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  • Napoléon contre la France : et dire que, deux siècles après, certains continuent à le célébrer !.....

             Le samedi 10 décembre, à l'heure exacte où nous tenions, à Marseille, notre troisième Café politique de cette saison, sur un sujet d'une éminente actualité (Présidentielles, le grand piège, par Jean- baptiste Donnier) des nostalgiques de l'Ogre, qui a fait tant de mal à la France, se réunissaient : conférence puis Dîner-débat et tout le toutim... La soirée était organisée dans le cadre des XVèmes journées d’Histoire Napoléonienne de Marseille-Provence en présence du Prince MURAT et de M. Christian FILEAUX, Président du Souvenir Napoléonien.

            C'est consternant mais c'est ainsi : voilà des personnes qui n'ont pas du lire Jacques Bainville : "Sauf pour la gloire, sauf pour l' "art", il eût probablement mieux valu qu'il n'eût pas existé. Tout bien compté, son règne, qui vient, selon le mot de Thiers, continuer la Révolution, se termine par un épouvantable échec. Son génie a prolongé, à grands frais, une partie perdue d'avance."

            Et qui n'ont pas du lire Napoléon lui-même, non plus : devant le premier tombeau de Rousseau, sur L'île des peupliers, à Ermenonville, où celui-ci mourut en 1778 (sa dépouille y demeura jusqu'en 1794, lorsqu'un décret de la Convention ordonna que l'on transférât ses cendre au Panthéon) eut lieu, le 28 août 1800, une entrevue qu'a racontée, brièvement, Stanislas de Girardin : elle se passa lors de la visite de celui qui n'était encore que Bonaparte, venu chasser le lapin dans les forêts voisines d'Ermenonville... : 

           -« Il aurait mieux valu pour le repos de la France, que cet homme n'eût pas existé ... » 
          - « Et pourquoi, citoyen Consul ? », lui dit Stanislas
          - « C'est lui qui a préparé la Révolution française. »
          - « Je croyais, citoyen Consul, que ce n'était pas à vous de vous plaindre de la Révolution ! »
     
          - « Eh bien ! L'avenir apprendra s'il n'eût pas mieux valu, pour le repos de la Terre, que ni Rousseau ni moi n'eussions jamais existé. »

            Peu importe, du reste... que les personnes qui sont allées à ce genre de célébration aient lu ou non Bainville et Napoléon : la vérité sur celui qui a épuisé la France est bien connue, et bien établie.

            Napoléon, c'est un million et demi de français tués pour rien sur les champs de bataille, dont une très grande majorité de jeunes, qui n'ont pu se marier ni fonder une famille : on a là l'une des explications et l'une des causes - pas la seule... - du déclin démographique de la France qui, sous les Rois, était la Chine de l'Europe (il naissait un million d'enfants par an sous Louis XVI... : nous parlons bien sûr de ceux qui restaient vivants, il en naissait en fait beaucoup plus, mais la mortalité infantile était élevée...).

            Napoléon, c'est celui qui a amené par deux fois l'Europe entière, coalisée contre nous, à Paris, alors que depuis un siècle la France n'avait plus été envahie. Un désastre militaire sans précédent...

            Napoléon, c'est celui qui a laissé la France plus petite après lui qu'avant lui. Nous avons perdu 500.000 habitants (estimation de Bainville) en perdant les forteresses de Philippeville et Marienbourg (cédées toutes deux à Louis XIV en 1659) ainsi que Bouillon (la ville de Godefroy !...), actuellement en Belgique. En perdant les villes de la Sarre, aujourd'hui allemandes (Sarrelouis, fondée par Louis XIV en 1681 et Sarrebrück) et aussi Landau, aujourd'hui dans le Palatinat, mais qui fit longtemps partie de la décapole alsacienne (ville française depuis 1648 !). En perdant Versoix, sur la rive nord du Léman, et une partie du pays de Gex, français depuis Henri IV, aujourd'hui en Suisse ( les six communes de Versoix, Pregny-Chambésy, Collex-Bossy, Grand-Saconnex, Meyrin et Vernier furent cédées à Genève ).

            Avec, en prime, une occupation de trois ans et une "amende" de 700 millions de francs !.....

            Napoléon c'est l'inconséquent à qui Louis XVIII écrivit pour lui demander de lui rendre son trône : le Roi offrait ainsi à Bonaparte l'occasion de devenir notre Monk, et l'un des plus grands français de tous les temps, par le bien qu'il aurait fait alors au pays. Napoléon refusa, hautainement, répondant à Louis XVIII que, s'il voulait revenir en France, il lui faudrait marcher sur les cadavres de ceux qui avaient voulu la révolution. Moyennant quoi, au moment du désastre final, il eut ce mot par lequel il se condamnait lui-même : "Au point où les choses en sont arrivées, il n'y a qu'un Bourbon qui me puisse succéder...".

            Napoléon s'est donc déjugé lui-même, en moins de dix ans...

           Moyennant quoi, deux siècles après, certains continuent, sinon à l'honorer, plus encore : à le célébrer. Comme disait Maurras, c'est crier "Vive ma mort ! Meure ma vie !".

            A ce stade, s'agissant de ces gens-là, qui peuvent bien être des patriotes, mais inconséquents, nous ne pouvons rien pour eux....

  • Envahisseurs : l'immense campagne de bourrage de crâne des médias

     

    Par Academos

     

    cover_je_pense.jpgEt c'est reparti comme en janvier : les manipulateurs recommencent leur impressionnante campagne de manipulation ! Consolation de taille : elle avait réussi pour l'essentiel - mais pas totalement quand même... - en janvier, elle ne marche pas cette fois-ci : 56% des Français sont devenus assez lucides entre temps pour ne plus se "faire avoir". On peut espérer qu'au troisième coup, ce genre de campagne d'intoxication à contre-courant ne marchera plus du tout.

    Il faudrait des lignes et des pages pour clamer sa répulsion face à l'immense hypocrisie de cette moraline dégoulinante qui masque le coup porté à l'Europe et à la France : elle ferait sourire, cette alliance du fric et de la révolution; de Mélenchon / Besancenot et consorts avec les intérêts de la fortune anonyme et vagabonde; cette sainte alliance du grand capital allemand (qui se "paye" des esclaves à bas prix) et des révolutionnaires qui veulent diluer l'Europe et la France dans n'importe quoi pourvu que ce ne soit plus un continent blanc, à l'héritage gréco-latin et aux racines judéo-chrétiennes : oui, elle ferait sourire si elle n'était le cheval de Troie...

    Alors, plutôt que d'assommer les lecteurs de Lafautearousseau  de lignes et de lignes, il m'est venu l'idée de, simplement, comparer, et sans commenter, les ahurissantes déclarations actuelles (Apathie et les Français « coeurs de pierre » par exemple...) avec ce qui s'est passé en 1962 quand un million de  nos compatriotes, qui, eux, étaient vraiment des réfugiés, contraints de quitter leur terre natale, sont arrivés en métropole. Eux ne criaient pas "Allah akbar" (sur les quais de la gare de Budapest, comme on l'a vu et entendu à la télé : ça promet pour quand ils seront douillettement installés en Europe !...), mais il faut se souvenir de la façon dont la gauche de l'époque les a reçus : en l'occurrence, Gaston Defferre, jamais sanctionné pour ses propos abjects, au contraire devenu par la suite ministre de l'Intérieur !

    La seule lecture du court document que j'ai trouvé dans les éphémérides de lafautearousseau dispense d'autres commentaires que ceux qui précèdent.

    Sauf celui-ci, malgré tout : Apathie, pourquoi tu tousses ? 

     

    Ephéméride du 23 mai
     
    1962 : Le paquebot de la Transat, "Ville de Marseille", débarque les premiers réfugiés d'Algérie à Marseille 

     

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    Pour la quatrième génération de Français d'Algérie, cette année 1962 c'est le cataclysme : depuis 1830, la France a fait d'un immense espace vide et désolé le pays le plus prospère, le mieux équipé, et celui qui a les perspectives d'avenir les plus brillantes de toute l'Afrique; elle lui a même donné son nom, Algérie, en l'administrant, en l'organisant, en le traitant exactement comme tous les autres territoires de France métropolitaine ou d'Outre-mer.

    Et, d'un coup, le Système va donner les clés de ce pays prospère, à l'avenir prometteur, à une bande terroriste, le FLN, qui n'aura rien de plus pressé que d'aligner ce malheureux pays sur les visions idéologiques dépassés d'une URSS qui se croit encore, à l'époque, avant-garde consciente des prolétaires du monde entier alors qu'elle n'a même plus trente ans à vivre !

    Le résultat calamiteux de cette nouvelle domination sera la ruine pure et simple du fruit d'un travail acharné d'un siècle et demi; l'installation, partout, de l'arbitraire, de la nonchalance et de la corruption; de l'analphabétisme et de la pauvreté de masse : un gigantesque et cataclysmique bond en arrière...

    Et, pour les Français d'Algérie, brutalement, un choix très simple : "la valise ou le cercueil !". Quelques uns choisiront de s'établir dans l'Espagne de Franco, surtout dans la région d'Alicante, ce qui peut s'expliquer à la fois par des motifs idéologiques et par le fait que, historiquement, une ville comme Oran, par exemple, a été plus longtemps espagnole que française. Mais l'immense majorité des réfugiés (et non des rapatriés, terme impropre) referont leur vie - aux prix de mille difficultés et d'amères déconvenues - en métropole, où ils débarqueront sur la côte, de Port-Vendres à Nice mais essentiellement à Marseille, un certain nombre arrivant en avion.

    Et c'est précisément à Marseille qu'un personnage va s'illustrer - si l'on peut dire ! - d'une façon qui ne l'honore certes pas, ni lui ni ses compagnons d'idéologie qui, jamais, ne condamneront ses propos : le député-maire de Marseille de l'époque, Gaston Deferre, fit preuve d'une sécheresse de coeur, d'une dureté et d'une inhumanité proprement stupéfiante dans un pays réputé civilisé. Et, le pire, c'est qu'il ne formula jamais le moindre regret, ne renia jamais ses propos et, a fortiori, ne fit jamais rien pour tenter de réparer un tant soit peu... Il fut même récompensé, si l'on ose dire, puisqu'il devint, plus tard, Ministre de l'Intérieur !

    Qu'on en juge...

    Dans un entretien accordé au Figaro, le 26 juillet 1962, il répond aux questions de Camille Gilles (ses mêmes propos seront tenus ailleurs, dans d'autres journaux - notamment Paris-Presse, repris par le quotidien marseillais de droite Le Méridional - et devant d'autres journalistes) :

    * (à propos de la scolarité des enfants des Pieds-Noirs) : "Il n'est pas question de les inscrire à l'école car il n'y a déjà pas assez de place pour les petits marseillais..."

    * (question) : Voyez-vous une solution au problème des rapatriés de Marseille ?

       (réponse)  : Oui ! Qu'ils quittent Marseille en vitesse ! Ils fuient ? Tant pis ! En tout cas je ne les recevrai pas ici. D'ailleurs nous n'avons pas de place, rien n'est prêt. Qu'ils aillent se faire pendre où ils voudront. En aucun cas et à aucun prix je ne veux des pieds-noirs à Marseille..."

    Le moins que l'on puisse dire est que ce représentant éminent du Parti socialiste et de la Gauche française, si volontiers moralisatrice et moralisante, si prompte à donner des leçons de droits de l'homme à la terre entière, avait une bien curieuse conception du troisième terme de la devise du Système : "Fraternité" ! 

     

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    A bord du Ville de Marseille, ce 23 mai 1962, "1068 passagers et 53 enfants de moins de 3 ans", détaille le journal socialiste local Le Provençal. Sur les 700.000 Pieds-noirs qui gagnèrent la métropole cette année-là, 450.000 débarquèrent à Marseille.

  • CIVILISATION • Philippe de Villiers : « La barbarie va nous faire redécouvrir notre civilisation »

     

    Par Philippe De Villiers

    Dans une tribune donnée au Figaro, Philippe de Villiers réagit aux attentats du vendredi 13 novembre. Selon lui, de cette tragédie pourrait naître un sursaut salutaire. Nous n'avons rien à y ajouter. LFAR 

    Dans mon dernier livre [1], je l'avais écrit en toutes lettres: « Nous allons devoir affronter la guerre que nous ne voulons pas nommer. Et la classe politique va connaître le chaos. »

    Nous y sommes : la guerre est là. Et le chaos va suivre. Les fautes sont trop lourdes. L'imputation sera terrible. Comment les élites mondialisées pourraient-elles en effet s'exonérer de leur responsabilité devant l'histoire, d'avoir installé chez nous, depuis les années soixante-dix, une colonisation à rebours, préparant ainsi les prodromes d'une nouvelle guerre de religion inouïe depuis le XVIème siècle.

    Les gens qui se sont succédé au pouvoir depuis l'ère giscardienne et maastrichtienne ont failli. La France officielle qui a importé au cœur de notre pays, une autre nation, a vécu sur deux principes : un «espace sans frontière», au nom de l'hubris européen ; et une « société multiculturelle », au nom de l'idéologie mondialiste.

    On nous a expliqué, pendant vingt ans, que « les frontières étaient inutiles ». Aujourd'hui, il y a 5000 kalachnikovs qui, après un long voyage, dorment sagement dans les caves des « territoires perdus de la République ». Personne n'en a contrôlé l'entrée. On y trouvera bientôt des stocks de gaz sarin. Il y a aussi 3000 kamikazes - selon nos services de renseignement - qui vont et viennent sans souci pour aller chercher en Belgique ou en Syrie leurs ceintures explosives.

    Et voilà que soudain, on nous dit « On va fermer les frontières ». Il faut se pincer pour être sûr d'avoir bien entendu. Le salto arrière est impressionnant. Aucun mea culpa. La médiacaste éberluée s'extasie : « va pour les frontières ! Chapeau l'artiste ! ». Il faudra des années pour reconstituer une infrastructure douanière. Que de temps perdu !

    De la même manière, depuis vingt ans, au nom du multiculturalisme, on a voulu en finir avec la fameuse « assimilation » des étrangers. C'était un «concept désuet ». Il fallait « insérer », « intégrer ». Et on a désintégré et assimilé à  l'envers les petits Français de souche au mode de vie hallal.

    Ainsi a-t-on changé le visage de la France ! Dans certains quartiers, dans certaines villes, il suffit de descendre dans la rue : il y a des voiles partout. On a inscrit dans nos paysages, avec la « mixité sociale », la « politique de la ville », un damier communautaire.

    Les hommes politiques savent que, selon la loi de l'islam, l'humanité entière est destinée à se reconnaître musulmane, à se soumettre au Dieu du Coran. La bipartition du monde impose le Djihad: il y a le monde islamisé - le Dar El Islam - « la maison de la paix ». Et il y a le monde à islamiser - le Dar El Harb - « la maison de la guerre ». Pour les « jeunes Croyants », imprégnés de sourates, et ceinturés d'explosifs, qui ont frappé à Paris, depuis Molenbeek et la Syrie, la France doit être islamisée puisqu'elle fait partie du Dar El Harb.

    Il y a un autre mensonge qui vient d'expirer sous nos yeux dans le Paris ensanglanté : nos élites ont voulu nous faire croire que la « laïcité droit de l'hommiste » était une réponse suffisante - et même la seule réponse convenable - à la gangrène djihadiste. Or on voit bien ce qui se passe aujourd'hui : les laïcards font le vide et les islamistes le remplissent. Ils nous frappent parce qu'ils nous méprisent. Le nihilisme occidental, prenant congé d'une chrétienté flageolante, s'exprime comme une neutralisation religieuse de l'espace public.

    Il faut rendre le pays à ses fiertés. Et sortir aussi la France du protectorat américain où elle s'abîme. Nos élites sont veules. Elles obéissent à Washington où elles vont chercher consignes et argent de poche. A cause de l'Amérique, nous avons lâchement abandonné les Chrétiens d'Orient. Il faut un renversement d'alliance : sortir de l'OTAN et ouvrir un partenariat avec les Russes, faire la grande Europe de l'Atlantique à l'Oural, l'Europe des chrétientés charnelles.

    Quelle tristesse ! Le bain de sang, le grand deuil… Tant de larmes… Et puis la torpeur… l'incompréhension, parfois la prostration. Tant de gens qui ont cru à la fable du « vivre ensemble » et au slogan « L'islam, religion de paix », ainsi qu'à l'impératif catégorique à l'intention des islamo-sceptiques : « Pas de stigmatisation! Pas d'amalgame ! ».

    La France pleure. Nos cœurs saignent. Nous pleurons sur les Français et sur la France. Sur ce pauvre pays si cher, qui enterre les victimes d'une religion de conquête et que nos politiciens n'ont pas su protéger, par lâcheté, par inconséquence et par une détestation hystérique de la France chrétienne. Au surlendemain des attentats [2], le président des maires de France, M. Baroin, a demandé qu'on expulse de l'espace public les crèches de Noël. Et pourtant, dans les noirceurs de cette tragédie, s'est allumée une petite lumière. Bientôt émergera le carré de la dissidence. Un jour viendra - peut-être un jour prochain - où des milliers de mains vont se tendre les unes vers les autres. Des mains qui ne se connaissent pas. Fragiles, hésitantes. Celles des jeunes branchés du vendredi soir, agressés les premiers et dont la colère les portera vers la vérité. Leurs parents soixante-huitards leur avaient dit : « il n'y aura plus jamais de guerre ». Maintenant, ils savent. Un peu plus loin, il y a d'autres jeunes, qui vivent tapis dans les banlieues et qu'on appelle les « petits blancs ». Ceux-là n'en peuvent plus de baisser la tête et de longer les murs. Ils regardent aujourd'hui les terrasses ensanglantées, ils se sentent frères de détresse sinon de mode de vie avec les morts du Bataclan. Eux aussi vont se redresser en criant: « On est chez nous ! ».

    Et puis il y a tous ces jeunes veilleurs de la Manif Pour Tous qui ont passé quelques nuits au poste et ont compris que la gent politicienne les avait manipulés. Ils savent que notre civilisation est mortelle. Ils sont entrés en dissidence, dans la grande catacombe. Enfin, il a les jeunes ruraux, qui se sentent abandonnés par la fameuse « politique de la Ville » et qui voient arriver dans les campagnes le flot des migrants où se glissent quelques terroristes syriens.

    Toutes ces jeunesses vont se lever et opérer leur jonction. Ils porteront des lucioles, comme celles qu'ils ont déposées dans les rues de Paris. Ils les brandiront au nom de l'Âme Française. Toutes ces petites Marseillaises qui viennent de partout signalent déjà ces fiertés bourgeonnantes. Les événements en auront fait - eux, les fils de consommateurs compulsifs - des combattants instinctifs de notre identité patrimoniale.

    Alors, peut-être qu'avec le recul, dans quelques années, on pensera : ce premier acte de guerre des islamistes à Paris, qui a semé la terreur et la panique, ce fut en fait la première faute stratégique du Califat. Car il a réveillé les Français - les jeunesses françaises -. et les a arrachés à leurs somnolences et crédulités.

    Avec les prochains attentats, hélas prévisibles, nous allons connaître le point de retournement. La France est en dormition mais elle n'est pas morte. La barbarie va nous faire redécouvrir notre civilisation. Les yeux vont s'ouvrir. Et peut-être aussi les âmes. 

    Philippe De Villiers            

  • Christopher Caldwell : « Les intuitions de Houellebecq sur la France sont justes »

     

    Dans son livre, une Révolution sous nos yeux, le journaliste américain Christopher Caldwell annonçait que l'islam allait transformer la France et l'Europe. Pour FigaroVox [25.03] il réagit aux attentats de Bruxelles. Sa réflexion va souvent à l'essentiel. Nous le suivrons presque en tous points. Même son appréciation sur les Lumières est en fait nuancée. Et, de toute façon, Houllebecq, sans-doute à juste titre, les juge éteintes...  LFAR  

     

    Après Paris, Bruxelles est frappée par le terrorisme islamiste. A chaque fois la majeure partie des djihadistes sont nés dans le pays qu'ils attaquent. Cela révèle-t-il l'échec du multiculturalisme ?

    Peut-être, mais je ne suis pas sûr que le mot « multiculturalisme » signifie encore quelque chose. Il ne faut pas être surpris qu'un homme né européen commette des actes de terrorisme européen. C'est pour l'essentiel une question pratique. Le terrorisme requiert de la familiarité avec le terrain d'opération, le “champ de bataille”. C'est une chose très difficile que de constituer une équipe de terroristes en passant plusieurs frontières pour mener à bien une opération dans un pays étranger - même si cela peut être réalisé, comme les attentats du 11 Septembre l'ont montré.

    Au surplus, l'ensemble des droits et libertés constitutionnels de l'Union européenne, en commençant par Schengen, donne un éventail particulièrement large de possibilités à tout jeune Européen en rupture. Regardez ces terroristes belges. L'artificier Najim Laachraoui est allé en Syrie pour se battre aux côtés de Daech, mais personne n'a su comment il était revenu à Bruxelles. Ibrahim el-Bakraoui a été condamné à 9 ans de prison pour avoir tiré sur un policier en 2010. Mais il a également été arrêté plus récemment par la Turquie à Gaziantep, à la frontière syrienne, et identifié comme un combattant de Daech. Et tout cela est resté sans conséquences.

    Diriez-vous que derrière l'islamisme guerrier de Daesh, l'Europe est également confrontée à une islamisation douce un peu comme dans le dernier livre de Houellebecq, Soumission ?

    Quand j'ai lu le livre de Houellebecq, quelques jours après les assassinats à Charlie Hebdo, il m'a semblé que ses intuitions sur la vie politique française étaient tout à fait correctes. Les élites françaises donnent souvent l'impression qu'elles seraient moins perturbées par un parti islamiste au pouvoir que par le Front national.

    La lecture du travail de Christophe Guilluy sur ces questions a aiguisé ma réflexion sur la politique européenne. Guilluy se demande pourquoi la classe moyenne est en déclin à Paris comme dans la plupart des grandes villes européennes et il répond: parce que les villes européennes n'ont pas vraiment besoin d'une classe moyenne. Les emplois occupés auparavant par les classes moyennes et populaires, principalement dans le secteur manufacturier, sont maintenant plus rentablement pourvus en Chine. Ce dont les grandes villes européennes ont besoin, c'est d'équipements et de services pour les categories aisées qui y vivent. Ces services sont aujourd'hui fournis par des immigrés. Les classes supérieures et les nouveaux arrivants s'accommodent plutôt bien de la mondialisation. Ils ont donc une certaine affinité, ils sont complices d'une certaine manière. Voilà ce que Houellebecq a vu.

    Les populistes européens ne parviennent pas toujours à développer une explication logique à leur perception de l'immigration comme origine principale de leurs maux, mais leurs points de vues ne sont pas non plus totalement absurdes.

    Dans votre livre Un révolution sous nos yeux ,vous montriez comment l'islam va transformer la France et l'Europe. Sommes-nous en train de vivre cette transformation ?

    Très clairement.

    Celle-ci passe-t-elle forcément par un choc des cultures ?  

    C'est difficile à prévoir, mais ce qui se passe est un phénomène profond, anthropologique. Une culture - l'islam - qui apparaît, quels que soient ses défauts, comme jeune, dynamique, optimiste et surtout centrée sur la famille entre en conflit avec la culture que l'Europe a adoptée depuis la seconde guerre mondiale, celle de la «société ouverte» comme Charles Michel et Angela Merkel se sont empressés de la qualifier après les attentats du 22 Mars. En raison même de son postulat individualiste, cette culture est timide, confuse, et, surtout, hostile aux familles. Tel est le problème fondamental: l'Islam est plus jeune, plus fort et fait preuve d'une vitalité évidente.

    Certains intellectuels comme Pierre Manent propose de négocier avec l'islam. Est-ce crédible ? Les «accommodements raisonnables» peuvent-ils fonctionner ?

    Situation de la France de Pierre Manent est un livre brillant à plusieurs niveaux. Il a raison de dire que, comme pure question sociologique, l'Islam est désormais un fait en France. Manent est aussi extrêmement fin sur les failles de la laïcité comme moyen d'assimiler les musulmans, laïcité qui fut construite autour d'un problème très spécifique et bâtie comme un ensemble de dispositions destinées à démanteler les institutions par lesquelles l'Église catholique influençait la politique française il y a un siècle. Au fil du temps les arguments d'origine se sont transformés en simples slogans. La France invoque aujourd'hui, pour faire entrer les musulmans dans la communauté nationale, des règles destinées à expulser les catholiques de la vie politique.

    Il faut aussi se rappeler que Manent a fait sa proposition avant les attentats de novembre dernier. De plus, sa volonté d'offrir des accomodements à la religion musulmane était assortie d'une insistance à ce que l'Islam rejette les influences étrangères, ce qui à mon sens ne se fera pas. D'abord parce que ces attentats ayant eu lieu, la France paraîtrait faible et non pas généreuse, en proposant un tel accord. Et aussi parce que tant que l'immigration se poursuivra, favorisant un établissement inéluctable de l'islam en France, les instances musulmanes peuvent estimer qu'elles n'ont aucun intérêt à transiger.

    « Entre une culture qui doute d'elle-même et une culture forte, c'est la culture forte qui va l'emporter... » écrivez-vous en conclusion de votre livre. L'Europe des Lumières héritière de la civilisation judéo-chrétienne et gréco-romaine est-elle appelée à disparaître ?

    L'Europe ne va pas disparaître. Il y a quelque chose d'immortel en elle. Mais elle sera diminuée. Je ne pense pas que l'on puisse en accuser l'Europe des Lumières, qui n' a jamais été une menace fondamentale pour la continuité de l'Europe. La menace tient pour l'essentiel à cet objectif plus recent de «société ouverte» dont le principe moteur est de vider la société de toute métaphysique, héritée ou antérieure (ce qui soulève la question, très complexe, de de la tendance du capitalisme à s'ériger lui-même en métaphysique). A certains égards, on comprend pourquoi des gens préfèrent cette société ouverte au christianisme culturel qu'elle remplace. Mais dans l'optique de la survie, elle se montre cependant nettement inférieure. 

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    Christopher Caldwell est un journaliste américain. Il est l'auteur de Une Révolution sous nos yeux, comment l'islam va transformer la France et l'Europe paru aux éditions du Toucan en 2011. 

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

     

  • Et pourquoi pas la maison de Maurras dans le réseau des ”Maisons des Illustres” ?

    maisons des illustres.jpgMardi dernier, en fin d'année 2014, nous reprenions le souhait de voir Jacques Bainville "pléiadé" (comme disait Céline...). Aujourd'hui, en ce début d'année 2015, nous reprendrons un autre voeu que nous avons déjà formulé dans ces colonnes, et qui concerne, cette fois-ci, la très belle maison de Charles Maurras, Chemin de Paradis, à Martigues...

    C'était juste après la magnifique journée d'hommage organisée "chez lui", le 1er septembre 2012, pour le 60ème anniversaire de sa mort par l'Association des Amis de la Maison du Chemin de Paradis. A la suite de notre compte-rendu (I, II, III, la vidéo de la partie II permettant de retrouver Jean-François Mattéi et sa magistrale analyse des neuf contes du livre de Maurras : Le Chemin de paradis.), Claude Bourquard, journaliste au Dauphiné Libéré avait pris contact avec nous pour savoir si nous accepterions de répondre à quelques unes de ses questions sur Maurras et sur sa Maison, ce que nous avons, évidemment accepté. On trouvera en Note l'intégralité de la teneur de notre entretien avec Georges Bourquard, portant sur les trois questions qu'il nous avait lui-même proposées, ainsi que quelques informations sur l'état actuel de la maison, du jardin et sur les travaux en cours, lancés par la Mairie de Martigues. Nous remettrons simplement ici, en clair, la réponse à sa dernière question, qui est la plus "facile" et la moins "politique" des trois :

    * Vous autres, royalistes, qu'aimeriez-vous voir en ce lieu ? Cette maison, qui vous est si chère, que souhaiteriez-vous la voir devenir ?
     
    Nous avons d'abord rappelé à notre interlocuteur que, désormais, depuis 1997, et conformément au vœu formellement exprimé par Maurras, "sa" maison de Martigues a été donnée à "sa" chère ville de Martigues ("Mon Martigues plus beau que tout" écrit-il dans l'un de ses plus beaux poèmes, Où suis-je ?).
     
    Maurras avait d'ailleurs réglé lui-même, dans les détails, cette donation, faisant même le compte de sièges que devraient occuper les différents partis (MRP, Socialiste, Communiste...) dans le Conseil d'administration !
     
    C'est Jacques Maurras, son neveu, qui remit les clés de la maison au maire de l'époque, Paul Lombard, qui, non seulement accepta la donation, mais vint en personne à la réception donnée dans le jardin, et prononça pour l'occasion un discours de remerciement aimable, et même chaleureux, décernant au passage un brevet de patriotisme à Jacques
    Maurras.
     

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    La "maison du Chemin de Paradis" appartient donc à la ville de Martigues, depuis que son maire, communiste mais en l'occurrence martégal avant tout, a accepté le don
    de Charles Maurras, motivé - pour reprendre son expression - par son "patriotisme municipal".
     
    Nous ne pouvons donc évidemment, en aucune façon, nous substituer en quoi que ce soit
    à la Mairie de Martigues, doublement légitime propriétaire des lieux : légitime par la possession du titre de propriété, et légitime par la volonté expresse de Charles Maurras. Et nous ne pouvons en rien nous attribuer l'une quelconque de ses prérogatives.
     
    Nous ne pouvons avoir qu'un souhait, mais il est très fort: que la paix et la sérénité reviennent, enfin, sur Charles Maurras et sur cette maison. Personne n'imagine ni ne souhaite - et nous pas plus que quiconque - que cette maison devienne une sorte de centre de diffusion des idées royalistes.
     
    Mais, oui, nous souhaitons fortement qu'elle devienne, à l'instar de la bonne centaine d'autres existant en France, l'une de ces Maisons des Illustres qui fleurissent dans tout le pays. Un lieu de calme, voué à l'étude, à la recherche, à la connaissance ou, tout simplement, pour ceux qui y viendraient, à la découverte d'une parcelle de notre patrimoine, à travers la visite de la maison et du jardin d'un grand poète, d'un penseur, d'un homme d'action...
     
    Nous souhaitons que Martigues retrouve son Académicien, dont elle est privée, du moins dans la sphère "officielle", depuis plus d'un demi- siècle.
     
    Nous souhaitons que ce lieu soit rendu à l'Intelligence, au savoir, à la poésie, dans le dépassement de toute polémique, vaine et dépassée.
     
    Qu'elle soit ouverte à tous, en permanence, chacun se faisant, évidemment, comme partout ailleurs, sa propre opinion par lui-même, après l'avoir visitée.
     
    Et qu'ainsi, elle vive, qu'elle rayonne, à la façon, par exemple, de la maison de Chateaubriand :
     
    Serait-ce trop demander ?...
     

    maurras maison en entrant.jpg

     

    (1) : Juste quelques informations concernant les travaux actuellement en cours dans la Maison...

    * Les travaux de mise hors d'eau complète de la maison ont débuté; s'agissant d'un monument historique, la restauration est faite "à l'ancienne" (matériaux et techniques de pose), ce qui est un gage de qualité évident. On pourra, ensuite, passer au reste de la maison, mais - chacun le comprend - la réfection totale de la toiture est absolument prioritaire. Le montant des travaux pour la seule toiture est de plusieurs centaines de milliers d'euros...

    * La restauration des livres de la bibliothèque a également débuté : étant donné le nombre d'ouvrages qu'elle contient, et les problèmes d'infestation de termites qu'a connu il y a quelques temps l'ensemble de la ville de Martigues (bâtie "non pas au bord de la mer, mais dans la mer", comme le disait Alexandre Dumas), ce sera long, mais, du moment que cela a commencé...

    * Le jardin est dans un état globalement satisfaisant. Sauf un arbre arrivé en fin de vie, et qu'il faudra bien remplacer, l'ensemble des végétaux se portent bien, et même très bien pour certains; la plupart des cyprès sont beaux, quelques un superbes; même chose pour les lauriers-roses, les oliviers et "le myrte fidèle"; seuls manquent les rosiers, totalement disparus : les replanter sera la chose la plus aisée, la plus rapide et la moins onéreuse à réaliser... Il faudra aussi "reprendre" les inscriptions des stèles et du Mur des Fastes, dont certaines commencent à devenir difficilement lisibles...Un seul regret : la restauration du puits, si le crépi a probablement conforté l'ensemble, est manifestement d'un goût surprenant, mais bon...

     

    (2) : On peut lire ici notre entretien avec Georges Bourquard : rien à modifier, seuls sont à changer les chiffres de fréquentation de notre quotidien, qui ont augmenté - depuis ce jour-là - de plus de 25% pour les Visiteurs uniques mensuels, passant de 16.000 à l'époque à 21.000 aujourd'hui; et de 50% pour les connexions, passant de 30.000 mensuelles à l'époque à 45.000 aujourd'hui...)

  • Livres & Voyage • Tanger au microscope

    Philippe Guiguet à Tanger © Copyright : DR

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Non sans quelque présomption, notre confrère croyait avoir tout lu, tout vu sur Tanger, et puis il est tombé sur un satané petit livre traitant de la métropole du Détroit …

     

    441212410.5.jpgOui, j’ai connu Tanger au temps douloureux où elle n’était pas aimée de son roi, à l’époque Hassan II (en revanche, la ville fut prisée par Lalla Abla, mère du défunt monarque) ; quand Tahar Ben Jelloun publiait ses premiers vers, préfacés par Abraham Serfaty et me recommandait à son frère, bon habilleur tangérois ; lorsque je louais une maison, sur les remparts d’Asilah, à un oncle de Si Mohamed Ben Aïssa, futur ministre en vue et qui était alors en train de faire de cette ancienne place-forte portugaise l’un des pôles culturels de Chérifie. 

    Je connus donc les derniers feux de la société cosmopolite tangéroise, de David Herbert à Paul Bowles via Marguerite McBey ; j’étais alors correspondant du «Monde» en Alger et je venais oublier un peu, de temps en temps, en Tingitanie, les rigueurs de la dictature Boumediene ; je pris le pli, en ces années-là, et je l’ai conservé, de lire ou voir à peu près tout ce qui concernait Tanger, des fondateurs phéniciens aux conquérants arabes ; d’Ibn Batouta à Lotfi Akalaÿ; de John Hopkins à Rachid Taferssiti; sans oublier bien sûr ce mini-chef-d’oeuvre littéraire qu’est l’inquiétante nouvelle «Hécate et ses chiens» de Paul Morand lequel, à Tanger, et ça ne s’invente pas, habita la rue Shakespeare ; je crois également en 50 ans, avoir visionné une moitié des 100 films inspirés en 100 ans par l’ancienne Tingis. 

    Connaissant mon tropisme culturel tangérois, un camarade salétin, lecteur curieux, me rapporta du Nord marocain, ce printemps 2016, un mince volume d’environ 100 pages avec une couverture assez fade et maladroite portant un nom inconnu de moi : Philippe Guiguet-Bologne, nanti, en page de garde, d’une photo sous-exposée illisible … Sans omettre un éditeur local, basé à Tanger, que plusieurs librairies casablancaises ignorèrent jusqu’à prétendre à l’impossibilité de commander ce pauvre petit bouquin … ( là, j’en profite pour donner un bon coup de dent, bien mérité croyez-moi, à ces «libraires», de Casa ou Rabat, qui affichent sans vergogne le plus complet mépris pour les éditeurs francophones du cru, et, quand ils détiennent leurs publications, les placent généralement dans un coin peu visible de leur magasin … Vous avez dit «masochisme» ? «Autodénigrement» ? Mais si vous prononcez les noms de quelques éditeurs parisiens, voire à la rigueur romands ou wallons, alors là, en avant l’empressement de ces messieurs pour passer aussitôt commande …) 

    Raison de plus, face à cet ostracisme suicidaire pour lire ce brave petit livre. Je le fis, avec l’exemplaire prêté par le Salétin, donc, et je l’avoue, je fus d’emblée irrité par l’utilisation de termes propres au darija, et parfois au darija du Nord — et tout ça sans index ! Merci pour le lecteur non arabophone! Néanmoins, ma curiosité étant forte, je persévérai, et — d’où cette chronique — je fus vite séduit malgré une ponctuation trop souvent àpeupréiste (où sont passés les traits d’union, un des marqueurs de la langue française ? Louis Philippe ce sont deux prénoms masculins ; Louis-Philippe c’est un roi des Français qui missionna Delacroix dans l’Empire chérifien ; belle fille c’est une jolie fille ; belle-fille, c’est une bru, et ainsi de suite … ) 

    Donc, ce M. Guiguet, qui anima le Centre culturel français à Tripoli de Libye, sous la dictature kadhafiste, poste où il a dû en voir un peu de toutes les couleurs, ce M.Guiguet a une plume légère, souple, sans racolage ni clichés trop souvent dégainés dès qu’on parle de Tanger (non, je ne citerai personne …). Et puis, cet auteur en sait un rayon sur la Cité sans doute la plus ancienne du Maroc, et il nous le dit en douceur, sans pose, sans pédanterie, sans nous ennuyer jamais. Il sait toujours ajouter une nouveauté, une trouvaille, un fait oublié ou occulté sur des «classiques» de la Médina, comme l’ex-Légation états-unienne, tel ensemble palatial de la Casbah, telle parfumerie ou pâtisserie, ou bien un cinéma Art déco qui remarche ou une galerie d’art nouvelle. Après tous ces cadeaux au lecteur, soyez indulgent pour cette inexactitude historique mineure page 46 : la mission royale française Mornay-Delacroix, en 1832, ne fut pas envoyée auprès de l’empereur alaouite Moulay-Hassan 1er mais à l’un de ses prédécesseurs, Moulay-Abderrahmane… 

    Ce léger hiatus historique, ni les autres points faibles cités au début de cette chronique, ne nuisent pas à l’ensemble de l’ouvrage où on se distrait, où on apprend beaucoup, du mausolée du «Fils du Caneton» (Ibn Batouta) à Bab Teatro via la maison des chérifs d’Ouezzane ou celle du couturier Saint Laurent. C’est vrai qu’en filigrane du texte on aperçoit à plusieurs reprises un peu de cette internationale «gentry gay» (si vous me permettez cette expression franglaise) qui a ses habitudes à Tanger depuis au moins 150 ans (comme à Mykonos en Grèce, Hammamet en Tunisie ou Biskra jadis en Algérie) ; la plus belle illustration de cette « gentry » est sans doute le journaliste-espion britannique, Walter Harris, au début du XXe siècle. Mais Guiguet-Bologne déroule cette particularité avec une décence (hiya), une pudeur (aoura), toute marocaine à l’ancienne et qui me paraît être une des vertus cachées de ce «Socco». Les quelques ombres homoïdes dont Guiguet a parsemé son itinéraire tangérois sont d’autant plus acceptables, à mon sens, que cet auteur nous a en revanche épargné les rituels couplets morbides, chaque fois qu’il est question du Tanger années 1945-1965, sur les intellos indigènes ou allogènes (notamment nord-américains), méchamment ravagés par divers alcools tord-boyaux, kif et autre maâjoun*, type la lamentable Jane Bowles, et hantant ruelles et bouges de la vigie du détroit de Gibraltar. 

    Un volume à lire, donc, en insistant auprès des libraires pour qu’ils se procurent ce Tanger passé au microscope d’une érudition vivante ! 

     

    * Sorte de « confiture » de feuilles de hachich pilées, mélangées à du miel, du sésame et autres ingrédients. 

    Petite Bibliothèque tangerine : « Socco, une promenade dans la vieille ville de Tanger », par Philippe Guiguet-Bologne, Ed. Slaiki Akhawayne, 1 rue de Youssoufia n°38, Tanger ; « Tanger entre Orient et Occident » par Philip Abensour, Ed. A. Sutton, BP 90 600 / 37542 Saint-Cyr-sur-Loire, France, photos anciennes légendées ; « Tange r» par Daniel Rondeau, Livre de Poche, Paris ; « Carnets de Tanger 1962-1979 », par John Hopkins, La Table ronde, Paris ; « Tanger, cité de rêve », livre-album par Rachid Taferssiti et Rachid Ouettassi, avec la collaboration de P. Champion, M.Choukri, D. Rondeau, M.Métalsi et Péroncel-Hugoz, Co-Ed. Paris-Méditerranée et la Croisée des Chemins, Casablanca ; « Tanger, le roi infidèle » et « Asilah, Tahar Ben Jelloun sous parasol » in « Villes du Sud », Balland, Paris puis Payot, Genève, par Peroncel-Hugoz. 

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 13.05.2016

  • Société • Julien Sanchez, un maire FN face à la « résistance »

     

    par Yves Morel

    Des commerçants musulmans assignent leur maire en justice : les enseignements politiques d’une procédure.

    Julien Sanchez, jeune maire FN de Beaucaire (Gard) connaît, avec la communauté musulmane, des problèmes judiciaires révélateurs de l’incapacité de nos pouvoirs publics à défendre efficacement leurs administrés dans leurs droits et leurs intérêts les plus fondamentaux.

    M. Sanchez avait pris deux arrêtés municipaux datés des 16 et 17 juin derniers interdisant l’ouverture des commerces durant la nuit. Le premier fixait cette interdiction de 23h à 8h du matin à l’intérieur d’un secteur délimité du centre-ville de Beaucaire. Le second réduisait la portée de cette interdiction, la limitant à deux rues du centre-ville (les rues Nationale et Ledru-Rollin) et en faisait cesser l’application à 5h du matin. Ces arrêtés n’étaient d’ailleurs applicables que jusqu’au 31 octobre.

    Le jeune maire motivait sa décision par les plaintes de nombreux riverains (dont certains musulmans, ce que l’on se garde bien de préciser) victimes des nuisances sonores engendrées par cette activité commerciale nocturne. Ces riverains ne pouvaient pas dormir, agressés qu’ils étaient par le tumulte résultant du bavardage et des cris et autres braillements de clients agités et en grande conversation, attroupés à proximité des magasins, les vrombissements et pétarades de véhicules motorisés, le bruit des coups de klaxons et autres agréments de cette joyeuse convivialité. Certains renonçaient à dormir dans leur chambre et s’installaient sur leur canapé situé dans une pièce moins exposée (sans pour autant trouver le calme indispensable à l’ensommeillement), d’autres, exaspérés se disaient sur le point de s’abandonner à des réactions violentes. La décision du premier magistrat de la petite cité du Gard semblait donc bien compréhensible.

    Pas du tout !, ont estimé les commerçants des rues visées par ces interdictions.

    Sous la conduite d’Abdallah Zekri, président de l’Observatoire « national » (défense de rire) contre l’islamophobie au sein du Conseil Français du Culte Musulman (Diantre ! Voilà un homme de poids), six d’entre eux déposèrent une plainte devant le Tribunal administratif de Nîmes pour obtenir l’annulation des arrêtés incriminés, et 3 000 euros d’indemnité (chacun) au titre des préjudices engendrés par leur application. Le Conseil Français du Culte Musulman, lui, se portait partie civile, dans cette procédure. En effet, ces commerçants s’estimaient particulièrement lésés dans la mesure où la période d’application des deux arrêtés couvrait celle du ramadan, qui expliquait la recrudescence des nuisances sonores dont se plaignaient les riverains. A leurs yeux, « les mesures prises par ce maire visent à asphyxier l’activité économique de ces commerçants en raison de leur appartenance à la religion musulmane », pas moins.

    Se prévalant de l’alibi de la tranquillité de ses administrés, le maire poursuivrait donc une politique de « discrimination » à l’égard des musulmans de sa cité. « Force est de reconnaître que ces arrêtés visent substantiellement les commerçants musulmans », est-il spécifié dans la citation à comparaître. Ces commerçants, le maire viserait à les acculer à la faillite ; comme si leur bonne santé économique et financière dépendait uniquement de leur surcroît d’activité au moment du ramadan ; et comme si les Beaucairois justement mécontents (dont certains musulmans, répétons-le) n’avaient qu’à souffrir en silence au nom de la « tolérance », de l’égalité, du refus de toute discrimination ethnique ou religieuse, valeurs essentielles de notre république.

    A la suite du dépôt de plainte des commerçants, Julien Sanchez rapporta ses deux arrêtés. Si bien que, lors de l’audience du 26 août dernier, le Tribunal administratif de Nîmes rendait un verdict de non-lieu sur ce sujet, et, de surcroît, déboutait les plaignants de leur demande d’indemnisation.

    Mais le maire ne renonça pas à faire prévaloir ses décisions. A peine eut-il abrogé les arrêtés en cause que, le 19 août, il en prit deux autres, qui reconduisaient les mesures qu’ils contenaient. Les commerçants et le CFCM déposèrent alors une nouvelle plainte devant le Tribunal correctionnel de Nîmes, cette fois.

    Ces tous derniers jours, jeudi 7 janvier, à l’issue de l’audience, le président du Tribunal correctionnel a mis la décision en délibéré au 10 mars prochain. Nul ne peut préjuger du verdict qui sera rendu.

    Quel que soit le verdict qui sera vendu, cette affaire montre à quel degré d’impuissance est vouée la défense des droits les plus élémentaires de nos compatriotes en nos temps d’aliénation morale et culturelle et de déliquescence politique. Un édile ne peut même plus assurer la simple tranquillité de ses concitoyens sans se voir aussitôt vilipendé, médiatiquement lynché et traduit devant un tribunal par les représentants de telle communauté ethnoreligieuse. Si le tribunal nîmois donne tort à M. Sanchez, les beaucairois des quartiers en lesquels sont implantés des commerces arabes n’auront qu’à se résigner à supporter le supplice du tintamarre provoqué par les attroupements bruyants des clients musulmans de ces échoppes pendant au moins un mois, quitte à être privé de sommeil ; et, bien entendu, ils n’auront pas le droit de se plaindre sous peine de se voir taxer de racisme. De la même façon, les habitants de banlieues populaires des grandes villes doivent se résoudre, la mort dans l’âme, à voir leurs communes ou leurs quartiers hérissés de minarets et émaillés de boucheries halal, de restaurants arabes, de pizzerias turques et autres kebab, de magasins spécialisés dans l’organisation de mariages musulmans et la vente de matériel religieux, et de sièges locaux d’associations d’aides aux immigrés ou de jeunes maghrébins.

    Il est vrai que Yann Moix nous rappelle, sur le ton de l’objurgation, que « c’est le mouvement de l’histoire », que « demain, la France sera peut-être musulmane », et qu’il est aussi vain qu’ »indécent » de s’opposer à une telle évolution. Manifesterait-il la même inclination s’il diagnostiquait un retour de la tradition et de la morale catholique en France ? Non, à n’en pas douter.

    La mésaventure du jeune maire de Beaucaire dément les sombres prévisions de ceux que l’accès au pouvoir du Front national amènerait l’instauration d’une dictature de type pétainiste ou fasciste. En fait, ses opposants entreraient immédiatement « en résistance », suivant leur propre expression et mettraient tout en œuvre pour empêcher le pouvoir d’agir ou faire invalider ses décisions par le Conseil constitutionnel et les tribunaux de tous degrés et de toutes natures. Et on sait que notre constitution et nos divers codes juridiques contiennent quantité d’articles, de lois et de décrets qui concourent tous – tant par leur inspiration ou leur contenu effectif que par les interprétations qu’ils autorisent –à empêcher toute politique de défense de notre nation, de notre identité culturelle et des droits les plus élémentaires de nos compatriotes au nom des « droits de l’homme » et des « valeurs de la République », qui font » l’honneur de la France ». Notre classe politique et notre intelligentsia nous ont collé, durement inscrit dans les textes de loi, un véritable sida politique et moral qui nous prive de toute défense, de toute possibilité de saine réaction contre la décrépitude. Cette petite affaire beaucairoise en est une illustration entre mille. 

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle

  • Troisième front majeur en Syrie : Raqqa

     

    Par Antoine de Lacoste 

    Cette note - en quelque sorte une note d'information et de réflexion - fait suite à deux premiers article déjà publiés dans Lafautearousseau : « Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep » et : « Deuxième front majeur en Syrie : la Province d'Idlib ». On s'y rapportera avec profit.  LFAR 

    Après Alep (qui se termine) et Idlib (qui pourrait commencer bientôt), le troisième front majeur en Syrie est celui de Raqqa, la capitale de l'Etat islamique.

    Pour bien comprendre les enjeux de la guerre en Syrie et les stratégies militaires qui en résultent, il faut avoir bien présent à l'esprit que l'Etat islamique règne aujourd'hui sur un territoire assez restreint et bien loin de ce que l'on appelle la Syrie utile. Il ne s'étend finalement que le long de l'Euphrate, depuis le nord de Raqqa jusqu'à Deir er Zor vers l'est et la frontière iraquienne.

    Les Russes ont, depuis le début de leur intervention, négligé de s'attaquer à ce territoire dépourvu d'intérêt stratégique. Cela leur a été beaucoup reproché mais l'urgence n'était pas là. Il fallait dans un premier temps bloquer la progression des milices islamistes dans la province d'Idlib (cf. notre article précédent) puis chasser des grandes villes les insurgés. Ce fut fait à Homs, Damas (même si la campagne proche à l'ouest est toujours occupée) et Alep maintenant.

    Il y a fort à parier que l'armée russe ne va toujours pas organiser d'offensive contre Raqqa. Il semble en effet plus important de sécuriser d'autres zones : l'est d'Alep, l'ouest de Damas (la fameuse Ghouta où le Roi Louis VII perdit une partie de son armée lors de la désastreuse deuxième croisade) et Idlib bien sûr.

    La force de l'Etat islamique a longtemps résidé dans le fait que la frontière turque lui était ouverte, ce qui permettait l'acheminement incessant d'armes et de volontaires venus du monde entier. Mais il a fini par se heurter à la volonté des kurdes de saisir l'occasion de cette guerre pour, enfin, se tailler un territoire dans le nord de la Syrie. Ils sont en effet majoritaires dans de nombreuses petites villes de cette région et si une neutralité réciproque avait été trouvée avec l'armée syrienne, la présence de l'Etat islamique dans cette région a permis aux kurdes de bénéficier de l'aide américaine pour l'en expulser.

    Cette offensive s'est traduite par la fameuse bataille de Kobané qui, après des bombardements massifs de l'aviation américaine, a permis aux Kurdes de chasser l'Etat islamique de cette ville en janvier 2015 et de le couper de la frontière turque.

    On se doute qu'Erdogan n'a pas assisté au dénouement de cette bataille avec beaucoup d'allégresse. Une enclave kurde sur sa frontière syrienne est pour lui inacceptable mais la présence des Américains sur le théâtre d'opérations lui interdisait évidemment toute initiative.

    L'intervention russe va tout changer.

    Dans un premier temps tout va mal entre Poutine et Erdogan. Ce dernier n'avait en effet qu'une obsession : la chute de Bachar pour d'une part créer l'arc sunnite avec ses amis Saoudiens et Qataris et d'autre part devenir le nouveau sultan de la région. Son ambition démesurée était telle qu'il en a perdu le sens commun. En donnant l'ordre d'abattre un bombardier russe il s'attaquait en réalité à plus fort que lui.

    La réconciliation ayant eu lieu aux conditions dictées par Poutine, la Turquie a reçu l'aval russe pour franchir la frontière syrienne, et avec l'aide de milices plus ou moins islamistes armées par elle, de s'attaquer concomitamment aux Kurdes et à l'Etat islamique.

    Faire faire le travail par d'autres est vieux comme le monde, mais Poutine a, une fois de plus, apporté la démonstration de sa supériorité stratégique. Dans cette affaire il a surtout convaincu Erdogan de ne plus faire de la chute de Bachar une priorité absolue. En échange, il le laissait intervenir contre les Kurdes, obsession de la Turquie et enjeu mineur pour la Russie. Bien sûr, il y a ces milices armées par la Turquie qui finiront pas poser problème, mais ce n'est pas le plus important pour le moment.

    Bachar ne voit pas d'un très bon œil cette situation. Il craint évidemment que les Turcs ne se retirent plus et ne veut pas avaliser le fait qu'il ne pourra jamais reconquérir l'ensemble du territoire syrien.

    C'est une vraie divergence avec Moscou, la seule importante pour le moment. Les Russes ne croient pas l'armée syrienne capable de tenir l'ensemble du territoire, même avec l'aide des Iraniens et du Hezbollah libanais. Tenir la Syrie utile serait déjà un beau retournement de situation alors qu'en 2013 Hollande voulait bombarder Damas et qu'en 2015 Lattaquié risquait d'être sous le feu des canons islamistes.

    En tout état de cause c'est Poutine qui décide et Bachar ne peut guère se permettre de le contredire. 

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep

    Deuxième front majeur en Syrie : la Province d'Idlib

    [Merci de ses transmissions à Philippe Lallement]

  • Les chrétiens syriens à l'épreuve des Kurdes

    Kurdes

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    1456949215.pngPlus d'un million de Kurdes peuplent le Nord de la Syrie et cohabitent avec un peu moins d'un million d'arabes. Pragmatiques, ils vivaient en bonne intelligence avec le régime, bénéficiant d'une certaine autonomie en échange de leur neutralité politique.

    Leurs relations avec les arabes (sunnites, alaouites ou chrétiens) étaient distantes mais sans hostilité manifeste. C'était avant la guerre et les Kurdes, malgré leur propension naturelle à l'hégémonie, n'avaient de toute façon guère le choix. Toutefois, leur rêve d'un Etat kurde officieux, les habitait toujours.

    La guerre va leur permettre de progresser dans leurs ambitions.

    L'armée syrienne, en grande difficulté jusqu'à l'intervention russe, n'avait plus les moyens de contrôler le nord du pays : la priorité était d'endiguer la marée islamiste qui voulait prendre le pouvoir. Tel n'était pas le but des Kurdes qui se contenteraient toujours d'un territoire à eux dans le Nord. Des deux maux Assad a choisi le moindre et a donc fort logiquement laissé les Kurdes prendre le contrôle des villes et des postes-frontières, à l'exception d'un seul, au Nord-Est, tenu par des milices chrétiennes et quelques militaires syriens.

    Des combats entre l'armée et les milices chrétiennes d'un côté, les combattants kurdes de l'autre (regroupés dans les YPG) eurent lieu, faisant tout de même des victimes et des prisonniers de chaque côté. On était toutefois loin de la conflagration générale.

    Les Turcs regardaient cela d'un mauvais œil, mais leur préoccupation de l'époque était surtout d'organiser la révolte islamiste pour renverser Assad.

    La bataille de Kobané va tout changer.

    Grâce à l'aide des Turcs, Daesh réussit à conquérir une partie du Nord de la Syrie faisant ainsi la jonction avec la frontière turque. Après la conquête de la vallée de l'Euphrate (Raqqa, Deir ez-Zor en partie, Mayadin, Al Quaïm) et des champs pétrolifères du Sud-Est du pays, les islamistes ont pu vendre le pétrole jusqu'en Turquie grâce à des norias de camions qui circulaient dans l'indifférence générale.

    L'aviation de la coalition ne les a quasiment jamais attaqués, ce qui est tout de même curieux. Il faudra attendre les avions russes pour qu'enfin cesse le trafic.

    Il restait toutefois une ville à conquérir pour Daesh : Kobané, peuplé majoritairement de Kurdes. Des combats furieux entre les YPG et les islamistes durèrent plusieurs semaines.

    C'est là que se noua l'alliance entre les Kurdes et les Américains : ceux-ci décidèrent d'aider massivement les combattants kurdes. Le soutien de leur aviation fut décisif (comme toujours d'ailleurs au cours de cette guerre) et Daesh dut se retirer. Le bilan était lourd des deux côtés mais la victoire des kurdes allait sceller leur alliance avec les Etats-Unis.

    Armés et financés par eux, les Kurdes purent consolider leurs positions le long de la frontière turque n'hésitant pas à attaquer les militaires syriens et les milices chrétiennes pour mieux assoir leur autorité.

    L'armée turque a alors réagi, a franchi la frontière afin de couper en deux le territoire kurde et l'empêcher ainsi de se tailler un territoire en continu. Les Kurdes se sont retirés devant les chars turcs sur ordre des Américains qui ne voulaient pas d'affrontement direct entre ces deux forces.

    Aujourd'hui, les Kurdes sont l'infanterie des Etats-Unis : ils sont en train de reprendre Raqqa (ex-capitale du califat maintenant moribond) et prennent position au Nord de Deir ez-Zor afin d'empêcher l'armée syrienne de reprendre le contrôle de la totalité du pays.

    Raqqa et Deir ez-Zor sont de peuplement arabe et non kurde, mais peu importe : ce qui compte pour les Etats-Unis, c'est de détruire Daesh et d'empêcher les Syriens de reprendre le contrôle de leur pays. Le retour de la paix sous l'égide d'Assad n'a jamais été l'objectif.

    Mais, une fois de plus, ce sont les chrétiens qui souffrent de la situation.

    Ils sont relativement nombreux dans la région, et il faut savoir que les exactions kurdes à leur endroit ne sont pas rares : vexations, arrestations et, plus grave, assassinats ciblés voire parfois déplacements forcés de populations. Le silence est assourdissant sur le sujet, mais les Kurdes font partie des héros médiatiques de cette guerre et il convient de ne pas entacher leur réputation.

    Le sujet n'est pas nouveau pourtant : les Kurdes ont participé au génocide de 1915, soit sur ordre des Turcs, soit, le plus souvent, pour dépouiller les malheureux Arméniens ou Assyriens. Le brigandage est une vieille tradition chez eux...

    Certes, certains chrétiens leur doivent la vie par leur résistance opiniâtre contre Daesh ; les YPG sont assez efficaces. Mais cela ne doit pas masquer la réalité sur ce que sont les Kurdes : ils sont Kurdes et le reste ne compte pas. Leur islam est très lointain et l'idéologie marxiste qui les habite assez théorique, mais les chrétiens comptent encore moins pour eux.

    Ils veulent un territoire et sont prêts à tout pour cela : les Américains l'ont bien compris et s'en servent pour éliminer Daesh. Et les Kurdes se servent des Américains pour assoir leur pouvoir local.

    Fort heureusement, les chrétiens sont encore assez nombreux dans la région, en particulier dans le Nord-Est. Les villes d'Hassaké (180 000 hab.) et Qamishli (170 000 hab.) comptent de nombreux syriaques catholiques et orthodoxes dont les jeunes sont armés et organisés. Mais la vie y est très difficile et beaucoup songent à partir.

    C'est précisément ce qu'attendent les Kurdes.  

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde

  • Nous sommes ballottés d’une peur à l’autre…, par Christian Vanneste.

    Voici revenues les grandes peurs… Evidemment, ce ne sont plus celles du Moyen-âge : ni le diable, ni les sorcières, ni les loups ne rodent plus dans l’imaginaire collectif en faisant trembler d’effroi les enfants. Mais quand même, la grande peste, celle de 1346, semble de retour. Elle avait décimé l’Europe, vidé certaines villes de leurs habitants, réduit les échanges commerciaux et ruiné définitivement les prospères foires de Champagne. La Renaissance a du attendre un siècle avant de franchir les Alpes. Certes, le Covid-19 est de son temps, un virus plus sournois que la bactérie de la peste, qui s’attaque à une humanité beaucoup mieux armée pour lutter contre les maladies et retarder la mort. La propagation est rapide et assez surprenante, mais les cas mortels demeurent très minoritaires.

    christian vanneste.jpgToutefois, on ne peut éviter deux réflexions. La première s’appuie sur le point commun entre la grande peste et le coronavirus : tous deux sont liés aux échanges, à la circulation des marchandises et des personnes. En l’absence de vaccin et de traitement sûr, la réponse à l’épidémie actuelle consiste avant tout à mettre en marche arrière le processus d’ouverture qui anime l’idéologie dominante de la planète. Faute de fermer les frontières nationales pour refouler l’immigration irrégulière, l’Italie a mis en place le confinement de certaines villes pour isoler les personnes éventuellement contaminées. Le tourisme et les pèlerinages sont davantage endigués. Les manifestations qui rassemblent les foules sont annulées. Bref, l’homo festivus, grand consommateur, grand voyageur et grand festoyeur, est prié de prendre garde à ce qu’il touche, à qui il rencontre, à veiller avec précaution à l’utilité et la destination de ses déplacements. La route de la soie qui ressuscitait, mais dans l’autre sens et à une autre échelle, le voyage de Marco Polo, devient la voie du doute, puis de l’effroi : c’est une fois de plus de l’Orient que vient le mal, et c’est en Italie qu’il prospère. Tous ceux qui sont allés dans les régions de ce pays touchées par le fléau, de même que ceux qui par leurs activités, dans les hôpitaux, par exemple, ont pu être en contact avec des porteurs, sont appelés à demeurer cloîtrés durant une quinzaine, la durée d’une incubation éventuelle. Si on constate l’exception réservée au match Lyon-Turin pour lequel plusieurs milliers d’Italiens on pu venir soutenir leur équipe dans la capitale des Gaules, c’est tout le mondialisme, ses échanges, ses bourses, et ses fêtes que le virus a fait pâlir. Il est vrai que là, les enjeux financiers d’un match de football, méritaient de courir le risque en exagérant la distance entre Milan et Turin. Après tout, au Heysel, en 1985, malgré 39 morts dans les gradins, on avait repris le match. On sent bien dans la vague d’inquiétude qui submerge les médias que c’est quelque chose d’essentiel à l’idéologie de notre époque qui est ici en cause : l’absence de frontière, la libre circulation, bref le mondialisme. Le Sida a aussi tenu longtemps une place privilégiée dans les préoccupations collectives, non parce qu’il concernait la majorité des gens, mais parce qu’il touchait à une idée considérée comme primordiale par la pensée dominante de notre temps, la liberté sexuelle.

    Mais, pour ceux qui ont connu les heureuses années pompidoliennes, celles où la France choisissait le nucléaire pour sauvegarder son économie, se réjouissait de sa croissance industrielle, et s’intéressait peu encore à l’hécatombe routière, ils ont le souvenir d’un moment de leur vie qui ignorait la peur, même s’il est maintenant envahi par les reproches. Au contraire, nous en sommes aujourd’hui à passer d’une crainte à une angoisse puis à une panique, comme si l’actualité ne pouvait se nourrir que des frayeurs qu’elle suscite en permanence. Le pauvre BHL tente de brandir à nouveau le masque du dictateur sanguinaire de Damas massacrant son peuple à plaisir, alors, soit-dit entre nous, qu’il essaie simplement de restaurer la circulation entre Damas, le littoral et Alep, la ville la plus importante du pays et dont celui-ci a besoin pour se redresser. Mais BHL se plaint du tintamarre fait autour du coronavirus, qui fait passer la situation en Syrie au second plan. On se souvient que le même avait réussi son coup en 2011 en participant aux cris de détresse qui conduisirent à l’intervention calamiteuse en Libye pour « sauver » Benghazi qu’un méchant dictateur voulait lui aussi détruire. Mais ensuite, le terrorisme est devenu la hantise de premier plan, sans qu’on veuille reconnaître que son caractère islamiste repose sur un lien indubitable avec la déstabilisation des pays musulmans, l’immigration et l’ouverture des frontières. Grâce à la pucelle du climat, c’est une autre peur encore qui a pris le relais : une bonne celle-là, celle du réchauffement climatique, appelant tout individu responsable à se vouloir un héros au service de la planète, un héros craignant de rouler trop vite, de manger trop, de consommer trop, de faire trop d’enfants…. Un chevalier plein de peurs et de reproches. Il y a chez Maupassant un personnage qui à force d’avoir peur d’un duel, finit par se suicider. N’est-ce pas l’état d’esprit qui domine, d’une peur à l’autre, plutôt que d’affronter la vie avec courage, confiance et espérance ?

  • La soumission de l’Allemagne à la repentance coloniale, par Bernard Lugan.

    Manifestants de la gauche allemande à Berlin (John Mc Dougall / AFP)

    Outre-Rhin, bien que la parenthèse coloniale n’ait duré que deux décennies, l’exigence de repentance atteint en ce moment des sommets inégalés. Même en France où, pourtant, il n’est pas possible de parler de la colonisation sans avoir préalablement revêtu le cilice de pénitence, l’exigence de soumission au dogme de la culpabilité coloniale n’a pas (encore ?) une telle ampleur.

    Bernard Lugan.jpgEn Allemagne, il est aujourd’hui impossible, tant elle est longue, de dresser la liste des rues, des places, des squares, des musées, des instituts et des casernes débaptisés au seul motif qu’ils ont un rapport avec la période coloniale ou avec des personnages ayant un lien avec cette dernière. Dirigé par la gauche, le Land de Berlin a même fait de la repentance coloniale un de ses principaux axes politiques, comme si la ville n’avait pas de problèmes plus urgents et plus concrets à régler… Ici, il n’est pas un jour sans qu’il soit demandé aux habitants transformés en chiens de Pavlov de l’auto-flagellation, de psalmodier la liste des péchés ultramarins de leurs grands-parents et de « regarder en face les crimes coloniaux allemands ainsi que le génocide des Herero et des Nama » commis en Namibie, l’ancien Sud-Ouest africain.

    Or, dans cette affaire, l’acte d’accusation contre l’Allemagne est un montage datant de la Première guerre mondiale, quand Français et Britanniques qui avaient besoin d’arguments « moraux » pour s’emparer de ses colonies, accusèrent l’Allemagne d’avoir « failli » à son « devoir de civilisation ». Fut alors constitué le dossier à charge de la guerre des Herero réutilisé aujourd’hui par la gauche allemande.

    Ce dossier passe totalement sous silence les actes atroces commis par les Herero : familles de colons massacrées, torturées, les femmes dépecées vivantes sous les yeux de leurs enfants, les hommes émasculés puis éventrés... Quand elles tombaient entre leurs mains, et après avoir été violées, les femmes allemandes étaient suspendues par les pieds à un arbre, jambes écartées, puis éventrées et éviscérées, comme des bêtes de boucherie…

    Or, ce furent à ces mêmes arbres, qu’après les avoir jugés, les Allemands pendirent ceux des Herero qui s’étaient rendus coupables de ces meurtres abominables. Mais, alors que nous n’avons que des témoignages concernant les premiers crimes, les exécutions judiciaires furent quant à elles photographiées et ces clichés furent ensuite utilisés par la propagande alliée pour « démontrer » la « culpabilité coloniale allemande ». Aujourd’hui, ce sont ces mêmes photos qui alimentent la campagne de repentance nationale.

    Pour la gauche allemande et pour les Eglises qui soutiennent naturellement, et même avec gourmandise, son combat, tous ceux, civils et militaires qui participèrent, de près ou de loin, à la guerre des Herero sont donc par définition des criminels.

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    En premier lieu Paul Emil von Lettow-Vorbeck (1870-1964)[1], légendaire officier colonial qui devrait pourtant figurer au Panthéon des gloires allemandes pour sa campagne de l’est africain (1914-1918).

    Or, tout au contraire, bien qu’il ait été un adversaire du III° Reich, présenté aujourd’hui comme l’archétype du « criminel colonial », il est donc devenu une des principales cibles de ce politiquement correct qui achève d’émasculer une Allemagne étouffée sous ses complexes. Les rues et les casernes von Lettow-Vorbeck sont ainsi débaptisées pour recevoir les noms de déserteurs ou de militants de gauche, comme à Brême, à Bad Segeberg, à Hambourg-Jenfeld et à Leer. Quant au conseil municipal de Sarrelouis, sa ville natale, il s’est déshonoré en débaptisant l’avenue qui portait son nom et en lui retirant la citoyenneté d’honneur de la ville. Il en fut de même à Wuppertal, Brême, Cuxhaven, Mönchenglabad, Halle, Radolfzell et même à Graz, en Autriche. Des ouvrages indigents et d’une rare malhonnêteté intellectuelle sont également publiés afin de salir sa mémoire.

    Mais, face au Mythe, que pèsent les pelotes fécales roulées par les bousiers de la repentance ? Ces derniers pourront toujours débaptiser, interdire, détruire, condamner, vociférer et finalement trépigner. Ils ne parviendront jamais à faire oublier la dévotion que les askaris vouaient au général Paul von Lettow-Vorbeck, un chef qu’ils admiraient et auquel ils avaient donné, avec amour et respect, le nom de « Bwana mukubwa ya akili mingi » (le grand homme qui peut tout).

    Ils ne pourront également jamais, ces coprophages, empêcher les jeunes européens rebelles de chanter le Heia Safari [2] durant leurs randonnées et lors de leurs veillées. Cet hymne à la liberté et aux grands espaces qui résonne encore du Kilimandjaro à la Rufidji porte, avec les échos lointains des fifres et des caisses plates, les rêves d’une Europe en dormition dont le réveil sera douloureux aux hypnotiseurs vicieux qui pensaient la tenir définitivement en leur pouvoir…

    Bernard Lugan

    [1] Voir à ce sujet ma biographie du général von Lettow-Vorbeck intitulée « Heia Safari ! Du Kilimandjaro auxcombats de Berlin (1914-1920) »

    [2] En français « La petite piste ». Mélodie composée à la veille du premier conflit mondial par Robert Götz, également l’auteur du très célèbre Wildgänse (Les Oiessauvages).

  • La soumission de l’Allemagne à la repentance coloniale, par Bernard Lugan.

    Outre-Rhin, bien que la parenthèse coloniale n’ait duré que deux décennies, l’exigence de repentance atteint en ce moment des sommets inégalés. Même en France où, pourtant, il n’est pas possible de parler de la colonisation sans avoir préalablement revêtu le cilice de pénitence, l’exigence de soumission au dogme de la culpabilité coloniale n’a pas (encore ?) une telle ampleur.

    Bernard Lugan.jpgEn Allemagne, il est aujourd’hui impossible, tant elle est longue, de dresser la liste des rues, des places, des squares, des musées, des instituts et des casernes débaptisés au seul motif qu’ils ont un rapport avec la période coloniale ou avec des personnages ayant un lien avec cette dernière. Dirigé par la gauche, le Land de Berlin a même fait de la repentance coloniale un de ses principaux axes politiques, comme si la ville n’avait pas de problèmes plus urgents et plus concrets à régler… Ici, il n’est pas un jour sans qu’il soit demandé aux habitants transformés en chiens de Pavlov de l’auto-flagellation, de psalmodier la liste des péchés ultramarins de leurs grands-parents et de « regarder en face les crimes coloniaux allemands ainsi que le génocide des Herero et des Nama » commis en Namibie, l’ancien Sud-Ouest africain.

     

    Or, dans cette affaire, l’acte d’accusation contre l’Allemagne est un montage datant de la Première guerre mondiale, quand Français et Britanniques qui avaient besoin d’arguments « moraux » pour s’emparer de ses colonies, accusèrent l’Allemagne d’avoir « failli » à son « devoir de civilisation ». Fut alors constitué le dossier à charge de la guerre des Herero réutilisé aujourd’hui par la gauche allemande.

    Ce dossier passe totalement sous silence les actes atroces commis par les Herero: familles de colons massacrées, torturées, les femmes dépecées vivantes sous les yeux de leurs enfants, les hommes émasculés puis éventrés... Quand elles tombaient entre leurs mains, et après avoir été violées, les femmes allemandes étaient suspendues par les pieds à un arbre, jambes écartées, puis éventrées et éviscérées, comme des bêtes de boucherie…Or, ce furent à ces mêmes arbres, qu’après les avoir jugés, les Allemands pendirent ceux des Herero qui s’étaient rendus coupables de ces meurtres abominables. Mais, alors que nous n’avons que des témoignages concernant les premiers crimes, les exécutions judiciaires furent quant à elles photographiées et ces clichés furent ensuite utilisés par la propagande alliée pour « démontrer » la « culpabilité coloniale allemande ». Aujourd’hui, ce sont ces mêmes photos qui alimentent la campagne de repentance nationale.

     

    Pour la gauche allemande et pour les Eglises qui soutiennent naturellement, et même avec gourmandise, son combat, tous ceux, civils et militaires qui participèrent, de près ou de loin, à la guerre des Herero sont donc par définition des criminels.

    En premier lieu Paul Emil von Lettow-Vorbeck (1870-1964), légendaire officier colonial qui devrait pourtant figurer au Panthéon des gloires allemandes pour sa campagne de l’est africain (1914-1918)[1]. Or, tout au contraire, bien qu’il ait été un adversaire du III° Reich, présenté aujourd’hui comme l’archétype du « criminel colonial », il est donc devenu une des principales cibles de ce politiquement correct qui achève d’émasculer une Allemagne étouffée sous ses complexes. Les rues et les casernes von Lettow-Vorbeck sont ainsi débaptisées pour recevoir les noms de déserteurs ou de militants de gauche, comme à Brême, à Bad Segeberg, à Hambourg-Jenfeld et à Leer. Quant au conseil municipal de Sarrelouis, sa ville natale, il s’est déshonoré en débaptisant l’avenue qui portait son nom et en lui retirant la citoyenneté d’honneur de la ville. Il en fut de même à Wuppertal, Brême, Cuxhaven, Mönchenglabad, Halle, Radolfzell et même à Graz, en Autriche. Des ouvrages indigents et d’une rare malhonnêteté intellectuelle sont également publiés afin de salir sa mémoire.

     

    Mais, face au Mythe, que pèsent les pelotes fécales roulées par les bousiers de la repentance ? Ces derniers pourront toujours débaptiser, interdire, détruire, condamner, vociférer et finalement trépigner. Ils ne parviendront jamais à faire oublier la dévotion que les askaris vouaient au général Paul von Lettow-Vorbeck, un chef qu’ils admiraient et auquel ils avaient donné, avec amour et respect, le nom de « Bwana mukubwa ya akili mingi » (le grand homme qui peut tout).

    Ils ne pourront également jamais, ces coprophages, empêcher les jeunes européens rebelles de chanter le Heia Safari [2] durant leurs randonnées et lors de leurs veillées. Cet hymne à la liberté et aux grands espaces qui résonne encore du Kilimandjaro à la Rufidji porte, avec les échos lointains des fifres et des caisses plates, les rêves d’une Europe en dormition dont le réveil sera douloureux aux hypnotiseurs vicieux qui pensaient la tenir définitivement en leur pouvoir…


    [1] Voir à ce sujet ma biographie du général von Lettow-Vorbeck intitulée « Heia Safari ! Du Kilimandjaro auxcombats de Berlin (1914-1920) »

    [2] En français « La petite piste ». Mélodie composée à la veille du premier conflit mondial par Robert Götz, également l’auteur du très célèbre Wildgänse (Les Oies sauvages). Dans mon livre, Heia Safari, je retrace l’origine de ce chant et je donne ses paroles en swahili, telles que les chantaient les askaris du général von Lettow-Vorbeck.

  • Vers l'aristocratie ouvrière, par Frédéric Poretti-Winkler.

    3834054413.45.jpgC’est dans un contexte de conflits et dans le but de la paix sociale que la rédaction des droits et devoirs par profession sera rédigé.

    La codification des corporations représenta à l’époque une grande avancée sociale et une conquête ouvrière…

    Ces organismes à la fois économiques et politiques, gérant l’organisation sociale dans la cité, représentaient un barrage aux gros entrepreneurs et aussi garantissaient les droits des ouvriers.

    frédéric winkler.jpgIl existait déjà de grandes industries qui employaient de nombreux ouvriers et celles-ci étaient tenues par de riches propriétaires bourgeois :
    « Toujours tisserons drap de soie,
    Jamais m’en serons mieux vêtues,
    Toujours serons pauvres et nues,
    Et toujours aurons faim et soif… » (Chrestien de Troyes 1170/1175)
    La terre de France voit s’élever les Cathédrales comme des champignons, symbolisant la richesse urbaine de l’époque. Les seigneurs féodaux et les villes organisent leur gouvernement à partir des cadres corporatifs présents, pour l’administration fiscale, militaire et électorale. C’est surtout dans les villes que les corporations jouent un rôle de premier plan, dans l’organisation politique et sociale, véritable chef d’œuvre économique des bourgeoisies du moyen-age. Imaginons comment une telle organisation pouvait tenir avec les difficultés qui pouvaient surgir ; guerres, pénuries, conflits sociaux…Les corporations sont des personnes féodales avec leurs droits et devoirs, blasons et gens d’armes. Les règles s’installaient et malgré quelques petites divergences, une harmonie s’établissait. On voit des seigneurs créer des communautés de travailleurs.L’abbé de St Denis(1175) garantie l’organisation de ses bouchers. Les rois auront toujours le soucis des travailleurs et seront qualifiés par eux de prince besogneux (Henri Ier,Philippe Ier,StLouis,Louis le Gros).Sous le règne de Philippe Auguste, la capitale compte 30 métiers organisés. Il laissa le gouvernement de Paris aux bourgeois pendant l’expédition en Terre Sainte. On trouve bien là, l’alliance peuple et Roi, chère à la vieille France. « Le bon roi Philippe »criaient les classes artisanales. Saint Louis, outre le fait d’organiser les métiers, voulut organiser la garde, l’approvisionnement des villes(le guet fut réorganisé en 1254) et tenu par des gens de métier…L’extension du marché international et la rigueur corporative fait apparaître le contrôle technique et cela pas seulement dans le domaine industriel des grandes entreprises mais dans le monde artisanal, agricole et littéraire(l’université parisienne, les ménestrels) .Les corporations jouèrent un rôle d’émancipation et les caractères analogiques avec l’université sont criants(bacheliers, doctorat, maîtrise de métier…).Quelle richesse alors dans les sciences d’art et métiers et quel gâchis quand on compare avec aujourd’hui. Mais encore une fois, attention, l’ancienne France n’avait rien d’uniforme mais un enchevêtrement de droits divers, de coutumes locales, un véritable canevas riche de multiples organisations complexes suivant les lieux…On est loin du gaufrier étouffant d’aujourd’hui… « Il y a, indéniablement, montée sociale des travailleurs manuels…le Registre de 1292 qui signale des cotes appréciables pour plusieurs valets…Autre indications :des maçons et des tailleurs de pierre qui travaillaient au couvent des Augustins dans les dernières années du XIIIème siècle étaient payés 20 deniers par jour ouvrable, leurs aides 14 deniers ; des travailleurs de l’habillement gagnaient de 24 à 36 deniers ; mais il semble que le salaire moyen de beaucoup de compagnons fût d’environ 18 deniers. Or, en 1312…un mouton valait 6 sous huit deniers (80deniers), un pourceau 14 sous 7 deniers (175 deniers).N’allons pas conclure à d’exceptionnelles conditions de vie : il y a des métiers dont nous ignorons les salaires…»
    De là l’extension des corporations malgré quelques zones de « franches aires » maintenant leurs privilèges en dehors du cadre corporatif. Cette multiplication, toujours à l’ombre du roi, permet aussi l’obtention de pouvoir comme l’élection des chefs de métier. En 1338, à Rouen, « les filassiers sont invités à se dire d’accord avec un règlement fait, sur leur demande, par le maire et ses pairs…»Entre le XIIIème et le XIVème siècle, le pouvoir qu’exerçait les capitouls de Toulouse sur les métiers, passe aux mains des jurés de ceux-ci.

    GREVE et CONFLITS
    Loin d'avoir tout inventer, comme nous essayons de le démontrer notre temps semble découvrir aujourd'hui ce qui hier était monnaie courante. La grève existait déjà sous Saint-Louis.Les organisations ouvrières s’organisent avec leurs Saints et fêtes chômés, leurs blasons avec privilèges et devoirs, leurs justice, police et coutumes.Quelques conflits naissent des rivalités entre maîtres et ouvriers car les premiers cherchent à se distinguer des seconds, nous sommes dans les temps dits classiques ou la bourgeoisie s’affirme, loin de l’humilité du Moyen-âge…
    _Maçons et ouvriers du bâtiment à Paris, 1660-62,
    _les papetiers en Auvergne, 1664 les garçons boulangers à Bordeaux, 1666-67 à Lyon…
    _Guerres et disettes en 1694.
    Plus tard il est important d’étudier les problèmes économiques liés aux temps de colères sociales comme l’inflation du système de Law de 1719 à 1721 et la déflation de 1724…
    Les artisans prennent l’habitude de se regrouper par profession et par rue (voir les noms de rues dans Paris…) présent. Un trafic intense se développe en Occident et l’aisance nouvelle permet à un marchand de St Omer de faire construire à lui seul, une Eglise…
    L’ascension des humbles se poursuit et certaines fois les consommateurs se liguent contre le monopole d’une corporation comme en 1267 à Pontoise avec les boulangers.
    _A Paris en 1250, les valets protestent contre les maîtres des foulons.
    C’est à la suite de ces divers conflits que St Louis demandera à Etienne Boileau de codifier les us et coutumes des métiers, jusqu’ici orales dans un livre. Cela n’empêchera pas d’autres conflits comme les tisserands contre les drapiers à Paris en 1270
    _ les valets contre les maîtres foulons en 1277-79.
    Frederic PORETTI - Winkler (Les Communautés de Métier, à suivre)

  • Le comte de Paris rend hommage à Jeanne d’Arc et à George Floyd, par Frédéric de Natal.

    Source : http://www.monarchiesetdynastiesdumonde.com/

    C’est dans la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, que le prince Jean d’Orléans, prétendant au trône de France, s’est rendu hier afin de rendre hommage à Sainte Jeanne d’Arc, figure marquante du panthéon de l’Histoire de France. Avant de revenir  sur la polémique générée par son tweet concernant la statue  de Louis XVI, endommagée lors des émeutes anti-policières déclenchées au lendemain de la mort de l'afro-américain George Floyd.

    frédéric de natal.jpg«Que j'aie bien fait, que j'aie mal fait, mon Roi n'y est pour rien !...» prononce Jeanne d’Arc avant de rendre son dernier soupir le 30 mai 1431. Ligotée sur son bûcher, habillé d’une robe soufrée et coiffée d’une mitre sur lesquels on a inscrit des insultes, la pucelle d’Orléans a été livrée aux flammes après un procès truqué. En se rendant à la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, le comte de Paris a souhait » se placer dans les pas de la Sainte. C’est ici, deux ans avant son décès, que Jeanne d’Arc était venue suivre la messe vespérale lors du siège de la ville, un des épisodes majeurs de la guerre de cent ans, et dont la bravoure des habitants marquera un tournant dans ce conflit qui opposent français et anglais.

    «Jeanne d’Arc nous a montré que notre pays pouvait surmonter toutes les épreuves ! Elle qui jusqu'à la mort est restée fidèle, à Dieu et à la France» a déclaré le prince Jean d’Orléans. Béatifiée en 1909 et canonisée une décennie plus tard, la Sainte est l’objet d’une véritable vénération chez les royalistes de toutes tendances, les catholiques et autres mouvements nationalistes. Parmi lesquels l’Action française, l’école de pensée de Charles Maurras, dont les membres ont déposé de nombreuses couronnes de fleurs au pied des différentes statues de Jeanne d’Arc qui constellent la France. « Jeanne, héroïne nationale et Sainte de la patrie depuis 1920, est et restera un grand symbole de l’indépendance française. Il est grand temps de remettre les Français au cœur de l'action politique et sociale en gardant un esprit d'unité si cher à la libératrice d'Orléans » peut-on d’ailleurs lire sur la page Facebook de sa section lyonnaise.

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    Le prince Jean d’Orléans s’est ensuite entretenu avec le curé de cette cathédrale gothique parsemée de vitraux racontant la vie de Jeanne d’Arc avant d’allumer des bougies en hommage à la Sainte. Une visite surprise dans ce lieu chargé d’histoire qui a étonné les badauds présents et qui sont venus à la rencontre du prince, accompagné des princesses Antoinette (8 ans) et Jacinthe (2 ans).  

    Inscrite à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France, la ville d’Orléans organise depuis des siècles et chaque année les «fêtes johanniques» en présence d’invités prestigieux. Jeanne d’Arc est aussi l’objet d’une controverse historique qui tend à secouer le mythe ancré de la «jeune bergère de Domrémy, ayant entendue des voix divines venues lui demander de libérer la France».  En 2007, l'écrivain Marcel Gay a tenté de démontrer que la Sainte avait été au centre d'un complot orchestré par la duchesse d'Anjou, Yolande d'Aragon, belle-mère d'un roi Charles VII que Jeanne d'Arc couronnera à Reims. Une théorie qui divise également les passionnés de la Pucelle d'Orléans. 

    Revenu tardivement dans la soirée, le prince Jean a découvert la polémique générée par son tweet posté le 29 mai, concernant la statue de Louis XVI endommagée lors des manifestations contre les violences policières aux Etats-Unis. «Un acte irrespectueux !». En effet aux premières lueurs des rassemblements, le prince Jean avait  rapidement marqué son émotion après les images d'une statue du roi-martyr amputée de sa main droite. Certains internautes n'avaient pas hésité à s'indigner du tweet en question lui  rappelant l'origine de cette destruction dont on ne sait toujours pas si l'acte perpétré contre ce cadeau de la ville de Montpelier à celle de Louisville (Kentucky) a été volontaire ou accidentel. 

    Maire d’honneur de Bâton Rouge (Louisiane), citoyen d’honneur de l’état du Texas et Prix Middleton-Candler de la Justice reçu «en remerciement du rôle joué par la Famille Royale de France dans la guerre d’indépendance américaine» et sensible aux remarques qu'il a pu contaster, le prince Jean d’Orléans a déclaré  que «la perte de la vie de George Floyd était beaucoup plus grave que toute dégradation matérielle», faisant ainsi amende honorable. 

    «Peu de gens savent que Louis XVI a aboli la torture en 1780. Je suis convaincu que Louis aurait été du côté de George» a renchéri le comte de Paris fermant ainsi le ban à toutes mauvaises interprétations à sa précédente déclaration.

    Copyright@Frederic de Natal

  • Robert Ménard : « À Béziers, on a armé notre police municipale mais la législation limite son action ».

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Robert Ménard fait le point sur la situation sécuritaire dans sa ville de Béziers : l’action de la police municipale, ses moyens.

    Au micro de Boulevard Voltaire, il dénonce les limitations de son champ d’action et réclame de réels moyens pour que les policiers municipaux « puissent protéger les concitoyens et se protéger eux-mêmes » et « être de vrais alliés de la police nationale ».


    Dans un débat animé avec le rappeur Rost vous déclarez : « je veux juste que les voyous aillent en prison ». En tant que maire, quel est votre ressenti sur la sécurité de cet été ?

    Chez moi à Béziers ou dans d’autres villes, la situation peut être tendue dans certains quartiers. J’ai le sentiment que notre police municipale est toujours en première ligne.
    L’an dernier à Béziers, nous avons eu 57 000 appels sur notre numéro vert. Dans 90 % des cas, la police municipale prend tous les risques, c’est la police de proximité. Elle est celle que les gens attendent. J’ai le sentiment qu’aujourd’hui, on ne peut pas nous dire à la fois, que nous devons assurer la sécurité et qu’en même temps on ne nous donne pas les moyens, en termes de législation, pour que notre police municipale fasse bien son travail en toute sécurité.

    Un maire a-t-il les moyens concrets de faire respecter la loi ?

    A Béziers, nous nous sommes donné les moyens. Nous sommes passés de 30 policiers quand je suis arrivé en 2014 à plus d’une centaine aujourd’hui. Les policiers sont dotés de baretta 9mm. La période où les gens voyaient le policier ventripotent qui ne court pas trop vite est aujourd’hui terminée. Ces gens sont professionnels et armés. Ils suivent un entraînement régulier à qui on n’impose pas uniquement deux séances de tir comme la loi nous le demande, mais quatre séances de tir. Par conséquent, ces gens savent se défendre et défendre leur concitoyen.
    Nos policiers n’ont pas accès au fichier des personnes recherchées. Nous n’avons pas non plus la possibilité de fouiller les gens lors de manifestations. Nos policiers n’ont pas la possibilité de travailler en civil. Ils n’ont pas la possibilité de procéder à des contrôles d’identité. Comment pouvons-nous avec toutes ces limitations faire le boulot que l’on nous demande de faire ?
    Encore une fois, ce sont nos policiers qui sont les premiers sur les lieux. Ce sont eux qui prennent le plus de risque parce que justement, ils sont les premiers sur les lieux.

    Aujourd’hui, en tant que maire, vous vous sentez dépossédé de tous moyens face à cette fonction de sécurité que vous devez pourtant assurer.

    Je ne me sens pas armé d’un point de vue de la réglementation de la législation pour donner à ma police tous les moyens de faire son boulot. Je les dote en nombre, ils ont plus que triplé. Je les dote en matériel, ils sont armés depuis des années. On vient encore d’acheter un chien. La police nationale n’en n’a pas plus que nous. Nous avons fait cet effort-là, mais en même temps on ne nous donne pas les moyens en termes de législation. Comment pouvez-vous justifier que notre police, ici, comme dans toutes les villes ne puisse pas procéder à un contrôle d’identité ? C’est invraisemblable !
    Il y a un effet pervers puisque, lorsque les gens voient un policier municipal ne pas faire un contrôle d’identité, alors qu’il devrait être fait, ils se disent « mais que font ces policiers municipaux ?»
    Ces policiers municipaux n’ont pas la possibilité de le faire et surtout pas le droit de le faire.
    C’est inacceptable. J’en ai marre des débats généraux sur la sécurité et des appels à la lutte contre les incivilités en général qui nous pourrissent la vie. Il faut appeler un chat un chat.
    En même temps, le gouvernement et sa majorité ne nous ont jamais donné les moyens d’avoir plus d’outils juridiques et de possibilités concrètes pour que la police municipale fasse son métier. Ma femme qui est députée a déposé un projet de loi. Il reste un projet de loi…

    Le sénateur des Républicains, Philippe Bas entend s’imposer en défenseur de la sécurité des maires par rapport au nombre croissant d’agressions. Y croyez-vous ?

    Je l’espère. Je ne fais aucun procès d’intention. Lorsqu’on a eu une majorité de gens de droite LR à la tête de ce pays, pardon de vous rappeler qu’ils n’en n’ont pas fait beaucoup plus pour la police municipale. Ils ne vous ont pas donné la longue liste que je vous décris, concernant les moyens dont il faut doter la police municipale. On verra quand ils seront au pouvoir.
    Aujourd’hui, j’en appelle au bon sens du Premier ministre. Le bon sens c’est de permettre aux policiers municipaux d’être des vrais partenaires de la police nationale. Cette dernière n’a pas les moyens de faire ses missions. Elle s’appuie de plus en plus sur la police municipale. Alors, donnons les moyens aux policiers municipaux, à la fois de protéger nos concitoyens et de se protéger eux- mêmes quand ils interviennent. C’est aussi simple que cela et c’est une revendication de bon sens.

     

    Robert Ménard

    Maire de Béziers
    Ancien journaliste. Fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire