Marc Rousset, après son entretien avec Bercoff : "L'Amérique c'est le danger" pour l'Europe...
Marc Rousset, docteur en sciences économiques et auteur de “Pour une Europe des Nations avec la Russie”, était l’invité d’André Bercoff le 19 novembre 2021 sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-14h, "Bercoff dans tous ses états".
Pour Marc Rousset, il faut bâtir une Europe des Nations avec la Russie "pour une raison très simple". "On n’a aucune raison de considérer la Russie comme l’ennemi", explique-t-il. "La Russie est considérée comme un ennemi par l’OTAN, par les Etats-Unis qui ont besoin de justifier l’OTAN", juge le docteur en sciences économiques. Pour lui, "lorsqu’on raisonne cinq minutes, l’Europe ne va pas de Washington à Bruxelles, mais va de Brest à Vladivostok". "De l'Atlantique à la Sibérie. Parce que justement, c’est un enjeu super important", explique-t-il. "Vous pouvez mettre les Etats-Unis dans la Sibérie, et ce grand espace, c’est le ‘Far-East’ des européens".
"Il faut changer complètement notre vision", juge Marc Rousset. "Notre vision historique, vision géopolitique et se dire que l’avenir de l’Europe, il n’est pas euro-atlantique mais il est euro-asiatique". "Je regarde que l’on peut aller à pied de Brest à Vladivostok et que contrairement à ce que disent les anglo-saxons, l’Atlantique n’est pas une mare, c’est un océan", juge-t-il. "Il a fallu attendre quand même plusieurs siècles avant que Christophe Colomb daigne traverser cette petite mare aux canards", raconte l’auteur de Pour une Europe des Nations avec la Russie.
Marc Rousset : "Les Européens ont suivi le bon vouloir de Washington"
"La Russie de Poutine est euro-compatible. Elle l’est par son histoire, depuis que Pierre le Grand a fondé St-Pétersbourg", explique Marc Rousset. "N’oublions jamais les musiciens, n’oublions jamais les architectes français, n’oublions pas que les Russes ont parlé français pendant longtemps, n’oublions pas que l’histoire de l’Europe a été faite avec la Russie", continue le docteur en sciences économiques. "Les batailles d’Eylau, de Friedland, etc.. Les Russes, le tsar Alexandre est venu à Paris, malheureusement pour nous en 1815". "Et puis une chose très importante, que les gens ont tendance à oublier, quand je parle d’Euro-asiatisme, c’est que le centre de la décision de la Russie, c’est Moscou", explique Marc Rousset. "Moscou est de notre côté de l’Oural. C’est-à-dire que c’est européen", juge-t-il.
"Les jeunes russes, aujourd’hui, sociologiquement, naturellement, ethniquement, culturellement ne rêvent que d’une chose", explique Marc Rousset, "c’est de l’Europe". "Pourquoi est-ce que la Russie est devenue l’ennemi ?", demande-t-il. "Au départ, Gorbatchev a voulu se rapprocher de l’Europe lorsque l’URSS a éclaté. Poutine lui-même a voulu se rapprocher de l’Europe", explique l’auteur de Pour une Europe des Nations avec la Russie. "Pourquoi est-ce que les choses ne se sont pas faites ?". "Il était même question que la Russie rentre dans l’OTAN à l’époque", continue-t-il. Pour Marc Rousset, c’est "parce que les Européens ont suivi le bon vouloir de Washington qui avait besoin d’un ennemi".
"L'Amérique c'est le danger" pour l'Europe
Pour Marc Rousset, "on n’a pas respecté notre parole". "Lorsque le mur de Berlin est tombé, on s’est engagé à ce que l’OTAN ne mettrait jamais les pieds dans les anciens pays du pacte de Varsovie", explique-t-il. "Ensuite, vis-à-vis d’Eltsine, les Américains se sont engagés que l’OTAN ne serait plus avec les anciens pays de l’URSS", raconte le docteur en sciences économiques. "Évidemment, les pays baltes sont entrés dans la danse. Ensuite qu’ont fait les Américains ? Et bien c’est au tour de l’Ukraine, de la Géorgie, etc.", juge Marc Rousset. "C’est-à-dire qu'au départ, le responsable, actuellement, de cet état catastrophique pour l’Europe, c’est l’Amérique", explique-t-il. Pour lui, "les choses sont claires".
Selon Marc Rousset, "l’Amérique, c’est le danger". "Dans l’immédiat il faut rester dans l’alliance transatlantique", juge le docteur en sciences économiques. "Mais à terme, ce serait mon rêve," continue l’auteur de Pour une Europe des Nations avec la Russie, "il faut qu’il y ait une défense européenne où la Russie remplacerait les Etats-Unis", explique-t-il.