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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1540

  • L'aventure ... selon Charles Maurras, mission des intellectuels d'aujourd'hui ?

     

    Ce texte est la conclusion de l'Avenir de l'intelligence. Iimmense petit livre selon Boutang - qui fut édité en 1905, il y a 110 ans, et écrit alors que Maurras avait autour de 35 ans. Il n'y a pas d'analyses plus actuelles car leur souci est le salut de notre société en tant que civilisation. Elles envisagent la part essentielle que les intellectuels (ce que Maurras appelle l'Intelligence) pourraient y prendre. Retour à une pensée qui sauve, selon le mot de Boutang ? Mission de nous remettre sur le chemin qui mène chez nous selon l'énoncé de Platon cité par Jean-François Mattei ? C'est bien de cela qu'il s'agit.

    Nous avons souvent évoqué depuis quelques mois cette réaction conservatrice de nombre d'intellectuels importants, de droite et de gauche, fort différents entre eux, mais tous partie prenante d'une sévère critique de la société contemporaine et de notre système politique et médiatique, que nous voyons se développer, s'amplifier en France ces temps-ci.  

    Les deux derniers chapitres de l'Avenir de l'Intelligence précédant celui que nous publions, s'intitulent L'âge de fer - celui où nous sommes - et Défaite de l'intelligence - titre qui rappelle curieusement celui d'un des livres d'Alain Finkielkraut. Dans cette conclusion, Maurras décrit avec d'ailleurs quelque précision, ce qu'il appelle l'Aventure. Il y exprime une espérance et y envisage une forme de stratégie de réalisation de cette espérance qui devrait intéresser au plus haut point ceux pour qui toute pensée qui ne se traduit pas en actes est une défaillance. A dire vrai, nous dédions ce texte fondateur aux intellectuels français d'aujourd'hui. LFAR   

     

    À moins que…

    Je ne voudrais pas terminer ces analyses un peu lentes, mais, autant qu'il me semble, réelles et utiles, par un conte bleu. Cependant il n'est pas impossible de concevoir un autre tour donné aux mouvements de l'histoire future. Il suffirait de supposer qu'une lucide conscience du péril, unie à quelques actes de volonté sérieuse, suggère à l'Intelligence française, qui, depuis un siècle et demi, a causé beaucoup de désastres, de rendre le service signalé qui sauverait tout.

    Elle s'est exilée à l'intérieur, elle s'est pervertie, elle a couru tous les barbares de l'univers ; supposez qu'elle essaye de retrouver son ordre, sa patrie, ses dieux naturels.

    Elle a propagé la Révolution ; supposez qu'elle enseigne, au rebours, le Salut public.

    Imaginez qu'un heureux déploiement de cette tendance nouvelle lui regagne les sympathies et l'estime, non certes officielles, ni universelles, mais qui émaneraient de sphères respectées et encore puissantes.

    Imaginez d'ailleurs que l'Intelligence française comprenne bien deux vérités :

    • ni elle n'est, ni elle ne peut être la première des Forces nationales,

    • et, en rêvant cet impossible, elle se livre pratiquement au plus dur des maîtres, à l'Argent.

    Veut-elle fuir ce maître, elle doit conclure alliance avec quelque autre élément du pouvoir matériel, avec d'autres Forces, mais celles-ci personnelles, nominatives et responsables, auxquelles les lumières qu'elle a en propre faciliteraient le moyen de s'affranchir avec elle de la tyrannie de l'Argent.

    Concevez, dis-je, la fédération solide et publique des meilleurs éléments de l'Intelligence avec les plus anciens de la nation ; l'Intelligence s'efforcerait de respecter et d'appuyer nos vieilles traditions philosophiques et religieuses, de servir certaines institutions comme le clergé et l'armée, de défendre certaines classes, de renforcer certains intérêts agricoles, industriels, même financiers, ceux-là qui se distinguent des intérêts d'Argent proprement dits en ce qu'ils correspondent à des situations définies, à des fonctions morales. Le choix d'un tel parti rendrait à l'Intelligence française une certaine autorité. Les ressources afflueraient, avec les dévouements, pour un effort en ce sens. Peut-être qu'une fois de plus la couronne d'or nous serait présentée comme elle le fut à César.

    Mais il faudrait la repousser. Et aussi, en repoussant cette dictature, faudrait-il l'exercer provisoirement. Non point certes pour élever un empire reconnu désormais fictif et dérisoire, mais, selon la vraie fonction de l'Intelligence, pour voir et faire voir quel régime serait le meilleur, pour le choisir d'autorité, et, même, pour orienter les autres Forces de ce côté ; pareil chef-d'œuvre une fois réussi, le rang ultérieurement assigné à l'Intelligence dans la hiérarchie naturelle de la nation importerait bien peu, car il serait fatalement très élevé dans l'échelle des valeurs morales. L'Intelligence pourrait dire comme Romée de Villeneuve dans le Paradis :

    e ciò gli fece
    Romeo, persona umile e peregrina
     

    « et Romée fit cela,
    personne humble et errant pèlerin. »

    En fait, d'ailleurs, et sur de pareils états de services, le haut rôle consultatif qui lui est propre lui reviendrait fatalement par surcroît.

    Les difficultés, on les voit. Il faudrait que l'Intelligence fît le chef-d'œuvre d'obliger l'Opinion à sentir la nullité profonde de ses pouvoirs et à signer l'abdication d'une souveraineté fictive ; il faudrait demander un acte de bon sens à ce qui est privé de sens. Mais n'est-il pas toujours possible de trouver des motifs absurdes pour un acte qui ne l'est point ?

    Il faudrait atteindre et gagner quelques-unes des citadelles de l'Argent et les utiliser contre leur propre gré, mais là encore espérer n'est point ridicule, car l'Argent diviseur et divisible à l'infini peut jouer une fois le premier de ces deux rôles contre lui-même.

    Il faudrait rassembler de puissants organes matériels de publicité, pour se faire entendre, écouter, malgré les intérêts d'un État résolu à ne rien laisser grandir contre lui ; mais cet État, s'il a un centre, est dépourvu de tête. Son incohérence et son étourderie éclatent à chaque instant. C'est lui qui, par sa politique scolaire, a conservé à l'Intelligence un reste de prestige dans le peuple ; par ses actes de foi dans la raison et dans la science, il nous a coupé quelques-unes des verges dont nous le fouettons.

    Les difficultés de cette entreprise, fussent-elles plus fortes encore, seraient encore moindres que la difficulté de faire subsister notre dignité, notre honneur, sous le règne de la ploutocratie qui s'annonce. Cela, n'est pas le plus difficile ; c'est l'impossible. Ainsi exposé à périr sous un nombre victorieux, la qualité intellectuelle ne risque absolument rien à tenter l'effort ; si elle s'aime, si elle aime nos derniers reliquats d'influence et de liberté, si elle a des vues d'avenir et quelque ambition pour la France, il lui appartient de mener la réaction du désespoir. Devant cet horizon sinistre, l'Intelligence nationale doit se lier à ceux qui essayent de faire quelque chose de beau avant de sombrer. Au nom de la raison et de la nature, conformément aux vieilles lois de l'univers, pour le salut de l'ordre, pour la durée et les progrès d'une civilisation menacée, toutes les espérances flottent sur le navire d'une Contre-Révolution. 

     

    Charles Maurras

  • La Résistance n'est pas au Parti, par Jean-Philippe Chauvin*

    Ce mercredi au Panthéon ...

     

    arton8470-7b8cd.jpgLa Résistance n’a jamais été la propriété d’un parti ou d’un courant politique, ce qui n’a pas empêché les uns ou les autres, une fois la Libération passée et le danger écarté, de vouloir la récupérer au profit de telle ou telle cause, comme un facteur légitimant et fortifiant : à ce petit jeu, le Parti communiste fut le plus acharné, et sa réaction à la panthéonisation de quatre noms symboliques de la Résistance et de sa diversité résumée plutôt qu’exhaustive, est très révélatrice à cet égard… Accuser le président Hollande de vouloir effacer la résistance communiste est, en fait, faire preuve d’un culot certain, et en appeler à l’unité de la Résistance, quand le Parti communiste n’a cessé en d’autres temps (pas si lointains, à bien y regarder) de vouloir la monopoliser, au nom de ses « 75.000 fusillés » (1), est une intention louable mais peu suivie d’effets dans le quotidien L’Humanité de ce mercredi 27 mai 2015. 

    Ce qui m’a particulièrement agacé dans l’édition du jour du quotidien communiste, c’est la tentative d’effacer, pour le coup, toute trace des résistances « non-républicaines », que cela soit pour les « premiers résistants » ou pour les étudiants du 11 novembre 1940 : or, les nationalistes maurrassiens, souvent malgré Maurras lui-même, et les monarchistes (parfois les mêmes, d’ailleurs) partisans du comte de Paris, furent nombreux parmi la petite cohorte des « résistants de 1940 ». 

    Cela ne veut pas dire que la Résistance fut royaliste et aucun de ces combattants de la première heure n’a cherché à imposer la fleur de lys sur les drapeaux de la France libre. Si certains arborèrent le sacré-cœur chouan sur leur chemise (peut-être ceux de la petite revue clandestine L’Ageasse, en Vendée, ou ceux du Camp Saint-Louis, non loin de Paris ?), comme l’évoque l’écrivain Jacques Perret, la « France d’abord » était leur combat et participer à sa libération était l’objectif qu’ils partageaient avec des socialistes, des républicains, des gaullistes (dont certains de ces royalistes étaient), et, même si cela peut paraître surprenant au regard des affrontements passés et de ceux à venir, des communistes ! Il n’est pas certain que ces derniers, surtout les plus liés à Moscou, aient eu, à l’époque, le même désintéressement politique… 

    Une fois la France libérée, les jeux politiciens, malheureusement, reprirent : était-ce illogique alors que la Résistance n’avait, formellement et fondamentalement, qu’un seul but commun à tous ceux qui en firent partie, la Libération, comprise d’abord et avant tout par le retour de la liberté de la France, de celle sans laquelle il n’y a pas de libertés publiques ni privées pour les Français quels qu’ils soient ? 

    Que, de temps en temps, et comme ce mercredi au Panthéon, l’on se rappelle de cette unité éphémère mais éminemment française, me réjouit, même si cette joie se teinte parfois d’une certaine amertume au regard de la situation actuelle de notre « cher et vieux pays »…   

     

    (1) On sait désormais que le nombre total des fusillés français durant l’Occupation n’a pas atteint les 5.000, si l’on en croit le récent dictionnaire qui leur est consacré, et qui en recense 4.500, ce qui est déjà beaucoup trop !

    Jean-Philippe Chauvin

     

  • Marseille : manifestation de soutien aux chrétiens d'Orient, ce vendredi 5 juin

    sigle.jpgUne manifestation de soutien aux chrétiens d'Orient aura lieu à Marseille, le vendredi 5 juin 2015.

    Rendez-vous est donné sous l'ombrière du Vieux-Port à 18h30.

    Les Marseillais y viendront en nombre.

  • Peut-on être Jacques Bainville aujourd'hui ? L'analyse de Stéphane Ratti *

    Jacques Bainville (1879-1936), membre de l'Académie Française et historien. © Rue des Archives/Tallandier

     

    Jacques Bainville, près de 80 ans après sa mort : une référence, un historien du passé et un visionnaire, qui selon Stéphane Ratti, ne ressemble en rien aux grands intellectuels d'aujourd'hui. Mais Stéphane Ratti ne se borne pas à cette constatation.  Son analyse perspicace, qui apparaîtra sans-doute, parfois atypique ou paradoxale aux bainvilliens de toujours, a le mérite de donner à réfléchir à la fois sur Jacques Bainville, sur ce qu'il faut bien appeler son intelligence politique et son art, sur l'époque où il vécut, qu'il ne cesse de décrire et analyser, et, enfin, sur notre époque même, à la fois si différente et si semblable. Il est possible que Bainville ne ressemble en rien aux grands intellectuels d'aujourd'hui, mais il n'a pas cessé de dispenser à nombre d'entre eux les bénéfices, avoués ou non, de son influence.  LFAR

     

    Il est des analystes de la vie politique grâce auxquels on se sent un peu moins seul face aux désordres du monde. Jacques Bainville est de ceux-là. L'intelligence de l'historien est telle qu'Antoine Prost, pourtant peu suspect d'affection a priori pour les penchants nationalistes de l'auteur, jugea son Histoire de France, où ne figure pas un mot d'économie, « si intelligente et si lumineuse ». Il est vrai qu'il ajoutait que la mariée était si belle qu'il fallait forcément se défier de la séduction qu'elle exerçait. Un homme de gauche ne rend pas les armes aussi facilement devant une histoire de droite. 

    De 1924 à sa mort en 1936, celui qui devint Académicien in extremis en 1935 fit paraître quelque 250 articles touchant à tous les domaines où s'exerçaient sa sagacité et sa lucidité sans pareil. Bainville annonça ainsi la revanche allemande de 1940 tout en bravant le sort que les dieux réservèrent à Cassandre horriblement mise à mort pour ne se tromper jamais. 

    Ce sont ces articles que publient aujourd'hui pour la première fois depuis 1939 Les Belles Lettres, sous le titre Doit-on le dire ?, dans une excellente collection dirigée par Jean-Claude Zylberstein. 

    La question que se pose le lecteur de ce recueil, balancé entre le dépaysement que lui procure ces images si étranges de la IIIe République où un Président barbote dans les bassins de Rambouillet et y grimpe aux arbres, et le saisissement qui le prend à constater mille similitudes dans les turpitudes de chacun, du chef de cabinet aux banquiers, est celle-ci : peut-on être Jacques Bainville aujourd'hui ? 

    Si les époques sont propices en apparence à souligner les concordances des temps, comme le fit naguère Jean-Noël Jeanneney, il me semble au contraire que tout ou presque a changé. Certes de brillants éditorialistes demeurent et ferraillent contre les pouvoirs. Mais quel écrivain reconnu et surtout indépendant dispose quotidiennement, comme Bainville dans le journal Candide, dont la réussite inspirera la création à droite de Gringoire et, à gauche, de Marianne, d'une tribune ouverte à plus de 400 000 lecteurs? Quel historien professionnel place encore son activité de publiciste sur le même plan que son travail de recherche au point de rédiger trois papiers dans la même journée ? Quel académicien publie ainsi son journal littéraire et politique au point d'en faire ce que Michel Tournier appelait un journal « extime » ? Celui de Michel Déon, que je sache, n'a jamais été publié dans son intégralité.

    Sans doute l'ironie si fine de Bainville, « paisible et salubre » comme il la décrivait, le protégeait-elle. Elle lui offrait le masque de Voltaire pour être plus authentiquement un autre Maurras. Il avait cette double compétence, historien du passé et visionnaire, qui en faisait un Janus aussi à l'aise dans le récit national de la Guerre de Cent ans que dans l'annonce tragique du funeste conflit à venir. Tragique parce qu'il n'était pas cru. « L'hitlérisme est étale », lui répondait-on impavide en 1932. On croyait alors, comme aujourd'hui, qu'il « suffit de ne pas parler de la guerre pour ne pas l'avoir ». Et Bainville de rappeler qu'il avait recueilli d'un vieux marquis, « la dernière personne vivante qui eût causé avec Balzac », cet avertissement que le romancier lui adressait: « Jeune homme, puisque vous êtes chez les Allemands, observez-les. Ce peuple a le sens de la discipline. Il fera des choses redoutables ». Cela se disait à Dresde, vers 1846. 

    Qui oserait afficher de nos jours cet aristocratisme démocratique - le même qu'il prêtait à Clemenceau qui, selon lui, qualifiait l'ensemble des membres de la classe politique de « ganaches » - qui le poussait à défendre un système électif de « liste d'État » par lesquelles seraient comme présélectionnés les candidats car « à chaque fournée électorale le niveau baisse » ? 

    Bainville, comme on le voit de nos jours, dénonçait les malversations des banquiers. Il avait compris qu'on encourageait l'épargne, comme l'éleveur engraisse les moutons : « Quand l'épargne devient capital, elle est bonne pour l'abattoir ». Bientôt chez nous l'impôt forcé à 15% sur le capital des Français ? 

    Mais combien rares dénoncent encore, comme Bainville, la censure dans les débats religieux qui sont tus aujourd'hui en France ? L'auteur adresse ce rappel salutaire aux plus téméraires: « Anatole France, par crainte des inquisiteurs de gauche, n'a usé du blasphème qu'en le dissimulant sous un cryptogramme ». 

    Nos grands intellectuels font aujourd'hui mine de se dégager, tout en poursuivant la lutte comme Régis Debray, un autre Candide engagé. Ou bien, au contraire de l'optimiste stoïcien qu'était Bainville, ils vantent le retrait et la suspension du jugement comme le fait brillamment, en épicurien et sceptique accompli, Pascal Quignard dans son dernier essai, Critique du jugement. 

    Pendant ce temps-là d'autres relisent peut-être Cicéron et ses leçons de fatalisme.  

     

    Stéphane Ratti est Professeur des Universités. Son dernier ouvrage, « Polémiques entre païens et chrétiens », est paru en 2012 aux éditions Les Belles Lettres.

    Stéphane Ratti            

  • Le temps des proxénètes, par Guillaume Némo*

     

    Il est de bon ton dans les entreprises de promouvoir le travail des femmes. Cela est fait à travers les paradigmes à la mode de l’égalité et de la diversité. Il y a même des sociétés de conseil spécialisées dans ce type de communication. C’est surtout une quasi-cause nationale qui mobilise les plus hautes instances étatiques. Bienvenu dans le meilleur des mondes qui « émancipe » les femmes ! Nous assistons ainsi à une extraordinaire campagne de manipulation mentale qui consiste à persuader les femmes que travailler c’est « for-mi-dable ». Mais jamais il n’est fait mention de ce qui fâche. Essayons pourtant d’apporter un peu de contradiction à cette doxa politiquement correcte.

    Outre le fait que la productivité des entreprises n’est pas nécessairement accrue du fait de la présence de femmes, contrairement à ce qu’on peut entendre ici ou là, la première question que nous pouvons nous poser est de savoir dans quelle mesure cela reste une liberté. En effet, le nouveau modèle économique du ménage français moyen n’impose-t-il pas d’avoir 2 salaires ? Sauf pour certains hauts salaires, ou certaines régions où les loyers sont particulièrement bas, il faut, pour la plupart des familles, consentir à de vrais sacrifices lorsqu’une mère décide de s’occuper de ses enfants plutôt que de reprendre une activité.

    D’ailleurs que reste-t-il de la liberté après Simone de Beauvoir : « aucune femme ne devrait avoir le droit de rester à la maison pour élever leurs enfants. Les femmes ne devraient pas avoir la possibilité de choisir« ’.

    Faut-il y voir un effet de ce que les capitalistes ont théorisé sous le nom de NAIRU – le maintien d’un taux de chômage suffisamment élevé pour qu’il n’y ait pas d’inflation sur les salaires -, femmes, immigrés et paysans, armées de réserve du capitalisme, alimentant ce qui ne peut être délocalisé ?

    Mais le pire, pour beaucoup de « travailleuses » qui passent la quarantaine, c’est quand elles se retournent sur leur passé. Ne sont-elles pas passées à côté de quelque chose de fondamental, correspondant à leur vocation propre, une maternité par exemple ? Elles ont cru tout pouvoir faire, tout pouvoir mener. Des modèles leur avaient pourtant été donnés : ici ou là, des « wonderwomen »’ concilient vie professionnelle et vie personnelle avec une certaine réussite. Mais parfois seulement. Qu’on se rassure, des sociétés comme Google ou Apple ont pris conscience du drame que peuvent vivre certaines femmes. Ainsi, ces firmes internationales proposent-elles à leurs collaboratrices de congeler leurs ovocytes pour mener à bien un « projet parental » après quelques années de bons et loyaux services au cours desquelles elles pourront se donner corps et âme à leur bienfaitrice entreprise.

    Citons en outre et sans autre commentaire 2 chiffres assez éloquents. Selon l’Insee, plus de 70% des divorces sont demandés par les femmes et 68% des femmes qui divorcent ont une activité professionnelle. Comme quoi, le féminisme des années 70, qui voulait faire des femmes des hommes comme les autres, n’a pas fait que des heureuses.

    Mais le ‘ »dégât collatéral »’ dont on ne parle jamais concerne l’impact écologique. Ce sujet devrait pourtant particulièrement interpeller nos grandes consciences bobos, adeptes du tri sélectif et des sentences moralo-écolos à imposer à la société. Qu’on en juge : lorsque, dans un ménage, un seul des 2 travaille, l’optimum du lieu de résidence se situe en face du lieu de travail. Chaque matin, il suffit à notre travailleur de traverser la rue. Mais lorsque les 2 travaillent, l’optimum du lieu de résidence se situe sur la ligne droite entre les 2 lieux de travail. Chaque jour c’est donc 2 fois la distance entre les 2 lieux de travail qui est parcourue, au mieux. Ainsi, il faut multiplier les infrastructures routières et ferroviaires pour permettre à nos 2 travailleurs de rejoindre leur lieu de travail. Du coup, combien de ménages ont 2 voitures, la seconde ne se justifiant que par les trajets domicile-travail, avec toute la pollution que cela engendre ?

    Bref, difficile de ne pas voir dans cette incitation au travail des femmes un des multiples moyens mis en œuvre pour déconstruire la famille. Il est évident que les parents sont les meilleurs éducateurs de leurs enfants. Que les femmes soient un rouage indispensable à la transmission font logiquement d’elles une cible privilégiée du meilleur des mondes.  

     Politique magazine

  • Ou en est Lafautearousseau ? Les chiffres de janvier à mai 2015 ...

     

    Ces résultats sont ce qu'ils sont : très élevés si on les compare aux autres publications papier ou numériques, notamment dans la nébuleuse royaliste - où Lafautearousseau dispose d'une audience de plus en plus manifeste; trop faibles encore à notre goût, si l'on songe à ce qu'ils pourraient et devraient être si nous voulons vraiment avoir une influence sur le cours et l'évolution des esprits, en matière de politique, de société, de civilisation. Or, dans la situation où il se trouve, il n'est pas douteux que notre pays est face à l'impérieuse nécessité d'amplifier cette réaction des intelligences que nous voyons fort heureusement grandir en ce moment en France et en Europe, et ce contre l'opposition très déterminée du Système, en particulier des grands médias.

    C'est pourquoi nous continuons de vous demander de nous soutenir, de vous tenir informés de notre progression et de tout faire - dans un esprit d'ouverture mais aussi de rigueur - pour accroître notre audience.

    A ce jour, le lectorat / mois de Lafautearousseau s'établit donc autour de 22 000; le nombre de visites / mois autour de 45 000 et le nombre de pages lues aux environs de 160 000. Ce ne sont pas des chiffres invérifiables (comme souvent), mais des statistiques sérieuses produites par talk-Spirit.

    Nous continuerons à l'avenir de vous informer sur la progression de Lafautearousseau. Merci, en tout cas, de votre confiance, de votre fidélité et de votre soutien.  •  LFAR

     

  • Question : Jusqu'où peut-on aller comme ça, sans explosion tout court ?

     

    Cela amène tout de même à 640 000 chômeurs supplémentaires depuis le début du quinquennat de François Hollande ... Songe-t-il sérieusement à se représenter ? 

  • Café actualités d'Aix en Provence ... C'est ce soir, 2 juin !

     

    "Suicide de la France" (Eric Zemmour)

    "Suicide de l'occident, suicide de l'humanité" (Michel Rocard)

    "L'homme dévasté" (Jean-François Mattei)

    "Le règne de l'homme, genèse et échec du projet moderne" (Rémi Brague)

    Ces livres récents montrent que tous les piliers de la civilisation se sont effondrés les uns après les autres. Devant le champ de ruines et le désert qui croît absorbant peu à peu les dernières oasis, peut-on faire autre chose que de se résigner au catastrophisme éclairé comme Jean-Pierre Dupuy ou Dany-Robert Dufour ? 
  • Comment Giscard comprend Poutine et met en cause la CIA, par Nicolas Bonnal *

    Crédits photo : Alexei Druzhinin/AP  

    Valéry Giscard d'Estaing a présenté à Moscou son livre  La victoire de la Grande armée », jeudi dernier 29 mai. Il en a profité pour rencontrer Vladimir Poutine et donner son point de vue sur la crise ukrainienne. Une fois n'est pas coutume : en l'occurrence, nous nous trouvons d'accord avec Giscard. Il ne prononce pas le mot « complot » que Nicolas Bonnal utilise : si l'on veut qu'il y en ait un, le terme ne fait alors que désigner l'action extérieure permanente des Etats-Unis : diplomatique, militaire, économique, financière, monétaire, juridique, etc. ... Elle ne s'embarrasse pas de scrupules. L'Amérique est, se comporte et se perçoit comme « la » puissance mondiale par excellence, naturellement impérialiste. A titre de confirmation on lira avec intérêt l'excellente note qui suit. LFAR  

     

    4946e3149d1089071ca65e63e517bc13.jpgDans la revue Politique internationale d’obédience atlantiste (n °146), Valéry Giscard d’Estaing brave la morgue d’une journaliste du Figaro et défend la position russe en dénonçant les agissements américains.

    Ayant réétudié son histoire impériale, « le petit télégraphiste de Moscou » déclare au sujet de la Crimée :

    « La conquête de la Crimée fut assez dure. Elle ne s’est pas faite au détriment de l’Ukraine, qui n’existait pas, mais d’un souverain local qui dépendait du pouvoir turc. Depuis, elle n’a été peuplée que par des Russes. Quand Nikita Khrouchtchev a voulu accroître le poids de l’URSS au sein des Nations unies qui venaient de naître, il a “inventé” l’Ukraine et la Biélorussie pour donner deux voix de plus à l’URSS, et il a attribué une autorité nouvelle à l’Ukraine sur la Crimée qui n’avait pas de précédent. À l’époque, déjà, je pensais que cette dépendance artificielle ne durerait pas. Les récents événements étaient prévisibles. »

    L’ancien Président voit, comme tous les observateurs sérieux, un complot de la CIA et une ingérence américaine dans cette affaire est-européenne.

    « Il faut se demander ce qui s’est réellement passé il y a un an dans la capitale ukrainienne. Quel rôle la CIA a-t-elle joué dans la révolution du Maïdan ? Quel est le sens de la politique systématiquement antirusse menée par Barack Obama ? Pourquoi les États-Unis ont-ils voulu avancer leurs pions en Ukraine ? Les Américains ont-ils voulu “compenser” leur faiblesse au Moyen-Orient en conduisant, sur le continent européen, une politique plus “dure” contre la Russie ? »

    Giscard devrait se souvenir de son collègue Brzeziński à la Trilatérale ! Puis il tance la politique de sanctions et les menaces sur les hommes politiques russes.

    « Les États-Unis, ils ont probablement soutenu et encouragé le mouvement insurrectionnel. Et, ensuite, ils ont pris la tête de la politique de sanctions visant la Russie – une politique qui a enfreint le droit international. Qui peut s’arroger le droit, en effet, de dresser une liste de citoyens à qui l’on applique des sanctions personnelles sans même les interroger, sans qu’ils aient la possibilité de se défendre et même d’avoir des avocats ? Cette affaire marque un tournant préoccupant. »

    Enfin, il remarque que ces euphorisantes sanctions risquent de nuire à tout le monde.

    « Concernant les sanctions économiques visant non des personnes mais l’État russe, comment ne pas considérer qu’elles font du tort aux deux protagonistes – Russie et Occident – en altérant leurs échanges commerciaux ? Les Américains ont-ils intérêt à provoquer la chute de l’économie russe ? Pour l’Europe, les Russes sont des partenaires et des voisins. Dans le désordre international actuel, face à la flambée des violences au Moyen-Orient, il serait irresponsable de souhaiter que l’économie russe s’effondre. »

    Les choses vont vite, toutefois, et comme on sait, d’autres économies plus virtuelles menacent depuis de sombrer…   

    , écrivain - Boulevard Voltaire

  • Le prince Louis de Bourbon en visite « officielle » dans le Morbihan ? Lettre sur la légitimité, de Pierre de Meuse

     

    Le prince Louis de Bourbon était en visite en Bretagne samedi 30 et dimanche 31 mai. A cette occasion, il a fait au Télégramme différentes déclarations reproduites avant-hier samedi sur le site internet du quotidien breton. Ces déclarations ont fait l'objet d'une Lettre sur la légitimité, de Pierre de Meuse, parue peu après dans le forum des débats du Télégramme. Elle a également été publiée sur notre page Facebook, Lafautearousseau Royaliste. Nous la mettons en ligne, nous aussi, aujourd'hui, pour une plus large audience. Est-il utile de préciser que nous en partageons les termes et l'esprit ? LFAR  

     

    955344382.jpgLa monarchie légitime est malheureusement abolie depuis 185 ans. Dans l’ordre juridique actuel, n’importe qui a le droit de revendiquer la couronne de France. Toutefois, si on le fait au nom du droit dynastique et de  l’Histoire, il faut respecter les faits historiques. Or Louis Alphonse de Bourbon, que vous avez interrogé, a commis un certain nombre d’erreurs qui en disent long sur le bien-fondé de sa prétendance.

      D’abord, il nous parle des Bourbons, « famille française depuis plus de 1.000 ans. » Faut-il rappeler que les Bourbons commencent en 1256 en tant que branche de la famille royale, et ne deviennent héritiers de la couronne qu’à la mort d’Henri III, à la fin du XVI° siècle ? La famille royale millénaire est bien la dynastie capétienne, à travers ses divers rameaux. 

      Ensuite, s’il est vrai que le Prince Henri d’Orléans est le descendant direct de Louis-Philippe, ce n’est nullement de la Monarchie de Juillet qu’il tient sa légitimité, mais de l’épuisement de la branche aînée dans les mâles à la mort d’Henri V, Comte de Chambord. Contrairement à ce que dit Louis Alphonse, il n’y a plus d’orléanisme, ni de légitimisme, d’ailleurs, depuis que, le 3 août 1873 le premier Comte de Paris reconnut Henri V comme roi de jure et renonça à porter les insignes de 1830. A la mort du prétendant de Frohsdorf, il devint Philippe VII et non Louis-Philippe II comme le réclamait une partie de sa famille, qui le déshérita pour cela. Du reste, si le terme « orléanisme » signifie une option libérale et centraliste, par opposition au royalisme traditionnel, alors Louis de Bourbon peut considérer avec regret ses propres aïeules et aïeux les reines Marie-Christine et Isabelle, ainsi que les rois Alphonse XII et Alphonse XIII, dont la doctrine de gouvernement était identique à celle de Louis Philippe. 

      Enfin, Louis de Bourbon rappelle de manière surprenante pour expliquer sa vie à l’étranger les « mesures d’exil qui ont frappé les familles royales ». Certes, mais non la sienne, qui ne fut touchée ni par la loi de 1832, ni par la loi de 1848 ni par celle de 1886 qui ne proscrit que les Orléans et les Bonaparte. Et pour cause ! Les Bourbons isabelins dont Louis est l’héritier régnaient alors sur l’Espagne, et ne songeaient nullement à revendiquer la couronne de France. Et lorsque le grand père de Louis, après la mort de son père, le roi Alphonse XIII, se découvre appelé par une vocation irrépressible à la prétendance, il va tranquillement passer sans entraves d’un pays d’Europe à l’autre, tandis que les Orléans restent frappés par la loi d’exil jusqu’en 1950, revenant ensuite dans leur patrie pour toujours sans jamais cesser de se déclarer prêts à accomplir leur devoir historique.  Car renouer les liens déchirés du charisme monarchique diffère grandement de la simple transmission d’une couronne : il y faut une longue suite de sacrifices et d’efforts, bien plus que deux voyages par an, mais un amour exclusif de notre pays, une disposition de tous les instants, une solidarité obstinée à travers les siècles. La couronne de France n’est pas un lot de consolation pour des princes injustement traités par leurs cousins. 

     

    Pierre de Meuse

     

  • Bernard-Henry Lévy à nouveau "entarté" en Belgique, une fois de plus victime de Noël Godin, dit "Le Gloupier" ...

     

    Il s'agit, bien-sûr, d'un enfantillage burlesque, proprement anecdotique qui n'ajoute ni n'enlève rien à la personnalité fort contestable de Bernard-Henri Lévy. Qui sait pourquoi cela fait rire ? En tout cas, c'est le fait. Inutile de s'en priver s'agissant de BHL, trop imbu de lui-même pour appeler la retenue et trop néfaste envers les intérêts de la France pour que l'on soit enclin à le ménager.  LFAR 

     

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas toujours de quoi

    Prélude à la conférence climat de Paris : la Tour Eiffel écologique ?

    Signé VIAL - Figaro magazine

     

  • Famille de France • Le duc et la duchesse de Vendôme reçoivent les membres des Conseils d'Habitants de Dreux

    Le duc et le duchesse de Vendôme à Dreux

     

    Présence des Princes à Dreux

    Dimanche dernier, 24 mai, l'on a fêté, à Dreux, les 50 ans du prince Jean au cours d'une journée joyeuse réunissant, à l'invitation de la princesse Philomena, faimille, parents et nombreux amis. Nous en avons largement rendu compte mercredi dernier, 27 mai. Voici que ce même 27 mai, les Princes recevaient, également au Domaine Royal de Dreux, les Conseils d'Habitants de la Ville. Vous serez certainement intéressés d'en savoir plus et de regarder les très belles images que la Ville de Dreux a fait prendre à cette occasion. Il y en a un bon nombre et nous avons plaisir à les présenter aux lecteurs de Lafautearousseau. On y remarque, une fois de plus, non seulement l'élégance des Princes, mais aussi leur gentillesse, leur disponibilité pour chacun, leur souci de faire bénéficier de leur présence à Dreux et du prestige du Domaine Royal, l'ensemble des habitants de la ville de Dreux.  LFAR 

     

    Mercredi 27 mai dernier, l'héritier de la Maison royale de France et son épouse Madame la duchesse de Vendôme, ont reçu au Domaine royal de Dreux, les membres des Conseils d'Habitants de la Ville, pour la soirée annuelle des comités Proximum (comités dont la princesse est une membre active depuis le début de l'année, au sein du conseil des habitants du centre-ville de Dreux).

    Le duc et la duchesse de Vendôme ont accueilli leurs hôtes au pied de la chapelle Royale Saint-Louis pour une soirée d'échanges, en présence de Gérard Hamel, maire de Dreux, et de Naima M'Faddel Ntidam déléguée à la politique de la Ville, autour des différents projets des comités Proximum contribuant à améliorer la vie quotidienne de la ville et son image. Puis les princes ont offert à leurs hôtes, une visite privée de la chapelle Royale Saint-Louis. Une belle occasion pour beaucoup de découvrir, dans une ambiance chaleureuse,  le monument phare de leur ville.

    (Source: ville de Dreux - Photos Jean Cardoso)

     

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  • HISTOIRE • Vendée, 1815 : l’Ouest contre Napoléon, par Anne Bernet

     

    anne bernet.pngMéconnu et oublié, le soulèvement de l’Ouest provoqué par le retour de Napoléon en mars 1815, revêt, lors des Cent Jours, une incontestable importance. Peut-être même a-t-il décidé de l’avenir de la France.

    Ni l’annonce du débarquement de l’empereur à Golfe-Juan le 9 mars, ni celle du « vol triomphal de l’Aigle », ralliant sur son passage les troupes censées, selon Ney, « le ramener dans une cage de fer », pas davantage celle de son entrée le 20 mars dans Paris, déserté la veille par Louis XVIII, n’ont ému l’opinion, fût-ce dans l’Ouest. C’est qu’en Vendée, en Bretagne, dans le Maine et en Normandie, les Blancs ressassent avec amertume l’attitude du Roi au lendemain de sa Restauration, l’année précédente. Trop sûr de la fidélité des provinces blanches, il a gardé ses gracieusetés pour l’ennemi d’hier. Ce choix, censé favoriser l’oubli du passé et la réconciliation nationale, a paru intolérable ingratitude et réveillé parmi les combattants de « la grand’ guerre » le souvenir des « lâchages » des Princes qui promettaient toujours de venir et ne sont jamais venus…

    Comment s’étonner si ces hommes, désormais quadragénaires pour les plus jeunes d’entre eux, ou leurs fils, n’ont eu ni l’idée ni l’envie, en ce printemps archi-pourri de 1815, de reprendre les armes afin de courir au secours d’une légitimité décevante ? Sauf exceptions…

    Noblesse oblige : tandis que Louis XVIII et sa cour se replient vers Gand, certains ne peuvent se résigner à laisser l’Usurpateur se réinstaller aux Tuileries sans rien faire. C’est en toute légalité d’ailleurs que, dans un premier temps, ils agissent. Inconscient des déceptions des mois écoulés, le Roi, s’il met à l’abri son auguste personne, croit néanmoins possible de maintenir en France des poches de résistance royalistes propres à compliquer la tâche du pouvoir impérial. C’est ainsi que le duc d’Angoulême est parti pour Toulouse, son épouse pour Bordeaux, le duc de Bourbon pour Angers afin de lever les provinces fidèles. Mission impossible, ils ne tarderont pas à le comprendre. Ni le Languedoc ni l’Aquitaine ne bougent, au désespoir de la princesse, « le seul homme de sa famille » comme dit, injustement, Napoléon.

     

    Pas de soulèvement massif

    Quant à l’Ouest… Le duc de Bourbon s’attendait à un soulèvement massif, à l’arrivée de milliers de volontaires enthousiastes, cocardes blanches au chapeau. Or, ils ne sont que quelques milliers, mal ou peu armés, voire pas armés du tout, à converger, fin mars, vers les points de rassemblement. Seuls les officiers sont au rendez-vous. Anciens des premières guerres de Vendée et des chouanneries, tels d’Autichamp, Suzannet, Sapinaud de La Rairie au Sud de la Loire, d’Andigné, Sol de Grisolles, Carfort au Nord ; ou néophytes mais porteurs d’un patronyme qui interdit toute dérobade, à l’instar de Louis et Auguste de La Rochejaquelein, frères cadets d’Henri, le très jeune généralissime de 1793, Ludovic de Charette, neveu du « roi de Vendée », Joseph et Louis Cadoudal, cadets de Georges, ou Julien Guillemot, fils du défunt « roi de Bignan », ils se doivent d’être de la partie.

    D’emblée, elle s’engage mal. Le 31 mars, rebuté à la perspective de prendre le maquis et d’aller chouanner sur la lande, le duc de Bourbon négocie avec les autorités son départ et s’embarque vers l’Espagne, abandonnant à leur sort des hommes désormais trop compromis pour rien attendre de l’empereur.

     

    La haine de Napoléon

    Napoléon, en effet, déteste les insurgés de l’Ouest. Un temps, il a flatté « les géants de Vendée », car le péril, de ce côté-là, alors n’existait plus. Si les Vendéens s’avisent de bouger, ils seront aussi maltraités par l’empereur que les chouans, coupables d’avoir résisté beaucoup plus longtemps à ses offres pacificatrices et qui le payèrent au prix fort. Aux yeux de Napoléon, quiconque conteste son génie et les droits qu’il lui donne à gouverner le monde, est un brigand qu’il faut exterminer. Après les chouans, Italiens, Tyroliens et Espagnols en ont fait la cruelle expérience… Quand il s’agit d’éradiquer les résistances, l’empereur emploie les méthodes du Comité de salut public jadis. Quoiqu’ils le sachent, les officiers royalistes ne reculent pas ; mais que peuvent-ils, sans hommes et sans armes ?

    Les hommes, Napoléon va les leur fournir. Le 10 avril 1815, il rétablit la conscription. En 93, plus que la mort du Roi et la persécution religieuse, la levée en masse provoqua le soulèvement de l’Ouest. Il fallut, lors de la pacification, en exempter les départements insurgés, exemption vite supprimée tant « l’Ogre » réclamait de soldats. La France, l’an passé, a applaudi sa chute d’abord pour mettre fin à cette boucherie. Et voilà qu’à peine Napoléon revenu, cela recommence ! Le prétexte est suffisant pour lever au moins en partie les campagnes de l’Ouest. En partie seulement. Lors de la prise d’armes, fixée en Vendée au 11 mai, les volontaires se comptent 25 000 ; à peu près autant sur l’autre rive de la Loire. Ce n’est pas assez mais vouloir faire lever les paysans en pleins travaux de printemps est une gageure. Au demeurant, les armes manquent ; Louis de La Rochejaquelein, autoproclamé généralissime, est parti en réclamer aux Anglais ; elles seront livrées le 15 à Croix-de-Vie. Après, on marchera sur Paris ! C’est en tout cas le plan de ces Messieurs, qui ne doutent de rien. En fait, cela ne va pas se passer si bien.

    Le 22 mai, le général Lamarque arrive à Angers, flanqué de Travot, l’homme qui, en 1796, prit Charette, son unique titre de gloire. Ils ont ordre d’être impitoyables, ce qui déplaît à Lamarque, peu assuré de l’avenir du régime impérial et peu fait pour les guerres civiles. Son but est d’empêcher la jonction des Vendéens et des Chouans, en tenant les deux rives de la Loire, pas de massacrer à tout va. Mais la guerre, même aux dimensions d’un département, s’avère meurtrière : 30 tués côté impériaux à Saint-Pierre des Échaubrognes ; beaucoup plus, le 20 mai, côté Blanc, à Aizenay où tombe Ludovic de Charette, une, petite, défaite qui suffit à démobiliser les royalistes. Ce sera pire lorsque, le 4 juin, Louis de La Rochejaquelein est tué au pont des Mathes alors qu’il gagnait la côte afin d’y réceptionner des armes. Le 17, Suzannet tombe à La Rocheservière, nouvel échec suivi du massacre systématique, sur décision de Travot, des prisonniers blancs. La Vendée, privée de ses chefs emblématiques, dans l’ignorance des succès, et des revers, des Bretons à Auray, Redon ou la Roche-Bernard va-t-elle capituler ?

     

    la « pacification de Cholet »

    Peut-être y penserait-elle si, le 25 juin, avec une semaine de retard, la nouvelle de Waterloo, le 18, et de la seconde abdication de Napoléon, le 22, n’atteignait enfin l’Ouest, jetant la confusion dans les deux partis. Et si Lamarque, conscient d’avoir perdu toute légitimité, très inquiet de l’avance des troupes alliées, surtout des Prussiens, vers l’Ouest, n’avait la sagesse de signer la « pacification de Cholet » le 28. Auguste de La Rochejaquelein et ses amis en profitent pour lui affirmer qu’ils combattront, le cas échéant, à ses côtés afin d’interdire l’accès de leurs provinces à l’ennemi. La menace est prise au sérieux par le haut commandement ennemi qui croit encore avoir affaire aux hommes de 93 ; renonçant à pénétrer en Vendée et en Bretagne, il se détourne vers Caen. Cela lui coupe aussi toute envie de réclamer, comme il en avait l’intention, le rattachement de la Bourgogne aux États germaniques.

    En attendant, pacification signée ou pas, au Nord de la Loire, les chouans ne désarment pas. Ils resteront prêts à se battre, et se battront, parfois, et se feront tuer, devant Vannes ou Laval, jusqu’à la fin juillet 1815, en dépit du retour de Louis XVIII, revenu à Paris le 8 juillet. Obstination ? Non, prudence. Ils ne cesseront le combat qu’une fois assurés de la Restauration des Bourbons et tout risque écarté de voir Napoléon II sur le trône.

    La victoire ne les rendra pas vindicatifs. Aucune poursuite ne sera engagée à l’encontre des Bleus, hormis Travot, condamné à mort, puis gracié, à cause du massacre des prisonniers de La Rocheservière, enfermé au fort du Ham où il deviendra fou.

    L’historiographie républicaine et bonapartiste sera moins généreuse. Elle imputera à l’insurrection de l’Ouest l’absence à Waterloo des 50 000 hommes de Lamarque dont la présence aurait, peut-être, changé la face du monde. Nous l’avons échappé belle !

    Anne Bernet, Politique magazine