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Islamisme vs République : et le troisième élément ?, par Emmanuel Tranchant.

© Philippe Lissac / Godong

« Appuyez-vous sur les valeurs de la République »… et elles finiront bien par s’effondrer ! Et c’est le spectacle de leur délitement, le délitement de la liberté, de l’égalité, de la laïcité… toutes valeurs qui ne sont que des concepts intellectuels et ne peuvent nous être chères que si elles sont incarnées et nourries de la substance, de la chair française qui leur a donné naissance.

La fiction de la République qui a fait la France et de l’obscurantisme à oblitérer qui l’a précédé est la cause de la haine de soi, validée par M. Macron : avoir affirmé qu’il n’y avait pas de culture française l’aveugle au point de ne pouvoir distinguer Marie & Anne derrière Marianne.

N’est-ce pas d’ailleurs le préjugé de la si mal nommée « Éducation Nationale » ? Elle a abandonné depuis une quarantaine d’années l’humanisme de notre héritage littéraire que partageaient encore, du temps des Hussards noirs, « ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas ». L’horizontalité pédagogiste, perméable à toutes les idéologies pourvu qu’elles soient matérialistes et égalitaristes, l’a emporté. La vulgarité des caricatures de Charlie devenues l’étendard de la liberté d’expression montre à quel degré nous nous sommes éloignés de la civilité française, autrefois partagée par tous dans une libre conversation aujourd’hui tarie. De la fabrique du crétin sont sortis les barbares.

Si l’on doit lire le monde selon la logique binaire de notre modernité, l’équation est simple : c’est l’universalisme laïc républicain absolu, vide de toute spiritualité et fondé sur le seul État de droit et ses procédures, contre l’universalisme islamiste fondé sur la foi en Dieu, l’application de la théocratie exigée par la charia et un modèle civilisationnel assumé et conquérant. Par le manque d’une tierce proposition, on valide alors, le manichéisme de la tradition musulmane du Dar el Islam et du Dar el Harb, la Maison de l’Islam et la Maison de la Guerre. Et cette guerre est déjà intellectuellement perdue. Car il manque à cette vision manichéenne la dialectique que Hegel et Marx avaient héritée de la grande scholastique chrétienne du Tertium datur, le troisième élément qui permet la synthèse.

Ce troisième élément, nous en disposons. Il s’agit tout simplement du gisement de haute culture que la modernité progressiste renie et lamine consciencieusement, précisément à cause de sa dimension religieuse, le fameux héritage judéo-chrétien refusé par l’Europe. Le débat à gauche entre les islamo-gauchistes aux visées révolutionnaires, idiots utiles de l’islam politique, et la gauche humaniste des Finkielkraut, Elisabeth Lévy, BHL ou Jacques Julliard, attachée à l’héritage occidental, remet au cœur du débat l’enjeu culturel dont la stratégie de l’ennemi islamiste prouve qu’il l’a parfaitement intégré. Les décapitations du professeur Samuel Paty et des chrétiens de la basilique de Nice le montrent à l’évidence. Elles rendent urgente une réponse commune, républicaine, secondairement – rendons à César…- mais française d’abord.

Et l’islamisme frappe aujourd’hui l’Autriche. Impossible après cela de répéter les incantations républicaines et laïcistes. C’est bien le cœur de l’Europe chrétienne qui est visé sur la ligne de front historique du conflit des civilisations chrétienne et musulmane. Le troisième élément, l’élément chrétien dans sa puissance religieuse, redevient l’élément déterminant. À l’égard de nos compatriotes musulmans, il est le seul à pouvoir dialoguer sur la longueur d’onde de la spiritualité. À l’égard de nos amis humanistes, héritiers des Grandes Lumières, il est à même de nourrir le dialogue culturel de longue haleine entre foi et raison, comme l’oxygène nécessaire à tous ceux qui s’inscrivent dans l’espace occidental.

La civilisation la plus « inclusive » l’emportera. La plus inclusive : celle qui disposera du plus riche capital culturel et spirituel. Et comme tout est en voie de destruction, les valeurs illusoires du grand bazar culturel moderniste se dissipent. Devant l’effondrement des valeurs d’établissement, dans la confusion qui signe les décadences, seuls résistent les invariants où se retrouveront les témoins de la plus longue mémoire. Avis aux « lecteurs », comme les nomme Kant : à l’heure de la grande réinitialisation, heureux sont-ils, ils possèderont la Terre.

Source : https://www.france-catholique.fr/

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