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Les récidivistes responsables de leur récidive !, par Philippe Bilger.

Selon une étude, 31 % des sortants de prison ont été condamnés à nouveau dans les douze mois suivant leur libération.

Dans le titre "Prisons : les chiffres inquiétants de la récidive", on voit déjà poindre la philosophie pénale qui va inspirer l'article de l'excellent Jean-Baptiste Jacquin dans Le Monde (Le Monde).

2.jpgPour lui comme pour beaucoup de médias, pour la classe politique à gauche évidemment mais aussi malheureusement à droite, que la prison soit responsable de la récidive est une pétition de principe qu'on n'a pas le droit de discuter: elle fait partie d'un mantra paresseusement humaniste et surtout elle rassure sur une frange transgressive de la nature humaine.

On peut considérer ces 31 % qui récidivent comme le préoccupant constat d'un enfermement qui n'aurait pas su les rendre irréprochables ou au contraire l'heureuse surprise que sur dix sortants, seulement trois récidivent dans l'année qui suit leur libération.

Pour peu qu'on accepte la lucidité pas si amère que cela qui impute aux seuls récidivistes de n'avoir pas su demeurer dans le droit chemin, maîtriser leurs pulsions, leurs désirs, leur appétit de lucre, de s'être écarté d'une normalité sociale. Toutes promesses pourtant proférées en amont.

Je ne méconnais pas le pessimisme qui peut sembler surgir d'une approche tout de même positive de cet échec relatif mais il me semble que ce n'est pas mépriser la personne libérée que de lui prêter par principe une liberté et une responsabilité dont elle fera un usage bon ou mauvais.

Au contraire, rien ne me paraît moins formateur que cette condescendance les privant de toute autonomie pour en faire les jouets d'une prison qui, aussi imparfaite soit-elle dans sa matérialité et son manque de moyens, ne saurait être prise pour la créatrice exclusive de la récidive.

Si une analyse plus pertinente, moins destinée à nous gratifier intellectuellement et judiciairement, était faite, nul doute qu'elle pourrait heureusement modifier notre politique pénitentiaire, l'exécution des peines et, au-delà, l'image de la Justice qui serait moins incitée à excuser qu'à sanctionner.

Non pas parce qu'elle mépriserait le délinquant ou la personne libérée mais, au contraire, parce qu'elle créditerait l'un ou l'autre de l'honneur d'être un homme.

Source : https://www.philippebilger.com/

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