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Vers l'aristocratie ouvrière, par Frédéric Poretti-Winkler.

3834054413.45.jpgC’est dans un contexte de conflits et dans le but de la paix sociale que la rédaction des droits et devoirs par profession sera rédigé.

La codification des corporations représenta à l’époque une grande avancée sociale et une conquête ouvrière…

Ces organismes à la fois économiques et politiques, gérant l’organisation sociale dans la cité, représentaient un barrage aux gros entrepreneurs et aussi garantissaient les droits des ouvriers.

frédéric winkler.jpgIl existait déjà de grandes industries qui employaient de nombreux ouvriers et celles-ci étaient tenues par de riches propriétaires bourgeois :
« Toujours tisserons drap de soie,
Jamais m’en serons mieux vêtues,
Toujours serons pauvres et nues,
Et toujours aurons faim et soif… » (Chrestien de Troyes 1170/1175)
La terre de France voit s’élever les Cathédrales comme des champignons, symbolisant la richesse urbaine de l’époque. Les seigneurs féodaux et les villes organisent leur gouvernement à partir des cadres corporatifs présents, pour l’administration fiscale, militaire et électorale. C’est surtout dans les villes que les corporations jouent un rôle de premier plan, dans l’organisation politique et sociale, véritable chef d’œuvre économique des bourgeoisies du moyen-age. Imaginons comment une telle organisation pouvait tenir avec les difficultés qui pouvaient surgir ; guerres, pénuries, conflits sociaux…Les corporations sont des personnes féodales avec leurs droits et devoirs, blasons et gens d’armes. Les règles s’installaient et malgré quelques petites divergences, une harmonie s’établissait. On voit des seigneurs créer des communautés de travailleurs.L’abbé de St Denis(1175) garantie l’organisation de ses bouchers. Les rois auront toujours le soucis des travailleurs et seront qualifiés par eux de prince besogneux (Henri Ier,Philippe Ier,StLouis,Louis le Gros).Sous le règne de Philippe Auguste, la capitale compte 30 métiers organisés. Il laissa le gouvernement de Paris aux bourgeois pendant l’expédition en Terre Sainte. On trouve bien là, l’alliance peuple et Roi, chère à la vieille France. « Le bon roi Philippe »criaient les classes artisanales. Saint Louis, outre le fait d’organiser les métiers, voulut organiser la garde, l’approvisionnement des villes(le guet fut réorganisé en 1254) et tenu par des gens de métier…L’extension du marché international et la rigueur corporative fait apparaître le contrôle technique et cela pas seulement dans le domaine industriel des grandes entreprises mais dans le monde artisanal, agricole et littéraire(l’université parisienne, les ménestrels) .Les corporations jouèrent un rôle d’émancipation et les caractères analogiques avec l’université sont criants(bacheliers, doctorat, maîtrise de métier…).Quelle richesse alors dans les sciences d’art et métiers et quel gâchis quand on compare avec aujourd’hui. Mais encore une fois, attention, l’ancienne France n’avait rien d’uniforme mais un enchevêtrement de droits divers, de coutumes locales, un véritable canevas riche de multiples organisations complexes suivant les lieux…On est loin du gaufrier étouffant d’aujourd’hui… « Il y a, indéniablement, montée sociale des travailleurs manuels…le Registre de 1292 qui signale des cotes appréciables pour plusieurs valets…Autre indications :des maçons et des tailleurs de pierre qui travaillaient au couvent des Augustins dans les dernières années du XIIIème siècle étaient payés 20 deniers par jour ouvrable, leurs aides 14 deniers ; des travailleurs de l’habillement gagnaient de 24 à 36 deniers ; mais il semble que le salaire moyen de beaucoup de compagnons fût d’environ 18 deniers. Or, en 1312…un mouton valait 6 sous huit deniers (80deniers), un pourceau 14 sous 7 deniers (175 deniers).N’allons pas conclure à d’exceptionnelles conditions de vie : il y a des métiers dont nous ignorons les salaires…»
De là l’extension des corporations malgré quelques zones de « franches aires » maintenant leurs privilèges en dehors du cadre corporatif. Cette multiplication, toujours à l’ombre du roi, permet aussi l’obtention de pouvoir comme l’élection des chefs de métier. En 1338, à Rouen, « les filassiers sont invités à se dire d’accord avec un règlement fait, sur leur demande, par le maire et ses pairs…»Entre le XIIIème et le XIVème siècle, le pouvoir qu’exerçait les capitouls de Toulouse sur les métiers, passe aux mains des jurés de ceux-ci.

GREVE et CONFLITS
Loin d'avoir tout inventer, comme nous essayons de le démontrer notre temps semble découvrir aujourd'hui ce qui hier était monnaie courante. La grève existait déjà sous Saint-Louis.Les organisations ouvrières s’organisent avec leurs Saints et fêtes chômés, leurs blasons avec privilèges et devoirs, leurs justice, police et coutumes.Quelques conflits naissent des rivalités entre maîtres et ouvriers car les premiers cherchent à se distinguer des seconds, nous sommes dans les temps dits classiques ou la bourgeoisie s’affirme, loin de l’humilité du Moyen-âge…
_Maçons et ouvriers du bâtiment à Paris, 1660-62,
_les papetiers en Auvergne, 1664 les garçons boulangers à Bordeaux, 1666-67 à Lyon…
_Guerres et disettes en 1694.
Plus tard il est important d’étudier les problèmes économiques liés aux temps de colères sociales comme l’inflation du système de Law de 1719 à 1721 et la déflation de 1724…
Les artisans prennent l’habitude de se regrouper par profession et par rue (voir les noms de rues dans Paris…) présent. Un trafic intense se développe en Occident et l’aisance nouvelle permet à un marchand de St Omer de faire construire à lui seul, une Eglise…
L’ascension des humbles se poursuit et certaines fois les consommateurs se liguent contre le monopole d’une corporation comme en 1267 à Pontoise avec les boulangers.
_A Paris en 1250, les valets protestent contre les maîtres des foulons.
C’est à la suite de ces divers conflits que St Louis demandera à Etienne Boileau de codifier les us et coutumes des métiers, jusqu’ici orales dans un livre. Cela n’empêchera pas d’autres conflits comme les tisserands contre les drapiers à Paris en 1270
_ les valets contre les maîtres foulons en 1277-79.
Frederic PORETTI - Winkler (Les Communautés de Métier, à suivre)

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