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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (142)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Caillaux, Malvy, Vigo/Almereyda, "Le Bonnet rouge"...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    Dans les documents qui vont suivre, Daudet parlera souvent de ces trois personnes et de ce journal, et le lecteur d'aujourd'hui ne comprendrait rien à des accusations portant sur des faits vieux d'un siècle, maintenant, sans un minimum d'informations sur ces trois personnes et sur ce journal...
    On a, bien sûr, parfaitement le droit d'être "pacifiste" : l'Action française, elle, a toujours préféré être "pacifique", appliquant la vieille maxime romaine, "Si vis pacem, para bellum", pensant que la meilleure manière d'écarter la guerre était d'être militairement fort, inspirant à un adversaire potentiel une crainte salutaire, le dissuadant de nous attaquer; plutôt que de proclamer, en paroles, un désir de paix, alors qu'on attaquait l'armée, déchaînant un antimilitarisme démoralisant, et qu'on laissait le pays dans un état de faiblesse qui "appelait" justement une attaque ennemie...
    De même, on a bien sûr parfaitement le droit d'être partisan d'un rapprochement et d'une entente franco-allemande.
    Mais, lorsqu'on est dans les années qui précèdent une guerre dont on ne sait pas "quand" elle va éclater, mais dont on est sûr qu'elle va éclater, car le Kaiser allemand a massé ses 800.000 hommes de troupes à nos frontières et multiplie les provocations contre la France depuis plus de dix ans : alors, là, la frontière entre l'opinion "pacifiste", le désir d'entente franco-allemand et le défaitisme devient très floue, très poreuse; et, l'anti-militarisme aidant, on n'est pas loin de favoriser, de fait, les actions de l'ennemi.
    Ce qui s'appelle, en bon français, la trahison.
    C'est la thèse que défendaient Daudet et L'Action française, qui attaquèrent sans relâche, durant les quatre année de la guerre, les "ennemis de l'intérieur", ceux qui étaient, au moins objectivement - sinon plus... - les "alliés de l'Allemagne"...

    1. Joseph Caillaux.

    Ministre des Finances dans le gouvernement Clemenceau, en 1909, le Président de la République, Armand Fallières, lui demanda, le 27 juin 1911 - alors qu'il était chef du Parti radical - de constituer le nouveau gouvernement.
    Dans ce gouvernement, Caillaux occupa, outre les fonctions de président du Conseil, celles de ministre de l'Intérieur et des cultes.
    Méfiant à l'égard de l'alliance russe, et désireux de trouver un accord avec l'Allemagne, il se montra partisan d'un compromis avec elle lors du "coup d'Agadir", négociant la liberté de manœuvre de la France au Maroc contre la cession à l'Allemagne de territoires français en Afrique centrale (Congo).
    Il mena directement les négociations, en écartant son propre ministre des Affaires étrangères, Justin de Selves, et passa essentiellement par Jules Cambon, ambassadeur de France en Allemagne.
    Le Quai d'Orsay apprit par hasard ces négociations, en déchiffrant des messages codés entre le gouvernement allemand et Lancken, un aventurier prussien. Finalement, l'accord se fit entre Jules Cambon et Kinderlen, le ministre des Affaires étrangères allemand.
    Néanmoins, les traces des négociations informelles, que Caillaux niera avant son procès, seront utilisées par l'accusation lors de celui-ci.
    Ratifiée sans difficulté devant la Chambre, la convention franco-allemande rencontra une opposition acharnée au Sénat, parce que Caillaux nia l'existence des tractations secrètes, au sein même du gouvernement.
    Le ministre des Affaires étrangères, de Selves, humilié, démissionna, et le gouvernement Caillaux chuta le 11 janvier 1912.
    Il fut remplacé par Raymond Poincaré.
    Le 9 décembre 1913, il devint ministre des Finances dans le gouvernement Gaston Doumergue.
    Au début de 1914, Gaston Calmette, directeur du Figaro, engagea une violente campagne de presse contre sa politique, créant une vaste polémique dans les partis et les journaux, la gauche le soutenant fidèlement, tandis que la droite l'attaquait sans ménagement.
    Toutefois, à la suite de la publication de lettres intimes, excédée par une violente campagne menée par le quotidien contre son mari, son épouse Henriette se rendit au Figaro, et, dans le bureau de Gaston Calmette, tira six balles sur lui, dont quatre mortelles.
    Arrêtée, Henriette Caillaux fut inculpée de meurtre avec préméditation.
    Contraint de démissionner le 17 mars 1914, Caillaux défendit sa femme lors du procès, qui s'acheva le 31 juillet.
    Réélu, malgré cette "affaire", lors des élections de 1914, il intervint peu dans les débats politiques. Hostile à la guerre, il devint le chef de file des partisans d'une paix sans annexions ni indemnités, et se borna à effectuer des missions en Argentine en 1914 et en Italie en 1917.
    Après l'arrivée au pouvoir, le 16 novembre 1917 de son vieil ennemi, Clemenceau, dont la politique de guerre sans ambiguïté rencontra le soutien des droites et des nationalistes, et qui assimilait les positions politiques de Caillaux à la trahison, Caillaux fut impliqué dans les affaires Bolo Pacha et du "Bonnet rouge".
    Il fut accusé par Léon Daudet de "trahison systématique, altière et doctrinaire" et abandonné de la plupart, y compris de ses amis radicaux; la Chambre vota la levée de son immunité parlementaire en décembre 1917, à la demande du "Tigre", et il fut arrêté, le 14 janvier 1918, pour "intelligence avec l'ennemi".
    Accusé, lors de l'instruction, de trahison et de complot contre la sûreté de l'État, il fut traduit devant le Sénat, réuni en Haute Cour de justice.
    Partageant son temps entre la prison de la Santé et l'assignation à résidence, il fut jugé deux fois, avant d'être condamné en février 1920, après la fin du conflit, à trois ans d'emprisonnement et à la privation de ses droits civiques pour le seul chef de "correspondance avec l'ennemi".

    2. Louis Jean Malvy était ministre de l'Intérieur lors de la Première Guerre mondiale.
    Partisan d'une paix blanche, il fut soupçonné de pacifisme.
    Tenu responsable de l'échec de la bataille du Chemin des Dames, il démissionna de son poste ministériel fin août 1917, entraînant la chute du Gouvernement Alexandre Ribot.
    Léon Daudet, rédacteur en chef du quotidien L'Action française, envoya une lettre à Clemenceau qui accusait Malvy d'avoir fourni des renseignements militaires à l'Allemagne et d'avoir fomenté les mutineries de 1917 .
    Cette lettre fut lue à l'assemblée nationale par le président du Conseil Paul Painlevé le 4 octobre. Espérant être disculpé Malvy demanda à ce qu'une commission soit mise en place pour juger son action.
    Il fut arrêté sur ordre de Clemenceau de même que Joseph Caillaux.
    Après deux jours d'audience au Sénat, il fut condamné par la haute cour de justice le 6 août 1918; innocenté du crime de trahison, il fut reconnu "coupable d'avoir - agissant comme ministre de l'intérieur dans l'exercice de ses fonctions - de 1914 à 1917, méconnu, violé et trahi les devoirs de sa charge dans des conditions le constituant en état de forfaiture et encouru ainsi les responsabilités criminelles prévues par l'article 12 de la loi du 16 juillet 1875", selon l'extrait des minutes du Greffe de la cour de justice placardé sur les murs de Paris et de province, signé par le greffier et le procureur Mérillon.
    Il fut condamné à 5 ans de bannissement, et partit en exil en Espagne, puis fut amnistié en 1924.
    Il sera réélu député du Lot dès 1924, et ce jusqu'en 1940.
    Il sera de nouveau ministre de l'intérieur en 1926.

    3. Eugène Bonaventure Jean-Baptiste Vigo, militant anarchiste, dit Miguel Almereyda, était directeur du "Bonnet rouge".
    "Le Bonnet rouge" se voulait "organe de la défense républicaine", à la fois satirique, républicain et anarchiste,.
    Il fut publié à Paris, depuis son n° 1 (le 22 novembre 1913) jusqu'en 1922, et fut d'abord hebdomadaire (en 1913), puis quotidien (à partir de 1914).
    Il fut impliqué dans divers scandales lors de la Première Guerre mondiale, étant accusé notamment de défaitisme, et fut à ce titre une cible privilégiée de l'Action française.
    Il se compromit aussi avec un certain Bolo, dit Bolo-Pacha, l'ancien khédive d'Egypte lui ayant octroyé ce titre.
    Bolo pacha était un aventurier, condamné pour escroquerie, qui avait convaincu l'Allemagne de corrompre la presse française pour y publier des articles pacifistes destinés à atteindre le moral des Français.
    Arrêté en septembre 1918, après avoir reçu sur son compte 11 millions de marks en provenance de la Deutsche Bank, Bolo-Pacha fut jugé par le 3ème conseil de guerre en février 1918 et condamné à mort.
    Le capitaine Bouchardon, magistrat détaché comme juge d'instruction, découvrit plusieurs lettres de Caillaux dans les papiers de Bolo, qui firent peser des soupçons sur le patriotisme de l'ancien ministre des finances.
    Organe d'extrême gauche, le Bonnet Rouge a défendu le rapprochement franco-allemand avant le premier conflit mondial.
    En 1914, à la demande de Joseph Caillaux, le journal a publié des articles prenant la défense de sa femme, Henriette Caillaux, meurtrière de Gaston Calmette, le directeur du Figaro.
    Pendant la guerre, le directeur du Bonnet Rouge, Vigo/dit Almereyda, laissa la direction de son journal à un dénommé Duval, qui reçut de l'argent de l'étranger pour infléchir la ligne éditoriale : de pacifiste qu'il était, le journal devint franchement antimilitariste, provoquant l'intervention fréquente de la censure.
    Lorsqu'il enquêta sur l'origine des fonds versés au Bonnet Rouge, le capitaine Bouchardon, magistrat détaché comme juge d'instruction auprès du 3ème conseil de guerre, découvrit un échange de correspondances aimables entre Almereyda et... Caillaux !

  • Décidément, Marseille ne réussit pas à Mélenchon...

     

    Mur-bleu gds.jpgNous ne parlons pas, en disant cela, du succès populaire indéniable qu'a représenté la mobilisation du Vieux-Port, dimanche passé, comparable, d'ailleurs (en un peu moins importante malgré tout) à la mobilisation sur les plages du Prado, lors de la campagne de 2012. Ni des qualités personnelles que nous n'hésitons pas à reconnaître volontiers à Mélenchon : c'est un tribun, qui s'exprime correctement, sans vulgarité, et même avec élégance, souvent ; un tribun cultivé, de surcroit ; et, par moment, on sent poindre chez lui, oui, du patriotisme, un amour sincère de la France qui s'oppose à la haine, au mépris, à la condescendance qu'expriment envers elles tant de prétendus meneurs du Pays légal. Enfin, Mélenchon est un vrai militant, comme nous, et, à ce titre, il mérite le respect des militants que nous sommes. Il s'est dit « très fatigué » récemment, durant son meeting de Châteauroux, et son discours à Marseille n'a pas duré une heure. Pourtant, la voix était forte, mais si, d'aventure, Mélenchon était affaibli, ce serait pour nous une raison supplémentaire de reconnaître en lui un adversaire véritable - on va le voir - mais un adversaire digne de respect.

    Surtout lorsque - ce fut peut-être le meilleur moment de son discours - il s'est carrément démarqué de la niaiserie de Macron sur la culture française qui, d'après lui, n'existerait pas : Mélenchon a été clair et net, il ne veut pas s'associer à ceux qui souhaiteraient porter en terre le cercueil de la culture française ; et Jean-Luc de citer ses peintres, musiciens, savants, artistes, penseurs et autres qui ont « étonné le monde »  (il reprend l'expression de Jean Dutourd, ce grand royaliste) : un moment de pur bonheur, et un menhir de taille dans le jardin de ce pauvre niais de Macron...

    Non. Quand nous disons que, décidément, Marseille ne réussit pas à Mélenchon, nous voulons parler du fond de son discours. Car, il faut bien le reconnaître aussi, une fois les points positifs relevés, les points négatifs ne manquent pas ! On nous dit - et c'est vrai... - que, dans la forme, Mélenchon a changé : moins de hargne et d’agressivité ; quasiment plus de drapeaux rouges, mais presque uniquement du tricolore ; même un rameau d'olivier en pochette, le jour des Rameaux, pour parler de paix (mais ne rêvons pas, la conversion de Mélenchon n'est pas pour demain !) ...

    Malheureusement, comme dans la parabole de l'Evangile, l'ivraie a été mélangée au bon grain, et l'on ne peut que rejeter catégoriquement l'essentiel d'un discours finalement, pour l'essentiel, révolutionnaire et immigrationniste.

    D'abord, Mélenchon a plusieurs fois exalté (il le fait toujours) la Révolution. Pour lui, aucun doute, elle est glorieuse, elle est grande, elle est l'origine de tout ce qui est bon. Mais comment ne voit-il pas, lui qui est intelligent et cultivé, la monstrueuse contradiction dans laquelle il se place de lui-même : c'est la Révolution qui, en assassinant le Roi et en aboutissant à la République idéologique - qui en est issue et trouve en elle son fondement (voir le préambule de la Constitution) - a remplacé le pouvoir du roi par le pouvoir de l'Argent. « De l'autorité des princes de notre race, nous sommes passés sous la verge des marchands d’or » écrit Maurras, dans L'Avenir de l'Intelligence. Mais Mélenchon n'a, semble-t-il, pas lu Maurras... Dans ces conditions, parler en bien du « volcan de la Révolution française » comme le fait, lyrique, Mélenchon, c'est tout simplement... stupéfiant ! 

    Par ailleurs, Mélenchon n'hésite pas à revenir sur « la Vertu », qu'il appelle de ses vœux, au sommet de l'Etat. Alors, là, attention : la vertu, l'Incorruptible, les régénérateurs à la Saint Just, on a les a déjà eus, on a déjà vu ce que cela a produit : la Terreur, le Génocide vendéen, quelque chose comme six à sept cent mille morts. Alors, franchement, merci bien, mais on a déjà donné. Merci, mais non merci !...

    Mélenchon le cultivé donne raison à Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui maudissent les conséquences dont ils chérissent les causes »

    Ensuite, tout aussi imbuvable que son révolutionnarisme, l'immigrationnisme à la fois gnangnan et pleurnichard, mais aussi terriblement anti national de Mélenchon ne passe pas ; ne peut absolument pas passer... 

    D'autant plus que, sur ce sujet, Mélenchon perd carrément les pédales et se laisse emporter - comme en 2012, sur les plages du Prado - par une démagogie immigrationniste de bas étage. On se souvient qu'elle lui avait coûté cher à l'époque : arrivé à Marseille avec pas loin de 20% dans les sondages, il avait en une seule soirée de lyrisme pro-berbère perdu presque la moitié de son score, et devait finir à un peu plus de 11%. L'expérience, cruelle, ne lui a semble-t-il pas servi de leçon. Il a « remis ça », dimanche, et en a même remis une sacrée couche ! 

    Il s'est dit fier de « la France métissée », ajoutant que « ses enfants sont mes enfants » : ah, bon ? les terroristes de Paris et de Nice, et d'ailleurs ? Mohamed Merah et Abdelhamid Abaoud, et les autres ? Scandaleux, révoltant, répugnant... 

    Et comme si ce chiffre justifiait l'injustifiable, Mélenchon - qui parlait récemment de 11 millions d'immigrés - a décrété dimanche qu'ils étaient 25% de la population nationale aujourd'hui, soit 16,5 millions. Mais, juste ou faux, qu'est-ce que le chiffre, en soi, vient faire là-dedans ? La vérité est que l'immigration-invasion que nous subissons depuis 1975 est bien l'une des causes majeures de nos problèmes ; Mélenchon pourra déployer tout le lyrisme et toutes les incantations qu'il voudra, cela ne changera rien à l'affaire... 

    Enfin, cerise sur le gâteau - mais, là, il n'aurait pas dû : Mélenchon nous a pris pour des imbéciles. Or, il ne faut jamais prendre les gens pour des imbéciles : cela les énerve... Il nous a sorti qu'à ses origines Marseille a été créée par l'immigration, puisque Gyptis a choisi... un Grec pour époux.

    Oui, mais son Grec venait d'Europe, pas d'Afrique. C'était « une immigration est-ouest » et pas « nord-sud », comme le disait le précédent roi du Maroc, Hassan II, qui s'y connaissait en Islam, lui qui était (et son fils aujourd'hui, après lui) Amir al mouminine, c'est-à-dire Commandeur des Croyants. Et si Gyptis a choisi un étranger, son étranger n'était ni musulman ni maghrébin ; il a très probablement mangé du sanglier lors du repas de noce, comme Obélix, parce qu'on était en terre celte (eh oui, Mélenchon, chez « nos ancêtres les Gaulois », ne vous en déplaise !) ; et il l'a fait sans refuser le plat, ou sans demander qu'il fût hallal ; et il n’a pas voilé son épouse en rentrant chez eux !

    Voilà : nous avons préféré finir par un sourire, pour réagir à l'énormité de Mélenchon... 

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Les chiffres et la dure réalité condamnent Mélenchon et ses incantations révolutionnaires...  [23.3.2017]

  • Sur Figaro Vox, Éric Zemmour : «Todd le chercheur et Emmanuel le militant»

    CHRONIQUE - Une histoire des trente dernières années vue à travers le retour de la lutte des classes, provoqué par l’euro. La thèse est d’Emmanuel Todd. Brillante et discutable.

    La lutte des classes est à la mode. On la craint ou on l’encourage. Les livres de sondeurs ou d’intellectuels s’amoncellent. On redécouvre le jeune et brillant Marx du 18 Brumaire de Louis Bonaparte avec ferveur. Les «gilets jaunes» sont les Gavroche de notre temps. Emmanuel Todd ne pouvait pas passer à côté. Avec son habituel ton péremptoire, il nous assène dès le début de son nouvel ouvrage: «Les luttes de classes, c’est la France (…) Beaucoup plus que la chasse aux Arabes ou aux homosexuels, la lutte des classes est notre identité.»

    79548790.2.jpegOn ignore quelle «chasse aux Arabes ou aux homosexuels» est organisée en France aujourd’hui. En revanche, on sait très bien qui interdit par la violence les exposés de Sylviane Agacinski contre la PMA et la GPA et qui a chassé les «Français de souche» des banlieues où règnent la terreur des caïds et le dogme envahissant du halal.

    Mais c’est toujours ainsi avec un livre d’Emmanuel Todd où se côtoient sans cesse le pire et le meilleur, le stupide et le brillant, les chiffres rigoureux du chercheur et les lettres délirantes du militant, la fulgurance de l’historien et la rusticité de café du commerce. Todd parle sans cesse de lui, se cite complaisamment, mais reconnaît aussi ses erreurs et ses défaites. Pendant des décennies, il nous a expliqué que l’identité française était dans la variété de ces modèles familiaux, et particulièrement dans l’opposition entre un centre (Bassin parisien) de familles nucléaires, libérales et égalitaires, et d’une périphérie (Bretagne, Alsace, Sud-Ouest) composée de familles souche, inégalitaires et autoritaires. Reprenant l’intuition géniale du grand Frédéric Le Play, Todd analysait avec un brio convaincant l’histoire des guerres civiles françaises par l’opposition séculaire de ces deux types familiaux. Et voilà que dans ce livre où il célèbre le grand retour de la lutte des classes à la française, il annonce urbi et orbi que toute la France est désormais dominée par un modèle familial unique, le libéral et l’égalitaire!

    De même, Todd nous a longtemps vanté la montée des catégories diplômées et tançait les «déclinistes» qui se lamentaient sur la baisse du niveau scolaire. Désormais, lui aussi estime que le bac n’est plus le bac depuis 1995 (pourquoi 1995?) et que «certains diplômes ne valent plus grand-chose, certains diplômes “s’achètent”». Il faut reconnaître que le chercheur Todd ne manque pas de pertinence quand il conteste les chiffres de l’Insee qui affirme que le niveau de vie des Français n’a pas baissé: «Les chiffres ne sont jamais truqués. Mais ces statisticiens de haut vol vivent sous contrainte politique et idéologique (…) Ce mélange d’interdits d’Etat explicites et de préjugés de classe peut ainsi, sans que les données soient à proprement falsifiées, mener à des contre-vérités, d’ampleur soviétique.»

    Ou quand le chercheur assume humblement la défaite du militant qu’il fut depuis le référendum sur Maastricht: «L’échec économique de l’Euro s’est accompagné d’un succès politique.» Son analyse d’une France désindustrialisée et appauvrie par l’Euro (mais pas seulement) est convaincante: «La France est une société en voie de re-sous-développement. (…) Les services sans l’industrie, c’est le tiers-monde d’avant.» La soumission des élites politiques et économiques françaises à l’Allemagne ne l’est pas moins. Son regard sur les électeurs du RN est stupéfiant d’empathie: «Si on oublie un instant la xénophobie du RN, cette opposition de type quiétiste au pseudo-capitalisme pseudo-néolibéral français peut apparaître, en un sens, admirable.» Il n’hésite pas à donner des chiffres qui prouvent que l’électorat ouvrier plébiscite plus massivement le Rassemblement national que le Parti communiste, même à son heure de gloire.

    Mais, heureusement pour sa stature d’homme de gauche, il y a l’immigration. Non pas que Todd soit un de ces activistes associatifs du refus des frontières. Mais sur ce thème-là, le chercheur repasse le relais au militant. Il nous chante la joie hugolienne d’être grand-père: «Trois de mes petits-enfants ont un père d’origine algérienne (…) je trouve mon propre “remplacement” par ces petits Français-là merveilleux.»

    Il met son talent (indéniable!) de sophiste à occulter le dédain des habitants des banlieues pour le mouvement des «gilets jaunes». Todd, du haut de son Olympe, a décrété que ce mouvement avait sonné la réconciliation de tous les Français dans un grand élan qu’il juge même christique: la réalité est donc sommée de se plier aux injonctions du maître! De même, il a décrété que donner un prénom arabo-musulman à ses enfants, ce n’est pas du tout rejeter l’assimilation à la civilisation française, mais, au contraire, c’est inscrire sa progéniture dans cette nouvelle France, où les attachements sont plus flexibles. Les prénoms bretons et américains sont appelés à la rescousse, sans que Todd ne voie qu’il donne justement des verges pour se faire battre: si les classes populaires ont appelé leurs fils Kevin ou Jordan, dans les années 1990, c’est justement parce que, baignées par les séries hollywoodiennes, elles rêvaient d’Amérique, et non de France.

    On est donc contraint de faire du Todd à la place de Todd. De lui rappeler que l’immigration maghrébine a apporté dans ses bagages un modèle familial endogamique (mariage entre cousins), autoritaire et inégalitaire (entre frères et entre garçons et filles). L’exact opposé de ce modèle libertaire-égalitaire qui a fini par gagner toute la France. Todd le chercheur est bien obligé de noter que «l’écart de fécondité qu’on constate actuellement entre la population immigrée la plus récente en France et la population française d’origine plus lointaine est comparable à celle qui pouvait exister au XIXe siècle entre la Vendée et la Seine-et-Marne.» Mais Todd le militant se rassure sans tarder: «Le risque d’une fragmentation ethno-religieuse reste très en dessous de ce qu’il a pu être avant 1914, puisque, à l’époque, les provinces représentaient au moins le tiers de la population nationale. Évidemment au siècle dernier, nous avons eu la chance de faire la Grande Guerre qui, en envoyant les Vendéens massacrer les Allemands, et se faire massacrer par eux, les a réconciliés avec la nation. Je n’ose proposer une solution équivalente pour un problème à l’évidence moins important.»

    Grande Guerre ou guerre civile, on comprend que Todd soit optimiste.  

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    Les luttes de classes en France au XXIe siècle, d’Emmanuel Todd, Seuil, 367 p., 22 €.

  • LOUIS XVI 2020 (II/II) : Manifestations dans toute la France...

    Imaginées par les Encyclopédistes, imposées par la brutalité et la fureur sanguinaires des terroristes révolutionnaires, propagées par les Républiques et les Empires en Europe, les idées folles de ceux que Maurras appelait "Les princes des nuées" se sont répandues jusqu'aux extrémités du monde : en Extrême-Orient, en Afrique, dans l'Amérique latine jusqu'au Mexique des Cristeros...

    C'est la Révolution, par son acte fondateur des Totalitarismes modernes que fut le 21 janvier, qui est la mère et la matrice de toutes les horreurs qui suivront, en France, en Europe et dans le monde, et c'est de cela que nous faisons mémoire, chaque 21 janvier.

    Aucun folklore, aucune nostalgie, donc : nous marquons simplement, nous datons l'origine de nos maux, en remontant à la source d'un assassinat qui fut suivi de tant d'autres : la Reine, puis le second roi martyr, l'enfant-roi Louis XVII, puis le Génocide vendéen, les villes françaises martyrisées (Lyon, Toulon, Marseille, les noyades de Nantes...), la folie sanguinaire et destructrice déchaînée partout en France; puis les révolutionnaires du monde entier, héritiers de cette funeste révolution, répandant à leur tour ses horreurs chez eux : Goulag, Lao Gai et Camps de ré-éducation; Guépéou/KGB, Stasi, Securitate, Gardes rouges et Khmers rouges; Lénine/Staline, Mao, Ho Chi Minh, Pol Pot, la monarchie marxiste léniniste des Kim en Corée, Castro...

    Voilà pourquoi, à côté de toutes les manifestations, les Messes qui seront dites à cette occasion le seront, comme chaque année depuis ce sinistre 21 janvier 1793 "pour Louis XVI et toutes les victimes de la Révolution"... : en France, en Europe, dans le monde...

    Une Révolution qui tue, martyrise et opprime encore aujourd'hui...

    Voici la liste des manifestations déjà prévues : vous pouvez nous communiquer les détails des cérémonies et manifestations qui se dérouleront chez vous ou à côté, afin qu'elles soient annoncées ici.

    Courriel : CONTACTEZ NOUS

     ou LFARroyaliste@outlook.fr

    Merci à nos amis du Blog La Couronne, qui renvoient leurs lecteurs vers notre Tableau récapitulatif quotidien des manifestations "Louis XVI 2020 !"...

    SAMEDI 18 JANVIER

     

    A Paris, retrouvez nous le samedi 18 janvier 2019 pour deux événements :

    Marche aux flambeaux en hommage au Roi Louis XVI (départ : Place des Pyramides, 20h)

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    Soirée sur une péniche durant toute la nuit

    ◽à 21h30 un vin chaud sera servi; à partir de 22 h jusqu'à 5h, nous retrouverons sur une péniche au cœur de Paris.

    Pour tous renseignements : souvenirlouisxvi@gmail.com

    Merci de vous munir de votre billet et d'une pièce d'identité.
    Toute personne arborant une attitude ou une tenue vestimentaire provocatrice se verra refuser l'accès.

    Souvenir de Louis XVI

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    Souvenir de Louis XVI

     

    • Toulouse : 11h, Chapelle Saint Jean Baptiste, 7 rue Antonin Mercié. Métro Capitole ou Esquirol ou Parking Esquirol.

    • Périgueux : 16h, Eglise Notre-Dame de Toutes Grâces, 19 rue du 34ème Régiment d'Artillerie.

    • Lyon : 10h30, Basilique Saint-Bonaventure, 7 place des Cordeliers (2ème arrdt.).

    • Avignon : 18h30, Chapelle de l'oratoire, 32 rue Joseph Vernet.

    • Montelimar : 17 h, Chapelle Notre-Dame de la Rose, 36 Avenue Saint Martin.

    • Equemauville (Calvados) : 10h, Eglise Saint-Pierre d'Equemauville, Le Bourg ou Avenue le Jumel.

    • Coligny (Ain) : 10h, Eglise Saint Martin, rue Saint-Martin.

     

     

    DIMANCHE 19 JANVIER

     

    • Paris : 10h30, Chapelle expiatoire, square Louis XVI, 29, rue Pasquier (2ème arrdt.).

    • Nancy : 10h30, Eglise Marie-Immaculée, 33 Avenue Général Leclerc.

    • Faye d'Anjou (Maine-et-Loire) : 11h, Prieuré Saint-Louis-Marie Grignon-de-Monfort.


     

    LUNDI 20 JANVIER

     

    • Paris : 20h, Eglise Saint Roch, 296 rue Saint Honoré (1er arrdt).

    • Grenoble : 18h, Collégiale Saint André, ancienne Chapelle Royale, place Saint André. 

    • Limoges : 18h, Chapelle Saint-Antoine des Papillons, rue des Papillons.

    • Villié-Morgon (Rhône) :  18h, Eglise Saint Joseph, 53 rue de la Liberté.

     

     

    MARDI 21 JANVIER

     

    • Paris :

    - 10h, Rassemblement Place de la Concorde, devant la statue de Rouen, côté Hôtel Crillon/Ambassade des Etats-Unis. 

    - 12h15, Saint-Germain-l’Auxerrois, paroisse des Rois de France, 2 place du Louvre. Métro Louvre. Parking place du Louvre. (1er. arrdt). 

    - 19h, Eglise Saint Eugène Sainte Cécile, 4 rue du Conservatoire (9ème arrdt).

    • Saint Denis : 12h, Basilique Saint Denis, 1 Rue de la Légion d'Honneur.

    • Dreux : 10h30, Chapelle Royale Saint-Louis, 2 Square d'Aumale, en présence de Monseigneur le Comte de Paris.

    Marseille : 19h, Basilique du Sacré-Coeur, 81 avenue du Prado (8ème arrdt).

    • Lyon : 18h30, Eglise Saint Georges, Quai Fulchiron (5ème arrdt).

    • Lille : 19h, Eglise Saint Etienne, 47 rue de l'Hôpital militaire.

    • Brest : 18h30, Chapelle Sainte-Anne, 43, rue Bruat.

    • Nantes : 20h, Eglise Saint Clément, 4 rue Lorette de la Refoulais.

    • Dijon : 10h30, Eglise Notre-Dame, 2 Place Notre Dame.

    • Toulon : 18h30, Eglise Saint François de Paule, Place Louis Blanc.

    • La Rochelle : 18h30, Cathédrale Saint Louis, rue Pernelle.

    • Metz (Plantières) : 18h30, Eglise Saint Bernard, 1 rue Monseigneur Pelt.

    • Perpignan :  

    - 18h30, Eglise Saint-Matthieu, 12bis rue Grande Monnaie.

    - 18h30, Chapelle du Christ-Roi, 113 Avenue Maréchal Joffre. 

    ​​Béziers : 19h, Chapelle des Pénitents bleus, 4 rue du 4 septembre.

    Fontainebleau : 19h, Eglise du Carmel, 6 bis rue du Général Leclerc.

    • Lanvallay (Côtes d'Armor) : 11h, Chapelle du Sacré-Coeur, Prieuré Sainte Anne de Lanvalay, Avenue de Beauvais.

    • Montpellier : 19h, Chapelle des Pénitents bleus, rue des Etuves.

    • Bordeaux :

    - 18h30 : Chapelle Notre Dame du Bon Conseil, 62 rue de Lisleferme

    - 18h30 : Eglise Saint-Eloi, Grosse Cloche, rue Saint-James.

    - 19h : Eglise Saint-Bruno, 5 Place du 11 Novembre.

    • Limoges : 12h15, Eglise Saint-Michel des Lions, Place Saint-Michel.

    • Poitiers : 18h30, Eglise Notre Dame la Grande, paroisse de la Trinité, Place Charles de Gaulle.

    • Tulle : 18h, Cathédrale Notre-Dame, Place Gambetta

    • Angers : 18h30, Église Notre Dame des Victoires, 24 Rue Pocquet de Livonnières

    • Saint-Etienne : 18h30, Chapelle Saint-Bernard, 9, rue Buisson

    • Lissac (Haute Loire) : Les moines de la Fraternité Orthodoxe Saint Michel célébreront le 21 janvier 2020 une Pannychide (Service de Requiem), afin de faire mémoire devant Dieu du Roi Louis XVI. Ils associent à ce Service,  l'âme de son épouse Marie-Antoinette,  celle de Louis Charles de France (Louis XVII) ainsi que celle de toutes les victimes civiles et religieuses de la révolution. La Pannychyde sera célébrée en la chapelle de la Fraternité, sis 5 Place du Monument.

    • Chambéry : 19h, Cathédrale Saint François de Sales, 6 Rue Métropole.

    ​• Bayonne : 18h30, Eglise St-Amand, Avenue du Maréchal Soult.

    • ​Biarritz : 18h, Eglise Saint Martin, 4 rue Saint Martin.

     

     

    MERCREDI 22 JANVIER

     

    • Amiens : 18h30, Chapelle Saint-Vincent-de-Paul (de l’ancien Grand séminaire d’Amiens), 54 ter rue Jules Barni.

     

     

    JEUDI 23 JANVIER

     

    • Bayonne : 18h, Cathédrale Sainte-Marie, 15 rue des Prébendes.

     

     

    SAMEDI 25 JANVIER

     

    • Carcassonne : 18h, Basilique Saint-Nazaire, La Cité, Place Saint-Nazaire.

    • Nîmes : 11h, Eglise Saint-Baudile, Place Gabriel Péri.

    • (Sarthe) : 12h15, Chapelle du Chêne (à environ 6km de Sablé-sur-Sarthe, route de La Flèche/Tours).

     

     

    DIMANCHE 26 JANVIER

     

    • Mansac (Corrèze) : 11h00, Eglise Saint-Sigismond d'Aime. (l'église se trouve entre Saint-Pantaléon-de-Larche et Cublac, à environ 10 km à l'ouest de Brive).

    • Nice : 10h, Chapelle des pénitents rouges, 1 rue du Saint-Suaire.

    • Calais : 8h45, Chapelle Sainte Victoire, rue de Hames (Hames Boucres), (Près de Guines).

    • Aix-en Provence : 10h, Chapelle des Pénitents gris, dits Bourras, 15 rue Lieutaud.

    • Monaco : 18h30,

  • Anne Coffinier : « L’école, comme l’armée à qui on le demande souvent, ne peut pas régler tous les problèmes de notre te

    Pour certains, une formidable occasion de dispenser un enseignement de qualité. Pour d’autres, un risque de favoriser le « séparatisme »… Anne Coffinier fait le point sur l’essor et la place de ces écoles, collèges et lycées que l’on appelle « hors contrat ».

    Anne Coffinier, vous êtes présidente de l’association Créer son école. Cette année encore, le nombre d’écoles « hors contrat » a-t-il augmenté ? Les fondateurs n’ont-ils pas été découragés par les mesures sanitaires ?

    129 établissements scolaires libres ont ouvert cette année, contre 124 l’an dernier. Nous appelons ainsi les écoles, collèges et lycées privés qui sont libres de choisir leurs méthodes pédagogiques, leurs professeurs et leur organisation, pourvu qu’ils se conforment à la législation et aux règlements qui s’appliquent à la liberté d’enseignement. La « double crise » du Covid-19 et de la loi Gatel d’avril 2018, qui a renforcé les exigences légales conditionnant l’ouverture d’écoles libres, n’a pas enrayé l’essor de ces écoles, tant le mouvement de fond est puissant. Il y aurait eu une trentaine d’établissements supplémentaires sans la crise économique et sanitaire, et sans l’obligation d’avoir un directeur ou une directrice qui ait travaillé cinq ans dans un établissement d’enseignement. Cette clause est, en effet, assez malheureuse car elle empêche des créations d’écoles par des chefs d’entreprise, des professeurs à domicile, des orthophonistes, des éditeurs scolaires et de nombreux talents qui ne sont pas passés par un établissement d’enseignement pendant cinq ans, même s’ils sont docteurs en lettres classiques. Pour une start-up nation, ce n’est pas optimal !

    Dans l’éventail des écoles hors contrat, on trouve beaucoup d’écoles primaires, un peu moins d’écoles secondaires… peut-être parce que les parents les jugent plus « hasardeuses » pour l’avenir de leurs enfants, s’inquiétant de la possibilité, ensuite, pour ceux-ci, de rejoindre la place de leur choix dans l’enseignement supérieur ? Est-ce une crainte justifiée ?

    Avec 18 % de collèges et 6,2 % de lycées généraux ouverts à la rentrée 2020, les créations d’établissements pour le secondaire ne se portent pas si mal, surtout si l’on considère leur coût de création, toujours bien supérieur à celui d’un établissement primaire.
    Les créations de lycées ont été perturbées, cette année, par la réforme du baccalauréat. En effet, il est clair qu’elle pose un problème de discrimination inacceptable pour les lycées hors contrat et pour les candidats libres. Le gouvernement a été alerté et des pourparlers sont en cours, notamment à l’initiative des syndicats. Aujourd’hui, le dispositif tel qu’il a été conçu ne permet pas une prise en compte correcte des candidatures des élèves des lycées hors contrat dans le système Parcoursup. Il ne semble pas pensable qu’on s’en tienne au statu quo, que le juge ne pourra de toute façon que censurer, s’il faut en arriver à saisir les juridictions.
    Notons aussi que, cette année, le baccalauréat a été obtenu par les établissements privés hors contrat au contrôle continu comme les autres établissements. Résultat : tout le monde s’est aperçu qu’il était tout à fait possible de prendre en considération leurs notes avec autant de confiance que si elles émanaient d’un établissement public ou sous contrat. On y trouve les mêmes problèmes qu’ailleurs, de professeurs et d’établissements qui sous-notent ou qui sur-notent.
    Remarquons que, dans certaines académies comme dans celle du 93, le nombre de professeurs contractuels ou vacataires dans l’enseignement public ou privé sous contrat est élevé. Ce sont donc, dans ces cas, souvent des professeurs non titulaires des concours de l’enseignement public qui notent les élèves en contrôle continu sans que personne ne conteste la validité de ces notes qui sont, ensuite, prises en compte pour les diplômes nationaux et Parcoursup. Alors, comment soutenir que les notes émises par les enseignants des établissements privés hors contrat, soumis désormais à des obligations en termes de diplômes minimaux et inspectés régulièrement par l’Éducation nationale, ne pourraient pas être prises en compte pour les examens nationaux ?

    Récemment, on a entendu un député du Val-d’Oise dire, sur un plateau télévisé, son inquiétude de voir fleurir des écoles hors contrat islamistes… De fait, cette liberté n’est-elle pas aussi un risque ?

    11 écoles musulmanes ont ouvert cette année (et seulement 9, si l’on raisonne en termes de groupe scolaire), sur 129 établissement créés. Ce n’est donc pas ce qu’on appelle un raz-de-marée. Il y a des musulmans en France. Il n’est donc pas étonnant que des écoles musulmanes soient créées, et qu’elles soient plus nombreuses puisque le nombre de pratiquants de l’islam tend à croître. Pas surprenant non plus, que des écoles où les filles peuvent mettre le voile soient créées depuis l’entrée en vigueur de la loi sur le voile qui interdit le port de ce dernier à l’Éducation nationale. Ceux qui concentrent leur inquiétude sur l’essor des écoles privées musulmanes hors contrat (qu’ils confondent, d’ailleurs, souvent allègrement avec des écoles coraniques, ce qui en dit long sur leur faible maîtrise du sujet) devraient se rappeler que la promotion de l’islam radical est loin de s’opérer d’abord dans ces institutions soumises à contrôles et déclarations auprès de l’Éducation nationale, mais bien plutôt dans nombre d’écoles publiques elles-mêmes, dans les associations sportives et périscolaires et, vraisemblablement, dans les établissements privés musulmans sous contrat. Ce que rapportent les médias comme les spécialistes sont d’abord et surtout des phénomènes de séparatisme, voire de radicalisation criants au sein même de l’école publique. Le tout récent livre de Jean-Pierre Obin, inspecteur général honoraire de l’Éducation nationale, Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école, le montre très clairement. Et, comme l’indique Hugo Micheron, auteur de  Le Jihadisme français. Quartiers, Syrie, prisons (2020) en page 12, si l’on prend les 79 attentats (dont 59 déjoués) dont la France a été l’objet, entre 2012 et 2018, « dans leur immense majorité, ces actes criminels […] ont été perpétrés par des Français éduqués à l’école de la République ». Ce que nous ne pouvons que déplorer avec Jean-Pierre Obin, qui écrit, en page 8 de son livre : « Comment l’école laïque, l’école républicaine, notre école publique, a-t-elle pu ainsi laisser prospérer, voire nourrir en son sein une idéologie aussi opposée à ses valeurs ? Comment en est-on arrivé là ? »

    S’il est plus logique de se préoccuper de l’école publique avant de se préoccuper des microscopiques écoles musulmanes hors contrat, il est aussi bienvenu de se souvenir que les plus importantes écoles musulmanes fonctionnent, aujourd’hui, grâce au statut d’établissements sous contrat d’association avec l’État. La plus ancienne étant l’école franco-musulmane de Saint-Denis de la Réunion – la Médersa Taalim oul-Islam, sous contrat depuis 1990. Pour être encore plus précis, la plupart de ces écoles musulmanes sous contrat relèvent de la mouvance des Musulmans de France (ex OIF), donc de la mouvance frériste (Al-Kindi à , Averroès à Lille, Ibn Khaldoun à Marseille, etc.). Concentrer la politique de lutte contre le séparatisme sur le secteur privé hors contrat constitue donc une réponse inappropriée à la réalité du problème. Pour éviter que ne se développent des lieux où prévaut une approche séparatiste de l’existence des musulmans en France, il faut que l’État définisse quelles formes et quels contenus d’éducation sont compatibles avec les lois et valeurs françaises, et lesquels ne le sont pas. Ce n’est certainement pas en stigmatisant toutes les écoles musulmanes, quand ce n’est pas toutes les écoles confessionnelles, voire toutes les écoles hors contrat (qui sont aconfessionnelles à 80 % !), qu’on préviendra la montée du séparatisme et de la radicalisation en France.

    Le mot « ensauvagement » fait, ces jours-ci, la une de l’actualité. Pensez-vous qu’il trouve partie de son explication et donc de son remède à l’école ?

    L’école, comme l’armée à qui on le demande souvent, ne peut pas régler tous les problèmes de notre temps. Aujourd’hui, les enseignants se sentent écrasés par un sentiment d’impuissance lorsque les décideurs politiques et administratifs les chargent de résoudre tous les maux de la société à eux seuls. C’est un sursaut collectif qui peut ramener la civilisation et l’harmonie dans notre pays. Le monde de la culture, les mass médias, Internet et, bien sûr, les parents ont une place bien plus décisive que la seule institution scolaire dans la lutte contre la barbarie qui guette chacun d’entre nous. Enfin, c’est aux catholiques de faire leur examen de conscience – et de confiance, d’ailleurs – pour trouver les moyens de recréer des écoles libres et responsables, ouvertes sur le monde, conquérantes, qui transmettent l’approche christique de l’existence, dont rien ne permet de penser qu’elle ait perdu de sa pertinence.

     

    Anne Coffinier

    Mère de famille
    Normalienne et énarque ; présidente de Créer son école
  • Le Prince était là…

     

    Par François Marcilhac

     

    364574047.jpgNous ne nous lasserons jamais de le répéter : le désespoir en politique est une sottise absolue. Une nouvelle preuve nous en a été fournie ce samedi 13 mai 2017. Alors que, hélas, le dimanche précédent, le pire n’avait pu être évité pour la France avec l’élection de Macron, c’est rue Cléry, dans le deuxième arrondissement de Paris, qu’un signe fort d’espérance est apparu dans le ciel assombri du pays, avec la participation du dauphin de France à notre colloque sur le Bien commun, participation qui en a fait tout le succès. Je reprendrai les mots de François Bel-Ker, secrétaire général de l’Action française : « Moins d’une semaine après le second tour de l’élection présidentielle, nous avons su répondre à l’abandon du politique par les élites cosmopolites, par un dense et riche colloque sur le Bien commun, dont le prince Jean a apprécié la haute tenue intellectuelle, la bonne ambiance et la jeunesse des participants, avant de donner lui-même une profonde leçon de philosophie politique. Initialement, il ne devait pas rester au banquet mais, réjoui par l’après-midi passé, il ne souhaitait pas nous quitter aussi rapidement. Comment ne pas être conquis ? Et comment, selon le mot de Me Tremolet de Villers, ne pas “être les serviteurs de celui qui est le serviteur de la France” ? Le Prince “nous est donné”. À nous de continuer à crédibiliser le projet capétien pour la France. »

    On prend les mêmes, ou presque !

    Quant au lendemain, ce n’est pas entre l’Élysée et l’Étoile que se déroulait l’événement national : c’est une avenue presque déserte que Macron a remontée, tandis que les patriotes, en grand nombre, défilaient pour rendre hommage à Jeanne d’Arc entre l’Opéra et les Pyramides. Un Macron qui, pour se faire élire, a surtout pratiqué l’art de l’instrumentalisation. N’est-ce pas Orléans et la célébration des fêtes johanniques qu’il avait choisis, en 2016, pour se poser en homme d’État ? Et n’est-ce pas de nouveau, un an plus tard, le jour de la fête nationale de Jeanne qu’il a été investi ? Certainement a-t-il dû voir là un signe trop grand pour lui, puisqu’il a, dimanche dernier, ignoré Jeanne. Un autre que lui, un patriote tout simplement, aurait vu au contraire dans la répétition de cette date l’exigence toute tracée de son mandat : redonner à la France son indépendance. Et n’aurait pas manqué durant sa journée d’aller déposer une gerbe à la statue des Pyramides… Mais, des Pyramides, il préfère à l’étendard de la statue de Jeanne le triangle de Peï…

    Dès le lendemain, François Hollande nommait Alain Juppé Premier ministre. Pardon, Emmanuel Macron chargeait Édouard Philippe de composer le gouvernement. Du vin vieux dans de nouvelles outres… Que dire d’autre en effet d’une nomination qui, loin d’être une révolution, s’apparente surtout à un retour en force de la cuisine politicienne de la IVe République, enterrant ce qu’il reste des institutions de la Ve ? À l’heure où nous écrivons, nous ne connaissons pas encore les membres du gouvernement que le président de la République aura nommés sur proposition du Premier ministre, selon la formule consacrée… Mais nul besoin d’être un devin pour savoir que ce gouvernement, évidemment « resserré », se voudra, comme annoncé, sur fond de parité, un subtil dosage non seulement entre politiques et membres de la société civile mais aussi entre fidèles de la première heure et débauchés du PS et de LR… Histoire d’affaiblir les partis de gouvernement, qui n’ont toutefois pas encore rendu l’âme, au profit d’un nouvel appareil à la solde du nouveau président. Mais un nouvel appareil qui devra tout, précisément, à des politiciens venus des anciens… Amenant avec eux, comme une seconde nature, les vieilles pratiques…

    Édouard Philippe, un boulet

    D’ailleurs, Édouard Philippe lui-même fait déjà débat. Disciple d’Alain Juppé, il l’est à coup sûr sur la question du communautarisme, le maire du Havre ayant pour l’islamisme politique la même indulgence que le maire de Bordeaux. C’est ainsi qu’il n’a pas hésité, le 15 octobre dernier, à prêter une salle municipale pour une conférence organisée par l’UOIF, durant laquelle se sont exprimés des orateurs prônant un islam radical. Il est vrai qu’en 2013, il avait déjà inauguré une mosquée proche des Frères musulmans. Quant à l’Observatoire du nucléaire, il dénonce la nomination au poste de Premier ministre d’un personnage qui aurait, en raison de son passé françafricain et uranifère, des mains « très… radioactives ». Il faut également rappeler, à la suite de Mediapart, les défaillances, en 2014, de sa déclaration de patrimoine, qui le feront écoper d’un blâme de la part de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, pour « manquements d’une certaine gravité ». Aux questions sur la valeur de son patrimoine, n’a-t-il pas répondu n’en avoir « aucune idée » ? La nomination de Philippe est une provocation de l’oligarchie à l’égard du pays réel. Elle traduit toute l’arrogance et tout le mépris de la France de Macron à l’égard de la France qui travaille et qui souffre et qui connaît, elle, quand elle en a un, la maigre valeur de son petit patrimoine. Il n’est donc pas certain que, dans sa hâte à débaucher un quadra des Républicains proche de Juppé, Macron soit tombé sur le bon numéro… et que celui-ci ne soit pas bientôt pour lui plus un boulet qu’un collaborateur lui permettant de parvenir rapidement à ses fins : recomposer à son profit le paysage politique français tout en en conservant son vice rédhibitoire, servir les intérêts de l’oligarchie. Une oligarchie qui a tout de suite adoubé Macron, rassurée que, poursuivant une tradition de servilité inaugurée par Sarkozy et poursuivie par Hollande, il soit allé, aussitôt après avoir nommé le Premier ministre, faire allégeance à Berlin, capitale d’une Allemagne qui codirige l’Europe avec la Commission européenne. En donnant ce gage de soumission, Macron a évidemment rassuré les marchés : il sera bien au service exclusif de la finance internationale et de l’euromark.

    Son objectif premier, ce sont les législatives : s’assurer une majorité solide pour pouvoir réaliser son programme en toute quiétude. Certes, rien n’est jamais acquis : cette majorité, Hollande ne l’avait-il pas avant que des frondeurs ne décrédibilisent son autorité et sa politique ? D’où sa tentative d’enliser dans un vaste marais allant du centre droit au centre gauche des professionnels déjà blanchis sous le harnais politicien, tout en espérant que ceux des élus de la société civile qui lui devront tout lui demeurent d’une fidélité sans faille. Encore une fois, les Français ne devront compter que sur eux-mêmes. Car rien ne serait plus dangereux pour le pays que Macron arrive à ses fins.

    Le Front national est manifestement trop occupé par ses dissensions internes pour constituer, au mois de juin, une force parlementaire crédible d’opposition nationale. L’échec de son alliance avec Debout la France en est un présage supplémentaire. Il n’est donc pas certain qu’il arrive à faire élire ces quinze députés qui lui permettraient d’obtenir un groupe à l’Assemblée. La contre-performance de Marine Le Pen à l’élection présidentielle laissera des traces profondes après avoir été une source immédiate de déception pour ses électeurs, dont une grande partie des 10,5 millions du second tour bouderont le vote FN en juin. Quant au retrait de Marion Maréchal-Le Pen, qui s’est mise en réserve de la République après un parcours sans faute, peut-être participera-t-il d’une recomposition du camp national, mais ce sera pour bien après les législatives ! Seule perspective immédiate : tout faire pour que Macron ne puisse disposer d’une majorité à l’Assemblée. Nous y reviendrons.  

  • Feuilleton ”Vendée, Guerre de Géants...” (11)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Aujourd'hui : Charette ! (2/2)

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    1. Charette, exalté par Léon Daudet...

     

    Le 25 juillet 1926, au Mont des Alouettes, l'Action française organisa un immense Rassemblement royaliste : plus de 60.000 personnes...

    Léon Daudet, dans "Une campagne de réunions" (Almanach de l'Action française 1927, page 60) a raconté la journée, consacrant ces quelques mots à Charette :

    "...À l'horizon, dans la plaine immense de la Vendée militaire, étincelaient sous le ciel ensoleillé de l'ouest, - mais que modifie à chaque instant le vent venu de la mer - brasillaient les clochers et les villages. Là-bas, c'était le bois de la Chabotterie, que traversa Charette blessé, et prisonnier, Charette, personnification de cette race sublime dont la résistance étonna le monde et continue à étonner l'histoire..."


    Illustration : la statue du général, dans sa ville et devant sa maison natale de Couffé. Elle porte l'inscription :
    Général François-Athanase Charette de la Contrie, né le 2 mai 1763 à Couffé - Exécuté à Nantes place Viarme le 29 mars 1796 -
    Avec sa devise :
    "Tant qu'une roue restera, la Charette roulera".

     

    2. ...et par Philippe de Villiers :

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    Le "Charette" de Philippe de Villiers : "Charette, c'est l'anti Robespierre"

    Article de Maurice Livernault, pour la lettre du SIEL - Janvier 2013 :

    La première partie de ce palpitant ouvrage est consacrée à la carrière maritime d’Anathase Charette, car il passa quinze ans dans la marine royale, qu’il aborda adolescent à Brest, pour finir lieutenant de vaisseau à trente ans. La marine de guerre française était alors, sous le règne de Louis XVI, la première d’Europe, et c’est au cours de ses affrontements avec sa rivale britannique qu’il forgea sa personnalité et développa sons sens des responsabilités. En effet, les navires sur lesquels il servit, auprès des navigateurs les plus prestigieux de l’époque, participèrent à la victoire des insurgés américains ; puis, par l’aide apportée aux rebelles grecs, ils jouèrent un rôle non négligeable dans les prémisses de la perte de puissance de l’empire ottoman. Charette contribua également à éradiquer la contrebande en Méditerranée et séjourna à Alger et à Malte.

    Il est de retour à Toulon quand la révolution y éclate, et se marie à Nantes avec une dame d’âge mûr de la bonne société dont il convoitait la fille, puis il démissionne de ses fonctions. Il hésite alors entre rester au pays pour y faire front, ou rejoindre les émigrés à Coblence, solution à laquelle il se rallie finalement. Déçu par la coterie qu’il y rencontre, il revient en France, passe par Paris où il assiste à la mise à sac du Palais des Tuileries, dont il réchappe par miracle. De nouveau en Vendée, il est désigné par la population, un peu à son insu, comme chef de guerre, et il commence à constituer son armée en s’appuyant sur les bandes de paysans qui représentent la résistance à l’ordre que la République veut instaurer par la violence, et auquel se sont ralliées, paradoxalement, la bourgeoisie et une partie de la noblesse locale.

    Puis ce sont les premiers combats, la succession impressionnante de succès et de revers qui aboutit, grâce à une parfaite connaissance du terrain, à la libération du pays de Retz ; mais les luttes intestines minent l’unité et le bon fonctionnement de la guérilla, et la prise de Nantes échoue. La Convention confie à Kléber la mission de mater la Vendée par tous les moyens, dont le plus atroce, le feu. C’est la déroute finale, un moment stoppée par une offre du Comité de Salut Public, qui surestimant la rebellion, la craint, d’ériger la province en principauté autonome, dont il deviendrait le consul. Mais la mésentente s’installe au cœur de sa délégation. Ce n’était en vérité qu’un traquenard échafaudé sur une clause secrète, perverse et mensongère.

    Il reprend le maquis, torturé par le désespoir. Puis c’est la capture au combat, le procès expéditif, et la marche vers le supplice ultime, le long des rues de Nantes, conspué par une population versatile qui l’acclamait encore fougueusement la veille.

    Cette tragique épopée est relatée de main de maître, grâce à une écriture flamboyante, parfaitement contrôlée, exempte de redite, et dont la richesse et l’élégance permettent de décrire des situations parfois insoutenables de cruauté. Le vocabulaire est greffé d’expressions dialectales sans que l’on ressente jamais la moindre propension à la tentation régionaliste. L’auteur exclut clairement toute explication manichéenne du conflit. En effet, c’est par sa voix que Charette, à Coblence, fustige sans équivoque les représentants de l’aristocratie qu’il y côtoie, et dont il constate vite la futilité et l’inconscience qui lui feront abréger son séjour. De même ne sont pas évacuées les dissensions qui opposent entre eux les généraux vendéens, ainsi que celles de son propre état-major, où l’on conspire contre lui. Les exactions auxquelles se livrent parfois ses propres troupes, et qu’il réprouve avec vigueur, sont évoquées sans détour.

    Ce livre révèle, au-delà d’un indéniable talent, les authentiques qualités de cœur de son auteur, qui n’est animé par aucun sentiment revanchard, mais qui souhaite uniquement que la vérité soit proclamée et que la concorde règne, comme en témoigne le splendide spectacle qu’il a écrit et réalisé au Puy-du-Fou. Nous aimerions que ce retour sur la scène littéraire soit le prélude à sa rentrée dans l’arène nationale, tant il nous paraît impensable que la résurgence de notre nation, enlisée dans la servitude et la médiocrité, puisse un jour s’effectuer sans son indispensable et précieux concours.

     

     ----------------------

     

    La Marine nationale (la Royale...) rend hommage à l'un des siens, sur son excellent site, remarquablement fait et tenu :

    https://www.colsbleus.fr/sites/default/files/2023-03/CB3110_Complet_Planche.pdf

    Marine nationale
    "[#Histoire] François Athanase Charrette de La Contrie, s’il fut généralissime de l’Armée catholique et royale contre la Convention, fut aussi et surtout durant 12 ans marin ! Cols bleus vous fait découvrir cette carrière méconnue !"
     
    Il y a 26 pages/illustrations sur la colonne de gauche : c'est la 24ème qui est dédiée au grand Charette...
     

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  • GRANDS TEXTES (10) : La paille des mots remplace le grain des choses, par Gustave Thibon

    Voici le texte intégral du discours prononcé par Gustave Thibon, lors du deuxième Rassemblement Royaliste de Montmajour, en 1970 : 

    "La paille des mots remplace le grain des choses".

     

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    Gustave Thibon, ici en compagnie de Danielle Masson...

    Mesdames, messieurs et, pour beaucoup d'entre vous, mes chers amis,

    C'est avec une joie vraie que je me trouve aujourd'hui devant vous et je ne vous dirai que quelques mots. Je n'ai ni le temps, ni le goût de vous faire un cours de philosophie politique. Cette philosophie vous la connaissez, elle est dans les œuvres de Maurras, vous pouvez vous y reporter tous les jours.

    L'heure aujourd'hui me semble être à la rencontre, à la fraternité, à la fraternité au sens des hommes qui ont vraiment un père et une patrie et non à la manière de 1789, n'est ce pas ! Donc à la fraternité, peut-être plus qu'à l'étude.

    Vous êtes nombreux et je me réjouis de vous voir nombreux, mais je dois avouer que le nombre en tant que tel n'a jamais représenté pour moi une valeur. Autrement dit, je ne vous considère pas comme une foule mais comme une assemblée, comme une communauté d'êtres divers; divers par leurs  âmes et leurs fonctions, mais unis, unis mais non nivelés, unis par l'amour et pour la défense des mêmes réalités. Car enfin si nombreux que vous soyez, vous n'êtes pas ici pour faire nombre, vous représentez  une synthèse, vous ne représentez pas seulement une addition.

    Car, voyez vous, ce que je hais précisément dans la démocratie, ce qui dés l'aurore de ma pensée m'a incliné vers la solution monarchique et vers les traditions qu'elle incarne et qu'elle couronne, eh bien ! c'est que la démocratie c'est le règne de la quantité sous toutes ses formes : La quantité brutale sous la forme du nombre, sous la forme de la masse, sous la forme de la pesanteur, c'est à dire le règne de tout ce qu'il y a d'anonyme, de matériel, de mécanique dans l'homme et dans le peuple. Autrement dit, la fatalité de la démocratie c'est de cultiver et de dilater jusqu'à l'éclatement le coté quantitatif du réel.

    Par le suffrage universel d'abord - Je n'ai pas à insister sur la loi du nombre; la loi du nombre où le vrai, l'utile, le bien sont livrés aux caprices d'une foule où l'individu manié par des propagandes est appelé à décider non ce qui le concerne et directement là où il a compétence, mais sur des programmes abstraits, lointains, qui par le fait même qu'ils s'adressent à tout le monde ne concernent plus personne. Ce qui, d'ailleurs, vous le savez comme moi et Maurras a passé sa vie à le démontrer, par la centralisation qui en résulte, étouffe toutes les libertés personnelles et locales au nom d'une liberté abstraite et inexistante. Comme je ne veux pas citer seulement Maurras, on peut évoquer ici, Valery qui, parlant quelque part de la démocratie, dit qu'elle est l'art à la fois d'empêcher les hommes de s'occuper de ce qui les regarde et de les faire décider sur ce à quoi ils n'entendent rien.

     

     

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    "...Valery qui, parlant quelque part de la démocratie, dit qu'elle est l'art à la fois d'empêcher les hommes de s'occuper de ce qui les regarde et de les faire décider sur ce à quoi ils n'entendent rien..."

               

     

    Vous parlez de la centralisation. Eh bien ! Là aussi c'est le règne de la quantité sous l'aspect de l'uniformité, c'est à dire c'est l'écrasement de toutes les communautés naturelles : les familles, les métiers, les communes, les provinces. C'est le laminoir administratif qui efface toutes les différences vivantes, qui transforme l'organique en mécanique, qui réduit la physique sociale, la physique sociale au sens profond que Maurras donnait à ce mot qu'il empruntait à Aristote, c'est à dire  qui réduit la physique sociale  à la physique au sens moderne du mot, c'est à dire à la science des corps inanimés. Car c'est à cela qu'on nous réduit. Rien d'étonnant par ailleurs à ce que cet ordre factice qui ne repose pas sur la diversité, sur l'harmonie, soit si étonnamment fragile.

    Car ce n'est pas un ordre en réalité, l'ordre démocratique, c'est du chaos en suspension, c'est du chaos figé, toujours prêt à se changer en chaos explosif, en chaos éruptif. C'est ce que nous voyons d'ailleurs. Nous en savons quelque chose depuis bientôt 200 ans ; car enfin je perds la mémoire du nombre de régimes que nous avons expérimentés, ils sont 13, 17 ou 18 que voulez-vous? On ne comptera plus ! On sera un peu  comme ces braves romaines débauchées qui, paraît-il, comptaient le nombre de consulats par le nombre de leurs maris. Mais enfin la république en a eu beaucoup de maris.

    Eh bien! Il trop clair que cela appelle la subversion, l'uniformité, la pagaille, dans une chaîne sans fin, et ces révoltes, ces révolutions, mêmes si elles naissent d'un instinct d'insatisfaction profond, d'un pressentiment des vraies réalités, dans leur expression elles sont toutes aussi artificielles, abstraites, irréelles que le faux ordre qui leur a donné naissance et qu'elles veulent détruire.

    En réalité dans ces fausses révolutions on se bat pour des fantômes, sous le fouet de propagandes où la paille des mots remplace le grain des choses.

    La plus parfaite de ces images, de la démocratie tranquille et de la démocratie agitée, ces deux formes qui alternent continuellement et qui sont deux formes de paralysie, il faut bien le dire, la paralysie inerte et la paralysie agitante, la dernière étant la maladie de Parkinson si j'ai bonne mémoire, la meilleure image qui peut nous venir à l'esprit c'est celle du désert. Tantôt calme, il donne l'impression de l'unité et dès que le vent s'élève, les grains de sable, précisément parce que rien ne les rattachent et ne les retient, se soulèvent révolutionnairement au grès des souffles extérieurs. On parle beaucoup de mouvements de masses, eh bien c'est un peu massif le mot, il n'y a pas de plus grandiose mouvement de masse qu'une tempête de sable dans le désert. Il n'y a pas non plus grand-chose qui soit plus dépourvu d'âme et de réalité. Eh bien ! C'est précisément la masse que nous refusons.

     

     

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     "...dès que le vent s'élève, les grains de sable, précisément parce que rien ne les rattachent et ne les retient, se soulèvent révolutionnairement au grès des souffles extérieurs...." Tout le contraire de nos enracinements dans une Histoire, une Culture, une Spiritualité venues du fond des Âges !...

             

     

    A l'heure où tant d'intellectuels de gauche ou même de révérends pères nous invitent à massifier notre conscience, moi je trouve que la leur est déjà assez massive comme cela, n'est ce pas ? Eh bien ma foi de toutes nos forces nous disons non ! Et c'est le sens de notre combat. Nous voulons au contraire démassifier le plus possible, autrement dit aérer, ventiler la société. Refaire un ordre appuyé sur la diversité, la hiérarchie, où chaque individu, chaque groupe, chaque province, respire librement, où l'unité est faite du respect, de l'intégration de toutes les différences.

    On vous l'a déjà dit, il faut y revenir toujours, c'est le sens du maurrassisme et le centre de la vérité politique. La seule qui a existé et qui a donné des fruits. Contre ce ras de marais égalitaire et totalitaire, nous voulons avant tout sauver notre qualité d'homme. Tout ce qui nous fait uniques et irremplaçables à tous les niveaux, depuis l'individu jusqu'à la nation en passant par tous les intermédiaires et en les respectant. Nous refusons l'érosion et le déracinement. Tout ce qui tend à nous transformer en grains de sable dans le désert.

    Nous vous convions à la lutte de la qualité contre la quantité, c'est à dire de la vie contre la mort.

    Il y a une ville dans le Languedoc où la rue qui conduit au cimetière s'appelle la rue de l'égalité. Cette égalité nous l'acceptons bien entendu, mais nous l'acceptons dans la mort et non dans la vie. Nous ne tenons pas du tout à transformer la cité humaine en cimetière anticipé, et l'idéal démocratique nous y amène.

    Ici comment conclure sans citer les vers admirables de Mistral qui vivait à quelques lieues d'ici et qui nous convie à ne jamais accepter l'uniformité, la réduction quantitative. Ces vers que je vous dirai d'abord en français ensuite en provençal :

     

     " Il est beau de lutter courageusement

    Comme Majorque en fleurs, contre le battement

    De la mer envieuse

    Et ne jamais subir l'uniforme niveau.

     

    " Es béu de lucha couraouiso

    Como Majorque en flour, contro lou picadi

    De la mar enviouso

    E de jamai subi l'uniforme nivéu.

     

     

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    "GRANDS TEXTES"...

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  • L’Iran et l’atome, par Champsaur (I/III)

    Comment connait on l’Iran en dehors d’un intense pilonnage médiatique, générant un maelstrom où l’on brasse sans vergogne Maghreb, Machrek, le Nil égyptien, le Liban, le Hezbollah, le terrorisme etc.

    Une image de l’Iran s’est construite dans la conscience collective occidentale. Des termes caricaturaux surgissent immanquablement : fanatisme religieux, fascisme religieux, politique terroriste, l’Iran veut détruire Israel … Les plus inspirés en France, ne peuvent pas évoquer les années du shah sans les résumer à la police politique, la Savak. En oubliant au passage qu’une sauvagerie a succédé à une autre. Qui ne se souvient de l’horrible exécution de l’ancien premier ministre Amir Abbas Hoveyda, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Khomeiny, en tant que « malfaisant sur terre », quelque temps après la scandaleuse interview de la délicieuse Mme Okrent. Oveyda, fin lettré, ami de la France et respecté du monde diplomatique international, n’ayant jamais eu que mépris pour la corruption qui entourait le shah.

    Et devant cet épais brouillard, on oublie vite que l’on parle de la Perse, de ses racines 10 siècles avant notre ère, d’un pays de 77 millions d’habitants. Les Iraniens eux le savent. 

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    En hachuré : les pays qui hébergent des bases aériennes américaines...

    Relayant un récurrent cri d’alarme de l’israélien Netanyahu, la presse nous assure que nous sommes à la veille de l’action militaire préventive destinée à mettre fin au programme nucléaire iranien. Et alors que la lecture attentive des journaux, français, américains et britanniques et quelques émissions consacrées au sujet, ne nous ont pas apporté d’informations nouvelles.

    Mais ce qui apparait de plus en plus comme une stricte intoxication de propagande, nous incite à revenir vers une lecture des faits les plus incontestables. L’exercice n’est pas vain car la masse de documentation historique fiable, loin des affabulations, est considérable.

    Un peu d'histoire... 

     

    Contrairement à une idée reçue, le programme nucléaire iranien ne date pas d’hier. Téhéran figure même parmi les nations pionnières. L'Iran et l'atome, est une histoire qui remonte à 1957, pour l’installation d’une filière nucléaire civile, avec l’aide de la France. Et à la même date le shah Mohamed Reza Pahlavi signe avec les Etats-Unis un programme de coopération nucléaire civile.

    Dix ans plus tard, le premier réacteur de recherche, d’une puissance de 5 Megawatts, est opérationnel. Mais le chantier sera suspendu après la révolution islamique et pendant la guerre Iran-Irak. Téhéran a annoncé à l’été 2007 que la centrale de Bouchehr entrerait finalement en service quelques mois plus tard à l’automne, grâce à l’aide de Moscou. 

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    La centrale nucléaire de Bouchehr, près de Téhéran (Raheb Homavandi / Reuters).

    En 1968, l’Iran signe le Traité de Non Prolifération (TNP) et pose les fondations d’une véritable industrie. Un objectif est fixé pour l’an 2000 : mettre en service 23 centrales ... Outre ce volet civil, le shah d’Iran ne cache pas ses ambitions géopolitiques : posséder la bombe.

    La France participe. Et Paris conclut en 1975 un accord de coopération autour du cycle de production du minerai. A l’époque, la Cogema (aujourd’hui Areva-Nuclear Cycle) veut fabriquer une importante usine d’enrichissement d’uranium à Pierrelatte (Drôme). A cet effet, elle crée en 1973 un consortium européen, nommé Eurodif, rassemblant, outre la France, la Belgique, l’Espagne, l’Italie et la Suède.

    En 1975, l’Iran rachète la part suédoise (10% du capital d’Eurodif) par un montage complexe, qui va se révéler redoutable. Paris et Téhéran créent ensemble la Sofidif (Société franco–iranienne pour l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse) avec des participations respectives de 60% et 40%. La Sofidif acquiert un quart du capital d’Eurodif, ce qui, en droit, revient à donner à l’Iran le contrôle de 10% du capital de la société.

    Mieux : une disposition spécifique autorise Téhéran à enlever 10% de la production annuelle d’uranium enrichi. De quoi faire tourner toute son industrie... En échange, le très riche régime du Shah prête un milliard de dollars au consortium pour financer la construction de l’usine, inaugurée en avril 1979 par Raymond Barre. 

    Et survient la Révolution islamique. A l’arrivée au pouvoir de l’imam Khomeiny, le nouveau régime dénonce l’accord de fourniture de centrales (technologie américaine Westinghouse, sous licence française de Framatome et allemande de Siemens). En représailles, Paris refuse à Téhéran le droit d’exercer son pouvoir d’actionnaire d’Eurodif, en suspendant les livraisons d’uranium enrichi.

    Commence alors une longue guerre secrète, ponctuée d’attentats, d’assassinats et de négociations discrètes sur le contentieux Eurodif’. Ce conflit culmine avec la crise des otages du Liban, dont la libération passera par un compromis sur le dossier Eurodif. Finalement, la France rembourse l’intégralité de la somme prêtée par le Shah, sans oublier les dommages et intérêts, estimés à plus de 600 millions de dollars. L’affaire est provisoirement réglée, fin décembre 1992, par une série de voyages à Téhéran du ministre des Affaires étrangères, Roland Dumas.

    Après une période d’accalmie, grâce à la ligne modérée adoptée par le président Khatami, l’Iran cherche à reprendre le dialogue sur le nucléaire. Aidée en cela par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En 2002, des membres de l'AIEA (Agence internationale pour l'énergie atomique) autorisés à inspecter les installations nucléaires en vertu des dispositions du TNP, découvrent des installations plus importantes qu'ils ne le pensaient. Plusieurs indices les amènent à suspecter que le programme nucléaire iranien pourrait avoir une dimension militaire. 

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     "Rapport" de l'AIEA sur le nucléaire iranien...

     En février 2003 après la diffusion de photos satellites américaines des sites nucléaires, l’AIEA lance une vaste mission d’inspection sur le programme iranien. Avec l’objectif de vérifier qu’aucune installationn ne masque un programme clandestin de mise au point d’une arme. Et ainsi le paramètre essentiel, le degré d’enrichissement de l’uranium (concentration minimum de 85 % en isotope 235), ou la fabrication de plutonium. Les processus d’élaboration sont des technologies sophistiquées, dont tous les « composants précurseurs » sont connus de tous les scientifiques atomistes.
    Après avoir entamé des négociations avec Moscou, qui proposait de fournir à l’Iran de l’uranium faiblement enrichi et d’assurer ensuite son retraitement en Russie, Téhéran s’est lancée dans les processus d’enrichissement en dehors de tout contrôle extérieur. Ouvrant ainsi la porte à beaucoup de spéculations. Après l’échec de la proposition russe, les Iraniens ont proposé de relancer le dossier Eurodif. Mais sous une autre forme. Le 3 octobre 2006, le directeur adjoint de l’Agence iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Saïdi, proposait de créer un consortium pour la production en Iran d’uranium enrichi ...

    Notons aussi que les Iraniens ouvrent leurs installations à beaucoup plus d’inspecteurs dont des Français, que ne le vocifèrent les adversaires du régime. Et les rapports de l’AIEA n’ont jamais été, et ne sont toujours pas concluants, et rappellent trop Colin Powell à la tribune de l’ONU, avec sa petite fiole prouvant qu’ils avaient trouvé des armes de destruction massive en Irak. Rappelons des dates auxquelles Téhéran était censé posséder l’arme : en 1995, puis en 1997, par la suite 2007, 2008, 2012, et maintenant 2015. Le tout au gré des hurlements de Tel Aviv. Un bon résumé se trouve dans un article de Marianne du 24 Octobre 2011, sous la plume d’un incontestable analyste, Pierre Conesa, ancien n° 2 de la Délégation aux Affaires Stratégiques du Ministère de la Défense (la DAS), dont nous sommes très loin de partager les opinions sur tous les sujets. Mais en l’espèce il déclare que « la menace nucléaire iranienne est une escroquerie intellectuelle ». Notons aussi qu’étant donné que personne ne lit les rapports de l’AIEA, il est relativement facile pour des media couchés de fixer un tempo, voire comme cela fut plusieurs fois le cas de faire caisse de résonnance à des « fuites » peu avant des publications. 

    Parlons de l’arme, de la dissuasion, des appels à la guerre, de la position de l’Iran dans la région … 

    Confrontés à une avalanche d’approximations dans le seul but d’incriminer l’Iran, en lui prêtant des intentions en tout état de cause irréalisables, il est indispensable de rappeler un certain nombre de contraintes et de règles qui accompagnent la détention de l’arme nucléaire. 

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    ... et second "rapport".

  • BREXIT : LA BELLE INSOLENCE DES PEUPLES

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgSale temps pour l’oligarchie. En huit jours à peine, voici que les Britanniques ont voté pour sortir de l’Union européenne et que son candidat à la tête de l’Autriche a vu son élection invalidée pour « irrégularités  ». Si différents soient ces deux événements, ils n’en reflètent pas moins les lézardes grandissantes qui fissurent cette Europe dont les peuples ne veulent ouvertement plus ou qui ne sait plus faire élire ses thuriféraires qu’en truquant les élections. 

    Belle leçon de démocratie ! Fort heureusement pour les Autrichiens, leur Cour constitutionnelle n’est pas le Conseil constitutionnel français. Elle ne valide pas des élections dont le dépouillement s’est déroulé dans des conditions discutables. L’ancien président du Conseil constitutionnel Roland Dumas ne se disait-il pas, lui, « convaincu d’avoir sauvé la République » — rien que moins ! — en ayant validé, en 1995, les comptes de campagne présidentielle « manifestement irréguliers » de Jacques Chirac ? Autres pays, autres mœurs... La Cour constitutionnelle autrichienne se contente, elle, de faire son travail.

    Quant au Brexit, à peine connus, les résultats étaient déjà contestés. Non pas quant à leur régularité, mais pour leur teneur même. Juncker, contre les Grecs, n’avait-il pas prévenu en 2015 qu’ « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » ? John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, auquel ce camouflet à l’ingérence d’Obama dans les affaires britanniques n’a manifestement pas servi de leçon, s’est aussitôt empressé de déclarer qu’ « il existe des moyens » pour que le Brexit ne se réalise jamais. Une intervention armée, comme en Irak ?... ou une pétition demandant un second vote, dont Marion Maréchal-Le Pen démontrait aussitôt l’imposture ...en la signant elle-même, mais relayée le plus sérieusement du monde par nos médias officiels, les bobos cosmopolites de Londres ne supportant pas que le peuple ait voté différemment d’eux.

    UNE VAGUE DE MÉPRIS SOCIAL ET ETHNIQUE

    C’est une vague de mépris, à la fois social et ethnique, qui a subitement déferlé sur les patriotes anglais. Être un Anglais de souche et un travailleur est devenu une tare irrémissible. Encore, au XIXe siècle, la bourgeoisie ne reprochait-elle aux classes laborieuses que leur « dangerosité » sociale, les privant sous ce prétexte du droit de vote... Mais notre époque a fait des progrès. C’est leur enracinement qui leur est maintenant reproché, c’est-à-dire leur appartenance au pays réel et non à une hyperclasse mondiale friquée et hors sol. Bernard-Henri Lévy, qui appelle à un second vote, n’a pas hésité à écrire : « C’est la victoire des casseurs et des gauchistes débiles, des fachos et hooligans avinés et embiérés, des rebelles analphabètes et des néonationalistes à sueurs froides et front de bœuf. » Tout y est, dans cette prose nauséabonde : la disqualification non seulement sociale et économique, mais aussi intellectuelle et physique de l’homme du peuple, ramené à une bestialité phantasmée qui, évidemment, est faite pour déshumaniser le tenant du Brexit, décrit comme un sous-homme, et donc disqualifier son choix. Et de poursuivre sur plusieurs paragraphes cette prose aux relents putrides qui rappellent les heures les plus sombres de notre histoire. Car c’est le 25 juin dernier dans Le Monde qu’est paru ce texte, non dans Gringoire entre les deux guerres. Tel est le discours de haine des tenants du mondialisme. Mais plus que leur arrogance, il traduit leur panique de voir le principe de réalité des nations resurgir dans une tranquille affirmation de soi.

    Ah ! La belle insolence des peuples. Partout en Europe, ils rappellent, par leur vote, leur droit à exister. Le mensonge européen fait de moins en moins illusion, à l’exemple du mensonge soviétique dans les années 70, lorsque Soljenitsyne écrivait sa célèbre Lettre aux dirigeants de l’Union soviétique. Oui, c’est vraiment un sale temps pour la nomenklatura mondialiste ! Et elle a beau, avec la complicité d’une presse dont les titres mangent tous au même râtelier, en rajouter sur le catastrophisme ou la volonté de punir les Britanniques de leur sacrilège, chacun sait que ces prophéties ou ces menaces que d’aucuns voudraient autoréalisatrices ne visent qu’à faire peur et à dissuader d’autres peuples d’imiter la perfide Albion. Quelle leçon pour les Vingt-Sept restants, si jamais le Royaume de Sa Gracieuse Majesté s’effondrait sur lui-même ! N’a-t-on pas ressasser que ce vote des losers de la mondialisation volerait son avenir à la jeunesse britannique ? Laquelle a surtout montré son désintérêt pour la question en s’abstenant à 70%.

    PRAGMATISME CONTRE IDÉOLOGIE

    Certes, Bruxelles trouvera dans le pays légal britannique ses meilleurs alliés pour voler leur vote aux Anglais, comme elle les a trouvés dans le pays légal français pour annuler notre non au traité constitutionnel. Avec une différence de taille : contrairement au pays légal français qui a fait le deuil de la France, le britannique choisira ce qu’il pensera être le meilleur pour les Anglais. C’est l’avantage du pragmatisme sur l’idéologie. A l’heure où nous écrivons, tout est encore ouvert. Et bien malin serait le commentateur qui projetterait en ce début de juillet 2016 l’avenir de l’Union européenne sur la comète du Brexit. N’oublions pas, en effet, le statut très particulier que le Royaume-Uni a(vait) dans l’Union, à la fois dedans et dehors, en raison des multiples exceptions (Schengen, l’euro, notamment) dont il a agrémenté son adhésion.

    C’est pourquoi, réclamer dès aujourd’hui un référendum en France sur le même sujet ou le promettre en cas de victoire aux présidentielle et législatives prochaines est plus qu’imprudent. La France, pays fondateur de l’Union, n’est pas le Royaume-Uni, qui ne s’y est rattaché que pour le seul enjeu économique. La chape morale d’une Europe facteur de paix n’a guère de prise sur la conscience britannique, contrairement aux Français qui ont subi, depuis des décennies, un véritable matraquage d’Etat sur le sujet, que toutes les institutions, école et media compris, ont relayé, en vue de faire de l’Europe un réflexe conditionné. L’aliénation est la pire des servitudes. Ne pas tenir compte de l’état moral du pays et jouer son avenir à la roulette référendaire serait évidemment le plus mauvais service à lui rendre car, en cas d’échec, la légitimité de notre appartenance à ce monstre froid en sortirait renforcée. A moins que faire cette proposition anxiogène ne soit la meilleure façon de ne pas être élu parce qu’on ne se sent pas prêt. C’est tout d’abord de l’intérieur, en aggravant ses contradictions internes, qu’un gouvernement patriote devra s’employer à détruire l’Europe.

    QUELLE « DÉRIVE TECHNOCRATIQUE » ?

    Pour Jean-Pierre Chevènement, patriote de gauche, le Brexit peut-être « une deuxième chance donnée à l’idée européenne : celle d’une refondation démocratique qui articulerait la démocratie qui vit dans les nations avec une démocratie européenne qui reste à construire. » Son communiqué a inspiré l’appel de vingt intellectuels eurocritiques, paru dans Le Figaro, dont Michel Onfray, Natacha Polony ou Jacques Sapir qui, pourtant, dans notre dernier numéro, rappelait qu’un projet « démocratique » européen suppose l’existence d’un peuple européen, qui ne se décrète pas. Ce volontarisme consubstantiel à la gauche oublie qu’il n’y a jamais eu de « dérive technocratique » de l’Europe, comme le prétendent les auteurs de l’appel : le technocratisme est à la source du projet des « pères fondateurs », contre les souverainetés nationales et populaires. Contre la politique et la liberté des nations. Contre l’histoire. Dissipons les nuées d’une autre Europe pour mieux préparer un avenir de liberté et de paix reposant sur le dialogue d’Etats souverains.   

    L’ACTION FRANÇAISE 2000

  • SOUTENEZ, PARTICIPEZ ! ACTIVITÉS DES ROYALISTES ET/OU DU PAYS RÉEL DANS TOUTE LA FRANCE...

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    Cette page est ouverte à tous, lafautearousseau se voulant "la maison commune" de tous les royalistes, de toute obédience (RN/CRAF, NAR, GAR, DEXTRA, indépendants/"électrons libres"...)

    Aux deux seules conditions que l'on soit dans la double fidélité à l'école de pensée de l'Action française et à notre Famille de France, à laquelle nous sommes particulièrement attachés...

    Mais elle est aussi ouverte à d'autres groupes, pas forcément royalistes, ou exclusivement royalistes, qui mènent des actions allant dans le sens de la défense du Bien commun : le Collectif Nemesis / Jeunesse, si tu savais-Poussières d'étoiles / Baguette Musette / le Cercle d'Artagnan / Les Chemises blanches...

    Envoyez-nous les annonces et/ou les visuels de réunions de rentrée, Cercles d'études et de formation, Cafés politique/actualité/histoire, manifestations diverses etc...

    • Conférences, Réunions, Cercles de formation, Manifestations diverses... dans la France entière...

     

     

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    • 30 et 31 janvier : Manifestations « Marchons Enfants » partout en France contre la PMA sans père, la GPA et le projet de loi bioéthique

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    https://www.lamanifpourtous.fr/actualites/communiques-de-presse/30-et-31-janvier-manifestations-marchons-enfants-partout-en-france-contre-la-pma-sans-pere-la-gpa-et-le-projet-de-loi-bioethique?utm_source=newsletter&utm_medium=bouton-cp-30-31-janvier&utm_campaign=nl29122020&fbclid=IwAR1yi2CEnh14L8SAGKPGV6USjrsMJWzbYO9bTDj8zQ9Q3-mIshQI9wD6-qA

     

     

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    Nous vous rappelons les manifestations qui auront lieu les 30 et 31 janvier partout en France contre le projet de loi de bioéthique.

    Nous vous invitons tout particulièrement à venir au rassemblement qui se tiendra dimanche à Versailles, Place d'Arme, de 15h à 16h.

    Seront notamment présents le chanteur Patrice Martineau, des représentants associatifs et politiques, parmi lesquels Jean-Frédéric Poisson, président de d'ex-Parti Chrétien-Démocrate, VIA- la voie du peuple.

    Nous vous remercions de votre mobilisation et nous vous invitons à encourager vivement votre entourage à venir manifester dimanche. 

     

     

    DIMANCHE 31 JANVIER : MANIFESTATION A DIJON CONTRE LA PMA, LA GPA ET LE PROJET DE LOI BIOÉTHIQUE !
    Malgré l’extrême gravité de la crise sanitaire, économique et social, Emmanuel Macron a décidé de faire examiner maintenant le projet de loi bioéthique au Sénat. Ce texte sociétal vise notamment à légaliser et rembourser la PMA sans père, sans motif médical, à faciliter le recours à des mères porteuses, à autoriser la création d’embryons humains génétiquement modifiés, de chimères (embryons homme-animal) et légaliser l’interruption de grossesse jusqu’à 9 mois.
    Rendez-vous à Dijon ce Dimanche 31 Janvier à 14h00, place de la République !

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    • CERCLE DE FLORE PARIS

     

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    Site Officiel : https://www.actionfrancaise.net/recherche/cercle+de+flore

    Page FBhttps://www.facebook.com/cercle.de.flore/

     

     à 20h,

    10 rue Croix des Petits Champs, 75001 Paris, Metro 1 et 7 : Palais Royal - Musée du Louvre.

    PAF : 5€ (conférence) 10  (conférence + buffet)

     

     

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    • CERCLE DE FLORE LYON

     

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    Page FB : https://www.facebook.com/cercledeflorelyon/

     

     

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    • URBVM

     

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    Site Officiel : https://urbvm.fr/

     

     

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    • Les Mardis de Politique magazine

     

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    Chaîne Vidéos : https://www.youtube.com/channel/UCYlZgfsklLOeodytYauQONQ

    https://www.youtube.com/user/Politiquemag

     

     

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    • Le Café Actualité d'Aix-en-Provence

     

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    • Le Café Histoire de Toulon

     

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    Chers Amis du Graal, du Café Histoire de Toulon et de la paroisse de Saint-François de Paule.


    Après la longue interruption consécutive au Coronavirus, l'équipe du Café Histoire de Toulon a décidé de reprendre ses causeries à partir du mois d'octobre 2020, toujours dans le bar associatif des Missionnaires de la Miséricorde Divine, Le Graal  au 377 avenue de la République , 83000 Toulon. Toujours le dernier merci du mois. Le moment de convivialité "Pizza et bières" sera étendue à minuit.

    Pour mieux répondre à vos nombreuses demandes à " re-vivre ", l'équipe d'origine - constituée à l'initiative de l'abbé Fabrice Loiseau - s'étoffe, se professionnalise, se renouvelle et se... rajeunie. Elle vous propose un programme de causeries basé sur la publication d'ouvrages, présentés par leurs auteurs. Ces ouvrages pourront être achetés sur place et dédicacés grâce au soutien de La librairie de l'Enfant Jésus ( 81 rue d'Orvès - Toulon, @Enfantjesus.fr )
     

    Novembre 2020 : Jacques Trémollet de Villers sur Jeanne d'Arc aujourd'hui ( chez Perrin )
    Janvier 2021 : Philippe Conte et son ouvrage sur la vraie révolution spirituelle ( à l'Harmattan).
    Février 2021 : Julien Langella avec son livre sur le populisme : refaire le peuple ( à la Nouvelle Librairie).
    Mars 2021 : Alain Vignal sur son ouvrage en préparation de l'histoire du diocèse de Toulon


    Par ailleurs nous vous informons de la publication d'un très bel ouvrage de notre paroissien occasionnel Jean Sévillia sur "L'histoire de la France cartographiée,
  • Livres • Nouveautés BD

     

    par CS

     

    Dilemma

    Dilemma-227x300.jpgÉgypte, 1937. Un jeune archéologue, Michael Dorffman, retrouve dans une grotte des codex attribués à des philosophes de la Grèce antique : Platon, Diogène, Aristote et Xénophon. La découverte est aussi fascinante que prodigieuse car ces écrits contiennent les visions de ces célèbres philosophes sur l’avenir, en particulier sur cette Seconde Guerre mondiale qui s’annonce. De retour sur le sol allemand, Michael Dorffman ne s’imagine pas que sa découverte va susciter de nombreuses convoitises, en particulier de la part du régime nazi au pouvoir depuis déjà quatre ans et qui fourbit ses armes. Les adversaires des nazis s’intéressent aussi à ces écrits. Le jeune archéologue, ses proches et les codex se retrouvent au cœur de la mêlée. Les deux camps veulent mettre la main sur ces codex pour connaître l’avenir et pourquoi pas pour lui faire emprunter d’autres chemins.

    Entre la Bande-dessinée et le roman graphique, cet ouvrage de 140 pages nous fait plonger dans une histoire uchronique pleine de d’aller-retour entre l’Antiquité et l’entre-deux guerres. La question de fond reste la même : L’avenir est-il écrit, peut-on changer le futur ? Jusqu’à quel point notre avenir est-il écrit ? Pour les bouddhistes, il l’est jusqu’à la moindre virgule. Le monde occidental, plus cartésien, pense que ce sont les hommes qui font l’Histoire même s’ils acceptent une part de déterminisme…

    L’auteur, Frédéric Seron dit « Clarke », nous livre un bon thriller historique qui a la particularité d’avoir deux fins possibles. Quelle que soit la version achetée, l’autre fin est disponible en ligne sur le site du Lombard qui signe ici un joli coup éditorial, pour le moins original. Le lecteur ne se voit pas contraint d’acheter les deux albums.

    Dilemma – Scenario et dessins : Clarke – Editions Le Lombard – 140 pages – 19,99 euros.

     

    Le Garage de Paris – Tome 2

     

    Garage-de-Paris-225x300.jpgAprès un premier tome qui avait été remarqué par la critique (http://www.politiquemagazine.fr/du-nouveau-chez-glenat/), Dugomier et Bazile récidivent en présentant dix nouvelles histoires de voitures populaires. Au nouveau de ce deuxième album : la DS 23 à injection électronique qui aurait pu avoir une autre destinée si elle n’avait été commercialisée en plein choc pétrolier. Le lecteur retrouve également la Dauphine, produite en 1962 et première voiture française à dépasser les deux millions d’exemplaires ; la 404 rouge tango que l’on peut croiser encore sur les routes africaines ; le Type H Citroën de 1955 en version épicier ambulant, fabriqué à plus de 450.000 exemplaires et dont quelques exemplaires subsistent encore ; la mythique Facel Vega dans laquelle Albert Camus et Michel Gallimard trouveront la mort en janvier 1964.

    Les histoires sont bien conçues et reflètent aussi bien l’esprit du constructeur que celui de l’utilisateur. Elles fourmillent d’anecdotes intéressantes et lancent quelques clins d’œil. Ainsi apprend-on que le célèbre dessinateur Franquin, auteur de Gaston Lagaffe, était un fan de DS.

    Les deux auteurs font une concession et une entorse aux voitures mythiques françaises en accordant leurs faveurs à la Jaguar Type E, immortalisée par Louis de Funès dans Le Petit baigneur en lui faisant gagner de nombreux centimètres, mais aussi la célèbre Mini qui connaît depuis quelques années une seconde jeunesse. Entre tendresse et nostalgie, les deux auteurs férus et passionnés d’archives rares nous font revivre l’âge d’or des ces véhicules un peu oubliés. Un album à mettre entre toutes les mains. 

    Le garage de Paris – Tome 2 – Dugomier et Bruno Bazile – Editions Glénat – 48 pages – 13,90 euros.

  • MAI 1968, OU LE VIDE EN HERITAGE, par Cyril de Pins.

              A 32 ans, Cyril de Pins est professeur agrégé de philosophie. Traducteur, il poursuit des recherches en histoire de la linguistique. Voici l'intégralité de l'article qu'il a publié pour "célebrer" à sa façon les quarante ans de ce mouvement. Anti conformisme garanti, pensée à contre-courant, le tout accompagné d'un humour décapant et d'un sens de la formule certain..... 

    Les acteurs de Mai détestent la France, à l’exception de quelques symboles utilisables

    Nous sommes les héritiers de Mai 1968. C’est indubitable. Mais nous ne nous sommes plus que cela. Ceux qui, comme moi, sont nés après 1970, n’ont reçu en héritage que ce que leur a légué la génération précédente, celle qui avait une vingtaine d’années lors des réjouissances printanières où tant de gens ont cru voir une révolution. Et cet héritage est bien pauvre : il consiste en une propension juvénile à la déploration et à la dénonciation publique, en une confiance illimitée et aveugle en la jeunesse et en soi, en une détestation de principe de l’autorité et en un rejet haineux du passé.

    "Du passé faisons table rase", disait l’Internationale, Mai 1968 et ses petits soldats lyriques l’ont fait, en braillant : "Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi."
    Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est assez réussi : plus un élève qui ne sache qui est Danton ou Marat, plus un élève qui sache distinguer une église romane d’un lavoir, plus un élève qui sache même qui furent Lénine et Mao. Les élèves font désormais le même usage de l’histoire que celui de leurs ainés : l’histoire n’est bonne qu’à proposer les ébauches imparfaites de notre modernité

    Il était frappant, lors du mouvement anti-CPE, d’observer le mimétisme des enfants et voire des petits enfants des "révolutionnaires" de Mai, qui n’avaient qu’une idée en tête, répéter Mai.

    Il serait intéressant, en ces temps de commémoration lyrique, de soumettre les jeunes générations à une petite épreuve. Elle consisterait à leur faire lire les slogans inscrits sur les murs des rues et des universités en 1968 et à leur demander ce qu’ils en comprennent. On se rendrait alors compte qu’ils n’y comprennent rien, ni le sens, ni, plus grave, l’humour souvent référentiel (notamment des citations de Saint-Augustin, Napoléon, Ambrose Bierce, Alphonse Allais, etc.)

    Enfants gâtés de l’histoire, ils furent la première génération depuis la nuit des temps qui ne connut pas la guerre, ni même sa menace – tandis que la génération précédente avait encore connu la guerre d’Algérie –, ils furent la dernière génération à connaître une telle prospérité et ce qui l’accompagnait, à savoir des carrières nombreuses et brillantes possibles à une époque où tout se développait et s’élargissait : les entreprises, les universités, les Grandes Ecoles, etc. Ajoutons qu’ils ne connurent pas, dans leur jeunesse, la psychose sexuelle induite par l’apparition du SIDA.

    Gâtés par l’histoire, ils le furent aussi par l’instruction. Les premiers, ils reçurent si nombreux une excellente formation classique (latin, grec, littérature classique, une belle langue française, etc.) et les derniers, ils reçurent l’héritage populaire de nos provinces, ses langues (dialectes français, occitan, breton, basque, alsacien, gascon, etc.) et ses traditions.

    Comme tous les enfants gâtés, ils ont détruit ce qu’ils avaient reçu, ce que l’histoire avait conservé si longtemps, ces langues, ces traditions et cet enseignement hérité des jésuites et généralisé par la République. Ils remplacèrent tout cela par leurs caprices, par leurs fantasmes et par la seule mémoire de leur jeunesse.

    Ma génération est la première à n’avoir rien reçu : ni langue régionale (le fameux patois dont le patrimoine est parfois éminent, si on parvient à se souvenir des troubadours – ce que font les Italiens et les Catalans, mais pas nous) ; ni formation classique (les classes de latin et grec ont fermé presque partout, en dépit de la défense menée par leurs ainés, telle Mme Jacqueline Worms de Romilly) ; ni même, et c’est plus grave, culture nationale : nos élèves ignorent presque tout de l’histoire de France, de sa littérature classique et leur maîtrise du français est confuse et laxiste, conforme au fond aux seules exigences qu’on a fait peser sur eux et qui se résument à l’expression de soi (à la place de l’expression tout cours).

    Bartabas rappelait récemment le péché de la génération 1968 par ces mots : "Ce que la génération qui m’a précédé – celle de 68 – a oublié d’assumer : la transmission du savoir."

    Nous n’avons reçu que le narcissisme des enfants gâtés de l’histoire et leurs bons sentiments ; nous n’avons reçu aucun savoir, ni aucun savoir-faire. N’est-ce pas dès lors à notre génération de dresser le bilan de Mai 1968 et de l’œuvre de ses acteurs, plutôt qu’à celle qui déjà a suffisamment fait pour rendre abruties et incultes celles qui viendraient après ? Or, on n’entend qu’eux ! Depuis quarante ans, on n’entend qu’eux, comme si la France avait commencé avec leurs cris et leurs slogans ; ils pavanent tous ces jours-ci, comme des anciens combattants alors que ce sont de nouveaux rentiers. Les vrais résistants, qui devaient leur carrière à leur engagement, avaient de la pudeur et du courage, EUX.

    La crise de l’identité française n’est pas difficile à expliquer. Depuis Mai 1968 et conformément au crédo de ses acteurs, la France est considérée comme le pays des droits de l’homme et n’est que cela.

    Oubliées les mémoires provinciales qui permettent de comprendre que la France s’est constituée au gré d’une histoire diverse et complexe, une histoire dont la République n’est que le dernier chapitre ; oubliés les siècles sans démocratie où l’Europe admirait pourtant nos écrivains et nos savants et nos soldats ; oubliées ses racines chrétiennes, latines, grecques, germaines ; oubliés ses patois ; oubliée la langue scolaire qui, pourtant, souda la nation d’abord son élite, puis, l’école se développant (et la guerre mélangeant les gens de toutes les provinces), toutes les autres couches de la société.

    Ce qui fait une nation, c’est une commune mémoire. Nous n’en avons plus. Rien n’est plus écœurant pour ceux de ma génération que d’entendre à longueur de journée le diagnostic de tous ces irresponsables qui, passées les journées de Mai, une fois arrivés aux affaires (ils y sont toujours), n’ont eu de cesse que de réaliser leurs fantasmes : l’enfant au centre (de tout), les vieilles lunes aux oubliettes (les souvenirs inutilisables symboliquement, les langues régionales (inutiles pour l’ascension sociale et trop liées au passé et à la campagne), les humanités (latin, grec et culture religieuse), toutes les formes (vestimentaires, linguistiques, la politesse, etc.) et la sélection).

    Les fossoyeurs de la mémoire et des langues s’érigent, depuis quarante ans, en médecins de celles-ci, qui prennent leurs modèles là où la mémoire survit moins encore.

    Les pays scandinaves, sans cesse donnés en exemple, sont malades plus encore que nous : leurs enfants n’y apprennent presque rien (l’anglais qu’ils parlent si bien, ils l’apprennent à la télévision où rien n’est doublé), ils se désintéressent de leur histoire – les départements de scandinave ancien sont désertés par les Danois et les Suédois (où d’ailleurs ils ont même tendance à fermer).
    Mais ils ne sont pas nombreux et les sociétés sont assez homogènes et prospères, aussi l’identité nationale est-elle préservée – mais pour combien de temps et dans quelles conditions ?

    Les acteurs de Mai détestent la France, ils n’en aiment que les quelques symboles utilisables : la Révolution française, la Résistance (et encore) et une partie de son patrimoine artistique et culinaire. Ceux-là (et certains de leurs disciples dociles des générations suivantes) invoquent dès qu’ils peuvent les autres périodes de notre histoire comme des repoussoirs dont les gens ne savent plus rien désormais de toute manière : l’Ancien Régime (dont on confond tous les rois et toutes époques), le Moyen Âge (dont on ignore tout et qu’on caricature sous les traits de l’Enfer de Dante, auteur aujourd’hui ignoré universellement), l’Empire (Napoléon est de plus en plus décrit comme un Hitler – selon une lecture anglo-saxonne), le Second Empire (dont on ne retient rien alors qu’il permit de moderniser le pays et de développer un grand nombre de nos régions, dont le Sud-Ouest), Vichy (la référence et le résumé de la France selon BHL, dans L’idéologie française qui fut la Bible de nombreux acteurs de Mai)…

    Comment s’étonner que le résultat de leurs travaux politiques, sociaux et idéologiques soit une générale détestation de la France, de son passé, de son présent et de tout ce qui y est associé, qu’une partie de notre jeunesse aille au stade pour siffler son hymne national, qu’elle n’hésite pas à quitter le pays ou la langue française ?

    Le sentiment national est nécessairement un sentiment particulier : c’est le sentiment d’appartenir à une histoire particulière, de participer à une aventure particulière, de parler une langue particulière et de vivre sous des lois particulières.
    Tout à leur lyrisme, les acteurs de Mai, ont décidé de renoncer au particulier pour embrasser l’universel : la France n’est plus que la patrie des droits de l’homme, l’expérience française, libérée de son lourd héritage historique, n’est qu’une promesse de justice sans cesse trahie – une bonne raison de redescendre sans cesse dans la rue commémorer Mai.
    Aucune nation ne peut se nourrir que d’universel et chaque fois qu’une nation s’est pensée comme universelle, encore que cette pensée ne fut alors jamais qu’un horizon, cela se traduisit par des guerres et de l’expansion. La colonisation en fut un symptôme : si la France est universelle, pourquoi devait-on en priver les peuples ?

    Il est évident qu’on ne restaurera pas l’identité nationale en se contentant d’expulser sans grand discernement un maximum d’étrangers et qu’on n’enseignera pas l’amour de la France et de sa langue (voire de ses langues) par un catéchisme scolaire vidé de toute mémoire et des coupes du monde.

    La France est un pays fort de traditions savantes, linguistiques, historiques et universitaires riches et nombreuses. C’est un pays au patrimoine inépuisable mais menacé, par l’indifférence (on détruit de plus en plus d’églises et les châteaux sont massacrés les uns après les autres par de funestes transformations ou, tout simplement, la ruine).

    Les acteurs de Mai détestent tant l’héritage qu’ils considèrent qu’on ne le taxe jamais suffisamment, qu’on ne l’entrave jamais suffisamment, car rien n’est plus inique que l’héritage. Je m’étonne souvent qu’ils n’aient pas encore envisagé d’égaliser les patrimoines génétiques (les héritages biologiques)… mais soyons patients : leur passion de l’égalité et leur haine de l’héritage les y conduiront un jour.

    Les acteurs de Mai ont oublié une chose importante : tout héritage s’accompagne de dettes ; les premiers, ils ont joui de l’héritage en ignorant les dettes, à commencer par celle qu’on contracte en recevant tout héritage : celui de le transmettre à la génération suivante. Cette dette est une dette laissée non seulement par ceux qui nous ont précédés, mais aussi et surtout qui nous lie à ceux qui viennent et à qui nous devons confier mémoire et savoir car ils sont l’avenir.

    Que transmettront ceux de ma génération et ceux de la génération suivante ? On ne fait pas une nation et une histoire avec de la bonne conscience et quelques symboles réconfortants. La nation se bâtit dans les mémoires et dans la langue, pas sur le pavé à hurler des slogans ineptes – les mêmes depuis trente ans (les seules chansons que les plus jeunes partagent avec les plus vieux sont ces chants fort laids des manifestations…).

    Ceux qui ont acquis leur rente en jetant des pavés voudraient qu’on les admire d’avoir joui sans partage de leurs privilèges pendant tant de temps en cherchant à nous faire verser une larme émue sur leurs faits d’arme. Ce n’est plus odieux, c’est obscène.

  • Vers une récession en double creux et un effondrement en 2021 ?, par Marc Rousset.

    La Bourse de a connu sa pire semaine en trois mois. L’indice CAC 40 a chuté de 5 % et a perdu 20,88 % depuis le 1er janvier. Le marché baisse progressivement, suite aux mesures de protection sanitaire mises en place dans toute l’Europe. Les investisseurs se demandent si les plans de relance des États et la création monétaire des Banques centrales vont réussir à maintenir le rebond enclenché depuis la fin des confinements.

    marc rousset.jpgLe scénario officiel des médias est celui d’une reprise en U pour le second semestre 2020 avec la découverte d’un vaccin contre le Covid-19 au premier semestre 2021, une croissance économique satisfaisante et une hausse des valeurs délaissées en 2021 telles que les banques, l’automobile, l’aéronautique, les foncières, le tourisme et l’hôtellerie. Ces prévisions sont remises en question par une possible deuxième vague d’infections et les nouvelles restrictions de confinement telles qu’à Marseille, avec en prime l’arrivée de la grippe cet hiver. Une contraction dès le quatrième trimestre 2020 est fort possible, auquel cas la reprise en cours avorterait ; nous serions alors en présence d’une récession avec un double creux, plus particulièrement aux et en Europe où l’économie de la zone euro a déjà chuté de 11,8 % au deuxième trimestre.

    L’INSEE a prévu un taux de chômage de 9,5 % fin 2020. 715.000 emplois ont été détruits en France au 1e semestre, selon Le Monde. Un million d’emplois seront supprimés en France d’ici la fin de l’année selon Euler Hermes, leader du recouvrement commercial. Les défaillances d’entreprises françaises devraient reculer de -9 % en 2020 avant de connaître, selon l’assureur-crédit, une explosion de +32 % et un taux de chômage de 12,5 % en 2021. La vague de plans sociaux annoncée pour la rentrée de septembre va bien déferler sur la France, mais seulement début 2021. Les secteurs en restructuration à venir sont l’aéronautique, la distribution, l’automobile, le tourisme, l’événementiel, les banques. En juin 2020, Euler Hermes estimait qu’il y avait au total 9 millions de « jobs zombies » dans les pays de l’Union européenne, dont 1,8 millions en France. La Société Générale veut fusionner ses réseaux avec ceux du Crédit du Nord ; Auchan a déjà annoncé la suppression de 1.475 postes et le constructeur de bateaux Beneteau 1.390 emplois.

    La dette publique commence enfin à inquiéter le Français moyen. Bruno Le Maire vient de le confirmer : « Une dette, ça se rembourse ». La dette publique française s’est envolée à 2.640 milliards d’euros au deuxième trimestre, soit 114 % du PIB, sous l’effet de la crise, soit la bagatelle de 200 milliards d’euros en trois mois. À la dette supplémentaire de 113,4 milliards d’euros de l’État, est venue s’ajouter 84,9 milliards d’euros des administrations de sécurité sociale et 2,7 milliards des collectivités locales. Le retour à la croissance et les réformes de structures, de diminution des dépenses publiques annoncées par Bruno Le Maire pour 2021 relèvent de la démagogie ; c’est au début du quinquennat de Macron que ces réformes auraient dû être effectuées.

    Quant aux banques, les provisions pour risque de défaut sur les prêts aux entreprises explosent, avec +263 % pour le premier semestre à la Société générale et +414 % à la Banque postale. BNP Paribas serait très exposée aux prêts dans l’hôtellerie, le tourisme ou la distribution à hauteur de 235 % de ses fonds propres. Le Fonds de garantie des dépôts et de résolution qui ne disposait que de 4,5 milliards d’euros fin 2019 pour assurer la garantie des dépôts bancaires (100.000 euros par client), en cas de défaillance d’une banque française, n’est qu’une sinistre plaisanterie.

    Il semble également que les épargnants commencent à fuir l’assurance-vie, suite à la rentabilité insuffisante de 1 % des fonds euros, des risques sur les actions (krach) et sur les fonds immobiliers (télétravail et non location de bureaux vides, de commerces fermés). La décollecte sur les cinq derniers mois par rapport à 2019 est de 22 milliards d’euros. Selon le journal financier L’Agefi, l’assurance-vie va boire la tasse. Que ce soit pour les banques ou l’assurance-vie, seule la BCE serait à même de fournir les liquidités nécessaires en cas de crise, les gouvernements étant déjà surendettés.

    ne survivra pas politiquement aux bouleversements économiques et au tsunami social à venir, si la récession en double creux se réalise effectivement en 2021.

     

    Marc Rousset

    Économiste
    Ancien haut dirigeant d'entreprise

     

  • Pour une réaction de fond !

     

    Hormis la vision concrète de l'horreur, la vague terroriste qui vient de submerger Paris ne nous a rien appris que nous ne sachions déjà. Rien, ni sur le nombre des victimes, ni sur le mode opératoire des terroristes, qui n'ait été prévu, analysé, annoncé. L'on savait que de nouveaux attentats se préparaient. On le sait aujourd'hui aussi pour demain, ou après-demain... Qu'ils puissent prendre une encore plus grande ampleur, mettre en œuvre des moyens plus terrifiants encore que ceux utilisés hier, on le sait aussi. Et que cette guerre, fût-elle asymétrique, ou précisément parce qu'elle l'est, soit faite pour durer, qu'elle ait la possibilité d'enrôler pendant longtemps encore de nouveaux combattants à travers le vaste monde islamique, qu'elle puisse donc s'étaler sur plusieurs décennies, n'est hélas pas une hypothèse absurde.

    La France est-elle humainement, moralement, intellectuellement, techniquement, militairement et politiquement - nous voulons dire institutionnellement - armée, pour la mener, la soutenir, y triompher ? Comment ne pas se poser ces questions de fond lorsqu'on observe la société française, la vie politique française ? C'est à dire, en bref, lorsqu'on constate notre extrême fragilité ? Quelques jours de sursaut, quelques discours martiaux, lorsque tout semble s'effondrer, ne peuvent cacher le vide sidéral du continuum politique et social français.

    Si l'on n'a pas conscience de cette question de fond, rien n'est possible. On pourra toujours attendre et réclamer de nos dirigeants des actes forts, un regain d'autorité, une inflexion majeure de notre politique étrangère, ou de notre politique d'immigration, comme Nicolas Sarkozy l'a fait hier matin, le passage à l'acte se fera attendre, sera d'apparence, sera fait de demi-mesures.

    Réclamons donc sans illusion cette réaction de l'immédiat. Acceptons-en l'augure improbable. Tout ce qui pourra être décidé de positif pour la sécurité de la France et des Français sera malgré tout bon à prendre.

    Mais tentons surtout d'envisager ce que pourrait, devrait être une réaction de fond. Sur le double plan moral et politique.

    Au lendemain des attentats de janvier, la préoccupation du pays légal tout entier - politique et médiatique - fut d'abord de préserver la communauté musulmane de toute réaction hostile. On s'est dits Charlie et l'on ne s'est pas battu pour la France, pour le peuple français, mais pour une très contestable et, au sens plein, dérisoire liberté d'expression. La réaction nationale qui était possible fut ainsi fourvoyée. Ce fut l'esprit Terra Nova qui nous a valu presque un an de matraquage permanent, multiculturaliste, universaliste, antiraciste (c'est à dire anti-blancs), immigrationniste, sansfrontiériste, etc. Ce corpus idéologique, utopique et destructeur, où l'identité nationale est moquée, la fierté nationale tournée en ridicule, l'Histoire de France oubliée, la repentance, la culpabilisation érigées en méthode pédagogique, ce corpus idéologique omniprésent doit être pourchassé, combattu, abandonné, si l'on veut avoir quelque chance de gagner la guerre qui nous est faite. On ne mène pas à la bataille, encore moins à la victoire, un pays dont on sape le moral, les racines, la fierté, l'identité. Nous savons que toute identité évolue, s'approprie, s'enrichit d'apports extérieurs pour les incorporer à ce qu'elle a de substantiel et de pérenne. Il sera temps, secondairement, de chanter les louanges des dits apports extérieurs. L'urgence est aujourd'hui, prioritairement, de rendre aux Français le sens et la fierté de leur identité pérenne. Ce pourrait être la mission, d'ailleurs déjà heureusement entreprise, de ce courant d'intellectuels qui s'opposent aujourd'hui avec  pertinence - mais encore trop faiblement - à la déconstruction du pays, de sa culture, de son essence. Nous pensons en particulier à ce courant de journalistes, écrivains, historiens, universitaires et politiques, que l'on nomme néo-réacs ou néo-conservateurs.  De nombreux Français, aujourd'hui, attendent beaucoup de leur action.   

    Au delà de la lutte idéologique pour le moral français, pour l'identité française, la seconde question essentielle qui se pose est celle de la validité ou non de notre Système politique et institutionnel, de son adaptation ou inadaptation aux temps dangereux dans lesquels nous sommes entrés. Quelques jours d'union nationale cèderont vite la place dans le monde politicien aux obsessions électorales, à l'esprit de parti. Aux grands enjeux nationaux, oubliés aussitôt le danger passé, vite oublié lui aussi, succèdera l'obsession des échéances électorales, les régionales, qu'elles aient lieu ou non à la date prévue, la présidentielle de 2017 et, pourquoi pas ?, de 2022. L'existence de la nation se retrouvera sacrifiée aux intérêts de parti et à l'ambition des personnes. L'activité politique se ramènera à leurs jeux et à leurs luttes. La question du régime a été posée à de multiples reprises ces derniers mois dans la presse, dans le débat public. Par de nombreuses personnalités. Y compris par un ministre de la République en exercice. L'un des principaux. Le plus jeune et le plus brillant. Oui, notre devoir de Français responsables est de poser, de rouvrir la question du régime qu'il faudrait à la France.

    C'est cela qu'en d'autres temps eût proposé la grande voix de l'Action Française. C'est cela qu'à notre plus modeste échelle, nous proposons aujourd'hui.

     

    Lafautearousseau