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La Rochelle : les quatre martyrs oubliés de la Révolution française, par Thomas Brosset.

La salle du corps de garde de La Rochelle (au premier plan, porte rouge), tour de la Chaîne, où eut lieu le massacre. © Crédit photo : Xavier Léoty

HISTOIRE - Le 21 mars 1793, quatre hommes d’Église réfractaires à la Révolution étaient arrêtés et conduits à La Rochelle. Ils devaient être débarqués pour l’île de Ré quand les émeutiers, avec à leur tête Darbelet, les ont massacrés. Cet article a été publié le 10 octobre 2012 dans nos colonnes.

On connaissait les prêtres réfractaires de l’île Madame, ceux du couvent des Carmes à Paris, tous « bienheureux martyrs » des sans-culottes. Mais on ignorait que La Rochelle avait également payé son écot au bain de sang révolutionnaire. Reprenant les données d’un ouvrage de l’avocat Claudy Valin paru en 1992 (1), Rodolphe Huguet, guide dans les tours de La Rochelle et passionné d’histoire, s’est replongé dans cet épisode pour le moins barbare du passé rochelais pour le raconter, en 2012, dans le bulletin de l’« Association des bienheureux martyrs de 1792 », créée par les familles des victimes afin de perpétuer leur mémoire.

Procédure judiciaire

Et il n’épargne aucun détail dans sa relation des faits commis à la tour de la Chaîne il y a 228 ans : « Sans protection, les prêtres sont alors massacrés et coupés en morceaux par les émeutiers qui se partagent des lambeaux de chair humaine. Les têtes des prisonniers sont promenées au bout de fourches. Les corps mutilés sont traînés dans les rues de la ville, derrière une charrette. Un dénommé Albert récupère deux des têtes pour les mettre à fumer dans sa cheminée… »

Les quatre hommes d’Église ainsi transformés en vulgaire viande le 21 mars 1793 (six mois après les exécutions du couvent des Carmes) s’appellent Charles Cornuault, Jean-Michel Ogeard, Christophe Violleau et Louis Hulé. Réfractaires à la Révolution, ils ont été arrêtés, conduits à La Rochelle, et devaient être embarqués pour l’île de Ré quand les émeutiers, menés par un ultra du nom de Darbelet, ont forcé leur escorte. C’est dans le corps de garde de la tour de la Chaîne qu’ils ont finalement été tués avec la délicatesse décrite plus haut.

Le lendemain, le même Darbelet est à la tête d’un nouvel attroupement à l’arrivée d’un bateau avec trois autres prêtres. Deux subissent le même sort que ceux de la veille, les pères Dauche et Vergé. Leurs corps sont découpés en morceaux et exposés sur le quai.

 

« Dans les tours de La Rochelle, on ne parle jamais de cet épisode. »

 

Deux ans plus tard, une procédure judiciaire est engagée contre les émeutiers. Mais une loi d’amnistie les absout, à l’exception de Darbelet, qui est condamné à dix ans de prison. Il effectuera onze mois. Quant aux six prêtres lapidés, s’ils ne furent pas canonisés, leur mémoire a été honorée avec ferveur dimanche dernier et pour la première fois au monastère Saint-Joseph-des-Carmes de Paris, au même titre que tous les autres « bienheureux martyrs ».

« Dans les tours de La Rochelle, on ne parle jamais de cet épisode. C’est pourquoi j’ai voulu le ressortir du placard aux oublis. À la suite de l’article que j’ai publié dans leur bulletin, les responsables de l’Association des bienheureux martyrs de 1792 ont décidé de venir faire un pèlerinage à La Rochelle. Sans doute au printemps 2013 », expliquait Rodolphe Huguet en 2012. Pour faire poser une plaque dans la tour de la Chaîne ? L’idée est dans l’air.

L’histoire de La Rochelle n’en finit pas d’être redécouverte.

(1) « Autopsie d’un massacre. Les journées des 21 et 22 mars 1793 à La Rochelle », 1992, éditions Bordessoules.

Source : https://www.sudouest.fr/

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