Hanouna, bon petit soldat du régime macronien, par Iris Bridier.
Son professionnalisme est incontestable. Ses proches le décrivent comme le patron qui tranche vite, sait et sent ce qui marchera, Cyril Hanouna décortique les courbes d’audience comme personne.
Le grand prêtre cathodique, aux six millions d’abonnés sur Twitter, est décrit par Le Monde comme « dévorant la presse, regardant la télévision presque en continu, il est capable de se remémorer des bouts de campagnes électorales, des répliques issues de débats, comme il connaît par cœur les finales de tennis mythiques de Roland-Garros ou de Wimbledon ». Il peut se vanter d’animer, avec « Touche pas à mon poste », la « première émission consommée sur les plates-formes digitales en France ».
Le trublion, animateur préféré de Marlène Schiappa et sans doute d’une bonne partie des Français, ses fanzouzes, compte bien jouer sa carte dans la bataille des idées pour la campagne de 2022. Yann Moix le confirmait dans une émission du 11 février : « C’est ici, sur ce plateau, que se jouera l’élection présidentielle. » Pas en animant le débat de l’entre-deux-tours, comme cela avait été suggéré par le ministre de la Citoyenneté, mais en « associant du divertissement et du gros divertissement » (Homo festivus oblige) et, « derrière, de faire quelque chose de plus sérieux et d’amener les jeunes à voter ». Trouvant les émissions politiques du service public trop rébarbatives, il décrit lui-même sa ligne : faire avancer les choses mais sans être « chiant », les candidats n’ont qu’à (pas) bien se tenir !
Alors tous se pressent sur son plateau, bien conscients des pics à plus de 1,5 million de téléspectateurs, avec 12,7 % de part d’audience pour les 15-34 ans, soit l’émission-débat préférée des jeunes – un vrai trésor de guerre. Fort de son aura, cet excellent communicant qui nivelle le ton par le bas avec une familiarité assumée, peut tout se permettre, y compris « essayer » d’appeler Jean-Michel Blanquer en pleine émission pour l’interpeller de la part de lycéens en colère sur son plateau. Et que fait le ministre de l’Éducation ? Il répond et se justifie dans cet exercice obligé. Invitant Thaïs Descufon sur son plateau le 21 janvier, il aurait ainsi contribué à la dissolution de Génération identitaire, selon Marlène Schiappa. « C’est grâce à lui » que le gouvernement aurait ouvert les yeux.
Il a les yeux mais aussi l’oreille d’Emmanuel Macron à qui il avait souhaité son « joyeux anniversaire président » joint par téléphone en plein émission. Un soutien public affiché envers celui qui lui avait souhaité « une bonne millième émission ». Ultralibéral, défenseur de la diversité, il boit un verre avec Gabriel Attal, ce dernier filmé, déclare que c’est son « meilleur souvenir de porte-parole, là ». De là à faire et défaire les politiques, il ambitionne donc de recevoir tous les candidats à la présidentielle. D’ici là, il sert les plats à Élisabeth Borne, ce 21 mai, pour une spéciale TPMP intitulée « 1 jeune, 1 solution ». C’est aussi le nom de la plate-forme lancée par les communicants de l’Élysée, en novembre dernier. Par ce mélange des genres et cette proximité avec la Macronie, Hanouna est bien plus qu’un simple clown qui veut amuser les foules.
Journaliste