Feuilleton : Chateaubriand, "l'enchanteur" royaliste... (33)
Anne-Louis Girodet, Portrait de Chateaubriand,
Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin.
(retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)
Aujourd'hui : le Traité de Paris, calamité héritée de la calamité des Cent Jours...
Après la fin cataclysmique et sans gloire des funestes Cent-Jours, la France payera cher "l'égoïsme féroce" (Chateaubriand) de cette entreprise insensée :
Il suffit de comparer la carte de l'Europe issue des Traités de Westphalie et celle de l'Europe issue des Traités de 1815 pour tout comprendre...
Débarrassée de tout danger immédiat sur sa frontière nord-est, après les Traités de Westphalie (voir l'Éphéméride du 24 octobre) la France allait voir s'ouvrir pour elle plus d'un siècle de prépondérance européenne. Et pouvoir continuer sa marche vers l'amélioration de ses frontières du Nord et de l'Est (le "pré carré"), en "réunissant" la Franche-Comté, la Flandre gallicante, une partie du Hainaut (Valenciennes), l'Alsace puis la Lorraine (sans oublier, au sud, le Roussillon)...
À l'inverse, après les traités de 1815, les choses sont radicalement inversées : notre expansion territoriale vers le Rhin est bloquée, la Prusse est à nos portes, puisque les territoires rhénans de la rive gauche du Rhin lui sont attribués (Bonn et Cologne, Coblence, Mayence, Trèves...) et nous le paierons très cher...
On mesurera la catastrophe qu'a représentée cette "évolution" en consultant les deux cartes suivantes de notre Album L'aventure France racontée par les cartes :
• "Instructif : comparer la France après Richelieu..."
et
Si le premier Traité de Paris, en 1814, s'était contenté de ramener la France à ses frontières d'avant la révolution, ce second traité va l'amputer de territoires et de populations (environ 500.000 personnes) en lui faisant perdre (carte ci dessus) :
- les forteresses de Philippeville et Marienbourg (cédées toutes deux à Louis XIV en 1659) ainsi que Bouillon (la ville de Godefroy !...), actuellement en Belgique.
- les villes de la Sarre, aujourd'hui allemandes (Sarrelouis, fondée par Louis XIV en 1681 et Sarrebrück) et aussi Landau, aujourd'hui dans le Palatinat, mais qui fit longtemps partie de la décapole alsacienne (ville française depuis 1648 !).
- Versoix, sur la rive nord du Léman, et une partie du pays de Gex, français depuis Henri IV, aujourd'hui en Suisse (les six communes de Versoix, Pregny-Chambésy, Collex-Bossy, Grand-Saconnex, Meyrin et Vernier furent cédées à Genève ).
- Sans compter les Jurassiens français, qui demandaient leur intégration à la France, les Cent Jours étant un excellent prétexte pour le leur refuser : pour les humilier davantage, on les intégra dans le canton germanophone de Berne...
Avec, en prime, une occupation de trois ans et une "amende" de 700 millions de francs !...