Feuilleton : "Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu"... : Léon Daudet ! (48)
(retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)
Aujourd'hui : Le "génie scénique" d'Antoine, son "théâtre libre"... et Jacques Hébertot...
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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...
De "Salons et Journaux", pages 104/195 :
"...(Mme de Loynes, ndlr) Elle avait en horreur Zola, son école et le naturalisme.
Cependant elle s'était toujours intéressée au théâtre libre et à Antoine, dont elle admirait, comme nous tous, le génie scénique.
C'est un homme sans affectation que ce grand comédien et metteur en scène de génie, qui pourrait faire, d'après les souvenirs de ses auteurs, un si beau traité de la vanité humaine.
Il a connu tout : la misère vaillamment supportée, la fortune, la grande notoriété, l'amitié des pauvres puissants de ce monde, les acclamations du public, puis de nouveau l'abandon, l'ingratitude, la nécessité de remonter sur de médiocres tréteaux.
Aussi s'est-il fait une philosophie personnelle à la va-comme-je-te-pousse, visible dans ses prunelles où tourne une mélancolie railleuse, perceptible dans sa voix enrouée mais impressionnante.
Il est un répertoire d'anecdotes cocasses, amusantes, spirituelles, et il n'a pas du tout, mais pas du tout, ce goût de la basse vedette qui dépare les meilleurs de sa profession..."
Jacques Héberthot
De "Vingt-neuf mois d'exil", page 55 :
"... Toujours pour chasser le malaise de l'exil, je préparai une série de conférences pour le théâtre du Parc, conférences dont voulut bien s'occuper, avec l'aimable M. Reding, co-directeur de cette belle scène, notre ami Jacques Hébertot.
Hébertot est avec Copeau, Antoine et autrefois Porel, l'homme que j'ai entendu parler, avec le plus de science et de compétence, des choses du théâtre et de la mise en scène.
Il a le coeur chaud et le regard froid, un regard habile à saisir les emplacements, les couleurs, les mouvements.
Il a cette optique du drame et de la comédie que Porel, qui l'avait aussi, affirmait être un don de naissance (nascuntur poetae), quelque chose qui se perfectionne mais ne s'apprend pas..."