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Pour une Europe des nations souveraines, non vassales des États-Unis, par Marc Rousset

« Si l’Europe veut durer et se renforcer, elle doit reconnaître l’identité de chaque nation qui la compose. »

Michel Barnier

« Avec le slogan inepte des « États-Unis d’Europe », on nous annonce une petite Amérique, mais on nous prépare un grand Liban. »

Régis Debray

L’Europe a mis des siècles pour inventer les nations. Il est donc impossible au XXIe siècle de faire l’Europe contre les nations, à moins d’une conquête guerrière peu porteuse d’un long avenir commun. L’avenir de l’Europe, ce n’est pas l’UE fédéraliste, américanisée, idéologue, décadente et impuissante ; c’est une Europe des nations souveraines, non vassales des États-Unis, avec des projets de collaborations entre les nations européennes libres.

Le nationalisme en progression partout dans le monde

Sans même évoquer le nationalisme de Donald Trump aux États-Unis, le nationalisme a remplacé en Russie, en Chine le communisme. En Inde, le parti nationaliste hindou de Narendra Modi triomphe. En Égypte, en Indonésie, aux Philippines, en Turquie, en Iran, au Brésil, le nationalisme s’impose. Le Japon nationaliste s’oppose à la Chine tandis que l’Australie réarme et contrôle son immigration.

Seule l’UE renie son identité, s’américanise, s’enfonce dans le moralisme bien-pensant, le pacifisme, nonobstant la stupide guerre par procuration pour le compte des États-Unis en Ukraine, prône l’ouverture à un monde sans frontières pour les marchandises et les immigrés.

 

L’UE fédéraliste est le contraire d’une Confédération des nations souveraines

L’UE dissout les volontés nationales pour les remplacer par un carcan technocratique et juridique qui n’est pas un multiplicateur de puissance, mais un accélérateur d’affaiblissement. Les nations doivent collaborer dans une Confédération pour être plus fortes, tout en gardant leur identité, et non pas plus faibles dans le cadre de l’UE. Cette dernière devrait être une organisation qui part des réalités incontournables des nations pour mettre en place, chaque fois que possible, une politique commune. La vision fédéraliste est totalement différente : il s’agit de construire un projet supranational éloigné du citoyen pour remplacer les souverainetés nationales qui, seules, apportent la sécurité et un abri moral. L’UE devrait être au service des États-nation et de leurs citoyens, au lieu de prétendre les dépasser.

La coopération politique entre les nations est préférable à l’intégration juridique uniforme d’un État fédéral, centralisateur, supranational. Le véritable État de droit est celui qui voit l’Europe au service des peuples et non les États qui représentent les peuples au service des bureaucrates, des technocrates, et des juges fédéralistes de l’UE, non élus, bien-pensants, adeptes de la Pensée unique, droit de l’hommistes, immigrationnistes, progressistes, atlantistes.

De Gaulle, avec le plan Fouchet (1962) concevait l’Europe comme une « addition de forces » et non pas comme une machine à broyer les volontés nationales. C’est l’esprit de la méthode « intergouvernementale » par opposition à la méthode « communautaire » fondée sur les décisions prises à la majorité relative. Pour de Gaulle, les États ayant obtenu la majorité relative ne peuvent rendre leur décision obligatoire que pour eux-mêmes, d’où la possibilité pour chaque État de progresser à sa propre vitesse et selon sa seule volonté, aucun pays ne pouvant être lésé pour une question vitale (par exemple l’immigration) dans une Confédération[1].

 

Il y a une civilisation européenne, mais pas de peuple européen

Pierre-André Taguieff, dans un ouvrage collectif [2], résume assez bien la situation : « Pour démontrer l’inanité du messianisme européiste, il suffit de rappeler d’abord qu’il y a des peuples en Europe et non pas un peuple européen, ensuite qu’il existe des nations souveraines en Europe et non pas une « Europe souveraine », et de citer Pierre Manent : « Un marché unique ne dessine pas une communauté politique ; une civilisation n’est pas une nation. »

 

Les nations sont les éléments de base constitutifs de l’ensemble européen

Le 27 juin 2000, devant le Bundestag à Berlin, le Président Chirac a pu déclarer : « Nos nations sont la source de nos identités et de notre enracinement. La diversité de leurs traditions politiques, culturelles et linguistiques est une des forces de notre Union. Pour les temps qui viennent, les nations resteront les premières références de nos peuples. »

C’est pourquoi le projet d’Hervé Juvin[3] est de remettre la nation et le peuple au cœur du politique, en lieu et place de l’individu et du monde qui les avaient supplantés. Le « nous » en lieu et place du « je », l’identité en lieu et place de la consommation, le politique en lieu et place de l’économisme, les frontières en lieu et place du libre-échangisme, la France et chaque pays européen en lieu et place de l’Europe, l’Europe en lieu et place du monde. L’Europe des nations est notre avenir, pas le monde[4].

 

L’Amérique à l’origine du fédéralisme européen pour mieux dominer l’Europe : la création de la CECA en avril 1951 par Jean Monnet, l’homme des États-Unis

L’interférence secrète de l’Amérique pour répandre le poison fédéraliste en Europe n’a jamais été abordée dans les médias, mais seulement dans quelques livres ou déclarations de Philippe de Villiers et d’Éric Branca. Les opinions publiques ont toujours tout ignoré et ignorent encore ce qui s’est passé dans les coulisses avec l’« ami américain ». La question du charbon et de l’acier en Europe, lors de la création de la CECA en avril 1951 n’était qu’un prétexte pour mettre en place une première institution fédéraliste, selon les souhaits de l’Amérique, afin de se substituer aux mécanismes des décisions nationales. Le traité de la CECA est en effet le traité précurseur qui pose les bases de l’intégration européenne.

Il faudra attendre 1966, révèle Éric Branca[5], pour que, interrogé dans le cadre d’une recherche doctorale menée par le danois Erling Bjol[6], consacrée à la politique européenne de la IVe République, Étienne Hirsch, un proche de Jean Monnet, soit un peu trop bavard en révélant imprudemment le pot aux roses. Étienne Hirsch qui était un des neuf concepteurs de la CECA et succéda à Jean Monnet comme commissaire au plan entre 1952 et 1959, fit la déclaration suivante à Erling Bjol : « La question de la modernisation de la sidérurgie française n’a pas joué (…) Nous voulions trouver quelque chose qui pouvait amorcer la construction de l’Europe (…) Notre préoccupation était d’arriver à la disparition des souverainetés nationales absolues ».

Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que les Britanniques, farouches défenseurs des nations qui demandaient un statut spécial, ce qui, pour Jean Monnet, mettait en danger l’idée de supranationalité, aient été finalement écartés de la CECA. (à suivre)

Marc Rousset – « Notre Faux Ami l’Amérique/Pour une Alliance avec la Russie » – Préface de Piotr Tolstoï – 370 pages – Librinova – 2024

[1] Eric Branca – L’ami américain -pp 236-237 – Editions Tempus- 2023

[2] Ouvrage collectif – Qu’est-ce qu’une nation en Europe ? – Sorbonne Université Presse- 2019

[3] Hervé Juvin – France, le moment politique – 278 p – Editions du Rocher – 2018

[4] Georges Feltin Tracol – L’Europe, pas le monde – Les Editions du Lore – 2018

[5] Eric Branca – L’Ami américain- pp 173-174 – Editions Tempus – 2023

[6] Erling Bjol – La France devant l’Europe. La politique européenne de la IVe République – Université d’Arrhus – Munkgaard – 1966

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