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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1540

  • Républicain, comme ils disent… Du FN au PS, une querelle politique absurde, selon Frédéric Rouvillois

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    Hier, mardi 10 février, paraissait à la Une de Causeur, et sous ce titre même, l'article de Frédéric Rouvillois que l'on va lire. Brillante et spirituelle analyse qui, à propos de l'adjectif républicain conclut par cette formule lapidaire et radicale que nous faisons nôtre :« Une bulle de savon. Rien de plus. » Lafautearousseau

    Transformé en chef d’Etat « jupitérien » par la grâce de l’événement, notre ex-« Président normal », comme les Sages, les Pythies et  les Prophètes, s’exprime désormais par énigmes. Après avoir consacré sa conférence de presse du 5 février dernier à célébrer le mystérieux « esprit du 11 janvier », il a ainsi répondu à une question sur la législative partielle du Doubs par une formule à peine moins obscure : « Il y a des partis qui sont dans la République, ceux qui concourent aux suffrages sont dans la République, ont des élus dans la République, ont le droit, donc, d’avoir des candidats, et donc des élus. (…).  Mais est-ce à dire que tous les partis sont pleinement dans les valeurs de la République ? Non. Adhérent aux valeurs de la République ? Non. Au moins, à toutes les valeurs ? Sûrement pas.» Aussitôt, l’aphorisme est contesté par Florian Philippot, invité sur une radio périphérique à commenter la conférence de presse : en l’occurrence, réplique le vice-président du Front national, ceux qui se targuent d’être républicains sont justement ceux qui ont renoncé à l’être en acceptant de noyer la France dans l’Union européenne et qui, par là même, ont renié le principe républicain par excellence, la souveraineté nationale.

    Étant donné la fréquence avec laquelle on utilise le mot « républicain » et les graves conséquences que l’on en tire, le débat n’est pas sans intérêt. Mais lequel des deux a raison ? Hollande et les ennemis du Front national, qui lui reprochent de ne pas l’être même s’il profite de la République, et qui n’hésitent pas à appeler au front « républicain » pour lui faire barrage ? Ou Philippot et les siens, qui accusent ces républicains autoproclamés d’avoir délaissé, au profit d’une mondialisation oligarchique, ce qui ferait l’essence et le cœur même de la république?

    Dans l’absolu, ni les uns, ni les autres – dans la mesure où la notion de « république » s’avère aussi floue, aussi incertaine et finalement à peu près aussi inconsistante que celle de « démocratie ». Du reste, la petite querelle du 5 février n’est pas sans rappeler les interminables controverses du temps de la guerre froide, où les Etats socialistes (qui se qualifiaient de démocraties populaires) et les régimes libéraux (dits démocraties pluralistes) s’accusaient les uns les autres d’usurper le titre de démocratie, et prétendaient en être les seuls titulaires légitimes. Et encore le mot démocratie fournit-il quelques pistes pour savoir ce qu’il faut entendre par là, et qui peut s’en prévaloir : la démocratie, nous rappelle l’étymologie, est un système dans lequel le pouvoir appartient au peuple, démos. Pour le mot « républicain », les choses paraissent beaucoup plus aventureuses : personne ne peut dire ce que c’est, pas même l’imposant Dictionnaire critique de la république paru il y a quelques années, qui renonçait purement et simplement à définir son propre objet. 

    Pourrait-on, au moins, commencer par dire que la république est le contraire de la monarchie héréditaire? Même pas : en 1576, Jean Bodin intitule ce qui deviendra le plus célèbre traité de philosophie politique d’Ancien régime Les Six livres de la République, utilisant ce terme comme synonyme d’État, res publica, quel que soit le régime politique de ce dernier. Il n’y a pas d’incompatibilité : sur les pièces de monnaie que Napoléon Ier fait frapper à son effigie, on lit ainsi, côté face, Napoléon Empereur, et côté pile, République française. C’est aussi l’époque où un théoricien révolutionnaire rallié à Bonaparte, Roederer, invente la notion de « monarchie républicaine », et démontre dans un essai que l’hérédité n’entraîne pas une augmentation du pouvoir du « Chef de la République ».

    Mais alors, si la république, ce n’est même pas cela ? Eh oui : cela peut être tout et n’importe quoi, les États-Unis et l’URSS, la Chine populaire et la république de Saint Marin, la DDR et la république de Salo, Sade et Savonarole, la démocratie et l’aristocratie. La république, explique sobrement le Dictionnaire de l’Académie française en 1831, c’est, tout bonnement, « un État gouverné par plusieurs ».

    Dans ces conditions, on devine qu’il est assez délicat de savoir qui est « républicain », qui ne l’est pas, ce que pourraient bien être les « valeurs républicaines » et qui pourrait être en mesure d’en juger. Naguère, un éminent professeur de droit s’était interrogé sur la signification de l’article 89 alinéa 5 de la constitution, selon lequel ne saurait faire l’objet d’une révision «  la forme républicaine du gouvernement » ; au bout du compte, il fut bien obligé de constater le caractère insaisissable de la notion : cette « forme républicaine » inclut-elle le caractère national de la souveraineté (auquel cas le transfert de celle-ci à l’Union européenne serait impossible) ? L’organisation parlementaire du régime ? Le scrutin majoritaire à deux tours ? L’existence d’un Sénat et d’une juridiction constitutionnelle ? Le système de sécurité sociale et la retraite par répartition ? C’est comme on veut. Open bar. 

    Au passage, on note que certains de ces éléments se rencontrent également dans des systèmes politiques non-républicains, où personne n’aurait l’idée de les nommer ainsi. On qualifie de « républicain » ce qui, en France, est pratiqué en République, mais qui pourrait être qualifié autrement dans une monarchie : c’est ainsi que notre célèbre « méritocratie républicaine » est appelée « méritocratie royale » au Maroc – bien qu’elle n’ait en soi aucun lien nécessaire avec la république, pas plus d’ailleurs qu’avec la monarchie. 

    En fait, le terme républicain, dont on veut faire un indépassable critère du bien politique et moral, s’avère entièrement relatif, aussi bien dans l’espace que dans le temps.

    C’est ce que laissait deviner l’autre soir, à la télévision, une sortie du journaliste Christophe Barbier, l’homme qui parle toujours dans le sens du vent. Celui-ci déclarait en effet que, de nos jours, font partie intégrante des valeurs républicaines le refus de la peine de mort, le droit du sol comme mode d’acquisition de la nationalité et l’adhésion à une évolution fédérale de l’Europe. À ces mots, Florian Philippot, présent sur le plateau, manqua de s’étrangler avec la fameuse écharpe rouge de Christophe Barbier : de fait, il aurait pu rétorquer que le droit du sol fut institué en France sous François Ier, et que c’est sous la république, avec le Code civil de 1804, que fut établi le droit du sang, lequel ne sera pas remis en cause par la IIe République. Le droit du sol comme critère de républicanisme ? Dans ce cas, l’une des plus vieilles républiques du monde, la Suisse, ne serait pas républicaine, pas plus d’ailleurs que l’Italie ou l’Autriche.

    En bref, ce qui est républicain ici ne l’est point là-bas, ce qui l’était hier ne l’est plus aujourd’hui : plaisantes valeurs qu’une rivière borne!

    Autre exemple : si une approche fédéraliste de l’Europe est aujourd’hui un marqueur républicain, on peut supposer que tel n’était pas le cas en 2005 : ou alors, il faudrait en déduire que 56% des électeurs, ayant rejeté le projet de constitution européenne, n’étaient pas républicains à ce moment là. C’est du reste cette relativité qui permet à Alain Juppé d’excommunier sans états d’âme le Front national comme non-républicain au motif qu’il défend actuellement les thèses que lui-même développait autrefois, dans les années 1970-1980, lorsqu’il était l’étoile montante du Rassemblement pour la République. La question étant de savoir si le républicain d’aujourd’hui le sera toujours après-demain.

    Au total, l’adjectif républicain n’est donc pas grand-chose d’autre qu’un label. Une étiquette que l’on s’attribue, sans contrôle, pour démontrer que l’on est dans le camp du bien. Et que l’on refuse à ses ennemis afin de donner au combat que l’on mène, ou à leur exclusion, un vernis politique et une teinture morale. Une bulle de savon. Rien de plus.  

    L'auteur       

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    Frédéric Rouvillois est né en 1964. Il est professeur de droit public à l’université Paris Descartes, où il enseigne le droit constitutionnel et s’intéresse tout particulièrement à l’histoire des idées et des mentalités. Après avoir travaillé sur l’utopie et l’idée de progrès (L’invention du progrès, CNRS éditions, 2010), il a publié une Histoire de la politesse (2006), une Histoire du snobisme (2008) et plus récemment, Une histoire des best-sellers (élu par la rédaction du magazine Lire Meilleur livre d’histoire littéraire de l’année 2011).

    * Image (du haut) : wikicommons.

  • Charles Maurras et ses héritiers sur France Culture

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    Samedi dernier, 7 février, sur France CultureAlain Finkielkraut avait choisi pour thème de son émission RépliquesCharles Maurras et ses héritiers. 

    Invités : Olivier Dard, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris Sorbonne, spécialiste d’histoire politique et François Huguenin, historien des idées et essayiste français.

    L'enregistrement sonore de cette émission dure 52 minutes et mérite selon nous,  d'être écouté. Olivier Dard et François Huguenin sont de parfaits connaisseurs de Charles Maurras et l'on ressent parfois, de la part d'Alain Finkielkraut une réelle curiosité pour la vie et les idées de Maurras, même si, en définitive, sa prévention à son égard reste dominante et devient, parfois, accusation et jugement
     
    En fin de compte, ceux qu'intéresse en premier lieu l'histoire des idées regretteront peut-être que, de ce fait, l'apport de Maurras à la pensée politique contemporaine ait été traité un peu rapidement. Rappelons que pour Edgar Morin, trois grandes pensées politiques ont marqué l'époque moderne : celle de Tocqueville, de Marx et de Maurras. On eût peut-être aimé que Maurras soit aussi évoqué de ce point de vue. Sinon quelle explication y aurait-t-il à la constatation de Finkielkraut en début d'émission : « Maurras occupe à nouveau le devant de la scène. » •  Lafautearousseau  
     
      

     

    Documents 

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    Charles Maurras : le maître et l'action  -  Olivier Dard  - Armand Colin, 2013

     

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    A l'école de l'Action française : un siècle de vie intellectuelle - François Huguenin - Lattès, 1998 

     

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    L'Action française : une histoire intellectuelle  -  François Huguenin

     

  • Quand Pierre Boutang lit du Maurras à George Steiner ...

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    Cet enregistrement qui nous restitue la voix, l'éloquence, en un sens la véhémence et la passion de Pierre Boutang, complète utilement la note précédente. Que pensait Maurras de l'Allemagne hitlérienne aux alentours de 1937 ? Ne comprenait-il plus le monde tel qu'il était et ses évolutions lui échappaient-elles ? Etait-il coupé du réel ?     

    Dans ce court extrait de ses très beaux entretiens sur Antigone et sur Abraham avec George Steiner, Boutang lit ici à son interlocuteur un texte de Charles Maurras daté de 1937 prévoyant, analysant avec une extraordinaire prescience ce qu'allait produire pour l'Allemagne, pour la France, l'Europe et le monde,  le IIIe Reich sous la direction des nazis.

    Mais la France de 1937, comme peut-être celle de 2015, vivait dans l'inconscience des risques redoutables qui la menaçaient, qu'elle ne voyait pas venir, et qui ne mirent que deux ans à produire les suites que l'on sait.

    Cette vidéo ne dure que 2,5'     

     

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  • En attendant le sursaut, par Hilaire de Crémiers

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    Premier point : il est une annonce de François Hollande qui a peu retenu l’attention. Celle de mobiliser l’armée pour des tâches de maintien de l’ordre. 10 000 hommes dans un premier temps. Tous les militaires savent qu’il sera difficile de mettre en œuvre pareille décision, tant les coupes budgétaires dans l’organisation de la Défense ont été violentes, implacables et profondes. D’ailleurs, il a été dit non pas qu’elles seraient arrêtées mais réduites ! Une première question se pose : l’armée française a-t-elle les moyens pour ce nouveau front intérieur, quand déjà les opérations extérieures se mènent, certes, avec brio, mais avec des matériels et des crédits nettement insuffisants ?

    Les plus anciens se souviendront de la guerre d’Algérie. L’Algérie était constituée administrativement de départements français ; c’était la gendarmerie et la police qui traitaient les affaires d’attentats. Un gouvernement socialiste, celui de Guy Mollet, a décidé l’emploi de l’armée. François Hollande sera-t-il amené à demander, comme jadis ses prédécesseurs, à des autorités militaires de rétablir l’ordre et la sécurité dans des zones appelées de non-droit par une de ces litotes qui caractérisent la lâcheté politique ? Voilà pourtant cinquante ans qu’on ressasse aux militaires qu’ils ne sont, au mieux, que des outils techniques utilisés par les gouvernements et pour les opérations extérieures de la France. Les militaires, en premiers les plus hauts gradés, y ont cru de bonne foi. Les choses changeraient-elles ? Reverrait-on des scénarios déjà connus, sans doute différents, mais gros des mêmes drames ? Des militaires, en service commandé, pris, enlevés, égorgés en quelque coin que personne n’ose désigner ? Que se passe-t-il, alors ? Si les deux frères Kouachi avaient réussi à rejoindre quelque base arrière dans la grande couronne de Paris ? Introuvables ? Le GIGN s’est arrangé pour que ce ne fût pas le cas. Soit ! Et s’il y a des « bavures » ?

    Bref, il y a un énorme problème de sécurité intérieure et aucune phrase martiale ne la résoudra. Qui ne se souviendrait avec un triste humour de François Mitterrand, ministre de l’Intérieur de la IVe République, déclarant en 1956 : « Jamais la République ne cédera devant le terrorisme ». Il n’était pas le seul. On sait ce qu’il en est advenu.

    Deuxième point : les élections législatives grecques donnent une majorité à des partis qui récusent ce qu’on appelle pompeusement la gouvernance européenne. Alexis Tsipiras, chef du parti Syriza et nouveau Premier ministre est, certes, un homme de gauche et même de gauche radicale, mais, contrairement à ce que croit François Hollande, il n’entrera pas et ne pourra pas entrer dans la voie sociale-démocrate du compromis européen : le rejet est trop fort et son partenaire souverainiste, le parti AN.EL., l’en empêchera de toute façon. Le monde politique grec n’est pas à la hauteur de la situation. Le drame de la zone euro va repartir de plus belle. La décision prise par Mario Draghi d’arroser l’Europe d’euros, avant même les élections grecques , au prétexte de relancer l’économie, mais en vue de soutenir les dettes souveraines par un « assouplissement monétaire » (!) – quelle litote ! – de l’ordre de mille milliards d’euros, voire plus, ne changera rien à la nouvelle donne. La crise financière monétaire rebondira inéluctablement et la France, d’ailleurs engagée en Grèce, sera frappée de plein fouet avec son chômage galopant, d’autant plus que l’Allemagne sera contrainte de jouer son propre jeu de défense de ses intérêts.

    Troisième point : la cote de popularité d’Hollande ne peut que retomber au plus bas. Aucun homme politique ne maîtrise plus la situation française, même pas Valls qui, pourtant, s’y croit. Le vote de la loi Macron n’est qu’une illusion, du verbiage. La société française est malade, d’abord, de sa classe politique et médiatique. Son mal est intellectuel, moral, spirituel, profondément politique avec des institutions qui ne représentent plus rien que des intérêts de partis et des carrières d’ambitieux. Aucun problème dans ce cadre et dans ces conditions ne peut être résolu. C’est une évidence.

    Sécurité du territoire, finances et économie nationales, institutions politiques, sur ces trois points tout est dorénavant compromis. Ceux qui ont un peu de réflexion historique et politique savent que les conditions d’une crise majeure sont réunies. Puisse-t-elle déboucher sur un vrai sursaut national. 

     

    Politique magazine Par

  • Avril 2011 : Au sujet de Bernard Maris et de propos pas très révolutionnairement corrects ...

    playlist-1876627-bernard-maris_620x349.jpgVoici ce que nous écrivions - que nous exhumons de nos archives - le lundi 4 avril 2011, à propos de Bernard Maris et des propos pas très révolutionnairement corrects, qu'il avait tenus deux jours plus tôt sur France Inter. Sans-doute, l'optimisme aidant, l'avions nous classé un peu vite parmi les Gallo, Finkielkraut et Zemmour, comme apporteur de pierre au processus de dé-révolution... Cependant, volens nolens, ces propos qui défloraient largement l'aura révolutionnaire, il les avait tenus et il n'était pas inutile de les relever. Aujourd'hui qu'il est disparu - dans les conditions que l'on sait - l'on peut s'interroger à son propos : était-il un véritable économiste, cette spécialité dont il n'avait de cesse, sans doute à juste titre, de contester qu'elle fût une science exacte ? En tout cas, il avait de commun avec nous de critiquer le règne de l'Argent, du consumérisme, du court-termisme ... Etait-il vraiment Charlie ? C'est un autre sujet.  Lafautearousseau      

     

    Il y a eu tout récemment ce bel éloge de Bainville prononcé par Philippe Meyer, le 7 mars, sur France culture, qui faisait suite aux deux interventions d'Edgar Morin, sur France inter, d'abord, puis sur Bibliothèque Médicis.  

    Cette fois, c'est Bernard Maris, marqué à gauche comme chacun sait, qui apporte sa contribution de taille, et de poids, à ce processus indispensable de dé-révolution que nous avons maintes fois évoqué. 

    Outre qu'il est souvent brillant, Bernard Maris a une qualité rare à France-Inter : l'honnêteté intellectuelle. Ce samedi 2 avril, à 7h20, dans le 7/9, il a avoué avoir en quelque sorte découvert la lune. De quoi s'agit-il ?... 

    Notre économiste, actuellement en colloque à Moscou, avec des collègues allemands et russes, a en effet appris de ces derniers - tous très au fait des événements véritablement importants qui ont jalonné la Révolution française - a appris, donc, et il l'avoue humblement à l'antenne, que 1789 avait bien été une révolution bourgeoise et libérale et pas du tout une révolution populaire.  

    La preuve, dit-il : le Décret d'Allarde (2 et 17 mars 1791) qui aura pour conséquence l'interdiction du droit de grève et l'interdiction pour les travailleurs de s'associer sous forme mutualiste; puis la fameuse loi Le Chapelier (14 juin 1791) qui abolit les corporations et interdit toute forme d'association ouvrière*.  

    Donc, même si Maris ne l'a pas dit, si Grands Ancêtres il y a, ce sont ceux des deux-cents familles et du CAC 40 réunis. Ce qu'il a bel et bien dit, par contre, c'est que si nos syndicats actuels font pâle figure à côté de ceux des pays du Nord, dans la mesure où ils privilégient toujours l'affrontement, c'est à la Révolution qu'on le doit. 

    Et, cerise sur le gâteau, notre universitaire et journaliste fortement marqué à gauche, termine en torpillant les fameuses avancées sociales de 1945 : la République française n'a fait qu'imiter, en moins bien, ce que la monarchie allemande lui avait légué avec l'Alsace-Lorraine après 1918.  

    Nous l'avons dit plusieurs fois : qu'elle vienne d'écrivains (Gallo), de philosophes (Finkielkraut, Morin), de journalistes (Zemmour), de tant d'autres..., cette incessante remise en cause de la pensée établie - que nous avons appelée processus de dé révolution... - est, selon nous, indispensable si l'on veut qu'un jour, le Prince soit appelé aux affaires. Pour que cela se produise, il ne suffira pas, en effet, d'avoir un Prince à proposer à l'opinion, ni même que se présentent des conditions favorables. Il faudra également que les esprits de nos concitoyens, et en tous cas ceux des élites, aient été au préalable libérés de l'amas de nuées, de désinformations ou de mensonges dont des décennies de propagande officielle les ont encombrés. Et c'est seulement si, en plus des deux premières, cette troisième condition est remplie, nous semble-t-il, qu'un appel au Prince, considéré comme un recours, pourra être envisagé, en cas de crise majeure, par ceux qui comptent et qui sont actuellement aux commandes, sans risquer d'être immédiatement rejeté par des esprits trop prévenus contre la Royauté, aussi bien dans l'opinion que chez ceux qui la guident. 

    Voilà pourquoi nous suivons avec intérêt toutes les déclarations allant dans le sens de cette dé-révolution que nous voyons à l'œuvre, chez nous; même si elle n'est pas aussi rapide, aussi spectaculaire qu'en Russie, par exemple. Elle est réelle, elle est évidente, il suffit de savoir lire, entendre, écouter pour en avoir, maintenant, plusieurs exemples, et de taille, chaque mois. Et cela ne pourra pas éternellement rester sans conséquences, ni sur l'évolution des mentalités, ni sur l'évolution du cours des choses.... 

    En tant que remise en cause des certitudes de la pensée officielle, ce processus de dé révolution dans les esprits est un préalable indispensable à ce qui pourra être, un jour, la remise en ordre que nous appelons de nos vœux.  

    * Texte complet de la très courte Loi Le Chapelier du 14 juin 1791 interdisant les associations d'ouvriers pour la défense de leurs "prétendus intérêts communs" ainsi que l'article 7 du décret d'Allarde.

  • Actualités du blog

    3574013872.jpgLes Lundis de Louis-Joseph Delanglade :

    Ce sont des réflexions - hebdomadaires - sur l'actualité politique (politique intérieure et politique étrangère généralement alternées) qui synthétisent ou définissent les positions - la ligne politique - de Lafautearousseau.

    C'est pourquoi ces chroniques sont regroupées et toutes consultables dans une annexe de LafautearousseauLes lundis de Louis-Joseph Delanglade, en permanence à votre disposition.  

  • Les portes de la guerre et de la paix par Louis-Joseph DELANGLADE

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    Fallait-il y aller ? Oui, bien évidemment. Dabord parce quen se déplaçant ensemble, Mme Merkel et M. Hollande ont réaffirmé, une fois de plus, la primauté des Etats sur lUnion européenne - contredisant ainsi les sirènes de la démagogie européiste. Ensuite, parce que laisser la main aux seuls Etats-Unis (M. Kerry a quand même précédé le duo franco-allemand à Kiev) eût été une faute impardonnable. En effet, même si ces derniers continuent de privilégier la voie diplomatique, ils envisagent désormais sérieusement la possibilité de livrer des armes à lUkraine. Certes, il sagirait darmes défensives, mais jusqu’à quand ? 

    Il fallait donc faire quelque chose pour éviter lengrenage stupide et catastrophique vers lequel nous pousse laveuglement américain, lequel est, historiquement, à lorigine de lessentiel du problème, la politique de la Russie sur son flanc occidental répondant à linstrumentalisation de lUkraine par les Etats-Unis et à lattitude agressive de lOTAN depuis la fin de lUnion soviétique. Ainsi vient-on dapprendre que lOrganisation a pris de nouvelles mesures dites de « réassurance » de ses pays membres contre lattitude de la Russie (création de six nouveaux centres de commandement et dun nouveau quartier général en Pologne et augmentation de treize à trente mille hommes de la force de réaction rapide « fer de lance ») : on est en plein délire belliciste.

     

    Cest un fait : la Russie nest pas morte avec lUnion soviétique et elle est moins que jamais décidée à accepter le diktat américain. Se déplacer à Moscou, c’était évidemment reconnaître à M. Poutine une stature que, par ailleurs, on lui dénie depuis des mois, celle de maître du jeu. Le voici donc dans la situation du faiseur de paix ou de guerre. Acceptera-t-il les propositions de Mme Merkel et de M. Hollande (cessez-le-feu, fermeture de la frontière, fédéralisation de lUkraine) ? Peut-être. Dautant que M. Hollande vient daffirmer que la France nest pas favorable à lentrée de lUkraine dans lAlliance atlantique. Comme le dit M. Guetta  (France Inter, vendredi) : « Vladimir Poutine tient aujourdhui loccasion de sortir de cette crise []. Cest dautant moins négligeable pour lui quil pourrait se targuer davoir tenu lOtan à distance et permis à lUkraine orientale dobtenir son autonomie. » Sera-ce suffisant pour que M. Poutine ne pousse pas son avantage plus avant ? Car, malgré la propagande « occidentale », il est évident que la Russie est en position de force.

     

     M. Orlov, ambassadeur de la fédération de Russie à Paris, nest sans doute pas très éloigné de la vérité quand il déclare à BFM-TV que lobjectif des Etats-Unis « est de ne pas permettre le rapprochement entre lEurope [comprendre « lUnion européenne »] et la Russie ». Un tel rapprochement, en quelque sorte lavènement de la prophétie gaullienne (« lEurope de lAtlantique àlOural »), est tout à fait souhaitable. Il constituerait une avancée remarquable sur le plan géopolitique et serait un facteur de stabilité et sans doute de paix car fondée sur une puissance incontestable. Si le voyage de Moscou favorisait si peu que ce soit cette perspective, ce serait une très bonne nouvelle. 

     

  • Jouer avec les mots, c'est aussi explorer sa langue et sa culture, lutter contre l'ignorance ... et s'amuser utilement

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    Etienne de Montéty tient au Figaro une rubrique à la fois instructive et amusante, qu'il a intitulée « un denier mot ». En voici un exemple qui nous a plu. Que nous vous proposons de lire. Rédigée lors du récent voyage de Manuel Valls en Chine, cette chronique n'a rien perdu de sa saveur. C'est un amusement de l'esprit. Il vaut bien les autres ... 

    Chine  [chi-n']

    N'inquiète pas Manuel Valls

    Le premier ministre français effectue un déplacement en Chine.
    Le mot renvoie aussitôt à l'empire du Milieu, qui, nous dit-on, a revêtu des habits neufs, différents de ceux du président Mao. D'où la passion des Français pour la Chine, et plus seulement pour sa porcelaine et ses nuits câlines : bref, il n'y a plus de Grande Muraille.
    C'est passer un peu vite sur ce mot, Chine, qui est aussi un verbe dont l'étymologie est intéressante pour comprendre ce que le premier ministre est allé y faire.
    Chiner est un mot de colporteur. Il vient d'échiner, travailler dur, et nul ne fera injure à Manuel Valls en disant qu'il ne s'échine pas au travail. Chiner, avant de signifier flâner, c'est surtout être à la recherche d'une bonne affaire. Nous y sommes.
    Des chefs d'entreprise l'accompagnent, et le suivent de près; comme son ombre, espérant - disons-le sans chinoiser - recueillir les fruits du chinage.
    Autrement dit, si l'on entend dire que le premier ministre fait la chine, qu'on n'en déduise pas qu'il fait du tourisme, C'est en ardent ambassadeur du savoir-faire français qu'il est venu en Chine. Et en aucun cas, en pékin.

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    Le Figaro, samedi 31 janvier 2015.

     

  • Actualités du blog • Grands auteurs ou acteurs de l'Histoire : une bibliothèque qui s'enrichit et qui est à la disposition de tous ...

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    Les auteurs présents dans notre bibliothèque 

    Sauf exception, chaque vendredi, nous vous livrons une réflexion, une pensée brève, parfois une analyse plus étoffée, et certaines jours des vers, de l'un de nos grands auteurs français et européens, ou encore de quelques-uns des acteurs qui font ou ont fait l'Histoire, et qui, souvent, furent aussi des écrivains, des scientifiques, ou des artistes.   

    Notre galaxie personnelle et collective ne se limite pas, bien-sûr, aux quelques noms, aux quelques maîtres, pour ainsi dire directs, à qui l'on voudrait nous limiter, ou auxquels, nous-mêmes, par facilité, pourrions être tentés de nous limiter. Ce genre de - d'ailleurs fausse - fidélité n'est pas fécond. Nos vraies références sont riches et multiples, dans l'espace et dans le temps. Il nous importe de nous y référer. Et lorsque on s'y attache, l'idée, la crainte, l'impression de notre isolement se dissipent, se relativisent et se métamorphosent en une forte impression de solidarité, de filiation heureuse avec tout un univers constitué de quelques-uns des esprits les plus marquants de notre culture, française et européenne.   

    Tel est l'esprit et l'objet de cette bibliothèque de textes et d'auteurs que nous constituons peu à peu, chaque vendredi. 

    Déjà présents :

    •  Edgar Poe   •  le Dalaï Lama  •  Goethe   

    •  Tocqueville   •  Baudelaire  •  Anouilh

    •  Vaclav Havel   •  Claude Lévy-Strauss

    •  Charles Péguy   •  Dostoïevski  •  Racine     

    •  Malraux   •  Unamuno   Frédéric II

    •  La Satire Ménippée   •  George Steiner  

    •  Shakespeare  •  Balzac •  Auguste Comte 

    •  Jacques Perret   •  Paul Verlaine •  Louis XIV   

    •  Georges Bernanos   •  Anatole France  

    •  Pierre Manent •  Charles Maurras 

    •  Alexandre Soljenitsyne •  Winston Churchill

    •  Le Pape François  •  Alfred de Musset

     Michel Houellebecq  

    Une majorité de Français et de grands esprits européens (anglais, allemand, espagnol, tchèque et russe). Plus le Dalaï Lama ...

    Bien d'autres auteurs éclectiques et profonds sont à venir. « Du bonheur d'être réac ? » C'est, à des titres divers, ce qui les rassemble.

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  • MONARCHIES • Dans Figarovox : Lettre de James Bond à la Reine d'Angleterre

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    À l'occasion du 63e anniversaire de son accession au trône d'Angleterre, le célèbre espion 007rend hommage à sa reine et au flegme tout british dont elle fit preuve, notamment lors d'une excursion mouvementée.

    Par David Brunat, écrivain et conseiller en communication.

     

    Your Majesty,

    Rendue publique il y a peu, l'histoire a fait le tour du monde et des chancelleries. En 1997 ou 1998, au sortir d'un déjeuner en votre château de Balmoral, vous proposâtes à votre hôte, le roi d'Arabie saoudite Abdallah, une innocente excursion en voiture dans la campagne environnante. Le souverain wahhabite accepta du bout des lèvres, mais sa réserve se mua en épouvante lorsqu'il vous vit vous installer à la place du conducteur et démarrer un solide 4 x 4.

    Chacun sait en effet que dans le pays dudit souverain, le beau sexe n'a pas le droit de conduire, en vertu peut-être du peu galant adage: «Femme sur un tapis volant, mort au prochain tournant (surtout s'il est pris à la corde).» Et tandis que le roi d'Arabie, serrant les fesses à mesure que la voiture prenait du champ, roulait peut-être dans son esprit des pensées misogynes et peu amènes à votre endroit, Votre Majesté appuyait tant et si bien sur le champignon qu'il finit, tremblant, par vous enjoindre de ralentir.

    Quelle leçon! So smart! So discreet! Quelle manière élégante d'allier la politique et la mécanique et de dire son fait à votre passager sans élever la voix ni déroger au royal sang-froid.

    Malgré le panache et le self control dont je me crois bien doté, j'avoue n'avoir jamais fait preuve d'une égale maîtrise, du même flegme, d'une semblable élévation au cours des très nombreuses course-poursuites que mes fonctions m'ont amené à entreprendre à Votre Service au volant de mes légendaires Aston Martin. Vous m'épatez, Ma'am !

    Vous conduisez votre Royaume comme vous pilotez vos véhicules et tenez les rênes de vos chevaux: sans aucune faute, sans nul écart ni dérapage. Je suis certain que vous n'auriez fait qu'une bouchée de mes ennemis - un coup de volant autoritaire pour remettre Goldfinger ou le Docteur No à leur place, une virée en 4 x 4 pour montrer au Spectre ou à Hugo Drax qui est le patron…

    J'eus un chaste et respectueux coup de coeur pour vous, déjà, lorsque je vous vins chercher à Buckingham pour vous emmener aux Jeux Olympiques qui se tenaient dans la capitale de votre Royaume. J'avais été ébloui par votre port, votre grâce et l'espèce d'humour allègre qui émanait de chacun de vos gestes.

    L'exploit de Balmoral met à son comble l'admiration que je vous porte et qui est, je crois, bien partagée dans tout l'Empire britannique.

    Je trinque à votre santé avec un gin mêlé de Dubonnet avec deux glaçons et des tranches de citron, le cocktail préféré de Votre Majesté, et vous souhaite un excellent anniversaire de règne (NDLR: Elizabeth II est montée sur le trône le 6 février 1952).

    Votre très humble et très obéissant Sujet,

    James.   

     

    FIGARO VOX  Culture  David Brunat