De de Gaulle à Macron : grandeur et décadence de la Ve République, par Jean-Pierre Pélaez.
La Ve République, c’était de Gaulle. Il avait fait la République à son image, un régime présidentiel où un monarque républicain gouverne en s’appuyant directement sur la volonté du peuple, par le recours fréquent au référendum, dès lors qu’une question importante pour le pays doit être tranchée. La politique de la France ne se faisait pas à la corbeille.
De Gaulle disparu, et le bref épisode Pompidou passé, la corbeille est de retour. Avec Giscard, la finance revient aux commandes, Barre réinstalle le libéralisme. Alors, les Français élisent les socialistes. Mitterrand gouverne à l’ombre d’une Constitution qu’il a combattue. Mais le problème des socialistes, c’est qu’ils ne sont pas socialistes, excepté pour eux-mêmes. Le libéralisme devient libéralisme de gauche, il sera bientôt ultralibéralisme. La culture est partout, engagée, libertaire mais sectaire, excluant le peuple.
Attali est conseiller, il n’a pas fini de l’être… La fracture s’installe entre ceux qu’on appelle — on se demande pourquoi — les élites et le peuple. Ce qu’a bien vu Philippe Séguin, gaulliste dit de gauche. Il dénonce la fracture sociale, le fossé qui se creuse avec le peuple. En 1995, Chirac fait d’ailleurs sa campagne sur ce thème de la fracture sociale. Mais une fois élu, il installe Juppé Premier ministre et Séguin reste au perchoir de l’Assemblée. Juppé, la caricature des caricatures du technocrate. Plus loin du peuple, plus fracturé, c’est impossible ! La fracture a de beaux jours devant elle. Très vite, le peuple est dans la rue, Juppé droit dans ses bottes !
Le peuple ne veut pas de l’Europe de Maastricht, l’Europe des financiers que prépare l’attelage Chirac-Jospin. Il la refuse par référendum en 2005. Qu’à cela ne tienne, le nouveau Président Sarkozy, dit le « kärchériseur », la refait passer par le Parlement en 2008. Et pour achever l’ouvrage, la France revient dans l’OTAN.
Entre-temps, on a créé le quinquennat, qui vide un peu plus la Constitution gaullienne de son sens. Les partis que de Gaulle exécrait mènent le bal, les uns dits de droite, les autres dits de gauche, mais qui s’entendent comme larrons en foire sur le dos du populo.
Sarkozy, Sarkhollande, Hollande, bonnet blanc et blanc bonnet, bonnet bleu, rose, rouge ou vert, tous les bonnets se relaient pour faire la même chose, la fracture se creuse, ce n’est plus une fracture, c’est une crevasse, un ravin, une abysse… Mais qu’importe le peuple, pourvu qu’on ait le pouvoir ! Les financiers sont aux manettes, le Président n’est plus qu’une marionnette qu’on change tous les cinq ans, à l’issue d’une campagne clownesque. La théâtrocratie télévisuelle et le Polit’circus ont remplacé la politique. Les informateurs aux ordres assurent la propagande et soufflent dans le clairon.
Vient la dernière marionnette, Macron, droite et gauche réunies, pur produit des financiers qui gouvernent l’Europe. La France n’existe plus, la Ve République non plus, remplacée par la corbeille ! L’ultralibéralisme libertaire triomphe.
Rome a commencé avec Romulus, elle a fini avec Romulus Augustule, un enfant de 14 ans, inconséquent, qui dit n’importe quoi, qui déteste le peuple et la France, qui l’asservit dans l’Europe. Triste fin !
Gilets jaunes, anti-vax ou autres, ce n’est pas pour un vaccin ou un litre d’essence que les Français ne cessent de crier leur colère dans la rue. Quand une démocratie a oublié le dèmos, elle n’est plus rien. Depuis longtemps, la fracture avec le peuple est consommée, les prétendues élites se nourrissent d’arrogance, d’imposture et non de représentativité. Nous allons vers des lendemains qui risquent de ne pas chanter !