L'injonction de la diversité..., par Philippe Bilger.
La diversité jusqu’au ridicule, jusqu’au grotesque.
Ce concept ressassé, choyé, dorloté, chéri comme la preuve ultime du progressisme, exhibé telle une éclatante démonstration du progressisme, opposé comme une arme foudroyante à tous ceux qui auraient le front de préférer une unité tranquille et homogène à une pluralité neutre ou dangereuse, cultivé comme si sans lui notre monde allait courir au désastre et l’humanité à sa ruine.
La diversité, j’en ai assez de l’entendre invoquer sans qu’on m’offre jamais la moindre preuve de la richesse qu’elle serait censée apporter.
Parce qu’il faudrait y aspirer par principe sans se soucier le moins du monde de l’équilibre qu’elle va rompre, de l’harmonie qu’elle va détruire. Il y a de plus en plus un totalitarisme de la diversité qui prétend corriger ce que le hasard des vies, des dons, des talents et des libertés avait su inventer. Et qui, pour n’être pas forcément égalitaire - un zeste de blanc, de noir, de jaune et de rouge ! -, était pourtant souvent remarquable. On nous enjoint la diversité, singulièrement et collectivement, comme si c'était mieux : peut-être mais on n'en sait rien !
La diversité, sans qu’on y regarde de près, est un dogmatisme. Il est faux de penser qu’il y aurait là une évidence morale à accepter sur un mode inconditionnel. La valeur de la diversité doit se démontrer. Pour ma part, j’opte sans hésiter pour mille Blancs, Noirs ou Jaunes ensemble dès lors que cette unité est bienfaisante plutôt que de fabriquer, par caprice, une globalité contrastée, contradictoire et parcourue par des courants hostiles, une tension permanente. L'unité aussi a ses charmes et n'est pas que repli frileux.
Chaque jour nous confronte à des exemples qui, selon le tempérament de chacun, peuvent susciter dérision ou indignation. Ainsi, afin d’accroître la diversité parmi ses membres, la compagnie musicale britannique English Touring Opera va se séparer de 14 de ses musiciens blancs. La diversité obtenue au forceps : la violoniste Zhang Zhang, de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, s’est élevée avec force et courage contre cette nouvelle facette d’une modernité dévoyée (Le Figaro).
Cette notion de diversité prospère car elle paraît avoir une indéniable légitimité éthique. Elle fait partie de ces mantras qu’il faut prendre garde à ne pas discuter sauf à être disqualifié, sorti carrément de l’humanité.
Pourtant c’est en les considérant froidement au regard de leur effectivité et de leurs résultats qu’on parviendra sinon à les éradiquer – certains méritent de demeurer – du moins à les soustraire au radotage permanent d’un humanisme s’adorant lui-même.
La diversité au moins n’est pas à adorer mais à questionner.
Source : https://www.philippebilger.com/