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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Le prince Jean de France à l’inauguration du Musée de Thiron-Gardais dédié aux Collèges royaux et militaires

    Stéphane Bern, le Ministre Emmanuel Macron et le Prince Jean de France

     

    Le 10 juin dernier, S.A.R. Le prince Jean de France à répondu présent à l’invitation de Stéphane Bern pour l’inauguration de son Musée dédié aux Collèges royaux et militaires au sein du Domaine du Collège militaire royal de l’Abbaye de Thiron-Gardais. (le Prince avait assuré la présidence du comité d’honneur lors du 900e anniversaire de la fondation de  l’Abbaye de Thiron-Gardais en 2014).

    Pour cette inauguration, étaient également présents : la princesse Constance et le prince Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme, ainsi que  deux ministres du gouvernement, la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, et le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, accompagné de son épouse.

    En décembre 2012 Stéphane Bern, dont nous connaissons tous la passion pour l’histoire, a acheté ce qui restait de l’ancien Collège royal et militaire, lui-même issu de certaines dépendances de l’abbaye de Thiron-Gardais au conseil départemental d’Eure-et-Loir qui n’avait pas les moyen de le restaurer. Après presque 4 ans de travaux de restauration, le domaine composé d’une ancienne abbaye du XIIe siècle, d’un collège bénédictin devenu plus tard, en 1776, l’un des douze collèges royaux de France sous Louis XVI, ainsi que des jardins, sublimes, signés par le paysagiste Louis Benech, à qui l’on doit entre autre les jardins des Tuileries, reprend peu à peu vie grâce au dynamisme de son nouveau propriétaire. Le musée et les jardins ouvriront au public dès le 6 juillet prochain 

     

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     Le prince Jean de France, la princesse Constance et le prince Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme 

    Source : La Couronne

     

  • Livres • Pierre Boutang, maurrassien libéré Entretien avec son biographe Stéphane Giocanti

     

    Propos recueillis par Daoud Boughezala et Frédéric Rouvillois, repris de Causeur [1.07]

    Pierre Boutang ayant littéralement appris à lire dans l’Action française, en quoi cela a-t-il conditionné son rapport au roi comme figure de l’autorité ?

    Stéphane Giocanti*. Chez Boutang, l’image du roi se superpose affectivement à celle du père et à celle de Maurras – servir le roi et la France était pour lui une dette à l’égard de son propre père maurrassien appelé lui aussi Pierre Boutang ! L’intuition métaphysique s’ancre ainsi souvent dans les circonstances de l’existence. Si l’histoire personnelle de ce fils rend compréhensible sa théorie royaliste, on peut aussi l’interpréter comme une limite – que Boutang n’interroge pas vraiment. Mais ses Carnets inédits révèlent une inquiétude à propos de son destin : « Si mon père n’avait pas connu l’A.F. Pour lui. Pour moi. »
    Ce lien excessif comparable à l’amour passion aura constamment laissé Boutang dans un état d’enfance : une très grande capacité d’étonnement et d’enthousiasme, mais aussi de vulnérabilité et de crainte.

    Pour vulnérable qu’il fût, Boutang n’a jamais cédé aux sirènes du fascisme, à la différence de ses camarades d’Action française, Brasillach ou Rebatet. Comment l’expliquez-vous ?

    La sensibilité chrétienne et une certaine idée du Pauvre, étaient déjà agissantes en 1940 lorsque Boutang détourna Maurice Clavel du doriotisme et l’amena au royalisme et à Maurras en personne. Son ancrage maurrassien contribua à détourner Boutang de la tentation fasciste ou totalitaire qui s’exerçait sur sa génération : ancré sur des principes traditionnels, le respect des mesures passées (proposées par l’histoire de la monarchie française elle-même), le fédéralisme, mais aussi sur une forme d’empirisme politique, Maurras s’oppose en son fonds au fascisme qui est à la fois jacobin et socialiste, axé sur le culte du chef, de la force, de l’État et de la jeunesse. Quant au « pauvre Brasillach », Boutang l’a en vérité peu connu, et peu aimé. Il ne lui pardonnait pas son admiration pour les défilés de Nuremberg, et s’il tenta d’obtenir des signatures pour sa grâce en 1945, c’était surtout parce qu’il savait que des personnages plus compromis que Brasillach passaient à travers les filets de l’épuration.

    Sous Vichy, Boutang a condamné les persécutions antijuives tout en soutenant la Révolution nationale. Si Boutang fut révoqué de l’Éducation nationale à la Libération, est-ce en raison de ses atermoiements ?

    Boutang n’a jamais exercé aucune fonction officielle à Vichy. Il s’est entremis pour faire libérer Jean Wahl des griffes allemandes en 1940, il a rejoint le Maroc dès 1941 et participé, à sa mesure, à la préparation du débarquement américain de 1942 au Maroc. Certes, Boutang a maintenu une fidélité morale au maréchal Pétain comme beaucoup de Français de son époque, mais il a objectivement servi les Américains et le général Giraud, pour lequel il a travaillé, comme chef de cabinet de Jean Rigault au ministère de l’Intérieur. Giraud était alors condamné par Vichy. Joué par l’histoire, Boutang a servi de Gaulle sans l’avoir voulu, en se plaçant du côté du monde libre. D’ailleurs, s’il fut révoqué sans pension en 1944 – et pendant vingt-trois ans – c’est en raison de la lutte acharnée entre giraudistes et gaullistes à laquelle sa contribution reste obscure. Malgré cette exclusion purement politique, il servit le drapeau jusqu’en 1945, année de sa démobilisation.

     

    Boutang fut un antisémite virulent avant-guerre avant de terminer en fervent soutien d’Israël. Quel est le ressort de cette évolution ?

    Boutang fut antisémite jusqu’en 1955 environ. Plusieurs articles d’avant-guerre, son pamphlet La République de Joinovici (1949), relèvent du courant antisémite qui va de Drumont à Bernanos, plus encore qu’ils ne prolongent l’antisémitisme dit « politique » de Maurras. Pourtant, en 1936, son témoin de mariage, Adrien Benveniste, était juif. L’étude de la Bible, la découverte de la mystique juive, sa lecture des commentaires de Rachi, contribuèrent à faire de lui un judéophile autour de 1955, de plus en plus loin de « l’antisémitisme d’État ». On retient cette date symbolique parce qu’elle correspond à l’année de lancement de son hebdomadaire La Nation française. Boutang évolue donc très en avance par rapport à l’Église catholique, qu’il a peut-être influencée parallèlement à Maritain. Si Boutang cherchera toujours à comprendre (non à justifier) l’antisémitisme de Maurras, au risque de contorsions parfois discutables, et si la notion de « repentance » échappe généralement à sa génération, il n’en demeure pas moins que la haine des Juifs lui est apparue comme une faute morale et un péché détestable du point de vue chrétien. En 1967, pendant la guerre des Six Jours, il soutint énergiquement Israël, et entraîna Gabriel Marcel dans son combat.

    Dix ans plus tôt, Boutang a-t-il vu dans la Ve République gaulliste la monarchie républicaine dont il rêvait ?

    On pourrait écrire facilement une histoire des variations gaullistes et antigaullistes de Boutang ! Ce dernier a tout d’abord appuyé de ses idées, de ses articles à La Nation française et de son influence la victoire gaulliste de 1958. Penseur de la légitimité autant que Michel Debré, Boutang a de fait inventé le « monarcho-gaullisme » dont tant d’historiens ont parlé récemment. Son adhésion relative à la Ve République n’empêcha pas Boutang de demeurer royaliste et de maintenir sa vie durant sa critique de la démocratie. Mais l’exercice de la Ve République l’a dégoûté à propos de l’affaire algérienne. En 1961-1962, ses articles sont furieusement antigaullistes. Pour autant, déchiré par les événements et par les scissions qui éclatèrent à la rédaction de la Nation française, il n’adhéra pas à l’OAS, et en condamna les méthodes. Le « mieux » apporté par les institutions de la Ve République ne suffit donc pas à Boutang, parce qu’il défend un principe politique issu non de l’opinion, mais de la légitimité, et qu’un pouvoir légitime ne peut selon lui réussir que sur la durée. Mes conversations avec lui m’ont fait comprendre que Boutang admettait l’idée d’une démocratie couronnée à l’anglaise, même si cela ne correspondait pas exactement au modèle qu’il préconisait. Il resterait à savoir si une monarchie peut s’établir selon des modèles préparés: c’est un problème de restauration

    Pour conclure, pourrait-on dire de Pierre Boutang qu’il fut un philosophe catholique ?

    Il fut un philosophe, un métaphysicien et (même si ce mot est rare), un ontologicien. Boutang disait que sa philosophie était croyante, et que sa foi était philosophante. On ne peut pas résoudre mieux la question, ni mieux repousser le piège des étiquettes. Je dirais pour ma part qu’il fut un penseur chrétien dont le travail parle aussi bien à un catholique qu’à un orthodoxe ou un anglican – et au-delà, à tout lecteur. Il s’est servi de Thomas d’Aquin comme d’un maître qui aurait formulé des positions équilibrées là où Boutang aurait pu facilement se laisser aller à l’hétérodoxie. Là où Boutang me semble intéressant, c’est dans son Purgatoire – roman que le grand éditeur Raphaël Sorin place à côté de l’Ulysse de Joyce et de L’homme sans qualités de Musil. Il s’agit du chef d’œuvre du roman anti-pharisien, à la fois œuvre de conversion (tout chrétien vrai se convertit chaque seconde) et louange, dans le sillage des Confessions d’Augustin. Ce Boutang-là passe encore inaperçu, alors que c’est peut-être lui qui est le plus bouleversant et le plus attachant. Derrière certaines phrases du Purgatoire, il y a des positions philosophiques ou théologiques longuement méditées, que seules des notes très savantes pourraient expliciter et référencer. Enfin, il me semble que le Boutang militant catholique est un de ses masques et l’une de ses comédies – comédies dans lesquelles il s’efforçait de croire, sur le moment. La vérité se trouve dans ses Cahiers (dont l’essentiel sera publié au Cerf d’ici un an) : Boutang ne se sent nullement meilleur que les autres – plutôt pire, parfois. Il témoigne de ses péchés, montre une incroyable vulnérabilité, qui est celle d’un enfant, et d’une inquiétude métaphysique parfois oppressante. Cela vaut mieux que certaines de ses injustices et fulminations, commises au nom d’une foi aussi robuste que celle de Bossuet. 

    * Écrivain et historien de la littérature, Stéphane Giocanti vient de publier Pierre Boutang, Éd. Flammarion, 2016.

    l’Action française

    D. Boughezala et F. Rouvillois

    Lire aussi ...

    Quand Pierre Boutang dialoguait avec François Davin et Pierre Builly pour Je Suis Français

    Ecouter ... [Vidéo - Conférence à Marseille - 3.03.1988]

    Pierre BOUTANG L’horizon politique Le Prince chrétien

     

  • BD • Hyver 1709

     

    par CS

     

    Il n’y avait pas, en janvier 1709, de bulletins ni de prévisions météorologiques.  Mais dans la mémoire collective, cet hiver-là reste marqué au fer blanc comme « Le Grand Hyver ». Des relevés de températures relevèrent néanmoins – 25°C à Paris, -20,5°C à Bordeaux et -17°C à Montpellier. On rapporta aussi que la Seine gela progressivement et que la mer elle-même commençait à geler sur plusieurs kilomètres de largeur… A cette époque, Le ravitaillement en céréales devient un enjeu majeur pour le pouvoir, qu’il s’agisse de limiter les souffrances de la population, ou de soutenir l’effort de guerre. Un aventurier nommé Loys Rohan approche alors la cour avec la possibilité d’acheter une énorme cargaison de céréales prises à l’adversaire par un pirate sans attaches. Il se fait fort de localiser le lieu de débarquement du précieux butin, s’il obtient le laisser-passer et le feu vert sonnant et trébuchant de Versailles. Il faut localiser la cargaison de blé providentielle. Mais les Anglais et d’autres ennemis sont également sur cette piste. Loys Rohan traque Valescure qui, par l’intermédiaire de son prisonnier, un nommé Ravel, détient deux sacoches. Ces dernières contiennent les repères géographiques du navire. Ravel qui travaille pour les Hollandais veut envoyer le bateau et sa cargaison par le fond. Valescure veut, lui, récupérer la marchandise et la moyenner beaucoup plus cher… Loys Rohan a fort à faire pour retrouver la piste des deux hommes, échapper aux chausse-trappes qui rythment sa quête et aussi rester en vie. Pour accomplir définitivement sa mission.

    Un scénario bien bâti, une intrigue efficace et des dessins remarquables qui retranscrivent admirablement l’atmosphère de l’époque emportent l’adhésion du lecteur et des amoureux d’histoire. Cependant, un peu de concentration est nécessaire pour bien suivre le chassé-croisé entre les poursuivants. Il n’y aura malheureusement pas de troisième tome mais les amateurs de BD attendent avec impatience les prochaines publications du couple Sergeef et Xavier. 

    Hyver 1709 – Tome 2 – de Nathalie Sergeef et Philippe Xavier – éditions Glénat – 56 pages -14,50 euros 

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  • Présence des Princes • Le prince Foulques d’Orléans, duc d’Aumale, en visite à Aumale

     

    S.A.R. le prince Foulque d’Orléans, duc d’Aumale, 42 ans, a honoré de sa présence la dernière foire aux vins à l’invitation de Pierre-Marie Duhamel, maire honoraire d’Aumale. Tout le monde ne le sait pas, mais il est le premier duc d’Aumale depuis 1897, le titre n’ayant plus été attribué depuis la mort de son prédécesseur, Henri d’Orléans, 5e fils de Louis-Philippe. Il a accepté de répondre aux question du journal local « Le Réveil de Neufchatel » . Les meilleurs morceaux.

    Le Réveil : Doit-on toujours vous appeler Monseigneur ?

    Monseigneur Foulques d’Orléans, duc d’Aumale : Cela fait partie des traditions, donc oui. Mais c’est vrai, au quotidien, dans mon travail, on m’appelle plutôt par mon prénom.

    Comment êtes-vous devenu duc d’Aumale ?

    Lorsque j’avais 22 ou 23 ans, mon grand père, Henri d’Orléans, Comte de Paris, m’a attribué deux titres. Celui de comte d’Eu et duc d’Aumale. Dans notre famille, c’est toujours le chef de famille qui décide de ces attributions.

    On vous sent honoré d’autant que ce titre de duc d’Aumale n’avait pas été attribué depuis plus de 100 ans ?

    C’est en effet un très grand honneur d’être Comte d’Eu et duc d’Aumale. Ma famille a joué un rôle important dans l’Histoire de France. Il est donc légitime d’être ainsi heureux de perpétuer la tradition familiale.

    Venez-vous souvent à Aumale ?

    Cela m’arrive quand je suis invité. Je suis venu une fois au salon du livre avec Eric Woerth qui avait écrit un livre sur le duc d’Aumale. J’étais également présent pour l’inauguration de la crèche Les petits ducs. J’y reviens toujours avec un grand plaisir. 

     le-reveil

    Source La Couronne

  • Alain de Benoist : « François Hollande aurait fait un très bon marchand des quatre-saisons »

     

    Cet entretien qu'Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire est d'une rare qualité. Qu'il explique ne pas parvenir à détester François Hollande comme homme quelconque est prétexte ici à réflexion, précisément sur ce qui distingue l'homme quelconque de l'homme d'Etat et, plus encore, de celui qui est investi du Pouvoir. Et de Benoist de définir à sa façon qui n'est pas celle de Boutang mais finit pas y ressembler, en quoi consiste un Pouvoir légitime : Sacralité - même en un sens laïque - assentiment populaire, incarnation de la souveraineté et du destin d'un peuple, d'une nation, singularisés par l'Histoire ... Et pour réaliser une telle incarnation, il ne faut pas être un homme quelconque, il faut être en surplomb... Il n'y a peut-être aujourd'hui plus beaucoup de sujets sur lesquels nous soyons en désaccord avec Alain de Benoist. En tout cas, celui dont il est question ici en est un exemple.  LFAR     

     

    1530443371.jpgC’est devenu un gag récurrent : chaque nouveau Président parvient à nous faire regretter son prédécesseur. Avec François Hollande, on a atteint le fond, non ?

    Contrairement aux commentateurs qui le couvrent d’injures (se défouler en éructant est le meilleur moyen de faire savoir qu’on n’a rien à dire), je ne parviens pas à détester François Hollande. Je me désole de le voir occuper le poste qui est le sien, mais sur le personnage lui-même, je n’ai rien à dire. Il aurait sans doute pu faire un convenable receveur des postes, un directeur de succursale d’une société d’assurances, un marchand des quatre saisons. En tant que premier secrétaire du PS, il n’a pas été pire qu’un autre : dans les magouilles et les petites blagues, il a toujours été à son affaire. Le seul problème est que ce personnage insignifiant est président de la République.

    Depuis Pompidou, Mitterrand excepté, la fonction de chef de l’État n’a cessé de se dégrader. Il n’y a plus de chefs, et il n’y a guère plus d’État. La comparaison est certes facile, mais on imagine évidemment mal le général de Gaulle aller faire du jogging en suant à grosses gouttes sous un tee-shirt aux armes de la police new-yorkaise, ou partant en scooter pour aller rejoindre sous la couette une pom-pom girl du show-business. Un chef de l’État doit avoir conscience qu’il n’est pas seulement lui-même, mais qu’il incarne une fonction. Qu’il se discrédite lui-même passe encore, qu’il rabaisse sa fonction est impardonnable. L’homme et sa fonction sont deux choses différentes, et c’est la fonction qui doit l’emporter.

    Cela pose la question de savoir ce que l’on est en droit d’attendre de la part d’un chef de l’État.

    Dans ce domaine, qu’on soit en monarchie ou en république, on en revient toujours à Ernst Kantorowicz et à sa célèbre thèse sur Les Deux Corps du roi. Bien sûr, on n’attend plus du chef de l’État qu’il guérisse les écrouelles, mais au moins qu’il soit conscient de ce qu’il incarne, à savoir cette fonction souveraine qui le met en position de diriger une nation, c’est-à-dire un peuple singularisé par son histoire. Quand on incarne une telle fonction, on ne va pas parler à la télévision dans des émissions de « divertissement », on ne joue pas au « type sympa » et on apprend à nouer sa cravate ! On respecte la fonction qu’on incarne, et on s’applique à la faire respecter. Or, le pouvoir n’est respecté que s’il garde une dimension de sacralité. Même dans une république laïque, même dans une société sortie de la religion, il reste une appétence pour le sacré, d’abord parce que tous les grands thèmes politiques modernes sont d’anciens thèmes religieux qui ont été rabattus sur la sphère profane, ensuite parce que les hommes obéissent à tout sauf à des choix rationnels. La sacralité du pouvoir est, au même titre que le suffrage populaire, le fondement de la légitimité.

    Mais cette dégradation est allée significativement de pair avec le déclin du politique. Cerné par l’économie, par la morale des droits de l’homme, par les diktats de l’expertocratie, le politique décline. Et c’est l’impolitique qui règne. François Hollande n’est pas seulement un homme inculte, qui n’est même pas capable d’articuler une phrase en français correct, c’est un homme qui ignore aussi ce qu’est la politique. Il l’ignore parce que les notions de mythe collectif, de marche du monde, de sens historique, lui sont étrangères. Tout comme ses prédécesseurs, il ne sait pas que la politique est tragique. Ou plutôt qu’elle l’était. Car la politique est aujourd’hui devenue comique. La grande erreur des politiques est de croire qu’ils seront d’autant plus populaires qu’ils apparaîtront « comme tout le monde », alors que c’est exactement l’inverse. Ce n’est pas la proximité qui rend populaire, c’est la hauteur et la grandeur. Ce n’est même pas d’être aimé, c’est d’être admiré. Pour être admiré, il faut faire de grandes choses. Et pour faire de grandes choses, il faut être en surplomb.

    C’est-à-dire ?

    Dans l’entretien exclusif qu’il vient d’accorder à la revue Éléments, Patrick Buisson dit à merveille ce dont il s’agit quand il se moque de « Hollande disant : si le chômage ne recule pas, je ne me représenterai pas. La belle affaire ! Il montre par là qu’il n’a rien compris à ce qu’est la puissance politique du mythe dans l’Histoire […] Les mythes sont les agents de l’Histoire, ils font l’élection. Pas l’économie. »

    Régis Debray rappelait récemment que « la conscience historique, c’est l’essence de toute grande politique ». Mais cette notion même de grande politique est totalement étrangère à la classe politique au pouvoir, qui ne connaît que la météorologie électorale, la politicaille et les « petites phrases » qui font du buzz, et qui ne raisonne plus qu’en termes de « communication » et d’« image » parce qu’elle croit qu’on peut remplacer l’autorité par la séduction. « Chacun sait, ajoutait Debray, que nos décideurs ne décident plus rien, que nos élus n’ont plus de prise sur le cours des choses, que l’art de gouverner consiste à faire semblant […] La fin du politique est ce qui fait époque en Europe. » La politique, ce n’est pas la discussion sur les 35 heures ou sur le statut des fonctionnaires, ce n’est même pas la croissance ou le chômage. La politique, c’est le regard perçant et l’esprit de décision, les grands projets collectifs, le sens du moment historique, la claire perception d’un sujet historique. La politique, ce n’est pas l’avenir, c’est le destin. Allez parler de « destin d’un peuple » à François Hollande ! Tous les hommes politiques sont aujourd’hui des intermittents du spectacle. 

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    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier - Boulevard Voltaire

  • CINEMA • Haut Garrone, vu par Jean-Christophe Buisson *

     

    Avant même l'affaire des migrants de Vintimille, un conflit, certes moins grave, a opposé il y a quelques semaines la France et l'Italie. Trois réalisateurs transalpins de renom ont présenté leurs films au Festival de Cannes. Tous étaient de grande qualité. Aucun n'a été récompensé, déclenchant l'ire de la presse au pays de Fellini. Parmi les victimes, Matteo Garrone, jusque-là pourtant bien servi sur la Croisette (Grand Prix du jury à deux reprises: pour Gomorra et pour Reality).

    Voilà ce qu'il en coûte d'être audacieux: Le Conte des contes, qu'une partie de la critique a aussi vilainement snobée, souffre d'une originalité, d'une poésie, d'une beauté esthétique et d'une ambition littéraire qui ne sont certes pas communes. Il réclame du spectateur de l'attention et de l'imagination.

    Curieusement, ce sont les mêmes esprits cartésiens encensant les délires de Tim Burton qui reprochent à Garrone son onirisme. Quoi? Des royaumes peuplés de princes plus ou moins charmants, de princesses trop avides de liberté, de sorcières maléfiques, de monstres marins, de fées à la chevelure aussi rousse que le soleil, de jumeaux pernicieux, d'ogres quasi immortels? Quoi? Des récits fantastiques aux frontières de la science-fiction où l'hénaurme le dispute au grotesque, l'érotique au magique, l'invraisemblable au réaliste? Quoi? Des personnages évoluant dans des costumes et des châteaux Renaissance mais dont les centres d'intérêt, les passions et les frustrations ressemblent tellement à ceux de nos contemporains (l'obsession des femmes à rester jeune ou à désirer des enfants à tout prix ; celle des hommes à cultiver leurs passions égoïstes et à courir la gueuse) qu'on en finit par être effrayé.

    Piochées dans l'œuvre de Giambattista Basile, qui annonce au début du XVIIe siècle les contes de Perrault, Andersen et Grimm, les jolies et terrifiantes histoires mises en scène ici sont des petites merveilles visuelles et narratives. On ne peut qu'applaudir des dix doigts Salma Hayek, Vincent Cassel ou John C. Reilly d'y avoir cru et de nous faire croire à leur crédibilité. Si, si. 

    Le conte des contes, de Matteo Garrone (en salles le 1er juillet).

    Post-filmum: après ce film, vous ne regarderez plus jamais les puces de la même façon…

     Jean-Christophe Buisson  -  Le Figaro magazine

     

  • Le roi d’Arabie saoudite récidive à Vallauris : il ne veut pas de CRS femmes ... De quoi vous rendre (presque) républica

    Le roi d'Arabie saoudite, ici en compagnie de François Hollande. Photo © AFP

    Alors que la colère gronde parmi les habitants de Vallauris, excédés par les facilités accordées au roi d’Arabie saoudite, en vacances en France, c'est  Marianne qui révèle comment ce dernier ne veut pas de présence policière féminine :

    280px-MARIANNE_LOGO.png« Le roi Salmane d'Arabie saoudite veut pouvoir se baigner en sécurité sur la petite plage privée qui borde sa vaste villa de Vallauris, mais il n'est pas question qu'une femme assiste au spectacle de ses hommes barbotant en maillot de bain dans les eaux claires de la Méditerannée. Il a ainsi envoyé un émissaire, lundi 27 juillet, auprès d'un CRS un peu trop féminin à son goût.

    Le message était limpide : pour bien faire, on souhaitait qu'elle soit écartée du dispositif qui mobilise une demi-compagnie de CRS, en l'occurrence la CRS n°3. A l'extrême limite, elle pouvait continuer à surveiller la villa si elle le souhaitait, mais elle devait s'éloigner de la plage à l'heure du bain. Evidemment, le message du roi n'a laissé aucune trace écrite, mais la fonctionnaire a plutôt mal pris cette immixtion dans sa sphère professionnelle. Elle s'en est plaint auprès de ses supérieurs qui, à leur tour, effrayés à l'idée de la tournure que pouvait prendre cette histoire après l'affaire des maillots de bains de Reims, ont insisté pour que tout cela reste off.

    L'incident n'en est pas moins remonté jusqu'à la Place Beauvau, où l'on peut toujours se consoler en se disant que certaines compagnies de CRS comportent jusqu'à une dizaine de femmes, ce qui n'est pas le cas de celle-ci. Pour le reste, décision a été prise de maintenir la « coupable » dans le dispositif mis en place aux abords de la villa le mieux surveillée de France. Le plus laïquement possible. » 

     

  • Marseille et région : Un 21 janvier d'actualité !

     

    La Fédération Royaliste Provençale, Action Française Provence & Lafautearousseau

    TRAVAUX DIVERS - Largeur + 21 01 16.jpg

    vous invitent à assister à la

    Messe du 21 janvier 2016, à la mémoire de Louis XVI

    en la Basilique du Sacré-Coeur, 81 avenue du Prado, à 19 heures. Messe chantée avec musique et orgue, célébrée par Monseigneur Jean-Pierre Ellul, recteur de la basilique, homélie donnée par le père Sciortino-Bayart. 

    et à la

    soirée-conférence qui suivra à 20h30

    dans les salons de la Maison des Travaux Publics & du Bâtiment

    « D‘une terreur l’autre : Etat d’urgence » 

    Ce thème extrêmement actuel, sera traité par deux éminents spécialistes et grands connaisseurs de l'Islam,

    Jean-Pierre Peroncel-Hugoz

    Grand-reporter émérite, membre de la société des rédacteurs du Monde, chroniqueur à La Nouvelle Revue d’Histoire et au “360”,     directeur de la collection “Maroc”, éditions Afrique-Orient. 

    et Annie Laurent

    Journaliste, essayiste, conférencière, spécialiste du Proche-Orient, de l'Islam et des chrétiens d'Orient. Docteur d'Etat en sciences politiques.  

    Et par Jean-Baptiste Donnier

    Professeur des universités. Collaborateur de Politique magazine et de la Nouvelle Revue Universelle.  

     

    Cocktail dînatoire à l'issue des conférences

    Entrée & Cocktail-dînatoire 28 € (Etudiants et jeunes 15 €)

     Inscriptions urgentes par téléphone ou courriel 

    Téléphone : 06 08 31 54 97 

    Courriel : lafautearousseau@outlook.fr 

     

    Maison des Travaux Publics & du Bâtiment 

    344 bd. Michelet - 13009 Marseille (Parking gratuit)

     

    Le nombre de places étant limité, il est conseillé de s'inscrire au plus tôt.
    A noter qu'il ne sera pas envoyé d'invitations par poste. Pour s'inscrire ou se renseigner, prière d'utiliser téléphone ou courriel.
    A faire suivre, diffuser, transmettre ... Merci.
     
  • Brexit : Le souverainisme à la mode britannique ... Une vraie bonne nouvelle pour l'Europe ?

     

    La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne est désormais une éventualité de court terme. Mathieu Bock-Côté estime [Figarovox - 24.02] qu'à leur manière bien singulière, les Anglais partisans du Brexit défendent le véritable esprit européen. Et lorsqu'il invoque la vie démocratique de l'Europe, c'est au sens des peuples, des nations, de leur pluralité. Il le fait en des termes et selon une conception de l'Europe, des sociétés et des nations, qui est aussi fondamentalement la nôtre. Sur ce même sujet, on pourra se reporter utilement au lundi de Louis-Joseph Delanglade publié ici-même le 29.02 : L’Union agonise ? Vive l’Europe !  LFAR

     

    Mathieu Bock-Coté.jpgLa table est mise, les Britanniques se prononceront le 23 juin sur leur sortie de l'Union européenne. Les cyniques ont déjà leur formule toute trouvée : les Britanniques envisagent d'autant plus librement de sortir de l'Europe qu'ils n'y sont jamais vraiment entrés. Il n'en demeure pas moins que la vie politique européenne tournera pour les prochains mois autour de ce débat fondamental : est-ce qu'un État est en droit de sortir d'une association politique qui était censée représenter un grand bond en avant dans l'histoire universelle ? Est-il même en droit de définir selon ses intérêts nationaux spécifiques sa participation à une telle union ?

    Le sens de l'histoire, tel que l'interprétaient généralement les grandes figures de l'idéologie dominante, qui pousse à la dissolution des nations par le multiculturalisme et le globalisme, ne permettait pas cette prise au sérieux du fait national. Mais il semble que la liberté des peuples est encore capable de faire dévier l'inéluctable et que les grands processus historiques puissent se gripper quand la souveraineté s'en mêle. C'est d'autant plus vrai que la nation n'est pas une fiction idéologique, quoi qu'en pensent ceux qui y voient une construction sociale récente dans l'histoire du vieux continent, mais une réalité ancrée dans l'histoire. L'État-nation demeure l'horizon indépassable de la démocratie.

    On peut reprendre la formule aujourd'hui à la mode : de quoi l'Europe est-elle le nom ? Louis Pauwels, la grande figure historique du Figaro Magazine, au moment d'en appeler à voter contre Maastricht, en 1992, distinguait entre les européistes et les Européens. Les premiers, disait-il, s'attachaient à une chimère idéologique désincarnée qui n'avait d'européenne que le nom. Les seconds, en se portant à la défense des nations, défendaient la civilisation européenne à travers le cadre qui avait permis le développement de la liberté politique. Pauwels n'était pas le seul à penser ainsi, même si le souverainisme français de l'époque, qui ne portait pas encore ce nom, avait moins explicité sa vision de la civilisation européenne.

    À sa manière, c'est cette distinction qu'a reprise Boris Johnson, le maire de Londres, en contestant aux partisans de l'Union européenne la prétention à être les seuls défenseurs de l'Europe. Celui qui sera probablement la figure dominante du camp souverainiste, et qui lui donne un poids politique majeur, ne se laissera pas enfermer dans le mauvais rôle du Britannique insulaire seulement soucieux de cultiver son jardin. Il fait preuve d'un authentique cosmopolitisme. Il ne tolèrera manifestement pas l'étiquette d'europhobe que voudront lui coller ses adversaires et les commentateurs, qui ont décidé, en adoptant ce terme il y a quelques années, de psychiatriser la dissidence devant la construction européenne.

    Le souverainisme britannique est particulier : à la différence des autres pays d'Europe occidentale, il n'est pas canalisé ni confisqué par une force politique populiste, ou du moins, étiquetée comme telle. On ne saurait sérieusement faire du petit parti eurosceptique UKIP un parti d'extrême-droite, quoi qu'en pensent ceux qui n'en finissent pas d'étendre la définition de ce terme. Mais surtout, le souverainisme est très présent au sein du Parti conservateur même si ce dernier, pour l'instant, demeure sous l'autorité de son chef. Évidemment, David Cameron ne saurait être défini comme un souverainiste au sens strict, mais les conditions qu'il a posées pour rester dans l'UE rappellent une chose : l'adhésion à l'Europe n'était pas pour lui inconditionnelle.

    C'est une perle napoléonienne : un pays a la politique de sa géographie. Il ne peut s'en abstraire, même s'il n'en est pas prisonnier. C'est ce qui explique notamment que la Grande-Bretagne n'a jamais vu dans l'Union européenne autre chose qu'un grand marché auquel elle refusait son âme. La Grande-Bretagne appartient à la civilisation atlantique, et plus largement, à la civilisation anglo-saxonne. Pour Boris Johnson, la Grande-Bretagne serait plus forte délivrée des entraves communautaires. Elle renouerait avec une souveraineté lui permettant de conduire sa propre politique. À tout prendre, ses grands hommes politiques envisagent plus favorablement une éventuelle fédération des peuples de langue anglaise que d'unir son destin à l'Europe continentale.

    La possibilité d'une séparation britannique obligera l'Europe à réfléchir à son identité profonde et à la nature du projet politique qu'on porte en son nom. Depuis le refus, en 2005, d'intégrer la référence aux racines chrétiennes de l'Europe dans la constitution européenne, c'est la vraie nature de la construction européenne qui s'est dévoilée. Elle entend moins constituer politiquement le vieux monde à travers un patriotisme de civilisation transcendant les nations sans les abolir, que bâtir une forme d'empire universel et humanitaire aux frontières indéfinies et prétendant embrasser théoriquement l'humanité entière. Cette posture suicidaire conduit inévitablement à un refus de l'idée même de frontière, puisque c'est la pluralité humaine qui est contestée.

    La crise des migrants des derniers mois a rappelé une chose : non seulement l'Europe n'a pas vraiment de frontières, mais elle n'en veut pas non plus. Elle aurait l'impression de trahir sa vocation humanitaire en distinguant entre l'intérieur et l'extérieur de la communauté politique. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que de constater que plus la construction européenne avance, et plus elle croit devoir dissoudre la civilisation européenne. Dans le monde idéal des européistes, la citoyenneté devrait recouper l'humanité entière et la logique des droits de l'homme définir exclusivement la vie politique. À terme, cette philosophie politique désincarnée provoque la révolte des peuples.

    À sa manière bien singulière, la Grande-Bretagne se porte peut-être à la défense, en ce moment, du véritable esprit européen. Quel que soit le résultat du référendum, qu'on ne saurait sérieusement prophétiser plusieurs mois à l'avance, il aura au moins eu une vertu : rappeler que le politique peut surgir à tout moment dans la vie des peuples et jeter à terre les constructions idéologiques aussi artificielles qu'autoritaires. L'Europe ne saurait traiter ses peuples comme des provinces vassales. Parce qu'il redonne vie au politique et permet aux peuples de se le réapproprier, ce référendum représente une vraie bonne nouvelle dans la vie démocratique de l'Europe.

    FigaroVox

    Mathieu Bock-Côté           

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

     

  • BD • Reconstitution d’un attentat

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngFaut-il y voir un symptôme parmi d’autres de l’effondrement intellectuel et moral de notre société ? C’est par le biais de la bande dessinée qu’une experte en risques terroristes familière des chaînes d’information continue a choisi de raconter les événements du 13 novembre 2015 à Paris.

    Si les victimes sont quasiment absentes de cette histoire, réduites à des visages flous et terrifiés, définitivement englouties dans l’anonymat de leur mort cruelle et prématurée, les tueurs, eux, apparaissent dans ces pages comme les protagonistes incontestés, pour ne pas dire les héros, d’une sorte de road movie sanglant.

    L’on n’ignore plus grand-chose de leur vie, leurs centres d’intérêt, leurs objectifs, jusqu’au déchaînement de violence et de haine qui endeuilla la capitale. Eux ont des noms, des visages, beaux parfois, des objectifs, pour odieux qu’ils soient … Information ou fascination pour ces assassins décidés et méthodiques, aux antipodes de ceux et celles qu’ils massacrèrent ?

    François Hollande et ses ministres sont les autres contestables vedettes de cette soirée tragique. En choisissant le noir et blanc, et un style très différent de celui dont il use dans ses albums habituels, Brahy a limité l’horreur de la réalité du bain de sang, se concentrant sur les traits figés et les regards hallucinés des terroristes.

    L’album refermé, l’on a le sentiment de n’avoir rien appris que l’on ne sache déjà, mais une sorte de malaise vous point : faut-il ajouter à l’aura de romantisme mortifère dont une jeunesse déboussolée entoure déjà les égorgeurs de l’État islamique ? 

    Anne Giudicelli et Luc Brahy, 13/11, Reconstitution d’un attentat, Delcourt, 125 p, 14,50 €.

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  • Michel Rocard, François Mitterrand : on refait le match

     

    Par Mathieu Bock-Côté     

    TRIBUNE - Un hommage national est rendu ce jeudi à Michel Rocard. Mathieu Bock-Côté réfléchit ici, [Figarovox, 5.07] aux raisons de son destin avorté : homme de raison avant tout, il avait omis, contrairement à Mitterrand, la nature passionnelle et tragique du politique. Et la réflexion de Mathieu Bock-Côté distingue, une fois de plus, pensée traditionnelle et pensée moderne ou post-moderne. Il n'y a guère de doute pour nous que ses propres conceptions - culturelles, sociétales et politiques - le situent parmi les antimodernesLFAR

     

    3222752275.jpgLa mort de Michel Rocard a permis à la classe politique et médiatique de dire le bien qu'elle pensait d'un homme dont tous, à un moment ou un autre, ont reconnu les vertus et les talents. Avec raison, on a louangé un politique honorable. Ces bons mots n'étaient pas exempts de mélancolie: l'homme aurait pu avoir un autre destin et devenir président de la République. La gauche française, avec lui, se serait enfin modernisée et elle aurait même devancé le travaillisme britannique dans la mise en place de ce qu'on appellera plus tard la troisième voie. La France aurait aujourd'hui un autre visage et ne serait pas une société bloquée si la deuxième gauche l'avait pilotée.

    Le grand entretien récemment accordé par Rocard au Point témoignait de la richesse de sa pensée. Il traitait avec finesse bien des problèmes de notre temps, qu'ils touchent la France ou les équilibres planétaires. Qu'on endosse ou non ses analyses ou ses conclusions, on conviendra qu'ils dépassent le cadre étouffant et stérilisant de la pensée Twitter, qui domine aujourd'hui une classe politique aux ordres du système médiatique. Ce n'est pas sans raison qu'on lui prêtait encore récemment allégeance: il demeurait le symbole d'une autre gauche, qui aime se dire moderne et en phase avec son temps. On le révère un peu comme on a révéré Pierre Mendès France.

    Ce regret concernant le destin avorté de Michel Rocard s'accompagnait d'une explication: s'il était doué pour l'exercice du pouvoir, il l'était beaucoup moins pour sa conquête, à la différence de François Mitterrand, qui aura toujours eu le dessus sur lui, en bonne partie parce qu'il comprenait mieux les ressorts profonds et passionnels du politique. Le premier aurait été un super technocrate, le second un animal politique à l'ancienne. Dans la distribution des rôles, Rocard passe pour un perdant magnifique et Mitterrand pour une créature aussi cynique que séduisante. Il n'en demeure pas moins que c'est ce dernier qui passera à l'histoire et qui fascine encore les biographes.

    Mais ceux qui considèrent que la conquête du pouvoir est la part avilissante du politique le comprennent bien mal. Ils l'imaginent à la manière d'une simple instance administrative censée gérer une société faite d'hommes rationnels et raisonnables - ou du moins, d'hommes qui devraient l'être. Au fond d'eux-mêmes, ils rêvent au gouvernement des meilleurs qui devraient pouvoir s'épargner la pénible épreuve de l'élection. Ou oublie l'ancrage anthropologique du politique et les passions qui, naturellement, s'y déploient et poussent les hommes à l'action. La politique n'est pas qu'une entreprise de gestion rationnelle du social: elle met en scène des hommes, des passions et des projets qui jamais, ne pourront parfaitement se réconcilier.

    Rocard jouissait moins du pouvoir en lui-même que de l'action sur la société qu'il rendait possible. Il avait en tête un programme détaillé de réformes à renouveler sans cesse, dans la mesure où il faudrait toujours s'adapter aux exigences de la modernité, qui ne se laisserait jamais enfermer dans une définition étroite ou dans un stade définitif, qu'il faudrait désormais conserver. On ne saurait en dire autant de Mitterrand qui goûtait le pouvoir pour lui-même et qui le désirait en soi, comme s'il transfigurait l'existence, ce qui n'est probablement pas faux. On pourrait dire que ce dandy qui cultivait son personnage avait développé une esthétique du pouvoir, qu'il savait apprécier même sans enrobage idéologique. Cela n'est pas nécessairement très noble.

    Michel Rocard faisait preuve d'un très grand rationalisme politique. Les enjeux symboliques lui échappaient souvent. Sa compréhension peut-être déformée de ce qu'on appelle la question identitaire, qu'il s'agisse de l'immigration massive ou de la présence de la Turquie dans l'UE, à laquelle il était favorable, en témoignera. La France tel qu'il se l'imaginait était moins une patrie charnelle, avec plus d'un millénaire d'histoire, qu'une société moderne à planifier autrement et devant s'inspirer dans la mesure du possible du modèle scandinave. Ici aussi, sa vision du monde tranchait avec celle de Mitterrand, qui croyait aux profondeurs de l'histoire et même aux forces de l'esprit, même s'il s'est jeté aveuglement dans la construction européenne.

    On l'aura compris, il est difficile de revenir sur la figure de Rocard sans multiplier les contrastes avec celle de Mitterrand, tant les deux hommes avaient des visions absolument contrastées du pouvoir et de la nature humaine alors qu'ils se réclamaient les deux du socialisme. Les distinctions peuvent s'accumuler et il n'est pas certain qu'elles recoupent l'alternative trop facile entre le moderne et l'archaïque, comme l'ont souvent voulu les analystes de la politique française. Il est coutumier, aujourd'hui, de rappeler les origines droitières de Mitterrand. La chose s'est moins confirmée sur le plan des politiques que dans la conception de l'homme qui singularisait Mitterrand et dans sa personnalité fondamentalement monarchique.

    On connaît l'anecdote: Rocard, commentant la bibliothèque de François Mitterrand, se désolait de ne pas y trouver d'ouvrages en économie et en sociologie. On a compris qu'il le disait avec quelque mépris: un homme politique inculte économiquement devrait selon lui quitter le métier. Le propos choquait dans une France qui demeure une civilisation littéraire. Mais la perspective mitterrandienne n'était peut-être pas insensée. Avant de connaître la société à la manière d'un ensemble de structures complexes que l'on peut déconstruire et reconstruire technocratiquement, il faut connaître l'homme et les hommes. La littérature et la méditation sur les grands moments de l'histoire éduquent autant le prince qu'un traité des problèmes sociaux ou un manuel d'économie.

    Michel Rocard était admirable et mérite certainement ses louanges posthumes. Il représente une gauche soucieuse du réel et désireuse de le modeler plutôt que le fuir dans une utopie. Mais c'est en méditant sur son destin avorté et son rendez-vous manqué avec la France qu'on comprend mieux à quel point l'homme politique ne doit jamais être qu'un super technicien manipulant avec une science impressionnante les leviers de l'État. Ce qui aura manqué à Michel Rocard, c'était le sens du tragique et peut-être, tout simplement, du politique. En cela, il était le représentant exemplaire d'une gauche moderne, absolument moderne, à laquelle il aura voulu être fidèle jusqu'à la fin, pour le meilleur et pour le pire. 

    Mathieu Bock-Côté  

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.          

  • Société • L'idée de l'unification du monde, un lieu commun

    Le pape Pie XII

    Par Jean de Maistre  

    Cet excellent commentaire - du 15 septembre - reprend et corrobore notre article également publié hier : « Un duo dynamique ? ». Plusieurs autres très intéressants commentaires ont d'ailleurs suivi celui-ci. Notre article traitait de l'idée d'unification du monde ... Le cas échéant, on pourra s'y reporter [Lien ci-dessous]. Merci à Jean de Maistre !  LFAR

     

    3142485460.jpg

    Cette idée d'unification du monde par le développement des échanges et des communications est un lieu-commun qui traîne depuis le XIX° siècle lorsqu'on annonçait avec enthousiasme que le développement du chemin de fer allait rapprocher les peuples et rendre les guerres impossibles.

    On trouve chez les libéraux de ce même siècle l'idée selon laquelle le développement des échanges commerciaux allait rendre les nations de plus en plus interdépendantes et donc rendre les guerres inutiles. Le siècle suivant a montré ce qu'il fallait penser de ce genre de prédiction.

    georges-bernanos.jpgQuant à l'homogénéisation des peuples et des cultures on voit ce qu'il faut en penser en regardant les crispations identitaires du monde musulman et la fierté retrouvée de grandes nations comme la Chine ou la Russie. Il n'y a qu'en France, pays pétri de repentance permanente, de haine de soi et de mauvaise conscience que l'on peut croire que le monde va enfin se fondre dans le brouet tiède d'une civilisation mondiale vouée à la production, à la consommation et au divertissement. Ce que l'optimiste béat de ces prophètes de l'unification du monde révèle, c'est l'aspiration à se débarrasser du tragique de l'histoire pour voir l'avènement d'une humanité réduite à une espèce animale heureuse et vautrée dans le bien-être et divertie par ses objets techniques.

    Il faudrait relire les magnifiques pages de Georges Bernanos dans « La France contre les robots » pour comprendre quelle catastrophe ce serait.  

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Un duo dynamique ?

  • Livres • Mécanique du chaos

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgFaute de temps, je ne lis que fort peu de romans contemporains. Pourtant je ne puis échapper à celui que mon ami Daniel Rondeau publie en cette rentrée littéraire. Jy suis d’autant plus enclin que Mécaniques du chaos (Grasset) nous renvoie de la façon la plus précise à notre actualité la plus brûlante. En ce sens, ce n’est pas du tout un livre d’évasion, même s’il sollicite toute notre imagination. Mais celle-ci s’emploie à donner chair, et même visage à ce que nous considérons habituellement comme des abstractions, en dépit du caractère très concret des migrations, des noyades en Méditerranée, du terrorisme de Daesh, des quartiers perdus de la République ou encore des enfants perdus du djihadisme.

    Daniel Rondeau nous invite à visiter notre propre quotidien, avec des yeux nouveaux. Nous devenons partie prenante de notre propre histoire, la fiction se substituant à l’expertise. Une fiction qui se nourrit toutefois de l’expérience accumulée de l’écrivain. Ce n’est pas pour rien que Nicolas Sarkozy l’avait envoyé comme ambassadeur de France à Malte. Il y a beaucoup appris et il y a surtout compris ce qui se tramait entre l’Afrique et la France, dans un enchaînement infernal qui semble échapper à la maîtrise des politiques.

    arton21290-283f6.jpgLe titre est significatif : Mécaniques du chaos. Le chaos serait donc irréversible ? Pourtant, il n’y a dans ce roman que des acteurs bien individualisés qui tous poursuivent leur existence singulière, sans jamais se confondre dans l’anonymat des processus aveugles. Les processus n’en sont pas moins patents. Ce sont eux qui nous entraînent à ce chaos qui nous dépasse : « Je me demande de plus en plus souvent si nous ne sommes pas en train d’assister à la fin d’un cycle en Occident et ailleurs, et à la disparition progressive mais inéluctable de cette vie chrétienne qui dure depuis deux mille ans. Nous ne serions plus alors que des boussoles sans aiguille ? Des aiguilles sans boussole ? Des pèlerins sans Christ sur des routes sans pèlerinages, sans loi ni destination ? »

    Ce pessimisme extrême est toutefois modéré dans le roman par les itinéraires de quelques-uns de ses héros qui échappent à la fatalité. Daniel Rondeau leur garde leur liberté intérieure et la chance de surpasser un destin inscrit dans la mécanique d’un chaos qu’il nous faut, en même temps, prendre terriblement au sérieux.  

    Gérard Leclerc

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

    MAGISTROAdossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique.         

    A tout un chacun

    Jacques BICHOT  Economiste, Professeur émérite à l'Université Lyon 3  Inégalités de richesse, inégalités de pouvoir Qui cotise à la sécurité sociale ? Une question de citoyenneté

    Du côté des 'élites' 

    "L'ambition dont on n'a pas les talents est un crime" Chateaubriand (Lettre à Madame Récamier)

    Philippe BILGER  Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole 

    Finkielkraut interpellé à DPDA : le silence gêné face aux idéologues de banlieue

    Il sera impossible de faire pire que Taubira

    Ivan RIOUFOL  Journaliste politique  Démission de Taubira : l'échec des utopies

    Avec l'Europe

    Charles GAVE  Economiste et financier  Enfin une bonne nouvelle : Contre coup d’État en Pologne ?

    Roland HUREAUX  Essayiste  Le bilan très contestable d'Angela Merkel

    Devant l'histoire

    Maxime TANDONNET  Haut fonctionnaire, ancien conseiller pour les affaires intérieures et l’immigration au cabinet du Président de la République  Reagan
                                                                                          
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  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : Scandale

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    A l’affiche : Scandale,  un film de Jay Roach, avec John Lithgow (Roger Ailes, le fondateur et PDG de Fox News), Nicole Kidman et Charlize Theron (Gretchen Carlson et Megyn Kelly, journalistes à Fox News).

    3107438373.2.jpgScandale, c’est une histoire de « poupées Barbie » dont le synopsis dit qu’elles ont « réussi à briser la loi du silence pour dénoncer l’inacceptable ». Il n’empêche que cet « inacceptable », elles l’avaient accepté pour assouvir leur carriérisme professionnel et c’est quand Gretchen Carlson a été congédiée, suite à une interview  anti Trump dérogeant à la ligne éditoriale de la chaîne, qu’elle a décidé de « briser la loi du silence »… Toutes blondes qu’elles sont, ces bégueules effarouchées ne sont pas des oies blanches.

    En outre quand, comme moi, on n’est pas physionomiste, elles se ressemblent toutes… d’où un long-métrage qui n’est pas évident à suivre mais néanmoins, après, précisément, Toute ressemblance… de Michel Denisot, un nouveau film d’ambiance qui donne à vomir sur le milieu délétère des médias. A vrai dire je n’en avais pas besoin pour penser ce que je pense.

     

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plus de 400 autres sur mon blog Je ciné mate.
    Pour mémoire  

     

    Titre

    Violent/scabreux

    Date

    Il aurait été très dommage de ne pas le voir

    Hors normes

    non

    10/11/2019

    Une bonne soirée

    Sol

    Non

    12/01/2020

    Un très bon film

    Noura rêve

    oui

    17/01/2020

    Un bon film

    Scandale

    Propos scabreux

    28/01/2020

    (Très) intéressant

    Un monde plus grand

    non

    28/11/2019

    A revoir en VF

    La Famille

    non

    08/10/2019

    j’aurais pu et dû ne pas le voir

    Lillian

    non

    14/01/2020

    Je m’y suis ennuyé

    Un Vrai bonhomme

    non

    23/01/2020

    Je n’ai pas aimé du tout

    Chanson douce

    oui

    10/12/2019

    S’il faut retenir un film depuis le 1er janvier

    Une vie cachée

    oui

    05/01/2020