UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1542

  • Dossier syrien : Ce n'est pas d'aujourd'hui que les démocraties oeuvrent au triomphe des pires... Lire le parallèle historique que dresse Antiquus

    Abou Bakr Al-Baghdadi, le "calife" de Daech face à Bachar El Assad 

     

    L'attitude des "occidentaux" d'aujourd'hui ressemble trait pour trait à celle des "démocraties" lorsque Hitler commença à menacer l'Autriche, s'appuyant sur les SA de Seyss-Inquart. A l'époque, l'Autriche était dirigée par le chancelier Dollfuss, qui fut assassiné par les hitlériens, et remplacé par le chancelier Schussnigg. Ils demandèrent de l'aide contre l'invasion qui se préparait ; mais la France et l'Angleterre la lui refusèrent obstinément. Pourquoi ? Parce que ces deux gouvernants représentaient une tendance de la droite monarchiste et corporatiste. La troupe sur laquelle ils s'appuyaient était la Heimwehr, dirigée par le prince de Starhemberg. C'est ainsi que Léon Blum ne manqua pas de déclarer, dans un texte bien enseveli aujourd'hui, que le national socialiste valait mieux que la dictature réactionnaire et cléricale. Les « démocraties » ont payé leur aveuglement idéologique. Mais bien plus encore les peuples qui avaient le malheur d'être dirigées par elles. Elles n'ont rien appris depuis. On ne peut même pas dire qu'elles ont tout oublié car elles n'ont pas de mémoire. 

    Antiquus

    lundi 25 mai 2015

    (Commentaires de Lafautearousseau)

     

  • Pourquoi la gauche a perdu les intellectuels, selon Vincent Tremolet de Villers *

     

    Nous avons maintes fois évoqué ce sujet important dans Lafautearousseau. Et, sans-doute, n'en aurons-nous pas fini de longtemps. Vincent Tremolet de Villers dresse ici de l'évolution d'une bonne partie des intellectuels français un tableau synthétique brillant, saisissant et utile.  LFAR

     

    ob_b41265_vincent-temolet-de-villers.jpg« Pseudo-intellectuels ! » On croyait que Najat Vallaud- Belkacem était une élève appliquée, on a découvert la plus affranchie des anarchistes. Il lui aura fallu une formule prononcée le 30 avril sur RTL pour faire trembler tout ce qui, à Paris, fait la vie de l'esprit. Le Collège de France, l'Académie française, la revue Le Débat, l'Ecole des hautes études… Au bowling, ça s'appelle un strike, au tennis un grand chelem. Marc Fumaroli, Pierre Nora, Jacques Julliard, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Luc Ferry, Pascal Bruckner, Patrice Gueniffey : son tableau de chasse ferait pâlir d'envie le dernier des Enragés de 68. « Professeurs, vous êtes vieux… votre culture aussi », écrivaient-ils sur les murs ; « Intellectuels, imposteurs », leur a-t-elle dit en substance. Depuis, la bonne élève a repris le dessus et elle fait mine de trier le bon grain (Nora, Julliard) de l'ivraie (Finkielkraut, Ferry, Bruckner). Le gouvernement dans son ensemble s'est souvenu que le maître d'œuvre des Lieux de mémoire n'était pas un vulgaire porte-parole de l'UMP. Mais il est trop tard, le mal est fait. La confrérie des « pseudos », partagés entre la colère et l'effarement, épargne Najat Vallaud-Belkacem, mais le propre d'un universitaire, d'un chercheur ou d'un savant est d'avoir la mémoire longue.

    D'autant que le Premier ministre a pris, lui aussi, la mauvaise habitude de cibler penseurs et essayistes. En six mois, il a réussi le tour de force de se mettre à dos quatre auteurs à très grands succès. Il a d'abord affirmé que le livre d'Eric Zemmour ne devait pas être lu. A expliqué que celui de Houellebecq le méritait peut-être. Avant de tomber sur Michel Onfray dans une démonstration embrouillée (Manuel Valls lui reprochait en substance de préférer avoir raison avec Alain de Benoist plutôt que tort avec BHL) puis sur Emmanuel Todd (qui n'en demandait pas tant), coupable, par les considérations abracadabrantesques que l'on peut lire dans son dernier essai Qui est Charlie? (Seuil), de désespérer le canal Saint-Martin. « Crétin ! », « Pétain ! » a reçu Manuel Valls en retour.

    Tout fout le camp ! La gauche avait déjà perdu le peuple, voilà les intellectuels qui la désertent. Ils y étaient pourtant plus chez eux qu'un banquier à la City, à tel point que l'on apposait naturellement, comme un poing sous une rose, les mots « de gauche » à celui d'« intellectuel ». Las ! Les images de philosophes à cheveux longs, belles gueules, clope au bec, dans un cortège de mains jaunes illustrent désormais les livres scolaires. SOS Racisme est une petite entreprise en difficulté, François Hollande, un Mitterrand de poche et la jeunesse de France, atomisée. La planète de l'intelligence s'éloigne chaque jour un peu plus de celle de la politique et, si le divorce n'a pas été prononcé solennellement, la séparation est un fait. « Où sont les intellectuels ? Où sont les grandes consciences de ce pays, les hommes, les femmes de culture qui doivent monter au créneau. Où est la gauche ? » a lancé Manuel Valls, en meeting dans la petite ville de Boisseuil, près de Limoges (Haute-Vienne). C'était le 5 mars, avant les départementales. Nul, sinon l'écho, n'a répondu à sa plainte.

    Sans s'en douter, le Premier ministre renvoyait à la première querelle, la plus profonde. Son discours reprenait, en effet, les mots de Max Gallo, alors porte-parole du gouvernement Mauroy, qui, en 1983, signait dans Le Monde une tribune sur « le silence des intellectuels ». 1983: c'était alors le tournant libéral et la première rupture. L'enjeu : l'autre politique et la sortie de la France du Système monétaire européen (SME). Après moult hésitations, Mitterrand avait choisi la ligne « orthodoxe ». « Sur l'Europe, 1983 fut pour les socialistes ce que 1992 fut pour les gaullistes », explique Eric Zemmour. Ce fut l'occasion d'un affrontement idéologique qui a creusé les premières tranchées. A gauche, les marxistes, mais aussi ce qu'on appellera beaucoup plus tard les souverainistes, les défenseurs de « l'Etat stratège », du modèle social, du soldat de Valmy, du prolo des usines que Renaud, pas encore passé de la mob au 4 x 4, chante avec talent. Pour eux, depuis 1983, «l e peuple est la victime émissaire des élus du marché libre » (Michel Onfray). A droite, les pragmatiques, et les membres de ce qu'Alain Minc appellera beaucoup plus tard « le cercle de la raison ». Ils sont progressistes, défenseurs de la construction européenne et de l'Alliance atlantique. En politique, c'est Jean-Pierre Chevènement contre Jacques Attali. Mitterrand apaisa ces courants contraires en faisant souffler « l'esprit du Bien ». Avec l'aide de Julien Dray, Bernard-Henri Lévy, Harlem Désir, il inventa l'antiracisme au moment même où il aidait le Front national à prendre son envol. La droite la plus bête du monde foncera tête baissée. Trente ans après, elle continue de tourner sans but dans l'arène. La gauche se grisera avec la lutte contre le FN pour oublier que sa pensée s'épuise. Au début, c'est caviar et champagne ! C'est nous qu'on est les penseurs ! L'intelligence, le talent, la culture, les paillettes sont de gauche. Le magistère intellectuel aussi. Le mécanisme énoncé par Régis Debray en 1979 dans Le Pouvoir intellectuel en France (Folio) - « Les médias commandent à l'édition, qui commande à l'université » - est parfaitement huilé. « Mitterrand était un homme complexe, cultivé, spontanément monarchique, se souvient Pascal Bruckner. Il y avait une cour autour de lui. »

    De Mitterrand à Hollande

    C'est « la République des bonnes blagues, des petits copains »

    Pascal Bruckner

    Près de trente ans après, un socialiste est toujours à l'Elysée, mais c'est « la République des bonnes blagues, dit Bruckner, des petits copains ». Quant à l'antiracisme, les bombes de l'islamisme conquérant l'ont désorienté. « C'est un train fou duquel de plus en plus de gens ont envie de descendre » (Finkielkraut). Le Président bichonne la société civile, mais les comédiens, les rappeurs (JoeyStarr), les comiques (Debbouze), les artistes passent avant les intellos. Bernard-Henri Lévy passe parfois en voisin, mais c'est pour prendre la défense des Ukrainiens, des peshmergas ou des chrétiens d'Orient. Régis Debray préfère dîner avec Eric Zemmour ou deviser avec son voisin de palier, Denis Tillinac. Pascal Bruckner, malgré les sarcasmes de ses amis qui moquent « un combat de droite », se rend à Erbil à la rencontre des chrétiens d'Irak. Alain Finkielkraut est élu à l'Académie française au fauteuil de Félicien Marceau. L'ancien mao Jean-Pierre Le Goff fustige avec un talent redoutable le « gauchisme culturel ». Jacques Julliard déplore le « néant spirituel et intellectuel contemporain ». Pierre Nora considère que « la crise identitaire que traverse la France (est) une des plus graves de son histoire ». Tous reconnaissent un divorce avec la gauche qui nous gouverne. Le communiste Alain Badiou voit-il sa prophétie prendre corps ? En 2007, il confiait au Monde: « Nous allons assister, ce à quoi j'aspire, à la mort de l'intellectuel de gauche, qui va sombrer en même temps que la gauche tout entière (…) (Sa) renaissance ne peut se faire que selon le partage : ou radicalisme politique de type nouveau, ou ralliement réactionnaire. Pas de milieu.» Le radicalisme politique de type nouveau pousse à la gauche de la gauche. Il regarde vers Syriza ou Podemos et dénonce, avec Jean-Claude Michéa, la complicité idéologique entre gauche et droite françaises « sous le rideau fumigène des seules questions “sociétales” ». Que reste-t-il pour le gouvernement ? Un quarteron de sociologues, le sourire de Jacques Attali et la mèche d'Aymeric Caron.

    « L'antiracisme est un train fou duquel de plus en plus de gens ont envie de descendre »

    Alain Finkielkraut

    Le 11 janvier n'est plus ce qu'il était

    Les intellos, François Hollande pense pourtant les connaître par cœur. Un déjeuner, quelques compliments, un shake-hand et le tour est joué. Le PS, c'est chez eux: ils reviendront à la maison à la première occasion. Le 11 janvier, le président de la République a cru à la grande réconciliation. « Il a vécu une lune de miel avec les intellectuels, raconte Pascal Bruckner. Et, très vite, la gauche est revenue à son péché originel : croire qu'elle est le sanctuaire inaliénable de l'intelligence et de la pensée. Hors les penseurs godillots, les intellectuels n'ont pas suivi et ceux qui ne suivent pas sont excommuniés.» L'esprit du 11 janvier a laissé la place à l'esprit de parti. Très vite, il ne s'agissait plus de combattre le terrorisme islamiste, mais le Front national et « l'islamophobie ». La défense de la liberté d'expression a laissé place à une surveillance du « dérapage », de l'amalgame, de la stigmatisation. Un détournement grossier qui a laissé des traces. « On invoque “l'esprit du 11 janvier”, tempêtait Jean-Pierre Le Goff dans FigaroVox, en même temps, le débat et la confrontation intellectuelle sont placés sous la surveillance d'associations communautaristes qui se sont faites les dépositaires de la morale publique.» Quand Laurent Joffrin célébrait le 11 janvier comme une épiphanie de la gauche morale, Alain Finkielkraut voyait naître « la division du monde politique, médiatique et intellectuel entre deux partis. Il y a d'un côté “le parti du sursaut” et “le parti de l'Autre”. La vision était prophétique. « L'antifascisme mondain » (Elisabeth Lévy) a volé en éclats et « le parti de l'Autre » a tombé le masque. Avec Edwy Plenel et Emmanuel Todd, il fait des musulmans d'aujourd'hui « les juifs des années 30 » et de la réaction des Français aux attentats la preuve de leur « islamophobie ». Après les avoir célébrées, s'en prendre aux foules du 11 janvier est devenu un must. La preuve d'«une fuite en avant dans la radicalité chic» (Finkielkraut). Sur l'autre versant de l'antiracisme, de Bernard-Henri Lévy en Philippe Val, on nomme l'ennemi prioritaire: « le drapeau noir du califat ».

    La vérité est que la folie djihadiste a mis au jour une ligne de fracture très profonde et que l'on ne peut plus enfouir : celle de l'identité ainsi qu'une question obsédante: « Qu'est-ce qu'être Français ? » L'universitaire Laurent Bouvet se souvient d'un colloque organisé en 2011, par le PS, sur le sujet. Il avait défendu l'idée d'une angoisse identitaire qui traversait le pays et développé la notion d'« insécurité culturelle ». Il fut considéré, au mieux comme un zozo, au pire comme un allié objectif de Marine Le Pen.

    Impuissante à y répondre, sourde à ces paniques, oscillant sans choisir entre le parti de « l'Autre» et celui du «sursaut », dépourvue de marges de manœuvre économiques, la gauche Hollande, pour combler son vide idéologique, est en proie à une véritable frénésie sociétale. Le mariage, la filiation, le genre, l'IVG, la fin de vie : il faut légiférer sur tous les aspects de l'existence, de la conception jusqu'à la mort naturelle. Là encore, tous les intellos ne suivent pas. « Ils veulent changer la condition humaine », s'est exclamé Claude Lanzmann dans Le Figaro. Onfray signe avec José Bové et Sylviane Agacinski une tribune dans Libé contre la GPA. Dans Le Figaro, il qualifie Pierre Bergé, favorable à cette pratique, de « Berlusconi, la vulgarité en plus ». « Le mariage pour tous, comme la réforme du collège, devait être pour leurs promoteurs une simple mesure d'ajustement à la société d'aujourd'hui, explique l'historien Pierre Nora. Ils ont tout, pour leurs détracteurs, d'un ébranlement social profond.»

    Le collège ! Le dernier champ de bataille entre les intellos et le gouvernement. Les premiers reprochent un nivellement par le bas, les seconds veulent libérer l'élève de son ennui. « La civilisation, ça n'est pas le Nutella, c'est l'effort », a lancé Régis Debray comme un cri de ralliement. Alain Finkielkraut reconnaît avec ses pairs que droite et gauche sont pareillement coupables dans l'effondrement de l'école. Il s'inquiète cependant des déclarations martiales de Najat Vallaud-Belkacem: « L'école était une promesse, elle est devenue une menace, explique-t-il. A l'insécurité culturelle, le gouvernement ajoute une insécurité scolaire, indiquant aux parents qui veulent le meilleur pour leurs enfants qu'ils sont pris au piège et que les “resquilleurs de mixité” seront punis. Leur attitude de plus en plus compassionnelle est aussi de plus en plus totalitaire.»

    L'inculture pour tous

    « Les intellectuels peinent à trouver leur place dans un système d'information où le manichéisme et la pensée ­binaire feront toujours plus d'audience que la nuance »

    Pierre Nora

    Pour Pierre Nora, au-delà même des idées, cette rupture était inéluctable. « Les politiques se méfient des intellectuels, reconnaît-il. Ils ont en tête leurs fourvoiements d'autrefois et leur reprochent d'être déconnectés de la réalité du terrain, de la complexité des dossiers. Ils ne pèsent rien dans les formations politiques, pas plus que dans les élections.» Mais, à l'entendre, la clé est ailleurs. « Les intellectuels, poursuit-il, peinent à trouver leur place dans un système d'information où le manichéisme et la pensée binaire feront toujours plus d'audience que la nuance, où animateurs et politiques se mettront le plus souvent d'accord pour considérer “le penseur” comme un coupeur de cheveux en quatre.»

    Comment réfléchir dans la perspective étroite et desséchante de la conquête du pouvoir? Comment méditer sur les fractures françaises quand vous êtes attendu sur une radio à 8 heures, une télé d'information continue deux heures plus tard, à un déjeuner avec des journalistes avant de vous rendre à l'Assemblée et à un colloque le soir dans un lycée de lointaine banlieue sur « le vivre-ensemble » ? Le tout en ayant échangé une centaine de textos ?

    Dans l'agenda d'une politique, la vie intellectuelle est un encombrant.

    Nous sommes au début des années 2000. Le PS a pris des bonnes résolutions. Il reçoit tour à tour les grandes figures de la pensée. Ce matin, c'est Marcel Gauchet qui planche. Le thème: « La sortie du religieux ». Une quinzaine d'auditeurs sont présents avec, au premier rang, le premier secrétaire du parti, François Hollande. A peine l'orateur a-t-il commencé que le député de Corrèze commence à compulser un dossier qu'il lit avec attention page par page. Au milieu de la communication, son attachée de presse apporte, l'air affairé, un autre dossier. Tandis que Gauchet poursuit son propos, Hollande se plonge un peu plus dans ses papiers. Une fois la conférence terminée, il oublie ses dossiers sur la table. Que contenaient-ils? Des dépêches politiques du fil AFP !

    Pour Jean-Pierre Le Goff, cette inculture est de plus en plus rédhibitoire : « Une élite ? Des gens qui, par un certain nombre de conditions, sont arrivés au pouvoir. Mais ils sont totalement incultes. Dénués des oripeaux du pouvoir, ils ne sont plus rien. » « Ceux qui affirment, sans gêne, que l'on critique sans avoir étudié, que lisent-ils ? », interroge Alain Finkielkraut. Ce qu'un ancien secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand résume en ces termes: « Les ministres d'aujourd'hui ont le niveau des attachés parlementaires des années 80.» Cette inculture, cependant, n'est pas l'apanage de la gauche. Et la droite s'illusionne si elle pense adopter ces orphelins. « Mon parti n'existe pas », confie Alain Finkielkraut. Bruckner, lui non plus, n'a pas de port d'attache. Le Goff anime le groupe Politique autrement. Régis Debray ou Michel Onfray se situent désormais en surplomb de ce qu'ils considèrent comme un divertissement de masse. Ce qui les relie les uns aux autres ? Quelques mots d'Albert Camus : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.» D'autres de Pierre Manent : « Je veux comprendre, ou plutôt je désire comprendre. Comprendre quoi ? Comprendre ce qui est.» Et le premier des droits de l'intelligence, plus menacé que jamais. Celui qui consiste, tout simplement, à appeler un chat, un chat. 

    Vincent Tremolet de Villers  - Figarovox   

     

  • France 4 : « Salut ! Ce soir on va parler de l'Action française »

     

    Les royalistes - qui se plaignent volontiers de la « conspiration du silence » qui les marginalise, sans toujours se demander s'il font en toutes circonstances tout ce qu'il faut pur la lever - pourront regarder avec profit l'émission qui suit, réalisée par France 4 les 9 et 10 mai et diffusée jeudi dernier, 21 mai. 

    Filmé à l'occasion du cortège de Jeanne d'Arc et du colloque Dessine-moi un roi. ce reportage a surtout pour sujet la nouvelle génération de militants d'Action française, sujet dont, manifestement, les auteurs traitent plutôt avec sympathie. en tout cas sans hostilité. Ils en donnent un jour assez favorable et les jeunes interrogés - de même d'ailleurs que les moins jeunes -  ne tiennent pas de ces propos caricaturaux que les médias se complaisent trop souvent à retenir presque exclusivement dans ce genre de reportage. Propos qui portent tort au lieu de servir et qu'il eût été pourtant possible de recueillir, comme dans toute assemblée, lors des deux manifestations dont il est question.

    Malgré quelques différences notables, (exemple : le Cortège traditionnel ressemblait beaucoup moins à une manif bruyante que celui d'aujourd'hui), les anciens retrouveront dans la nouvelle génération d'Action française que FR 4 montre ici, bien de points communs avec ce que fut l'engagement militant de leur propre jeunesse.   

    Souhaitons à ces jeunes courageux (intellectuellement et physiquement) et aux anciens qui les y aideront de trouver les voies et moyens qui leur permettront, par delà le stade du binôme formation - manifestations, de recréer un mouvement d'Action française puissant et organisé, capable d'autorité intellectuelle et d'influence politique au sein de la société française. LFAR     

     

     

  • La France désarmée, par Hilaire de Crémiers

     

    2945744152.jpgEt d’abord, politiquement. Car la classe politique ne pense qu’aux prochaines échéances électorales. C’est la seule stratégie des partis qui accaparent le pouvoir. 

    Il aurait mieux valu y penser avant. La guerre est là, omniprésente. Les guerres, devrait-on dire. Pas seulement, celles, horribles, d’Al-Quaïda, de Daech, de Boko Haram, pas seulement celles que fomentent les fous et les truands des sectes fanatisées, mais toutes les autres guerres, celles que mènent les nations, les peuples, les États, les ethnies,  pour leurs intérêts, leur vie, leur survie, leur raison même d’exister.

    Il suffit d’écouter les discours qui se profèrent sur toute la planète et jusque dans les enceintes internationales pour comprendre que rien n’a changé fondamentalement dans les rapports, les équilibres et surtout les déséquilibres qui affectent l’avenir du pauvre monde. échanger des milliards d’information en quelques secondes et se rendre d’un bout à l’autre de « la machine ronde » en quelques heures ne modifient pas les données fondamentales de la politique. 

    Les États-Unis mènent une politique qui, sous couvert de grands principes libéraux, n’a en vue que la sauvegarde de leur domination, même et surtout quand ils imposent sous forme contractuelle leur conception stratégique ou commerciale comme dans l’OTAN ou dans le traité de libre-échange transatlantique. Barack Obama, tout progressiste qu’il soit, n’échappe pas à la règle.

    Le retour des nationalismes

    Il est de bon ton dans les cercles intellectuels qui  parlent de « la mondialisation heureuse » comme d’une divinité bienfaisante, d’exiger des Russes qu’ils sacrifient à cette déesse et à sa religion aussi moralisatrice que calculatrice, c’est-à-dire concrètement qu’ils cèdent tout, puissance, territoires, richesses, influences, à des adversaires déclarés qui veulent les réduire à néant ; les Russes s’y refusent ; ils connaissent leur histoire et n’y renoncent pas.

    La Grande-Bretagne dans les mois qui viennent fera parler d’elle et l’Europe aura à connaître une fois encore que l’Anglais est, d’abord, anglais et qu’au milieu des pires déliquescences son ressort ultime est son nationalisme. L’Allemagne fédérale avait fixé dans les principes de sa constitution de 1947 la règle intangible de sa réunification. Le chancelier Kohl l’a réalisée sans coup férir et sans demander l’autorisation à personne, comme il a décidé souverainement de l’équivalence du mark « est » et du mark « ouest » que les Français ont donc subie. Ce qui justifiera par la suite l’euro, monnaie fondamentalement allemande, Mitterrand et Chirac s’étant trompés lourdement sur le sujet. L’Allemagne, malgré ses déficiences, est maîtresse de l’Europe : l’euro durera tant qu’elle le voudra. Angela Merkel connaît son peuple qui se définit in principio comme souverain. La Pologne éternelle renaît, malgré le libéralisme révolutionnaire qui la ronge comme jadis : elle sait faire valoir ses intérêts et a, pour elle, face à la Russie, la voix du président de l’Europe qui est fils de la Pologne. Quelle revanche !

    L’Espagne et l’Italie, dans leurs élites, malgré des institutions défectueuses ou absurdes, savent fort bien où se situent les principes de leur prospérité. Ainsi de l’Irlande au Portugal, de la mer Baltique aux Balkans, les nations européennes face à des situations tragiques internes et externes gardent encore dans leur mémoire vivante les forces spirituelles qui les caractérisent et qui se refusent à la mort. Tel est le cas de l’Autriche et, plus encore, de la Hongrie : le passé y est garant de l’avenir.

    L’Europe apatride où se mirent les songe-creux de la politicaillerie européiste et française – Moscovici en est l’exemple type ! – a touché le terme de ses possibilités. Ni l’union bancaire ni l’union budgétaire, artificielles comme le reste, ne changeront les impératifs de souveraineté qui sont les conditions de la sortie de crise. Les monstrueux désastres des politiques migratoires, livrées maintenant – il fallait s’y attendre – à de modernes négriers, ne font que confirmer dans l’espace Schengen l’inhumanité profonde et l’irréalisme sordide de l’ensemble des directives européennes et, donc, des dirigeants européens. Une France souveraine qui traiterait avec les états, sauverait des populations perdues.

    Quant au cas grec, il risque d’être l’épreuve décisive de la construction européenne et de l’union monétaire. Dans les mois qui viennent.

     Le monde est dangereux

    Tourner les yeux vers l’Asie permet de changer le tableau mais non la réflexion de fond. Partout, malgré le ralentissement économique, malgré  les bouleversements de la modernité, les peuples prennent conscience de l’urgente nécessité de leur cohésion nationale dans un monde de plus en plus difficile. Le Japon réarme militairement et moralement. La Chine  se resserre sur elle-même et gonfle toutes ses ambitions. L’Australie a décidé d’être australienne et le fait savoir hautement. L’Inde renoue avec le nationalisme, le Vietnam aussi et ainsi de toutes les nations d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud-Est.  

    L’Afrique va très mal, à quelques exceptions près, et tout le monde le sait, mais feint de l’ignorer. Bernard Lugan a tout dit sur le sujet (Osons dire la vérité à l’Afrique, éditions du Rocher) et c’est pourquoi, sans doute, il est interdit de parole en France. L’Afrique est retournée à ses démons. Ses populations la fuient. Ce n’est que tueries et prévarications dans l’indifférence des élites mondialisées qui en profitent. Que ne ferait ici une France souveraine, si elle avait des hommes d’état ?

    Et de même vis-à-vis du monde arabe. Les responsables musulmans qui ont le sens de l’état et de l’avenir, et qui se refusent à la barbarie, comme les présidents tunisien, égyptien, n’attendent que ce soutien de la France, ils le disent clairement. Heureusement ces pays ont encore des élites civilisées, souvent francisées, qui peuvent reprendre la main. Le chaos djihadiste qui a presque tout emporté au Moyen-Orient, au Yémen, en Libye, en Somalie, est dû en grande partie à l’impéritie des nations occidentales. Un démocratisme idiot et de mauvais aloi a jeté le feu dans des barils de pétrole et de gaz. Le Chaos syrien de Randa Kassis et d’Alexandre del Valle (Dhow Editions) montre les origines proprement islamiques de cette prétention à un Califat musulman qui était le danger qu’il fallait prévoir : un état qui ne serait pas un état et subvertirait tous les états, au nom d’un islam radical. Le Djihad à la conquête du monde de Laurent Artur du Plessis (Ed. Jean Cyrille Godefroy) décrit les procédés de cette guerre d’usure qui n’est qu’à son début, comme l’annonce également Mathieu Guidère dans son étude Terreur, la nouvelle ère (Ed. Autrement). 

    Or, tous les moyens de lutte mis en œuvre aujourd’hui, militaires, policiers, techniques, n’auront de véritable efficacité que s’ils sont coordonnés à une vision politique et diplomatique. Guerre conventionnelle, guerre terroriste, guerre de l’information, cyberguerre, tout se combine aujourd’hui pour disperser les efforts et déstructurer les plans de combat. La France a encore de remarquables services et d’excellents exécutants, mais la politique française dans ses principes et ses institutions n’est pas à la hauteur des circonstances, à l’heure où sous le regard papelard d’un François Hollande qui ne songe qu’à 2017, le ministre de la Défense Le Drian discute du bout de gras avec le ministre des Finances Michel Sapin. Nous n’avons pas plus de politique étrangère que de politique intérieure cohérente. La Ve République finissante ressemble de plus en plus étrangement à la IIIe qui a mené au désastre de 1940.  

  • Pseudo-intellectuels, par Philippe Delelis*

     

    La ministre de l’Education, défendant sa réforme du collège, a fustigé les plus prestigieux de ses opposants en les traitant de « pseudo-intellectuels ». L’expression a un petit parfum de révolution culturelle. On l’a peut-être oublié – et même sûrement, compte tenu du laminage de l’enseignement de l’histoire – mais cette glorieuse période (1966-1968) a vu la rééducation forcée de centaines de milliers d’intellectuels chinois envoyés méditer aux champs sur les bienfaits du communisme. De jeunes analphabètes, baptisés Gardes Rouges, se faisaient un plaisir à les humilier de toutes les façons imaginables.

    Heureusement, on n’en est pas là. Pour l’instant, il ne s’agit que de mépris à l’égard de personnalités aux capacités intellectuelles mises en doute par la ministre. Parmi ces sacripants un peu limités figurent notamment Pierre Nora, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Marc Fumaroli, Jean-Pierre Le Goff, Claude Hagège, Alain Bentolila… Tous coupables, ces pseudo-penseurs ! De quoi, au fait ? Ah oui, de s’en prendre à une réforme qui, elle, n’a rien de factice et qui tire les conséquences de la création du collège unique par Giscard en 1975 pour achever le nivellement par le bas. Ce n’est pas une pseudo-réforme, ça. Ce ne sont pas des pseudo-pédagogues qui l’ont inventée puisqu’ils avaient déjà créé la méthode globale d’apprentissage de la lecture, l’histoire non chronologique par vulgarisation (au sens premier) des recherches de l’Ecole des Annales, l’égalité prof-élève, les tentatives régulières de suppression des notes…

    Le niveau n’a cessé de baisser au rythme de la pénétration du pédagogisme dans l’éducation autrefois nationale, mais on peut encore descendre. Pourvu qu’un jour l’école ne produise pas un pseudo-ministre !  

     - Politique magazine

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Aujourd'hui, à l'invitation de la duchesse de Vendôme, l'on fêtera à Dreux les 50 ans du prince Jean de France ... Tous nos voeux et nos pensées les accompagnent

    L'héritier de la Maison royale de France, Monseigneur le prince Jean de France, duc de Vendôme, a fêté mardi dernier son cinquantième anniversaire. Né le 19 mai 1965, le prince célébre son cinquantième anniversaire ce dimanche lors d’une réception offerte par son épouse Madame la duchesse de Vendôme au Domaine Royal de Dreux.

    Après une messe célébrée en l’église Saint-Pierre de Dreux, un déjeuner sera servi au Domaine Royal. Les nombreux invités de Madame la duchesse de Vendôme seront ensuite conviés à la visite du beffroi et de la ville de Dreux avant de rejoindre le Domaine royal pour une collation.

    Tous nos voeux et nos pensées accompagnent le Prince, la Princesse et leurs enfants. 

    Source : la-couronne

  • HISTOIRE & SOCIETE • Patrice Gueniffey : Waterloo et les pièces de 2 euros ou le rapport des élites françaises avec leur propre histoire

    Une reconstitution sera jouée en l'honneur du bicentenaire de la célèbre bataille . Crédits photo: Phil Thomason*

     

    Alors que le mémorial de la bataille de Waterloo est inauguré ce jeudi, les crispations autour de ces commémorations restent nombreuses. Patrice Gueniffey, grand spécialiste de Napoléon, analyse le rapport des élites françaises avec leur propre histoire.*

    Devant l'opposition de la diplomatie française - par ailleurs très silencieuse sur sa présence aux célébrations du bicentenaire - la Belgique a du retirer son projet d'émission de pièces de deux euros commémorant la bataille de Waterloo, dont le bicentenaire sera fêté le 18 juin prochain. Que vous inspire ce désaccord ?

    Les Belges ne voulaient pas célébrer une défaite de la France mais un évènement qui a changé le destin de l'Europe. Ce n'était donc pas une monnaie frappée contre notre pays mais une façon de commémorer une bataille décisive qui s'est déroulée sur le sol belge et a changé le destin de l'Europe, comme l'évoque Victor Hugo dans Les Misérables: «Ce jour-là, la perspective du genre humain a changé.» Il exagère un peu, mais c'est vrai que Waterloo est en quelque sorte le premier jour du dix-neuvième siècle. C'est le début d'un autre monde. La Belgique a ainsi été le théâtre d'un évènement qui a tout changé, et je pense que c'est cela qu'ils voulaient rappeler par cette émission de pièces de deux euros.

    Quant à la réaction française, il n'est, certes, jamais agréable de commémorer un évènement qui est une défaite. Pour les Allemands, voir célébrer 1918 ou 1945 n'est pas forcément très agréable non plus. Mais la réaction française se comprendrait si la France célébrait les victoires. Or, ce n'est pas le cas: elle n'a ainsi pas célébré Austerlitz en 2005. Depuis longtemps, notre pays ne commémore aucun évènement de son histoire. Par exemple, il n'y a pas eu non plus d'anniversaire du baptême de Clovis en 1996. Protester contre cette initiative, perçue comme la célébration d'une défaite, tout en refusant de célébrer les victoires entache la crédibilité de la réaction française.

    Il a en effet été reproché à Jacques Chirac de boycotter les cérémonies marquant la victoire d'Austerlitz. Pourquoi cette auto-flagellation ? Une partie des Français a-t-elle honte de son histoire ?

    C'est un trait typiquement français: de Chirac à Hollande inclus, nos élites détestent la France, les Français et leur histoire. Depuis les attentats du 11 janvier, notre nouveau «Clemenceau» s'est lancé dans un revival républicain -pour des raisons purement politiciennes et qui ne tiennent en rien à des convictions. D'où cette manifestation d'orgueil face à ce qui pourrait être perçu négativement comme la célébration d'une défaite. Tout cela est en réalité conjoncturel: s'il s'agissait de célébrer une victoire, il n'y aurait personne, puisque l'histoire de France est perçue comme foncièrement détestable par nos élites. C'est cela le fond de l'affaire.

    Cette perception négative de l'histoire de France est-elle récente ?

    On pourrait la dater des années 1980, où l'on commence à penser que la France incarne des valeurs universelles positives qui ont vu le jour à travers une histoire négative. Là est le paradoxe: considérer que la France se résume à des valeurs, qui sont forcément nées historiquement, mais que cette histoire est entièrement mauvaise. C'est un peu le drame français.

    Cette posture est adoptée dans le souci réel de proposer une version de notre histoire acceptable par toutes les composantes d'une population de plus en plus diverse. Pour ne fâcher personne, on épure l'histoire jusqu'à ce qu'il n'en reste que des valeurs. Alors effectivement on ne célèbre plus aucun évènement, sauf ceux qui ont une portée morale qui permet de les détacher de tout contexte historique. Il en reste une histoire qui se confond avec la morale, mais qui n'est plus de l'histoire. On ne garde ainsi que des choses qui incarnent soit le bien, par exemple la déclaration des droits de l'homme de 1789, soit le mal, comme Vichy. C'est un phénomène reIativement récent: François Mitterrand par exemple, très proche de de Gaulle là-dessus, portait un jugement plus nuancé sur notre histoire.

    Pour revenir à la bataille de Waterloo, que représente-t-elle dans l'histoire française et européenne ?

    Cette bataille marque la fin de l'épopée révolutionnaire et impériale: c'est vraiment là que prend fin la Révolution française avec la défaite de la France dans la longue lutte qui l'a mise aux prises avec l'Europe des rois. La France ne se relèvera jamais vraiment de cette défaite, mais en même temps le vainqueur - l'Europe des vieilles monarchies-  n'avait remporté qu'une demi-victoire: elle aussi était condamnée, à terme.

    D'un côté, c'est donc la fin d'une épopée et de l'autre, c'est le début d'un siècle relativement pacifique: cette défaite a permis de trouver un équilibre -fragile- mais qui a duré jusqu'en 1914. Waterloo est une tragédie pour la France mais inaugure un siècle de paix relative. C'est vraiment une date importante pour l'Europe et cela explique l'importance des commémorations qui seront organisées en Belgique au mois de juin.

    Cette bataille est d'ailleurs plus cruciale que celle d'Austerlitz, parce que celle-ci, certainement brillante, ne change pas l'histoire de l'Europe, tandis que Waterloo oui.

    Est-ce que c'est parce que cette bataille est le dernier épisode avant une paix fragile mais durable qu'elle possède encore une telle résonance dans la conscience collective deux cent ans après ?

    Oui, d'autant plus que c'est une bataille qui a inspiré écrivains et poètes tout au long du 19ème siècle. Cela fait partie de ces évènements dont la portée dépasse la réalité car Waterloo possède quelque chose de tragique. En 1815, les Français et les Anglais se font la guerre depuis vingt-trois ans, et en réalité depuis soixante-dix ans, et pour la première fois depuis longtemps ils se retrouvent face à face. Chacun sait que ce sera la bataille décisive, qui va décider de leur affrontement. Il y a donc quelque chose d'apocalyptique dans cet affrontement, qu'on ne trouve pas dans les batailles antérieures. C'est un combat à mort entre les deux ennemis qui se disputent la suprématie mondiale depuis un siècle, et les Anglais vont gagner.

    La portée de Waterloo dépasse la réalité. Les contemporains ont eu le sentiment d'avoir été les témoins d'un événement qui changeait la face du monde, le sentiment qu'il y aurait un avant et un après, que le monde ne serait plus ensuite ce qu'il était encore la veille. On ne peut dire cela d'aucune autre des grandes batailles napoléoniennes, ni Austerlitz, ni Wagram. Un peu comme le 11 Septembre, où l'idée s'est également immédiatement imposée que c'était un tournant dans l'histoire, que le monde entrait dans une nouvelle époque. Il se trouve qu'alors, en 1815, cette défaite de Napoléon allait permettre à l'Europe de souffler et de connaître plusieurs décennies de paix, ce qu'elle avait rarement connu.

    * Patrice Gueniffey est Directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Son dernier ouvrage, «Bonaparte» (Gallimard, 862 p., 30 €), a reçu le grand prix de la biographie historique 2013.

    Entretien avec Anne-Laure Debaecker  - Figarovox

     

  • LIVRES • Recettes du monde chrétien, par Anne Bernet

     

    Oserai-je le dire en ces temps de laïcité christianophobe, ce livre de cuisine traite bien de toutes les fêtes mais uniquement des chrétiennes … Voici donc, racontés et expliqués, suivant le calendrier liturgique catholique, de l’Avent à la Toussaint, les plats, salés, sucrés, gras, maigres que, traditionnellement, chaque famille, depuis des siècles, a l’habitude de préparer et déguster en ces occasions.

    À côté des classiques biscuits de l’Avent alsaciens, bugnes du Mardi Gras lyonnais, gimblettes des Rameaux albigeois, alléluias pascals de Castelnaudary, corniottes de l’Ascension, Jacqueline Ury vous entraîne d’un bout à l’autre de la chrétienté découvrir les manières exotiques de célébrer la même foi autour d’une table : laissez-vous tenter par les brioche au safran scandinave, dinde au chocolat mexicaine, soupe de poulet vietnamienne, thiepboudien sénégalais, tourte québécoise, pain du Christ grec, pavlova néo-zélandaise si vous souhaitez renouveler vos repas de Noël ; initiez-vous aux pashkas et koulichs des Pâques russes, au gâteau Marie bleu et blanc de l’Assomption à l’île Maurice, au pain des morts des Toussaints mexicaines.

    Enfin, c’est un mérite du livre, il s’y trouve abondance de plats maigres à base de légumes, poissons et céréales, au cas où vous voudriez rappeler à nos contemporains que jeûne et pénitence ne sont pas réservés au ramadan !

    Recettes pour toutes les fêtes, de Jacqueline Ury, Salvator, 155p., 18,90 euros.

     - Politique magazine

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • MEDIAS • Robert Ménard : On peut mentir à la France entière sur ce qui se passe dans une ville. On ne peut pas mentir à ceux qui y vivent

     

    Robert Ménard a le double mérite de revendiquer la liberté de pensée - liberté aujourd'hui menacée - et de penser juste, ce qui n'est pas donné à tout le monde. On devrait lui en savoir gré. LFAR

     

    Entretien avec Robert Ménard

    Robert Ménard, Béziers est encore « au cœur du scandale ». Cette fois, c’est la rubrique DVD du journal de la mairie qui est incriminée : la recension du célèbre film La Famille Bélier serait suspecte. La presse évoque aussi le caractère tendancieux des mots croisés. À quand la couleur de vos chaussettes ? On peut dire que vous êtes observé au microscope… 

    L’État, dans toutes ses composantes, porte un regard vigilant et permanent sur ce que nous faisons. Nous savons que le ministère de l’Intérieur est friand de notes et d’informations à notre sujet. Quoi de plus normal alors que les médias, qui comme chacun le sait sont libres en France, nous observent également avec la même attention.

    J’ai défendu la liberté de la presse dans le monde durant 25 ans. Un peu partout, j’ai vu des journalistes oppressés. Ce que je vois en France est différent. Je vois des médias qui oppressent la vérité, qui oppressent tous ceux suspects de ne pas penser comme il faut penser sur l’immigration, les mœurs, le social, etc. Est-il sain dans un pays démocratique que plus de 80 % des journalistes votent à gauche et qu’un bon nombre d’entre eux soient des militants ? Est-ce normal lorsqu’il s’agit de médias qui sont financés par l’État ? Je ne le crois pas et des millions de Français partagent mon constat. Cette fracture entre une grande partie du peuple et cet élément de la classe dominante qu’est le monde médiatique est d’une extrême gravité. Un pays où la quasi totalité des médias ne pensent que d’une manière est-il encore un pays démocratique ?

    On reproche à certains maires de faire de leur journal municipal un outil de promotion personnelle ; on vous soupçonne, vous, d’en faire un outil de combat culturel. Que répondez-vous à cela ?

    Ce serait prétentieux et faux que de dire que notre journal est un outil de combat culturel. Mais qu’on puisse en débattre démontre surtout que ce que nous écrivons n’est écrit dans aucun autre journal municipal. Là est le problème. La plupart des maires se satisfont d’un petit canard plus ou moins bien fait, plus ou moins lisse, presque toujours ennuyeux à périr. Certains veillent surtout à y figurer en photo autant que possible. Mais combien de leurs administrés lisent leur journal ?

    Nous, nous avons fait le choix de faire un vrai journal d’information locale. Ce n’est pas une fantaisie, mais une nécessité. Face à Midi libre, le seul quotidien local depuis la disparition du journal communiste L’Hérault du Jour que, cette fois, les banques capitalistes n’auront pas sauvé, il y a un besoin de pluralisme. Les Biterrois qui lisent Midi libre doivent disposer d’un autre point de vue sur l’actualité locale. Midi libre ne nous le pardonne pas et, de façon pathétique, nous mène une guerre que le talent relatif de sa rédaction ne lui permettra pas de gagner.

    Béziers n’a jamais été autant sous les projecteurs que depuis votre élection. Comment ses habitants le vivent-ils ?

    Fort bien si je m’en tiens à la jauge démocratique que sont les élections, puisque les candidats que je soutenais lors des élections départementales ont tous été élus. Mieux encore si j’en crois le courrier que nous recevons. En fait, cette tension médiatique permanente a beaucoup moins d’effet sur les Biterrois que sur les habitants de Lunel, de Metz ou de La Rochelle. On peut mentir à la France entière sur ce qui se passe dans une ville. On ne peut pas mentir à ceux qui y vivent et qui, chaque jour, peuvent se faire une opinion par eux-mêmes, en comparant le discours médiatique et la réalité. Le discours médiatique vise à agir sur les esprits pour agir sur la réalité. Nous faisons l’inverse. Nous partons de la réalité pour libérer les esprits.

    Entretien réalisé par Gabrielle Cluzel - Boulevard voltaire

     

  • Théâtre • Entretien avec le docteur Destouches, par Bruno Stéphane-Chambon*

     

    Une perle, Céline, interprété par Marc-Henri Lamande, se confie, déchiré, avec des sentiments à fleur de peau. Tout y passe, la famille, son père, la médecine, la littérature et le style ! Et aussi Sigmaringen et l’antisémitisme.

    L’acteur, Marc-Henri Lamande, possède son personnage, ou plutôt est possédé par son personnage, plus vivant que nature avec ses tics et son débit haletant. Cette écriture au rythme syncopé, marque d’un renouveau exceptionnel dans la littérature du XXème siècle, est parfaitement maîtrisé par l’acteur, qui arrive même entre deux respirations, à nous faire entendre les points de suspension si chers à l’auteur. Le théâtre de la Reine Blanche est situé dans un quartier parisien, populaire, mais la ruelle qui l’abrite, est un havre de paix. Jusqu’au jeudi 28 mai ! 

    Dieu, qu’ils étaient lourds ! Entretien théâtral et littéraire avec le professeur Y, écrit par Louis-Ferdinand Céline dans les années 50 à la demande de Gallimard.
    Adaptation théâtrale et mise en scène de Ludovic Longelin, avec Marc-Henri Lamande, Ludovic Longelin, Thomas Ganidel et Mathieu Wilhelm.

    Théâtre La Reine Blanche
    2 bis, Passage Ruelle, Paris 18ème
    Téléphone : 01 40 05 06 96
    Site web : www.reineblanche.com
    Email : reservation@reineblanche.com
    Les mardis, jeudis et samedis à 21h
    Places : de 15 € à 20 €

      -  Politique magazine

     

  • LITTERATURE • A propos de Céline ... Le dernier feu d'artifice de Luchini à France Inter : "Notre époque est ennuyeuse à mourir !"

     

    Fabrice Luchini est au théâtre des Mathurins jusqu'au 27 mai pour son spectacle Poésie ?. Il était l'invité de Patrick Cohen, hier matin. Hommage à la langue française, aux grands auteurs et au style s'y mêle à une critique féroce de la socité moderne. On écoutera, si on le souhaite, les deux vidéos qui suivent avec un réel plaisir. LFAR

     

     

    Deuxième partie de l'émission avec les questions des auditeurs et des internautes