document.

    Nous découvrons maintenant que ce document [1] présenté comme émanant des services secrets français porte la signature électronique de M. Sacha MANDEL [2] (« smandel »)et semble bien, en réalité, avoir été concocté par ce conseiller en Communication du Ministre de la Défense.

    L ’introduction précise que « Ce document est constitué de renseignements déclassifiés issus des sources propres françaises. Il repose également sur l’analyse technique approfondie des sources ouvertes réalisée par nos services. » Force est de constater qu’aucun avis de Commission Consultative du secret de la défense nationale n’a été publié au Journal Officiel, seule preuve de déclassification légale de renseignements. [3] La Commission n’a donc pas été saisie, la procédure [4] n’a donc pas été respectée.

    ( "le ministre ne peut déclassifier sans avoir préalablement demandé cet avis, même s’il est favorable à la demande." [5]) L’introduction du document étant mensongère, la question se pose : ces « renseignements déclassifiés » n’existent t-il que dans l’imagination d’un communicant du ministère de la Défense ?

    De quel droit le gouvernement prétent-il présenter aux parlementaires des renseignements déclassifiés sans qu’aucune procédure de dé-classification n’ait existé ? Quelle est la véritable origine de ces pseudo « renseignements déclassifiés » sur la base desquels il fallait déclencher de toute urgence un conflit au conséquences planétaires ?

    Pouvez-vous, monsieur le Premier Ministre, désigner le véritable auteur de ce document ?

    S’agit-il de M. Sacha MANDEL, responsable en communication de M. le Drian ou des services de renseignement, dont la DGSE qui a vu la prise de fonction d’un nouveau directeur [6] la veille de la parution de ce document ?

    S’il s’agit de M. Mandel, les services précités ont-ils accepté d’en porter malgré tout la responsabilité ?

    S’il s’agit des services officiels, pourquoi M. Mandel n’a t-il pas démenti ? Et dans ce cas, des sanctions ont-elles été prises ? Les services ont-ils été appelé à fournir des renseignements de meilleure qualité, au minimum pour que la France ne se trouve pas entraînée dans un conflit en se trompant d’adversaire, sur la base de renseignements erronés ?

    Enfin, en prétendant que ce document essentiel émanait des services DRM et DGSE, qu’il contenait des « renseignements déclassifiés », le gouvernement a t-il présenté un faux à la représentation nationale ?

     

    Notes

     

    [1] -Document sur le site du Premier Ministre

    [2] -Organisation du cabinet du ministre de la Défense

    [3] -CODE DE LA DÉFENSE : Commission consultative du secret de la défense nationale

    [4] -Rapport de la CCSDN, procédure page 73

    [5] -"Secret Défense" sur le site du Secrétariat Général pour l’Administration

    [6] -Décret du 22 août 2013 portant nomination d’un directeur à la direction générale de la sécurité extérieure - M. BIGOT (Christophe)

    Appel du Comité Valmy :
    > Construire un front républicain, patriotique, anti-impérialiste et de progrès social !

  • Entrons-nous dans un bas-empire mondial ?, par Yves Morel.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Du Haut-Empire libéral au Bas-Empire confiné et confinant, l'État avait peu à peu envahi la société romaine. On sait la chute de l'histoire. Est-ce ce chemin que prend notre civilisation ?

    La crise mondiale provoquée par la pandémie du coronavirus constitue-t-elle le prélude à un changement de civilisation ? Les bouleversements qu’elle provoque dans tous les aspects de la vie des individus et des peuples donne à le penser. Pour notre part, nous inclinons à comparer cette mutation, encore à l’état de genèse, à celle qui fit passer la civilisation romaine, durant l’antiquité tardive, du Haut-Empire, florissant, prospère et brillant, au Bas-Empire, marqué par le déclin, la crise du pouvoir, la ruine de l’économie, la décadence culturelle, et l’insécurité permanente, tant celle des personnes que celle de l’empire lui-même, menacé puis miné par les invasions.

    Des perspectives peu réjouissantes

    La pandémie planétaire que nous connaissons a déjà provoqué des dégâts humains et économiques considérables. Elle a engendré une situation d’exception, dont nous nous doutons qu’elle durera, même si elle décroîtra en intensité.

    Nous allons tous, désormais, évoluer masqués dans l’espace public, et nous devrons nous interdire de nous serrer la main, de nous embrasser et de nous rapprocher les uns des autres. Peut-être que les hommes ou les femmes mariés ou vivant en couple, prendront l’habitude de présenter à des tiers ou de disposer, encadrée, dans un coin de leur bureau, une photographie de leur « petite famille » montrant une dame (ou un monsieur) en compagnie de deux ou trois jeunes enfants, tous porteurs de masques. Imaginant cela, nous ne prétendons pas faire de l’humour, au contraire. Les Chinois et autres peuples d’Extrême-Orient en sont déjà pratiquement là.

    Le strict enserrement des individus

    En raison de la tragique situation d’urgence, nos si précieuse libertés individuelles – tout particulièrement celles de sortir de chez soi, de circuler, de travailler, d’entrer et de sortir à sa guise d’un magasin, de se restaurer et de se distraire hors de son domicile – ont été suspendues, ce qui ne s’était plus produit depuis l’Occupation, et paraissait absolument inconcevable et attentatoire aux libertés fondamentales des citoyens (et on sait que, pour ce motif, certains maires ont été condamnés par des tribunaux administratifs pour avoir durci les conditions du confinement et imposé le port du masque). Or, au sein de l’Empire romain, à partir du milieu du IIIe siècle (et plus encore à la fin), les citoyens ne pouvaient plus (ou seulement très difficilement) quitter leur ville ou leur village en raison de l’affaiblissement continuel de la population et de la main d’œuvre indispensable à une économie qui s’effondrait. Les habitants des villages, tout particulièrement, étaient de plus en plus liés à la glèbe. Et, dans les villages comme dans les villes, fut instaurée graduellement, sous Dioclétien, à partir de 302, puis sous Constantin (à partir de 325) et ses successeurs, l’hérédité de toutes les professions, que ce fût dans l’agriculture, les métiers de l’alimentation, l’artisanat, le commerce, les transports ou l’administration. Le libéralisme du Haut-Empire, caractérisé par la liberté de mouvement et de choix de vie des individus vis-à-vis de l’État, avait vécu.

    Un État qui modifie son orientation générale et recouvre sa toute-puissance sur la société et les individus

    L’État, naguère grand commis du néolibéralisme mondial sans frontières, régi par la seule loi du marché, s’affranchit de cette dernière et, recouvrant toute son indépendance et sa puissance, oriente son action vers la lutte contre la pandémie, met en œuvre une politique économique on ne peut plus hétérodoxe eu égard au credo européen et libéral, accorde la priorité à la santé sur le PIB et l’équilibre budgétaire, s’efforce de redonner aux hôpitaux des moyens dont il les avait jusqu’ici privés, et envisage une politique de redressement économique on ne peut plus dirigiste. Et il en va de même à l’étranger. Il décide de l’activité économique et de la reprise ou de la cessation du travail et de la production, prend à sa charge le déficit des entreprises et le chômage de leurs salariés, et fixe les conditions de travail de ces derniers. Sous le Bas-Empire romain, l’État, semblablement, dirigeait toute l’activité économique de son peuple, et, par l’intermédiaire de ses gouverneurs, praeses et agents du fisc, contrôlait l’activité de chacun de ses citoyens.

    La crise économique et démographique et la menace d’invasions avaient, au IIIe siècle, contraint l’État à une prise en mains de toute la société.

    Et, ce faisant, l’État, présentement, ne se heurte à aucune critique féroce et dangereuse pour lui de la part des opposants et des syndicats (ou des citoyens eux-mêmes), dans un pays pourtant enclin à la contestation permanente. Au plan étroitement politique, nous sommes arrivés, en France, à cette situation inattendue, en laquelle un exécutif qui traîne avec lui des casseroles aussi bruyantes que la réforme du Code du Travail, les Gilets jaunes, et la réforme des retraites, conserve toute sa force, est écouté, globalement approuvé et obéi par toute la population, à l’abri du discrédit et des contestations, sans opposition susceptible de l’ébranler. Les Français attendent chaque allocution télévisée de leur président comme un oracle propre à leur dicter leur attitude morale, leur conduite et la marche à suivre, tant dans leur vie personnelle et professionnelle que dans celle de la nation. En France, le phénomène reste sans exemple durant la période contemporaine. La Grande-Bretagne, en revanche, connut l’exemple d’un consensus total et inébranlable durant la seconde Guerre mondiale, autour de Churchill. Mais les Britanniques renvoyèrent le vieux lion dans son foyer dès les élections aux Communes de juillet 1945. Rien n’augure d’une telle destinée pour l’actuel locataire de l’Élysée. En 1945, les Britanniques espéraient un État-providence après l’épreuve de la guerre, et les années de crise et de misère de l’entre-deux-guerres, et ils comptaient sur le Labour pour satisfaire leurs aspirations. A contrario, les Français d’aujourd’hui n’attendent ni n’espèrent plus rien, et ne croient plus en rien ni en personne, et surtout pas en une opposition divisée, sans chefs crédibles ou charismatiques. Dépourvus de solution alternative, et ne cherchant même plus à en découvrir une, écœurés du jeu politique et des partis, méprisant Mélenchon comme Marine Le Pen, ils se raccrochent à Macron comme un naufragé à une planche, et le suivent pour la seule bonne raison qu’il est là, et qu’il semble toujours plus fiable que ses adversaires. Sans même en avoir une claire conscience, ils mettent le pouvoir au-dessus de toute critique sérieuse, et ne réalisent même plus que, théoriquement, ce sont eux qui choisissent ceux qui l’exercent. Le pouvoir retrouve ainsi une sorte de transcendance que lui avaient fait perdre depuis longtemps la Révolution française, les révolutions du XIXe siècle, les mouvements sociaux, les révolutions culturelles et morales et le jeu politique démocratique. Macron devient une manière de roi. Sous le Haut-Empire romain, l’empereur était un princeps créé par la coopération du peuple, du Sénat et de l’armée, et il unissait en lui toutes les magistratures républicaines. Sous le Bas-Empire, il devint, surtout à partir de Dioclétien, un dominus, tenant son pouvoir de l’armée seule (anarchie militaire du IIIe siècle), puis de l’armée et des dieux (Aurélien, Dioclétien), puis, à partir de Constantin, de Dieu lui-même, celui des chrétiens, sans le consentement ou la médiation des hommes et des peuples. Il semble que, sans revenir à cette situation, nous vivions en un temps où le pouvoir devient (ou redevient) une autorité indépendante du choix des hommes, une autorité dont ces derniers reconnaissent d’emblée la supériorité éminente et la légitimité, et qu’ils suivent donc spontanément, sans songer à le contester et à lui imprimer une orientation conforme à leurs attentes personnelles ou catégorielles. Les Français se rassemblent, suivant un instinct grégaire, autour du pouvoir, de leur président, qui s’impose à eux plus qu’il n’émane de leurs suffrages. N’oublions pas que déjà, au second tour de la présidentielle de 2017, qui a vu l’élection de Macron, le taux de participation au scrutin n’a été que de 43% des électeurs inscrits. La démocratie semble ne plus représenter grand-chose pour nos compatriotes. Et on observe le même phénomène à l’étranger.

    La redécouverte d’une solidarité communautaire

    Un peuple uni autour de son chef, voilà la situation politique actuelle. Une solidarité grégaire sans précédent et surprenante à notre ère néo-libérale marquée par l’individualisme égoïste et hédoniste. Cette solidarité excède le champ politique et se manifeste à tous les niveaux de la société : entre les soignants, leurs patients et tous les autres, entre les entreprises et la société, entre les associations et les Français, entre ces derniers tout simplement.

    Sous l’empire de la nécessité, le discours macronien a fondamentalement changé : d’inconditionnellement libéral, mondialiste, moderniste, concurrentiel, anti-social, il est devenu humaniste, mettant en avant les valeurs de dévouement, l’entraide, voire la fraternité, et le rôle de l’État dans cette orientation. Et si l’Union européenne reste un credo, les frontières ont de fait retrouvé toute leur raison d’être. Nous assistons au retour à une vie de type communautaire, ce qui ne manque jamais de se produire dans les périodes de catastrophe, surtout lorsque la catastrophe remet en question le mode de vie et de fonctionnement de toute une civilisation. La crise économique et démographique et la menace d’invasions germaniques et perses avaient, au IIIe siècle, ébranlé les fondements politiques et sociaux de l’Empire romain, fondé sur la liberté et la diversité, et une tutelle administrative légère, et avaient contraint l’État à une prise en mains de toute la société et de l’activité de ses sujets afin d’éviter le jeu des forces centrifuges, et de les orienter dans le combat pour la défense du pays et la sauvegarde de la civilisation romaine. Villes et villages devinrent des communautés enserrant solidement leurs membres, les obligeant et les retenant en eux, et tous subirent la tutelle de l’État, incarné par un souverain tenant son pouvoir de Dieu, à partir de Constantin, ce qui signifiait la fin du monde antique et le début du Moyen Age chrétien, celui des monarchies de droit divin.

    Vers un changement de civilisation ?

    Le Haut-Empire romain, socialement libéral, qui disparut graduellement au IIIe siècle, ressemblait beaucoup à notre monde néolibéral, qui va sans doute disparaître à son tour. À n’en pas douter, nous sommes au début du processus d’un changement de civilisation. Les hommes du futur connaîtront-ils une sorte de nouveau Moyen Age, caractérisé par une orientation communautaire, une prééminence du politique et du rôle des États sur la soumission aux lois d’un marché planétaire ? Et nous en porterons-nous mieux ? Ces questions, auxquelles il est difficile de répondre aujourd’hui se posent pourtant dès aujourd’hui avec acuité.

    Illustration : Les Français, enthousiastes, applaudissent leur confinement avec de nouveaux rituels citoyens qui les confortent dans leur soumission.

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  • El-Azhar entre politique et religion, par Annie Laurent.

    Annie_Laurent.jpgAnnie Laurent poursuit - dans la Petite Feuille Verte - son étude sur El-Azhar, dont nous avons relayé déjà les deux premiers numéros(El-Azhar, Vatican de l'islam ? puis El-Azhar, « phare de l’islam sunnite »).

    Elle s'intéresse ici à la ligne doctrinale suivie par cette institution au cours des dernières décennies. Loin d’ouvrir la voie à une rénovation de la pensée islamique, comme pouvaient le laisser entrevoir les travaux d’intellectuels musulmans à partir du début du XXème siècle et jusqu’à nos jours, l’approche d’El-Azhar est demeurée centrée sur une vision conservatiste. En témoignent notamment les contraintes et sanctions disciplinaires que cette institution impose aux « nouveaux penseurs ».

    Annie Laurent s’arrête ici au seuil de la révolution qui s’est déroulée en Egypte en 2011, dans le contexte des « printemps arabes ». La prochaine Petite Feuille Verte exposera la manière dont El-Azhar a vécu cet événement, en particulier l’arrivée au pouvoir du militant Frère Musulman, Mohamed Morsi, en 2012, suivie du coup d’Etat du maréchal Abdelfattah El-Sissi, en 2013. Elle présentera aussi les réponses apportées par El-Azhar aux exigences du président égyptien en vue d’une réforme de l’islam.

    El-Azhar, Vatican de l’islam ?, par Annie Laurent

    El-Azhar, "phare de l’islam sunnite", par Annie Laurent

    El-Azhar entre politique et religion

    « Depuis sa création et de par sa place centrale dans la société égyptienne et dans la ville du Caire, El-Azhar a hébergé différentes mouvances politiques et religieuses. Dans l’entre-deux-guerres, elle est devenue le centre de la lutte entre les Anglais, les leaders nationalistes et la nouvelle monarchie du roi Fouad. Ensuite, les Frères musulmans prirent de plus en plus d’importance au sein de l’université et celle-ci devint le foyer de manifestations politiques et idéologiques » (Oriane Huchon, Les clés du Moyen-Orient, 21 avril 2017).

    De fait, tout au long de son histoire, l’institution a souvent été mêlée à la vie politique et aux débats idéologiques de l’Égypte et du monde islamique. Le XXème siècle, époque où les pays arabo-musulmans, libérés de la tutelle ottomane, cherchaient à réorganiser l’Oumma, tandis qu’émergeait au Levant l’attrait pour les États-nations imités des modèles occidentaux, n’a pas échappé à ces interférences.

    EL-AZHAR ET LA MODERNITÉ

    C’est en partie des rangs d’El-Azhar qu’est issu le « réformisme », terme qui peut être source de confusion. En effet, fondé au Caire en 1883, ce mouvement est souvent considéré comme le promoteur d’une modernisation de la pensée islamique. En réalité, freinant l’élan émancipateur inauguré par certains intellectuels musulmans à la même époque, le « réformisme » a œuvré à la restauration de la religion « authentique », purgée des « innovations blâmables » (bidaâ), formule désignant les éléments étrangers qui s’y étaient greffés (cf. PFV n° 64-65). C’est ce qu’illustrent propos et actions de ses principaux responsables.

    Mohamed Abdou, pilier du « réformisme »

    Mohamed Abdou

    Diplômé d’El-Azhar, Mohamed Abdou (1849-1905) fut d’abord journaliste puis cadi (juge) et mufti (consultant en droit). Dans son Traité de l’unicité divine (1897), il recommandait le retour aux sources tout en démontrant que l’islam est une religion éminemment raisonnable. « Toutefois, elle [la raison] doit s’incliner devant Dieu seul et s’arrêter aux limites posées par la religion », écrivait-il (cité par Faouzia Charfi, Sacrées questions, Odile Jacob, 2017, p. 81).

    « En cette fin de XIXème siècle, où des appels à la Nahda [Renaissance] du monde arabe commencent à se manifester dans les domaines politique et culturel, c’est une Nahda religieuse que prône Mohamed Abdou » (Robert Solé, « Réformer l’islam », Ils ont fait l’Égypte moderne, Perrin, 2017, p. 109).

     

    Mustafâ El-Marâghi et l’exclusivisme islamique

    Mustafâ El-Marâghi

    La restauration du califat, dont le siège aurait été au Caire, désirée par Mustafâ El-Marâghi (1881-1945), deux fois recteur d’El-Azhar au XXème siècle (cf. PFV n° 80), ne pouvait s’accommoder de la reconnaissance de partis politiques non religieux pour lesquels il « affichait le plus profond mépris » (Francine Costet-Tardieu, Un réformiste à l’université El-Azhar, Khartala, 2005, p. 121).

    Ainsi, il combattit le mouvement nationaliste Wafd (Délégation en arabe), laïcisant, libéral et très populaire fondé en 1918 par Saad Zaghloul. Vainqueur des élections législatives en 1924 (195 élus sur 214 sièges), ce parti parvint au pouvoir en 1926. Il sera dissous par Nasser en 1953.

    Le Wafd attirait en son sein de nombreux coptes, ce qui lui valait d’être discrédité par ses adversaires, parmi lesquels Marâghi. Dans un discours prononcé le 11 février 1938, ce dernier s’en prit aux chrétiens : « Ceux qui veulent séparer la religion de la vie sociale sont en vérité les ennemis de l’islam […]. Ils veulent vous dominer et faire disparaître ce qui subsiste de la grandeur de l’islam, du culte musulman. Vous vous êtes fiés à leur amitié, allant ainsi à l’encontre du Livre de Dieu » (Ibid., p. 129-130). Lors de la campagne électorale qui suivit, les oulémas déclareront dans leurs sermons qu’« un vote pour le Wafd est un vote contre l’islam » (ibid., p. 131).

    Le réformisme a ouvert la voie à l’islamisme, dont la matrice est représentée par les Frères musulmans (FM), fondés en 1928 à Ismaïlia par l’Égyptien Hassan El-Banna avec un double objectif : restaurer le califat et établir un Etat islamique appliquant la charia. Sur les FM, cf. Olivier Carré et Gérard Michaud, Les Frères musulmans, Gallimard, coll. Archives, 1983 ; Gilles Kepel, Le Prophète et Pharaon, La Découverte, 1984.

     

    Youssef El-Qaradaoui, diplômé d’El-Azhar et Frère musulman

    Youssef El-Qaradaoui

    Né en Egypte en 1926, Qaradaoui « est le fils de ce courant intellectuel musulman qui a voulu depuis les années trente régler ses comptes avec la civilisation occidentale dans ses deux dimensions, libérale et socialiste », écrit Amin Elias dans un article consacré au parcours de ce prédicateur très influent sur les réseaux sociaux (Confluences Méditerranée 2017/4, n° 103, p. 133-155).

    Dès l’âge de 16 ans, Qaradaoui choisit de devenir un « soldat » de la cause islamique en adhérant aux FM dont il avait rencontré le fondateur. Cela ne l’empêcha pas d’être admis à la faculté des sciences religieuses d’El-Azhar où il entra en 1950. Il y déploya une activité de militant, créant en 1953 avec plusieurs amis le « Comité de la Renaissance d’El-Azhar » dont l’objectif était de « réveiller la conscience islamique, créer une nouvelle génération capable de comprendre l’islam et de mener le combat pour sa cause, à rassembler les fils d’El-Azhar autour de cette cause sublime ». En 1973, il a soutenu une thèse de doctorat portant sur les sciences du Coran et de la Sunna.

    Auteur de plusieurs livres, dont Islam versus laïcité (Le Caire, 1980), Qaradaoui a fondé à Londres en 2004 l’Union internationale des savants musulmans (UISM) dont il est le président et qui œuvre à rétablir le califat « sous une forme moderne », apte à tenir un rôle de magistère concurrent d’El-Azhar. Il a également créé le Conseil européen de la Fatwa (décret politico-religieux) et de la Recherche, largement financé par l’émirat de Qatar. Établi à Dublin, ce Conseil dispense des enseignements et des conseils aux musulmans résidant en Europe.

    Ce n’est qu’en 2013, avec l’arrivée au pouvoir du maréchal Sissi, que Qaradaoui, impliqué aux côtés des FM dans la révolution égyptienne de 2011, a été déchu de son poste de membre du Comité des savants d’El-Azhar.

     

    CENSURES ET CONDAMNATIONS D’INTELLECTUELS

    El-Azhar a une longue pratique de la censure et des sanctions contre les auteurs novateurs ou iconoclastes. En voici quelques exemples :

    Ali Abderrazik

    Ali Abderrazik (1888-1966). Dans son essai L’islam et les fondements du pouvoir (Le Caire, 1925 ; traduction française aux éd. La Découverte, 1994), ce titulaire d’un doctorat d’El-Azhar préconisait la séparation du temporel et du spirituel. Il contestait le caractère sacré du califat, d’abord parce qu’il est ignoré par le Coran, ensuite parce qu’il lui semblait inadapté aux temps nouveaux. « Ce sont les manuels du fiqh (jurisprudence) qui ont créé une équivoque à ce sujet », remarque le Père Henri Lammens dans son commentaire de l’œuvre d’Abderrazik (L’islam, croyances et institutions, Dar el-Machreq, Beyrouth, 1943, p. 145). Dès la parution du livre, Abderrazik fut exclu d’El-Azhar, décision approuvée par le gouvernement égyptien du roi Fouad 1er qui cherchait alors à restaurer le califat.

    Mohammed Khalafâllah

    Mohammed Khalafâllah (1916-1998). Dans son travail sur l’analyse du texte du Coran, cet étudiant égyptien d’El-Azhar soulignait l’importance « que l’exégète ne reste pas esclave d’une lecture littéraliste mais qu’il ait le souci de saisir le signifié au-delà du signifiant ». Le jury lui interdit de soutenir sa thèse au motif que celle-ci remettait en cause le dogme du Coran incréé et une fatwa émise par des savants religieux l’accusa d’apostasie, accusation qui visa aussi le superviseur de son travail, le cheikh Amin El-Khûli. Tous deux furent interdits d’enseigner les sciences coraniques (Cf. Rachid Benzine, Les nouveaux penseurs de l’islam, Albin Michel, 2004, p. 162-172).

    Nasr Abou Zeid

    Nasr Abou Zeid (1943-2010). Cet universitaire égyptien, dont les travaux s’inscrivent dans la ligne de Khalafâllah et Khûli, estimait que « le lien entre études coraniques et étude

  • La vraie pandémie dont souffre la France ? Le gaspillage public... par Agnès Verdier-Molinié.

    Agnès Verdier-Molinié à Paris, le 2 février 2021.  — © JOEL SAGET/AFP

    Dans son essai "La France peut-elle tenir encore longtemps ?", l’essayiste libérale pourfend la tentation hexagonale d’une hausse illimitée des dépenses publiques. Le mur de la dette existe...

    Nous sommes d'accord avec l'analyse d'Agnès Verdier-Molinié.

    Nous nous contenterons juste de rappeler que l'on dit toujours "en France", ou "la France", ou "chez nous" mais, pour nous, cette formulation est une erreur : c'est "le Système" qu'il faut dire, pas "la France". Avec la Royauté, nous avions un régime qui était "la flèche du progrès" (expression de Pierre Debray); c'est la République idéologique, instaurée en 1875, qui a transformé ce pays-phare, par et à cause du monstre étatique obèse, impuissant et paralysant qu'il a engendré.

    C'est donc ce Système qu'il faut remettre en cause si l'on veut remettre en ordre.

    Il faut abolir ce Système néfaste, et redevenir ce que nous étions "avant" : "la flèche du progrès.

    Pour cela, il nous faut retrouver l'Institution qui nous est naturelle et consubstantielle, puisque c'est elle qui a fait la France, et qui en a fait le premier pays du monde, au moment où a éclaté la funeste Révolution : notre Royauté traditionnelle...

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    Voici le texte d'Agnès Verdier-Molinié :

    Dans son essai «La France peut-elle tenir encore longtemps?», l’essayiste libérale pourfend la tentation hexagonale d’une hausse illimitée des dépenses publiques. Le mur de la dette existe, affirme-t-elle avant sa rencontre, mercredi soir en vidéoconférence, avec les lecteurs du «Temps».

     

    Les Français aiment les vérités douloureuses. C’est ainsi que le dernier livre d’Agnès Verdier-Molinié – «La France peut-elle tenir encore longtemps?» (Albin Michel) – figure, en pleine crise sanitaire, dans la liste des best-sellers. De quoi faire de cette essayiste une interlocutrice de choix pour les lecteurs du Temps, qui la rencontreront en ligne ce mercredi, entre 18 et 19 heures. Il est encore possible de s’inscrire sur le lien indiqué en fin d’article.

    Le Temps: Votre verdict est sans appel: la France va dans le mur. Son Etat providence est un gouffre qui creuse son endettement à des niveaux insupportables et bientôt périlleux.

    Agnès Verdier-Molinié: J’aimerais que la France, confrontée comme ses voisins européens à d’énormes défis sociaux durant cette crise sanitaire, ne soit pas dans cette situation. Mais la comparaison est sans appel. Je montre dans mon livre que la France est, jusqu’en octobre 2020, le pays qui a emprunté le plus pour faire face à la pandémie. Son endettement public a crû à hauteur de 13% de son produit intérieur brut (PIB), là où celui de l’Allemagne a augmenté de 7,5%, la moitié! Or la situation française, au début de la crise sanitaire, n’avait malheureusement rien à voir avec celle de son voisin allemand. Depuis 2015, notre endettement n’a pas cessé d’augmenter pour atteindre, depuis l’apparition du coronavirus, des besoins de financements inédits à hauteur de 1 milliard d’euros par jour. Ajoutez à cela la tendance actuelle, qui verra 2021 creuser encore un peu plus ce fardeau de la dette avant la présidentielle de 2022. Il est normal, dans ces conditions, de se demander si la France peut tenir encore longtemps…

    Ce «encore longtemps» peut être interprété différemment. Pour vous, il y a urgence. Pour d’autres, justement, il y a de la marge.

    Où est cette «marge»? En 2023, l’année qui suivra celle de l’élection présidentielle, près de 180 milliards d’euros d’emprunts arriveront à échéance et il faudra réemprunter pour les rembourser. Ceux qui prétendent pouvoir attendre nous mentent. Et ceux qui parient sur une possible annulation de la dette covid conduisent le pays dans le mur. Cette annulation n’interviendra pas. Il faudra rembourser les investisseurs internationaux, dont la France dépend de plus en plus pour financer son Etat providence dont l’efficacité est, depuis le début de la pandémie, remise en cause. Nous n’avons jamais autant dépensé pour les services publics. Nous n’avons jamais mis autant d’argent dans la machine. Et pour quel résultat? Les Français sont-ils mieux soignés que la moyenne des Européens? L’hôpital français a-t-il fait la preuve de son extraordinaire efficacité lors de la crise des lits de réanimation? La réalité est que le pays est confronté à un problème terrible de surcoût de ses services publics, que mon institut, la fondation Ifrap (Institut français pour la recherche sur les administrations publiques) évalue à 84 milliards d’euros par an. La seule distribution des dépenses de protection sociale coûte à l’Etat français 42 milliards d’euros. Ce surcoût est devenu intenable, car il plombe les finances publiques et nuit gravement à la qualité de cet Etat providence, devenu bien trop lourd sur le plan administratif pour être performant et remplir ses objectifs de correction des inégalités.

    Et pendant ce temps, pandémie ou pas, la pression fiscale française reste l’une des plus élevées au monde.

    Les Français sont ceux qui paient le plus d’impôts au monde. C’est aussi simple que cela. Ils sont matraqués sur le plan fiscal, comme le prouve l’augmentation des prélèvements obligatoires, passés de 41% du PIB en 2015 à 45% en 2020. Le seuil de tolérance est atteint. La crise des «gilets jaunes», déclenchée fin 2018 par l’augmentation envisagée du carburant diesel, a montré que nous sommes au maximum du consentement fiscal dans le pays. Le plafond d’imposition est atteint. Une goutte de fiscalité supplémentaire peut déclencher des mouvements sociaux incontrôlables. Alors, on fait quoi?

    Vous oubliez le Covid-19, ce rouleau compresseur qu’est la crise sanitaire, la nécessité de parer au plus pressé, d’amortir le choc social…

    Je ne l’oublie pas. J’affirme que le Covid-19 ne peut pas être lu d’une façon unique. Oui, les besoins sont énormes, mais la crise sanitaire fonctionne comme un révélateur. Elle met au jour les dysfonctionnements d’un système de santé français suradministré, épuisé par l’empilement de strates. La France sanitaire est la championne des surcoûts et des inefficiences. Le coût de l’administration de la santé est évalué à 16,5 milliards d’euros sur 235 milliards d’euros de dépenses, près de 7%, alors que de nombreux pays l’ont ramené autour de 3%. Or même devant l’épreuve de la crise, la France ne veut pas se poser certaines questions: celle de la gestion des hôpitaux par des opérateurs privés, celle du statut de la fonction publique hospitalière… On ne peut pas dissocier le problème réel des rémunérations trop basses des infirmières du coût de leur système de retraite, et du nombre d’heures travaillées bien moins important qu’en Allemagne. Dépenser est indispensable en temps de crise. Gaspiller est une faute majeure.

    Gaspiller… Vous y allez fort!

    La France fait face à une tentation redoutable, meurtrière pour son économie: celle de la dépense illimitée. Le plus important est au contraire, d’ici la présidentielle de 2022, de reprendre la main et de fixer un agenda de retour sur des rails financiers acceptables. Faute de quoi les investisseurs internationaux nous le feront payer cher. Bien sûr, mes avertissements apparaissent alarmistes à l’heure des taux d’intérêt négatifs, mais ces derniers sont-ils là pour durer? A quoi cela sert-il de créer sans cesse de nouvelles aides sociales alors que les entreprises sont accablées d’impôts et que la reprise de leur activité, après le confinement, sera souvent rendue impossible par le fardeau fiscal, bien trop lourd, qu’elles devront acquitter? Il n’y a pas d’argent magique. Pas d’argent gratuit. La crise sanitaire ne doit pas tuer ce débat, au profit de chimères sur des dépenses sociales illimitées. La France souffre d’une pandémie de gaspillage public.

    Emmanuel Macron avait promis de «transformer la France». S’il se représente en 2022 pour un second mandat, que direz-vous?

    La France n’a pas été transformée. Les réformes structurelles ont été abandonnées dès le début du quinquennat, ou bien rendues incompréhensibles par leur complexité technocratique, comme ce fut le cas avec la réforme des retraites, aujourd’hui en suspens. Le pays reste victime de sa centralisation excessive et de la concentration des pouvoirs dans les mains de l’exécutif, sans capacité réelle de contrôle du parlement. L’agenda est simple. Il faut remettre la transformation de la France à l’ordre du jour, car elle est indispensable. La pandémie a aggravé l’état de santé du patient français. Elle rend encore plus insupportable sa pathologie de l’endettement comme remède universel.

     

    Agnès Verdier-Molinié est l’invitée du «Temps» ce mercredi 24 février de 18 à 19 heures sur le thème «La France et son Etat providence peuvent-ils tenir longtemps?».

    Pour vous inscrire à la rencontre (en vidéoconférence sur Zoom et sur notre site).

     

    3.jpgRichard Werly

     

     

     

     

    Source : https://www.letemps.ch/

  • Un Homme, une voix ! par Guy Adain

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    Les Rois de France de Hugues Capet à Louis XVI...

     

    Voilà paraît-il le meilleur système de gouvernement :

    l’Égalité parfaite !

    Sauf que les hommes sont loin d’être égaux entre eux, les femmes encore moins d’ailleurs entre elles.

    L’Égalité est une tromperie, une entourloupe un mensonge éhonté !

    L’Univers, le Monde, et aussi la France bien sûr, sont divers, différents, inégaux en tout ; et bien heureusement.

    Notre Monde est bien mieux qu’uniforme et égalitaire, il est harmonieux et conjugue ses différences.

    Il faut de tout pour faire un Monde, et :

    « Il y a un temps pour tout, nous enseigne l’Écclésiaste. »

    Au dessus de tous, nous voulons un Roi sacré et donc merveilleux, unique, absolu ; mais aussi, enfant, homme, mari, père, fragile !

    Presque Dieu mais tout à fait Homme, inégal en tous points, élite, mais jamais supérieur !

    La Démocratie, Chrétienne, ou Sociale, toujours basée sur ce principe égalitariste n’en sera pas plus humaniste.

    Aujourd’hui adulée, la Démocratie est le seul système admis dans notre monde occidental, en France plus qu’ailleurs, c’est le culte idolâtre imposé à tous. Gare à qui n’est pas démocrate !

    Ne pas l’être, c’est s’afficher fasciste…

    Il n’y a qu’au foot qu’il y a des élites et des dieux du stade !

    Pour les autres, c’est payez et consommez, on s’occupe du reste !

    Le Pouvoir, autrefois confié par Dieu aux élites afin qu’elles fassent le Bien, n’est que « Pouvoir d’Achat » maintenant et les Français sont devenus Bas Peuple !

    Un Homme une voix :

    • Voie de garage pour les uns…
    • Voie Royale pour nous.

    La voie royale aujourd’hui voie sans issue, reviendra, et sera la bonne voie. N’en doutons pas ! Donner le pouvoir au nombre au lieu de le confier à l’élite est une hérésie. En son sein, le Nombre souhaite plébisciter une hiérarchie des meilleurs. N’est pas Mbappé qui veut, et le Peuple, quand il est Souverain aime à avoir pour chef le meilleur d’entre tous. Il veut un statut royal pour son représentant,  c’est sa fierté !

    Sans élections, les nôtres datent de plus de 1000 ans, en 987 pour être précis, avec l’élection du Comte de Paris de l’époque Hugues Capet, nous avons notre Roi de jure, l’actuel Comte de Paris, Jean de France. C’est notre Homme, et c’est sa voie que nous voulons suivre…

    Un Homme, une voie…Royale !

     

    Voilà notre devise !

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    ...Je dirais même plus…
    De Hugues Capet à Jean de France !
  • NOTRE FEUILLETON ESTIVAL : UN ETE AVEC JACQUES BAINVILLE...

    A partir du vendredi 19 juillet, et jusqu'à la fin du mois d'août, nous vous proposerons de découvrir, ou de mieux connaître, mais aussi de faire découvrir à d'autres (par le jeu des partages) l'immense Jacques Bainville, par le biais d'une photo quotidienne tirée de notre "Album Jacques Bainville" (lafautearousseau vous propose également un "Album Léon Daudet" et un "Album Charles Maurras").

     

     

    Aujourd'hui : 29. 1933 : Histoire de deux peuples, jusqu'à Hitler

    1933 : Histoire de deux peuples, jusqu'à Hitler

     

    C'est en 1915, en pleine guerre, que Bainville fait paraître son "Histoire de deux peuples : la France et l'Empire allemand". 
    En 1933, il en propose une édition augmentée, et continuée, "jusqu'à Hitler".
    En fait, il reprendra tel quel son ouvrage, sans y changer un seul mot (sauf les six lignes du dernier paragraphe de l'Avant-propos, remplacées par celles que l'on pourra lire ci-après; et sauf le titre du sixième chapitre, qui, de "Causes générales de la guerre de 1914" devient "La catastrophe"), et en ajoutant simplement un septième chapitre : "Le réveil de la Walkyrie" (qu'on lira in extenso dans la photo suivante). 
    Bainville donne pour titre à cette "reprise "augmentée d'un chapitre": "Histoire de deux peuples, continuée jusqu'à Hitler". Le sommaire définitif de ces "deux livres en un" s'établit donc maintenant ainsi :

    Chapitre I : La monarchie héréditaire des Capétiens et l'anarchie allemande
    Chapitre II : Les traités de Westphalie : l'anarchie allemande organisée et la sécurité de la France garantie
    Chapitre III : La France entre la Prusse et l'Autriche
    Chapitre IV : La Révolution et l'Empire préparent l'unité allemande
    Chapitre V : "La politique que le peuple élaborait depuis 1815" nous conduit à Sedan
    Chapitre VI : La catastrophe
    Chapitre VII : Le réveil de la Walkyrie

    En voici tout d'abord l'Avant-propos, identique à celui que l'on a pu lire plus haut, sauf les six dernières lignes : 

     



    Avant-propos de l’auteur, avril 1915-1933

    Ce livre est, en somme, une histoire à grands traits de notre pays.
    Quand on étudie les rapports de la France avec le reste de l'Europe, on s'aperçoit que la plus grande tâche du peuple français lui a été imposée par le voisinage de la race germanique. Avec nos autres voisins, Anglais, Espagnols, Italiens, s'il y a eu des conflits, il y a eu aussi des trêves durables, de longues périodes d'accord, de sécurité et de confiance. La France est le plus sociable de tous les peuples. Il le faut bien pour qu'à certains moments nous ayons eu, et assez longtemps, l'Allemagne elle-même dans notre alliance et dans notre amitié. Il est vrai que c'était après l'avoir vaincue. Il est vrai que c'était après de longs efforts, de durs travaux qui nous avaient permis de lui retirer, avec la puissance politique, les moyens de nuire. Car le peuple allemand est le seul dont la France ait toujours dû s'occuper, le seul qu'elle ait toujours eu besoin de tenir sous sa surveillance.
    Une idée domine ce livre. Nous pouvons même dire qu'elle nous a obsédé tandis que nous écrivions ces pages sous leur forme première.
    Le sol de la France était occupé par l'ennemi qui se tenait, dans ses tranchées, à quatre-vingts kilomètres de la capitale. Lille, Mézières, Saint-Quentin, Laon, vingt autres de nos villes étaient aux mains des Allemands. Guillaume II célébrait son anniversaire dans une église de village français. Tous les jours, Reims ou Soissons étaient bombardées. Tous les jours un frère, un ami tombait. « Fallait-il que nous revissions cela », disaient les vieillards qui se souvenaient de 1870. Deux invasions en moins d'un demi-siècle ! Comment ? Pourquoi ? Etait-ce l'oeuvre du hasard ou bien une fatalité veut-elle que, tous les quarante-quatre ans, l'Allemagne se rue sur la France ?
    Lorsqu'on se pose ces questions, la curiosité historique est éveillée. La réflexion l'est aussi...
    En suivant la chaîne des temps, nous suivions la chaîne des responsabilités et des causes. Comme nous sommes liés les uns aux autres ! Comme il est vrai, selon le mot d'Auguste Comte, que les vivants sont gouvernés par les morts ! Tour à tour, les Français ont recueilli le fruit de la sagesse de leurs devanciers et souffert de leurs erreurs. Nous n'échappons pas à cette loi de dépendance. Comprenons du moins comment elle agit , c'est l'objet de cet ouvrage.
    Nous n'avons eu qu'à continuer l'histoire des deux peuples jusqu'à la date où nous sommes aujourd'hui pour qu'on vît encore que toutes les fautes se payent et que les plus graves tiennent aux idées. Sur l'Allemagne, on a commis méprise sur méprise. Le bilan, pour le passé, en est tragique. Quel sera celui de l'avenir ?


    J. B.
    Avril 1915-avril 1933.

     

     

     

    Tiré de notre Album "Maîtres et témoins"... (II) : Jacques Bainville" (186 photos)