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Le Climat, vous dis-je !, par Christian Vanneste.

Notre narcissique Chef d’Etat a promené son élégante silhouette sur la scène internationale après avoir illuminé de sa présence le décor versaillais. Le choeur des adorateurs continue de vibrer, mais dans les médias quelques bémols se font entendre.

christian vanneste.jpgLe discours sur l’Etat (désastreux) de la France était d’une abstraction qui confinait à la vacuité. Ses commentaires après le G20 de Hambourg laissaient apparaître que son rôle n’avait été ni à la hauteur de ses espérances, ni à celle des encenseurs habituels. A part l’annonce d’une consolidation juridique et administrative du Groupe d’Action FInancière, déjà dans les tuyaux depuis de longs mois, afin de lutter contre le blanchiment d’argent notamment lorsqu’il soutient le terrorisme, le Président français s’est livré à son sport favori qui consiste à jouer avec les concepts. Il a atteint son record en développant l’idée que tout étant dans tout et inversement, on ne pouvait traiter les problèmes de la planète séparément, et qu’il fallait donc “ne pas prétendre lutter efficacement contre le terrorisme si on n’a pas une action résolue contre le réchauffement climatique”. C’était osé mais triplement révélateur.

D’abord il faut souligner le tic verbal de “l’action résolue”, l’adjectif “résolu” agissant magiquement pour donner au mot déjà le dynamisme d’un mouvement. C’est la recette de Macron : dire les choses avec une conviction telle qu’on croit les avoir faites. C’est la force d’En Marche : on avance en pensée vers un but indéfini, mais le “bougisme” est psychologiquement satisfait. En second lieu, la complexité de la pensée “jupitérienne” consiste à tout embrasser d’un même regard et d’une seule volonté. C’est la clef du “en même temps” devenu un célèbre marqueur présidentiel. Sauf qu’ici, il se révèle plus confus que complexe, et n’évite pas le ridicule. Le terrorisme serait lié au processus climatique ! Survolant la question, ce qui n’est guère le rôle d’un acteur politique qui doit trouver des solutions précises et opérationnelles, le locataire de l’Elysée pense sans doute que le développement des pays industriels contribue au réchauffement qui touche certaines parties de la planète plus que d’autres, comme le Sahel, et explique les déplacements à finalité économique des populations. Dans ce cas, serait sous-entendu le lien tabou entre les migrations et le terrorisme. Mais serait oublié le rôle primordial de l’islam, lequel s’étend du Nigéria à l’Océan Indien avec des conflits sur toutes ses frontières, et même à l’intérieur de ses terres avec les minorités ou entre ses factions. Le rapport avec le climat ne peut guère être invoqué. D’ailleurs, les “déséquilibres” accusés d’être le lien bien abstrait entre réchauffement et terrorisme sont d’origine multiple : la démographie, qui a plus à voir avec la culture et la religion qu’avec le climat ; le développement, lui aussi beaucoup plus lié aux mentalités qu’à la géographie. Enfin, l’un des vecteurs du terrorisme réside dans les possibilités gigantesques de financement issues justement de la production d’énergie fossile. Que des pays rétrogrades et très pauvres qui avaient conservé les formes les plus archaïques d’une religion aient acquis en peu de temps les moyens de propager leurs doctrines n’a aucun rapport avec le climat, à moins de penser que la diminution de la consommation de pétrole et de gaz ruinera la diffusion du wahhabisme. Je n’ai pas le sentiment que notre génie national ait eu cette idée en tête, idée qui demanderait un temps infini pour traiter une question urgente.

En troisième lieu, l’explication de cet extravagant dégagement serait plus psychologique qu’intellectuelle. Manifestement, Emmanuel Macron s’est agacé de ne pas prendre la place qu’il ambitionnait à Hambourg. Lorsque Trump a évoqué l’accord avec Poutine sur le sud de la Syrie, il a choisi Mmes May et Merkel, et M. Erdogan, pas le partenaire qui se voulait privilégié, prêt à lancer ses bombardiers plus vite encore que les Américains en cas d’utilisation d’armes chimiques par le sulfureux Assad, par ailleurs devenu incontournable. Le sujet de prédilection du Président français était le réchauffement climatique en raison des Accords de Paris. Comme il n’a rien obtenu de la part des Etats-Unis, et que la question a été marginalisée par rapport à la concertation russo-américaine sur la Syrie, son discours a été une tentative dérisoire de se replacer virtuellement au centre du débat, en annonçant notamment une réunion pour faire le point en Décembre sur la mise en oeuvre des Accords de Paris. En raison du rôle marginal de notre pays dans l’éventuel réchauffement de la planète (1%), ce sujet n’est pas la priorité nationale. Le flux migratoire non maîtrisé avec ses conséquences redoutables, le recul de notre industrie sont infiniment plus graves, mais sans doute sont-ils moins “porteurs” en termes de communication valorisante. Quant au chômage massif, ayant de près accompagné le naufrage de Hollande sur ce récif, il n’en parlera qu’en cas d’embellie. L’évolution du monde est, d’ailleurs,  plutôt favorable à court terme. Macron aime qu’on l’aime car lui-même s’aime beaucoup.

Source : https://www.christianvanneste.fr/

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