Affaire Sarah Halimi : le temps de la légitime défonce, par Jean Costentin.
La décision récente de la Cour de cassation confirmant l’absence de procès pour le meurtre sauvagement perpétré sur la personne de Mme Sarah Halimi par Kobili Traoré suscite, dans le public, une vive émotion, à la mesure de sa désapprobation. Je ne parlerai ici que du rôle du cannabis, que l’assassin avait largement consommé avant de commettre son crime.
La responsabilité de cette drogue (par son THC) dans la survenue de bouffées délirantes est très bien documentée ; elle est décrite comme « psychose cannabique ». Observée de longue date par les médecins, cette psychose partage avec la schizophrénie des troubles délirants et hallucinatoires qui peuvent être apaisés par les médicaments antipsychotiques ; ils disparaissent sans séquelles après quelques mois, mais peuvent aussi se prolonger, devenant alors la psychose chronique (ad vitam) qu’est la schizophrénie.
Ce n’est pas par accident que l’on consomme du cannabis. Le statut illicite (depuis 1970) de cette drogue est justifié par ses méfaits physiques mais plus encore psychiques. Ceux qui veulent obtenir sa légalisation s’échinent à en minimiser voire même à en dissimuler la gravité.
L’absence de procès de Kobili Traoré évitera de débattre de deux points très sensibles : l’antisémitisme violent d’un musulman « chauffé » dans une mosquée salafiste et la description des effets psychotogènes du cannabis.
La bouffée délirante mise en exergue par des experts psychiatres est consécutive à la consommation de cette drogue illicite, aux effets désinhibiteurs, libérateurs des pulsions agressives.
Selon la légende, les fidawis, de la secte des haschischins, depuis la forteresse d’Alamut (1.600 m d’altitude, dans l’Iran actuel), étaient envoyés par le vieux de la montagne, shootés de cannabis, pour tuer les victimes qu’il leur avait désignées (Marco Polo, 1323).
Arrivant à Alexandrie, Bonaparte (juillet 1798) fut atteint dans sa botte par une balle tirée par un fanatique musulman en état d’ivresse cannabique, ce qui l’amena à interdire la consommation de cannabis (sous peine d’un emprisonnement de trois mois).
La perte du jugement de Traoré n’amendait pas la séquence de ses comportements : son agressivité a duré, ses coups portés au visage de la victime se terminant par sa défenestration. Ces actes étaient dirigés contre une dame juive par un homme de religion musulmane capable de lancer « Allah akbar ».
L’arrêt de la Cour de cassation, par une interprétation étroite de la loi, admet en l’occurrence qu’un crime commis sous l’empire d’une drogue, consommée délibérément, permet d’échapper au procès. Ce procès aurait pourtant permis d’approfondir deux points essentiels : l’antisémitisme et la responsabilité individuelle et qui deviendrait collective si le cannabis était légalisé.
Quant à l’assassin, placé en internement psychiatrique, il pourra, si son état psychique vient à s’amender, après de nouvelles expertises psychiatriques, recouvrer sa liberté. Dans le cas où sa consommation de cannabis aurait ouvert la porte d’une pathologie psychiatrique chronique de type schizophrénique, il devrait alors être astreint à des soins continus.
De toute façon, le cas Traoré aurait justifié une large attention sur deux réalités de notre société : l’antisémitisme renaissant que l’on dissimule et le risque lié à l’usage du cannabis. Ceci survient pendant qu’une mission parlementaire, s’appuyant sur une consultation citoyenne « bidon », emmenée par les députés Robin Reda, Jean-Baptiste Moreau et Caroline Janvier, s’active pour légaliser le « cannabis récréatif » (on voit ici un de ses types de récréation).
En la circonstance présente, s’être défoncé avec une drogue dispense un individu d’être poursuivi pour ses agissements criminels imputables à sa libre consommation de cannabis ; d’où le titre de ce billet et notre exaspération.