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  • Les Français et leur patrimoine, par Cyril Ferrier.

    En attendant de déconstruire un peu plus notre histoire, l'État français amène les propriétaires à ne plus pouvoir entretenir leurs propriétés, qui constituent en fait notre patrimoine. Entre spoliation des héritages et règles absurdes, histoire d’un combat.

    4.jpgEntretien avec Lorris Chevalier

    En France les pouvoirs publics sont propriétaires des monuments historiques à hauteur de 47 %. Après l’incendie de Notre-Dame, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer une mauvaise gestion de ces édifices. Est-ce qu’aujourd’hui l’État français manque à son devoir de conservation ?

    L’État français a une longue histoire de destruction des monuments historiques, initiée en 1789. Sous l’Ancien Régime, ce sont surtout des fonds privés qui financent les édifices, comme le Palais Jacques Cœur de Bourges. Après la Révolution, l’État a récupéré des bâtiments qu’il avait gravement endommagés, désormais à sa charge. Pendant les années 70, les rénovations sont “fixistes” et plutôt de mauvaise qualité. Mais depuis quelques années les professionnels travaillent au nom d’institutions célèbres avec un travail de grande qualité.
    La loi de 1907 oblige l’État à entretenir les bâtiments religieux construits avant 1905. L’État s’en mord les doigts, il y perd plus qu’il n’y gagne. D’un autre côté, si ces bâtiments appartenaient encore à l’Église, à n’en pas douter, l’institution en aurait vendu un grand nombre. Là-dessus, notre patrimoine est plutôt gagnant.
    Mais parfois l’État fait des horreurs, en témoigne la détérioration des remparts de Carcassonne à grand coups d‘art contemporain. Ces décisions cachent voire détruisent la beauté originale du bâtiment. Heureusement les contestations sont nombreuses. Autre exemple, à l’abbaye de Cluny, les autorités laïques ont décidé de réaliser une exposition sur le satanisme, puis, l’année suivante, sur des idoles africaines nues. Je trouve cela regrettable, le fonctionnariat montre là ses limites. Dans les châteaux anglais, on fait de l’entreprenariat pour entretenir et rénover les bâtiments, ce qui est plus intéressant.

    Près de la moitié de nos biens protégés appartiennent à des propriétaires privés. Quel rôle ont-ils dans la protection de notre patrimoine ? Est-il sous-évalué ?

    Je pense que c’est une question de mentalité, ici encore héritée de la Révolution française. Dans l’imaginaire collectif, un propriétaire de patrimoine gagne beaucoup d’argent. Mais la plupart du temps ces propriétaires en perdent, les rénovations coûtent une fortune, surtout pour les bâtiments historiques où les entreprises et les artisans doivent être homologués par l’État. Ces propriétaires se démènent malgré des lois qui ne sont pas favorables : depuis le XIXe siècle la législation française sur l’héritage fait tout pour briser la transmission, qu’elle soit matérielle ou non. Ainsi à chaque décès et succession, l’intégrité du patrimoine est amenuisée, voire anéantie.
    Il faut absolument libéraliser ces lois, réduire les impôts et arrêter de taxer à tout va les successions. Quand le patrimoine est tenu par des privés, l’État fait tout pour le désintégrer, et quand il est le gérant il s’amuse à dénaturer la beauté originale de l’œuvre. Toutes ces dispositions bloquent l’entreprenariat, on a peur dès qu’on parle de rénovation, tout cela au détriment de notre patrimoine national.

    Suite à l’incendie, une partie de la population française a pris conscience de la valeur de son patrimoine. Sommes-nous en train d’assister à un regain d’intérêt des Français pour leur histoire ?

    Je suis personnellement spécialiste du Moyen Âge et on voit bien que, depuis le XIXe siècle, les Français ont une vision très fausse de cette époque. C’est la double vision du film “Les Visiteurs” : on a d’un côté le chevalier preux, courageux, habité par l’idée d’un Moyen Âge preux et troubadour ; de l’autre, on a la vision du crasseux Jacquouille, sale et bête. Chez les Français, cette double vision se mélange constamment, alors que dans d’autres pays on a une approche beaucoup plus historique.
    En France, récemment, il y a eu un regain d’intérêt pour le Moyen Âge par des vidéastes comme Papacito. Mais ils ne parlent du Moyen Âge qu’à travers leur propre vision. On écoute des gens qui en font l’éloge ou la critique, mais qui parlent en réalité surtout d’eux-mêmes. Ce n’est pas comme ça que l’on fait l’histoire. Papacito évoque la crise de la virilité des jeunes hommes du XXIe siècle et l’avancée de l’islam. Ce n’est pas une analyse historique, il parle plus d’aujourd’hui que d’hier. Le regain d’intérêt pour l’histoire n’est plus là que pour résoudre les problèmes sociaux actuels.

    On le sait, les Français du XXIe siècle sont en manque de repères. Comment le riche patrimoine de notre pays, encore plus s’il est historique, peut-il servir l’enracinement du peuple français ?

    En effet, les Français sont déracinés. Les plus anciens ont encore des références chronologiques, ils savent que 1515 c’est Marignan et François Ier. Ils n’ont pas nécessairement des connaissances poussées, mais ont des repères chronologiques. Certes, la chronologie est une construction sociale, on peut débattre sur les dates limites du Moyen Âge par exemple, mais elle est très utile pour se repérer dans l’histoire.
    Aujourd’hui on a brisé ces repères. La France a le plus de châteaux au monde avec environ 45 000 édifices, et les Français croient toujours que ce sont des imbéciles qui ont érigé ces bâtiments de génie toujours debout après des siècles. Même chose avec les cathédrales. Je suis donc assez pessimiste sur cet “éveil” du peuple français. Je pense qu’il y aura des gens qui savent et d’autres qui ne savent pas, et une sorte de ghettoïsation des personnes ayant poussé plus loin que les connaissances délivrées par l’éducation nationale. Depuis les années 90, on fait tout pour faire passer celui qui sait pour un imbécile, notamment dans les programmes télévisés, c’est l’éloge de la bêtise.

    Un château privé devant compter sur les recettes des entrées pour l’entretien et les rénovations, quel impact a provoqué la crise sanitaire sur votre profession ?

    Je vais être honnête, la crise sanitaire n’a rien bloqué du tout, ce sont les lois du gouvernement et, à notre échelle, les décisions du préfet qui ont arrêté toutes les activités touristiques. Dans d’autres pays, il n’y a eu que des limitations, mais en France je pense que le gouvernement a tout fait pour faire peur, terrifier les populations, et ce dans un but politique. Les revenus soulevés par les entrées sont souvent la seule manière pour les propriétaires d’entretenir et rénover les propriétés coûteuses.
    Un exemple simple, l’un des profils-types de nos visiteurs est la grand-mère qui emmène ses petits-enfants de la ville visiter le château du coin pour leur montrer son pays. En temps normal, on les voit toujours, ces grands-mères. Eh bien, nous ne les avons plus vues cette année. Les rares avec lesquelles nous avons pu échanger nous confiaient avoir eu peur de sortir et d‘attraper le virus. Elles ne sont pas près de revenir et c’est une grande perte pour le château.

    L’été dernier, le château de Berzé a été le lieu de tournage du prochain film de Ridley Scott, The Last Duel. Comment s’est formé et a abouti le projet ?

    En effet, le château a été un lieu de tournage important du film. À la base, nous ne devions être qu’un château secondaire mais grâce à notre malléabilité, le château est devenu l’un des principaux sites du film, les visiteurs le reconnaîtront à n’en pas douter à l’écran. Ridley Scott est venu lui-même au château avec les principaux financiers, arrivant par surprise en hélicoptère. Drôle d’image que de voir un tel engin atterrir devant un château médiéval ! Sa visite l’a enchanté, il était ravi de découvrir l’histoire du château.
    Personnellement, j’ai été conseiller historique du film. Ma grande difficulté était d’intervenir auprès des acteurs et des techniciens, car on ne savait pas ce que l’on pouvait faire ou ne pas faire avec chacun : est-ce que je peux retoucher son armure, l’approcher pour lui expliquer comment faire un signe de croix au Moyen Âge…

    Est-ce que la crise sanitaire et le confinement ont eu une incidence sur les conditions de tournage du film ?

    Pour le tournage d’un film, il y a un tas de paramètres auxquels on ne pense pas quand on est devant l’écran. Un exemple simple : à quelques kilomètres du château il y a une autoroute, mais dans le casque d’un ingénieur du son, cela s’entend. Les visiteurs qui bavardent, les voitures qui passent, tout cela s’entend et crée des difficultés. De ce point de vue, le confinement nous a aidés, car il y avait moins de circulation. Dans l’autre sens, en plus de toutes les complications qu’impliquent le confinement, il faut savoir que Ridley Scott est un vieux monsieur âgé. Au vu des sommes pharaoniques investies, les financiers ne voulaient pas prendre le risque que le réalisateur tombe malade, cela aurait signifié de fortes pertes financières. Ainsi ces derniers ont investi des sommes colossales pour empêcher toute contamination sur le plateau : équipes médicales, privatisation d’hôtels et de terrains, suivis de personnels… Et il ya eu en plus des problèmes sanitaires sur le plateau, ce qui a compliqué les choses. Et quand j’ai dû me rendre avec toute l’équipe en Irlande, autre lieu de tournage, pour y remplir ma tâche de conseiller historique, ce déplacement à l’étranger n’a rien simplifié !

    Propos recueillis par Cyril Ferrier

    Lorris Chevalier, universitaire spécialiste du Moyen Âge, est conservateur au château de Berzé-le-Châtel (71031).

     

    Illustration : Enfin rouverte, la forteresse de Berzé-le-Châtel, avec ses quatorze tours, ses trois enceintes et une exposition sur l’écologie au Moyen Âge : « La maîtrise du monde sensible devient un but collectif légitime et réalisable et l’Occident médiéval chrétien porte au pinacle la réflexion de Dieu, de l’Homme et de la Nature. La mise en place sociale de ces idées par l’ingéniosité des paysans médiévaux et les législations royales a apporté des solutions à nombre de problèmes actuels. »

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Sur la page FB de nos amis du GAR : quand les Royalistes parlaient d’écologie au cœur des Trente Glorieuse (2ème partie)

    Quand les Royalistes parlaient d’écologie au cœur des Trente Glorieuses…
     
    La primaire des « Verts » a attiré les projecteurs et les micros sur les thématiques écologistes et sur les idées du parti qui se revendique officiellement de l’écologie, parfois de façon fort abusive. L’occasion est ainsi et aussi donnée aux royalistes d’évoquer leur conception du « souci environnemental », très lié au souci politique lui-même. Une plongée dans les textes « écolo-royalistes » anciens n’est pas inutile pour en saisir toute la portée…

    Partie 2 : Bureautechnocratie et multinationales contre nature et santé.
     
    Le souci environnemental s'intègre dans la réflexion plus large sur les conditions de la vie en société et celles de la pérennisation de la Cité nécessaire aux citoyens et à leurs libertés civiques, et, tout bonnement, au bon ordonnancement de la vie en société elle-même : c'est une constante de la politique des royalistes (avec sans doute quelques exceptions pour ces derniers) de s'inquiéter de « ce qui doit durer », en particulier en l'absence angoissante d'une dynastie qui inscrive le temps du moment dans un temps plus long, en amont comme avec la promesse de l'aval. En somme, les royalistes assument une forme de régence idéologique, « en attendant l'héritier », et elle se marque par la volonté de « préserver l'héritage » dont l'environnement, dans tous ses aspects et éléments, est une énorme part et, plus encore, le cadre de vie et de mouvement des sociétés françaises et humaines.
     
    En 1971, l'on ne parle pas encore de « Trente glorieuses », ni de « Trente ravageuses », mais les royalistes rémois, eux, marquent leur défiance à l'égard, d'une part, d'une société qui oublie les limites de la biosphère et, d'autre part, d'un État qui, pris dans le grand mouvement de la société de consommation confondu, à tort, avec une juste prospérité (le gaspillage est une forme de la démesure, de l'hubris, de la consommation), ne sait comment réagir aux excès d'un système de plus en plus hégémonique. C'est ce que le Bulletin d'AF Reims de janvier 1971 souligne, dans une perspective éminemment politique et royaliste :
     
    « Mais la mise en chantier d'une politique efficace de lutte contre les nuisances nécessite l'utilisation d'importants moyens de financement. Où les trouver ? Les entrepreneurs incriminés ne veulent supporter à eux seuls l'investissement immédiatement improductif que constitue par exemple la construction d'une unité de filtrage. Ils évoquent, souvent avec raison, le handicap qui en résulterait face à la concurrence étrangère (1). C'est à l’État seul, disent-ils, de se charger d'un tel financement. Là, comme ailleurs, le problème est donc politique d'abord.
     
    Or, force est de constater que pendant très longtemps aucune force politique n'a fait mention dans son programme, de la défense du milieu naturel. Sauf, de par son origine, l'Action Française, comme nous le verrons plus loin.
     
    Pour les bureautechnocrates (2), la lutte pour la préservation de l'environnement n'est que l'une des difficultés liées au passage à la civilisation de post-consommation (3). Le progrès des sciences et des techniques amènera inéluctablement des mutations irréversibles jusque dans l'homme lui-même (4). La transformation sera douloureuse et il faudra bien y perdre tout ce à quoi nous étions attachés dans le cadre de la société de « pénurie ». C'est ainsi que certains envisagent froidement la suppression totale de toute agriculture (5), la chimie pouvant subvenir à nos besoins alimentaires, la suppression des campagnes puisque la population du monde sera telle que la ville s'étendra partout (6); si d'aucuns s'avéraient trop souffrir du complexe de « Cérès » (7), il serait possible de leur allouer une vache qu'ils pourraient élever à loisir.
     
    Si tous ne vont pas jusque là, très nombreux sont ceux qui, éloignés depuis longtemps du monde naturel, s'accommodent fort bien de sa déprédation. La finance vagabonde y a encore gros à gagner (8) Un exemple parmi tant d'autres : un important trust pharmaceutique international fait actuellement pression sur les autorités européennes (9), lesquelles ne font pas la sourde oreille, pour que, dans le cadre de la nouvelle législation viti-vinicole, l'addition d'enzymes soit autorisée dans les vins : chose qui représente un marché colossal. »
     
    Hélas, mille fois hélas : ce texte royaliste de 1971 n'est pas démenti, bien au contraire, par les 46 années qui nous séparent du temps de sa rédaction...
     
    (à suivre)
     
    Notes : (1) : Un argument toujours valable, d'ailleurs, même s'il sert parfois aussi d'alibi à quelques sociétés multinationales pour délocaliser dans des pays peu regardants sur la question environnementale (et sociale), sociétés toujours à la recherche du plus grand profit, en particulier sous la pression d'actionnaires peu soucieux de Bien commun et d'écologie.
     
    (2) : La bureautechnocratie est l'un des éléments majeurs et dominants de la société des années 1960-70, synthèse de la technocratie modernisatrice « à tout prix » et souvent progressiste par principe, par idéologie même, plus encore que par raison, et de l'administration (volontairement ?) kafkaïenne de la République, centralisatrice et liberticide par essence, si l'on en croit la critique maurrassienne. Sous la Cinquième, plus encore que les partis, elle constitue l'armature, la superstructure même du système de domination et de contrôle de la société. C'est le penseur royaliste Pierre Debray qui en forge, dans les milieux monarchistes français, la compréhension la mieux assurée et la critique la plus convaincante.
     
    (3) : La formule de « civilisation de post-consommation » est-elle la plus appropriée ? Car, en définitive, nous vivons en une civilisation toujours fondée sur la « société de consommation » dans laquelle il faut « consommer pour produire » et qui, ainsi, entraîne le gaspillage et la surenchère technologique autant que consumériste, aujourd'hui plus encore qu'hier. L'auteur a sans doute voulu signifier que le temps d'établissement de la société de consommation était désormais en passe d'être révolu dans notre pays, en cette année 1971, et que l'on entrait dans un monde qui, ayant intégré la logique de ce système, ne se posait plus la question de savoir s'il était légitime ou non... Ce processus de passage est fini, au moins depuis les années 1970 en France, ce qui n'empêche pas les contestations, évidemment (et heureusement). Là encore, ce texte vieux de 46 ans a vu juste...
     
    (4) : le transhumanisme et les rêves d'une « humanité augmentée » (surtout pour ceux qui auront les moyens financiers de cette « augmentation »...), aujourd'hui portés par de grandes multinationales des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) : quand la réalité dépasse (ou cherche à le faire) la (science)fiction...
     
    (5) : Les projets de quelques experts de la Commission européenne ne sont-ils pas de diminuer toujours plus la population agricole en Europe et ne voit-on pas, en Allemagne ou en Chine, la mise en place d'une agriculture constituée de « méga-fermes » qui sont plus de l'ordre de l'usine à produire de la viande ou des légumes que de la culture et récolte de produits nourriciers ? Et certaines bonnes âmes de Bruxelles y voient « l'avenir de l'agriculture européenne », au nom de « l'adaptation » à la mondialisation...
     
    (6) : L'urbanisation galopante dans les pays émergents et la rurbanisation non moins effrayante dans nos pays, qui entraîne la bétonnisation de 82.000 hectares de terres agricoles chaque année en France, soit environ 26 mètres carrés chaque seconde.
     
    (7) : Cérès est, en Grèce ancienne, la déesse de l'agriculture et des moissons, qui apprit aux hommes, selon la tradition mythologique, à cultiver la terre et à faire du pain à partir du blé moissonné. Le « complexe de Cérès », c'est le besoin ressenti par les hommes de travailler la terre et de faire fructifier la nature par eux-mêmes.
     
    (8) : Les multinationales monopolisent de plus en plus toute production agricole, de l'amont à l'aval, des semences à la grande distribution ou à la restauration rapide. Le système agro-alimentaire est aussi nommé « agrobusiness », terme anglo-saxon qui est sans doute moins hypocrite que sa traduction française : ce « business », c'est aussi le triomphe de l'Argent dans le domaine agricole, et il s'agit bien, dans ce système, de « faire de l'argent » plus encore que de nourrir les hommes en toute mesure et équilibre (l'obésité désormais endémique dans notre société de consommation le prouve à l'envi).
     
    (9) : les groupes de pression du secteur pharmaceutique et du secteur de la chimie freinent encore les efforts des associations de sauvegarde de la santé et des États responsables (ils ne le sont ni tous ni toujours, malheureusement) pour empêcher les diverses pollutions et malversations sanitaires : il suffit de considérer l'impossibilité concrète du Parlement européen de tenir une ligne indépendante des grands groupes agro-industriels et, plus grave encore, de constater ses votes qui, conjugués avec les « conseils » de la Commission européenne, sont en train de vider de tout sens l'agriculture biologique, de moins en moins « biologique » et naturelle, pour le plus grand bonheur des « marchands de soupe » qui « récupèrent » ce secteur pour le transformer en toute autre chose que ce qu'il devrait être...
     
  • « Une nation, une langue » ou « une langue, une nation » (2ème partie) (38), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'é

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    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    Ouvrez le lien du site à l'aide du moteur de recherche GOOGLE CHROME.

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le trente huitième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    Entre Nation et nationalités.
    C’est toute l’histoire contemporaine de la Révolution aux deux guerres mondiales que nous allons ainsi survoler. Dans cette partie l'influence sur l'Europe et la guerre de 1870.

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/24/7ccaa218-820e-4be9-b8c5-28ac4c89fc9a.mp3

     

    Exporté en Europe

    Lu dans l’autre sens, ce principe devient expansionniste ou séparatiste. C’est-à-dire que si on parle la même langue on doit créer un État qui corresponde à cette langue, et çà de gré ou de force. De la même façon si plusieurs régions parlent une langue ou un dialecte semblable, ils doivent quitter l’État ou l’Empire dans lequel ils sont, pour rejoindre ou être annexées par l’État d’à côté (encore une fois de gré ou de force). Les XIXe et XXe siècles ont donc été particulièrement influencés par cette doctrine. D’abord lors des révolutions qui ont eu lieu en Europe - notamment 1848 - dans l’Empire autrichien, dans l’ex St-Empire romain-germanique ou en Italie. Elles se faisaient selon ces mêmes principes, les révolutionnaires de l’époque considéraient qu’il y avait là des populations qui parlaient une langue commune, elles devaient se séparer du grand empire, du grand ensemble pour former un État à part.

    Première application, réalisée sans trop de heurts, pour les Hongrois. Les revendications des mouvements révolutionnaires à Budapest étaient de constituer un État indépendant pour toutes les populations qui parlaient hongrois (un royaume indépendant avait déjà existé au Moyen-Âge). Pour répondre à ces revendications, l’Empereur d’Autriche est devenu en même temps Roi de Hongrie, avec deux états différents (l’Autriche et la Hongrie), un aigle à deux têtes (selon le nouvel emblème des Habsbourg). Deux États réunis par la même personne, mais avec deux parlements, deux administrations et deux langues. Par contre les autres régions ou les autres peuples formant cet Empire autrichien n’ont pas eu le même privilège.

    A signaler – les mêmes causes produisant les mêmes effets- pour l’Italie, ce sont les guerres et occupations de la Révolution française et de l’Empire qui préparèrent - selon le même schéma que l’on va découvrir pour Allemagne - l’unité italienne (avec les éphémères République italienne et Royaume d’Italie (1797-1814). En répandant les idées révolutionnaires avec ce principe des nationalités. En chassant les souverains en place depuis plusieurs siècles, en fusionnant certains des états, transformant d’autres en départements français. Une préparation qui permit au XIXe de réaliser l’unité par la guerre et la révolution, sous l’autorité de la Maison de Savoie (soutenue par de nombreux francs-maçons) – ceci même avant l’unité allemande – et qui fut clôturée par la prise de Rome et des États pontificaux en 1870.

    Ainsi nombre de révolutionnaires ont puisé dans ce principe de la Révolution française une force pour déstabiliser les empires, les états et pour les faire éclater.

     

    Début de réalisation : 1870

    La guerre de 1870 a été la plus grande des guerres qui allaient illustrer ce principe au XIXe siècle. Le Roi de Prusse et son premier ministre Bismarck ont mis en pratique cette doctrine qui s’était développée tout au long du XIXe. Selon ce même principe « une langue, une Nation », qui pour l’Allemagne a pris le nom de « pangermanisme ». Tous les peuples qui parlent la langue allemande ou un dialecte germanique doivent être fusionnés dans un seul et unique État.

    La guerre de 1870 a permis à la Prusse de Bismarck de réaliser ce projet. Après avoir, dans une guerre éclair (Sadowa 1866), éliminé du jeu politique l’Autriche, la Prusse s’est mise à réaliser cette unité basée sur la langue. Les guerres révolutionnaires et de l’Empire avait déjà préparé la situation. L’Allemagne était en 1789 « le Saint empire romain germanique » présidé par l’Empereur de la maison des Habsbourg et Archiduc d’Autriche. Mais cet empire n’était qu’un empire électif. L’Empereur élu par des grands électeurs avait sous son autorité quelque 500 principautés, évêchés, villes libres, etc. Napoléon a conquis ce Saint Empire. L’Autriche s’est retrouvée repliée dans ses possessions autrichiennes et d’Europe de l’Est. Et quant au reste de l’Empire – où l’on parlait une langue germanique – Napoléon l’a regroupé en une quarantaine de petits états qui prenaient souvent du galon. En annexant des principautés ou des évêchés voisins, en se transformant de duché en royaume. Ce fut le cas des royaumes de Bavière, Wurtemberg, Saxe et Westphalie. A condition, bien sûr, de prêter allégeance à Napoléon. Et de lui apporter de l’argent et des hommes pour ses guerres incessantes. Sinon il nommait aussi des membres de sa famille à la tête de ces nouveaux états, voir les annexait à l’Empire français. Donc par la grâce de Napoléon on était passé de plus de 500 petits états, plus ou moins libres, qui composaient ce Saint Empire, à quatre royaumes et une trentaine d’états.

    Ce qui permettrait plus facilement le cas échéant de l’unifier. Cette unification - sous son autorité – devint le grand projet de la Prusse. Depuis la guerre de 1866, la Prusse avait mis de côté l’influence de l’Autriche (avec ses nombreuses possessions dans l’Europe centrale et jusqu’en Italie). Après le traité de Vienne (qui organisa l’Europe suite à la tourmente révolutionnaire et napoléonienne) l’Autriche avait récupéré entre autres la Dalmatie, l’essentiel de la République de Venise et la présidence héréditaire de la Confédération Germanique (qui avait succédé au St-Empire par la volonté de Napoléon). Le Roi de Prusse a décidé de mettre sur la touche l’Autriche - un autre État où l’on parlait allemand – qui depuis 5 siècles occupait la première place dans l’ère germanique (en tant qu’Empereur ou Président de la Confédération). Pour se donner les coudées franches et réaliser l’unité allemande à son profit.

    En 1870, Bismarck et la Prusse ont mis le marché entre les mains des différents états qui composaient cette Confédération germanique en leur disant si vous ne voulez pas subir le même sort que l’Autriche, il vous faudra vous unir à la Prusse pour que nous puissions former sous l’autorité du roi de Prusse un nouvel Empire. (Le deuxième Reich - le deuxième empire - le premier était le Saint Empire romain-germanique fondé par Charlemagne et le troisième fut celui d’Hitler.) Ce deuxième Reich devait se fonder en 1871 (à Versailles, dans la Galerie des glaces, après l’avancée des troupes prussiennes jusqu’aux portes de Paris) grâce à cette guerre de 1870 qui permit d’unifier – plus ou moins de force - l’ensemble des états allemands sous l’autorité du roi de Prusse. Avec pour premier objectif envahir la France en appliquant la doctrine du pangermanisme. En s’attribuant, comme butin, l’Alsace et la Moselle, régions françaises où on parlait un dialecte germanique. Les Alsaciens-Lorrains furent placés de force dans la corbeille de mariage (forcé lui aussi) des royaumes et des principautés germaniques fusionnant dans un nouvel Empire, dont le Roi de Prusse devenait le nouvel Empereur. Une certaine autonomie fut laissée aux anciens états qui devenaient des régions de ce nouvel Empire. Les Rois, princes et ducs gardant leurs titres honorifiques et certains de leurs privilèges. Jusqu’à la chute de l’Empire en 1918. Ce principe des nationalités - avec « une langue, une Nation »- venait de se réaliser, cette fois-ci, sur le dos de la France, et particulièrement de l’Alsace et de la Lorraine mosellane.

  • Un référendum sur l’Immigration ?, par Philippe Germain.

    Nous ne regret­tons pas, il y a déjà plu­sieurs mois, d’avoir enta­mé l’actualisation de notre réflexion poli­tique sur la menace cultu­relle et démo­gra­phique, que l’Islam repré­sente pour la France, cette aire ter­ri­to­riale et ces hommes domi­nés par vingt siècles de vie par­ta­gée. 

    philippe germain.jpgSachant les nations gué­ris­sables mais pas immor­telles, nous avons, nous natio­na­listes, le sou­ci per­ma­nent de pré­ser­ver la France des forces de mort.

    D’où notre induc­tion qu’a l’extérieur, l’intérêt de la France réside dans la sécu­ri­té et la sou­ve­rai­ne­té, mais à l’intérieur, il se trouve dans l’ordre et l’unité. Cela nous amène à déduire, de l’actuelle immi­gra­tion géné­ra­trice d’islamisation mena­çant l’ordre et l’unité, l’incapacité de la reli­gion laïque – ce fon­da­men­ta­lisme athée – à appor­ter les solu­tions néces­saires à la pré­ser­va­tion de la France. De là nous concluons à la néces­si­té de chan­ger le Sys­tème, au pro­fit d’institutions poli­tiques plus aptes que lui.

    Pour le pôle idéo­lo­gique « catho­lique et fran­çais tou­jours », la marche pour admettre notre ligne poli­tique est donc haute. C’est pour­quoi nous appré­cions que dans le Figa­ro, le repré­sen­tant emblé­ma­tique du conser­va­tisme, Eric Zem­mour, retourne le pro­jet réfé­ren­daire d’Emmanuel Macron sur l’urgence éco­lo­gique au pro­fit de l’urgence d’un refe­ren­dum sur l’immigration : « L’é­co­lo­gie est-elle ce sujet fon­da­men­tal qui néces­site de convo­quer le peuple ? (…) Alors que rôde la menace dji­ha­diste qui peut tuer n’im­porte où en France ? Alors même que d’in­nom­brables quar­tiers isla­mi­sés se détachent du reste du pays pour vivre selon d’autres mœurs et d’autres lois ? (…) Alors que I ‘immi­gra­tion s’est depuis long­temps trans­for­mée en inva­sion, comme l’a­vait dit dès 1991 le pré­sident Valé­ry Gis­card d’Es­taing ? Sau­ver la pla­nète, c’est louable, mais sau­ver la France, c’est mieux. » Le pre­mier cli­quet de notre ligne poli­tique est ain­si pas­sé par Zem­mour sur l’importance de la menace d’Islamisation. Nous apprécions.

    En revanche, pour nous maur­ras­siens, Zem­mour se trompe sur son espoir mis dans le réfé­ren­dum comme solu­tion à la menace d’Islamisation. Espé­rance naïve, s’expliquant par son bona­par­to-gaul­lisme, dont le réfé­ren­dum est l’alpha et l’oméga. Si Zem­mour connait bien son Bain­ville et pra­tique sans peur Maur­ras, il reste un bar­ré­sien atta­ché à la méthode césa­ro-plé­bi­ci­taire. Pour notre part, nous savons qu’au mieux un réfé­ren­dum pour­rait ame­ner à des mesures d’arrêt du robi­net migra­toire. Il ne résou­drait nul­le­ment la néces­si­té d’écopage du pro­blème d’Islamisation impos­sible à résoudre avec la laï­ci­té athée. Nous réaf­fir­mons que seule en sera à même, une monar­chie popu­laire gui­dée par un Prince pen­sant chré­tien et agis­sant fran­çais. Une monar­chie popu­laire capable d’articuler assi­mi­la­tion, relo­ca­li­sa­tion, inté­gra­tion et re-migra­tion à par­tir des dif­fé­rentes expé­riences his­to­riques disponibles.

    Indis­cu­ta­ble­ment le suc­cès d’un réfé­ren­dum contre l’immigration serait un suc­cès dans la guerre cultu­relle menée par le pôle idéo­lo­gique « catho­lique et fran­çais tou­jours » ; un suc­cès cultu­rel comme celui des mili­tants de Géné­ra­tion Iden­ti­taire  blo­quant sym­bo­li­que­ment les migrants à la fron­tière ita­lienne. Suc­cès cultu­rel impor­tant mais tout aus­si inca­pable de se trans­for­mer poli­ti­que­ment que le fut le suc­cès du NON (54,68%) au réfé­ren­dum de 2005 sur l’Europe. Le pays légal, qui domine poli­ti­que­ment le pays réel sut retour­ner sa défaite réfé­ren­daire à son propre avan­tage. Bona­par­tistes, gaul­listes, vous avez la mémoire courte !

    Et c’est là ou Zem­mour nous inter­pelle mal­gré lui.

    En défen­seur du pays réel, cette France de la « péri­phé­rie » se pré­oc­cu­pant de social et d’im­mi­gra­tion, crai­gnant « le grand déclas­se­ment et le grand rem­pla­ce­ment », atten­dant un réfé­ren­dum sur cette ques­tionde « qui est entrain de bou­le­ver­ser son iden­ti­té. », Zem­mour nous ramène à la néces­si­té de la lutte contre le pays légal. Allons plus loin, Zem­mour nous fait prendre conscience de la prio­ri­té de la lutte contre le pays légal, pro­fi­teur et donc défen­seur du Sys­tème qui laisse se déve­lop­per la menace d’Islamisation. Sans le vou­loir Zem­mour nous pousse à dis­tin­guer menace prio­ri­taire et menace prin­ci­pale. Il nous aide à nom­mer l’ennemi : « Pays légal enne­mi n° 1, Isla­mi­sa­tion enne­mi n°1 bis ». Nous l’en remercions

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série «  L’Islam menace prin­ci­pale », cli­quer sur les liens.

    1. France,  mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la République
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979
    4. Les beurs et la kalachnikov
    5. Le plan d’islamisation cultu­relle de la France
    6. Islam radi­cal et bar­ba­rie terroriste
    7. Pas d’amalgame mais complémentarité
    8. Pôle idéo­lo­gique islamiste
    9. Pôle idéo­lo­gique des valeurs républicaines
    10. Face au dji­had cultu­rel : poli­tique d’abord !
    11. Prince chré­tien et immi­gra­tion islamisation
    12. Le Prince et la France chrétienne
    13. Le Prince chré­tien et la laïcité
    14. balayons le défai­tisme républicain
    15. Balayons le défai­tisme démocrate.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • « En même temps » : faible avec les forts et fort avec les faibles, par Olivier Perceval.

    On ne pou­vait espé­rer mieux pour illus­trer la fin de l’année et le com­men­ce­ment de l’autre !

    Depuis le prin­temps der­nier le corps médi­cal à l’aise sur les pla­teaux télés, bien en phase avec l’industrie phar­ma­ceu­tique et relayé com­plai­sam­ment par le corps jour­na­lis­tique, a orga­ni­sé avec l’État la chasse aux contre­ve­nants aux décrets de confi­ne­ment en déclen­chant des opé­ra­tions mus­clées de police contre les ran­don­neurs en pleine mon­tagne ou les jog­geurs en pleine cam­pagne avec par­fois, cela s’est vu, l’appui d’hélicoptères.

    olivier perceval.jpgCe zèle dans la chasse aux délin­quants s’est appli­qué par la suite au port du masque dans la rue, jugé inutile en mars der­nier par les mes­sieurs de la science et deve­nu obli­ga­toire pour la seconde tour­née de Covid 19.  Ce même masque qui plonge toute une nation dans l’anonymat et incite au regard oblique en direc­tion des « amou­reux qui se bécotent sur les bancs publics ».

    Et puis, il y a eu la « rave par­ty » en Bre­tagne avec 2500 par­ti­ci­pants, par­mi les­quels quelques cen­taines de cas­seurs, qui ont tenu la dra­gée haute aux forces de l’ordre ain­si qu’au gou­ver­ne­ment pen­dant 36 heures.

    Ain­si, la puis­sance de l’État a été tenue en échec par des punks et des toxi­cos accom­pa­gnés il est vrai par des ner­vis d’extrême gauche qui s’essaient, avec chaque fois plus de har­diesse et suc­cès, à la gué­rilla urbaine.

    Gageons que les inter­pel­la­tions sur­ve­nues au moment de la dis­per­sion, n’auront tou­ché que quelques consom­ma­teurs attar­dés, et qu’organisateurs et cas­seurs ont depuis long­temps pris le large.

    On s’étonne quand même de voir les images de la fête, puis l’évacuation d’une longue file de véhi­cules, y com­pris d’énormes camions, sans sai­sies et sans obli­ga­tion de tests et de confi­ne­ments, avec en prime une voi­ture des forces de l’ordre brû­lée et des gen­darmes moles­tés, ne subir aucune sanc­tion sauf des ver­ba­li­sa­tions pour défaut de masque…

    Il y a eu cinq   gardes à vue parait-il et quelques inter­pel­la­tions. Peut-être même, cer­taines seront-elles sui­vies  de pour­suites judi­ciaires, mais dans l’ensemble, il y a fort à craindre que les vrais res­pon­sables soient déjà pas­sés entre les mailles du filet.

    Après on s’étonne que ceux qui, retrai­tés, ont été sanc­tion­nés par la maré­chaus­sée, parce qu’ils s’étaient arrê­tés dans la rue pen­dant le pre­mier confi­ne­ment pour échan­ger deux mots avec un voi­sin, l’aient un peu gar­dé en tra­vers de la gorge.

    Seule­ment on aurait tort de s’étonner, car c’est une habi­tude du pou­voir macro­nien de choi­sir ses cibles : nous n’oublions pas les gilets jaunes por­tant la parole du pays réel frap­pés sans rete­nue, ni le moindre scru­pule, car repré­sen­tant l’expression du popu­lisme honnis.

    Autre­ment dit, la sévé­ri­té n’est en réa­li­té appli­cable qu’aux familles et aux retrai­tés, aux pro­me­neurs et aux spor­tifs iso­lés, voire aux mani­fes­tants dits popu­listes, mais pas aux fêtards toxi­cos, du type de ceux qui s’affichaient avec le pré­sident sur le per­ron de l’Élysée.

    La doc­trine du pou­voir n’a jamais été très claire avec tous ces « en même temps » qui mal­traitent « celles et ceux » qui font où on leur dit de faire et qui se taisent, à l’exception de « celles et ceux » qui font un bras d’honneur agres­sif aux forces de l’ordre au ser­vice de l’oligarchie.

    Dans cette ambiance lar­vée de guerre civile mul­ti­forme, on sent déjà poindre l’écroulement de la Répu­blique, sau­rons-nous sai­sir l’occasion ou bien suc­com­be­rons-nous écra­sés par le vieux monu­ment déglin­gué s’affaissant de tout son poids sur la France aveu­glée.  Car on se doute que la comé­die qui entre dans son troi­sième acte avec la cam­pagne vac­ci­nale (mal enga­gée), ne sau­rait durer une année sup­plé­men­taire sans que les griefs s’accumulant chaque jour n’explosent à la figure mas­quée ou non de ceux qui nous dirigent avec mépris. Quand on voit com­ment est orga­ni­sée la répres­sion contre ceux qui, scien­ti­fiques où pen­seurs, expriment quelques diver­gences avec cet ensemble consen­suel qui pré­tend voler à notre secours, on est en droit de dou­ter de la bonne foi de cette bande d’hypocrites pro­fi­teurs. Ils orga­nisent la peur dans tous les pays sou­mis aux lois du mar­ché, ral­lient à leurs côtés des « imbé­ciles utiles » prêts aux auto­da­fés contre ceux dont la parole est diver­gente. Ils ont un besoin déses­pé­ré de cer­ti­tudes ras­su­rantes. La nou­velle reli­gion n’admet pas de contes­ta­taires. Les nou­veaux sans-culottes sont dans les medias et sur les réseaux sociaux. Mais cha­cun sait que les sans-culottes étaient des racailles appoin­tées que l’on ne trou­vait en 1793 que dans les villes et que le véri­table peuple était dans les cam­pagnes et fut la seule et vraie vic­time d’une révo­lu­tion bourgeoise.

    Atten­dons-nous à quelque chose de sem­blable dans la révo­lu­tion qui se pré­pare et dont seront les vic­times expia­toires les classes moyennes et les tra­vailleurs indé­pen­dants, petits com­mer­çants et autres arti­sans. Ain­si donc, la police et l’ensemble des forces de l’ordre en bons fonc­tion­naires ne s’en pren­dront, à moins qu’ils ne se révoltent eux-mêmes, jamais aux « black Blocs » qui sont l’avant-garde des sans culottes aux ordres de la « Conven­tion » repré­sen­tée par les élites au pou­voir, les flics étant dans cette recons­ti­tu­tion his­to­rique, la garde nationale.

    A nous de faire échouer ce nou­vel assaut qui se pré­pare contre le peuple de France à la faveur d’une crise éco­no­mique sans pré­cé­dent. Le désordre civil est dan­ge­reux et peut se retour­ner contre les mani­pu­la­teurs cyniques. La France en par­ti­cu­lier qui n’en sera pas à sa pre­mière insur­rec­tion, rêvons un peu, pour­rait sur­prendre son monde en rame­nant au pou­voir Jean IV, le roi défen­seur du peuple. C’est la bonne nou­velle année que je sou­haite à tous.

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    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • SOLIDARITÉ KOSOVO !... : COMMENT NOUS AVONS FINI L’ANNÉE 2020 AU KOSOVO-MÉTOCHIE, MALGRÉ LE COVID…

    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

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    COMMENT NOUS AVONS FINI L’ANNÉE 2020 AU KOSOVO-MÉTOCHIE, MALGRÉ LE COVID…

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    Le 3 janvier vers midi, un message s’affiche sur le groupe WhatsApp appelé « SK – convoi 2020 » : « Bien arrivé, merci pour tout, à l’année prochaine ! » C’est le dernier volontaire français qui vient d’arriver chez lui, après 3 jours de voyage depuis le Kosovo, marquant ainsi la fin de ce 17e convoi de Noël.

    Dimanche matin 27 décembre, Annecy, 9h. Le 17e convoi de Solidarité Kosovo s’élance, pile à l’heure prévue. En soi, c’est déjà une victoire pour les volontaires qui entament le voyage qui les mènera, dans deux jours, au Kosovo-Métochie. Une victoire sur cette année désastreuse, une victoire sur l’incertitude qui, depuis plusieurs semaine, pesait sur eux.

    En effet, s’il était évident pour tout le monde que ce 17e convoi aurait bien lieu de toute façon, nul n’aurait pu affirmer jusqu’à la veille de son départ qu’il aurait bien lieu à l’époque habituelle et d’une façon relativement semblable aux années précédentes.

    La veille de Noël, le convoi devait encore s’élancer de Paris ; finalement, il a fallu changer tous les plans après que le loueur de fourgons annonce qu’en fait ils n’auraient pas de véhicule équipé de pneus-neige à nous confier… Et chacun d’avancer en urgence son départ pour pouvoir être à Annecy plutôt qu’à Paris le dimanche au matin. Mais les volontaires qui se sont retrouvés le samedi soir dans un hôtel d’Annecy — après déjà une journée de voyage pour certains — n’étaient même pas tous certains de partir : leur participation à ce convoi dépendait des résultats du test PCR effectué la veille — parfois au prix de longues heures d’attente dans des centres de test parfois bondés, malgré les rendez-vous pris longtemps à l’avance — et indispensable pour franchir les frontières du Kosovo.

    Les messages se succèdent : « Test négatif ! »

    Ces résultats, certains l’ont reçu dès l’après-midi du samedi, qui immédiatement envoyaient sur le groupe WhatsApp dédié au convoi un victorieux « Test négatif ! » ; mais à 8 h 45 au matin du départ, deux d’entre nous les attendaient encore, avec une certaine appréhension : un résultat positif aurait signifié qu’ils devraient regarder le fourgon partir d’Annecy et reprendre un train vers chez eux. Finalement, à quelques minutes d’écart, ces derniers résultats sont arrivés, négatifs eux aussi. Le convoi pouvait donc réellement commencer.

     

    Pendant deux jours, nous traversons en camion l’Italie, la Slovénie, la Croatie et la Serbie.

    Mardi soir, 19 h. Après deux jours de trajet à travers l’Italie, la Slovénie, la Croatie et la Serbie, les volontaires français retrouvent les volontaires serbes au pied de la croix qui marque la sortie de la partie Nord du Kosovo, majoritairement serbe. Nous roulons en convoi jusqu’à Gracanica. Les retrouvailles sont chaleureuses, les nouveaux — Français comme Serbes — sont rapidement présentés et intégrés comme s’ils avaient toujours fait partie de la famille.

    En un instant, on oublie, les deux jours de voyage en fourgon, les muscles engourdis par l’inactivité, la nuit trop rapide à Belgrade. On oublie l’incertitude des jours précédant le départ, l’attente des résultats des tests, l’inquiétude au passage de la frontière et lors de chacun des trois contrôles de police qui ont suivi l’entrée au Kosovo. On oublie enfin l’incertitude qui plane sur les jours qui viennent. On profite de l’instant, de ces retrouvailles, de cette amitié qui grandit année après année, peu à peu. On profite ensemble d’un dîner copieux, puis chacun va se coucher : il est déjà tard et le premier jour de distributions sera chargé. Avant de nous coucher, nous apprenons qu’un humanitaire serbe de Bosnie a été arrêté à la douane quelques heures avant notre passage et refoulé, comme Arnaud Gouillon l’a été il y a deux ans. Nous sommes encore passés… pour combien de temps ?

    Mercredi matin, 1er jour. Le ciel de Gracanica est couvert de moutons teints de rose par le soleil levant. Un bien bel accueil qui fait oublier le réveil matinal après une nouvelle nuit trop courte. Nous nous retrouvons tous devant l’entrepôt de Solidarité Kosovo, dans l’enceinte du monastère de Gracanica. Aujourd’hui, nous partons dans la région de Kamenica, à l’est du Kosovo, près de la frontière avec la Serbie centrale. Nous y livrerons des vaches et des moutons et distribuerons cadeaux et vêtements aux enfants de plusieurs villages. La journée commence par une grande opération de tri de ce qui a été déposé dans l’entrepôt il y a quelques jours. Un travail fastidieux mais indispensable pour que les distributions se passent rapidement et efficacement. Les anciens reprennent leurs marques, les nouveaux prennent les leurs. Ce premier test est concluant : cette équipe est efficace et soudée, le reste du convoi le prouvera.

    Dans les ruines d’un monastère, rêver d’un avenir meilleur

    Pour se rendre à Kamenica, on passe par les montagnes de la région de Novo Brdo, que les anciens connaissent bien. Malgré l’absence totale de neige, on reconnaît des endroits déjà visités les années passées ; des souvenirs remontent, sont racontés, complétés, affinés. La joie d’être enfin à pied d’œuvre est palpable. Puis on dépasse Novo Brdo et on s’enfonce dans l’inconnu. Au détour d’une montagne apparaît soudain la vallée où repose la ville de Kamenica.

    Les gens de cette région difficile et isolée sont taiseux et fiers. Le contact est difficile, d’autant plus que nous portons tous le masque : il est hors de question que nous apportions le virus à ces gens fragilisés par la pauvreté, l’isolement et le manque de soins. Peu importe : nous sourions sans arrêt sous les masques, en espérant que nos yeux parlent assez pour nous. Partout nous sommes marqués par la pauvreté des gens que nous rencontrons. Cette école dont nous retrouvons, malgré les vacances, les élèves pour une distribution sera sans contestation possible le bâtiment le plus propre que nous verrons : elle a été rénovée il y a deux ans par Solidarité Kosovo, dans le cadre de sa campagne d’hiver.

    Partout ailleurs, les maisons sont visiblement vieilles et usées. Nous visitons d’abord les familles nombreuses, qui ont particulièrement besoin de notre soutien. Nous sommes à chaque fois frappés par la détermination qui émane de ces couples qui, entourés de leurs enfants, nous accueillent avec un mélange de joie de nous voir et de gêne de devoir accepter notre aide.

    Entre deux distributions, le Père Serdjan arrête le convoi sur un chemin de terre, au beau milieu de nulle part. Nous sortons des fourgons, curieux de connaître la raison de cet arrêt insolite. Nous la découvrons au sommet d’une petite colline : les ruines d’un monastère y accueillent les corbeaux au milieu d’un paysage sublime. En parcourant le site, on finit par pouvoir deviner la magnificence passée de ce monastère, qui accueillait notamment un orphelinat.

    Dans ce qui était autrefois le chœur de l’église, à l’endroit de l’autel, le Père Serdjan nous raconte l’histoire de ce monastère, ravagé par les Ottomans peu après la bataille de Kosovo Polje, en 1389. Il nous raconte aussi les difficultés que rencontre l’Église serbe à chaque fois qu’elle essaie de faire des démarches pour pouvoir faire revenir des moines pour rénover ce monastère. « Nous voulons revenir ici avant que des Albanais décident soit de raser ce qui reste — comme ils l’ont fait sur le site de la forteresse de Kamenica juste après que des archéologues y ont retrouvé des preuves indéniables de son passé serbe —, soit de prétendre que ce monastère a toujours été albanais. » Malgré les pressions diverses, malgré les obstacles dressés sur ce chemin, le projet avance… Peut-être aurons-nous bientôt l’occasion d’aider à reconstruire le monastère de Rdjavac ?

    À Novo Brdo, entre enfer et paradis

    De distribution en distribution, la journée passe vite et la nuit commence déjà à tomber quand nous repartons vers Gracanica. Après plus d’une heure de route, nous arrivons au monastère, où la journée n’est pas finie : il faut à nouveau remplir les cartons vidés pendant la journée et charger les fourgons pour le lendemain. Nous chargeons aussi quelques poêles à bois dans le plus gros fourgon du bureau humanitaire : il faudra les livrer demain, en plus des vaches, des moutons, des vêtements et des cadeaux de Noël. La journée du mercredi s’annonce donc bien chargée, et nous allons cette fois encore nous coucher sans tarder.

  • La Monarchie royale, garantie d'une transition démocratique apaisée ?, par Jean-Philippe Chauvin.

    La démocratie n’est pas toujours un long fleuve tranquille, et les récents événements survenus aux États-Unis autour et au sein même du Capitole en sont une preuve indéniable, du moins pour ceux qui cherchent le sens des choses plutôt que l’écume des seuls faits.

     jean philippe chauvin.jpgLa difficulté de M. Trump à accepter de quitter la Maison Blanche et les émeutes du 6 janvier (qui ressemblaient plus à un mouvement de colère qu’à une conjuration réfléchie) nous rappellent que la transition démocratique dépend aussi d’un contrat politique dans lequel la défaite est possible et le pouvoir issu de l’élection remis en cause à chaque nouvelle élection, deux éléments constitutifs des régimes démocratiques et, a priori, non négociables. Or, ces éléments doivent être intégrés autant par les dirigeants désignés par le suffrage (appartenant au « pays légal » sans en être toujours les véritables maîtres) que par les électeurs eux-mêmes (issus du « pays réel » sans en incarner toutes les dimensions et diversités). Dans le récent cas états-unien, c’est l’ancien président qui, bien que défait par le suffrage de façon assez nette (malgré les fraudes possibles, qui semblent néanmoins s’équilibrer de part et d’autre), a brisé le consensus autour de la nécessaire acceptation du sort des urnes, laissant souffler l’esprit de suspicion sur l’ensemble du scrutin et risquant de ruiner ses possibles chances d’un nouveau mandat dans quatre ans, tout en donnant raison à ceux de ses détracteurs qui, pour certains d’entre eux, avaient jadis contesté le résultat de novembre 2016 favorable à M. Trump. Bien sûr, la déception devant un résultat qui ne correspond ni à vos attentes ni à ce qui semblait promis par les sondages dans certains cas (Mme Clinton avait remporté tous les sondages sans emporter les suffrages suffisants…) peut entraîner des réactions d’émotion que la raison recouvre généralement le lendemain. Dans le cas de M. Trump, l’émotion est restée intacte jusqu’au 6 janvier, au point de menacer la transition démocratique et de fragiliser durablement ce processus et ce consensus d’acceptation parmi la population des États-Unis qui, désormais, seront peut-être moins certains lors des prochains scrutins.

     

    Ce qui est vrai aux États-Unis peut-il l’être en France, aujourd’hui profondément déchirée entre des camps qui, depuis la révolte des Gilets jaunes, ne se parlent plus et se côtoient à peine et, en tout cas, ne se comprennent pas, leur langage et leurs principes étant de moins en moins communs ? Un indice inquiète : lorsqu’un sondage de la semaine dernière a placé Mme Le Pen à courte distance de la victoire à la prochaine présidentielle de 2022, les réactions (beaucoup moins nombreuses qu’attendues, au regard de ce qu’avait déclenché la qualification de M. Le Pen père en avril 2002) n’ont guère rassuré les tenants de la légitimité démocratique, nombre de citoyens (en particulier fonctionnaires d’État) annonçant qu’ils ne se soumettraient pas à un tel résultat et qu’ils entreraient en résistance active, sans que l’on sache exactement jusqu’où cette résistance autoproclamée pourrait aller… Le même discours est régulièrement tenu par nombre d’artistes, prêts à s’exiler d’une France « lepeniste » tel Victor Hugo se réfugiant à Guernesey pour ne pas avoir à saluer le nouvel empereur issu à la fois de l’élection (1) et, plus tard, du plébiscite démocratique à défaut d’être très régulier (2) ! L’on semble oublier que, lors de l’élection de Nicolas Sarkozy au poste suprême en mai 2007, de nombreuses grandes villes avaient assisté à des manifestations de protestation et de non-reconnaissance du résultat du scrutin, avec quelques dégâts à la clé, et que, après celle de François Hollande, un mouvement « Hollande n’est pas mon président » avait rapidement émergé et fait florès au cœur des manifestations hostiles au mariage homosexuel avant que de muer, avec une base élargie dès l’automne 2018 par le mouvement des Gilets jaunes, en mouvement « anti-Macron ».

     

    Ce mouvement n’est sans doute pas inédit au regard de l’histoire de la démocratie en France, mais il semble prendre, depuis quelques temps, une ampleur nouvelle, au risque de fragiliser, non seulement les bases de la démocratie elle-même, mais aussi et surtout toute possibilité d’une transition paisible d’un président à un autre, la minorité électorale se sentant lésée et non plus seulement perdante « à la régulière ». Or, la démocratie et toute vie politique équilibrée nécessitent une reconnaissance de la défaite comme de la victoire, non pour s’en féliciter forcément (en particulier dans le premier cas…), mais pour permettre la possibilité d’une « revanche » (non pas dans le sens d’une vengeance mais, au contraire, d’une alternance ou, mieux, d’une alternative qui puisse satisfaire le camp du vainqueur sans humilier inutilement le camp du vaincu). Vaille que vaille, c’est ce modèle qui prédomine en France sous la Cinquième République, et il faut s’en féliciter, en particulier en tant que royaliste attaché à l’unité du pays et au concert des libertés. Ce qui ne signifie pas qu’il faille s’en contenter, bien évidemment !

     

    Mais les remises en cause contemporaines de la légitimité démocratique doivent inciter à réfléchir aux meilleurs moyens (3) d’assurer une transition politique entre deux parties différentes (au regard de leurs propositions et pratiques institutionnelles, économiques ou sociales) de la nation sans menacer l’ordre et l’unité du pays. La virulence des débats dans la Cinquième République, virulence qui n’est pas toujours une mauvaise chose si la passion alimente la vie politique sans la détruire, s’explique aussi et peut-être principalement par la volonté de conquérir la « première place », ce faîte de l’État qui, dans une République centralisée comme la française et « monocratique » (certains diraient « monarchique ») comme la Cinquième, est parée de tous les attributs du prestige et de la puissance et, donc, attire toutes les convoitises et, parfois, les prédations… En libérant la « première place », cette magistrature suprême de l’État aujourd’hui livrée au Suffrage et à cet éternel combat des chefs qui transforme la vie politique en une « présidentielle permanente », la Monarchie royale remet les ambitions au niveau inférieur mais aussi nombre de pouvoirs indûment détenus par l’État (aujourd’hui trop envahissant) aux collectivités locales, professionnelles ou universitaires, ce que l’on pourrait nommer « les républiques françaises ». En fait, la Monarchie assure à la fois la continuité (voire la perpétuité) de l’État « par le haut » sans empêcher les transitions démocratiques entre des gouvernants d’obédiences différentes, voire adverses : le Royaume-Uni, au-delà de ce qui peut séparer son régime monarchique de celui, éventuel, de la France, montre bien tout l’intérêt de cette magistrature suprême qui ne doit rien aux querelles politiciennes et les surplombe sans renoncer à ce qu’elle est historiquement et traditionnellement, capable d’écouter et, dans le secret du salon royal, de conseiller le chef du gouvernement en exercice. Si la Monarchie royale « à la française » accorde plus de pouvoirs au souverain, elle n’en reste pas moins, une fois instaurée et enracinée (4), ce système institutionnel qui permet la continuité et l’arbitrage, ce trait d’union permanent entre les gouvernements qui se succèdent et les générations qui se suivent, sans empiéter sur les libertés « à la base » qui, garanties sans être livrées à elles-mêmes, assurent la libre circulation et l’équitable confrontation des idées…

     

    Notes : (1) : Louis-Napoléon Bonaparte a été élu à la première élection présidentielle au suffrage universel masculin, en décembre 1848.

     

    (2) : Après son coup d’État du 2 décembre 1851, le président « putschiste » l’a fait approuver par un plébiscite (nom ancien du référendum) qui a eu lieu du 14 au 21 décembre 1851, et qui l’a confirmé électoralement.

     

    (3) : « Meilleurs » ne signifiant pas forcément « parfaits », la logique humaine étant parfois bien éloignée de la notion de perfection…

     

    (4) : Le grand enjeu d’une instauration monarchique prochaine sera de réussir à s’établir et à s’enraciner, et il y faudra sans doute deux à trois générations de monarques (la durée de chacune pouvant varier sous l’effet de nombreux facteurs) pour s’assurer d’une continuité « perpétuelle ». Les échecs précédents, sur ce point particulier, de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, tout comme le succès de la Cinquième République depuis le général de Gaulle, doivent servir de leçons et permettre d’envisager la suite avec humilité mais sans crainte pour qui saura appliquer un sage empirisme organisateur…

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/

  • Création d’un observatoire du français en Afrique, par le Car­re­four des Acteurs Sociaux.

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    Nous avons l’autorisation par le Car­re­four des Acteurs Sociaux, de dif­fu­ser cet appel qui nous parait fort oppor­tun pour favo­ri­ser l’émergence d’une nou­velle poli­tique afri­caine de la France. (NDLR).

    Appel pour la créa­tion d’un obser­va­toire du fran­çais en Afrique à Vil­lers-Cot­te­rêts cen­tré sur l’économie et les entreprises.

    Avec le sou­tien du pôle fran­co­pho­nie du Car­re­four des Acteurs Sociaux, de l’association Ave­nir de la langue fran­çaise, du Centre d’Études et de Réflexion sur le Monde Fran­co­phone (CERMF) …

    L’évolution rapide de la situa­tion en Afrique nous semble jus­ti­fier la créa­tion d’un obser­va­toire du fran­çais sur ce conti­nent, à but prin­ci­pa­le­ment professionnel

    Le contexte

    Dans le cadre des pro­jets d’activités à Vil­lers-Cot­te­rêts, le Car­re­four des acteurs sociaux a ras­sem­blé le pre­mier quelques dizaines de pro­po­si­tions, dont celle d’un obser­va­toire du fran­çais en Afrique.

    Cette pro­po­si­tion répond à plu­sieurs constatations :

    •             la chance extra­or­di­naire pour le rôle mon­dial de la langue fran­çaise et pour les entre­prises fran­çaises en par­ti­cu­lier d’avoir un espace d’environ 500 mil­lions d’habitants où l’on peut tra­vailler en fran­çais, même si une par­tie rapi­de­ment décrois­sante de la popu­la­tion n’est que peu ou pas fran­co­phone, si

    La remise en cause de cette situa­tion côté fran­çais, par une cer­taine igno­rance de l’importance du tra­vail en fran­çais à l’étranger (ayant tra­vaillé dans une dou­zaine de pays, j’ai été sen­si­bi­li­sé aux ques­tions de langue de tra­vail et de la langue des rela­tions avec l’extérieur), igno­rance qui se tra­duit sou­vent par des affir­ma­tions du genre : « dans mon entre­prise, j’ai suf­fi­sam­ment de per­sonnes par­lant moyen­ne­ment anglais et ça suf­fit pour tra­vailler n’importe où ».

    •             La remise en cause de cette situa­tion d’utre part côté afri­cain dans cer­tains milieux, heu­reu­se­ment en géné­ral non éco­no­miques, mais qui ont un rôle média­tique et cultu­rel impor­tant, notam­ment en matière de pro­grammes sco­laires et de la langue d’enseignement. Cela dans le cadre de mou­ve­ments « déco­lo­niaux », voire direc­te­ment antifrançais

    D’où la néces­si­té d’un obser­va­toire NON UNIVERSITAIRE de la situa­tion du fran­çais dans ces pays, pour faire connaître l’importance que le fran­çais a pris non seule­ment comme langue offi­cielle et de tra­vail mais aus­si comme langue mater­nelle, fami­liale, d’usage pro­fes­sion­nel et de langue com­mune « dans la rue » dans beau­coup de villes afri­caines. Un des objec­tifs est d’éviter la catas­trophe qu’a été au Magh­reb l’arabisation de l’enseignement, en fai­sant mieux connaître que le fran­çais est deve­nu une langue afri­caine lar­ge­ment dif­fu­sée, tout aus­si légi­time que les autres langues locales ou natio­nales, et sou­vent plus utile.

    Le tout diplo­ma­ti­que­ment et en bonne connais­sance des autres idées qui ne sont pas toutes à écar­ter, notam­ment concer­nant la péda­go­gie des pre­mières années du primaire.

    Que faire ?

    Concrè­te­ment, mettre en place un centre de docu­men­ta­tion et d’échanges (col­loques, docu­men­ta­tion sur les for­ma­tions utiles…)

    Confier cette mise en place à une ins­ti­tu­tion solide com­pé­tente en éco­no­mie, ayant déjà des réa­li­sa­tions dans ce domaine. Cette ins­ti­tu­tion doit avoir une bonne expé­rience des entre­prises. D’où mon affir­ma­tion ci-des­sus du carac­tère impé­ra­ti­ve­ment non universitaire.

    Pour­quoi ? Beau­coup d’universitaires sont certes très com­pé­tents en matière afri­caine, mais ils le sont moins en matière d’entreprise, et sur­tout nom­breux ont des biais intel­lec­tuels dans le domaine linguistique.

    Soit ils sont lin­guistes et se pas­sionnent pour une langue afri­caine pour laquelle ils rêvent d’un rôle inac­ces­sible du fait des moyens finan­ciers et sur­tout humains qu’ils récla­me­ront aux poli­tiques et qui pèse­ront sur le développement.

    Soit ils ont une atti­tude poli­tique, comme ce fut le cas au Magh­reb, et comme c’est le cas aujourd’hui dans cer­tains états du Sahel avec des ten­ta­tives de pro­mo­tion de l’arabe, ou, dans d’autres milieux, de l’anglais.

    Il convien­drait d’exposer en détail des rai­sons de cette catas­trophe magh­ré­bine, et de ce que cer­tains pré­voient en Afrique sub­sa­ha­rienne : sous pré­texte d’enseigner en langue mater­nelle, on enseigne en fait une langue nor­ma­li­sée (l’arabe stan­dard, le wolof stan­dard etc.) qui n’est la langue mater­nelle de per­sonne. Par ailleurs le voca­bu­laire éco­no­mique et de ges­tion n’existe sou­vent pas dans beau­coup de langues afri­caines. Et sur­tout il n’existe pas de per­sonnes com­pé­tentes pour ensei­gner dans toutes les langues locales, ni de for­ma­tion de for­ma­teurs dans ces domaines. Bref, com­ment Magh­reb on com­mence par cas­ser ce qui existe avant s’apercevoir que c’est qua­si impos­sible à remplacer.

    On risque enfin de déva­lo­ri­ser les classes qua­li­fiées dont le fran­çais est la langue mater­nelle ou d’usage.

    En étant un peu bru­tal, on pour­rait dire que cet obser­va­toire aurait pour but d’une part de rame­ner cer­taines élites locales à la réa­li­té lin­guis­tique de leur pays, et de mon­trer aux entre­prises fran­çaises tout le béné­fice qu’elles pour­raient tirer d’un envi­ron­ne­ment francophone.

    Appel

    En consé­quence, j’appelle toute per­sonne qua­li­fiée atten­tive au déve­lop­pe­ment éco­no­mique et humain de l’Afrique à appuyer cette proposition.

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    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Entre souveraineté protectionniste et mondialisme, que va devenir la France ? par Jean-Patrick Grumberg.

    Sur Facebook, le commentateur politique Francis-Claude Neri a mentionné mon nom dans une réflexion intéressante, à laquelle je réponds.

    7.jpg« Entre une souveraineté protectionniste qui serait ingérable, une mondialisation dont beaucoup ont compris qu’elles nous pénalise, il y a urgence à trouver une autre voie, plus réaliste, mais aussi plus ambitieuse, écrit Neri. D’autres pays du sud de l’Europe [l’Italie ndlr] sont dans la même situation et cherchent des réponses. C’est sans doute avec eux qu’on pourra les trouver, parce que nous partageons une communauté d’histoire, de culture et d’environnement. »

    Cher Francis-Claude, merci de m’avoir mentionné dans votre commentaire, maintenant je suis obligé de réagir (humour ashkénaze).

    Je suis un homme simple, vous le savez, et je raisonne simplement. Vous parlez de trouver une autre voie. Honnêtement et respectueusement, je ne comprends pas ce que vous écrivez.

     

    Visiblement, la France a de sérieux problèmes. Mais pour les régler, encore faut-il les décrire, et cela n’est que le début : il faut ensuite réfléchir aux solutions possibles – il y en a souvent plusieurs.

    Quels sont les problèmes auxquels la France doit trouver des solutions ?

    • Vous avez trop d’Arabes et d’Africains arrogants et agressifs qui ont organisé des centaines de zones de non-droit, vivent selon les lois de l’islam incompatibles avec nos valeurs, et créent l’insécurité dans les villes, petites et grandes. Vous en avez aussi beaucoup qui ont adopté nos valeurs, sont ravis de vivre à l’Européenne, et contribuent à la société en bons citoyens.
    • Vous manquez de leaders intelligents, charismatiques, équipés de bonnes idées pour réparer et puis gérer le pays : il m’arrive, de loin, de les écouter, il n’y en a pas un pour sauver l’autre, c’est catastrophique. Ah ils parlent bien, ils ont de la répartie et ils savent vous en boucher un coin ou vous clouer le bec, mais au-delà du style, c’est tout du vent, tout du vide : ils sont bêtes.

      Vous ne possédez aucun dirigeant de la trempe d’un Donald Trump – ou même du niveau de ses 15 opposants à la primaire républicaine de 2016 – et il vous faut un Trump.

      Certains appellent (ou préviennent) qu’un régime autoritaire pourrait être la prochaine étape. Ca n’a pas de sens ! Un régime, autoritaire ou pas, ne vaut que par la qualité de celui qui détient l’autorité. Si les gens croient que des militaires sont capables de redresser un pays embourbé dans 50 ans de problèmes auxquels personne n’a osé toucher, ils se mettent le doigt dans l’œil jusqu’au coude ! Faute de formation adaptée, en l’absence totale d’expérience, les militaires, ils feront appel aux mêmes énarques qui inlassablement répètent les mêmes erreurs en croyant qu’elles produiront des résultats différents.
    • Les socialistes et les communistes, par syndicats et hauts fonctionnaires interposés, au travers des lois, des réglementations, de l’Education nationale, des médias et surtout des taxes, dévorent votre économie et empêchent vos entreprises de rester dans le peloton de tête.

      Ils vous ont fait croire que tout est de la faute de la mondialisation – sans jamais vous expliquer en quoi – et vous avez tout gobé : regardez la Suisse, regardez Israël, regardez Taiwan ou Singapour, ou le Texas. Ce sont des relativement petits pays, et ils ne sont pas victimes de cette soi-disant « mondialisation ». Pourquoi ? Parce que c’est le niveau de vos impôts et de vos réglementations qui vous appauvrit, pas la concurrence chinoise – sinon elle toucherait de plein fouet les plus petits pays que je cite, et qui sont des gagnants.
    • Votre problème n’est pas que les Chinois volent vos emplois, mais l’inverse : vous n’avez aucun emploi à leur offrir ! Je sais cela peut paraître paradoxal ou étrange ou contradictoire. Je vous explique :

      Vous n’avez pas d’Apple ou de Samsung ou d’Intel pour demander aux Chinois d’assembler vos produits et vous enrichir de leurs usines tournevis. Ce n’est pas la Chine qui s’enrichit avec les 25 dollars qu’elle est payée par iPhone, c’est Apple avec les 1000 dollars qu’il encaisse ! Mais vous n’avez pas d’Apple donc vous n’encaissez rien, vous payez. Un iPhone coûterait également 25 dollars à fabriquer en France, mais il faudrait ajouter 250 dollars d’impôts pompés par votre très gros Etat pour financer les services sociaux. Et vous n’avez ni la marque Apple, ni les Apple à fabriquer, seulement les Apple à acheter.
    • Votre Etat est beaucoup beaucoup trop gros. Il est gourmand et dominant. Tout a été inversé, et vous vous êtes retrouvés son esclave. Vous êtes à son service, vous le faites fonctionner, alors qu’un Etat, il est supposé être à votre service. Et il dépense beaucoup trop d’argent pour les autres des pays étrangers et pas assez chez vous.

      Votre Etat prend presque tout l’argent que les gens gagnent, et avec cet argent, il contrôle votre vie, vous nourrit, vous soigne, vous loge, vous protège contre vous-mêmes contre votre gré et assure vos vieux jours. Vous avez perdu votre autonomie au profit d’un Etat maman.

      Mais aucun Etat n’est capable de créer une organisation compétente et dynamique, c’est une machine inefficace, qui fait mille erreurs et gère n’importe comment. Cela n’existe pas, un Etat qui crée une organisation plus efficace qu’une entreprise privée bien gérée. Seul l’homme libre sait créer de bons services, jamais le fonctionnaire dont l’emploi est protégé quoi qu’il décide, et qui n’est pas motivé à chercher améliorer son produit et à économiser de l’argent par la même occasion. Un patron attentif réfléchit constamment à offrir mieux et plus. Un fonctionnaire réfléchit à sa 5e semaine de congés.
    • Le résultat de la mainmise socialiste, c’est que votre économie n’est pas entrée dans le troisième millénaire. Ayant raté le départ, le pays va s’appauvrir de plus en plus. Qu’un pays comme la France n’ait produit aucune entreprise nouvelle de renommée mondiale depuis 1980 est une chose tragique, et chaque français aurait dû s’en émouvoir au lieu de réclamer le maintien de ses avantages acquis.
    • Les Français n’ont plus le ressort pour faire des enfants. Plus assez d’argent, plus assez de temps, plus assez de confiance en leur avenir – ils ne pensent pas que la France qu’ils vont laisser à leurs enfants sera meilleure que celle que leurs parents leur ont laissée.
      Et si vous ne faites pas assez d’enfants, ce sont les immigrés qui vont vous noyer. Et vu l’état des pays d’où ils viennent, on peut dire sans prendre beaucoup de risque qu’ils ne sont pas les moteurs d’une économie vibrante, et encore moins des inventeurs : si ceux qui restent en Afrique sont les meilleurs (on accuse souvent les pays d’envoyer les pires), et bien vu le résultat, ils ne sont pas brillants, « les meilleurs ». Et si c’est l’inverse, on peut dire que s’ils se sont enfuis les jambes à leur cou au lieu d’améliorer et enrichir le pays où leur cœur est attaché, c’est qu’ils n’ont aucune idée de la façon de faire.

    Conclusion

    Je ne vois pas ce que la souveraineté et le mondialisme viennent faire dans tout ça. Je m’étonne que vous citiez l’Italie qui cherche des solutions, au lieu de la Suisse qui les a depuis plus d’un siècle et à qui il suffirait de demander conseil.

    A quoi ça sert d’être souverain si vos dirigeants sont incapables de prendre de bonnes décisions – et vous n’avez aucun politicien, même en fouillant bien chez les plus jeunes, qui comprend ce qui vous arrive (ils parlent politique, grandes idées et grands principes qu’ils définissent souvent de travers) et comment en sortir. Ils s’enivrent de mots et d’idées abstraites, critiquent l’une et encensent l’autre, alors que vos problèmes sont terre à terre, que les solutions existent, tout près de chez vous bandes de chanceux.

    Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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    Source : https://www.dreuz.info/

  • La guerre des monnaies, par Olivier Pichon.

    Yuan contre dollar : la monnaie, valeur d'échange, a conquis une dimension politique. L'extraterritorialité abusive du dollar va-t-elle aboutir à donner aux Chinois un outil légitime de contrôle interne et externe, au détriment des États-Unis ?

    5.jpgCette guerre a commencé dès le XXe siècle au lendemain de la Grande Guerre quand le jeune dollar des années 20 commençait à tailler des croupières à la vieille lady, la livre sterling que Churchill, alors chancelier de l’Échiquier, voulut rétablir dans son antique splendeur en la rendant convertible en or (convertibilité suspendue à cause de la guerre) : il ruina consciencieusement l’industrie britannique devenue trop chère mais fit les beaux jours de la City.

    Le temps du roi dollar

    La suprématie du dollar fut affermie à Bretton Woods, en 1944, lorsque la thèse américaine l’emporta au cours de cette fameuse conférence à laquelle assistait Keynes, qui recommandait une monnaie internationale, le bancor. La thèse adverse, émise par un certain White, voulut avec succès opposer le dollar à ce bancor. Il est vrai que les États-Unis représentaient l’offre de production et que le reste du monde, ravagé par la guerre, représentait la demande. Quoi de plus facile alors que de faire de la monnaie américaine la devise mondiale ? De surcroît convertible en or sur demande des états participants (l’URSS n’en faisait pas partie) à condition de dégager des excédents de leur commerce extérieur, lesquels, payés en dollars, pouvaient donc être convertibles en or (70 % du stock d’or monétaire mondial en 1945). Ce que fit le général de Gaulle, la prospérité revenue, avec les excédents du commerce extérieur, conseillé en cela par Jacques Rueff.

    « Notre monnaie, votre problème »

    L’émission inconsidérée de dollar (commerce extérieur, guerre du Vietnam, euro-dollars) conduisit à la rupture du lien avec l’or au cours de l’été 71. On sait que cette rupture entraîna la hausse de l’énergie et provoqua la fin de la période des Trente Glorieuses. Dès lors, la valeur des monnaies devint fonction de leur demande ou leur offre sur les marchés, on appela cela les changes flottants ou flexibles (si on était optimiste). Mais, si l’on sait assez bien que cette rupture fut une cause de la crise, on voit moins qu’elle ouvrait aussi la page redoutable de la financiarisation de l’économie mondiale et l’invention de produits dit dérivés dont le caractère spéculatif n’avait d’égal que leur dangerosité financière. Paradoxalement, c’est au moment où la monnaie ne vaut plus rien que se vérifient les intuitions de Marx et de Weber sur la monnaie comme bien en soi et objet de marché. Néanmoins le privilège de l’Amérique devenait exorbitant puisqu’il n’y avait plus l’obligation de l’assise métallique : « le dollar est notre monnaie et votre problème » pouvait dire John Connally, secrétaire au Trésor de Nixon (août 1971), dans ce qui restera une date majeure de l’histoire monétaire. Perturbée par les changements erratiques de parité (le système de Bretton Woods avait établi une parité fixe des monnaies), une délégation européenne était venue se plaindre auprès de John Connally, en vain. Il restait aussi un autre privilège, beaucoup moins connu, que nous avions évoqué dans Politique Magazine d’octobre 2019 : le privilège d’extraterritorialité que s’octroie l’oncle Sam. Tout utilisateur du dollar est soumis à la loi américaine mais plus précisément, c’est moins connu, au FCPA : Foreign Corrupt Practice Act[1]. Cette loi date de 1977, à la suite de l’affaire du Watergate et surtout l’affaire Lockheed. Sous couvert de lutte contre la corruption, elle va devenir une véritable machine de guerre ciblant principalement les grandes entreprises européennes. C’est ainsi que l’Amérique (General Electric) pourra s’emparer d’Alstom.

    Guerre économique USA-Chine

    La question d’une alternative à cet ordre dollarisé a été posée un temps par l’euro, qui s’est néanmoins avéré incapable de rivaliser ; il est douteux d’ailleurs que celui-ci ait été voulu comme tel, même si une partie de l’opinion le souhaitait comme instrument d’une Europe-Puissance, la vassalisation étant trop prononcée dans le personnel européen. L’euro est une monnaie d’échange intra-européenne, mais il ne sert pas assez à acheter du pétrole, du blé, du cacao ; des pays se sont essayé à commercer en euro, mais la matraque étatsunienne était là pour les en empêcher.

    La Chine n’entend pas se laisser dominer par l’Amérique et vise le premier rang mondial, mais les États-Unis disposent encore d’une arme redoutable, le dollar, avec son cortège de sanctions, taxes, droits de douanes, et interdictions, copiés par les Chinois. Il s’agit donc pour la Chine de tailler à son tour des croupières à son rival, tâche difficile puisque tout le monde veut encore du dollar, les banques surtout, et que l’Amérique peut interdire à toute entreprise qui utilise le dollar de commercer avec un pays déclaré ennemi (Corée du Nord, Iran). La Chine a donc tenté d’imposer le yuan comme monnaie d’échange international.

    Modalités de la guerre monétaire

    Mais qui veut des yuans ? Pour l’heure, assez peu de monde, en vérité. Le yuan ne représente que 4 % des transactions mondiales. Seule peut-être la Russie vend ses hydrocarbures et achète en yuan des produit manufacturés (accords de Shangaï). Mais cela ne pèse guère pour faire du yuan une devise. La dévaluation compétitive (déprécier sa monnaie sur les marchés) permet de stimuler les exportations et de préserver le marché national puisque les prix des marchandises importés enchérissent (Trump ayant intelligemment utilisé les droits de douane pour freiner ces très importantes importations de produits chinois). Mais la contrepartie de cette dépréciation pèse sur le prestige de la monnaie, son attractivité. Nous sommes là dans une guerre qui n’est pas sans rappeler la crise des années 30, dévaluations en chaîne et protectionnisme.

    Pour sortir de l’impasse, la Chine a donc choisi une autre solution : le yuan ne parvient pas à s’imposer comme devise, qu’à cela ne tienne, il sera numérique : l’e-yuan est né !

    Cyber monnaie pour une cyber guerre

    Il s’agit d’échapper à l’étau du dollar mais aussi à ses circuits, soit le produit et le moyen de sa circulation, en créant une monnaie numérique, comme le bitcoin et toutes les monnaies numériques libres qui échappent à cette tutelle. Mais – et la différence est énorme –, ces monnaies ne sont pas discrétionnaires, elles sont le produit du seul marché. La Chine reste une dictature et, si elle a fait ses preuves numériques dans la surveillance de ses citoyens, elle ne saurait renoncer à son monopole d’émission de l’e-yuan, dont elle est en train d’accélérer le programme d’émission. Celui-ci lui permettrait de surcroît de contrôler immédiatement toutes les transactions faites par les Chinois, plus de contrôle a posteriori, coûteux et laborieux. Celui qui s’avise de ne pas traverser dans les clous est déjà fiché par reconnaissance faciale, il le sera aussi pour toute transaction suspecte, un vrai bonheur pour les banquiers et les politiques. L’e-yuan DCEP (Digital Currency Electronic Payment) doit donc remplacer le yuan, sous sa forme physique. Les deux monnaies ont la même fonction. Elle est distribuée par les banques nationales à leurs clients, sous contrôle de la banque centrale chinoise. Les premiers tests se déroulent depuis ce mois d’avril dans des villes choisies par le gouvernement. L’e-yuan pourrait donc aider Pékin à renforcer sa position sur la scène internationale, notamment en Afrique où la Chine gagne du terrain et où des dirigeants et des gouvernements subissent de plus en plus des sanctions économiques (pas toujours infondées, il est vrai) de la part de Washington. Pour Linghao Bao, analyste chez Trivium China, la principale raison de création de l’e-yuan est « d’égaliser les règles du jeu », entendez avec les Américains. Les chances de réussite internes sont grandes pour cet e-yuan. Une application pourrait permettre le paiement avec les téléphones portables, qui joueraient une fois de plus le rôle de portefeuille.

    Il reste qu’on ne voit pas encore cet e-yuan assurer les paiements sur les marchés internationaux et être recherché pour les achats en Chine, mais la technologie va vite et l’histoire aussi. Le dollar a néanmoins encore de belles années devant lui et ne doutons pas que son pays saura prolonger le « In God We Trust » pour quelque temps encore.

     

    [1] .  Wikipedia : « Le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) est une loi fédérale américaine de 1977 pour lutter contre la corruption d’agents publics à l’étranger. […] Elle concerne l’ensemble des actes de corruption commis par des entreprises ou des personnes, américaines ou non, qui sont soit implantées aux États-Unis, soit simplement cotées en bourse sur le territoire américain, ou qui participent d’une manière ou d’une autre à un marché financier régulé aux États-Unis. […] Par extension, le simple fait d’avoir établi une communication téléphonique ou envoyé un courriel transitant via le territoire américain permet l’application du FCPA. »

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Un RN gentil avec les institutions supranationales, ça n’intéresse personne!, par Laurent Lemasson.

    Marine Le Pen a le pétrole, sans les idées

    Louis Aliot reçoit Marine Le Pen dans la mairie de Perpignan, le 3 juillet 2021. Il lui a remis la médaille de la ville, et un bouquet de fleurs © Alain ROBERT/SIPA Numéro de reportage : 01026543_000044

    Fragilisée par ses récents résultats électoraux décevants, Marine Le Pen essuie des critiques sur sa stratégie politique. Elle anime ce week-end le congrès de son mouvement à Perpignan, où elle devrait être réélue confortablement. Mais a-t-elle bien pris conscience de la « maladie du Rassemblement National », principal obstacle devant elle pour accéder au pouvoir ?

    Les économistes ont identifié depuis longtemps une étrange pathologie qu’ils ont nommée « maladie hollandaise » et qui porte aussi parfois le nom de « malédiction des matières premières ». La « maladie hollandaise » fait référence à ce qui advint aux Pays-Bas après la découverte de vastes gisements gaziers, notamment en mer du Nord : les revenus d’exportation des Pays-Bas augmentèrent certes spectaculairement, mais dans le même temps leur industrie se mit à décliner. De la sorte que leur potentiel de production décroissait à mesure que leur richesse monétaire augmentait.

    Cet effet s’explique assez facilement par une combinaison de facteurs : l’augmentation brusque des exportations du pays, sous la forme de matières premières, provoque une appréciation de sa monnaie, ce qui dégrade la compétitivité-prix des producteurs locaux ; la main d’œuvre et les capitaux se déplacent vers le nouveau secteur très rémunérateur des matières premières, et leur coût augmente donc pour les autres secteurs de l’économie ; dans les pays dirigés par une oligarchie kleptocratique, celle-ci a tôt fait de s’approprier la rente issue des matières premières, ce qui lui permettra de perpétuer sa domination en distribuant des subsides, détournant ainsi un peu plus la population de tout travail productif, etc.

    Salade marinière sauce hollandaise

    Cet effet a pu être observé dans un grand nombre de pays à l’époque moderne, et le terme de « maladie hollandaise » date des années 1960, mais il est finalement aussi vieux que les échanges économiques eux-mêmes. La maladie hollandaise n’est pas substantiellement différente de l’anémie économique qui frappa l’Espagne à partir de la découverte des mines du Potosi, au milieu du 16ème siècle. On pourrait même dire que la fable du roi Midas est une mise en garde contre la « maladie hollandaise », et plus largement contre le bullionisme, à savoir la croyance que la richesse réside dans la possession d’une grande quantité d’or et d’argent.

    Les dernières élections régionales sonnent comme un avertissement : le bon temps où il suffisait de forer pour que jaillisse le pétrole est révolu

    La maladie hollandaise traduit dans le fond une vérité toute simple, et que vos grands-parents vous ont peut-être enseignée : la seule véritable richesse réside dans le travail et dans l’inventivité, dans l’huile de coude et le jus de cerveau, et la richesse que vous acquérez « en dormant » est bien plus souvent une malédiction qu’une bénédiction.

    Peut-être, dans quelques années, les politologues s’aviseront-ils qu’il existe l’équivalent en politique de la maladie hollandaise, et ils la nommeront : « la maladie du Rassemblement National ».

    Marine Le Pen, et ceux qui la suivent, se sont trouvés à la tête d’un vaste gisement de voix, constitué par les efforts de son père, et surtout par l’impéritie de tous les partis politiques qui se sont succédé au pouvoir depuis bientôt un demi-siècle. La diabolisation du Front National, orchestrée par ces partis pour conserver leur oligopole, a en effet eu pour conséquence de faire de celui-ci le réceptacle naturel et à peu près unique de tous les mécontentements et de toutes les colères que leur politique de destruction de la France ne pouvait manquer d’engendrer.

    Ayant ainsi constitué une confortable rente électorale, apparemment inépuisable, les héritiers du Front ont pu se comporter en rentiers de la politique sans avoir jamais accédé aux responsabilités nationales, se contentant de forer leur réservoir à chaque élection en attendant que la décrépitude de tous les autres leur ouvre les portes de l’Élysée, à peu près comme le fruit mûr tombe de l’arbre.

    Tout ce qui n’était pas exploitation de la rente a été peu à peu laissé à l’abandon, et notamment le travail intellectuel préalable et acharné, qui seul permet de forger l’arsenal qui vous sera absolument nécessaire si vous accédez aux plus hautes responsabilités. Car, dès le soir de l’élection, et même dès la campagne, vous entrez dans le maelstrom pour n’en sortir qu’à la fin de votre mandat. Si vous n’arrivez pas sérieusement préparé, ayant longuement médité sur l’état du pays, ses ressources, ses besoins, ce qui lui serait nécessaire, les buts que vous devrez poursuivre, les moyens que vous pourrez employer et les oppositions que vous allez rencontrer, vous ne serez rapidement qu’un vaisseau démâté au milieu de la tempête et dont tout l’effort se réduit à ne pas couler. 

    Inertie intellectuelle et rente électorale

    Or, tout au Rassemblement National traduit l’inertie intellectuelle et la conviction paresseuse et fausse que la seule science requise est celle de mener une campagne électorale et que, pour le reste, on verra bien quand on y sera. Pour ne pas dire qu’y flotte un parfum plus que tenace d’anti-intellectualisme.

    La dernière sortie de Marine Le Pen au sujet de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en est une parfaite et énième illustration. La présidente du RN a en effet récemment déclaré au micro de Jean-Jacques Bourdin, qu’il ne lui paraissait plus « utile » de sortir de la CEDH, que l’on pouvait « beaucoup faire avec la CEDH », à la seule condition que ladite convention « ne nous empêche pas de nous protéger » et qu’il faut juste rappeler à la cour quel est « son périmètre ». La déclaration était quelque peu embrouillée dans les détails, mais son sens général était néanmoins clair : on se confrontera à la CEDH si celle-ci nous empêche d’appliquer notre programme.

    De trois choses l’une, me semble-t-il. Soit, à ce stade avancé de sa carrière politique, Le Pen n’a pas encore compris que non seulement la CEDH mais aussi la jurisprudence du Conseil Constitutionnel (et, dans une moindre mesure, celle du Conseil d’État) rendent son programme strictement inapplicable, et en ce cas elle démontre qu’elle est indigne d’accéder aux responsabilités auxquelles elle aspire.

    Soit son programme a évolué au point de devenir compatible avec la jurisprudence des cours susmentionnées, et en ce cas elle démontre que son accession au pouvoir ne présente aucun intérêt pour le pays, puisque son programme est devenu substantiellement identique à ceux des partis qu’elle prétend supplanter. Mieux : étant donné que son élection plongerait le pays dans de grandes convulsions inutiles, à cause du grand nombre d’esprits faibles qui continuent à être persuadés que le Rassemblement National est à peu près l’équivalent du NSDAP – en pire –, elle a démontré qu’il était mieux pour la France qu’elle n’accède jamais au pouvoir.

    Soit elle croit plus habile, l’élection approchant, de mettre en sourdine les questions européennes, au sens large, et de laisser croire que son élection ne signifiera pas nécessairement un affrontement direct et immédiat avec ces institutions supranationales. Ce qui signifie que, pour augmenter ses chances d’être élue – pense-t-elle – elle est prête à arriver à la tête de la France sans mandat clair pour extirper notre pays des sables mouvants juridiques dans lequel celui-ci est en train de s’épuiser, et de mourir. Elle accepte donc la perspective d’une guerre d’usure plutôt que d’une bataille décisive avec la CEDH, mais aussi avec la Cour de justice de l’Union européenne, le Conseil Constitutionnel, et tout l’appareil juridico-administratif qui aujourd’hui gouverne de facto à la place des représentants élus. Ce qui signifie qu’elle n’a absolument pas compris la situation qui sera la sienne si elle venait à être élue, les forces dont elle disposera et celles dont dispose l’ennemi. Pour gagner peut-être demain, elle accepte de perdre à coup sûr après-demain et de se retrouver aussi impuissante que ceux qui l’ont précédée ces dernières décennies.

    Dans tous les cas la conclusion est la même : voter pour elle est aussi inutile que pour tous les autres. L’électeur moyen du Rassemblement National ne raisonne vraisemblablement pas comme je l’ai fait, mais il se pourrait bien que, par d’autres voies, il parvienne à peu près aux mêmes conclusions que moi. Les dernières élections régionales sonnent comme un avertissement : le bon temps où il suffisait de forer pour que jaillisse le pétrole est sans doute en train de tirer à sa fin. Et, malheureusement pour lui, le RN n’a aucune autre ressource à sa disposition. Juste ses yeux pour pleurer, lorsque le gisement sera épuisé.

     

     Laurent Lemasson

    Source : https://www.causeur.fr/

  • SOLIDARITÉ KOSOVO !... : CONVOI D’ÉTÉ 2021 : DU MATÉRIEL POUR LES ÉCOLIERS DU KOSOVO-MÉTOCHIE

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    Site officiel : Solidarité Kosovo

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    CONVOI D’ÉTÉ 2021 : DU MATÉRIEL POUR LES ÉCOLIERS DU KOSOVO-MÉTOCHIE

    En juin 2021, une équipe de volontaires français s’est rendue auprès des habitants des enclaves serbes du Kosovo-Métochie pour y distribuer du matériel scolaire aux enfants d’une dizaine d’écoles et témoigner de l’amitié de milliers de Français. Un convoi d’été qui n’avait pas eu lieu depuis près de dix ans, que nos volontaires ont tenu à organiser en raison de l’aggravation de la situation, tant sanitaire que sécuritaire, au Kosovo, et qui a été un nouveau beau succès pour Solidarité Kosovo. Nous vous en racontons certains moments clés.

     

    Dimanche 13 juin, Belgrade. Nos volontaires retrouvent Arnaud Gouillon, Président de Solidarité Kosovo, pour un dernier briefing avant de prendre la route vers le Kosovo-Métochie. Rappel des règles de sécurité pendant tout le convoi et de l’attitude à tenir au passage administratif. Pas d’inquiétude particulière, mais on ne sait jamais : quand Arnaud a été arrêté et interdit de séjour, rien n’avait pu le laisser deviner ; la prudence reste donc de mise, comme à chaque convoi. Arnaud nous demande de saluer de sa part tous nos amis du Kosovo-Métochie, et nous prenons la route pour six heures de voyage.

    Avant même d’arriver au Kosovo, nous vivons un moment amusant et touchant : à quelques kilomètres du passage administratif, nous faisons une pause pour nous désaltérer dans une petite ville. Nous nous installons à une terrasse bien remplie et bruyante : sur une télévision installée là, Novak Djokovic est à quelques points de remporter la finale de Roland-Garros… ce qu’il fait rapidement, sous les vivats des clients du bar. Nous nous amusons de vivre ce moment ici, en Serbie, si bien qu’un de nos voisins comprend que nous sommes Français, s’approche de nous, nous parle de sa fille qui vit à Orléans, et nous offre une tournée pour fêter cette victoire, notre rencontre et l’amitié entre nos deux peuples. Surréaliste, ce moment nous plonge d’emblée dans le bain.

    Lundi 14 juin au matin, nous retrouvons nos amis Milovan et Marko devant l’entrepôt du bureau humanitaire de Gracanica. Joie des retrouvailles pour certains, joie de la rencontre et de la découverte pour d’autres. Nous nous mettons au travail : il y a deux palettes de matériel scolaire, récolté en France par plusieurs associations franco-serbes, à trier, à mettre dans des cartons plus petits, à charger dans les trois fourgons qui composeront ce convoi.

    À partir de ce moment-là, les journées s’organiseront de la façon suivante : le matin, tournée des écoles pour distribuer ce matériel aux enfants (qui n’ont classe que le matin en cette fin d’année scolaire) ; l’après-midi, rencontres et visites diverses. Sur le papier, c’est un peu monotone ; en vrai, chaque nouvelle rencontre est une nouvelle histoire à découvrir, dure, touchante, joyeuse, encourageante, et tout ce qu’on peut trouver entre tout ça sur la palette des émotions.

    Il y aura Pavle et Sava, deux jeunes frères élèves de la même école, qui nous marqueront par l’évidente misère dans laquelle ils vivent. Vêtements usés, chaussures trouées sans chaussettes… Milovan nous en dira plus sur leur quotidien : ils vivent avec leurs parents et leurs cinq frères et sœurs dans une maison vide où les seuls meubles sont constitués de planches en bois posés sur des parpaings. Nous demandons les âges des enfants et laissons un carton entier de vêtements et de chaussures pour toute la famille. Puis nous partons le cœur gros de n’avoir pu faire plus.

    Pavle et Sava observent les volontaires préparant la distribution.

    Il y aura cette école où nous sommes accueillis par seulement cinq élèves. Cinq enfants qui n’ont pas d’autres amis que chacun des quatre autres… Malgré le planning chargé ce jour-là, nous improvisons un match de foot dans le pré qui sert de cour de récréation. En repartant, Milovan confie à un volontaire qui l’accompagne qu’il lui arrive de pleurer en pensant à ces enfants : « Ils font partie de ceux qui ont la vie la plus difficile de tout le Kosovo-Métochie, leurs parents sont non seulement très pauvres, mais surtout terriblement isolés, alors que c’était une région très peuplée avant la guerre. » Le long de la route, des ruines se succèdent pendant plusieurs centaines de mètres…

    Qu’importe le planning : l’isolement de cette école nous incite à improviser une partie de football avec ces enfants qui vivent si seuls…

    Il y aura ces enfants qui chanteront pour nous deux chansons traditionnelles serbes du Kosovo dans leur école posée au milieu de collines couvertes de coquelicots, chansons qu’ils connaissent sur le bout des doigts et chantent avec beaucoup de cœur.

    Dans cette salle de classe, une chorale s’improvise, qui nous interprète des chants traditionnels serbes du Kosovo, que tous les enfants connaissent par coeur.

    Il y aura ce directeur d’école, très digne, qui nous affirmera ne manquer de rien… sinon de la liberté. Mais refusant de se plaindre des conditions matérielles dans lesquelles il est contraint de faire son travail : « J’ai des locaux en relativement bon état, j’ai des manuels, j’ai même quelques ordinateurs… Je ne suis pas à plaindre, beaucoup n’ont rien de tout ça. » Et de terminer en nous demandant de simplement revenir les voir : « C’est ça dont nous avons le plus besoin : de savoir que nous ne sommes pas abandonnés. Même les mains vides, revenez nous voir ! » Une phrase que nous entendons souvent et qui reste toujours aussi émouvante pour nos volontaires.

    Il y aura cette enclave où le Père Serdjan a tenu à nous emmener parce qu’il y a un an et demi, pendant le convoi d’hiver, nous étions restés coincés par la neige gelée au début du chemin qui y mène. Chemin dont nous mettrons plus d’un quart d’heure à atteindre le bout, un quart d’heure de virages à flanc de collines, avec parfois quelques centimètres à peine entre nos roues et le bord du ravin. Là-haut, quelques familles avec des enfants effrayés par ces inconnus… Nous sommes sans aucun doute les premiers étrangers qu’ils voient. Une de nos volontaires devra déployer des trésors de persuasion pour parvenir enfin à obtenir un sourire discret de l’un d’eux. Nous repartirons en laissant plusieurs cartons.

    Sommes-nous les premiers inconnus que voient ces enfants qui vivent dans une enclave perdue au bout d’un long chemin de terre défoncé, qu’on ne peut prendre quand il y a de la neige ?

    Il y aura ces chants qui feront résonner les murs du Centre culturel de Gracanica à l’occasion des 700 ans de la fondation du monastère : « Cette jeune fille s’est avancée sur la scène, raconte un volontaire, puis a commencé à chanter. Mes très légères connaissances en serbe m’ont permis de comprendre qu’elle répétait “Nedam”, “Je ne donne pas”, puis qu’elle énumérait tout ce qu’elle ne donnerait pas : sa terre, ses églises, son village, ses montagnes… tout le Kosovo semblait être décrit dans son chant, déchirant et plein d’espérance à la fois. Et je revoyais moi aussi ces villages, ces églises, cette terre, que j’ai appris à aimer depuis quelques années que j’ai le bonheur de les parcourir pour en aider les habitants. Et je pleurais, de tristesse qu’il soit nécessaire de chanter ce chant, et de joie qu’il soit chanté aussi

  • Michel Maffesoli: «la peur de la mort n’empêche pas de mourir, mais de vivre», par Jérôme Blanchet-Gravel.

    Le sociologue Michel Maffesoli sur le plateau de LCI, 2011 © IBO/SIPA Numéro de reportage : 00620381_000002

    Entretien avec le sociologue sur son livre "L’ère des soulèvements" (Cerf, 2021)

    Entretien avec le sociologue sur son livre, L’ère des soulèvements (Le Cerf, 2021). Propos recueillis par Jérôme Blanchet-Gravel

    6.jpgCauseur. La plupart des opposants au tout-sanitaire estiment que le Covid-19 signe l’entrée dans un monde du contrôle aseptisant, alors que vous annoncez plutôt la fin de ce monde, après une série de révoltes. C’est une différence notoire. À l’heure du passeport sanitaire, comment justifiez-vous ce constat?

    Michel Maffesoli. Voilà de nombreuses années que j’analyse la césure existant entre l’opinion publique et l’opinion publiée, entre le peuple et les élites, ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire. Très clairement, la crise du Covid est utilisée comme une tentative d’imposer une tyrannie sanitaire, mais on peut constater, au-delà ou en deçà de la servitude volontaire imposée par la peur, un grand nombre de révoltes. Non pas une révolution, mais de multiples soulèvements aux formes variées.

    Bien sûr, ces mouvements s’inscrivent dans des formes tout à fait nouvelles de rassemblement. Ce ne sont plus des contestations du pouvoir, mais plutôt un pas de côté, une manière d’être ensemble sans finalité, une communion émotionnelle qui s’épuise dans l’instant même. Les flash mob « Nous voulons continuer à danser ensemble » en étaient une illustration joyeuse et revigorante, comme les nombreuses fêtes « sauvages » qui traduisent un besoin profondément humain de relations sociales, de contacts physiques, de rites de retrouvailles. Il ne s’agissait pas d’un divertissement égoïste comme on a voulu le faire croire, mais de l’expression anthropologique de ce qui fonde l’humain, l’humanisme. La manifestation physique, sensorielle, sensible de l’essence de l’homme : un animal social.

     

    L’une des originalités de votre thèse est d’affirmer que le confinisme repose sur un individualisme exacerbé, alors que le discours médiatique insiste sur le caractère altruiste et collectif des mesures. Doit-on parler d’une novlangue sanitaire?

    L’idéologie du « service public » est depuis longtemps le fait pour les gouvernants de faire le bien des gens contre leur gré, ou en tout cas, sans qu’ils puissent définir ce bien. J’ai analysé ce « totalitarisme doux » dans un de mes premiers ouvrages, en 1979, La Violence totalitaire. Toutes les tactiques déployées durant cette crise visaient à empêcher les rassemblements, les relations sociales, les rapprochements. Au profit d’un bien commun défini par l’État, de manière abstraite. Les conséquences de la gestion de la crise ont été l’isolement des personnes, parfois jusqu’à leur mort, et le développement de comportements antisociaux : distance, repliement et mise à mal des solidarités de proximité, voire agressivité et délation. Le discours dit altruiste prétendant justifier la vaccination de masse, outre le fait qu’il est « scientifiquement » non prouvé, se fonde sur une conception étatiste et collectiviste du bien commun : une solidarité abstraite. Cela est d’autant plus infondé que les gouvernants nous avertissent que la vaccination ne fera pas disparaître les gestes barrières, c’est-à-dire l’empêchement de se toucher, de s’embrasser, de manifester corporellement ses sentiments, pas plus d’ailleurs qu’elle n’a mis fin à l’isolement barbare et cruel que nous faisons vivre aux personnes âgées, acculées à mourir seules.

     

    Vous parlez à la fois d’une « domestication stricte des masses » et de rébellions imminentes. N’y a-t-il pas une tension ?  

    Oui bien sûr, vous avez raison : on assiste à un asservissement parfois volontaire et la majorité des citoyens paraît se conformer aux injonctions gouvernementales et jouer le jeu de la guerre contre le virus. Mais le pouvoir aurait tort de penser qu’il a dompté le peuple. Trop d’imposition finira par pousser à la révolte même les plus dociles, et d’ores et déjà on voit se multiplier les points de révolte. Non pas un grand mouvement révolutionnaire, mais des séquences de soulèvements, dans lesquels les personnes tentent de retrouver un plaisir d’être ensemble. Les diverses manifestations qui se tiennent maintenant de manière récurrente à Paris, à Londres, à Sao Paolo, à Montréal, mais également dans nombre de petites villes de France, voire des villages, témoignent de ces rébellions pour l’heure non violentes, mais qui risquent de se durcir si elles sont empêchées trop violemment. On n’agite pas le spectre et les mots de la guerre impunément. À force de jouer au chef de guerre au nom d’un rationalisme insensible et d’une science scientiste, le pouvoir met en marche des forces souterraines qu’il peinera à terme à maîtriser.

     

    Il n’y a vraiment plus d’issue pour la classe politique, même pour les politiciens dits populistes qui s’adressent aux laissés-pour-compte?

    Ce que j’analyse dans L’ère des soulèvements, ce sont des mouvements de fond qui parcourent la société contemporaine depuis plusieurs décennies. La déconnexion des élites par rapport au peuple se manifeste de diverses manières: abstention lors des élections, protestations diverses, mais aussi multiplication d’ilots de résistance, occasionnels ou plus pérennes. Toutes ces manifestations ont en commun de privilégier le présent immédiat, le plaisir d’être ensemble, le besoin de communions émotionnelles plutôt que de viser une « prise de pouvoir » à long terme. Les formes traditionnelles des forces politiques, le parti, le syndicat…, sont dépassées, saturées, au profit de formes de rassemblements plus spontanés, plus horizontaux, plus affectifs. C’est pourquoi les politiciens dits populistes qui incarnent une vision souvent très conventionnelle du clientélisme sont aussi dépassés que les forces traditionnelles, par rapport à des mouvements comme les Gilets jaunes, ou comme les divers soulèvements en réponse à une gestion de la crise sanitaire hygiéniste et autocratique. Dans cet ouvrage, je montre comment la crise des Gilets jaunes et la crise Covid traduisent cette césure entre le peuple et toutes les élites.

    Force est de constater que durant cette crise, les médias mainstream, les politiques de tous bords, les hauts fonctionnaires, les notabilités dites scientifiques ont témoigné à l’égard de ceux qui n’adhéraient pas à leurs analyses d’un mépris et d’une arrogance sans nom. Le dernier discours du président de la République est illustratif de cette condescendance de l’élite technobureaucratique à l’égard du petit peuple « non éduqué ».

     

    Le 15 mai dernier, dans l’émission L’heure des pros sur les ondes de CNews, vous avez confié avoir reçu un vaccin contre le virus, alors que votre femme y était opposée. Vous ne craignez donc pas le vaccin comme tel, mais ce qu’on pourrait appeler « l’idéologie du vaccin » ?

    Je n’ai de compétences ni médicales ni scientifiques. Je pense que ma femme qui comme ancienne inspectrice générale des affaires sociales a suivi ces questions très précisément depuis le début de la crise, a sans doute raison de s’inquiéter de vaccins pour lesquels on a rapporté de nombreux effets secondaires. Elle est avant tout opposée à la vaccination des jeunes et bien sûr des enfants. Mon collègue Laurent Mucchielli, en bon sociologue quantitativiste, a analysé les chiffres de la pharmacovigilance de manière très convaincante sur son blog et dans une vidéo sur France Soir.

    Mais en même temps, je pense que face aux impositions d’un pouvoir surplombant, il faut ruser. J’ai envie de revoir mes amis au Brésil, en Italie, au Québec… Et je suis un vieux monsieur qui en tout état de cause ne va pas vivre éternellement. J’ai donc choisi de me faire vacciner, sans vraie conviction. Comme l’ont fait de nombreux amis autour de moi dans mon petit village de l’Hérault. On fait avec, on n’en pense pas moins. De manière plus universelle, il faut prendre en compte la finitude humaine. Une société équilibrée est celle qui sait ritualiser la mort sans la dénier. Ne l’oublions pas : la peur de la mort n’empêche pas de mourir, mais empêche de vivre.

     

    Auteur et journaliste. Dernier livre paru: La Face cachée du multiculturalisme (Éd. du Cerf)
  • ”Clarifier” donne carte blanche à Jean-François Chemain, pour une Petite histoire de la conquête islamique...

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    Jean-François Chemain est diplômé de Sciences Po Paris, agrégé et docteur en Histoire. Il a enseigné durant 10 années en ZEP, dans la région lyonnaise. Il est auteur de nombreux ouvrages sur la France, la laïcité et l’islam

    Petite histoire de la conquête islamique

    Dans une vidéo aisément consultable sur le net, l’ayatollah chiite Sabah Hussieni Shobar affirme tranquillement : « La plupart des pays musulmans ont été conquis par l’épée, et alors ?  C’est notre devoir de musulman, Dieu nous le demande ! La seule vraie religion doit se propager par l’épée. Les armées musulmanes arrivent dans un pays, elles proposent la conversion, si les gens acceptent, tant mieux, sinon on les tue. Sauf les gens du Livre s’ils acceptent de payer l’impôt. Toutes les flatteries visant à apaiser les juifs et les chrétiens sont à cet égard inutiles ». Les choses ont le mérite d’être clairement résumées. Et elles se sont toujours bien passées ainsi.

    La bataille de Yarmouk (636), selon une illustration catalane du XIVe siècle (BNF, Wikimédia Commons)

    Lorsque, en 620, Mahomet commença d’avoir ses « révélations » coraniques, le bassin méditerranéen était entièrement chrétien depuis plus de trois siècles, le Décret de Thessalonique, promulgué par Théodose en 380 en ayant fait la religion officielle de l’Empire romain. Ce dernier subsistait encore en Orient sous le nom d’Empire byzantin, dirigé par un basileus se considérant comme le lieutenant du Christ sur Terre. L’Empire d’Occident avait pour sa part disparu, mais les royaumes barbares lui ayant succédé s’étaient tous convertis, à commencer par celui du Franc Clovis. Cette christianisation s’était effectuée, pour l’essentiel, pacifiquement, les trois premiers siècles ayant été marqués par la persécution, tant il est vrai que « le sang des martyrs est semence de chrétiens » (Tertullien). Mais il ne faut pas, pour être honnête, minimiser le fait que, devenu chrétien, l’Empire comme les royaumes germaniques, usèrent de la contrainte sur les païens et les hérétiques, en vertu d’un principe formulé plus tardivement (1555) : cujus regio, ejus religio (chacun doit suivre la religion de son royaume).

    L’irruption de l’islam changea la donne. Son expansion se fit brutalement puisqu’en 732, c’est-à-dire exactement un siècle après la mort de son « prophète », il avait pénétré au cœur de la Gaule. Par le sabre, et au galop rapide des chevaux arabes. Le prosélytisme violent fait en effet partie de son ADN. Le « verset du sabre » est à cet égard parfaitement explicite :

    « Lorsque les mois sacrés seront écoulés, combattez contre ceux qui associent (à Dieu) où que vous les trouviez, pressez-les, tendez-leur des embuscades, mais s’ils renoncent, font acte d’engagement et versent la contribution de solidarité, Allah pardonne, il fait miséricorde ».

    (IX,5)

    Le musulman doit faire la guerre au chrétien, parce qu’il associe un fils à Dieu, et ce jusqu’à ce qu’il se convertisse. En vertu de la règle de l’abrogation, évoquée dans notre précédent article, on admet que 120 versets « pacifiques » sont abrogés par ce « verset du sabre », qui figure dans la dernière sourate « révélée » à Mahomet. On a pu écrire que « l’islam est la sacralisation de la razzia bédouine » (Robert Lewis).

    Mahomet meurt donc en 632, et dès lors les armées musulmanes s’élancent à l’assaut du monde chrétien. Bornons-nous à égrener la litanie de leurs conquêtes : la Syrie (636), la Palestine dont Jérusalem (638), l’Egypte (642), la Cyrénaïque et la Tripolitaine (648). L’Afrique du Nord de Tertullien, saint Cyprien, Lactance et saint Augustin, est attaquée dès 649, mais ne tombe définitivement qu’en 711, au terme de huit campagnes militaires. Puis ce sont l’Espagne (714), la Provence (719), la Bourgogne (ravagée en 725, avec la destruction de nombreuses abbayes et le pillage de villes comme Sens, Langres, Autun), jusqu’au coup d’arrêt porté par Charles Martel à Poitiers (732).

    Les musulmans, après Poitiers, restaient implantés en Provence, autour de leur citadelle de la Garde-Freinet, dans ce massif des Maures qui leur doit son nom, comme sans doute la vallée de la Maurienne, s’y livrant à des pillages, des destructions d’églises et de monastères, l’enlèvement de personnes destinées à l’esclavage. Les activités esclavagistes musulmanes au détriment des populations chrétiennes d’Europe se sont étendues à l’ensemble du bassin méditerranéen, dès le début du IXe siècle. Les sarrasins allèrent jusqu’à enlever contre rançon l’abbé Maïeul de Cluny, en 972, près d’Orsières, dans le Valais, alors que celui-ci se rendait à Rome. Cet enlèvement choqua vivement et donna le signal d’un soulèvement général de la Provence, en 990. Les attaques sont incessantes : la Crète (827), la Sicile (830), Rome (846), les Baléares (902) … Le pape Jean II est surtout célèbre pour avoir personnellement dirigé l’armée qui réussit, en 915, à réduire la colonie arabe du Garigliano, à proximité de l’abbaye du Mont-Cassin. Au cours du même siècle (997), les armées d’Al-Mansur (« le Victorieux ») prenaient et pillaient Saint-Jacques-de-Compostelle, ce chef de guerre ne menant pas moins de 57 expéditions contre les chrétiens en Espagne.

    Après l’essoufflement de la conquête arabe, la deuxième vague d’invasion fut le fait des Turcs, face auxquels l’Empire byzantin céda régulièrement du terrain, à partir de la défaite décisive de Mantzikert (1071), face aux Seldjoukides, qui leur donna l’Anatolie. Le vieil Empire millénaire tomba définitivement en 1453, sous les coups cette fois d’une autre dynastie turque, les Ottomans. La route de l’Europe centrale était dès lors ouverte, et passèrent sous le joug, pour plusieurs siècles – nous emploierons ici, pour nous faire comprendre, les noms des États modernes – la Grèce, la Bulgarie, la Bosnie, la Serbie, la Croatie, la Roumanie, la Hongrie, le sud de la Russie (en 1571 un raid mené depuis la Crimée prenait Moscou et en ramenait la population, vendue en esclavage).

    Vienne, capitale des Habsbourg, fut à deux reprises (1529 et 1683) la pointe extrême de la progression turque en Europe, tandis que la flotte ottomane subissait une défaite symbolique à Lépante (1571). Cette dernière n’empêcha cependant pas la prise concomitante de Chypre et la destruction du dernier État croisé (son défenseur, Marc-Antoine Bragadin fut, malgré les promesses de clémence, écorché vif et sa peau ramenée à Constantinople).

    Après l’échec de la deuxième tentative viennoise, l’Empire ottoman déclina doucement au XVIIIe siècle, jusqu’à devenir « l’homme malade de l’Europe » au XIXe. Les Européens se grisèrent alors du sentiment de leur supériorité dans tous les domaines, jusqu’à considérer qu’elle serait définitive. Les peuples soumis des Balkans reconquirent les uns après les autres leur liberté, à l’exception notable de Constantinople, la Révolution russe ayant mis un terme au vieux rêve des tsars d’en refaire une capitale. Les Européens firent des colonies de l’Algérie, de la Tunisie, de la Libye, avant de démanteler ce qui restait de l’Empire ottoman au lendemain de la première guerre mondiale.

    Mais le patient projet islamique de conquête violente de la Terre n’a pas disparu. Comment le pourrait-il, puisqu’il est la volonté divine ? Le réveil musulman, partout dans le monde, est brutal. Il suffit pour s’en convaincre de consulter une carte des conflits actuels : la plupart se trouvent en périphérie du monde islamique. Car l’islam divise le monde en deux : le dar al-islam, ou territoire de l’islam, et le dar al-harb, ou territoire de la guerre.

    Il ne fait dès lors pas de doute que, quelle que soient les velléités pacifiques des millions de musulmans vivant désormais en Europe, petite partie de l’ancien Empire romain chrétien ayant échappé à la conquête islamique ou s’en étant libérée, le Livre sacré auquel ils se réfèrent leur demande toujours de faire la guerre aux chrétiens.

    Jean-François Chemain

  • L'industrialisation du bio : un piège mortel pour l'agriculture biologique.

     

    Par Jean-Philippe Chauvin 

    Éventuellement pour en débattre. Les méfaits de l'industrie agroalimentaire livrée à elle-même semblent en effet s'être étendus à l'agriculture dans son ensemble.  Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls qu'elle ait eu à subir. LFAR

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    Le Salon de l’Agriculture bat son plein [il a fermé entre-temps le 3 mars], avec son lot de promenades électorales et de cris d’enfants devant les animaux exposés, et il accueillera sans doute plus de 650.000 visiteurs, heureux pour certains de retrouver des odeurs d’avant, de celles du temps où chacun avait un parent paysan, un temps de plus en plus lointain pour une nostalgie de plus en plus imaginaire… Pourtant, la France possède encore plus de 27 millions d’hectares de Surface agricole utile (SAU), dont 2 millions d’agriculture biologique, ce qui n’est pas si mal mais encore insuffisant et bien moins qu’il y a un siècle quand l’agriculture n’était pas encore chimique et pétrolière. Mais la conversion de nombreux cultivateurs et éleveurs au bio est freinée par les retards de l’administration pour financer les aides promises, ce qui fragilise certains de ces nouveaux convertis et provoque la colère (éminemment légitime) de nombre de ceux-ci. D’autre part, une autre menace pèse sur les producteurs en agriculture biologique, c’est l’industrialisation qui risque bien de changer la nature même de cette forme d’agriculture réputée (et espérée) plus respectueuse de la nature comme des productions elles-mêmes. 

    Les grandes multinationales et les adeptes du capitalisme libéral, souvent fanatiques du Tout-Marché, ont saisi tout l’intérêt, pour leurs revenus de demain, du bio, et l’offensive pour imposer leur modèle et mettre la main sur cette agriculture est largement commencée, au grand dam de ceux qui, comme les écologistes intégraux*, préconisent une agriculture à taille humaine, vivante et « naturelle », une agriculture qui suit le rythme des saisons et laisse du temps au temps, une agriculture fondée sur le local et les circuits courts. 

    1929471531.jpgL’article de Jean-Francis Pécresse, paru dans Les échos (vendredi 22 février 2019), est tristement révélateur (et laudateur !) des appétits et des intentions du « capitalisme vert » qui n’est jamais que le même capitalisme « mondialisationniste » qui a gaspillé les ressources de la planète et ne raisonne qu’en termes de profits et de dividendes, selon la sinistre logique franklinienne du « Time is money ». Bien sûr, il se cache derrière le « consumérisme, défenseur des consommateurs », et il fera illusion, sans doute, profitant de la paresse intellectuelle d’un vaste public qui ne demande qu’à consommer encore et toujours en se donnant une vague bonne conscience « écologiste » (sic !). Et M. Pécresse, en bon libéral, nous fera encore et toujours le coup du « libre choix » qui, à bien y regarder, n’est jamais que le choix que le système agroalimentaire fera pour vous, « pour votre bien », forcément et faussement, en définitive… Eternelle ruse du globalitarisme ! 

    « Puisque cette agriculture respectueuse de l’environnement arrive à maturité, qu’un modèle économique semble exister avec des consommateurs prêts à payer plus cher, pourquoi faudrait-il se priver d’industrialiser le bio ? » : M. Pécresse nous refait le coup de la modernisation des années 1960-80 qui a entraîné l’endettement massif des paysans ; l’emploi massif des intrants phytosanitaires et le remplacement de l’énergie animale par l’énergie fossile et pétrolière, fortement polluante de l’atmosphère comme des eaux et des terres ; la destruction des paysages agricoles traditionnels par le remembrement dévastateur et la construction de hangars infâmes pour concentration de volailles ou de porcins condamnés à ne jamais voir ni herbe ni soleil avant le jour de leur abattage ; la dépendance des producteurs aux grands groupes semenciers et aux fournisseurs d’énergie ; « la fin des paysans », en somme et selon la triste expression du sociologue Henri Mendras… Veut-on vraiment refaire les mêmes erreurs avec les mêmes conséquences mortifères pour l’agriculture et les agriculteurs, pour les petites et moyennes exploitations, pour l’équilibre même des zones rurales ? Cela ne me semble pas souhaitable et, au-delà, cela me paraît condamnable. 

    Mais, d’ailleurs, M. Pécresse ne se cache pas derrière son petit doigt et il souhaite la fin du modèle initial de l’agriculture biologique, trop rigoureux à son goût et, bien sûr, à celui des grands acteurs de l’agroalimentaire : « Au sein du monde agricole, la nouvelle ligne de démarcation (…) passe entre ceux qui veulent à tout prix conserver des exploitations bio de petite dimension, à taille humaine, obéissant à des cahiers de charges toujours plus stricts, et ceux qui entendent, au contraire, développer des exploitations bio à grande  échelle, soumises à des obligations et des contrôles un peu moins sévères qu’aujourd’hui. (…) Il y a certainement une forme d’idéalisme dans le combat des puristes du bio (…) qui aimeraient que le label garantisse mieux le bien-être animal ou l’exclusion de toute semence hybride» Le propos de M. Pécresse est inquiétant et nous alarme sur la possible confiscation du bio par les grands profiteurs de l’agroalimentaire, avec des critères de moins en moins proches de la nature et du respect des paysages et de la biodiversité : car, qu’est-ce, par exemple, qu’une semence hybride, sinon une graine « dont la particularité est de ne pas repousser. De fait, les paysans deviennent dépendants des semences qu’ils doivent racheter car les variétés hybrides sont travaillées en laboratoire de manière artificielle afin de produire en grande quantité** » Ainsi, l’agriculture bio tomberait complètement sous la coupe de grands groupes semenciers ou agroalimentaires, et cela ruinerait tous les efforts de ceux qui souhaitent une agriculture plus soucieuse de l’environnement, de la biodiversité végétale comme animale et d’un modèle plus familial, mais aussi de l’indépendance maximale des producteurs, quelle que soit la taille de leur exploitation ou, pour nombre de particuliers, de leur potager. Là encore, ce n’est pas souhaitable ! 

    envol-etourneaux.jpgEt tout cela est annoncé et écrit par M. Pécresse sous le titre « Industrialiser le bio pour le démocratiser», qui nous rappelle, a contrario, la colère de Georges Bernanos qui avait bien saisi que la démocratie politique, celle qui se dit « représentative » dans nos sociétés contemporaines et loin des modèles antiques ou médiévaux, n’est rien d’autre que le règne légal du capitalisme, bien loin des libertés souhaitables et nécessaires des peuples de France. Il semble que les écologistes intégraux aient, aujourd’hui comme demain, le devoir de défendre le modèle d’une agriculture biologique fondé principalement*** sur les petites unités, familiales ou villageoises, et sur la volonté de « redéploiement rural » sur notre territoire national, condition de la vie et de la respiration de notre nation, sans méconnaître pour autant mais sans forcément valoriser la métropolisation « jacobine » qui, depuis quelques décennies, « dessèche » la France…  

    * Formule synonyme de royalistes si l’on se réfère à la naissance de la théorie de l’écologisme intégral au début des années 1980 sous la plume de Jean-Charles Masson, dans la publication de l’époque de l’Union Royaliste Provençale. 
    ** Extrait d’un article d’Anne-Sophie Novel, « Il y a bio et bio… », publié dans Le 1, 25 octobre 2017. 
    *** Ce soutien à la petite et moyenne exploitation agricole ne signifie pas un refus des grands domaines, mais plutôt la volonté d’un équilibre et d’une équité territoriales comme sociales, et le souhait d’une présence agricole plus nombreuse en emplois et en activités dans des campagnes (et, pourquoi pas demain, au cœur des villes) aujourd’hui menacées de désertification humaine comme d’uniformisation paysagère.

     Le blog de Jean-Philippe Chauvin