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« Le pape François restreint la célébration de la messe traditionnelle, les prêtres devront demander l’autorisation », par Odon de Cacqueray.

Par le motu proprio Traditionis custodes, le réduit fortement l’usage de la selon la forme extraordinaire. Il rappelle que le seul rituel de la messe en usage dans l’Église latine est celui du Concile II et non le missel de 1962 (dit de saint Pie V).

Réaction, au micro de Boulevard Voltaire, d’Odon de Cacqueray, qui estime que ce texte pourrait rompre le dialogue et provoquer le départ de catholiques « en dehors de l’Eglise ».

https://soundcloud.com/bvoltaire/odon-de-cacqueray-1

 

Emmanuel s’est rendu à Lourdes et a visité le sanctuaire. Certains catholiques se réjouissaient, d’autres se demandaient ce qu’il faisait et certains de ont rappelé que c’était le premier chef de l’État depuis le Maréchal Pétain à se rendre à Lourdes en faisant des liens que vous devinez. Comment interprétez-vous cette visite ?

 

J’ai interprété cette visite comme une bonne nouvelle malgré les nombreux désaccords entre le chef de l’État et les catholiques. Je pense que la visite d’Emmanuel Macron à Lourdes est d’abord un signe d’apaisement et une volonté d’avoir des relations pacifiées avec l’Église catholique, même s’ il y a de la présidentielle derrière. Comme catholique et croyant, je suis mû par l’espérance que dans ce lieu de prière Emmanuel Macron puisse être touché par la grâce.

 

L’autre nouvelle est la publication du Motu proprio du pape François intitulé « Traditionis custodes ». Le pape avait libéralisé un peu plus largement les messes en rite dit « extraordinaire » c’est-à-dire en latin.  Le pape François a restreint cette autorisation. Que contient cette lettre ?

 

Cette lettre apostolique parue aujourd’hui que l’on pourrait traduire par « gardiens de la tradition » vient annuler la décision de Benoît XVI qu’il avait posée en 2007 suite à une première décision de Jean-Paul II dans les années 80 qui est la possibilité d’avoir recours plus facilement à la messe selon le missel de Saint-Pie V. En effet, elle est souvent assimilée à la messe en latin. La messe comme on la rencontre dans toutes les paroisses peut aussi être célébrée en latin. C’est pour cette raison que je fais la différence sur les missels. Il a autorisé plus largement l’utilisation du missel de Saint-Pie V. Pour une partie des catholiques qui étaient très attachés à cette tradition, c’est très important. Le pape François annule cette autorisation et apporte énormément de restrictions à la possibilité de la célébration de cette messe. Il rend l’évêque beaucoup plus puissant dans son diocèse avec la possibilité de restreindre la célébration de cette messe-là. Les prêtres devront demander l’autorisation. Ceux qui ont déjà cette autorisation vont devoir faire une nouvelle démarche d’autorisation pour célébrer la messe comme elle était célébrée avant le Concile Vatican II.

 

Pour expliquer à nos auditeurs, le passage de la messe Saint-Pie V à la messe Paul VI avait provoqué un schisme, le départ de monseigneur Lefebvre qui a ordonné des évêques et qui a créé la Fraternité sacerdotale Saint Pie X.  Là encore, c’est extrêmement compliqué, on ne rentrera pas dans le détail. Ce schisme, cette séparation a eu lieu à cause de l’abandon de la messe Saint Pie V au profit de la messe Paul VI. Le pape François qui avait pourtant fait beaucoup d’efforts pour l’unité de l’Église ne risque-t-il pas d’attiser les divisions en mettant fin à cette expérience qui marchait plutôt bien ?

 

C’est effectivement ce qui inquiète une bonne partie des prêtres et des fidèles catholiques attachés à la célébration la plus traditionnelle. Le Motu proprio est une forme particulière que le pape souhaite donner à un texte. Du plus profond de son cœur le pape pense qu’il y a un problème au niveau de l’unité de l’Église. Ce problème a été créé par l’existence de deux formes qui cohabitent au sein d’un même rite romain. En effet, on sait qu’il existe d’autres rites orientaux. Le pape casse un peu ce qui existait c’est-à-dire l’existence de deux formes au milieu d’un même rite. Et maintenant, il n’y a plus une forme ordinaire et une forme extraordinaire, mais un usage antique qui est la messe en latin, un rite ancien. Il y a donc un rite ancien en latin dont l’utilisation sera très restreinte et très compliquée et un rite actuel romain en forme ordinaire qui devient la norme. Le pape explique bien dans son texte que l’objectif est qu’à terme, les derniers réfractaires à la messe de Paul V y arrivent.

 

Ce Motu proprio est une marche pour permettre une forme de transition et qu’à la fin tout rejoint la forme ordinaire. Peut-on interpréter cela comme un problème assez franco-français ?

Il me semble que dans le reste du monde la messe Paul VI a été globalement bien acceptée. Il n’y a qu’en France et un peu sur le continent américain qu’une forte communauté de gens est attachée à la messe traditionnelle. Le pape a-t-il raisonné en tant que pape de toute l’Église catholique ?

 

Je crois que la lecture est complètement différente. C’est au contraire parce qu’il y a de fortes tensions en partie aux États-Unis, mais aussi en France et bien sûr en Italie que plutôt de s’occuper de tout ce qui intéresse la majorité des catholiques, le pape vient trancher sur un point de détail qui n’était pas un point de foi. C’est incompréhensible pour la grande majorité des catholiques français, italiens et américains. L’objectif est vraiment de régler une épine dans le pied de beaucoup d’évêques. Comme le pape le dit dans sa lettre qui accompagne le Motu proprio destinée aux évêques, « j’ai bien entendu ce que vous m’avez dit et donc je viens répondre à votre aspiration qui est une limitation de la messe en forme extraordinaire puisque vous évêques, me dites qu’elle empêche l’unité dans le diocèse ».

Ensuite, il liste une partie des problèmes qu’il constate, entre autres des abus liturgiques. Les abus liturgiques comme on les connaît dans l’Église catholique sont très rarement du côté de la célébration de la forme extraordinaire, mais communément admis dans la célébration de la forme ordinaire. Je ne manque pas pour autant, de respect à tous les prêtres qui s’attachent à la célébration de la messe en forme ordinaire de la façon la plus carrée possible, mais force est de constater que la puissance des abus liturgiques dans la forme ordinaire a fait qu’une bonne partie des ces abus sont aujourd’hui monnaie courante et même considérés comme étant de droit là où ils sont des aberrations.

 

Les traditionalistes ne craignent-ils pas qu’en s’arc-boutant comme cela sur cette forme de la messe de devenir des épiciers qui gardent leur boutique et qui s’en fichent des évolutions de leur liturgie ?

 

Bien souvent les personnes pensent que le missel de 1962, celui de la messe en latin s’est arrêté en 1962, mais c’est une erreur. Ce missel a connu de nombreuses évolutions. La tradition est quelque chose qui évolue et qui s’améliore perpétuellement. Le pape lui-même a enrichi le missel de 1962. Il n’y a pas une façon de faire d’une époque qui est gardée ou défendue. C’est une tradition donc c’est une évolution perpétuelle de la liturgie pour toujours mieux servir Dieu. C’est cela le missel de 1962 et c’est aussi cela le missel de Paul VI.

Il y avait jusqu’ici une façon de faire qui me paraissait bonne et qui permettait aux deux formes du même rite d’évoluer positivement. Ce dialogue fonctionnait plutôt bien. J’ai peur avec ce texte du pape que le dialogue soit en partie rompu et que l’on assiste à des départs de l’Église catholique. Je pense que cela ira jusque là pour aller rejoindre des mouvements plus ou moins en dehors de l’Église.

 

Odon de Cacqueray

Journaliste à l'Homme Nouveau
 

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