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Feuilleton : "Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu"... : Léon Daudet ! (49)

 

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 (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Aujourd'hui : "Dedans Paris, ville jolie..." (Clément Marot) : Molière et l'église Saint Eustache...

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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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La fontaine Molière...

 

De Paris Vécu, 1ème Série, Rive droite, page 123 :

"...la Fontaine Molière est sans intérêt, sauf qu'elle fait penser à Molière, auquel tout Français, digne de ce nom, ne pensera jamais assez.
Molière, c'est, avec Rabelais, notre plus grand typificateur, c'est le comique mêlé au tragique, comme dans le point de dentelle blanche et noire qui constitue la trame de nos jours.
C'est, au-dessus des grimaces, danses, cérémonies, farces et galanteries, le grand, le sublime bon sens, tel que le ciel bleu de cet Orgon et "plan d'Orgon" où il séjourna et joua.
Molière c'est la source toujours jaillissante, le roboratif par excellence, l'eau de jouvence qui désaltère, chasse et purge le dégoût que peuvent nous donner les hommes..."

 

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... et l'église Saint Eustache...

 

De "Paris vécu", 1ère série, Rive droite, pages 19/20 :

"...À ceux qui vont dans les églises, pour y prier ou y méditer, je recommande l'église Saint-Eustache.
Elle est spacieuse, silencieuse, ancienne, pleine de pensées reposantes, réconfortantes, après le labeur et la peine.
C'est une des haltes de la vieille ville, avec ce bric-à-brac de statues, de tableaux de sainteté, de vitraux modernes qui faisait grincer Huysmans, mais qui, personnellement, ne me déplaît pas.
Je ne tiens pas à ce qu'une église soit un musée. Il me suffit qu'elle soit un sanctuaire, qu'on y sente palpiter un peuple d'anciennes oraisons.
La foi n'a pas besoin de goût, ou du moins de ce goût qui consiste à comprendre et sentir la beauté d'ici-bas.
La foi a son beau à elle, qui est purement spirituel, hors des formes et de la couleur. Du moins il me paraît qu'il en est ainsi.
La très grande douleur est très voisine de la très grande foi, en raison, je pense, du Calvaire.
Dans la plus grande douleur de ma vie, l'assassinat de notre bon petit garçon Philippe, je suis resté, pendant de longs mois, inaccessible à la beauté physique, à la couleur, aux aspects de l'art ou de la nature. Il s'était fait en moi un vaste "blanc", une sorte de retrait de tout ce qui n'est pas l'âme blessée.
L'âme existe, elle est tout autre chose que l'esprit, que le noos, avec lequel on la confond souvent. Elle est indépendante de l'instruction, de l'éducation de la connaissance, étant elle-même une connaissance uniquement appliquée à Dieu.
Un fou peut parfaitement garder son âme intacte. Le terme de "psychologie" est faux. C'est noologie qu'il faudrait dire. Car notre "Psyché" n'a rien à voir avec la raison, ni la logique inductive ou déductive.
La pitié et le remords, tels sont les deux réflexes les plus puissants , par lesquels nous ressentons en nous les influences mystérieuses de l'âme. Mais elle parle quelquefois dans la prière.
Aussi la station de Saint-Eustache est-elle comme une préparation à Notre-Dame des Victoires et au Sacré-Coeur.
Au point de vue de la topographie mystique de Paris, de la carte spirituelle de cette ville composite et extraordinaire, Saint-Eustache elle-même n'est qu'une suite de Saint-Séverin, qui, elle, dépend de Sainte-Geneviève.
Je ne parle pas d'un lien historique entre ces divers sanctuaires. C'est autre chose. Je parle d'un lien surnaturel.
Nous nous rendrons compte, chemin faisant, ô vous qui voulez bien m'accompagner, de l'abondance et fréquence du surnaturel dans Paris, de cet au-delà qui est comme une exhalaison double du passé et de l'avenir, comme un nuage insinuant et mobile, venu de l'arrière et de l'avant..."

 

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