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Déboulonner l’histoire ?, par Gérard Leclerc.

Capture d’écran d’une vidéo montrant le

déboulonnage de la statue de Junipero Serra à

San Francisco.

© Twitter / @shane_bauer

Dans la grande vague actuelle de vandalisation des statues jugées insupportables en raison de leur rapport symbolique avec les pages sombres de l’histoire de nos nations, voici que la mémoire chrétienne se trouve aussi atteinte. En Californie, plusieurs statues de saint Junipero Serra, missionnaire ayant présidé à l’évangélisation de l’Ouest américain, ont été détruites. On s’en est même pris aux tombes du cimetière où il est inhumé. Pourquoi s’en prendre à une telle figure ? Est-ce tout simplement le fait d’avoir évangélisé les Indiens ?

gerard leclerc.jpgIl est, en tout cas, difficile de prendre en faute ce religieux qui n’a cessé de démontrer sa sollicitude pour les populations locales, de les protéger de possibles agressions des militaires espagnols. Saint Junipero Serra n’est-il pas l’auteur d’une déclaration du droit des Indiens ? Ce seul exemple interroge sur la nature de la remise en question actuelle, avec sa frénésie iconoclaste et sa volonté d’ériger comme un vaste tribunal de l’Histoire.

S’il ne s’agissait que d’inviter à un meilleur discernement afin de mieux comprendre notre passé avec ses fautes mais aussi ses grandeurs, on ne pourrait qu’acquiescer, en se munissant toutefois de toutes les garanties nécessaires dans le domaine des sciences humaines. Malheureusement, on est obligé de constater que l’offensive actuelle se réclame d’une sorte de surenchère idéologique dangereuse, qui n’est pas seulement propre à la propagande politique. Elle trouve souvent son origine dans les universités de chez nous, qui ont subi la contagion américaine. Il y a quelques mois, nous l’avons déjà signalé, des universitaires de premier plan comme Pierre-André Taguieff et Dominique Schnapper ont signé un manifeste de mise en garde contre les déviations des études dites post-coloniales. Ce qui rend plus ambiguë la problématisation des questions concernant l’esclavage sous ses multiples formes et les diverses entreprises coloniales, c’est son imbrication avec les engagements militants actuels. Imbrication qui produit d’ailleurs, a contrario, alors qu’il s’agissait de dénoncer le racisme, une racialisation généralisée des rapports sociaux et politiques. On ne peut que redouter un emballement qui ne produira que des luttes civiles d’autant plus passionnelles qu’elles sont de nature identitaire.

Contagion à l’Église

En ce qui concerne l’Église elle-même, il convient de se garder d’une contagion qui pourrait avoir des effets de division et de rejet, qui atteindraient l’intégrité de la Tradition qui fonde la continuité et la substance de l’Institution voulue par le Christ. N’a-t-on pas déjà réclamé la décanonisation de Jean-Paul II et ne fait-on pas le procès historique de l’anti-féminisme ecclésial ? Il y a aussi risque de contagion de la vague de vandalisation sous ses aspects les plus pernicieux, avec transposition des catégories idéologiques qui détruisent les fondements mêmes de ce que le cardinal Newman appelait le développement de la doctrine chrétienne. 

Commentaires

  • Nous vivons actuellement dans un monde de fous, effet du confinement, conséquence du dé-con-finement, réchauffement de la planète et de la pollution qui l'accompagne, absence d'éducation, suppression des repères, oubli de la morale, Mais qui est sûr, c'est qu'il faut raison garder et ne pas se laisser gangréner par les informations diffusées tous azimuts par les médias. Seule une éducation ourlée de morale et de bienveillance peut nous permettre de relativiser toute situation. Il faut sanctionner et lourdement.
    L'avenir ne peut s'envisager qu'en prenant en compte ce qui s'est passé hier et que rien ne doit occulter. Nous sommes ce que nous sommes et serons demain le prolongement de nos réflexions et de nos actions.
    Si l'Etat ne punit pas sévèrement tout acte de barbarie, de destruction, il y en aura d'autres, c'est inévitable. Alors peut-on rétorquer, les prisons sont pleines et les conditions de détention sont telles que tout détenu, fréquentant d'autres fripouilles, plus expérimentées que lui, risque tout simplement d'être pire à l'arrivée qu'au départ.. On ne peut rétablir le bagne, mais il existe toujours des travaux d'utilité publique ! Avec la surveillance que ceux-ci imposent. Rien de simple, mais possible, si on s'en donne les moyens, que nos impôts servent aussi à ce type d'intervention. Hugh, j'ai dit !

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