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Mal poser un débat Islamo-gauchisme : bêtise politicienne et aveuglement universitaire, par Natacha Polony.

Ne tournons pas autour du pot, un mal ronge nos facultés : la complaisance à l’égard de l’islamisme au nom de la défense des musulmans. Osons nommer les choses !

Mal poser un débat peut ajouter au malheur du monde. Quand Nicolas Sarkozy avait préempté le débat sur l’identité nationale en l’organisant – comble de l’absurdité – dans les préfectures, il avait vitrifié pour des années toute possibilité de réfléchir à ce qui nous rassemble en tant que Français, par-delà les origines et les croyances. Aujourd’hui, la ministre de l’Enseignement supérieur, qu’on attendait en vain depuis des mois sur la paupérisation des universités, la misère sociale des étudiants et la détresse d’une génération confinée, croit jeter un pavé dans la mare quand elle ne fait qu’offrir à ceux qu’elle prétend combattre une occasion inespérée de se draper dans la vertu universitaire.

« Islamo-gauchisme ». Une notion sans valeur scientifique, comme l’assène le CNRS ? C’est confondre à dessein l’insulte brandie par les justiciers de réseaux sociaux (au même titre que « bobo parisien », d’un côté, « populiste », de l’autre) et un concept parfaitement défini et documenté, notamment par Pierre-André Taguieff, qui l’a popularisé. On n’a pas vu le CNRS s’inquiéter du flou existant autour de notions telles que « fragilité blanche », « racisme d’État », ou « male gaze » (puisque certains de ces concepts importés des sciences sociales américaines ne sont même pas encore traduits en français).

Bêtise politicienne

Pour le dire simplement, cette expression désigne quelque chose de précis – la complaisance, jusqu’à l’alliance objective, de nombre de militants gauchistes pour l’islamisme au nom de la défense des musulmans comme minorité opprimée et de la détestation de l’Occident – mais devrait être bannie par quiconque, ministre comprise, ne la définit pas clairement. En l’occurrence, la faute de Frédérique Vidal est de l’avoir employée comme un stigmate pour désigner l’activisme qui se déploie dans les universités, les syndicats étudiants et les associations, et dont l’islamo-gauchisme n’est qu’une des dimensions. Sa plus grande faute est d’avoir imaginé que le pouvoir politique pouvait prétendre contrôler le savoir universitaire, déchaînant les appels à la résistance des Jean Moulin d’amphi.

Mais ne tournons pas autour du pot. Les vierges effarouchées qui crient au scandale depuis dix jours savent pertinemment de quoi il est question et que Marianne avait décrit en avril 2019 comme l’offensive des « obsédés de la race, du genre et de l’identité ». Et nombre de chercheurs insoupçonnables de tentation réactionnaire ont identifié le mal. Sur France Inter, lundi 22 février, Olivier Roy décrivait une « nouvelle génération de jeunes chercheurs fascinée par ces thèmes » et « un effet de mode, d’autant plus qu’ils sont en compétition pour les postes ». Même Pascal Blanchard, au cours de la même émission, finissait par admettre que nombre d’étudiants n’ont que cette grille de lecture obsessionnelle. Et les chercheurs Gérard Noiriel et Olivier Beaud s’en sont inquiétés dans un livre, Race et sciences sociales. Mais, une fois de plus, la bêtise politicienne risque de faire rentrer dans le rang les quelques esprits lucides qui commençaient à faire entendre une autre musique.

Entretien avec Pierre-André Taguieff, première partie : Qu'est-ce que l'islamo-gauchisme ?

Deuxième partie : La posture « islamo-gauchiste » à l'université

Troisième partie : "les censeurs jouent les censurés"

 

Source : https://www.marianne.net/

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