Au Cinéma, avec Guilhem de Tarlé, pour "un très grand film qu'on ne peut que recommander" : Reste un peu...
A l’affiche : Reste un peu, un film français de Gad Elmaleh, avec Gad Elmaleh, ses parents et sa sœur (Régine, David et Judith), Nicolas Port, frère de Saint-Jean, Curé de la Paroisse Ste Cécile à Boulogne-Billancourt (Père Barthélémy), Mehdi Djaadi et Roschdy Zem (Mehdi et Roschdy).
"T'es catho toi ?
- C'est plus compliqué que ça"
Il y a dans cette esquive la peur de s'affirmer, mais c'est effectivement compliqué d'être catho, avec le Père, le Fils, le Saint-Esprit, un seul Dieu en 3 personnes ! et en plus de ça il y a la Ste Vierge, la Mère du Fils, la mère de Dieu !
Elle a manifestement pris Gad Elmaleh par la main pour le mettre sur le chemin, mais le chemin, ce n'est pas Elle, c'est le Fils ("Je suis le chemin"). Et ce chemin, il mène où ? Vers le Père.
Si l'on sait que cette voie est "étroite", on voit surtout qu' elle est longue... Il est long le chemin...
Et Gad Elmaleh au tout début de ce chemin, tenu par la main de Marie, pourrait chanter avec Joe Dassin :
« Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa
C'est vraiment fatigant d'aller où tu vas »
(pour notre part, nous sommes allés voir ce film à Romorantin, 65 km, 1h1/4 de route, en l’absence de programmation dans l’Indre !)
Ce film, présenté comme une "comédie", et effectivement j’ai éclaté de rire à plusieurs reprises, n’en est pas moins réellement un drame ; le drame que vit le réalisateur qui ressent s'affronter au-dedans de lui d'un côté son identité et sa religion juive, qui est celle de sa famille et de ses amis, de l'autre l'appel de Marie.
Marie était peut-être juive, mais elle a trahi et c'est à cette même trahison qu'elle veut conduire Gad Elmaleh.
L'acteur Mehdi Djaadi, l’un des catéchumènes du film, raconte, lui aussi, paraît-il, dans un autre spectacle intitulé Coming out, sa conversion de la religion musulmane au catholicisme... Je n'ai évidemment aucune compétence pour en juger, mais je la pense plus aisée, qui ne comporte certainement pas avec la même intensité la caractéristique de trahison.
En regard de cette « histoire vraie » de Gad Elmaleh j'utiliserais pour ma part le terme enraciné de « Confession ».
Finalement la question que pose ce long-métrage est simple : peut-on être juif et chrétien ?
"Tu changes de Dieu, tu changes de parents !" répond la mère de Gad Elmaleh.
Édith Stein (sainte Thérèse Bénédicte de la Croix), le cardinal Jean-Marie Lustiger, la philosophe Simone Weil (dont le film dit qu’elle n'était pas baptisée, ou alors in articulo mortis), l’écrivain Judith Cabaud répondent Oui, mais Gad Elmaleh nous montre combien cette conversion est difficile.
Chapeau bas, pour ne pas dire kippa basse, en tout cas à cet humoriste qui a eu le courage, avec sa famille, de s'interroger et de nous interroger publiquement.
Reste un peu, c'est la supplication de la mère de Gad à son fils, c'est surtout la prière de Gad à sa mère céleste.
C'est en tout cas un très grand film qu'on ne peut que recommander à ceux qui croient au Ciel et à ceux qui n'y croient pas.
Rappelons pour conclure les propos de Jésus à Nicodème : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va ».