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"Clarifier" donne carte blanche à Jean-François Chemain, pour une Petite histoire de la conquête islamique...

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Jean-François Chemain est diplômé de Sciences Po Paris, agrégé et docteur en Histoire. Il a enseigné durant 10 années en ZEP, dans la région lyonnaise. Il est auteur de nombreux ouvrages sur la France, la laïcité et l’islam

Petite histoire de la conquête islamique

Dans une vidéo aisément consultable sur le net, l’ayatollah chiite Sabah Hussieni Shobar affirme tranquillement : « La plupart des pays musulmans ont été conquis par l’épée, et alors ?  C’est notre devoir de musulman, Dieu nous le demande ! La seule vraie religion doit se propager par l’épée. Les armées musulmanes arrivent dans un pays, elles proposent la conversion, si les gens acceptent, tant mieux, sinon on les tue. Sauf les gens du Livre s’ils acceptent de payer l’impôt. Toutes les flatteries visant à apaiser les juifs et les chrétiens sont à cet égard inutiles ». Les choses ont le mérite d’être clairement résumées. Et elles se sont toujours bien passées ainsi.

La bataille de Yarmouk (636), selon une illustration catalane du XIVe siècle (BNF, Wikimédia Commons)

Lorsque, en 620, Mahomet commença d’avoir ses « révélations » coraniques, le bassin méditerranéen était entièrement chrétien depuis plus de trois siècles, le Décret de Thessalonique, promulgué par Théodose en 380 en ayant fait la religion officielle de l’Empire romain. Ce dernier subsistait encore en Orient sous le nom d’Empire byzantin, dirigé par un basileus se considérant comme le lieutenant du Christ sur Terre. L’Empire d’Occident avait pour sa part disparu, mais les royaumes barbares lui ayant succédé s’étaient tous convertis, à commencer par celui du Franc Clovis. Cette christianisation s’était effectuée, pour l’essentiel, pacifiquement, les trois premiers siècles ayant été marqués par la persécution, tant il est vrai que « le sang des martyrs est semence de chrétiens » (Tertullien). Mais il ne faut pas, pour être honnête, minimiser le fait que, devenu chrétien, l’Empire comme les royaumes germaniques, usèrent de la contrainte sur les païens et les hérétiques, en vertu d’un principe formulé plus tardivement (1555) : cujus regio, ejus religio (chacun doit suivre la religion de son royaume).

L’irruption de l’islam changea la donne. Son expansion se fit brutalement puisqu’en 732, c’est-à-dire exactement un siècle après la mort de son « prophète », il avait pénétré au cœur de la Gaule. Par le sabre, et au galop rapide des chevaux arabes. Le prosélytisme violent fait en effet partie de son ADN. Le « verset du sabre » est à cet égard parfaitement explicite :

« Lorsque les mois sacrés seront écoulés, combattez contre ceux qui associent (à Dieu) où que vous les trouviez, pressez-les, tendez-leur des embuscades, mais s’ils renoncent, font acte d’engagement et versent la contribution de solidarité, Allah pardonne, il fait miséricorde ».

(IX,5)

Le musulman doit faire la guerre au chrétien, parce qu’il associe un fils à Dieu, et ce jusqu’à ce qu’il se convertisse. En vertu de la règle de l’abrogation, évoquée dans notre précédent article, on admet que 120 versets « pacifiques » sont abrogés par ce « verset du sabre », qui figure dans la dernière sourate « révélée » à Mahomet. On a pu écrire que « l’islam est la sacralisation de la razzia bédouine » (Robert Lewis).

Mahomet meurt donc en 632, et dès lors les armées musulmanes s’élancent à l’assaut du monde chrétien. Bornons-nous à égrener la litanie de leurs conquêtes : la Syrie (636), la Palestine dont Jérusalem (638), l’Egypte (642), la Cyrénaïque et la Tripolitaine (648). L’Afrique du Nord de Tertullien, saint Cyprien, Lactance et saint Augustin, est attaquée dès 649, mais ne tombe définitivement qu’en 711, au terme de huit campagnes militaires. Puis ce sont l’Espagne (714), la Provence (719), la Bourgogne (ravagée en 725, avec la destruction de nombreuses abbayes et le pillage de villes comme Sens, Langres, Autun), jusqu’au coup d’arrêt porté par Charles Martel à Poitiers (732).

Les musulmans, après Poitiers, restaient implantés en Provence, autour de leur citadelle de la Garde-Freinet, dans ce massif des Maures qui leur doit son nom, comme sans doute la vallée de la Maurienne, s’y livrant à des pillages, des destructions d’églises et de monastères, l’enlèvement de personnes destinées à l’esclavage. Les activités esclavagistes musulmanes au détriment des populations chrétiennes d’Europe se sont étendues à l’ensemble du bassin méditerranéen, dès le début du IXe siècle. Les sarrasins allèrent jusqu’à enlever contre rançon l’abbé Maïeul de Cluny, en 972, près d’Orsières, dans le Valais, alors que celui-ci se rendait à Rome. Cet enlèvement choqua vivement et donna le signal d’un soulèvement général de la Provence, en 990. Les attaques sont incessantes : la Crète (827), la Sicile (830), Rome (846), les Baléares (902) … Le pape Jean II est surtout célèbre pour avoir personnellement dirigé l’armée qui réussit, en 915, à réduire la colonie arabe du Garigliano, à proximité de l’abbaye du Mont-Cassin. Au cours du même siècle (997), les armées d’Al-Mansur (« le Victorieux ») prenaient et pillaient Saint-Jacques-de-Compostelle, ce chef de guerre ne menant pas moins de 57 expéditions contre les chrétiens en Espagne.

Après l’essoufflement de la conquête arabe, la deuxième vague d’invasion fut le fait des Turcs, face auxquels l’Empire byzantin céda régulièrement du terrain, à partir de la défaite décisive de Mantzikert (1071), face aux Seldjoukides, qui leur donna l’Anatolie. Le vieil Empire millénaire tomba définitivement en 1453, sous les coups cette fois d’une autre dynastie turque, les Ottomans. La route de l’Europe centrale était dès lors ouverte, et passèrent sous le joug, pour plusieurs siècles – nous emploierons ici, pour nous faire comprendre, les noms des États modernes – la Grèce, la Bulgarie, la Bosnie, la Serbie, la Croatie, la Roumanie, la Hongrie, le sud de la Russie (en 1571 un raid mené depuis la Crimée prenait Moscou et en ramenait la population, vendue en esclavage).

Vienne, capitale des Habsbourg, fut à deux reprises (1529 et 1683) la pointe extrême de la progression turque en Europe, tandis que la flotte ottomane subissait une défaite symbolique à Lépante (1571). Cette dernière n’empêcha cependant pas la prise concomitante de Chypre et la destruction du dernier État croisé (son défenseur, Marc-Antoine Bragadin fut, malgré les promesses de clémence, écorché vif et sa peau ramenée à Constantinople).

Après l’échec de la deuxième tentative viennoise, l’Empire ottoman déclina doucement au XVIIIe siècle, jusqu’à devenir « l’homme malade de l’Europe » au XIXe. Les Européens se grisèrent alors du sentiment de leur supériorité dans tous les domaines, jusqu’à considérer qu’elle serait définitive. Les peuples soumis des Balkans reconquirent les uns après les autres leur liberté, à l’exception notable de Constantinople, la Révolution russe ayant mis un terme au vieux rêve des tsars d’en refaire une capitale. Les Européens firent des colonies de l’Algérie, de la Tunisie, de la Libye, avant de démanteler ce qui restait de l’Empire ottoman au lendemain de la première guerre mondiale.

Mais le patient projet islamique de conquête violente de la Terre n’a pas disparu. Comment le pourrait-il, puisqu’il est la volonté divine ? Le réveil musulman, partout dans le monde, est brutal. Il suffit pour s’en convaincre de consulter une carte des conflits actuels : la plupart se trouvent en périphérie du monde islamique. Car l’islam divise le monde en deux : le dar al-islam, ou territoire de l’islam, et le dar al-harb, ou territoire de la guerre.

Il ne fait dès lors pas de doute que, quelle que soient les velléités pacifiques des millions de musulmans vivant désormais en Europe, petite partie de l’ancien Empire romain chrétien ayant échappé à la conquête islamique ou s’en étant libérée, le Livre sacré auquel ils se réfèrent leur demande toujours de faire la guerre aux chrétiens.

Jean-François Chemain

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