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Feuilleton : "Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu"... : Léon Daudet ! (50)

 

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 (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Aujourd'hui : "Dedans Paris, ville jolie..." (Clément Marot) : Notre-Dame, sentinelle spirituelle... et Le Panthéon...

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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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Notre-Dame, sentinelle spirituelle...

 

De "Paris vécu", première série, Rive droite, pages 266/267 :

"...Notre-Dame de Paris, sentinelle spirituelle de l'Occident et qui est, à la pierre travaillée et sculptée, ce que saint Thomas est à l'imprimé, Notre-Dame de Paris est liée pour moi à l'enseignement du grand théologien et orateur dominicain, le Révérend Père Janvier.
Des milliers d'hommes faits de ma génération et de jeunes hommes, puis de jeunes gens de la génération suivante ont été soit introduits dans la foi catholique soit affermis dans cette foi par ce moine aux accents incomparables, chez qui la science et la logique égalent le feu.
J'ai entendu bien des prédicateurs dans ma vie, j'ai lu les sermons de Lacordaire, qui tint la chaire de Notre-Dame avec tant de magnificence et d'efficacité.
Je ne parle pas des orateurs, tribuns, avocats de tout poil et de toute éloquence, depuis Gambetta jusqu'à Jaurès, qui ont rempli mes oreilles d'un vacarme vain, sans effleurer même mon esprit.
Je sais ce que vaut la parole. J'ai parlé des centaines de fois depuis vingt ans, dans des réunions, devant des assemblées (Chambre et Haute Cour), devant des tribunaux, à la Cour d'assises, devant des réunions de trente, quarante, soixante mille auditeurs (Strasbourg, Nîmes, Mont des Alouettes).
Je mets en tête et en avant de tous les entraîneurs par le verbe le Révérend Père Janvier des Frères Prêcheurs. Il vous prend et vous enveloppe comme un élément, comme un coup de mistral.
De sa première retraite de Carême en 1903, où il débutait à Notre-Dame, à sa dernière en 1925, je me suis laissé rouler par ce flot propice d'arguments solides, de raisons groupées, de flamboyants aspects, jusqu'aux pieds étincelants du Calvaire.
Les hommes de mon temps et de ma formation ont suivi la route inverse de celle de Renan, qui passa des Evangiles et de saint Thomas à Kant et à Hegel. J'ai commencé par Kant, Hegel et Cie, qui me procuraient une euphorie métaphysique analogue à celle de l'opium; puis, ayant reconnu l'inanité de ces Germains, l'artificiel et le superficiel du noumène et de l'impératif catégorique, du "devenir" et autres fariboles, véritables champignons et excroissances de la connaissance, greffés sur un orgueil barbare, j'ai fait la route d'Aristote à saint Thomas (meta-odos) avec une remarquable aisance et constaté, avec Tertullien, que l'âme est naturellement chrétienne.
Mais un bon guide était nécessaire, après toute une instruction demi-criticiste, demi-évolutionniste et médicale, poussée à fond.
Le Père Janvier m'a appris à distinguer l'esprit de l'âme, à discerner les ponts entre l'esprit et l'âme, à me méfier à la fois du rationalisme quantitatif cartésien et de la métaphysique du sensible, du pragmatisme et de l'intuitivisme, et à rejeter cet "inconscient", cet "unbewusst" qui n'est qu'une ignorance des latences de l'entendement.
Par lui j'ai compris que la véritable psychologie était la théologie et que l'éclairage venait, tombait, de haut en bas..."

 

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Le Panthéon...

 

1. De Paris Vécu, 2ème Série, Rive gauche, page 48 :

"...Au Panthéon - où dorment côte à côte Victor Hugo, Jean-Jacques Rousseau, Jaurès et Zola, dans un extravagant salmigondis..."

2. De "Fantômes et vivants" (page 156) :

"...Une crypte froide, où la gloire est représentée par un écho que fait admirer le gardien.
C'est ici la chambre de débarras de l'immortalité républicaine et révolutionnaire.
On y gèle, même en été, et la torche symbolique au bout d'une main, qui sort de la tombe de Rousseau, a l'air d'une macabre plaisanterie, comme si l'auteur des "Confessions" ne parvenait pas à donner du feu à l'auteur des "Misérables"..."

3. De "Vers le Roi", page 43 :

"...Douze ans plus tard, la terrible guerre étant terminé par la victoire, il fut question de transporter au Panthéon la glorieuse dépouille d'un soldat inconnu; mais il apparut aussitôt que le voisinage de Zola souillerait le héros, que la foule parisienne ne supporterait pas la pensée d'un pareil outrage fait à un combattant.
Ce qui fit qu'un de nos confrères suggéra l'idée de l'Arc de Triomphe, à laquelle tout le monde, aussitôt, se rangea...
Tant il est vrai qu'il est dangereux de vouloir mêler aux ossements sublimes les ossements indignes, et de profaner deux fois les sanctuaires..."

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