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  • Le Prince Jean de France dans Le Figaro pour les 60 ans de la Constitution de 1958 : elle n'est pas à abolir mais est in

    Jean de France, Duc de Vendôme MELANIE FREY/Le Figaro Magazine

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLe Duc de Vendôme a publié un article dans le Figaro du 7 octobre qui mérite de notre part toute notre attention, car il  s’intéresse dans ce texte aux institutions actuelles de la France.

    Nul n’est mieux placé que lui pour aborder ce sujet et c’est pour nous une bonne nouvelle que de voir notre Dauphin faire connaître sa pensée en termes mesurés mais pleins de sens. Il rappelle que la Constitution de 1958 avait été rédigée pour revenir à un modèle parlementaire équilibré dans la ligne de la Charte de 1815 : un régime doté d’une représentation permanente, mais dans lequel le chef de l’Etat ne soit pas seulement un symbole mais un arbitre, « garant de la continuité et de l’indépendance nationale ». Une définition à la quelle la monarchie traditionnelle correspond parfaitement. La permanence du Souverain, en cas de désaccord avec les assemblées, était assurée par le recours au référendum dont il gardait l’initiative.

    Malheureusement, comme le montre le Prince, le Général de Gaulle institua l’élection du président au suffrage universel ce qui accentua le caractère partisan du régime, dans lequel le président devient l’élu « des uns contre les autres » et « le chef du parti majoritaire ». Ainsi nous dit le Dauphin, « le caractère arbitral n’est plus assuré ». De plus ajouterions-nous, l’absence de soutien populaire a conduit à renoncer au référendum.  Le régime est donc gravement bloqué.

    Le Prince conclut en envisageant l’hypothèse où la Constitution pourrait être réformée pour accomplir pleinement les buts pour lesquels elle avait été rédigée, qui est la perpétuation de la France dans son indépendance retrouvée. Nous connaissons les conditions nécessaires pour que notre pays retrouve sa voie naturelle.  LFAR

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgLa Constitution de 1958 fête ses 60 ans.

    Dans notre pays, qui a adopté puis rejeté rapidement beaucoup de textes constitutionnels, cette longévité, qui fait de la Vème République le régime le plus long de notre histoire moderne après la IIIème République, est très appréciable. Surtout, les institutions approuvées par le peuple français le 28 septembre 1958 s'inscrivent dans la longue durée du régime parlementaire, fondé sous la Restauration, renforcé par la Monarchie de Juillet et qui avait été rétabli après le Second Empire dans l'attente du comte de Chambord. Le «grand refus» du prétendant et les circonstances politiques qui ont suivi, ont déséquilibré le régime que la monarchie royale devait équilibrer et le régime parlementaire s'est mué en régime d'assemblée sans que la IVème République ne parvienne à donner de la force aux gouvernements qui se succédaient. 

    En 1958, la Constitution de la Vème République a offert à la France ce qui lui manquait depuis 1877: un chef d'État arbitral, garant de la continuité et de l'indépendance nationale, véritable clef de voûte des institutions. Cette Constitution demeurait fondamentalement parlementaire puisque le principe de la responsabilité du Gouvernement devant l'Assemblée nationale était réaffirmé. Mais elle renforçait la démocratie en prévoyant le recours au référendum. D'éminents juristes ont considéré que la nouvelle Constitution instituait une monarchie démocratique et parlementaire, d'inspiration orléaniste - une Constitution devenue monarchie élective depuis que le Président est élu au suffrage universel.

    Jusqu'en 1969, le système institutionnel de notre pays impressionne par sa cohérence - même si l'autorité judiciaire reste par trop soumise aux injonctions de l'exécutif. La Constitution politique est adossée à une organisation administrative, héritage de l'Ancien régime, du Consulat et de la Restauration puisque Louis XVIII avait décidé de conserver l'acquis napoléonien. Cette administration forte, mais soumise au pouvoir politique, appuie le projet économique et social conçu pendant la Résistance et mis en œuvre à la Libération.

    Cependant, notre Constitution a révélé ses failles après le départ du général de Gaulle.

    La première tient au fait, déjà établi lors de l'élection présidentielle de 1965, que le président de la République est l'élu des uns contre les autres. Certes, le chef de l'État peut se hausser à la hauteur de sa fonction et incarner l'unité de la nation, mais en de trop rares moments de crise et sans jamais parvenir à se libérer de ses amitiés partisanes. La clef de voûte établie par la monarchie élective est fragile.

    La seconde résulte de la rivalité qui s'installe entre les deux pôles du pouvoir exécutif. Confit entre Jacques Chaban-Delmas et Georges Pompidou, entre Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing, entre Michel Rocard et François Mitterrand: hors des périodes de cohabitation, qui montrent la souplesse des institutions et rappellent leur nature parlementaire, ces guerres intestines ont gravement nui au fonctionnement régulier des pouvoirs publics.

    Ces failles n'ont pas été comblées par l'élection quinquennale du président de la République. Au contraire, un déséquilibre profond s'est installé dans nos institutions, aggravé par le fait que les élections législatives se déroulent immédiatement après l'élection présidentielle. Le temps du chef de l'État se confond avec le temps du Premier ministre et avec celui de l'Assemblée nationale, et il est scandé par les mêmes échéances électorales. Selon une logique implacable, le président de la République a pris en charge toute la politique de la nation au détriment du Premier ministre en titre et le chef de l'État est devenu, plus directement que jamais, le chef du parti majoritaire. La fonction arbitrale, qui se confond avec celle de chef de l'État dans notre tradition millénaire, n'est plus assumée de manière effective. Dès lors, il n'est pas étonnant que les Français, attachés à la symbolique politique, se prononcent à chaque élection présidentielle par des votes de rejet plus que d'adhésion.

    Malgré ses failles et ses dérives, notre Constitution n'est pas à abolir mais à transformer et à accomplir dans la perspective, inaboutie, que le général de Gaulle avait tracée au cours de son long dialogue avec mon grand-père. Je souhaite, dans la continuité des déclarations de mon grand-père et de mon père, que l'État soit, à nouveau, rétabli dans son indépendance selon sa vocation arbitrale afin qu'il soit pleinement au service de la France et des Français.  

    Jean de France, Duc de Vendôme

    Domaine Royal, Dreux, le 7 octobre 2018

  • Comment peut-on être Français ?

     

    Par Jean Viansson Ponté

    457372439-612x612.jpgLa France est un pays bizarre autant qu’étrange.

    Elle reste une des premières nations du monde, ce qui est en soi un sujet d’étonnement. Car, dans la période récente, le peuple a porté à la fonction suprême successivement un nerveux hyperactif, un cauteleux cynique, puis un adepte solennel du Tout et Son Contraire. Leurs efforts conjoints permettent, aujourd’hui, de dresser un état des lieux impressionnant : on peine à résumer les « avancées » qui ont bouleversé les règles et les usages sur lesquels avaient été fondés les rapports sociaux et la prospérité des temps anciens ! La France, dans le concert des nations occidentales vassalisées par l’empire américain, s’est distinguée par le zèle de ses dirigeants à la transformer en modèle exemplaire de cette révolution lourde et molle. Politique Magazine analyse, commente et scrute ces transformations depuis seize ans. Ce numéro d’octobre est un anniversaire. Une nouvelle équipe dirigeante prend les rênes ; mais votre magazine ne changera pas. Il restera ce magazine que vous aimez et qui tentera toujours de répondre, chaque mois, à cette question cruciale qui est plus que jamais la nôtre : comment être Français ?

    Comment être Français quand le Français est réputé coupable, encore coupable, toujours coupable. Pour les « crimes » de ses parents et de ses aïeux, et pour sa difficulté congénitale à comprendre le bien-fondé des pensées « nouvelles ». « Réfractaires », dit la plus haute autorité !

    Coupable d’avoir fait des guerres, de les avoir gagnées, et sans doute encore plus de les avoir perdues. Coupable d’avoir imposé sa férule à des peuples qui jusque là vivaient dans l’état d’innocence et de bonté propre à la nature selon Jean-Jacques, coupable de leur avoir apporté ses maladies et ses mauvais sujets en même temps que ses hôpitaux et ses infrastructures, ses techniques et sa langue. Coupable d’avoir pratiqué un temps l’esclavage, qui n’avait perduré depuis la fin de l’empire romain – faut-il le rappeler ? – que dans les sociétés orientales, et coupable d’être l’un des premiers pays à l’avoir abrogé ! Coupable d’avoir tardé à admettre que les textes fondant le droit de la famille devaient valoriser au premier chef les pratiques minoritaires en-dehors de toutes contraintes naturelles ou culturelles. Coupable de ne pas aimer les éoliennes, ni les systèmes d’échange de taxes carbone, si pratiques, pourtant, pour justifier en même temps des investissements colossaux et des profits si faciles. Coupable de ne pas s’enthousiasmer à aimer un « art » qui ne recherche pas le Beau, et qui pourtant permet un stockage de valeur presque plus aérien que les mécaniques boursières automatisées. Bref, coupable de ne pas aimer le Progrès, y compris dans ses aspects les plus déroutants et les plus destructeurs.

    Et comment être Français sous le joug d’une triple contrainte étouffante ? Contrainte légale, contrainte sociale, contrainte morale.

    Contrainte légale : lorsque les choses traînent, quand non seulement les citoyens mais aussi les parlementaires rechignent à « progresser », les juges se chargent alors de remédier à la situation, en toutes matières. Et la plus haute juridiction de l’État, le Conseil constitutionnel, sorti des limites de son pouvoir, n’hésite pas à l’ouvrage. Le tout sous la tutelle des institutions et juridictions européennes, dont l’action réduit le rôle des gouvernants nationaux à une gestion sans vision et sans ambition, même dans les domaines les plus essentiels.

    Contrainte sociale : lorsque des voix discordantes expriment une divergence par rapport à l’opinion « dominante », habilement fabriquée, elles sont rappelées aux « fondamentaux » de la démocratie programmée et obligatoire, la liberté ayant quand même des limites ! Si ces voix persévèrent dans la défense de valeurs, et surtout d’intérêts, qui se révèlent contraires à la croyance dominante et surtout aux intérêts des dominants, elles sont mises au rancart. Le conformisme est de rigueur.

    Contrainte morale : comme dans toute classe, il faut faire régner la discipline, désapprendre les mauvaises habitudes et valoriser les bases de la nouvelle sociabilité. Et, pour cela, les « grands » médias, écrits, parlés et audiovisuels sont requis. L’esprit critique n’est plus la valeur de référence. Ce qui compte, c’est de respecter « les codes ». Et surtout « le nouveau code », qui n’est pas de gouverner en cherchant à faire valoir ce qui relève du bien commune et de l’intérêt national. Non, mais de gouverner en désignant les méchants, nation ou famille, Russie ou Syrie, et de faire silence sur les sujets qui fâchent, Chine et Turquie, islam et islamisme, violences et pauvretés, peuple et libertés. La règle est de proclamer la vision universelle et de ne plus traiter du réel national, ce bagage encombrant.

    Politique magazine est un mensuel d’information et d’opinion. Il ne joue pas sur des manichéismes faciles. Il s’attache à analyser des faits et des situations pour contribuer à éclairer ses lecteurs, dans la période de périls qui se précise. En faisant appel à leur jugement, à leur intelligence, à leur curiosité ; afin de rechercher ce qui peut contribuer à construire un avenir pour la France et les Français ; en n’écartant ni les véritables novations, ni la véritable tradition. En n’écartant que les contraintes étouffantes.

    Politique magazine est un espace de liberté qui a été pensé et construit par une équipe fondatrice. C’est dans cette voie que nous poursuivons maintenant la publication, après une phase économiquement difficile qui est sans doute la rançon de l’indépendance. Faites connaître Politique magazine, envoyez-nous vos commentaires, ensemble nous ferons grandir ce nécessaire espace de liberté.  

    Jean Viansson Ponté
    Politique magazine - Octobre 2018
  • Au-delà des affaires, la question institutionnelle

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

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    L'affaire Benalla a largement empoisonné l'été présidentiel et montré quelques failles du système de M. Macron : l'absence de relais véritablement enracinés dans le pays ; un personnel politicien et parlementaire macronien peu efficace, voire trop arrogant pour être entendu par l'opinion publique ; une communication élyséenne maladroite ; la fragilisation de l'image d'autorité du président, soupçonné d'autoritarisme et sa dégradation aux yeux des États étrangers, certains trop heureux de voir les difficultés de la magistrature suprême française occulter leurs propres faiblesses... 

    Il faut pourtant replacer cette affaire dans son contexte et ne pas en faire ce qu'elle n'est pas, dans une dérive qui reste une tendance lourde et facile des médias et des oppositions en régime démocratique d'opinion. L'affaire Benalla est un scandale qui touche la magistrature suprême de l’État, mais ce n'est pas, pour autant, une crise d’État comme certains ont pu le dire ou l'écrire : le régime ne va pas s'effondrer et la République n'a pas tremblé sur ses bases, qu'on le regrette ou non. En revanche, c'est bien plutôt une « crise d'état d'esprit », et, en cela, elle dépasse largement les seuls protagonistes de cette affaire : c'est aussi ce que voulait signifier le slogan popularisé par le Groupe d'Action Royaliste cet été : « Le Roi avait d'Artagnan, le Président a Benalla ! ». La comparaison entre les deux noms et les deux régimes a, d'ailleurs, fait mouche dans la rue et parmi ceux qui ont aperçu cette formule au hasard de leurs déplacements estivaux... 

    Un de nos interlocuteurs résumait par une autre formule (approchante) cette affaire : « Quand la Monarchie suscite le service et la fidélité, la République, elle, valorise les grands principes... et favorise les opportunistes ». Cela n'a pas empêché la Monarchie de connaître aussi des scandales et des courtisans, mais sa nature même empêchait les dérives inhérentes à la logique propre et à la pratique des institutions républicaines, et pouvait préserver l'autorité de l’État qui, non élu en sa magistrature suprême, ne dépendait pas des coteries ou des arrangements entre les plus puissants : un Nicolas Fouquet fit d'ailleurs les frais de cette politique d'indépendance de la Monarchie à l'égard des féodalités de l'Argent, et c'est d'Artagnan lui-même qui, sur ordre du roi Louis XIV, se chargea de l'arrêter au sortir d'un conseil des ministres. Cela paraît inenvisageable dans la République actuelle, et, au regard de l'histoire des cinq Républiques françaises, cela semble bien une constante depuis Danton, corrompu au plus haut point et qui, exception marquante et néanmoins sinistre, le payera de sa tête au nom d'une vertu républicaine que Robespierre incarnera dans le sang et qui fera regretter l'ancienne justice royale, plus mesurée en comparaison. 

    danton.jpgNéanmoins, la pression de l'opinion publique ou, plutôt, celle des médias et des réseaux sociaux, se fait désormais derrière des écrans, ce qui évite à la République d'avoir à affronter des manifestations de rue comme celles, tragiques en leur terme, des mois de janvier et février 1934, initiées et emmenées par l'Action Française et ses Camelots du Roi dont plusieurs seront alors tués par une République aux abois et toujours scandaleuse. Soyons précis : les affaires actuelles, pour ce que l'on en sait et ce qu'en feuilletonne Le Canard enchaîné avec gourmandise, sont bien mineures au regard de l'affaire Stavisky, du nom de cet autre « Monsieur Alexandre », ou de celles qui concernent les multinationales de la chimie (Monsanto, Bayer), de l'agroalimentaire ou des « GAFAM » états-uniens, celles-ci privant le budget de l’État de plusieurs milliards d'euros chaque année  ! En fait, Benalla, Kohler ou Nyssen, au-delà de leurs fautes respectives et évidemment condamnables, au moins politiquement et moralement, ne sont que des leurres qui, parfois, nous empêchent de voir le plus grave et le plus inquiétant, cette main-mise des féodalités financières et économiques sur nos sociétés et sur les États politiques contemporains, ce que dénonçait, dans une scène d'anthologie, le « Président Beaufort » (Jean Gabin) devant un parlement houleux et furieux de voir sa proximité avec les milieux d'affaires ainsi mise en lumière par celui qui paraît bien le seul homme libre de l'assemblée, ce que la République parlementaire ne peut, d'ailleurs, longtemps supporter... Que dirait-il aujourd'hui ! 

    Le-président.jpgDepuis ses origines tumultueuses, la République a un vrai problème avec l'Argent, une forme d'addiction qui est la règle quand la Monarchie, elle, cherchait et réussissait souvent à ne pas en être dépendante, aidée en cela par le principe de la transmission héréditaire : « la naissance ne s'achète pas », diront les théoriciens royalistes du XXe siècle, ce qui assure, d'office, une véritable indépendance de la magistrature suprême de l’État à travers la personne du roi qui s'est « contenté » de naître « fils de roi » et qui doit attendre l'événement le plus triste qui soit, la mort de son prédécesseur, de son propre père le plus souvent, pour monter sur le trône. Cet avantage de la Monarchie repose aussi sur une approche liée à sa tradition plus politique que financière, et à sa compréhension de la fameuse formule issue de l'Antiquité romaine : « L'Argent est un bon serviteur mais un mauvais maître ». Le général de Gaulle avait, sous son règne présidentiel, traduit la citation par « L'intendance suivra » qui remettait l'Argent à sa place, qui ne doit pas être la première, mais cela ne dura que le temps des fondateurs de la Cinquième République. 

    Ce qui manque à la magistrature suprême de l’État aujourd'hui en République (même cinquième et malgré de Gaulle), c'est cette indépendance véritable à l'égard des puissances d'argent et cet enracinement dans le temps et l'histoire qui permettent la fidélité à l'Auctoritas et le service désintéressé de l’État : en cela, la République, hors quelques idéalistes, hommes d'honneur ou honnêtes commis, ne peut susciter ces d'Artagnan qui, pourtant et en ces temps de mondialisation déstabilisante, seraient fort utiles à la France...    

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Mathieu Bock-Côté : « Racisme anti-Blancs, le déni »

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLe rappeur Nick Conrad, et son clip PLB, pour « Pendez les blancs », s'inscrit dans la longue liste des provocations antifrançaises. Mais pour Mathieu Bock-Côté, cela ne suffit pas à ébranler la certitude de ceux qui ont décidé une fois pour toutes que le racisme était à sens unique.   [Le Figaro, 28.09].  LFAR

     

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    Le rappeur Nick Conrad était à peu près inconnu il y a quelques jours, jusqu'à ce qu'on découvre son clip PLB, où il en appelle à « pendre les Blanc s». La formule, d'une violence extrême, a provoqué sans surprise une vive polémique, qui s'inscrit dans la longue liste des provocations antifrançaises caractérisant l'histoire d'un certain rap. On se souvient de Monsieur R qui, en 2005, disait « baiser la France », voulait la traiter comme « une salope » en plus de « pisser sur Napoléon et le général de Gaulle », de Rohff dans Dirty Hous qui disait : « J'baise l'État depuis tout petit, j'ai pas encore craché » ou de Médine, plus récemment, qui s'enthousiasmait à l'idée de crucifier les « laïcards comme à Golgotha ». On pourrait en évoquer bien d'autres.

    Mais on passe ici du racisme pur et simple à l'appel au meurtre, ce qui pourrait suffire pour clore un procès qui n'est pas celui d'un genre musical mais d'une aversion pour la France qui vire à la haine raciale. L'abjection est totale lorsque est célébré l'assassinat des « bébés blancs ». Il y a là manifestement une quête de transgression qui doit aller jusqu'au bout d'elle-même et qui pourrait quitter un jour le simple domaine de la représentation « artistique ». On ne se vautre pas dans la tentation du mal radical sans réveiller la part la plus sombre du cœur humain. La civilisation construit des digues contre elle, mais certains font tout ce qu'ils peuvent pour les faire céder. Mais cela n'a pas suffi à ébranler la certitude de ceux qui ont décidé une fois pour toutes que le racisme était à sens unique et que les Blancs en étaient toujours coupables, et jamais victimes : c'est même un élément central du dogme multiculturaliste.

    À la télévision comme à la radio, les militants communautaristes, déguisés ou non en universitaires, expliquent inlassablement que le racisme est un système d'exploitation lié à l'expansion européenne et qu'on ne saurait l'en dissocier. En gros, le racisme anti-Blancs serait une impossibilité logique à démonter. On comprend le message : le mâle blanc disposerait ainsi du triste monopole du mal structurel dans l'histoire. Les médias accordent à cette thèse tordue un écho indéniable, comme s'ils souhaitaient la normaliser. Dans cet esprit, la haine raciale contre les Blancs, même si elle est condamnable, ne serait plus qu'un réflexe de survie, ou encore, pour ceux qui ont le plus de culot dans le déni, une manière d'appeler à l'aide contre une civilisation injuste envers ses minorités. C'est d'ailleurs la ligne de défense adoptée par Nick Conrad, qui a présenté sa chanson comme une entreprise pour réveiller les consciences devant le malheur historique du « peuple noir ». La racialisation des appartenances entretenue par une sociologie simpliste venue des États-Unis est désormais banalisée au nom de l'insurrection des banlieues. La France n'est plus une nation mais un territoire qu'on veut pousser vers la guerre des races.

    Nick_Conrad-PLB-400x330.jpgPuisqu'un tel clip est indéfendable et qu'il y a des limites à prendre n'importe quoi pour de l'art, le parti diversitaire et les spécialistes du déni à son service ont misé sur une autre ligne de défense: Nick Conrad serait un rappeur inconnu et il aurait eu vocation à le rester. Comme d'habitude, c'est la supposée « fachosphère » qui est accusée d'avoir sorti des marges une chanson qui aurait dû y demeurer pour monter de toutes pièces une controverse excitant ses obsessions idéologiques. Derrière la colère contre PLB, il n'y aurait rien d'autre qu'une xénophobie mal cachée, fouillant dans l'actualité pour trouver des faits divers l'alimentant. Nick Conrad ne serait qu'un pion dans la stratégie machiavélique de «l 'extrême droite ». C'est moins ce clip qui devrait inquiéter que la réaction qu'il suscite. C'est le même argument qui est utilisé après chaque attentat islamiste : une fois l'attentat condamné de manière plus ou moins rituelle, on s'inquiète surtout de la réaction qu'il pourrait susciter dans la population.

    Irebeus-renois.jpgl faudrait dire clairement ce qu'on se contente généralement de chuchoter : il y a dans une certaine jeunesse issue de l'immigration une haine de la France qui s'inscrit dans une mouvance plus générale de partition du territoire, où se multiplient les zones se dérobant à la fois à la souveraineté nationale et à l'identité française. Et ceux qui en appellent à la reconquête des territoires perdus de la France sont accusés de vouloir soumettre les banlieues au communautarisme majoritaire. Traditionnellement, le colonialisme consistait à vouloir imposer sa culture chez les autres. Dans la logique indigéniste et postcoloniale, cela consiste désormais à vouloir imposer sa propre culture chez soi. Le sens des mots est inversé. Dans cet esprit, la décolonisation n'arrivera à son terme que lorsque les Français seront considérés comme une communauté étrangère chez eux. 

    Mathieu Bock-Côté        

    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017)
  • Le Lancet : l’Oligarchie, fin de partie ?, par Christian Vanneste.

    Veran contre Raoult, c’était la carte contre le territoire, le médecin socialiste ambitieux devenu ministre contre un infectiologue de renommée mondiale mais anticonformiste à la tête de l’IHU marseillais. Le premier s’appuyait sur les institutions et les instances qui constituent le microcosme médical, composé de spécialistes qui, à force de courir d’une réunion à l’autre, ne voient plus guère de malades. Le second, c’était le terrain, les patients en direct, et près de 4000 personnes testées et soignées, mais en dehors des règles académiques.

    christian vanneste.jpgLe premier, et son Cerbère Salomon, égrenaient les chiffres, dessinaient les cartes des zones les plus touchées et de celles qui l’étaient moins. Le second administrait aux volontaires infectés par le Covid-19 des doses d’hydroxychloroquine et d’azythromycine pendant quelques jours avec des résultats positifs, puisqu’on ne constatait que 0,5 % de décès parmi eux.

    Cette apparence du sérieux institutionnel contre une sorte de braconnage médical était renforcée par le style volontiers provocateur du « druide » marseillais qui ne cessait de rappeler son audience internationale et son niveau scientifique dont il affichait si peu les signes ostentatoires. Mais la carte sûre d’elle s’est assez vite fissurée, crevassée : pourquoi l’Etat avait-il, au mois de Janvier, classé parmi les produits toxiques cette chloroquine utilisée depuis près de 80 ans contre le paludisme et nécessaire aux malades du lupus ? Pourquoi le ministre Veran avait-il réservé son usage aux malades gravement atteints par le Covid-19, et sans l’antibiotique préconisé dans le protocole Raoult ? Ce dernier avait pourtant insisté sur la nécessité d’en user précocement pour diminuer la charge virale, ce qu’il constatait à Marseille, et sur son inutilité dès lors que les problèmes respiratoires aigus, qui allaient entraîner la mort, ne dépendaient plus du virus. La thérapeutique du professeur marseillais était mise en oeuvre dans de nombreux pays dans le monde, en France, elle suscitait une véritable guerre civile médicale. Mais, derrière Raoult, soutenu en France par Onfray, et à l’étranger par Trump, se profilait l’ombre du populisme. L’infectiologue de réputation mondiale devenait alors un charlatan ! Aussi, lorsque la revue de référence, The Lancet, publia une étude portant sur 96 000 cas et concluant à la nocivité de l’hydroxychloroquine, un cri de triomphe parcourut le microcosme de la bienpensance, dont les vecteurs médiatiques, pavoisèrent et jubilèrent. La bête était morte, les institutions internationales et nationales, l’OMS et l’ANSM, l’agence française du médicament française, suspendaient les essais cliniques de la molécule dans le cadre de l’épidémie actuelle. Le ministre Veran se mettait au niveau de Cohn-Bendit pour demander aux partisans de Raoult de « fermer leur gueule ».

    Cette danse sur un cadavre n’a duré que quelques jours. De nombreuses personnalités scientifiques, y compris des opposants à la thérapie marseillaise, ont décelé la supercherie : la revue de référence avait publié sans véritable contrôle un article manifestement fallacieux, bourré d’erreurs factuelles, et fondé sur des sources incertaines. Trois des quatre signataires, dont le principal, Mandeep Mehra, se désolidarisaient du quatrième, le meneur de l’opération, Sapan Desai, dirigeant de Surgisphère, la société d’analyse, opératrice de la collecte et de la présentation des « données ». The Lancet lui même mettait en garde, et on assista alors à la pantalonnade du ministre Veran allant demander des explications au Lancet qui l’avait amené un vendredi soir à interdire l’emploi du médicament contesté, même dans le protocole inopérant dans lequel il l’avait d’abord autorisé. Ainsi, une revue étrangère avait conduit le ministre d’un grand pays soi-disant doté du meilleur système de santé du monde, bardé d’autorités, d’agences, de conseils destinés à conforter le ministère dans la sûreté de sa politique… à prendre une décision précipitée d’ignorant pressé, comme si d’autres motifs avaient agi aussi. A quoi sert l’ANSM qui va revoir sa copie ? A quoi sert le Haut Conseil de la Santé Publique qui au lieu de conseiller le ministre de façon autonome joue les girouettes selon que le vent souffle dans le sens du Lancet ou contre lui ? A quoi sert la Haute Autorité de la Santé, cette autorité administrative indépendante chargée précisément de faire prévaloir l’intérêt public ? On sait que son ancien président, Jean-Luc Harousseau était favorable l’introduction de la thérapeutique à l’hôpital. A quoi sert le Conseil Scientifique que Raoult a quitté ? Le Comité Analyse Recherche et Expertise qui s’y est ajouté ? A rien, sinon à dépenser de l’argent public, à créer des emplois inopérants qui mobilisent des ressources qui seraient plus utiles auprès des malades ?

    L’éthique et le bon sens ont conduit Didier Raoult à préconiser une méthode : dépister les personnes infectées, les isoler, les soigner. Il a su se procurer les tests auprès notamment d’un laboratoire vétérinaire auquel le gouvernement ne daignait pas répondre. Il n’a pas, comme le conseillait Veran, renvoyé les gens chez eux avec du Doliprane… pour contaminer leurs proches. Il les a soignés avec une thérapeutique hors-AMM, en prenant les précautions nécessaires. C’est ce que doit faire un médecin devant un malade dès lors qu’il n’est pas un Diafoirus prêt à voir mourir ses patients selon les règles de la médecine au terme d’essais « randomisés ». C’est ce que devaient pouvoir faire tous les médecins, ces médecins de ville qu’on a méprisés jusqu’à les priver des moyens matériels indispensables à l’exercice de leur métier, comme les masques. L’expérience du Covid devrait ouvrir les yeux des Français sur le microcosme qui les dirige et les informe, sur son incompétence, sur cette armée de colonels qui n’ont jamais livré la moindre bataille, et dont les décisions ne sont pas exemptes de copinage, de calculs intéressés voire de corruption. Il est plus que temps de faire tomber cette oligarchie qui, elle, est vraiment inutile et même nocive à la France.

  • Municipales : carnage démocratique et peinture verte pour le Président, par Natacha Polony.

    Source : https://www.marianne.net/

    On voit venir la suite. Pour retrouver un souffle, Emmanuel Macron se repeint en vert. On s'accroche à la seule bouée qui surnage. Le « nouveau chemin » sera « écologique, social et solidaire » . Avec pour point d'appui les propositions de la convention citoyenne sur le climat...

    À partir de quel pourcentage d'abstention considérerons-nous que nos représentants sont illégitimes ? Parmi les maires qui ont été élus dimanche dernier, un grand nombre n'avait pas obtenu 10 % des inscrits au premier tour. Beaucoup n'ont finalement pas réuni 20 % des inscrits à l'issue du second. Le maire de Lyon - troisième ville de France, 516 000 habitants -, Grégory Doucet, qui incarne désormais la « vague verte » décrite à l'envi par les médias, a recueilli 53 000 voix.

    À ce niveau, on peut parler d'un carnage. L'élection dont on nous disait qu'elle marquait l'attachement des Français à leurs élus locaux, la foi en la démocratie de proximité, rejoint toutes les autres dans l'océan de l'indifférence. On peut, certes, tenter de se rassurer en attribuant ce vide au coronavirus. La façon erratique dont s'est décidée l'organisation du premier puis du second tour, la fermeture brutale des restaurants la veille du 15 mars, les hésitations autour de la date du 28 juin… toutes ces aberrations ont finalement jeté le discrédit sur ce scrutin. Mais le mal vient de plus loin.

    Il est d'ailleurs significatif que les commentaires se concentrent sur l'écologie, comme si la dernière idéologie encore vierge pouvait racheter le discrédit des politiques, alors même que, en fait de « vague verte », il n'y a qu'un clapotis dans les métropoles et grandes villes de France. Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Tours ou Grenoble, cela n'a rien de négligeable. Mais ce n'est pas la France. Et l'on pourrait en conclure que l'écologie politique séduit essentiellement quand il s'agit d'aménager des pistes cyclables ou d'instaurer des cantines bio. Dans une commune rurale, dans une ville moyenne, les problématiques sont plus complexes. Parce qu'une véritable politique écologique dépasse largement la question des transports. Elle impose un changement de paradigme qui doit impliquer tous les rouages de l'État, pour que le maire qui voudrait par exemple préserver les terres arables et les petits commerces de sa commune ne voie pas ses efforts gâchés par l'élu de la commune voisine ou par un préfet complaisant.

    Se repeindre en vert

    On voit venir la suite. Pour retrouver un souffle, Emmanuel Macron se repeint en vert. On s'accroche à la seule bouée qui surnage. Le « nouveau chemin » sera « écologique, social et solidaire » . Avec pour point d'appui les propositions de la convention citoyenne sur le climat. Celui qui avait refusé en 2017, sur demande de Bercy, un moratoire sur l'extension des grandes surfaces, que demandait pourtant un de ses propres députés, va l'imposer aujourd'hui pour obtenir son brevet de « président vert ». De même que le dépeceur d'Alstom, Technip et Alcatel se fait aujourd'hui le chantre de l'indépendance industrielle, l'ancien ministre de l'Économie et le président de la République qui a signé tous les brevets d'extraction minière, qui a systématiquement arbitré en faveur des lobbys de l'agriculture industrielle et de la grande distribution, qui a signé tous les traités de libre-échange préparant la ruine des éleveurs français, nous parle désormais écologie.

    Avec 17 % des inscrits à Paris, on se demande comment la représentante de la gauche plurielle version « ville monde » et arbres en pot pourrait faire beaucoup mieux que Benoît Hamon en 2017.

    Ce qu'Emmanuel Macron est en train de faire, tous le tenteront : s'inventer en combattant de la cause climatique pour s'éviter de penser globalement une politique cohérente de remise en cause de ce néolibéralisme dont nous voyons les dégâts sociaux et environnementaux. Cette grande foire au verdissement ramènera-t-elle les citoyens vers les urnes ? Rien n'est moins sûr. Si les citoyens ne votent plus, c'est parce qu'ils ont la certitude, après des décennies d'espoir déçu, que leur vote ne permet pas d'infléchir le cours de leur vie. Même les maires, les derniers qui avaient une prise sur le réel, ont vu leurs marges de manœuvre réduites par la fin de la taxe d'habitation et la recentralisation version La République en marche. Et que peut un maire quand la PME locale a déposé le bilan, que le tribunal et l'hôpital ont fermé, et que la grande distribution a ruiné les derniers commerces ?

    Fractures

    L'unique leçon à tirer de ce scrutin est que la fracture territoriale qui dessine à présent la lutte des classes en France est plus profonde que jamais. L'illusion d'optique d'un sursaut à gauche masque difficilement le désenchantement des territoires abandonnés. Certains commentateurs paresseux en sont à prédire à Anne Hidalgo, après son « triomphe », un destin national. Avec 17 % des inscrits à Paris, on se demande comment la représentante de la gauche plurielle version « ville monde » et arbres en pot pourrait faire beaucoup mieux que Benoît Hamon en 2017.

    Restent des citoyens excédés, qui ont prouvé, une fois encore, qu'ils ne concevaient pas le moindre enthousiasme pour le RN. Utiliser un gourdin pour cogner sur le système ne signifie pas qu'on soit « gourdiniste », comme l'écrivait Philippe Muray.

    Les deux années à venir risquent de voir chacun brandir un morceau de la « vraie croix » écologiste, pendant qu'un nombre croissant de Français se diront que tout cela ne les concerne plus. Ainsi meurt la démocratie. Définir un quorum en deçà duquel l'élection est invalidée, prendre en compte le vote blanc pour que les citoyens puissent récuser le choix qui leur est proposé… autant d'éléments qui permettraient de cesser de faire comme si de rien n'était. En attendant des propositions politiques qui puissent enfin changer la vie.

    Natacha Polony

    Directrice de la rédaction de Marianne

    Cet article est à retrouver dans le magazine n°1216 en kiosques cette semaine « Pourquoi les juges cognent », disponible en ligne pour seulement 1,99 euros.

  • Le contre-sens suicidaire de la prétendue « écologie », par Christian Vanneste.

    Le grand paradoxe ou plutôt l’énorme mensonge de « l’écologie » politique repose sur une idée : la vie. La pandémie du Covid-19 a accentué au-delà du raisonnable la peur de la mort. Ni le nombre de morts, ni les tranches d’âge assez logiquement les plus touchées n’auraient du conduire à pareille panique planétaire augmentée dans notre pays par la gesticulation d’un gouvernement dépassé par la question. Sans doute la priorité donnée à la protection de la vie a-t-elle facilité un glissement de l’opinion vers ceux dont le fonds de commerce se confond avec l’exploitation politique de la peur face aux menaces chimique ou nucléaire.

    christian vanneste.jpgEntre pollution et contamination, l’amalgame sémantique a été depuis longtemps utilisé par les marxistes repeints en vert qui se sont emparés de « l’écologie ». Le climat mental créé par la crise sanitaire a donc développé surtout chez les urbains des grandes villes l’idée qu’il fallait améliorer la qualité de l’air, de l’alimentation, et se méfier davantage des produits d’une grande industrie cynique prête à jouer sur notre santé pour augmenter ses profits. Le rôle des grands laboratoires pharmaceutiques dans « l’étrange défaite » de notre système de santé et en particulier dans le navrant débat autour du « protocole Raoult » a donné du crédit à cette hostilité et permis la réunion contre le capitalisme du gauchisme assoiffé de révolution et des bobos soucieux de leur santé. Le taux d’abstention avec sans doute une mobilisation plus sélective des électeurs a fait le reste. On remarquera seulement que l’autre bénéficiaire politique potentiel de la pandémie, le souverainisme, qui dénonce lui de manière plus précise, et l’excessive circulation des biens et des personnes, et la délocalisation de notre production, qui expliquent à la fois la propagation rapide du virus et l’absence des moyens matériels pour le combattre, n’a pas su utiliser cette carte pourtant maîtresse.

    Ce n’est certainement pas en fermant Fessenheim et en diminuant notre production d’électricité nucléaire, en ruinant nos industries automobile et aéronautique par une pluie toxique de taxes et de réglementations que nous vivrons mieux. La France produit peu de gaz à effet de serre : 0,9% du total mondial de CO2, deux fois moins que l’Allemagne. Cette question ne devrait en aucun cas être sa priorité, et on se demande par quelle aberration le président accidentel que nous subissons en fait tout un fromage. Que le confinement ait baissé l’émission du CO2 de seulement 8%, comme il le souligne, est anecdotique par rapport au marasme économique et social que l’incarcération sanitaire des Français va entraîner en raison de l’impréparation de notre pays. ll voulait montrer par là que la décroissance n’améliorerait pas la qualité de notre air de façon significative. Certes, mais elle tuerait à coup sûr notre économie, nos emplois, notre pays. Et c’est dans cette contradiction que réside le grand mensonge vert : sous prétexte de mieux protéger la vie de chacun, sauf les avortés et les euthanasiés, bien sûr, les « verts » veulent surtout tuer notre vieille nation, comme si la survie de celle-ci n’était pas la première protection de la vie de chacun de ses membres, comme si la vie d’une nation ne pouvait pas être prolongée sans limite alors que tel n’est pas le cas pour les individus.

    Zemmour s’est fait brocarder récemment pour un de ses raccourcis tellement rapide qu’il risque de paraître ridicule. « Complotiste » s’est écriée en choeur la « bienpensance »…. Voilà que Zemmour confond le vert écologique, le vert gentil avec le vert islamiste, le vert méchant : aucun rapport, il délire ! Et pourtant non : s’il est vrai que la même couleur est le fruit du hasard, la convergence des luttes, elle, ne l’est pas ! Les ennemis de nos ennemis sont nos amis. Tous ceux qui veulent affaiblir, puis tuer la France, ensevelir son histoire sous un tombereau de honte, remplacer sa population, ravager sa culture, y répandre l’insécurité à force de laxisme, se liguent naturellement contre elle. Peu importent les oppositions cruelles sur les droits des « lgbt », sur l’égalité hommes/femmes, l’immigration africaine et musulmane est bienvenue, le multiculturalisme est l’avenir, le cannabis est bon pour la santé et il fait vivre un certain nombre de quartiers hors-la-loi. Notre société connaît une menace mortelle : c’est l’addition des communautés minoritaires unies pour renverser plus qu’un pays, une civilisation. L’intersectionnalité entre les groupes féministes, lgbt, antiracistes, anticapitalistes, indigénistes, végan, antifascistes, islamistes, antivoitures, écologistes, va faire que malgré les divergences considérables, on ne va pas se combattre, ni se critiquer, qu’on va même parfois défiler ensemble pour défendre la Palestine ou une famille de délinquants. Cette effervescence-là est le côté obscur des tribus d’internautes célébrées par Maffesoli. Comme un canard sans tête qui continue à courir, la gauche, privée du prolétariat ouvrier qui a compris qu’il n’avait rien à attendre d’elle, a choisi la stratégie prônée par les démocrates américains ou par Terra Nova : la majorité de demain sera l’addition des minorités. C’est un choix mortifère qui est celui de nos prétendus écologistes, de nos « pastèques », vertes à l’extérieur et rouges à l’intérieur, d’autant plus dangereusement mortelles qu’elles avancent en prétendant défendre la vie. Un signe ne trompe pas : le fond totalitaire transparaît avec l’intolérance et cette prétention exorbitante d’une politique fondée sur une science, sur une connaissance absolue. Le marxisme se voulait « socialisme scientifique ». Ses orphelins embrassent « l’écologie ». Or la politique n’est pas une science et la science elle-même est fondée sur le doute plus que sur la certitude. Raoult n’a cessé de le répéter à des journalistes obtus dont l’inintelligence et l’inculture sont pour beaucoup dans le suicide de notre pays.

  • La France, homme malade de l’Europe ?, par Christian Vanneste.

    Ce n’est pas très agréable mais c’est une évidence ! La France est « l’homme malade de l’Europe » ! Depuis que le Tsar Nicolas 1er avait employé cette expression à l’encontre de l’Empire Ottoman, elle a fait florès. Elle désigne l’Etat qui s’enfonce, qui se noie, qui est à la veille de disparaître : les empires turc ou autrichien se sont ainsi disloqués après que ce diagnostic les eut visés . On n’imagine pas qu’un tel destin puisse advenir à notre pays…

    christian vanneste.jpgEt pourtant, des décennies de mauvaise gouvernance, une économie en capilotade, des finances vérolées, des services publics de moins en moins performants, une nation qui « s’archipélise », un peuple qui s’éloigne avec dégoût des isoloirs et des urnes… Les symptômes du mal sont nombreux et envahissants, mais l’oligarchie politique, administrative, financière et médiatique qui publie les bulletins de santé se veut rassurante. Un cancer ne peut pas être un bon médecin.

    45 ans de déficits budgétaires, un endettement qui croît d’année en année, des prélèvements obligatoires qui atteignent des sommets, une dépense publique de moins en moins maîtrisée, un commerce extérieur déséquilibré à notre détriment, une industrie qui joue les peaux de chagrin, un chômage qui gangrène la population active, une atmosphère politique qui désespère les citoyens. Plus personne n’ose parler du « modèle français » qui ressemble de plus à un épouvantail : la caricature de ce qu’il ne faut pas faire ! Les Français, en bons catholiques croyants ou non attendaient tout du Dieu-Etat, plutôt que d’eux-mêmes. Une élite reconnue pour sa compétence dirigeait tout depuis Paris, se procurait en impôts les moyens d’une providence inégalitaire auprès des Français assistés. La redistribution compensait royalement les inégalités. Les Français, par coutume, râlaient, mais oscillant entre une gauche « généreuse » avec l’argent factice et une droite élue avec des promesses de matamore et rejetée après un bilan timoré, ils accumulaient les avantages, la diminution du temps de travail, dans la vie, dans l’année, dans la semaine, les emplois publics hyper-sécurisés, comme si l’heure des comptes ne viendrait jamais. Le peuple souverain avait, puisqu’il était le roi, fait sienne la maxime prêtée sans doute à tort à Louis XV : « Après moi, le déluge » ! L’explosion des familles considérée comme un « progrès », et la déconstruction systématique de l’enseignement de notre histoire ont brisé la chaîne générationnelle. « Carpe Diem », « Cueille le jour présent », ce précepte hédoniste d’Horace est sympathique chez les poètes, disparus ou non, mais devrait conduire les politiciens qui s’en réclament devant le tribunal du peuple. Gouverner, c’est prévoir… prévoir, non sa réélection, mais les mesures qui peuvent assurer le salut public, le bien commun au moins à moyen terme….

    Lorsque la dépense publique atteint 57% du PIB d’un pays (Allemagne : 44%), que les prélèvements obligatoires vampirisent sa production de richesses à hauteur de 46% ( Allemagne 37%), on peut espérer que le socialisme au pouvoir garantisse au moins des services publics irréprochables, une formation performante des enfants, une protection de tous les habitants, ou au moins des nationaux, face au aléas de l’existence, comme les maladies, les catastrophes naturelles, les accidents, et la délinquance, présente dans tous les pays, mais à des degrés divers. La Scandinavie est souvent donnée en exemple de ce choix politique. Ce n’est déjà plus tout-à-fait vrai pour la Suède qui a entrepris des réformes il y a des décennies quand elle était au bord du gouffre. Le Danemark fait encore bonne figure, mais il est désormais derrière la France pour la dépense publique et les prélèvements… et il a gardé sa monnaie et bénéficie d’une fiscalité qualitativement très différente de celle que nous subissons, notamment en ayant mis en oeuvre la TVA sociale depuis très longtemps.

    La maladie française se traduit par le fait que justement, dans notre pays écrasé de taxes, de réglementations, et pourvu d’une armée de fonctionnaires (qui confirme la boutade de Clémenceau : La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts.), les administrations fonctionnent mal, les services ne sont plus assurés au public, et cela d’autant plus qu’ils sont plus nécessaires. L’Etat régalien ne remplit plus, ou très mal, ses missions : c’est avec effroi que les Français ont appris que Dijon avait été abandonnée pendant plus de deux jours à un règlement de comptes entre Tchetchènes et Maghrébins, armés ! Mais depuis, une gendarme ( Mélanie Lémée), un chauffeur de bus (Philippe Monguillot), et bien d’autres victimes soulignent « l’ensauvagement » d’un pays qu’on a transformé en un vaste terrain vague en forme d’hexagone destiné à accueillir tout la misère du monde. Partout, aux yeux de tous, une économie de trafics se répand, les zones de non-droit prolifèrent, et ce sont désormais les gendarmes, les policiers, mais aussi les pompiers, les personnels des urgences qui ont peur ! Pasqua disait qu’il fallait terroriser les terroristes ? Maintenant, la peur du gendarme, c’est la peur de celui qui dit à ses enfants : « surtout, à l’école, ne dîtes pas que papa ou maman sont gendarmes ou policiers ! La Justice est toujours à la portion congrue, mais contaminée par l’idéologie et la politique, elle étale au grand jour son impuissance et parfois sa nocivité. Qu’en pensent les parents de Thomas qu’un délinquant libéré trop tôt a assassiné ? L’école dont nous étions si fiers descend une à une les marches du classement PISA. C’est l’extrême-Orient qui brille désormais, comme c’est le cas aussi en matière de santé. Sans doute ce domaine est-il le mieux placé pour que les Français prennent conscience de la maladie. Nous pensions avoir le meilleur système de santé du monde : il a été terrassé par le Covid-19 !

  • Niger : affaiblis, les islamistes ”passent de la guérilla au terrorisme”, par Vladimir de Gmeline.

    Source : https://www.marianne.net/

    Paradoxalement, l'assassinat d'humanitaires français au Niger est un signe d'affaiblissement des groupes terroristes, incapables de prendre d'assaut des villes comme naguère. Reste le problème de la corruption, qui mine les efforts pour mettre sur pied des forces locales efficaces.

    13.jpgFallait-il faire cette sortie dans la réserve naturelle de Kouaré, pour aller observer les girafes ? Et la France est-elle en train de s'enliser au Sahel ? Depuis l'attaque qui a coûté la vie le 9 août à sept employés d'Acted, une ONG française, dans ce parc situé à vingt-cinq kilomètres de Niamey, la capitale du Niger, ces deux questions tournent dans les esprits. On dissèque les procédures de sûreté, les conseils aux voyageurs du Quai d'Orsay, et le patron d'Acted, Frédéric Roussel, interpelle la communauté internationale sur « la sécurité et l'inviolabilité des humanitaires ». On se demande, surtout, à quoi sert la présence française, si de tels actes peuvent encore être perpétrés, et si des jeunes gens venus aider la population sont ainsi exécutés ? Pour de nombreux observateurs, cette attaque est un signe de plus de l'échec de la France et des pays du G5 à contenir la menace islamiste.

    « Il n'y a pas nécessairement eu d'erreur du côté des ONG » observe Hamid*, un analyste en sécurité nigérian, « elle était en zone jaune, pas orange, et très fréquentée par des expatriés. Il y a des visites chaque week-end. Mais c'est là qu'est le problème. Il n'a pas été correctement pris en compte par les autorités nigériennes. A partir du moment où un secteur accueille du monde, même si il est à priori calme, il est nécessaire de renforcer les mesures, c'est automatique. Il faut une surveillance accrue, même si elle est discrète et disséminée. Le renseignement est essentiel. »

    "Aujourd'hui, il n'y a plus une colonne capable de prendre Kidal ou Tombouctou"

    Sans les mettre en cause, ce professionnel aguerri pointe néanmoins « un aspect dont on ne parle pas assez, la politique de refus des escortes des ONG » : « Quand ils affichent leur logo sur leurs bâtiments et leur véhicules, et précisent qu'ils sont 'no weapon', sans armes, ils se protègent. Un convoi armé, on risque de faire feu sur lui ou de faire exploser les véhicules pour le stopper. Un convoi sans armes, ce ne sera pas nécessaire. Mais aujourd'hui, ce système montre ses limites. Il faut absolument que les déplacements d'humanitaires soient signalées aux forces de sécurité, ce qu'ils ne font pas forcément, surtout pour leurs activités ponctuelles.»
    Cette dégradation de la situation sécuritaire signifie-telle pour autant un échec de Barkhane ? « Il faut se replacer dans le contexte, et voir où on en était il y a quelques années, quand les islamistes occupaient Tombouctou et marchaient sur Bamako, ce qui a donné lieu au déclenchement de l'opération Serval » tempère Pierre*, expert de la zone et des guerres insurrectionnelles. « Depuis, l'impact de Barkahne (qui a suivi l'opération Serval, ndlr) sur la situation sécuritaire est réel, on a tendance à l'oublier : le nord du Mali et la Mauritanie sont stabilisés, la problématique touareg n'est plus d'actualité, les groupes d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) ont été mis par terre, d'Abou Zeïd en 2013 à la neutralisation d'Abdelmalek Droukdel, leur émir, en juin 2020, ce n'est quand même pas rien ! Aujourd'hui, il n'y a plus une colonne capable de prendre Kidal ou Tombouctou. »

    "Il faut faire monter les armées du G5 en gamme"

    La problématique s'est déplacée sur le nord-est du Mali, dans cette zone dite « des trois frontières » avec le Niger et le Burkina-Fasso. Lors de notre reportage avec la Légion étrangère en mars dernier, les officiers que nous avions accompagné en patrouille, comme le capitaine Jordan du 2ème REI (Régiment étranger d'infanterie) défendaient leur action et leur bilan : « On parle de sentiment anti-français, à Bamako, d'accord, admettons, mais je ne l'ai pas vu ici. Bamako c'est une capitale très éloignée de ces zones désertiques et rurales, où les gens sont contents de nous voir. Notre présence et cette des armées nationales, alors qu'ils se sentaient complètement abandonnés par le pouvoir central, c'est le signe qu'une autorité est présente et revient pour les protéger. »

    Même conviction de la part du Rep Comanfor (le représentant du commandant de Barkhane à Gao, au Mali), le colonel Bernard : « Avec l'EIGS (Etat islamique au grand Sahara) on est passé à une stratégie plus violente. La nôtre repose sur trois leviers. On 'tape' les GAT (Groupes armés terroristes), on aide nos partenaires et on travaille avec eux, et on travaille avec la population par le biais des actions civilo-militaires. » Problème, malgré des bons résultats en termes de nombres de combattants neutralisés, les armées nationales et du G5 sont encore à la peine : « On est là pour cinq à dix ans, il faut les faire monter en gamme. »

     

    Pour le terrorisme, "pas besoin de sanctuaire"

    Si l'attaque de Kouaré peut-être interprétée comme un signe de l'affaiblissement des GAT, le résultat n'en est pas moins désastreux, comme toujours quand des terroristes acculés sèment la terreur, au hasard, sur des actions dites « d'opportunité » ou planifiées, ce que l'on ignore encore pour celle-ci : « Ils subissent énormément de pertes » explique Pierre, « entre les forces spéciales de l'opération Sabre qui multiplient les opérations de neutralisation à un rythme intense, et Barkhane qui les accule, ils sont très affaiblis. Ils attaquent des humanitaires parce qu'ils n'arrivent plus à attaquer des casernes comme ils le faisaient encore il y a quelques mois. Ils ne peuvent plus prendre d'otages, ils n'ont plus de sanctuaires et ne peuvent pas remonter vers le nord. Donc plus d'opérations massives, et ils sont maintenant en train de passer de la guérilla au terrorisme. Le Niger est désormais le pays où l'insécurité risque d'être croissante. »
    Car les conséquences psychologique sont catastrophiques : « Bien sûr que Barkhane a de bons résultats, et que le G5 n'est pas à la hauteur, c'est indéniable, on sait cela » nuance Hamid, « le problème c'est que pour mener ces actions, les terroristes n'ont pas besoin de sanctuaires, ils sont mobiles et volatiles. Ici à Niamey, l'impact sur les esprits est catastrophiques, les gens sont très choqués et inquiets. C'est à vingt-cinq kilomètres et les victimes ne sont pas des soldats qui tombent au champ d'honneur, mais de jeunes humanitaires qui sont là pour aider les gens. »

    130 millions d'euros d'aides détournés

    Il pointe le gouvernement en place et les détournements de fonds : « Le nœud vient de la corruption, c'est une question de gouvernance. Les fonds attribués par la France au ministère de la Défense nigérien ne vont pas à la sécurité. Et les gens qui chez nous dénoncent ces détournements se retrouvent en prison. Pourquoi cela reste impuni, pourquoi la France ne dit rien ? » Des détournements effectués à travers des surfacturations de matériel, des contrats fictifs et des fausses mises en concurrence. Le tout pour un montant de 130 millions d'euros, selon un audit publié en février, à la suite des attaques des camps d'Inatès et de Chinadoger, près de la frontière avec le Mali, où l'armée avait perdu 71 et 89 soldats, et ramené à 76 millions en juin.
    Sur cette affaire, la députée Frédérique Dumas, membre du groupe d'amitié France-Niger, avait posé une question écrite à la ministre des Armées, Florence Parly, en mai dernier. La France ne pourra plus tolérer ces pratiques, si elle ne veut pas que ses ressortissants soient à nouveau visés. Frapper les terroristes est une chose, mais sans une sévère moralisation de la vie politique locale, tous les efforts seront vains.

    *Les prénoms ont été modifiés

  • Principe de précaution et servitude volontaire, par Christian Vanneste.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

    Le pouvoir actuel n’est pas libéral, mais « progressiste » ce qui est le contraire. Le libéralisme repose sur l’idée que la personne douée de raison peut au profit de la collectivité jouir d’une autonomie dont elle fera le meilleur usage non seulement dans son activité économique mais aussi dans l’ensemble de la vie sociale, avec bien sûr une juste répression des cas où son comportement nuirait à la collectivité.

    christian vanneste.jpgCette conception conduit à concevoir la société comme un vaste espace de liberté avec en son centre un noyau capable d’exercer les sanctions qui s’imposent à ceux qui contreviennent à des lois les moins nombreuses et les plus claires possibles. Le progressisme repose au contraire sur l’extension indéfinie du noyau central sous la forme d’un Etat tentaculaire multipliant les règlements et les interventions mais en clamant que c’est pour l’augmentation du bien-être et des menus plaisirs de chacun, et la sauvegarde de la santé et de la sécurité de tous. Ce système a été annoncé notamment par deux auteurs français épris de vraie liberté : La Boétie qui dénonce le caractère volontaire de la servitude chez les peuples qui acceptent de perdre leurs libertés et par Tocqueville annonçant une nouvelle forme de despotisme qui ne ruine la liberté que pour prétendre apporter le bonheur. Il est fascinant de constater à quel point la situation actuelle accrédite leurs craintes.

    Le levier du mécanisme réside dans le principe de précaution, et l’énergie qui le meut est la peur. Chacun désire naturellement persister dans son être et n’envisage sa disparition ou même son effacement progressif par l’âge et les handicaps qu’avec dépit. Le plus souvent, nous souhaitons au moins le meilleur avenir pour nos proches et nos enfants. C’est pourquoi le principe de précaution agit avec tant de force puisqu’il consiste à affirmer qu’il faut, face à un danger, prendre le maximum de mesures pour prévenir celui-ci, et donc sauver des vies, chacun recevant le message en pensant à la sienne. On remarquera l’utilisation de l’argument par exemple pour justifier la limitation de la vitesse, ou le confinement. Il s’agit de vies ou de morts virtuelles dont l’existence est purement statistique, mais l’effet est assuré : beaucoup placent leur vie parmi celles qui ont été sauvées et se font les collaborateurs zèlés et enthousiastes des restrictions qu’on apporte à leurs libertés puisque c’est « pour leur bien ». Evidemment, l’efficacité du processus varie avec les peurs : lorsqu’il s’agit d’environnement, de pollution, et plus encore de réchauffement climatique, la peur demeure lointaine et abstraite et n’est pas à la mesure des contraintes qu’on prétend imposer aux automobilistes, par exemple. De même, la convergence de la limitation de vitesse avec l’augmentation des amendes déclenchées par des radars a rendu le bon sens des conducteurs soupçonneux, et avec raison. La vitesse n’est pas, n’est plus la cause principale des accidents, mais seulement le facteur le plus facile à sanctionner quand il s’agit d’automobiles. Alors, le Covid-19 est arrivé, et là, tous les éléments ont été réunis pour permettre à l’Etat de jouer les protecteurs envahissants mais dévoués, et pour la foule moutonnière d’applaudir à la multiplication des précautions. Certes, en France, l’Etat avait manqué le départ, mal perçu l’opportunité en continuant à lui préférer le réchauffement climatique, mais il se rattrape depuis. Moins il y a de morts, plus il y a de précautions, c’est-à-dire d’atteintes à nos libertés.

    D’abord, il faut constater le caractère limité de la pandémie. Dans le pire des cas, celui de la Belgique, le virus aura tué une personne sur 1000, et le plus souvent atteinte par l’âge, et des pathologies qui ont affaibli son organisme. Dans les pays qui sont pointés comme subissant une catastrophe sanitaire, le chiffre est un peu supérieur à une personne sur 2000, et en France, légèrement inférieur. Mais plus les données paraissent satisfaisantes, plus le discours alarmiste s’amplifie, avec le risque d’une deuxième vague, l’inquiétude devant la rentrée scolaire, les rumeurs sur de nouveaux foyers que la propagande se plaît à nommer « clusters », et la menace d’un nouveau confinement calamiteux pour notre économie sinistrée. Quelle que soit la solidité de ces craintes, on ne peut que constater l’intérêt que le pouvoir y trouve en montrant son apparent dévouement et en recevant l’assentiment de la partie la plus « civique » de la population, hélas souvent la plus propice à la servitude volontaire. Un peu de lucidité serait souhaitable. Tandis que certains applaudissent lorsqu’une équipe de policiers force une famille à quitter un TGV qu’on arrête exprès parce qu’elle portait mal ce masque, inutile il y a quelques mois, trois gendarmes, appelés pour une rixe dans le centre-ville de Roquefort-La Bédoule, se sont retrouvés face à une vingtaine de personnes particulièrement agressives qui n’ont pas tardé à se retourner contre eux. Des policiers qui appliquent avec excès des règles à des contrevenants peu dangereux, d’autres qui reculent devant des loubards ou qui, pis encore deviennent leurs victimes, et d’autres enfin qui se font distraits lorsque le récalcitrant est trop vindicatif ou semble trop dangereux : les Français vont-ils accepter longtemps encore un pouvoir qui ne sait pas évaluer les véritables dangers et protéger véritablement toute la population ?

  • Ce samedi, jour de l'Assomption, pas de notes sur lafautearousseau, qui fait ”relâche”, comme les jours de Pâques et de

    christianisme.jpg"A la Grèce, nous devons surtout notre raison logique. A Rome, nos maximes de droit et de gouvernement. Mais à l’Evangile nous devons notre idée même de l’homme. Si nous renions l’Evangile, nous sommes perdus !" disait avec raison Jean de Lattre de Tassigny.

    Et Chateaubriand écrivait "...Après Alexandre, commença le pouvoir romain; après César, le christianisme changea le monde; après Charlemagne, la nuit féodale engendra une nouvelle société; après Napoléon, néant : on ne voit venir ni empire, ni religion, ni barbares. La civilisation est montée à son plus haut point, mais civilisation matérielle, inféconde, qui ne peut rien produire, car on ne saurait donner la vie que par la morale; on n'arrive à la création des peuples que par les routes du ciel : les chemins de fer nous conduiront seulement avec plus de rapidité à l'abîme..." (Mémoires d'Outre-tombe, tome II, p.261). 

    Pourquoi ce "néant" dont parle, avec raison, Chateaubriand, après Napoléon, le sabre, l'héritier, le continuateur de la Révolution ?

    Parce que la Révolution est d'abord et avant tout anti chrétienne; qu'elle s'est pensée, voulue et accomplie, en dehors, sans et contre l'héritage millénaire de la France chrétienne; un héritage qu'elle a voulu effacer et qu'elle prétend remplacer par elle-même, puisqu'elle se conçoit comme une nouvelle Religion, la Nouvelle Religion Républicaine.

    Mais cette Nouvelle religion est inféconde : elle n'a su qu'affaiblir considérablement - sans le détruire  complètement - le christianisme et avec lui l'âme, l'esprit Français. Et, aujourd'hui, les Français - des-éduqués par une Ecole sectaire qui les a voulus "sans Dieu et sans Roi" - pour reprendre le mot de Jules Ferry - se retrouvent désemparés face à un Islam conquérant - lui - ou alors face au "vide", au "néant" dont parlait Chateaubriand.

    Et cela parce que ses soi-disant "valeurs" ne sont que des mots, des abstractions et des incantations vaines, des formules creuses, qui ne pèsent d'aucun poids devant les réalités. La République idéologique n'a su et pu que détruire, sans rien construire à la place de ce qu'elle effaçait...

    Le 8 novembre 1906, René Viviani prononça un discours fleuve à l'Assemblée (extrait) :

    lfar viviani.jpg"...Nous sommes face à face avec l’Église catholique... La vérité, c’est que se rencontrent ici... la société fondée sur la volonté de l’homme et la société fondée sur la volonté de Dieu... Les Congrégations et l’Église ne nous menacent pas seulement par leurs agissements, mais par la propagation de la foi... La neutralité fut toujours un mensonge.

    Nous n'avons jamais eu d'autre dessein que de faire une université antireligieuse... de façon active, militante, belliqueuse...

    ...Nous nous sommes attachés dans le passé à une œuvre d'irreligion; nous avons arraché la conscience humaine à la croyance...

    ...Ensemble, et d'un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des lumières qu'on ne rallumera plus...

    ...Nous ne sommes pas seulement en présence des congrégations, nous sommes en face de l'Eglise Catholique, pour la combattre, pour lui livrer une guerre d'extermination..."

    Peu de temps avant ce discours, haineux mais au moins clair, c'est Georges Clemenceau qui, le 29 janvier 1891, avait lui aussi été très clair :

    lfar viviani 1.jpg"...La Révolution française est un bloc… un bloc dont on ne peut rien distraire... C’est que cette admirable Révolution par qui nous sommes n’est pas finie, c’est qu’elle dure encore, c’est que nous en sommes encore les acteurs, c’est que ce sont toujours les mêmes hommes qui se trouvent aux prises avec les mêmes ennemis. Oui, ce que nos aïeux ont voulu, nous le voulons encore. Nous rencontrons les mêmes résistances. Vous êtes demeurés les mêmes ; nous n’avons pas changé. Il faut donc que la lutte dure jusqu’à ce que la victoire soit définitive..."

    Ce combat de titans a donc débuté avec la funeste Révolution de 1789, et, depuis l'instauration de la funeste République en 1875, la France subit ce Régime qui la déclasse inexorablement, du point de vue matériel, en même temps qu'il la "vide" intérieurement de sa richesse spirituelle. Après avoir "changé le peuple" dans son mental, son moral, son imaginaire, par l'école, la République idéologique, devenue Système monstrueux, "change le peuple" par une immigration massive et continue : tout, pourvu que meure la France traditionnelle, lentement surgie du fond des âges àlfar flamme.jpg partir de Clovis et de son baptême.

    "Pour moi, l'histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis, nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise. L'élément décisif pour moi, c'est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l'histoire de France à partir de l'accession d'un roi chrétien qui porte le nom des Francs" (Charles de Gaulle). 

    Voilà pourquoi - trop rapidement résumé, certes... - lafautearousseau, trois fois par an, manifeste son attachement aux vraies racines de la France, qui sont chrétiennes, plutôt qu'aux malfaisantes nuées d'une Révolution sanguinaire, belliqueuse et génocidaire...

    A Noël, à Pâques et le 15 août, voilà ce que nous voulons dire, en... ne disant rien !

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  • Respect du port du masque et des gestes barrières : et si on arrêtait les bêtises ?, par Natacha Polony.

    Source : https://www.marianne.net/

    "Le simple comportement rationnel face à ce virus devient l'exception et l'attitude erratique des autorités le dispute à l'absence du minimum de bon sens de nombreux citoyens", regrette Natacha Polony.

    Certains ont les yeux rivés sur les chiffres. D'autres affirment crânement qu'ils ne se laisseront pas manipuler par des pouvoirs publics occupés à répandre la peur. D'autres encore se demandent tout simplement si la rentrée des classes aura lieu. La deuxième vague arrivera-t-elle ? Est-elle déjà sur nous ? Dois-je porter un masque en sortant de chez moi ? Est-il obligatoire ici ? Et sur le trottoir d'en face ?

    Disons-le clairement : qui voudrait provoquer des mouvements de révolte contre les règles sanitaires ne s'y prendrait pas autrement. D'ailleurs, le port du masque est le nouveau prétexte du déferlement de violence qui est devenu en France le mode d'expression spontané d'une partie de nos concitoyens. On tue un chauffeur de bus, on éborgne un vigile à coups de couteau, on tabasse une jeune femme pour une remarque sur l'obligation de porter le masque. Porter le masque, c'est respecter la loi et les autorités : qui rejette le système (ou la République, ou la France) se fait une gloire de ne pas le porter. Mais quiconque veut proclamer qu'il est un être libre, qu'il n'a pas peur de la mort et qu'on ne la lui fait pas fait aussi partie du club. Sans oublier ces « jeunes » qui considèrent qu'après l'affreux traumatisme du confinement, ils ont besoin de « se lâcher »… Le simple comportement rationnel face à ce virus devient l'exception et l'attitude erratique des autorités le dispute à l'absence du minimum de bon sens de nombreux citoyens.

    Simple bon sens

    Premier point : on peut évidemment se gausser de cette histoire de deuxième vague en expliquant que la première n'était déjà pas une déferlante, en comparaison des grands fléaux historiques, et que les chiffres actuels, avec 380 personnes en réanimation le 18 août, sont infinitésimaux. Certes. La question n'a jamais été d'éviter des millions de morts (et les projections délirantes de certaines autorités de santé n'ont pas aidé à leur crédibilité) mais d'éviter des morts évitables. Or le virus circule, comme le démontre non pas le nombre de tests positifs (puisqu'il dépend du nombre de gens testés) mais le rapport entre le nombre de gens testés et le nombre de tests positifs. Il circule de plus en plus rapidement chez les 15-34 ans, qui sont actuellement les principaux vecteurs. D'où le fait qu'il y a peu de cas graves. Mais avec une augmentation désormais exponentielle du nombre de contaminations, on peut légitimement s'inquiéter.

    Le problème est bien sûr que, si la prudence évite le retour d'une phase épidémique grave, personne ne pourra prouver qu'il y aurait eu, sans elle, cette fameuse phase. Cela s'appelle le principe de précaution, qui n'a rien à voir avec la psychose ou le fantasme du risque zéro. Le simple bon sens, c'est-à-dire les quelques gestes et habitudes qui permettent de vivre normalement avec ce virus. La catastrophe économique qui se prépare, et que vivent déjà en silence les professions de l'événementiel, le monde de la culture, les hôteliers, les restaurateurs, les chauffeurs de taxi et d'autres, devrait nous guérir de l'envie d'en remettre une couche. Et les chefs d'entreprise, plutôt que d'ergoter sur le coût supplémentaire lié aux mesures de précaution, devraient être les premiers à former leurs salariés. Tout, plutôt qu'un nouveau confinement.

    Sauver l'économie française

    Hélas, et c'est le deuxième point, pour que ces comportements évidents - comme celui de ne pas se placer à cinquante centimètres de son interlocuteur ou de mettre un masque dans un espace clos plutôt que de l'ôter en proclamant avec satisfaction « ici, on est entre nous, il n'y a pas de virus » - soient adoptés, encore faut-il que les autorités aient envoyé dès le départ un message clair. Nous continuons à payer le mensonge initial sur les masques, qui explique que le gouvernement ne les ait pas rendus obligatoires au sortir du confinement, quand c'était l'évidence. Aujourd'hui, on en est à inventer des règles byzantines (et les Parisiens sont priés de se déplacer avec un plan de la ville pour savoir s'ils sont dans une zone « à risque ») au lieu de tout simplement considérer que le masque est obligatoire, surtout dans les espaces clos, sauf quand on est seul, et que la priorité reste de se laver les mains, habitude dont on peut se réjouir qu'elle entre dans les mœurs.

    Pis, nous continuons à entendre des médecins expliquer qu'il ne sert à rien d'aller se faire tester tant qu'on n'a pas de symptômes, quand bien même on a été en contact prolongé avec une personne malade. Il y a 53% d'asymptomatiques ! Est-ce si difficile de prendre en compte cette donnée ? Les repérer pour éviter qu'ils ne contaminent. Porter un masque, non pour se protéger soi-même (merci aux scientifiques qui continuent doctement à nous dire que le masque ne sert que pour les soignants et les malades) mais parce qu'on est peut-être porteur sans le savoir.

    L'urgence est de sauver toutes ces petites entreprises, tous ces indépendants que la crise va laminer, quand les mesures gouvernementales, comme toujours, s'intéressent surtout aux grands groupes. L'urgence est de sauver l'économie française. Et le peu de cohésion nationale qui nous reste, quand, plus que jamais, notre responsabilité individuelle a des conséquences collectives.

  • Quand Jean Raspail répond aux questions de François Davin et Pierre Builly...

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    Jean Raspail répond aux questions de François Davin et Pierre Builly   

     

    Nous l'avons connu d'abord par ses livres. Aux Baux 76, nous l'avons entendu nous dire sa confiance dans une certaine remise en cause des conformismes intellectuels régnants. Et son espérance rejoignait la nôtre sans qu'il fût besoin que Jean Raspail appartînt à l'Action Française : ce discours figure dans Boulevard Raspail, son dernier livre. 

    On appréciera le tour très libre, très peu formel, de l'entretien qu'il a accordé à François Davin et Pierre Builly. 

    Si Jean Raspail laisse des questions sans réponse c'est que notre famille d'esprit n'a que peu de goût pour les idéologies et les systèmes. Sur les réalités à défendre, l'accord ne va-t-il pas de soi ?

     

     

     : une de vos anciennes chroniques du Figaro m'a particulièrement marqué. Elle date d'environ deux ans, s'intitulait « les signes noirs » et me paraissait assez bien refléter ce que vous pensez, ce que vous dites, ce que vous avez mis dans le « Camp des Saints » ce que vous avez exprimé dans la « Hache des Steppes » et dans le « Jeu du Roi ». Au-delà de la péripétie électoraliste, au-delà du jeu des forces politiques proprement dites, ce que nous pourrions appeler le pays légal, il y a un danger, un risque de déliquescence pour la société française dans toutes ses composantes qui étaient jusque-là restées organisées : par exemple l'éducation, la justice, l'armée, etc. ...

     

    Jean Raspail : Si ma mémoire est bonne, j'ai écrit à ce moment-là, et je le crois toujours, que peu à peu des hiérarchies parallèles se sont établies au sein de toutes les organisations sociales : l'armée, l'enseignement, la Justice, l'Eglise. Il me semblait que personne ne le disait à ce moment-là. J'ai eu un petit peu d'avance sur les autres. Pas tout seul d'ailleurs.

     

     : En effet, vos livres et vos chroniques ont fait irruption dans le marécage, pratiquement les seuls à l’époque. Aujourd'hui il y a beaucoup de monde qui évoque ces sujets.

     

    J. R. : Actuellement les signes dont j'ai parlé me semblent connus de l'opinion, qu'il s'agisse de l'opinion modérée ou majoritaire, comme vous voudrez, ou même, peut-être, d'une partie de la gauche. Ce qui est étonnant aujourd'hui, c'est qu'il n’y a pas de réaction réelle. Tout se passant au niveau politique, plus rien ne se passe au niveau - comment dirais-je ? - des âmes, comme si les pouvoirs en place ne prenaient pas en compte l'âme de la nation. Et cela c’est ce qu’il va falloir essayer de dire. Je prétends par exemple que la jeunesse est complètement abandonnée à elle-même. Il y a des tas de gens qui s'occupent d'elle, les sports, par exemple, ne sont pas mal gérés, l’Education nationale représente un budget énorme … Je mesouviens qu'Herzog me disait, alors qu'il était Secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux Sports, que l'argent ne lui manquait pas pour construire des piscines ou des stades, qu'il y en avait partout mais que c'était l'âme qui manquait pour y aller. Il en est ainsi dans tous les domaines. Or, à moins de ne plus être en démocratie libérale, est-ce qu'un gouvernement pourrait avoir un pouvoir sur les hommes ? 

     : Est-ce que la nature de la démocratie libérale n'est pas de susciter autour d'elle des contre-pouvoirs ?

     

    J. R. : Certainement cela tient à la nature de la démocratie libérale. D'ailleurs, j'en parle dans les chroniques que j'écris actuellement. J'en ai déjà fait trois. Il en paraît une par mois. J'ai écrit « jeunesse et démocratie », « rites et démocratie », « patrie et démocratie ». Après je ferai « races et démocratie », « Famille et Démocratie », etc. ... toute une série pour savoir où la démocratie peut être bonne... Personnellement, je ne suis pas fasciste, je ne considère pas qu'une démocratie est forcément mauvaise.

     

     : Tout dépend de ce que vous entendez par démocratie.

     

    J.R. : C'est ce que j'essaie de définir. Pour clarifier ma pensée, disons simplement que je ne suis pas du tout un théoricien, que j'essaie d'être un écrivain qui réfléchit sur les problèmes de ce temps.

     

     : Vous ne résolvez encore rien. Vous dites : on connaît les signes mais il y aura une nouvelle étape à franchir. Connaîtrait-on les causes de ces signes, que l'on connaîtrait le remède. Mais le remède ne sera connu que lorsqu'on aura une version claire des causes. Que faire pour en sortir ? Jusqu'à présent vous ne voyez pas le comment.

     

    J.R. : Ce qui est embêtant. Il semblerait qu'en ce moment la fameuse distinction de Maurras entre le pays réel et le pays légal n'est plus vraie. Le pays profond ou réel n'est pas du tout traversé par les mêmes courants de sentiment, d'enracinement. On se trouve devant un pays, il n'est pas le seul d'ailleurs, qui était jusqu'à il y a, au fond, peu de temps, industrialisé à 5%. Aujourd'hui le pays réel ou profond, ça ne veut plus dire grand-chose quand on voit par exemple Sarcelles ou n'importe quoi d'autre, toutes ces immenses banlieues ou cette région parisienne où vivent quand même 25% des Français. Je connais bien mon village en Provence que j'habite six mois de l'année. Je suis certain que c'est le pays réel. J'entends mes socialistes au bistrot. Ils feraient rougir Rocard et Mitterrand. Quant au pays profond, il n'est plus tellement profond. Il est devenu d'une effroyable superficialité; on ne sait plus trop par quel bout le prendre.

     

    : Oui, mais vous dites que la solution ne paraît pas résider dans le libéralisme avancé.

     

    J.R. : Probablement pas.

     

     : Vous dites je vois les signes, j'étudie les signes ...

     

    J.R. : Je crois que c'est le privilège de l'écrivain. Comme il n'a pas d'œillères, il a plus de liberté pour juger les choses d'un peu haut. Il n'est pas obligé de rédiger un article de journal tous les jours.

     

     : Votre héros du « Jeu du Roi » en vient à sortir du monde et à se créer un royaume intérieur. Je crois percevoir en lui un fond de découragement ou de pessimisme. Est-ce un peu vous ou uniquement un personnage ?

     

    J.R. : Il y a une certaine : ambiguïté du personnage. Tous les romanciers vous le diront, il y a une part probablement de l'auteur, on ne sait pas très bien où elle est, elle peut se trouver un peu partout. Ce n'est pas explicable. D'autre part un romancier n'écrit pas une histoire que mène uniquement un désir démonstratif. Vous avez vu Dutourd dernièrement. Vous lui avez parlé de Mascareigne. Eh bien ! Il a répondu la même chose. 

    Je ne pense pas que mon héros soit pessimiste dans cette histoire. Je pense que l'univers qu'il trouve ne lui convient pas : il s'en est fabriqué un autre et comme en l'occurrence ce jeune garçon puis cet

  • L'hommage de Frédéric de Natal à Jean Raspail : «La révolution !? A mes yeux, elle a été un désastre !».

    Source : http://www.monarchiesetdynastiesdumonde.com/

    7.jpg«La révolution !? A mes yeux, elle a été un désastre !». A 93 ans, l’écrivain  Jean Raspail n’a rien perdu de sa verve. L’auteur de « Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie » ou de «Sire» assume son monarchisme décomplexé. Dans un récent entretien accordé au magazine Valeurs actuelles, l’ancien président du Comité national pour la commémoration de la mort de Louis XVI nous explique pourquoi il est royaliste.

    «Une décision très logique ». Il ne vient pas d’un milieu qui se prête à la nostalgie monarchique et pourtant, Jean Raspail est venu au royalisme, fruit de ses multiples réflexions. Il a ses détracteurs, ses admirateurs, mais lui n’en a cure. Comme cet avoué de Périgueux dont il va retracer la vie, éphémère roi de Patagonie, Jean Raspail respire la liberté de penser.

    « Le roi est la manière la plus simple de gouverner un pays. Car un roi n’est pas seul, il est issu d’ancêtre présents en France depuis des milliers d’années et est façonné par cette histoire familiale intimement liée à son pays », citant la « fameuse phrase qu’adressaient les royalistes au comte de Paris, héritier des quarante rois qui en mille ans ont fait la France ».

    L’homme oppose naturellement monarchie et république. « Le roi est l’incarnation de la nation, ce que n’arrive pas à faire un président de la république élu pour un court terme, à la courte vision et aux intérêts égoïstes ». L’oeil percé de mysticisme, il rappelle l’importance du sacre et de ce lien sacré avec Dieu, la religion qui a été l’appui sans faille des monarques et qui a participé à la construction de la France. Le pouvoir royal (…) acquiert toute sa grandeur et sa plénitude » à travers l’onction donnée au roi, à Reims. La révolution française a brisé ce lien entre le peuple et le roi. « En rejetant son Dieu et son roi au profit d’un individualisme dont nous payons le prix désormais », la république, la révolution  a créé « au peuple le sentiment qu’il était républicain » déplore t-il. « La façon dont elle s’est déroulée est d’ailleurs d’une sanglante vulgarité avec la tuerie à la Bastille, les arrestations des nobles, les assassinats et déportations des prêtres, les exterminations en Vendée » rappelle-t-il en guise de mémoire aux générations futures.

    8.jpgD’ailleurs, lui qui a été à la tête du Comité national pour la commémoration de la mort de Louis XVI, un événement qui avait rassemblé en janvier 1993, plus de 5000 personnes et personalités sur la place de la Concorde, entend remettre Louis XVI à la place d’honneur qu’il mérite. Quand même, il a dû batailler pour imposer son comité dans une république peu enclin à fêter ce parricide dont elle est l’héritière. Faisant fi des caricatures en vigueur et toujours distillée contre le « Capet », il rappelle-à juste titre- que le roi était « extrêmement populaire au moment du déclenchement de la Révolution ». « C’était un personnage empli de bonté » affirme-t-il, un brin compatissant. Et de nous raconter une de ces anecdotes amusante dont il a le secret. Convoqué à la veille du rassemblement, le préfet avait interdit la manifestation, craignant un débordement. Et de demander au comité de changer la date du rassemblement. «Louis XVI ayant été assassiné le 21, c’était évidemment impossible », encore moins le lieu. Invité sur les ondes de RTL, quelque heures avant, Jean Raspail décrit la situation incongrue qu’il vit, à la Radio. Avant subitement d’apprendre qu’elle peut avoir lieu. Le responsable de ce changement inattendu ? François Mitterrand, alors Président de la république, qui avait entendu la conversation, était intervenu immédiatement. « Le seul de nos présidents à avoir eu le sens de l’histoire de France » ajoute t-il en guise d’ultime hommage à un homme qui a marqué de son sceau les années 1980 et qui fut proche du comte de Paris. Il est vrai qu’à cette époque, le président de la République recevait régulièrement le prétendant au trône et qu’il ouvrait son bureau à Bertrand Renouvin, dirigeant de la Nouvelle action royaliste.

    9.jpgQue pense-t-il de la querelle dynastique est des chances de restauration de la monarchie ?  Un système qui n’est pas exsangue de critiques néanmoins, citant certaines erreurs commises par des rois ou des régentes. « Un roi ne reviendra que si l’un des deux prétendants actuels accepte de faire hommage à l’autre » déclare ce traditionaliste convaincu et anti Anne Hidalgo au journaliste qui l’interroge.  Avant de surenchérir : « J’ai été très impressionné par Alphonse de Bourbon, décédé en 1989, et père de l’actuel prétendant Louis. Lorsqu’il est venu se présenter au « mouvement royaliste », on a vu arriver un personnage réunissant toutes les qualités (…). Moi qui croyais la partie perdue, j’ai rejoint le royalisme grâce à lui. Il est malheureusement mort dans un accident de ski. Et son fils n’a pas du tout la même prestance. ». Et si il se trompe dans l’interview en affirmant que le prince Jean d’Orléans n’aurait pas participé à « La Manif’ pour tous » (l’actuel comte de Paris a bien défilé en 2013, photos à l’appui-ndlr), il regrette que celui-ci « ne se soit pas levé » pour prendre la tête du mouvement. Pour l’écrivain, Jean aurait dû s’imposer naturellement : «Je suis le roi et ne je peux admettre dans mon pays des choses comme ça ! » aurait dû dire le prétendant, selon Jean Raspail. « Imaginez les conséquences d’un tel communiqué ! » se met à rêver le royaliste. « Je regrette que le courant n’ait pas, ou plus, d’idées » conclu-t-il amèrement, dans une forme de nostalgie qui le mène vers le dernier chapitre d’une vie bien remplie et un nom qui restera à jamais dans les annales de l’histoire et de la littérature.

    Copyright@Frederic de Natal

    article paru le 14 avril 2019 . Source @Valeurs Actuelles.

  • Sommes-nous à la veille d’une révolution ?, par Christian Vanneste.

    Selon les gauchistes, la révolution doit faire tomber le régime, la société même, comme des fruits mûrs. Rares sont cependant les fruits de cette espèce qui tombent sans qu’on les pousse un peu tant l’inertie du conformisme l’emporte sur l’ardeur du changement. Cette résistance à la chute est due à ce que Richard Nixon avait appelé la « Majorité silencieuse ». Cette formule est très significative. Elle implique que dans une société donnée, ce sont les minorités qui parlent et qui agissent. Une démocratie n’est donc qu’une apparence dans la plupart des cas puisque la majorité du peuple ne s’exprime que périodiquement.

    christian vanneste.jpgDans l’intervalle, ce sont des minorités qui gouvernent, ou s’opposent au gouvernement avec l’espoir de le remplacer à l’occasion d’une élection, ou de manière plus radicale, en désirant renverser le régime, voire bouleverser la société. Certains pays, comme la Suisse, s’approchent de l’idéal démocratique, qui permettent à la majorité de s’exprimer très souvent à travers des référendums, d’autres s’en éloignent par l’organisation de scrutins, plus ou moins espacés, destinés à élire des responsables politiques, plus ou moins « représentatifs », cette notion elle-même étant discutable. Dans tous les cas, l’opinion publique est conditionnée par des moyens de formation et d’information détenus par des minorités. Lorsqu’il y a adéquation entre la minorité qui tient le gouvernement ou plus largement domine le système et celle qui détient les leviers de la pensée par la censure ou par la propriété, il faut des circonstances exceptionnelles, comme une guerre calamiteuse ou une crise économique considérable, pour faire tomber le régime et transformer la société. Ainsi en a-t-il été de la Russie tsariste en 1917, passée en quelques mois entre les mains des bolcheviques qui n’étaient nullement majoritaires dans le pays, ni même parmi les révolutionnaires malgré leur dénomination trompeuse.

    Bien d’autres révolutions eurent lieu effectivement parce que l’inertie de la majorité silencieuse a été bousculée par la réunion de trois facteurs : d’une part, la minorité au pouvoir était affaiblie de l’intérieur par la corruption, par les contradictions entre l’idéologie proclamée et les comportements des gouvernants, en second lieu, les moyens de diffusion de la pensée étaient détenus par des opposants de telle sorte que des idées nouvelles favorables à un changement l’emportaient jusque dans la sphère dirigeante, et enfin une minorité de rupture existait qui saisirait l’occasion, celle d’une guerre ou d’un mouvement de foule, par exemple, pour s’emparer du pouvoir. Il a fallu trois ans pour que les Jacobins instaurent la République en France. La monarchie est tombée comme un fruit mûr. Quelle qu’ait été pendant un siècle encore l’opinion majoritaire qui permit à des majorités monarchistes de l’emporter lors d’élections, et à des régimes monarchiques de se succéder, on n’est jamais parvenu à accrocher à nouveau le fruit à son arbre. 1792 a toujours fini par s’imposer jusqu’à faire croire que la République était le stade ultime de l’histoire de France, une République assagie par rapport à la Terreur, certes, mais bourgeoise et brandissant toujours ses vieux idéaux concoctés dans des cénacles étroits.

    La France connaît-elle à nouveau une période révolutionnaire ? Les éléments en sont réunis : La caste dirigeante n’inspire plus aucune confiance et ne s’appuie plus sur aucune conviction. Elle passe d’une mode idéologique à une autre et croit faire preuve d’ouverture quand elle révèle sa vacuité. Peu à peu ses « valeurs » explosent et se transforment en leurs contraires sans même que ceux qui s’y réfèrent paraissent s’en apercevoir. La liberté n’est plus l’autonomie rationnelle du citoyen qui lui permet de choisir la loi à laquelle il obéira, mais la libération des désirs, l’émancipation des individus, des communautés. L’égalité n’est plus celle des droits entre les citoyens, l’égalité des chances, mais celle des individus sans considération pour leurs mérites. La laïcité n’est plus la neutralité de l’Etat face aux croyances spirituelles, mais la négation active de celle qui est liée à l’identité même du pays. Au nom de l’urgence climatique ou sanitaire, de la lutte contre le racisme, on multiplie les interdits. La liberté recule tandis que l’égalité ne se limite plus à l’effacement des hiérarchies même indispensables mais à leur inversion selon le principe de la discrimination positive. La formation et l’information sont les vecteurs de ce renversement. La censure a changé de camp. Les groupes minoritaires réclamaient leur droit à la parole face au courant majoritaire, conservateur du socle de valeurs sur lequel repose notre société. Désormais ce sont ces groupes qui ont envahi les plateaux des chaînes d’information, les salles de conférence des universités, et les livres d’histoire qui interdisent aux conservateurs de s’exprimer. C’est ainsi que Sylviane Agacinski a été censurée à l’université Bordeaux Montaigne (UBM) parce qu' » il serait dangereux d’offrir une tribune à une personne digne de la manif pour tous ». De procès perdu en procès gagné, Zemmour a offert un bel exemple de résistance à ce renversement grâce au soutien d’un large public, mais il ressemble terriblement à une exception qui confirme la règle quand on voit la quantité de nullités qui ont le droit de s’exprimer sous prétexte par exemple que la couleur de leur peau n’est pas majoritaire en France. Le désir d’abattre les statues qui jalonnent l’histoire de notre pays atteint le paroxysme de ce mouvement suicidaire : la Voix du Nord retranscrit sans réserve la volonté d’une poignée d’excités de faire tomber la statue du Général Faidherbe à Lille en oubliant que celui-ci a évité par ses combats l’occupation du Nord par les Prussiens en 1870, après avoir été Gouverneur du Sénégal et avoir à ce titre développé cette région de l’Afrique. Quand bien même le second point serait discutable, le premier ne l’est pas.

    L’addition des minorités ne constitue pas une majorité de gouvernement : on n’imagine pas une alliance entre les LGBT, les islamistes, les antiracistes, et les antifas dont les revendications sont souvent contradictoires. Il y a quand même une convergence de fait pour affaiblir notre société, son unité, son identité, démoraliser sa population. C’est là un terreau révolutionnaire dont un jour ou l’autre une minorité organisée pourrait profiter, car le fruit trop mûr, pourri sur sa branche, sera prêt à tomber.