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Respect du port du masque et des gestes barrières : et si on arrêtait les bêtises ?, par Natacha Polony.

Source : https://www.marianne.net/

"Le simple comportement rationnel face à ce virus devient l'exception et l'attitude erratique des autorités le dispute à l'absence du minimum de bon sens de nombreux citoyens", regrette Natacha Polony.

Certains ont les yeux rivés sur les chiffres. D'autres affirment crânement qu'ils ne se laisseront pas manipuler par des pouvoirs publics occupés à répandre la peur. D'autres encore se demandent tout simplement si la rentrée des classes aura lieu. La deuxième vague arrivera-t-elle ? Est-elle déjà sur nous ? Dois-je porter un masque en sortant de chez moi ? Est-il obligatoire ici ? Et sur le trottoir d'en face ?

Disons-le clairement : qui voudrait provoquer des mouvements de révolte contre les règles sanitaires ne s'y prendrait pas autrement. D'ailleurs, le port du masque est le nouveau prétexte du déferlement de violence qui est devenu en France le mode d'expression spontané d'une partie de nos concitoyens. On tue un chauffeur de bus, on éborgne un vigile à coups de couteau, on tabasse une jeune femme pour une remarque sur l'obligation de porter le masque. Porter le masque, c'est respecter la loi et les autorités : qui rejette le système (ou la République, ou la France) se fait une gloire de ne pas le porter. Mais quiconque veut proclamer qu'il est un être libre, qu'il n'a pas peur de la mort et qu'on ne la lui fait pas fait aussi partie du club. Sans oublier ces « jeunes » qui considèrent qu'après l'affreux traumatisme du confinement, ils ont besoin de « se lâcher »… Le simple comportement rationnel face à ce virus devient l'exception et l'attitude erratique des autorités le dispute à l'absence du minimum de bon sens de nombreux citoyens.

Simple bon sens

Premier point : on peut évidemment se gausser de cette histoire de deuxième vague en expliquant que la première n'était déjà pas une déferlante, en comparaison des grands fléaux historiques, et que les chiffres actuels, avec 380 personnes en réanimation le 18 août, sont infinitésimaux. Certes. La question n'a jamais été d'éviter des millions de morts (et les projections délirantes de certaines autorités de santé n'ont pas aidé à leur crédibilité) mais d'éviter des morts évitables. Or le virus circule, comme le démontre non pas le nombre de tests positifs (puisqu'il dépend du nombre de gens testés) mais le rapport entre le nombre de gens testés et le nombre de tests positifs. Il circule de plus en plus rapidement chez les 15-34 ans, qui sont actuellement les principaux vecteurs. D'où le fait qu'il y a peu de cas graves. Mais avec une augmentation désormais exponentielle du nombre de contaminations, on peut légitimement s'inquiéter.

Le problème est bien sûr que, si la prudence évite le retour d'une phase épidémique grave, personne ne pourra prouver qu'il y aurait eu, sans elle, cette fameuse phase. Cela s'appelle le principe de précaution, qui n'a rien à voir avec la psychose ou le fantasme du risque zéro. Le simple bon sens, c'est-à-dire les quelques gestes et habitudes qui permettent de vivre normalement avec ce virus. La catastrophe économique qui se prépare, et que vivent déjà en silence les professions de l'événementiel, le monde de la culture, les hôteliers, les restaurateurs, les chauffeurs de taxi et d'autres, devrait nous guérir de l'envie d'en remettre une couche. Et les chefs d'entreprise, plutôt que d'ergoter sur le coût supplémentaire lié aux mesures de précaution, devraient être les premiers à former leurs salariés. Tout, plutôt qu'un nouveau confinement.

Sauver l'économie française

Hélas, et c'est le deuxième point, pour que ces comportements évidents - comme celui de ne pas se placer à cinquante centimètres de son interlocuteur ou de mettre un masque dans un espace clos plutôt que de l'ôter en proclamant avec satisfaction « ici, on est entre nous, il n'y a pas de virus » - soient adoptés, encore faut-il que les autorités aient envoyé dès le départ un message clair. Nous continuons à payer le mensonge initial sur les masques, qui explique que le gouvernement ne les ait pas rendus obligatoires au sortir du confinement, quand c'était l'évidence. Aujourd'hui, on en est à inventer des règles byzantines (et les Parisiens sont priés de se déplacer avec un plan de la ville pour savoir s'ils sont dans une zone « à risque ») au lieu de tout simplement considérer que le masque est obligatoire, surtout dans les espaces clos, sauf quand on est seul, et que la priorité reste de se laver les mains, habitude dont on peut se réjouir qu'elle entre dans les mœurs.

Pis, nous continuons à entendre des médecins expliquer qu'il ne sert à rien d'aller se faire tester tant qu'on n'a pas de symptômes, quand bien même on a été en contact prolongé avec une personne malade. Il y a 53% d'asymptomatiques ! Est-ce si difficile de prendre en compte cette donnée ? Les repérer pour éviter qu'ils ne contaminent. Porter un masque, non pour se protéger soi-même (merci aux scientifiques qui continuent doctement à nous dire que le masque ne sert que pour les soignants et les malades) mais parce qu'on est peut-être porteur sans le savoir.

L'urgence est de sauver toutes ces petites entreprises, tous ces indépendants que la crise va laminer, quand les mesures gouvernementales, comme toujours, s'intéressent surtout aux grands groupes. L'urgence est de sauver l'économie française. Et le peu de cohésion nationale qui nous reste, quand, plus que jamais, notre responsabilité individuelle a des conséquences collectives.

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