UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • ”Maurras poète” : Jacques Trémolet de Villers sur Radio Courtoisie

    maurras,radio courtoisie,tremolet de villersVous êtes nombreux à nous l'avoir demandé : voici le lien permettant d'écouter Jacques Trémolet de Villers évoquant Maurras, poète...

    Libre Journal de Jacques Trémolet de Villers du 30 août 2012 : “Maurras, poète” :

    http://www.radiocourtoisie.fr/5441/libre-journal-de-jacques-tremolet-de-villers-du-30-aout-2012-maurras-poete/

     

  • Hommage opportun de Jacques Bainville à Charles Maurras

     

    XVM6ccf6ac0-0414-11e8-b81b-18ee966ba3e1.jpgTimon de Phlionte disait de son maître Pyrrhon : « Je l'ai vu simple et sans morgue, affranchi de ces inquiétudes avouées ou secrètes dont la multitude des hommes se laisse accabler en tout lieu par l'opinion et par les lois instituées au hasard.»

    Tel nous voyons chaque jour Charles Maurras et ceux qui auront eu le privilège d'être de ses amis auront connu son coeur intrépide.

    Ils auront connu encore la lumière de son esprit. Comme Cicéron le disait de Carnéade : « Jamais il ne soutint une thèse sans la faire triompher. Jamais il n'attaqua une doctrine sans la détruire. » Ainsi Maurras aura paru pour enseigner son siècle. Ainsi de ses flèches rapides, il aura percé les « nuées ».

    Dur aux erreurs, ce dialecticien invincible est indulgent aux hommes. A tous, son génie prête quelque chose de ses richesses. Leibniz ne méprisait presque rien. Maurras ne méprise personne. Le plus humble s'en va, comme le plus orgueilleux, pénétré de son intelligence et de sa bonté, parce qu'il sait, chez tous, faire jaillir l'étincelle divine. Et par là, il est encore un très grand poète. 

    Quand j'aurai ajouté que nul moins que lui ne tient aux honneurs et aux biens de ce monde et qu'il ne place rien au-dessus des idées, on saura que nous avons parmi nous un sage de la Grèce.  

    J'ai lu beaucoup d'études sur Maurras. Aucune ne m'a satisfait complètement. J'indiquerai seulement aux chercheurs qu'ils n'entendront sa pensée, qu'ils ne la cerneront et ne la pénétreront que s'ils remontent jusqu'à Dante.

    Je ris beaucoup quand je vois traiter Maurras comme un monsieur ordinaire... On est prié de ne pas s'adresser au concierge mais à l'altissime

    Qu'on se rappelle aussi que le désintéressement de Maurras est absolu. C'est une de ses forces. Il ne recherche pas l'argent, pas même la gloire littéraire. Il aurait pu s'assurer une existence tranquille et agréable, et il ne craint pas de s'exposer à la prison. Quand on est un gouvernement, il est incommode d'avoir un homme pareil contre soi. Maurras ne vit que pour ses idées et on n'a aucune prise sur lui; Henri Vaugeois appelait Mauras le noûs, l'esprit pur. C'est sa définition la plus vraie.  

     

    Préface de l'ouvrage collectif Charles Maurras : Études, portraits, documents, biographies. Editions de la revue Le Capitole, Paris, 1925

  • Eric Naulleau : Disparu... Maurras des commémorations. Comme jadis les bannis sur les photos soviétiques

     

    Eric Naulleau‏Compte certifié @EricNaulleau 29 janv.

    Disparus les pamphlets de Céline du catalogue Gallimard, Maurras des commémorations, Kevin Spacey de son dernier film et qui sait le prochain Woody Allen du studio Amazon. Comme jadis les bannis sur les photos soviétiques, comme si escamoter l'objet du débat mettait fin au débat.  

  • ”Je suis romain, je suis humain” - un extrait de Charles Maurras.

    https://soundcloud.com/user-245860045/je-suis-romain-je-suis-humain-un-extrait-de-charles-maurras

  • Ordre, force et raison, les bases de tout progrès véritable (Charles Maurras).


    Dans cette vidéo, nous nous pencherons sur un des premiers textes politiques de Maurras, "Trois idées politiques". A partir des trois figures de Chateaubriand, de Michelet et de Sainte-Beuve, Maurras renvoie ici dos à dos le sentimentalisme passéiste de la droite et le sentimentalisme progressiste de la gauche pour proposer le dépassement de cette opposition :
    une conception rationnelle et ordonnée du progrès, en accord avec l'idée de tradition.
     
    Pour me suivre sur les réseaux sociaux :
    - Mon canal Telegram : https://t.me/EgononOfficiel
    - Mon compte Twitter : https://twitter.com/egonon3
    - Mon compte Instagram : https://www.instagram.com/ego.non
     
    Musiques utilisées dans la vidéo :
    - Jean-Philippe Rameau, «Les Indes Galantes», Forêts paisibles (Les sauvages)
    - Schubert, Der Tod und das Mädchen, II. Andante con moto
    - Johann Strauss, Le beau Danube bleu
    - Vivaldi, l'Hiver
  • Lire Jacques Bainville... (IV) : Portrait de Charles Maurras

    (Préface de l'ouvrage collectif Charles Maurras : Études, portraits, documents, biographies. Éditions de la revue Le Capitole, Paris, 1925)

     

    "...J'ai lu beaucoup d'études sur Maurras. Aucune ne m'a satisfait complètement. J'indiquerai seulement aux chercheurs qu'ils n'entendront sa pensée, qu'ils ne la cerneront et ne la pénètreront que s'ils remontent jusqu'à Dante.

    Je ris beaucoup quand je vois traiter Maurras comme un monsieur ordinaire... On est prié de ne pas s'adresser au concierge mais à l'altissime

    Qu'on se rappelle aussi que le désintéressement de Maurras est absolu. C'est une de ses forces. Il ne recherche pas l'argent, pas même la gloire littéraire. Il aurait pu s'assurer une existence tranquille et agréable, et il ne craint pas de s'exposer à la prison. Quand on est un gouvernement, il est incommode d'avoir un homme pareil contre soi. Maurras ne vit que pour ses idées et on n'a aucune prise sur lui; Henri Vaugeois appelait Mauras le noûs, l'esprit pur. C'est sa définition la plus vraie."

    maurras,vaugeois,dante

      "Henri Vaugeois appelait Mauras le noûs, l'esprit pur. C'est sa définition la plus vraie."

  • Pour l'inscription de la maison de Maurras au réseau des ”Maisons des Illustres”...

    MAURRAS 9.jpg

    En 2012, une très belle journée d'hommage à Charles Maurras eut lieu - pour le 60ème anniversaire de sa mort - dans le jardin de sa maison du Chemin de paradis. J'en avais évidemment rendu compte dans nos colonnes, et un journaliste du Dauphiné Libéré, Georges Bourquart, qui avait lu mon compte-rendu, me demanda si je pouvais lui faire visiter l'endroit; une semaine après, nous passâmes donc l'après-midi avec lui, chez Maurras, et je répondis à toutes ses questions sur notre maître que, manifestement, il ne connaissait pas du tout; pire encore, qu'il ne connaissait qu'à travers l'accumulation de mensonges de la "vérité officielle" !

    Finalement, il me demanda : mais que souhaitez-vous, vous, les royalistes, pour cette maison ? Je lui répondis tout simplement que le mieux serait de l'intégrer au réseau des "Maisons des Illustres" (qui regroupe actuellement 212 demeures d'écrivains ou personnalités d'exception).

    J'ai redit la même chose, le 9 février dernier, a Franz Olivier Giesbert, lorsque je lui ai montré l'endroit du jardin où était le coeur de Maurras (son corps étant à Roquevaire, avec les membres de sa famille), Giesbert ne connaît pas plus Maurras que Bourquart (il connaît bien Bainville, par contre, qu'il aime beaucoup).

    Mais l'un comme l'autre ont été sensible à l'idée...

    François Davin

  • Pour faire connaître, comprendre, et - si possible - aimer et suivre Charles Maurras...

    MAURRAS hommage.jpg

    ...lafautearousseau vous propose chaque jour quatre notes :

    1. Son feuilleton (disponible aussi en Album) :

    Vous ne connaissez pas Charles Maurras ? Ou, vous aimeriez mieux le connaître ? Ce Feuilleton/Album est fait pour vous...

    2. La réfutation (en deux parties) de la tartuferie scandaleuse qui, de fait, interdit Charles Maurras de présence dans le débat public :

    (1/2) Ce qu'on ne pardonne pas à Maurras. Ou : Tartufferie d'un reproche...

    (2/2) Maurras est ostracisé, "interdit" par le Système, pour cause d'antisémitisme. Bon, mais tous ceux-ci, qui ont écrit des propos très durs sur les Juifs, ne le sont pas : pourquoi ?

    3. Notre protestation quotidienne contre l'état d'abandon dans lequel la très riche Mairie de Martigues laisse la Bastide du Chemin de Paradis :

    MARTIGUES/MAISON MAURRAS : NON ASSISTANCE À MONUMENT EN DANGER !

    (Cette note propose les liens renvoyant vers tous les articles écrits sur Maurras depuis le 19 septembre 2019, à l'occasion des Journées du Patrimoine, date à partir de laquelle nous avons "lancé" cette protestation quotidienne...)

    MAURRAS MAISON 2.jpg

  • Un point d'histoire : le Sandjak d'Alexandrette

    Alexandrette, de nos jours

    Par Antoine de Lacoste 

    carte_syrie.jpg

    Si l'on regarde attentivement une carte de la Syrie, on s'aperçoit que dans sa partie Nord-Ouest sa frontière avec la Turquie subit un brusque décroché vers le sud. Cela ampute donc une partie non négligeable du territoire syrien au profit de la Turquie.

    Cette enclave turque a une histoire et un nom : le Sandjak d'Alexandrette.

    Il faut remonter au mandat français pour comprendre ce qui s'est passé. Au lendemain de la première guerre mondiale, les alliés confient à la France un mandat pour administrer et développer les territoires de la Syrie et du Liban afin de les amener progressivement à l'indépendance. Les accords Sykes-Picot de 1916 avaient déjà réglé la question de la frontière avec l'Irak dont l'administration est confiée aux Anglais. L'Etat islamique abolira d'ailleurs symboliquement cette frontière en 2015 pour montrer que le califat a une vocation universelle.

    Pour exercer ce mandat, la France nomme en 1920 le général Gouraud Haut Commissaire au Levant (nom englobant la Syrie et le Liban). Le Général Weygand lui succédera en 1923.  Pour composer avec tous, ils vont successivement morceler ce territoire en 6 parties : le Liban (dont il proclame l'indépendance symbolique mais qui ne le sera vraiment qu'en 1943), l'Etat de Damas, l'Etat d'Alep, le Territoire autonome des Alaouites (d'où est issue la famille Assad), le Djebel Druze et le Sandjak d'Alexandrette.

    Le Général Weygand justifiera cette décision dans ses mémoires :"Pourquoi pas un seul Etat dans lequel on eût réservé au Liban un statut ? C'est que les Libanais refusèrent catégoriquement le maintien d'une servitude dont ils avaient souffert dans le passé; que le pays d'Alep, habitué par les débouchés de son commerce à regarder vers le nord ne tenait pas à lier son sort à celui de Damas; qu'enfin les Alaouites exprimèrent sans détour leur volonté de jouir de l'autonomie sous la protection de la France. Il apparut alors plus avantageux de reconnaître ces autonomies."

    Le Sandjak d'Alexandrette relève d'une autre logique, nettement plus discutable : il faut négocier avec les Turcs après qu'ils nous aient repoussés de Cilicie sous l'impulsion de Mustapha Kémal dont l'armée se rapproche alors dangereusement d'Alep. Or une importante minorité turque vit dans ce sandjak (mot qui signifie subdivision administrative) où elle cohabite avec des turqmènes, des arabes sunnites, des alaouites et des chrétiens dont beaucoup d'Arméniens qui ont fui les persécution turques et se sont mis sous la protection de la France.

    La capitale en est Alexandrette (fondée par Alexandre le grand), port important à l'époque, et la ville emblématique Antioche, plusieurs fois détruites au cours de son histoire mais dont le passé romain et chrétien est unique (Saint Luc était originaire d'Antioche). Elle s'appelle aujourd'hui Antakya.

    Mustapha Kémal va tomber amoureux de cette région verte et vallonnée baignée par l'Oronte et veut l'annexer à la Turquie. Pendant des années il va organiser l'implantation de milliers de turcs afin de les rendre majoritaires.

    En 1936, Ankara devient plus pressante. En effet, le nouveau gouvernement français du Front Populaire signe un traité avec la Syrie organisant la marche vers l'indépendance. Paris cède en outre sur deux points essentiels pour les Syriens : les territoires druzes et alaouites feront partie de la future Syrie.

    Les Turcs sont inquiets de l'apparition programmé de ce nouvel Etat et saisissent l'occasion pour exiger une concession sur le Sandjak d'Alexandrette. La France cède, en échange de la neutralité de la Turquie en cas de guerre avec l'Allemagne. Un accord est signé en 1938 et les troupes turques pénètrent aussitôt dans le sandjak. Un referendum est organisé, des milliers de nouveaux électeurs turcs s'installent (de force pour beaucoup d'ailleurs) et le sandjak est officiellement rattaché à la Turquie.

    Pour les Arméniens, un nouvel exode commence et la plupart s'installent au Liban. Les Arabes sunnites s'en vont également pour rejoindre Alep notamment. Seuls restent les Alaouites, car la plupart sont ouvriers agricoles et sont indispensables aux nouveaux dirigeants turcs qui ne les laisseront pas partir.

    C'est ainsi qu'Antioche est devenue turque et ce n'est pas à l'honneur de la France. Pour la Syrie c'est une spoliation qui n'a jamais été acceptée. 

    la Syrie sous le mandat français.jpg

    La Syrie sous le mandat français

  • Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [3]

    L'extension de l'empire Ottoman - Historique 

     

    Publié le 26.06.2009 - Actualisé (extraits) le 2.09.2017

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgIl s’agit ici - l'actualité nous y invite - de réfléchir, avec un certain recul et de façon, bien-sûr, non exhaustive, sur ce que sont, au fond, les rapports entre l'Islam et l'Europe (la Chrétienté, l'Occident) depuis treize siècles. Nous y avons déjà consacré deux articles [Voir liens ci-dessous]. Celui-ci est le troisième et avant-dernier.

     

    Voyons maintenant la deuxième invasion militaire d'une partie de l'Europe par l'Islam. Il ne s'agit plus là de Berbères d'Afrique du Nord, mais de Turcs, venus d'Asie centrale ; et l'attaque n'est plus par le sud-ouest, mais par le sud-est. 

    509283401.JPGDès 1353, la dynastie turque des Ottomans, fondée par Osman 1er, prit pied en Europe : c'est en effet cette année-là que, follement appelé à l'aide par l'usurpateur Jean Cantacuzène, et jouant pleinement des dissensions suicidaires des chrétiens de l'Empire byzantin, le successeur d'Osman fonda à Gallipoli le premier établissement turc en Europe. [Drapeau de la dynastie Ottomane (ci-contre) et de la flotte turque (ci-dessous)] 

    1153129601.JPGAvec Mourad 1er commença la conquête des Balkans, dès 1360. Maître d'Andrinople et de la Thrace, les Ottomans mirent en déroute sur la Maritsa la croisade de Louis 1er de Hongrie, en 1363, puis entreprirent la conquête de la Serbie. La victoire turque de Kosovo (juin 1389) fit passer les Serbes, après les Bulgares, sous le joug Ottoman. Ensuite eut lieu la conquête de la Thessalie, et les premières entreprises devant Constantinople elle-même. Un temps freiné dans leur expansion par l'arrivée sur leurs arrières de Tamerlan et de ses mongols, les Ottomans reprirent leur marche en avant, après le départ de Tamerlan, et conquirent Thessalonique en 1430. De l'Empire Romain d'Orient, il ne restait plus que Constantinople et sa banlieue : Mehmet II s'en empara en 1453, malgré l'héroïque résistance des défenseurs de la ville.    

    1399180821.jpgEcoutons Michel Mourre : » Jusque vers 1700, les Turcs devaient rester un danger permanent pour l'Europe chrétienne. Sous Mehmet II, ils poursuivirent leur avance dans toutes les directions. Vers l'Ouest, en s'emparant de la Bosnie (1463) et de l’Albanie, où Skanderbeg leur avait opposé une longue résistance ; du côté de la mer Noire, en enlevant la Crimée aux Génois (1475) ; du côté de l'Arménie, en liquidant l’Etat grec de Trébizonde (1461). L'une après l'autre, les places génoises et vénitiennes de la mer Egée et de la Morée [Péloponnèse], passaient aux mains des Ottomans, qui commençaient à mener la guerre à la fois sur mer et sur terre et s'installaient même à Otrante, en Italie du Sud (1480) ...»

    L'empire turc atteignit son apogée sous Soliman II le Magnifique, qui s'empara de Belgrade (1521), de Rhodes (1522) et fit passer presque toute la Hongrie sous son protectorat après la victoire de Mohacs (1526) et assiégea Vienne, pour la première fois, en 1529. » Au milieu du XVI° siècle -dit encore Michel Mourre- la Turquie était devenue la première puissance de l'Europe et de la Méditerranée» . Elle contrôlait, en Europe, toute la péninsule balkanique et la Grèce, les provinces danubiennes, la Transylvanie, la Hongrie orientale. 

    Ce n'est qu'à partir de 1571 - avec la victoire de Lépante (ci-dessous) - que l'on assiste au premier véritable coup d'arrêt donné au déferlement de cette puissance ottomane, qui semblait jusque-là irrésistible. A cette occasion, une coalition formée par le pape, et regroupant l'Espagne, Venise et les Chevaliers de Malte, sous le commandement de Don Juan d'Autriche, détruisit la flotte ottomane, qui ne se releva jamais de ce désastre. 1571 marque donc, d'une certaine façon, le réveil européen, et si cette victoire resta sans lendemain, et ne fut pas exploitée militairement, son retentissement moral fut considérable : elle «  rendit courage à l'Europe chrétienne»  (Michel Mourre). Et pourtant, pendant plus d'un siècle encore, les Turcs restèrent menaçants : ils enlevèrent encore la Crète et la Podolie (sud-ouest de l'Ukraine) et menacèrent Vienne jusqu'en 1683, date à laquelle ils furent contraints d'en lever le siège : la ville ne fut en effet définitivement libérée du danger musulman que cette année-là, grâce aux troupes polono-allemandes commandées par Jean Sobiewski.   

    A partir de là commença la lente reconquête par les européens de la partie de leur Europe envahie par les musulmans. Exactement comme l'avaient fait les espagnols près de mille ans auparavant. En septembre 1686, Buda est libérée, et la paix de Karlowitz restitua à l'Autriche, la Hongrie (sauf le Banat) et la Transylvanie ; à la Pologne, la Podolie ; à Venise, la Morée et la Dalmatie. Le Traité de Passarowitz (1718) restitua à l'Autriche le nord de la Bosnie et de la Serbie (avec Belgrade) ainsi que la Valachie occidentale [sud de la Roumanie].  (A suivre)  • 

    49770156.jpg

     7 octobre 1571, Lépante (http://www.publius-historicus.com/lepante.html)

    213 galères espagnoles et vénitiennes et quelques 300 vaisseaux turcs. Cent mille hommes combattent dans chaque camp. Les chrétiens remportent une victoire complète. Presque toutes les galères ennemies sont prises. L'amiral turc est fait prisonnier et décapité et 15.000 captifs chrétiens sont libérés. 

    Lire les 2 premiers articles de cette suite ...

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [1]

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [2]

  • Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [2]

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgOn sait que, sous diverses formes et une plus ou moins grande extension, la domination de l’Islam sur l’Espagne a duré presque huit siècles. Jusqu’à ce que la prise de Grenade, en 1492, achève la Reconquista. 

    Publié le 12.06.2009 - Actualisé (extraits) le 27.08.2017

    El rey.jpgL'expulsion des Morisques d'Espagne

    Cet article évoque un exemple historique : l'expulsion des Morisques d'Espagne, qui fut promulguée par Philippe III d'Espagne, le 22 septembre 1609. Plus d’un siècle après la chute de Grenade.

    Et l'on verra que, sur deux points tout à fait majeurs, parler de l'Espagne de 1609 revient, sous plusieurs aspects, à parler de la France d’aujourd'hui, tant sont grandes, au point d'en être surprenantes, les ressemblances entre les deux situations*. 

    Les Morisques d'Espagne étaient ces descendants des populations d'origine musulmane converties au Christianisme par le décret des Rois catholiques du 14 février 1502. Parmi eux, il y avait des Arabes, des Berbères, mais également une grande majorité d'Espagnols qui s'étaient convertis depuis des siècles à l'Islam.

    Plus d'un siècle après leur conversion forcée au Christianisme, et bien que devenus, à force de métissage, physiquement indiscernables des « vieux chrétiens », une grande partie des Morisques se maintenait comme un groupe social cloisonné du reste de la société espagnole en dépit de la perte de l'usage de la langue arabe au bénéfice du castillan et de sa connaissance très pauvre des rites de l'Islam, religion que beaucoup continuaient toutefois à pratiquer en secret.   

    femme morisque de Grenade 3.jpgEn 1568-1571 eut lieu la Rébellion des Alpujarras, menée par les Morisques de Grenade (le dernier territoire à avoir été reconquis par les Espagnols, en 1492, ce qui mit un terme aux presque huit siècles de Reconquista). L'opinion selon laquelle cette minorité religieuse constituait un véritable problème de sécurité nationale gagna alors, régulièrement, du terrain. [Illustration : femme morisque de Grenade]. Les morisques étaient couramment soupçonnés de complicité avec les Turcs, les pirates barbaresques qui pillaient périodiquement le littoral espagnol, ou même avec les Français. Mais surtout l'année 1604 marqua le début d'une récession économique dans la péninsule, conséquence d'une première baisse dans l'arrivée des ressources du Nouveau Monde. La dégradation des conditions de vie des Chrétiens les mena à considérer avec défiance celles des Morisques.

    C’est là un premier élément de ressemblance frappant entre les deux époques et les deux pays : la crise économique .

    La répartition des Morisques à l'intérieur de l'Espagne était assez irrégulière : si leur présence était négligeable en Castille et dans tout le nord/nord-ouest, ainsi qu'en Catalogne, ils représentaient environ le cinquième de la population de l'Aragon, le tiers de la population du royaume de Valence, et plus de 55% dans le royaume de Grenade. Selon les estimations, leur nombre pouvait s'élever - au minimum - à environ 325 000 membres et - au maximum - jusqu'à un million, sur un total d'approximativement 8,5 millions d'habitants. Mais il faut noter que leur taux de croissance démographique était nettement supérieur à celui des Chrétiens.

    Mais voici le deuxième élément de ressemblance frappante entre l'Espagne de 1609 et la France de 2017 : contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'expulsion des Morisques ne faisait pas du tout l'unanimité dans l'opinion publique de l'époque. En clair, il y avait des partisans (et nombreux, et farouches) de la présence de ces populations en Espagne. Et pour quelle(s) raison(s) ? Tout simplement parce que - pour ne parler que d'elles - les noblesses aragonaises et valenciennes profitaient de cet état de fait, particulièrement en termes de main-d'œuvre sur leurs terres. La classe paysanne, cependant, voyait les morisques d'un mauvais œil et les considérait comme des rivaux. Ne retrouve-t-on pas là nos patrons véreux d'aujourd'hui, qui ont fait le choix de compromettre l'avenir économique du pays, dans le but d'augmenter leurs profits immédiats, grâce à une main d'œuvre bon marché (ce que nous traduisons par chair à profit…), plutôt que d'investir dans la Recherche et préparer l'avenir par les investissements ?... Et, parallèlement, le petit peuple qui voit d'un mauvais œil ces concurrents sur un marché du travail qui se rétrécit ? (Voir les récentes manifestations ouvrières en Angleterre pour le travail anglais aux anglais...) 

    Jusqu'en 1608 la politique menée envers les Morisques avait été celle de la conversion, bien qu'il y ait eu quelques tentatives de politiques plus radicales de la part de Charles Ier (c'est-à-dire Charles Quint, le même roi étant Charles Premier d'Espagne et Charles V, empereur d'Allemagne) et de son fils Philippe II, respectivement en 1526 et 1582. Ce n'est cependant qu'à partir de 1608 que le Conseil d'État commença à envisager sérieusement le choix de l'expulsion, pour la recommander au souverain l'année suivante.

    Le déroulement de l'expulsion dans l'ensemble des royaumes espagnols se prolongea jusqu'en 1614. Le nombre de personnes ainsi concernées varie, comme nous l'avons vu plus haut, entre 300 000 (fourchette basse) et 1.000.000 (fourchette haute).          

    Valence.jpgIl fut décidé de commencer par Valence (ci-contre), la zone la plus concernée par la mesure. Les préparatifs furent menés dans le plus grand secret. À partir du mois de septembre des régiments d'infanterie, les tercios, venus d'Italie prirent position dans le nord et le sud du royaume de Valence et le 22 du même mois le vice-roi ordonna la publication du décret. (Ceux gravure d'époque de Vicente Carducho, Musée du Prado..jpgdont parlera Hugo : « la redoutable infanterie espagnole » - Ci-contre, gravure d'époque de Vicente Carducho, Musée du Prado. On y voit bien la présence des troupes, à droite..

    L'aristocratie valencienne se réunit avec des représentants du gouvernement pour protester contre l'expulsion qui supposait une diminution significative de ses revenus, mais l'opposition faiblit avec la promesse de récupérer une part des propriétés terriennes des Morisques. On permit à ces derniers de prendre tout ce qu'ils pouvaient emporter, mais leurs maisons et terrains furent octroyés à leurs seigneurs, sous peine de mort en cas d'incendie ou de destruction avant le transfert des biens.         

    À partir du 30 septembre, ils furent menés aux différents ports du royaume, où on les obligea même à payer le trajet. Les premiers Morisques furent transportés vers Oran et les ports de l'Oranie, où ils furent quelquefois fort mal reçus et parfois même attaqués par les autochtones. Ceci causa de grandes craintes parmi la population morisque n'ayant pas encore été déportée, et le 20 octobre se produisit un soulèvement contre l'expulsion. Les rebelles furent vaincus en novembre et l'expulsion des Morisques valenciens fut menée à terme.

    Au début de 1610 eut lieu l'expulsion des Morisques aragonais, suivie en septembre par celle des catalans....

    On remarquera que nous nous bornons, ici, à rappeler un fait historique, et que notre but n'est pas de porter un jugement de valeur. Nous nous contentons de constater, à travers cet exemple, que si et quand un gouvernement, un Etat, un pays, décide, pour telle ou telle raison, d'expulser, il peut le faire, et que cela s'est vu dans l'histoire.... C'est une question de volonté politique. (A suivre)    •   

    * Cette comparaison presque absolue que l’on peut faire, sur deux points essentiels, entre la situation de l’Espagne d’alors et celle de la France d’aujourd’hui peut d'ailleurs s'étendre aussi, plus généralement, à l’Europe ; et, plus généralement encore, à l’ensemble du monde blanc...    

     

    Pere Oromig, Embarquement des Morisques au Grao de Valence.jpg

    Pere Oromig, Embarquement des Morisques au Grao de Valence

    Lire aussi ...

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [1]

  • Religion & Histoire • Camille Pascal et le roman vrai des racines chrétiennes de la France

    Le Collège des Bernardins, une merveille architecturale du 13e siècle au cœur du Quartier latin 

     

    Par Jean Sévillia 

    Une fort Intéressante recension reprise du Figaro magazine du 11 novembre, à propos d'un auteur attaché à ce que fut l'identité heureuse de la France.  LFAR

     

    2542409545.jpgLe premier choc de ce livre vient de son titre, Ainsi, Dieu choisit la France, autant que de son sous-titre qui se détache sur un bandeau rouge : La véritable histoire de la fille aînée de l'Eglise. Dieu, la France, la fille aînée de l'Eglise, voilà des mots rarement associés au sein des cercles dirigeants auxquels appartient l'auteur. Conseiller d'Etat depuis 2012, Camille Pascal a été collaborateur de plusieurs ministres, directeur de cabinet de Dominique Baudis au CSA, secrétaire général du groupe France Télévisions et enfin, de 2011 à 2012, conseiller du président de la République, Nicolas Sarkozy, pour qui il a préparé maints discours : une tranche de vie qu'il a racontée dans Scènes de la vie quotidienne à l'Elysée (Pion, 2012).

    D'où vient-il, ce fameux titre ? D'une lettre écrite par le pape Grégoire IX, en 1239, au roi Saint Louis : « Ainsi, Dieu choisit la France de préférence à toutes les autres nations de la terre pour la protection de la foi catholique et pour la défense de la liberté religieuse. Pour ce motif le royaume de France est le royaume de Dieu ; les ennemis de la France sont les ennemis du Christ. » On savait Camille Pascal catholique, mais on ne s'attendait pas à lire sous sa plume une évocation des grandes heures de la France chrétienne, et surtout pas dans le ton du catholicisme d'autrefois. Il s'en explique dans une savoureuse introduction dans laquelle il rappelle que, naguère, même l'école de la République donnait leur place aux figures de la France catholique en les laïcisant (en louant par exemple saint Vincent de Paul, le défenseur des pauvres, sans insister sur ce que son oeuvre devait à sa foi). Camille Pascal assure encore que la vocation universaliste du pays des droits de l'homme était la version profane de « la mission divine de la France ». Or de nos jours, déplore-t-il, il est devenu « presque inconvenant » de convoquer dans un cadre scolaire le souvenir de Clovis, des Croisades ou de Jeanne d'Arc. Aussi souhaite-t-il non seulement faire redécouvrir un passé qui n'est plus transmis, mais encore, lui, l'agrégé d'histoire qui a enseigné à la Sorbonne et à l'EHESS, réagir contre les milieux universitaires qu'il a côtoyés. « C'est en réaction à un demi-siècle de domination structuraliste, précise l'auteur, à ce qui m'a été enseigné pendant des années dans des sommes assommantes, lues comme autant de bibles sur les bancs de la Sorbonne, que j'ai voulu écrire ce livre. » Dans cet ouvrage, Camille Pascal, doublement provocateur, recourt en effet au récit à l'ancienne, ne méprisant pas ce qu'il nomme « les joies simples des livres d'images et de l'histoire subjective » et, exaltant les héros et les saints, s'inscrit sans complexe dans la tradition désormais vilipendée du roman national.

    Voici donc, dans un récit haut en couleur, le baptême de Clovis, le couronnement de Charlemagne, le rachat de la couronne d'épines par Saint Louis, l'affrontement entre Philippe le Bel et le pape Boniface VIII, la chevauchée victorieuse de la Pucelle d'Orléans, le fossé de sang entre catholiques et huguenots creusé par la nuit de la Saint-Barthélemy, le voeu de Louis XIII, le Concordat entre Pie VII et Bonaparte, la bataille de la loi de séparation des Eglises et l'Etat. Dans chacun de ces chapitres, menés avec brio, s'écrit une page de la longue relation de la France avec le christianisme.

    7771386819_camille-pascal-ici-a-paris-le-15-octobre-2012-a-ete-mis-en-examen-pour-favoritisme-dans-le-cadre-d-une-enquete-sur-france-tel.jpg« Ce livre est là, souligne Camille Pascal, pour rappeler que la foi en Dieu a été, pendant près de quinze siècles, le vrai moteur et la seule justification de ceux qui gouvernaient en France. » L'auteur l'analyse comme une donnée historique devant être acceptée par les non-croyants. Son ouvrage est-il pour autant un pur livre d'histoire ? Pas complètement en ce sens qu'il se joue çà et là des preuves et des sources afin de conforter la cohérence de son propos. A vrai dire, sans l'avouer, ce livre est aussi un livre d'actualité. En scrutant notre passé chrétien, en s'interrogeant sur le « destin particulier de la France », Camille Pascal, qui rappelle qu'après la Grande Guerre, « la République reste laïque, la France catholique », pose la question de savoir si l'homme peut se passer de transcendance, et si une société peut tenir ensemble sans une foi commune qui la dépasse. Au sens noble du terme, c'est une question éminemment politique. 

    51jzA8VQMDL.jpg

    Ainsi, Dieu choisit la France, de Camille Pascal, Presses de la Renaissance, 350 p., 18 €. « Ce livre est aussi un livre d'actualité. »

  • Histoire du Pétrole, l'or noir, par Champsaur (I/III).

    Un peu d’histoire …

    Une histoire du pétrole couvre aisément 1.000 pages. C’est le cas de l’ouvrage d’un chercheur américain, Daniel Yergin avec son « The Prize, The epic quest for oil, money and power, 1991». Tenter d’en extraire les évènements cruciaux conduit à des choix forcément subjectifs. Si la liste est très loin d’être exhaustive, au moins les épisodes rapportés furent ils déterminants dans cette aventure de l’Humanité qui dure encore et dont la fin est loin d’être atteinte malgré certaines prévisions apocalyptiques très mal documentées. 

     

    L’huile de pierre dans les religions

    Pendant très longtemps les hommes n’ont pas soupçonné l’existence de gisements profonds de produits pétroliers. La seule connaissance de cette substance mystérieuse parvint par les affleurements. Pourquoi engendre-t-elle le feu ? Il faut remarquer que le culte du feu fut d’une grande importance dans ce Moyen-Orient où les réserves enterrées sont les plus riches du monde. Il revient aux Perses d’en avoir fait l’objet suprême d’un culte. Sur la rive occidentale de la Caspienne le gisement de pétrole qui traverse la région jusqu’au littoral opposé est ici à fleur de terre. Il suffit d’une étincelle pour l’enflammer. Il flambe depuis le déluge disent les fidèles, et ne s’éteindra qu’à la fin du monde. C’est là que Zoroastre, huit siècles avant notre ère a instauré le culte mazdéen. Le feu naturel de la terre devient feu surnaturel pour les hommes. A travers la Perse les siècles passent sans que s’éteignent les feux sacrés. 

    petrole,or noir

    Azerbaïdjan, Lokbatan (ci-dessus), et Yanargad (ci-dessous) : avec les grandes réserves de gaz et pétrole dans le sous-sol de l’Azerbaïdjan et de la mer Caspienne, et les émanations gazeuses qui en résultent, des "flammes perpétuelles" habillent les collines environnant Bakou... 

    petrole,or noir 

    L’Ancien Testament aussi a pour cadre une terre à relents de pétrole, une terre à bitume. Si la Bible ignore presque constamment le pétrole, on le décèle à l’arrière-plan. Noé doit enduire son arche de bitume. Des noms différents, bitume, asphalte, bitume de Judée. Et le buisson ardent. Comme on ne comprend pas l’origine du feu, il est miraculeux. Le pétrole est présent dans le deuxième livre des Maccabées «  … Néhémie appela ce liquide nephtar, ce qu’on interprète par purification, mais la plupart le nomment nephtaï … ». Le naphte entre en scène.

    Où rencontre-t-on ce pétrole ? Les hommes de l’Antiquité ne peuvent pas savoir qu’il se cache dans les profondeurs de la terre. Il n’est donc décelé que par hasard. Autour du Tigre et de l’Euphrate, en Perse et au pied du Caucase, où il affleure et il brûle, aux Indes, en Birmanie, en Chine, Mais ni les Grecs ni les Romains ne sont très avancés dans leur connaissance de l’huile mystérieuse.

    Son utilisation relève de l’empirisme, dans les balbutiements de la médecine, proche de la magie, embaumement des morts, comme arme (flèches enflammées) et l’apparition du feu grégeois devant Constantinople contre les musulmans qui font le siège de la ville en 673.

    On observe que les gisements connus durant les dix-huit premiers siècles de l’ère chrétienne sont pour la plupart ceux qui étaient déjà repérés durant les millénaires précédents. Et l’on aborde le XIX ème siècle sans découverte majeure, dans aucun domaine.

    L’humanité en est toujours aux nappes de surface. Mais vers 1770 du pétrole est tiré de puits dans la région de Parme. On en trouve aussi en Languedoc, diocèse de Béziers, vers 1700. Ainsi qu’une source de bitume vers Clermont en Auvergne.

    En Alsace le pétrole est repéré depuis plus longtemps, vers 1625. L’huile de Pechelbronn purge, nettoie les plaies, guérit de la surdité. On découvre qu’elle peut bruler dans les lampes. A partir de1755  Pechelbronn fait l’objet d’une industrie régulière avec des puits de 5 à 30 mètres de profondeur (lettres patentes du roi Louis XV).  

    petrole,or noir

    Le "feu grégeois" (du latin graecus, grec) était un peu l'ancêtre du napalm moderne.

    La formule en est attribuée au « chimiste » Callinicus, qui l'aurait élaborée vers 670. Ce mélange particulièrement inflammable de naphte, salpêtre, soufre et bitume brulait même au contact de l’eau. Les Grecs l’appelaient feu « liquide » ou « maritime »; il produisait une fumée épaisse et une explosion bruyante qui ne manquait pas d’effrayer les Barbares...

     

     

    Le temps des lampes à pétrole.

    La transformation de l’éclairage des huiles végétales vers les huiles minérales fut assez lente. Mais constitue la première étape importante, qui va enclencher un vrai besoin de consommation. Il est peu connu que les historiens situent l’utilisation systématique du pétrole dans les lampes, après distillation, en Roumanie et en Allemagne du Nord. Raffiné en Moldavie et distribué à Bucarest, et aussi des découvertes de grandes nappes autour de Hanovre à la fin du XVIIIème siècle. Vers 1850 les Polonais améliorent la distillation (éclairage complet de l’hôpital de Cracovie). La France n’est pas en reste. À Autun le bassin est riche de schistes bitumineux imprégnés d’hydrocarbures. En 1836 le pharmacien Alexandre Legros fait une première distillation et condense … du gaz de schiste. Il présente sa technique à l’Exposition de 1855, et les fûts d’huile de schistes quittent le pays morvandiau vers les cités de France, et jusqu’en Amérique. Gloire éphémère car les huiles exotiques vont rapidement remplacer les fours d’Autun. Dans le même temps en Écosse on chauffe une houille, mauvais combustible, pour en extraire un liquide voisin de l’huile de schistes. La jeune industrie de cette huile lampante gagne l’Angleterre, et elle est bientôt achetée en grande quantité par les Américains. Avant de se lancer eux-mêmes dans la distillation de leurs schistes locaux. Un jeune canadien Abraham Gesner repère au Nouveau-Brunswick, une espèce d’asphalte d’où il extrait une huile combustible propre à remplacer les huiles végétales et l’huile de baleine. Il la baptise kerosen, de la racine grecque keros qui désigne la cire.

     

    Et l’Amérique entre en scène

    À l’ouest de la Pennsylvanie, non loin du lac Erié, autour de Titusville, on cherche du sel dont les paysans de l’endroit ont bien besoin pour leur bétail et leurs conserves. En grattant le sol on trouve une eau salée, d’où l’on tire les précieux cristaux blancs, mais au fond des puits l’eau est polluée par une substance graisseuse de couleur noire. D’abord rejeté dans les cours d’eau, ce pétrole sera utilisé pour ses vertus médicinales (rhumatisme, toux, rhume, asthme, toutes les fièvres …etc). Il ne faut pas longtemps pour découvrir qu’après distillation on tient une huile merveilleuse pour l’éclairage, de même nature que le kérosène. Après avoir tâtonné sur la meilleure utilisation de ce liquide, il est décidé que l’éclairage est le meilleur débouché. L’équipe de pionniers qui s’est rassemblée autour de l’initiative fondent la Pennsylvania Rock Oil Company au capital de 500.000 dollars (1854). Ils accueillent quelques nouveaux venus. L’un d’eux, petit employé de chemin de fer, place 250 dollars ; il s’appelle Edwin Drake. Le premier « héros » de l’histoire du pétrole. Un banquier s’étant adressé à lui avec le titre de colonel, l’appellation demeure bien qu’il n’ait jamais rien eu à faire avec l’armée. L’aventure des découvertes en Pennsylvanie est connue, et les principales caractéristiques, un pétrole accessible à faible profondeur (20 m), de respectables quantités, une demande en croissance pour une utilisation qui reste l’éclairage. Bien que rapidement différents composants apparaissant dans une colonne de distillation trouvent des applications … sauf pour le haut de la colonne, où une fois condensée, l’essence est jetée.

    Et l’Europe comme important débouché. Une conséquence de la guerre de sécession est que l’exportation du pétrole supplante le commerce du coton vers le vieux continent le temps des quatre années de conflit. Une telle croissance de la demande génère une fébrilité, autant de création de sociétés que de faillites.

     

    petrole,or noir

    Le premier puits de Drake, reconstitué à Titusville, Pensylvannie...

     

    C’est dans ce contexte qu’un jeune investisseur de 26 ans, John Davison Rockefeller, rachète les parts de son associé qui a décidé de se retirer (Février 1865). La Standard Oil est née, enregistrée en 1870 comme Standard Oil Company of Ohio. Parallèlement la distillation a été systématisée dans des installations, les raffineries. Ce que Rockefeller considère initialement comme une activité marginale, lui apparaît assez vite profitable, et il rachète des installations existantes, de même que des sociétés de forage qu’il estime mal gérées. La course à la croissance est lancée et la fin de la guerre civile provoque une expansion de l’industrie et du commerce dans toute la fédération, jamais égalée depuis. Un jour, Standard Oil s’appellera Exxon.

    En 1850, un nouveau venu, la Shell, dont on dira plus.

    Mais en 1865 on en était toujours dans la période du pétrole lampant (à suivre, mercredi et jeudi...)