La France était une démocratie. C’était avant…, par Christian Vanneste.
Ainsi donc, Brune Poirson claque la porte de l’Assemblée Nationale. Madame s’ennuie sans doute. Mais elle continuera à naviguer dans les eaux macroniennes en demeurant responsable des relations internationales de LREM, et en tant qu’administratrice de la Fondation de la Mer, elle restera dans son élément favori, celui de la biodiversité marine, et donc de la transition écologique dont elle a été chargée durant 3 ans comme secrétaire d’Etat.
Manifestement, l’Assemblée, ses électeurs, ça compte peu chez la diplômée de la Kennedy School de Harvard entrée par le haut dans la politique, par les cabinets. Elle attend désormais de nouvelles fonctions. Le terme “fonction” est significatif. Pour elle, être députée, ce n’est pas une mission au service d’une nation, pour écrire la loi et contrôler le pouvoir exécutif, au nom d’électeurs, c’est un job, “en marche” dans une carrière, en passant pourrait-on dire. C’est Delevoye qui lui a attribué la 3e circonscription du Vaucluse par l’entremise d’Hubert Védrine. La vague macronienne a fait le reste d’autant plus que Marion Maréchal, élue dans le mandat précédent, avait eu le grand tort de déserter le combat. Pas la moindre trace de cet enracinement qui faisait la force des “députés de terrain” accrochés à leur terre d’élection, souvent titulaires de mandats locaux. Ce qui l’intéresse est l’écologie et rien d’autre que ce soit à New-York, à Londres, à Nagpur ou ailleurs. Elle a la double nationalité américaine et française et a travaillé souvent à l’étranger, notamment en Inde pour Veolia où elle a laissé un souvenir périssable en obtenant le Prix Pinocchio du développement durable de l’Association Les Amis de la Terre dans la catégorie “Une pour tous, tout pour moi”. Un grand quotidien indien anglophone a montré en effet que la distribution d’eau s’était peu améliorée, et que les prix avaient augmenté.
Ce départ est révélateur de la décrépitude de la démocratie en France. Il y avait en 1965 un Président élu avec une participation de 85% aux deux tours. Le choix était équilibré entre de Gaulle et Mitterrand. L’actuel locataire de l’Elysée, élu dans des circonstances douteuses après l’élimination du favori par un coup d’Etat judiciaire, a été élu avec un soutien quasi unanime des partis et des médias contre Marine Le Pen et avec 75% de participation. Dans le premier cas, les électeurs avaient choisi de Gaulle. Dans le second, ils ont refusé Marine Le Pen. En 1958, l’abstention aux élections législatives était de 25%. Pour l’Assemblée actuelle, elle a été de 57% amenant au Palais Bourbon une masse de nouveaux venus et de socialistes recyclés élus grâce à la potion magique macronienne. Le député du début de la Ve République était désigné par des électeurs qui le connaissaient. Il détenait souvent un autre mandat, local. Enfin le décalage entre le mandat présidentiel et le législatif donnait à l’élection des députés une autonomie qui leur conférait une véritable importance. Ils ne sont plus que les commis de la Présidence, et il a fallu les maladresses de celle-ci et de ses relais pour que certains se rebellent quand même avec le grand risque d’être écartés lors de la prochaine investiture. Bref, il n’y a plus de séparation des pouvoirs et donc comme le dit le préambule de notre constitution : “Toute société dans laquelle la séparation des pouvoirs n’est pas déterminée, n’a point de Constitution.”
On comprend que l’ex-ministre ne juge pas cette activité parlementaire digne de ses talents, et qu’elle préfère s’adonner à ses sujets de prédilection, plutôt que de s’attacher à répondre aux exigences de ses électeurs et plus encore à celle du bien commun. Ce débat intérieur qu’un vrai parlementaire doit connaître intéresse fort peu les écologistes en général. Mme Poirson était sincèrement favorable à la taxe carbone, inutile pour l’environnement, mais indispensable selon M. Philippe pour soutenir le budget. L’écologie politique est sans doute aujourd’hui avec l’islamisme le plus grand danger pour la démocratie française. Comme le montrent les maires si mal élus de plusieurs grandes villes françaises : les priorités idéologiques appuyées sur la coercition doivent passer sur le corps des résistances et des traditions : Tour de France, arbres de Noël, aéro-club, et surtout la bagnole, cet instrument de liberté, sont désormais proscrits partout où règne la terreur verte. Mais quel crédit ont des élections municipales avec 55 et 58 % d’abstentions d’un tour à l’autre, séparés par une longue trêve, qui ont entraîné d’abord une reconduction massive des sortants et ensuite une vaguelette verte dans les villes les plus importantes ? A Bordeaux, seuls 38% des électeurs s’étaient déplacés !
Enfin, la députée dépitée est franco-américaine, comme M. Valls est franco-espagnol et désormais conseiller municipal centriste de Barcelone, comme Mme Esther Benbassa, sénatrice, est franco-turco-israélienne. N’est-il pas irresponsable d’accepter que des représentants du peuple français, en charge d’une part de sa souveraineté, dans des domaines où le choix de l’intérêt national est primordial et peut être en conflit avec celui d’autres Etats, soient “entre-deux”, ou plutôt selon eux, au-dessus, près de leur idéologie et loin du peuple ?
Source : https://www.christianvanneste.fr/